José GONÇALVES
PHILIPPE DE CHAMPAIGNE
La vie, l’œuvre et le catalogue en cinq livres :
Richelieu, Port-Royal, Mazarin, Louis XIV et Catalogue
A télécharger gratuitement sur www.josegoncalves.fr
Catalogue des peintures, dessins et désattributions
Première mise en ligne octobre 2008
Nouvelle édition revue et corrigée, avril 2013
6 : désattributions
(suivi d’un tableau comparatif, et de la bibliographie)
Déjà paru : 1 : période Richelieu (précédu catalogue des œuvres ici attribuées à
Nicolas Duchesne) ; 2 : période Port-Royal ; 3 : riode Mazarin ;
4 : période Louis XIV ; 5 : Dessins.
Philippe de Champaigne/José Gonçalves. Catalogue 6 : Désattributions ; oct. 2013 Page 2
6 Désattributions : quelques nouveautés de cette édition
Les nouveautés sont de datation, d’attribution ou didentification.
Notices Ds 156 ; XP 91 ; Ds 140
Notices JM 38 ; Ds 154 ; SR 54 ; JM 32
Notices JM 7 ; JM 36 ; JM 10
Notices SR 52- 53 ; Ds 166-171 ; JM 46.
Philippe de Champaigne/José Gonçalves. Catalogue 6 : Désattributions ; oct. 2013 Page 3
6- DESATTRIBUTIONS.
Quatre artistes bénéficient de ces désattributions d’œuvres à Philippe de
Champaigne. Nicolas Duchesne a fait l’objet d’un chapitre à part (voir aussi Ds132),
placé en tête de ce catalogue. On trouvera ici un noyau des peintures et dessins
attribués à Jean Morin (JM 1-JM 46), qui prélude à une reconstitution plus
conséquente de son activité de peintre, et une contribution significative au catalogue
de Jean de Reyn (SR 83 et XP 104-XP 105- XP 111- XP 125- XP 126). Enfin,
Claude de Champaigne est ici crédité, à titre d’hypothèse de travail, de deux
premières peintures (SR 52 et SR 81).
DESATTRIBUTIONS : ŒUVRES DE JEAN MORIN
Jean Morin est à ce jour exclusivement connu comme graveur d’interprétation,
notamment pour ses portraits d’après Philippe de Champaigne. Bien que les archives
le mentionnent comme peintre, aucune composition originale ne lui est attribuée.
C’est donc ici une ébauche de son œuvre peint et dessiné.
Voici le récapitulatif sommaire des arguments d’attribution développés dans
le texte (chap. Dévotion privée et institutionnelle : le cycle de Saint Benoît), et notices
correspondantes des tableaux, qui m’ont conduit à avancer le nom de Jean Morin :
-datation vers 1644 du cycle de Saint Benoît, ce qui exclut son attribution à
Jean-Baptiste de Champaigne ou à Nicolas de Plattemontagne ;
-les deux dessins d’étude pour ce cycle présentent des caractères propres à
un graveur ;
-les mêmes éléments distinctifs se retrouvent dans un tableau, Crucifixion
avec la Vierge, Saint Jean, Madeleine et les soldats, lequel est partiellement
repris dans deux gravures signées de Jean Morin, sans autre nom d’inventeur
;
-dessins et peintures présentent des caractères concordants : absence de
contraste (des couleurs assourdies d'un côté, et une tonalité grise de l'autre),
des compositions fondées sur la surface.
-toutes les peintures présentent une profondeur restreinte, des plans étroits,
une matière maigre et opaque, une absence de glacis ;
-toutes les œuvres réunies dans ce modificatif sous le nom de Jean Morin
forment un ensemble homogène, parfaitement distinct des peintures
attribuées sans restriction à Philippe de Champaigne.
Philippe de Champaigne/José Gonçalves. Catalogue 6 : Désattributions ; oct. 2013 Page 4
-enfin, témoignant logiquement d’une parfaite connaissance de la peinture de
Philippe de Champaigne, elles s'en distinguent cependant par la technique.
Le modelé plus plat, fonsur la surface avec une finalité plus décorative, la
couleur plus langée, la teinte mate, la nuance et les valeurs d'emblée
recherchées, quand elles sont ajustées par les glacis chez Philippe de
Champaigne.
-ces peintures datent avec vraisemblance, sinon avec certitude pour certaines,
d’avant 1650, année de la mort de Jean Morin.
JM 1 (M26 ; 80)- La Sainte Face.
Huile sur bois, 36,5x28 cm.
Non signé, non daté.
Col privée,
HISTORIQUE Vente Drouot, 3 c. 2001, Paris, n° 67.
BIBLIOGRAPHIE (Gravé par Morin, et par Vorsterman, et celui-ci d'après celui-là, ce qui permet de
rétablir une datation vraisemblable). Dorival 1976 n° 2043 ; Dorival 1992 516, p. 67.
EXPOSITIONS Philippe de Champaigne, entre politique et votion, Lille-Genève 2007-2008, 9
REPLIQUES ET COPIES : L'original de Philippe de Champaigne est au musée du Louvre.
La datation vers 1630 généralement affichée ne tient pas, elle est fondée sur une
gravure de Lucas Vorsterman : mais il semble bien que celui-ci ait travaillé d’après une autre
gravure, de Jean Morin, des années 1640. Le style de ce tableau semble en fixer la datation
dans les années 1640. Il en existe deux versions, de même format et sur bois. Bien que
toutes deux passent pour autographes, la qualité nettement inférieure du panneau en
collection privée ne saurait revenir au même artiste : je propose d’y reconnaître le style de
Jean Morin, à ce jour exclusivement connu pour ses gravures.
Cette physionomie avec son front bas et le crâne plat, qui s'évase
excessivement sur les côtés, n'a rien de commun avec celle du Christ dans des tableaux de
Philippe de Champaigne vraisemblablement de la même période, comme Le Christ et la
Samaritaine, Le Repas Chez Simon, etc... ou encore avec Le Voile de Véronique, col. part.,
vente Sotheby's 2009. On observe notamment dans la version autographe (Louvre, en dépôt
au Musée National des Granges de Port-Royal, notice 83), que la paupière supérieure est
plus creusée. Aucun relief sur les trois rangs du rameau épineux de la couronne.
Le support de bois, parce qu'il n'absorbe pas l'huile autant que la toile, donne une
matière plus transparente : mais comparé à d'autres tableaux sur bois de Philippe de
Champaigne, celui-ci apparaît significativement plus mat, sec et opaque, comme le sont
toutes les peintures ici attribuées à Jean Morin.
La Sainte Face est représentative du registre des tableaux de dévotion privée : petit
format, composition simple, sujet facilement identifiable et exaltation du héros.
JM 2 (M29 ; 58)- La Résurrection.
1640-44
Huile sur toile / Format : 112x167cm
Ni signé ni da
Localisation : église de Lerné.
HISTORIQUE Chapelle du cteau de Claude Bouthillier ; église paroissiale de Lerné ; classé
monument historique.
BIBLIOGRAPHIE José Gonçalves, Deux tableaux inédits de Philippe de Champaigne, Bulletin de la
Société Archéologique de Touraine (2002), Tours 2003.
Photo : archives personnelles
D'abord présenté dans mon catalogue comme original de Philippe de Champaigne :
mais la couleur plate et opaque, le paysage par bandes, la raideur des attitudes, sont
caractéristiques des peintures attribuées ici à Jean Morin. Plus discrète que l'ambitieuse et
Philippe de Champaigne/José Gonçalves. Catalogue 6 : Désattributions ; oct. 2013 Page 5
complexe Résurrection de Pont-sur-Seine qui
combine l'annonce aux saintes femmes et la
résurrection proprement dite, cette toile
retrouvée dans l'église de Lerné se concentre
sur la seule présence du Christ au-dessus de
cinq soldats épouvantés. Cette confidentialité du
propos et la modestie du format : 112x167,
expliquent en partie l'oubli de l'œuvre.
Pivot d'une composition symétrique, le
Christ se redresse sur le tombeau fermé par une
agrafe en brandissant de la main gauche une
bannière rouge barrée d'une croix blanche. Sa tête vue en contre plongée rappelle celle du
Saint Sébastien, une œuvre de jeunesse de Philippe de Champaigne dans l’église de Pont-
sur-Seine. Sa gestuelle et son anatomie, tout à la fois maladroites et grandiloquentes, sont
particulièrement significatives des embarras d'un artiste dont on loue à juste titre les
ordonnances statiques.
L'attitude dansante de deux figures qui touchent le sol du bout des pieds, le tombeau
fermé par une dalle avec le motif singulier de l'agrafe et la symétrie se réfèrent à des œuvres
du siècle précédent comme La Résurrection d'Antoine Caron. Cette composante maniériste
apporte à l'œuvre ambiguïté et tension. Par l'ouverture d’une grotte se profile un sobre
paysage orageux dont l'ordonnance régulière en trois plans colorés : brun, vert, bleu, renvoie
à la tradition flamande à laquelle appartient Jean Morin. La froide harmonie d'ensemble, les
contrastes et les couleurs primaires permettent de situer dans la décennie 1640 cette
peinture dont on appréciera encore la beauté caractéristique des mains et la délicatesse des
doigts effilés. L'influence de Philippe de Champaigne se traduit par une composition en frise
et orthogonale, et des couleurs primaires qui détachent nettement les figures d'un milieu gris-
vert.
Comme pour La Vierge du Rosaire dans la même église, la provenance de La
Résurrection du château des Bouthillier ne saurait être, en l'absence de toute archive,
qu’hypothétique. Contrairement à Pont-sur-Seine toutes les toiles sont insérées dans un
décor architectural définitif au-dessus des autels, participant ainsi d'un programme volontaire
de décoration de l'église, La Vierge du Rosaire de Lerné ne procède d'aucune relation
immédiate avec le lieu.
Il en est de même de La Résurrection simplement accrochée au-dessus d'un autel de
marbre gris. Ce volume, parfaitement anachronique par sa massivité et par son style
baroque dans l'espace aérien et épuré de l'architecture romane n'ayant pu être transporté
qu'après la destruction du château dont il ornait la chapelle, n'a donc aucun rapport avec la
sépulture de Léon-Armand Bouthillier de Chavigny qu'il surmonte ; encore moins avec La
Résurrection, qui nous est parvenue nue, sans cadre, sans la moindre trace sur le mur d'un
quelconque décor approprié, et dont le format modeste ne l'accorderait guère avec un
éventuel programme commémoratif. Ainsi, parce que l'on ne saurait exclure quelque autre
provenance comme par exemple le proche château de Richelieu, non moins majestueux et
pas davantage épargné par l'Histoire que celui de Lerné, il convient de s'en tenir
prudemment à quelque épave sans lien fondé avec l'église.
JM 3 (M25 ; 28)- L'Annonciation
v.1644
Huile sur toile / Format : 123x158 cm
Ni signé ni da
Musée des Augustins, Toulouse
Inv. n° : RO 44 ; D.1803.8
Armes de la famille C. de Coislin
HIST Eglise de l’Oratoire, Paris ; saisie révolutionnaire ; pôt des Petits-Augustins ; 1803 Attribution
au musée des Augustins, Toulouse.
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