Lettre Mai 24 2008 La parole à… L’acier dans la construction Marc Coppens, Le lycée Gallieni à Toulouse : un beau mariage acier et HQE Photo bandeau : Charpente du terminal 2E de l’aéroport de Roissy. L’acier a remplacé le béton, pour une structure six fois plus légère. L’agence Vasconi Associés Architectes construit actuellement un lycée entièrement en acier à Toulouse, pour remplacer l’ancien lycée Gallieni, en partie détruit par l’explosion de l’usine AZF en 2001. Pour cet établissement professionnel dédié aux métiers de l’automobile, le cabinet a appliqué la démarche HQE® et mis à profit tous les atouts de l’acier dans ce domaine. Cet exemple a illustré la journée technique organisée le 3 avril avec le Cticm, sur le thème du développement durable. Le 7 juillet 2008, nous proposerons une visite de ce chantier aux maîtres d’ouvrage et aux prescripteurs. Le nouveau lycée Gallieni sera le plus grand lycée des métiers de l’automobile de Midi-Pyrénées : plus de 40 000 m2 le long de la Garonne, englobant également l’ancien lycée Françoise qui, une fois réhabilité, abritera l’internat de l’établissement. Pour les architectes, le cahier des charges avait des allures de casse-tête, que l’application de la démarche HQE® et le choix d’une solution 100 % acier ont ingénieusement résolu. Des enjeux HQE importants Le bâtiment étant situé à proximité de l’aéroport de Blagnac, il était impératif de le protéger efficacement des intenses nuisances sonores liées au passage rasant des avions et d’assurer les conditions de sécurité, santé et confort requises pour l’enseignement. Il fallait également porter une attention particulière à la maîtrise des coûts d’exploitation du bâtiment et atténuer, par une démarche de développement durable exemplaire, les effets traumatisants de l’explosion de l’usine AZF. © Vasconi Associés Architectes Président de ConstruirAcier Il y a quelques semaines, ici même, nous vous annoncions une évolution prochaine de notre association. Le changement est en cours de réalisation et dès à présent l’Otua a changé de nom et est devenu ConstruirAcier. Bien plus qu’un changement de nom, c’est une mutation profonde qui est en train de s’accomplir. En effet le nombre des membres, partenaires de l’association, a fortement augmenté. Aujourd’hui toute la filière professionnelle de la construction métallique dans le Bâtiment et les Travaux Publics est réunie dans l’association et soutient directement notre action. La vocation de ConstruirAcier consiste à « promouvoir l’utilisation de l’acier dans les ouvrages de construction de Bâtiment et de Travaux Publics et notamment à contribuer au développement de la construction métallique et de l’ensemble des acteurs de la filière, par tous moyens, ainsi que d’en faire naître et d’en diffuser une image positive et dynamique dans toutes ses applications. » Vous êtes nombreux à nous avoir demandé de renouveler et d’amplifier nos actions en faveur de la construction métallique et nous sommes heureux aujourd’hui de répondre à votre attente avec ConstruirAcier. Plusieurs défis sont à relever pour répondre à vos exigences : ■ Développer les moyens d’information et de dialogue ; ■ Amplifier la diffusion des progrès permanents de la construction métallique ; ■ Développer l’accès aux marchés sur lesquels vous intervenez ; ■ Accompagner et soutenir l’enseignement prodigué à vos collaborateurs et collègues. ConstruirAcier conduira cette mutation en respectant les engagements pris et en poursuivant les actions en cours. Pour réussir, ConstruirAcier a besoin de vous, de vos remarques, et surtout de votre présence active à ses côtés. Nous voulons faire progresser pour vous et avec vous la construction en acier dans le BTP. Compte tenu de nos relations antérieures, j’ai souhaité, Madame, Monsieur, chers lecteurs, vous informer les premiers de ces changements. L’information officielle sera diffusée à la fin du deuxième trimestre 2008. Toute l’équipe ConstruirAcier, appelée à se transférer prochainement dans de nouveaux locaux, reste dans l’immédiat à votre disposition aux mêmes coordonnées (téléphoniques, mail, postales) que précédemment. Entre les salles de classe, des jardins couverts jouent le rôle de zones tampon, isolant du bruit et assurant une ventilation naturelle. Le site compte ainsi 21 400 m2 d’espaces verts. L'acier dans la construction (suite) © Vasconi Associés Architectes De l’intérieur des ateliers, toute la structure en acier sera visible. © Vasconi Associés Architectes Les sheds qui couvrent les ateliers divisent, de par leur forme, l’impact sonore des avions par deux. Le versant vitré, conçu suivant le principe de la double peau, constitue un bouclier acoustique. Les façades du bâtiment sont habillées de panneaux en acier revêtu d’un alliage Zn-Al. L’agence Vasconi Associés Architectes a répondu point par point à toutes ces exigences, au-delà même de ce que stipulait le cahier des charges. « La démarche HQE® est inscrite depuis longtemps dans nos méthodes de travail, souligne Thomas Schinko, l’un des architectes impliqués dans le projet, de même que notre prédilection pour l’acier, qui permet de résoudre à la fois les problèmes techniques, environnementaux et esthétiques ». sont couverts, constituant des tampons acoustiques sur lesquels s’ouvrent les fenêtres, à l’abri complet du bruit. Suivant le principe de double peau, les verrières en couverture jouent le rôle de boucliers acoustiques. Côté ateliers, les jardins sont à ciel ouvert et ce sont les sheds recouvrant les ateliers qui, par leur forme, atténuent l’impact sonore des avions. Au total, le lycée comprend 21 400 m2 d’espaces verts, dont 2 000 arbres, arrosés avec l’eau de pluie récupérée dans les bassins de rétention conçus à cet effet. Pour la sécurité incendie, les architectes ont pris en compte des scenarios basés sur l’incendie naturel et mis en œuvre une démarche d’ingénierie en sécurité incendie. Ceci leur a permis de calculer la structure répondant à la réglementation en vigueur. Pour la maîtrise énergétique, la nef centrale est chapeautée d’une verrière entièrement couverte de cellules photovoltaïques : un dispositif qui permet de fournir tous les besoins énergétiques du bâtiment. Des jardins régulateurs thermiques Les jardins couverts, véritables régulateurs thermiques, contribuent également aux économies d’énergie de chauffage et de rafraîchissement. En hiver, ils captent le rayonnement solaire et en retiennent les calories utiles. Le tympan Ouest des jardins est composé de lames de bois orientables (ventelles), maintenues en position fermée en cette saison. La température y est donc légèrement plus élevée qu’à l’extérieur. Les salles de classes, ouvertes sur ces jardins, profitent ainsi de conditions plus clémentes durant les périodes de froid. En été, les ventelles des tympans Ouest sont ouvertes. Les tours à vent disposées en toiture permettent d’évacuer la chaleur durant la journée. Un chantier exemplaire, donc, qui devrait sensibiliser les futurs occupants du lycée aux intérêts multiples d’une démarche constructive en phase avec le développement durable. Ils seront près de 1 500, en septembre 2008, à inaugurer cet établissement magnifique et bien pensé. Tout en acier pour l’acoustique, l’esthétique et la maîtrise énergétique Le lycée est entièrement en acier : planchers, façades, structure du bâtiment et de la verrière. Le bâtiment, entrecoupé de jardins, est organisé autour d’une galerie centrale, desservant d’un côté les salles de classe et les locaux administratifs, de l’autre les ateliers. Côté salles de cours ces jardins Le Bulletin Ouvrages métalliques n°5 est paru en mars Ce numéro de 228 pages est consacré aux passerelles et présente 14 ouvrages, dont la passerelle Simone de Beauvoir à Paris : conception architecturale et structurelle, construction et comportement dynamique. Il est préfacé par Gérard Lacrouts, Ingénieur Chef d’arrondissement à la Direction de la Voirie et des Déplacements de la Mairie de Paris. Sortie d’Europ’A n°8 Le n°8 d’Europ’A vient de paraître. Entre autres beautés métalliques, il présente la majestueuse couverture de la cour de l’hôtel Crown Plazza et une cave vinicole futuriste en Italie ; une passerelle couverte et un immense palais des sports en Espagne ; et en France, un habillage en acier de façades en béton sur un bâtiment de recherche grenoblois et une grande halle de chaudronnerie à Arles, convertie en lieu de manifestations. Ce type de réhabilitation, qui conserve la structure acier d’origine, répond parfaitement aux exigences du développement durable. Côté habitat, la revue présente deux exemples de maisons en acier aux architectures très différentes. L’une en Italie, en acier et pierre, s’intègre en douceur dans la campagne ; l’autre en Espagne, combine audacieusement structure acier et mégapoutre en béton… Autant d’exemples différents de l’étendue des possibilités offertes par l’acier. L’acier redessine le terminal 2E de Roissy La structure métallique est constituée de 40 kilomètres de tubes d’acier S355, composant 152 arcs. Quatre ans après l’effondrement d’une partie de sa voûte, le Terminal 2E reprend du service : plus lumineux, plus chaleureux, mariant en beauté l’acier, le verre et le bois pour créer une ambiance confortable et rassurante. La nouvelle structure, en tubes d’acier S355, pèse 2 800 tonnes, soit 6 fois moins que la charpente en béton initiale. Pour sa réalisation, le constructeur métallique Castel & Fromaget a fabriqué en atelier 152 arcs en structure tubulaire de 54 m de longueur chacun, qu’il a acheminés à Roissy par tronçons et assemblés sur site par boulonnage entre février et octobre 2007. Durant les dix mois qu’a duré la fabrication des arcs et à la demande de Castel & Fromaget, trois représentants de l’Institut de soudure sont restés à plein temps dans chacun des trois ateliers pour contrôler l’ensemble des soudures. Aucune soudure n’a été effectuée sur site afin de garantir les délais. 33 000 m2 de verrière au code-barres Pour gagner du temps et limiter les coûts, Aéroports de Paris (ADP) a opté pour une reconstruction de l’ensemble de la voute, conservant néanmoins la verrière de 33 000 m2 qui couvrait la structure. Il a ainsi fallu démonter méthodiquement les 9 300 panneaux de verre et d’inox mat constituant cette couverture, les repérer par code-barres et les stocker dans un hangar construit pour l’occasion à 5 km du site. Ceci afin de pouvoir ensuite déconstruire par sciage et concassage les vestiges de l’ancienne structure et remplacer les arceaux en béton par les arcs en acier. Le tout en un temps record : 20 mois, remontage de la verrière compris. Le terminal devrait ainsi pouvoir atteindre son objectif : accueillir 6 millions de passagers dès la fin de l’année 2008. Nous venons de publier avec la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et le Cticm (Centre technique industriel de la construction métallique) une nouvelle édition de « Structures métalliques, ouvrages simples », mise à jour à la lumière des Eurocodes. Destiné aux artisans et petits entrepreneurs du bâtiment, cet ouvrage aide à concevoir et à prédimensionner les structures métalliques de petites dimensions. Il fournit en particulier les caractéristiques et les capacités des « profilés du commerce » correspondant. Il est disponible auprès des trois organismes co-éditeurs. © Flac Réédition du guide de construction métallique pour les artisans La charpente a nécessité 24 000 heures d’études, 24 000 heures de montage et 100 000 heures de fabrication en atelier. L'enseignement de l'acier Des formations pour une utilisation optimale de l’acier dans la construction © Feichtinger Architectes © ADP © Flac Le Terminal 2E de l’aéroport de Roissy a réouvert ses portes le 28 mars, 4 ans après l’effondrement partiel de sa voûte et au terme de 20 mois de chantier. La charpente, cette fois métallique, est six fois plus légère que la structure initiale en béton. La revue Europ’A d’avril (n° 8) consacre un article détaillé à ce bâtiment, qui va faire également l’objet d’un reportage complet sur notre site internet. La formation sur les ponts métalliques et mixtes inclut une visite de la passerelle Simone de Beauvoir à Paris. Nous œuvrons à faire connaître auprès des jeunes et des professionnels les atouts de l’acier dans la construction. Très impliqués dans le monde de l’enseignement, nous venons de contribuer à l’élaboration de deux formations avec Ponts Formation Édition, le centre de formation continue de l’école nationale des Ponts et Chaussées. Destinées aux acteurs de la filière, ces formations portent respectivement sur la conception et la réalisation des ponts métalliques et mixtes et sur l’utilisation des aciers à très hautes performances dans le génie civil et le bâtiment. Lettre Relancée sous notre impulsion, la formation « Ponts métalliques et mixtes : de la conception à la réalisation » n’avait plus eu lieu depuis 2003. Dans sa version actualisée, elle tient compte de la nouvelle donne de la construction : décentralisation des organes de décision, arrivée des Eurocodes, etc. (suite) de bâtiments », est en cours d’élaboration. La première session est prévue pour les 17 et 18 novembre 2008. Son objectif : informer les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bureaux d’études et constructeurs sur les possibilités qu’offrent les aciers à très hautes résistances (S460 à S690) dans la construction (génie civil et grands Nous avons participé à l’élaboration du programme, trouvé des conférenciers et sommes intervenus dans la formation pour évoquer l’utilisation de l’acier dans les ponts. Une première session s’est déroulée du 18 au 20 mars, à Paris, réunissant une trentaine de participants, principalement des maîtres d’ouvrage publics et privés et des maîtres d’œuvre. Ponts Formation Édition proposera cette formation aux professionnels tous les 18 mois. bâtiments) et sur leur mise en œuvre. Outre l’allègement qu’ils assurent, ils garantissent un coût global d’ouvrage (génie civil inclus) très intéressant et sont bien en cohérence avec l’approche de développement durable aujourd’hui très prégnante. L’utilisation de ces aciers innovants est appelée à se développer. Concours « Concevez votre maison de l’architecture » : 15 projets présélectionnés 25 mars, a sélectionné 15 projets que les étudiants retenus présenteront devant le jury le 26 mai à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris. Le choix des lauréats s’annonce difficile tant les projets sont complets, pertinents et d’approche différente… Et ce n’est pas la dimension développement durable qui pourra faire la différence car pratiquement tous les étudiants l’ont intégrée dans leur projet. Depuis son lancement, en octobre dernier, notre concours d’architecture fait l’événement dans le monde architectural estudiantin. Sur plus de 300 équipes inscrites, 110 ont rendu un projet (soit deux fois plus que pour l’édition 2006-2007), représentant toutes les écoles d’architecture de France, certaines même de l’étranger et plusieurs écoles d’ingénieurs. La commission technique, réunie le Les atouts des aciers à très hautes performances Une autre formation, sur « Les aciers à très hautes performances pour les ponts, ouvrages d’art et les grandes structures L’acier et le développement durable Construire “durable” : une urgence Le développement durable s’affirme comme un critère prépondérant dans la construction. Architectes, constructeurs, maîtres d’ouvrage, sidérurgistes : tout le monde est concerné et la réglementation qui se durcit accélère la prise de conscience. La construction en acier s’inscrit exactement dans la logique de développement durable. Raison de plus pour sensibiliser tous les intervenants de la filière de la construction. Tel était l’objet de la journée technique que nous avons organisée le 3 avril dernier en partenariat avec le Cticm. en acier, à laquelle les décisions prises par le Grenelle de l’environnement offrent plusieurs opportunités : ■ L’engagement de l’État à rénover ses bâtiments dans les 5 ans à venir ouvrira des marchés pour l’acier, notamment avec des systèmes d’isolation par l’extérieur. Le doublement des réseaux de lignes à grande vitesse constituera une aubaine pour les ponts en acier. En France, le bâtiment est le secteur le plus consommateur d‘énergie. Pour y remédier, le Grenelle de l’environnement va imposer : ■ ■ pour les bâtiments existants, une réduction ■ Le PNSE2 (Plan National Santé Environnement) a pour objectif de mettre en place à l’horizon 2012 un étiquetage des caractéristiques sanitaires et environnementales de 100% des matériaux et produits de construction. Ce sera l’occasion pour l’acier de montrer de manière objective et incontestable ses avantages dans la construction. D’autant qu’avec les 5 fiches de déclaration environnementale et sanitaire actuelles de produits en acier et la future mise en ligne d’un logiciel pour déterminer le profil d’ici 5 ans des consommations d’énergie d’environ 20% dans les bâtiments tertiaires et 12% dans les bâtiments résidentiels, et de plus d’un tiers à l’horizon 2020 ; pour les bâtiments neufs, un passage à l’énergie positive en 2020. ■ Les opportunités du Grenelle pour la construction en acier Ces mesures devraient créer l’électrochoc dans le monde de la construction et faire valoir les bonnes cartes de la construction environnemental d’une poutrelle, nous avons pris de l’avance. Lors de la journée du 3 avril, plusieurs thèmes majeurs du développement durable ont été abordés, présentant à chaque fois des solutions de la construction en acier : ■ La démarche HQE®, avec en illustration l’exemple du lycée Gallieni de Toulouse (lire page 1). Nous avons fourni un argumentaire montrant aux architectes et maîtres d’ouvrage tout l’intérêt de la construction en acier pour atteindre une « Haute Qualité Environnementale ». ■ Les aspects normatifs, prouvant que la construction dans le respect du développement durable n’a rien de subjectif, ni d’approximatif, ni d’une tocade nationale : de nombreux pays européens partagent ces préoccupations. Le bilan carbone, moyen efficace pour mesurer les émissions de CO2 d’une activité et cerner les solutions à mettre en place pour les limiter. ■ ■ Les FDES, avec le rappel des informations qu’elles doivent fournir, leur finalité et leur mode d’emploi. Les participants ont recueilli des arguments pour répondre aux questions des maîtres d’ouvrage et des architectes qui veulent ou doivent intégrer les préoccupations liées au développement durable dans leurs bâtiments. DIRECTEURS DE LA PUBLICATION : MARC COPPENS, JOËLLE PONTET. COORDINATION ET RÉDACTION : ANNE LE CORNEC. MAQUETTE : NATHALIE RICHARD. IMPRESSION : L’ATELIER DES COULEURS. TOUTE L’ÉQUIPE A PARTICIPÉ À L’ÉLABORATION DE CE NUMÉRO. Immeuble Cap Lendit - 1 place aux Étoiles - 93200 Saint Denis - France. Tél : +33 1 71 92 17 21 - Fax : +33 1 71 92 17 89 - www.otua.org 24 Mai L'enseignement de l'acier 2008