Introduction
“Un coup de tonnerre dans un ciel serein”, des générations de
médecins ont en tête ce descriptif sémiologique qui traduit l’apparition
d’un tableau chirurgical brutal et urgent. La promulgation de la loi1 du 4
Mars 2002 a été vécue ainsi par nombre de médecins. Probablement,
pour l’urgence, le contexte politique, pré électoral, l’imposait.
La loi du 4 mars 2002, dite loi KOUCHNER, relative aux droits des
malades et à la qualité du système de santé place le patient au centre de la
politique de santé et au centre des dispositifs de santé qui en découlent.
Cette loi promeut ou renforce de nombreux droits pour les patients :
respect des droits de la personne, droit à la confidentialité et au secret
médical, droit à la prise de décision concernant sa situation médicale,
principe du consentement éclairé, droit d’accès à l’information, droit à
l’indemnisation de l’accident médical.
Comme le souligne l’une des principales associations d’usager de
santé : « Globalement, le projet de loi relatif aux droits des malades et à
la qualité du système de santé répond à une attente forte d'un
rééquilibrage des rapports entre personnes malades et professionnels,
entre usagers du système de santé et celui-ci. »2.
Ce rééquilibrage demandé par les patients est souvent vécu comme
un authentique rapport de force par les médecins. Aussi, peut-on se
demander si le ciel des relations entre un médecin et son patient était si
serein que cela, lors de la promulgation de la loi ? Manifestement non.
Comme nous le verrons, la jurisprudence dès 1961 renforçait d’arrêt
en arrêt le droit d’accès à l’information du patient. La loi du 4 Mars 2002
confirme cette jurisprudence et la résume. C’est sa grande force.
Toutefois, soulignant ses avantages mais aussi ses limites, nous
essaierons de plaider pour une évolution du concept de consentement
éclairé, promu par cette loi, vers une prise de décision partagée entre le
1 Cf. LOI n° 2002-303 du 4 mars 2002 – Loi relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé.
2 AAVAC Association d’Aide aux victimes d’Accidents Corporels
(http://www.aavac.asso.fr).