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Rapport UWE Mai 2014
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2014 | L’économie wallonne à travers la crise
Le soupir de soulagement d’avoir évité le pire ne peut cependant être que de courte
durée. Un taux de chômage de 11% reste, dans l’absolu, un taux beaucoup trop
élevé pour une économie développée. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que
le taux de chômage en Flandre s’élevait à moins de 5% en 2013.
En outre, la montée du chômage a été limitée par une croissance importante de
l’emploi dans le secteur non-marchand, qui a été de 0,7% en 2009. Dans le secteur
privé, le nombre d’emplois a décliné de 1%, mais la baisse aurait pu être bien
plus marquée sans la création ou la continuation d’un grand nombre d’emplois
subsidiés. Tout en reconnaissant l’utilité de ces emplois et le rôle contra-cyclique
que leur création a joué, on ne peut esquiver la question de leur financement à plus
long terme. Un équilibre entre emplois marchands et emplois non-marchands doit
être retrouvé afin de réduire le risque de dérapage budgétaire.
Tous ces emplois, en partie ou totalement financés par les pouvoirs publics, ont
produit de l’activité qui a permis d’atténuer le choc de la récession. La croissance
dans le secteur des services non-marchands n’a, en effet, jamais été altérée par la
crise, présentant un taux annuel moyen de croissance de 1,5% entre 2009 et 2013.
C’est la contribution supplémentaire de ce secteur qui a évité à la Wallonie une
récession encore plus sévère durant les années 2009-2013, et non une résistance du
secteur privé, même si la construction a dépassé en 2013 de 7% son niveau 2008 et
que les services marchands ont maintenu le leur. C’est en fait le secteur industriel
qui a connu une lourde chute puisque son niveau d’activité était, en 2013, 20%
en-dessous de son niveau de 2008.
On touche ici l’impact le plus négatif de la crise sur l’économie wallonne. On sait
l’importance de l’industrie pour une économie. Principal vecteur d’exportations,
d’innovation et d’emplois indirects, l’industrie est la colonne vertébrale d’une
économie. Il est donc essentiel que l’économie wallonne conserve et développe
une industrie forte et compétitive. Or, sous l’impact de la chute de la demande
mondiale et donc des exportations, l’industrie wallonne sort affaiblie de la crise,
alors qu’elle avait redressé la tête entre 2003 et 2007, créant même 8.000 emplois
sur cette période. Entre 2008 et 2013, la part industrielle dans le total de l’économie
wallonne a chuté de 17% à 14%, tandis que la perte de 10.000 postes plonge
l’emploi industriel à son plus bas niveau historique.
Ces indicateurs et états de fait plaident pour que la préservation du tissu industriel
actuel et le développement d’industries nouvelles soient une des grandes priorités
du prochain Gouvernement.