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Mardi 5 avril 2016 | ARGENT & PLACEMENTS | IMMOBILIER
Comment éviter que 
la pierre ne se transforme en plomb
Devenir bailleur ne s’improvise pas. Le point sur ce qu’il convient de contrôler avant de vous lancer
Bailleur ou futur bailleur, si vous sou-
haitez obtenir la plus forte rentabilité
locative,  mieux  vaut  sortir  des  sen-
tiers  battus  et  acheter  un  logement
dans un secteur peu coté. Il vaudra moins cher 
et se louera quasiment au même tarif que dans
un quartier recherché. Il est alors possible d’es-
pérer un rendement brut de 5 % à 12 %. Mais ne 
rêvez pas : pour atteindre le haut de cette four-
chette, la dose de risque est plus importante.
Pour  minorer les aléas, il  est essentiel de sui-
vre  un  certain  nombre  de  règles.  Certaines 
peuvent  vous  sembler  relever  du  bon  sens, 
mais elles méritent d’être rappelées au vu des 
nombreuses  déconvenues  qui  touchent  les 
particuliers s’improvisant bailleur du jour au 
lendemain. Redoublez d’attention dans les vil-
les où les constructions neuves ont été bâties
en  excès.  « E nt r e  1 9 99   e t  2 0 12,   d es   l og em e nt s  
sont  sortis  de  terre  dans  des secteurs  qui n’en 
avaient  pas  vraiment  besoin.  Par  exemple  au
rythme  de  3,26  par  habitant  à  Vichy,  ou  de 
2,61 par habitant à Brive-la-Gaillarde », précise
Franck  Vignaud,  directeur  du  Laboratoire  de 
l’immobilier. Il est aussi indispensable de véri-
fier le taux de vacance locative dans les villes 
où l’offre de logements est abondante, car vous
aurez plus de mal à louer, à moins de viser des 
biens rares. C’est le cas à Clermont-Ferrand, où 
ce  taux  atteint  9 %,  Saint-Brieuc  (10,8 %), 
Valence  (12,9 %)   et   Vichy  (21,4 %),  mais  aussi
dans des grandes agglomérations comme Lyon
(8,9 %), Toulon (9,1 %) ou Grenoble (9,6 %).
Renseignez-vous  aussi  sur  le  type  de  loge-
ment construit, car si vous achetez une surface 
qui est déjà surabondante, la concurrence sera 
rude et le taux de rotation plus élevé. A Agen, 
Dijon, Le Mans ou Poitiers, par exemple, les pe-
tites surfaces se trouvent sans difficulté. « Les
étudiants  n’hésitent  pas  à  résilier  leur  bail  en 
juin pour en signer un nouveau en septembre », 
confie  Stéphane  Vachot,  directeur  de  Carré 
Mans Immobilier. Conclusion : deux mois  de
loyer perdus  et du  temps  passé  à trouver  un 
autre locataire, gérer les entrées et sorties des 
lieux… Même conseil si vous investissez dans
une  ville  où  le  parc  social  est  important.  A
Alençon, Niort ou Saint-Etienne, par exemple,
les ménages qui répondent aux  critères trou-
vent une habitation à loyer modéré (HLM) en
quelques semaines.
Une fois le bon secteur ciblé, il faut s’intéresser
à la qualité globale du bien, car les appartements
décrépis  sont  naturellement  boudés  par  les 
locataires. A Béziers, « n ou s   av o ns   b e au c o u p   d e  
logements vides, faute d’entretien par les proprié-
taires », note Patrick Haton, gérant de l’agence 
Immo Patrimoine Conseil. Même constat dans 
les grandes villes. « Les logements défraîchis se 
louent uniquement à des locataires qui cherchent
au  dernier  moment.  Ils  résilieront leur  bail  dès 
qu’ils auront trouvé mieux », confirme Mickaël 
Marchand,  directeur  de  Guy  Hoquet  Nantes. 
Ceux  qui  pensent  flairer  la  bonne  affaire  en 
achetant  peu  cher  un  appartement  dans  une 
copropriété  à  rénover  prennent  un  risque 
important. « Si l’immeuble n’a pas été entretenu, 
le montant des travaux à y réaliser pour le mettre
aux  normes  s’avérera  très  important,  ce  qui 
plombe durablement la rentabilité de l’investisse-
ment », note Jean-François Buet, président de la 
Fnaim. Des zones de l’hypercentre historique de
Perpignan  ou  de  Rennes  sont  délaissées  pour 
cette raison par les investisseurs, plusieurs im-
meubles étant frappés d’arrêtés de péril.
Mieux  vaut  aussi  éviter  les  grandes  copro-
priétés des années 1960-1970, où les nombreux
équipements  collectifs  (ascenseurs,  jardins,
garages, chaudières…) génèrent chaque année 
des travaux d’entretien coûteux et des charges 
importantes.  « Dans  le  quartier  du  Jardin  des 
plantes à Caen, des deux-pièces de 50 mètres car-
rés  se  louent  450 euros,  auxquels  s’ajoutent 
130 euros de charges. De tels montants font fuir 
les  locataires,  d’autant  que  des  appartements 
neufs  se  louent  15 %  moins  cher », explique 
Cécile Demoor, chez Century 21-Tirard Gardie.
Pour  éviter  ces  tracas,  vous  pouvez  acheter
dans le neuf, mais, là encore, gare à la localisa-
tion. Seuls les programmes bien situés, proches
des  transports  et  achalandés  en  petits  com-
merces,  assureront  votre  rentabilité,  et  ce 
même dans une grande ville où la demande lo-
cative est importante. Sinon, les locataires bou-
deront  votre  appartement,  aussi  neuf  soit-il.
C’est le cas, par exemple, autour de l’université 
au Mans, de l’Ovalie à Montpellier, voire sur la 
rive droite de Bordeaux, autant de secteurs où 
les immeubles neufs se sont construits à tour 
de grue dans des quartiers-dortoirs.
L’exemple de Borderouge, à Toulouse, est ré-
vélateur d’une  autre erreur  classique : investir 
dans un quartier où la majorité des biens est
Face aux vendeurs,
les acheteurs gardent la main
Après avoir subi les exigences des propriétaires 
durant les années d’euphorie, les acquéreurs ont aujourd’hui 
davantage de marge de manœuvre pour négocier
Vous avez décidé de fran-
chir le pas et de devenir
propriétaire ?  Prenez  le
temps  de  négocier,  car
même si les ventes ont tendance à
repartir,  les  logements  ne  s’arra-
chent plus en quelques jours et à 
n’importe  quel  prix. « Malgré 
l’augmentation notable du volume 
de  transactions  en  2015,  les  prix 
continuent à baisser dans les peti-
tes villes comme dans les grandes 
agglomérations »,  confie  Sébas-
tien  de  Lafond,  président  de 
Meilleursagents.com.
Première  variable  sur  laquelle
vous  pouvez  influer :  le  finance-
ment.  Aujourd’hui,  un  emprun-
teur  moyen  obtient  un  taux  de 
2,07 % sur vingt ans. Mais avec un 
dossier correct et au moins  10 % 
d’apport, vous pourrez espérer un 
prêt à 1,75 %. « Nous arrivons même
à  décrocher  du  1,35  %  pour  les 
meilleurs  dossiers »,  affirme  Maël 
Bernier,  porte-parole  du courtier 
Meilleurtaux.com. Pour faire bais-
ser  la  facture,  vérifiez  si  vous 
n’avez pas droit à des crédits aidés 
dans votre enveloppe de finance-
ment (prêt à taux zéro, aides régio-
nales,  crédit  action  logement…). 
Jouez  aussi  sur  l’assurance  DIIT 
(décès,  invalidité,  incapacité  de 
travail), qui  représente de 25 % à 
35 % du coût total du crédit. « La loi
Hamon  permet  aux  clients  de 
s’assurer  ailleurs  que  dans  leur 
banque  pour  un  tarif  parfois  de 
deux à trois fois moins cher », sou-
ligne  Philippe  Taboret,  directeur 
général adjoint du courtier Cafpi.
Pour  discuter  du  prix  de  votre
bien,  tenez  compte  du  dyna-
misme du marché local. Faites le 
tour des agences immobilières et 
dans  les  grands  ensembles,  de-
mandez au gardien le nombre de 
biens en vente. L’indice de tension
immobilière réalisé par Meilleur-
sagents.com peut aussi être utile. 
Actuellement, il est  de 1,6  à Nan-
tes,  ce  qui  signifie  que  pour  un 
bien à vendre, 1,6 acheteur se pré-
sente,  soit  un  marché  relative-
ment dynamique. Il tombe à 0,8 à 
Grenoble ou à Lille, à 0,5 à La Ro-
chelle  ou à  Saint-Brieuc  où vous 
pourrez  obtenir  des  ristournes 
bien plus fortes.
Pour  fixer  votre  offre,  rensei-
gnez-vous sur  le  tarif  moyen  du 
quartier  et  ajustez vos  calculs se-
lon l’immeuble. Une belle copro-
priété  en  pierre  de  taille  vaudra 
plus cher que la moyenne, de 5 % à
20 %.  De  la  même façon,  un pa-
villon accolé au voisin se vendra 
de 10 % à 20  % de  moins qu’une 
maison non mitoyenne.
Peauf inez  vos  calculs  en  inté-
grant les défauts intrinsèques du 
logement. Il n’existe aucune grille 
légale  de décote, mais les profes-
sionnels utilisent tous les mêmes 
règles. En général, le prix médian 
correspond à un appartement au 
deuxième étage, puis des décotes 
et surcotes sont appliquées pour 
calculer  le  prix  des  autres  loge-
ments. Par exemple, si l’apparte-
ment donne sur un boulevard très
bruyant,  la  minoration  de  prix 
peut  atteindre  30  %.  Idem  s’il 
s’agit  d’un  rez-de-chaussée  som-
bre sur la rue. En revanche, un rez-
de-jardin lumineux pourra se né-
gocier  de  10 %  à  15 %  de  plus. 
L’étage  joue  également :  plus 
l’appartement est en hauteur, plus
son prix s’élève, de l’ordre de 5 % 
de plus par étage au-delà du troi-
sième.  Sauf  si  la  copropriété  ne 
compte pas  d’ascenseur,  dans ce 
cas,  la  décote  est  d’autant  plus 
forte que l’appartement est dur à 
atteindre  à  pied…  Pour  les  mai-
sons, les calculs se font surtout en 
fonction de la taille du jardin et de 
son  exposition.  Une  petite  par-
celle  orientée  est-ouest  vaudra 
plus  cher  qu’un  grand  terrain 
plein nord. Sauf s’il existe un vis-à-
vis important sur le jardin : dans 
ce cas le tarif baisse de 15 % à 30 %.
Une fois votre prix cible en tête,
reste à le moduler en intégrant le 
coût d’une éventuelle rénovation. 
« Pour avoir une idée précise, mieux
vaut  passer par un  architecte, une 
entreprise  générale  ou  un  artisan 
qui  chiffreront  les  travaux », con-
seille Jean-Luc Mollard, architecte 
à l’agence Grafit à Paris. Devis en 
main,  vous  aurez  plus  de  poids 
dans la négociation pour justifier 
votre  offre.  Intégrez  aussi  les  tra-
vaux à prévoir dans la copropriété. 
Une  chaudière  collective  de  plus 
de  quarante  ans  devra  être chan-
gée rapidement et, selon la qualité 
de la façade et le quartier, un rava-
lement  est  réalisé  en  moyenne 
tous les dix à trente ans. p
m. pe.
vendue  en défiscalisation.  Si  les  habitants  du
cru ne s’y précipitent pas pour y devenir pro-
priétaires, il y a peu de chances pour que vous 
trouviez facilement un locataire. A Borderouge,
beaucoup de biens arrivant en fin de période de
défiscalisation  sont  aujourd’hui  en  vente  –  à
perte  –  et  « ceux qui conservent leur apparte-
ment ont dû baisser leurs loyers d’au moins 10 % 
pour  attirer  les  locataires », affirme Alain 
Thénet, gérant de l’agence éponyme.
Le  dispositif  Pinel,  mis  en  avant  par  les
promoteurs, n’échappe pas à ce risque. Au dé-
part, il était seulement accessible dans les villes
ayant de réels besoins en logements, mais cer-
taines agglomérations ont obtenu des déroga-
tions du préfet, leur permettant d’être éligibles.
Et ce alors que les bailleurs peinent déjà à louer
dans  le  parc  ancien !  Citons,  par  exemple,
Angoulême, Besançon ou Saint-Etienne.
D’ailleurs,  lorsque,  en  Pinel,  le  promoteur
vous fait miroiter des rentabilités attrayantes,
comparez le loyer qui a servi de base de calcul 
avec  celui  réellement  pratiqué  sur  le  marché,
vous  aurez  parfois  quelques  surprises.  A
Marseille, le dispositif Pinel impose au bailleur
de ne pas dépasser 12,50 euros le mètre carré,
alors qu’un appartement dans l’ancien se loue 
en moyenne 11 euros.
Même cas de figure à Toulon, où le Pinel per-
met  de  louer  un  deux-pièces  neuf  jusqu’à 
585 euros par mois, lorsque la  même surface
dans l’ancien se trouve 20 % moins cher. Avant
de vous engager, mesurez enfin le niveau de la
taxe foncière, qui affectent durablement votre
rentabilité. A Bourges, par exemple, il faut en
moyenne débourser 600 euros par an pour un
studio. Ce sont ainsi  deux mois de loyer qui
partent en fumée. p
colette sabarly et marie pellefigue
Il est indispensable
de vérifier le taux 
de vacance locative dans
les villes où l’offre de 
logements est abondante
Pour discuter 
du prix de 
votre bien, 
tenez compte 
du dynamisme 
du marché local
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