Des cellules souches capables de se différencier en de très nombreux tissus identifiées chez la
souris adulte
Pour la première fois, une équipe franco-américaine du laboratoire de physiologie cérébrale (Université Paris
Descartes – CNRS) et de l’université de Baltimore ont identifié des cellules souches pluripotentes chez l’adulte
capables de se différencier en cellules du cerveau, du foie, du cœur, du pancréas, de l’intestin, de la peau, des os et
de la moelle osseuse. Il s’agit d’une sous-population de cellules CD34+. Ces dernières proviennent de la moelle
osseuse et étaient déjà connues pour leur capacité à générer les cellules sanguines. Ces cellules souches
découvertes par les scientifiques ont l’avantage de ne pas provenir d’embryons, qui posent un problème éthique et
de disponibilité de matériel (manque d’ovocytes), ni de lignées de cellules souches pluripotentes induites dont les
risques cancéreux ne sont pas encore écartés. Ces résultats sont publiés le 02 juillet 2012 dans Comptes rendus -
Biologies.
Les cellules souches sont un point clé des recherches actuelles en médecine régénératrice. Ces cellules non différenciées
permettraient de créer tous types de tissus et éventuellement de remplacer des organes lésés ou atteints d’une pathologie.
Jusqu’à présent, aucun scientifique n’avait découvert chez l’adulte, de cellules souches pluripotentes, capables de se
différencier en tissus issus des trois feuillets embryonnaires, à savoir de l’ectoderme pour le système nerveux et la peau, du
mésoderme pour les os et la moelle épinière et de l’endoderme pour le pancréas, le foie et l’intestin. C’est chose faite :
Bernard Pessac et son équipe du laboratoire de physiologie cérébrale (Université Paris Descartes – CNRS) et David Trisler
de l’Université de Baltimore ont identifié une sous-population de cellules de la moelle osseuse ayant ce type de capacité.
« Nous avons mis en évidence l’existence d’un réservoir de cellules souches pluripotentes dont chacune est capable de
», explique Bernard Pessac, chercheur à l’Université Paris Descartes.donner naissance à de très nombreux types cellulaires
En 2008, après que des chercheurs japonais eurent montré qu'il est possible, à partir de cellules différenciées de la peau,
d'induire des cellules souches pluripotentes (CSPi), Bernard Pessac et David Trisler émettent l’hypothèse qu’il existe des
cellules ayant les mêmes propriétés, in vivo, chez des individus adultes.
Les chercheurs découvrent tout d’abord qu’une sous-population de cellules CD34+ exprime les mêmes gènes que les CSPi.
Après marquage, ils ont injecté ces cellules à des embryons de souris au premier stade de développement, appelés
blastocystes. Ils ont ensuite étudié les différents tissus des souris issues de cette manipulation. Résultat : les cellules CD34+
marquées se sont multipliées et se retrouvent dans le cerveau, notamment les cellules de Purkinje (de très grands neurones
du cervelet), dans le foie, la peau, les os, la moelle osseuse, le pancréas, le cœur, l’intestin.
« Comme ces cellules souches pluripotentes sont présentes naturellement in vivo chez l’individu adulte, les résultats qui
seront obtenus in vitro seront plus facilement transposables pour des essais cliniques, insiste Bernard Pessac. Ces cellules
ont fait l’objet de très nombreuses études. Aucun test ne s’est conclu par la déclaration de cancer chez la souris. » Cette
découverte est primordiale, car elle ouvre de nouvelles pistes de recherche en médecine régénératrice.
Cellules souches, un peu d’histoire
Pour rappel, les cellules souches embryonnaires sont isolées in vitro dans la masse cellulaire interne d’un embryon au
premier stade de développement. En 1981, les chercheurs les isolaient à partir d’un embryon de souris, en 1998 à partir d’un
embryon humain. Cette recherche pose des problèmes éthiques et est limitée par le manque de matériel (ovocytes) et son
faible taux de succès.
En 2007, le professeur Yamanaka de l’université de Tokyo a créé des cellules souches pluripotentes induites (CSPi). Ces