L’année 1685 fut une année particulièrement faste puisqu’elle a vu la naissance de Jean-Sébastien
Bach, Geörg Frieidrich Händel et de Domenico Scarlatti. Ces trois compositeurs vont illuminer
l’Europe musicale baroque de leur génie ; Bach en restant en Allemagne, Händel en Allemagne, puis
en Italie et en Angleterre et Scarlatti en Italie, puis au Portugal et en Espagne.
Domenico Scarlatti naît à Naples le 26 octobre 1685. Il est le sixième enfant d’Alessandro Scarlatti,
lui-même un célébrissime compositeur de musique religieuse (cantates et madrigaux) et d’opéras.
Baigné dès son plus jeune âge dans la musique, c’est tout naturellement que le jeune Domenico
deviendra musicien. Il se formera dans les plus grands centres culturels d’Italie que sont Naples,
Rome, Venise et Florence. Prodigieusement doué Domenico Scarlatti deviendra à seulement quinze
ans l’organiste et le compositeur attitré de la Chapelle Royale. Au cours de sa jeunesse Scarlatti
compose surtout de la musique d’orgue et des œuvres religieuses dont il ne reste malheureusement
que peu de traces aujourd’hui.
A Rome, il assistera Tommaso Bai alors Maître de Chapelle de Saint Pierre et rencontrera Händel. Ils
se prêteront à une joute musicale mémorable où Scarlatti sortira vainqueur au clavecin, mais sera
vaincu à l’orgue par le saxon. Alors qu’il a une vingtaine d’années, Scarlatti est engagé par la Maison
de Bragance étroitement liée à la famille Royale du Portugal. C’est par cette entremise que Scarlatti
sera nommé par Jean V le Magnifique professeur de musique du frère cadet du Roi et surtout de sa
fille l’Infante Maria Barbara. Scarlatti se rend à Lisbonne vers 1720 et s’acquitte parfaitement de son
rôle auprès de la famille royale. Scarlatti donnera aussi des cours à l’un des plus importants
compositeurs portugais du 18ème siècle Carlos Seixas. Des liens d’amitié indéfectibles se tissent entre
Scarlatti et la jeune Princesse qui s’avère être une élève prodigieusement douée. Cet attachement
fidèle durera jusqu’à la mort de Scarlatti en 1757. Mais entretemps ce dernier restera près de vingt-
huit ans au service de Maria Barbara. Lorsque celle-ci épouse en 1729 le futur roi d’Espagne
Ferdinand VI. Scarlatti la suivra à Madrid où elle se retrouve seule et éloignée des siens, à cette cour
d’Espagne triste et sévère. Autant pour divertir qu’instruire la Reine, Scarlatti lui composera de très
nombreuses sonates pour clavecin. Celles-ci perdront au fil du temps leur but purement didactique,
et de ces simples exercices techniques naîtront des sonates très élaborées et hautement inspirées.
Celles-ci sont à la fois d’une grande technicité mais aussi poétiques, elles véhiculent parfois cette si
vivifiante et bouillonnante musique populaire espagnole dont la couleur fait cruellement défaut à
l’austère Cour d’Espagne. Scarlatti composera la majorité de ses 555 sonates entre 1742 et 1757. Ces
courtes pièces de structure binaire qui traversent toutes les tonalités et utilisent tous les rythmes,
des plus lents (adagio, largo) aux plus rapides (allegrissimos, prestos) feront à elles seules la grande
popularité de Scarlatti. Ce soir Alexeï Volodin a choisi de nous en interpréter trois parmi les plus
belles.
Les dix pièces pour piano de Prokofiev ont été composées entre 1906 et 1913 et jouissent depuis
leur édition d’un succès jamais démenti. Fort prisées par leur auteur, certaines d’entre elles
figureront parmi les premiers enregistrements effectués vers 1920 par Prokofiev.
Ici on retrouve le Prokofiev brillant, percussif et volontairement iconoclaste qui impose son propre
style et qui tourne le dos à tout romantisme. Prokofiev opte ici pour un style essentiellement
néoclassique baignant dans une bonne humeur non dissimilée. Bien qu’il insère dans sa suite des
musiques dont le cadre a été défini au début du 19ème siècle comme les deux scherzos, il conçoit
plutôt son cycle à la manière d’une suite baroque en reprenant des danses anciennes comme la