2. Dans cette intervention où les professeurs des deux disciplines s’instruisent mutuellement en
fonction de leurs compétences propres, et cherchent ensemble à construire pour les élèves un
supplément d’enseignement utile et efficace, il s’agit pour le professeur de philosophie d’apporter
un éclairage complémentaire dans le contexte très précis du programme d’une autre discipline. Ce
professeur doit poursuivre dans cette opération deux buts difficiles l’un et l’autre à atteindre :
a. exigence de faire apparaître et assimiler un contenu de connaissances clair et précis avec bien
entendu l’acquisition de la capacité à l’utiliser. Pas question de multiplier des évocations plus ou
moins érudites ou de se laisser aller à des discussions-débats très floues. Il m’apparaît comme
essentiel de présenter des distinctions opératoires clés ou des renversements de perspective
suggestifs ou des problèmes généraux bien identifiés ; les élèves doivent tirer un fruit déterminé de
cette intervention ; ils doivent en sortir avec un savoir précis et une capacité plus grande en matière
de pouvoir de compréhension de la réalité. Il faut dégager le fondamental… et apprendre aux élèves
la capacité d’y parvenir, tout en leur donnant le goût de le faire… Ce n’est pas évident du tout.
b. exigence de capter un auditoire de jeunes adolescents et donc exigence de grande élémentarité
dans le propos. La limitation du propos à des cibles bien délimitées en sachant s’attarder (un peu,
pas trop longtemps) sur des étapes restreintes d’analyse ou de réflexion afin d’avancer pas à pas, est
ici une chose essentielle. Mais plus encore, il convient de présenter les idées et de mobiliser l’esprit
des élèves en assumant un enseignement vivant, amusant, surprenant, percutant. Ne pas hésiter à
utiliser l’image, le schéma, le texte court, l’exemple frappant, l’analogie suggestive, le registre
narratif et descriptif ; une bonne anecdote peut avoir un effet pédagogique certain. Mais tout cela
implique d’être particulièrement inventif.
Bref il faut et l’image et le concept, et l’idée pertinente et le mot juste. Il faut les idées clés ou les
interrogations essentielles…, mais aussi le récit passionnant ou l’accompagnement visuel saisissant.
Ce registre a en fait un nom ; c’est la rhétorique philosophique —si bien mise en œuvre à tel ou tel
moment par Platon dans les dialogues précisément exotériques…—rhétorique qui n’exclut pas mais
au contraire rend possible au-delà d’elle mais au sein d’elle —par fragment—une pensée
authentiquement telle. Au demeurant, le souci de simplicité radicale ne s’oppose pas
nécessairement à la quête de la plus grande pertinence possible, puisque le fondamental correspond
souvent à ce qu’il y a de plus élémentaire.
3. Dans le cas précis d’un rapport avec une science dure, la physique, au niveau de la classe de
seconde, le professeur de philosophie est confronté à une double difficulté : la présence d’une part
d’un discours très précis dans son contenu et parfaitement univoque dans son langage, discours que
l’on se doit d’assimiler, et d’autre part, pour cause de progressivité délibérément organisée en
physique, l’aspect –pour nous professeur en terminale –apparemment très réduit de l’information
présentée.
D’après les manuels de physique consultés il est question d’abord de la découverte du noyau de
l’atome avec l’expérience de Rutherford décrite assez précisément et généralement resituée de
façon succincte dans le contexte très large d’une histoire de l’idée d’atome. Puis il s’agit d’une
caractérisation «sommaire » de la structure de l’atome : un noyau chargé positivement autour
duquel tournent des électrons chargés négativement. Les nucléons dans le noyau [protons et