variées allant de la plus ou moins grande compréhension à la désapprobation véhémente.
À partir de cette époque, le paysage « identitaire » français devient assez complexe. On
distingue pour l’essentiel, d’une part une droite radicale, adepte de la pensée ethniste et,
d’autre part une gauche différentialiste et autonomiste. En dépit de certaines ressemblances
(notamment un commun penchant culturaliste), les deux camps sont politiquement en
opposition directe.
Considérons-les successivement, en commençant par la droite, héritière directe du passé.
L’impact de la Nouvelle Droite
La Seconde Guerre mondiale et le nazisme ayant disqualifié le racisme biologique, il faut, aux
héritiers des régionalistes d’avant-guerre, sans renoncer aux fondamentaux, trouver pour ces
vieilles idées un habillage moderne et scientifique. Celui-ci fut fourni dans les années 1970
par ce que l’on a appelé la Nouvelle Droite, c’est-à-dire essentiellement le GRECE, sous
l’égide d’Alain de Benoist et de Pierre Vial. C’est autour de la notion de Volksgemeinschaft
(opposée à la Gesellschaft) que s’articule le nouvel argumentaire. Organes vivants, les
nations et leurs cultures sont pour eux chacun doté d’un « programme génétique » propre.
Leur développement implique par conséquent qu’ils ne soient pas perturbés par l’intrusion
d’autres groupes aux ethnos différents. Il est par conséquent nécessaire de les séparer les
uns des autres et notamment d’empêcher l’arrivée de populations immigrées, porteuses de
cultures et de visions du monde, différentes. A cette condition seulement, les groupes
entretiendront de bonnes relations avec leurs voisins. Pour ses tenants, le culturalisme est
une ethno-écologie.
Ces conceptions, initialement diffusées par seuls les mensuels Eléments, Nouvelle École,
Krysis, Identité, bimestriel théorique, ont effectué leur percée, au moment précis où la
publication de l’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne venait ruiner le rêve
communiste. En 1977, en conclusion de son maître ouvrage Vu de droite, Anthologie critique
des idées contemporaines, Alain de Benoist écrivait : « Le désir d’égalité, succédant au désir
de liberté, fut la grande passion des temps modernes. Celle des temps postmodernes sera le
désir d’identité. » Pendant quarante ans, ces idées ont progressivement envahi une grande
partie du champ intellectuel des peuples d’Europe. La chute du communisme, dans les
années 1990, n’a pas peu fait pour discréditer les idées universalistes et accréditer les vertus
du fait national et les vertus de l’Etat westphalien.
Au fil des ans, ils ont peu à peu rendu recevables des idées de « différentialisme