Dossier 5 Le XIX siècle (1815-1914) Questions appelant des

Karine VIDAL, Jean-Paul CHABROL IUFM AIX, PE1 2005
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Dossier 5
Le XIX
ème
siècle
(1815-1914)
Questions appelant des réponses concises
A/ L’expansion industrielle et urbaine en Europe
1. Quels sont les facteurs qui ont fait de l’Europe le berceau de la
« révolution industrielle » ?
[Quels sont les conditions du décollage industriel ?] [Quels
ont été les deux piliers de la R. I. ?]
a) Schémas.
b) La croissance démographique forte ainsi que l’élévation du niveau de vie que
connaît l’Europe au XIXème siècle, stimulent la demande en produits de
consommation. La mise en œuvre de techniques nouvelles (l’essor du machinisme)
associées à l’utilisation d’énergies nouvelles (le charbon d’abord ; puis, l’électricité
et le pétrole) bouleverse les conditions de la production : elles permettent de répondre
à une demande croissante. Dès la fin du XVIII
e
siècle en Angleterre, berceau de la
« Révolution industrielle », la mécanisation de la filature du coton permet un
développement rapide de l’industrie textile anglaise. L’utilisation de la vapeur
permet des innovations techniques et stimule l’industrie minière (extraction du
charbon) comme l’industrie sidérurgique (production de fonte et d’acier).
L’industrialisation, au cours de cette première phase (fin XVIIIe s-1880), s’est, dans
le cas de la Grande- Bretagne par exemple, appuyée sur les branches motrices de
l’industrie textile, sidérurgique et métallurgique. Dans d’autres pays, l’industrialisation
s’est faite à partir d’industries variées.
L’utilisation d’énergies nouvelles dans l’industrie à partir de 1880 (l’électricité et
le pétrole), associées à de nouvelles techniques (moteur électrique, moteur à
explosion), sans remplacer l’énergie du charbon, relance le processus
d’industrialisation en Europe et ouvre une seconde phase d’industrialisation
(industries chimiques ; industrie automobile ; électrométallurgie ; industries
électriques).
2. Quelles sont les deux grandes phases de l’industrialisation ?
Voir chronologie dans le dossier et question 1.
a) La première industrialisation court de la fin du XVIII
e
siècle au tournant de 1880
(Grande Dépression : 1873-1896). Elle connaît un net essor dans la première
moitié du XIXe siècle. Elle est symbolisée par le développement de la machine à
vapeur et l’utilisation du charbon, par le développement du chemin de fer et de
l’industrie textile.
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b) La seconde industrialisation se développe au tournant de 1880, elle durera
jusqu’à la seconde guerre mondiale. NB : notre programme s’arrête lui en 1914. La
deuxième révolution industrielle mobilise, outre le charbon, de nouvelles sources
d’énergie (électricité et pétrole) et développe de nouvelles branches industrielles
(automobile, chimie).
3. Comment l’industrialisation a-t-elle transformé les économies
européennes ?
L’industrialisation transforme en profondeur les structures de l’économie.
L’industrie devient le moteur de la croissance économique. A partir du
milieu du XIX
e
siècle, voire avant pour l’Angleterre, l’Europe entre dans
une période de croissance économique sans précédent qui contraste avec
les progrès, plus lent, de la période précédente. L’industrialisation a permis
une croissance durable malgré les crises économiques (1848-1850 ; Grande
dépression). Dans le cadre d’économies basées sur l’innovation, les
conditions de la production changent. De nouveaux modes d’organisation
de la production et du travail voient le jour, ainsi que de nouveaux lieux
de production. Le travail en usine se développe sans que le travail à
domicile ne disparaisse. En effet, il perdure dans de nombreuses régions au
moins jusque dans les années 1880 (voire parfois au-delà). En France, le
monde des ateliers coexiste ainsi avec celui des usines (voir le cours).
L’usine rassemble les machines et la main-d’œuvre (les ouvriers) en un
même lieu, pour produire selon des rythmes et des méthodes nouvelles. Le
travail en usine suppose une discipline sévère (règlements draconiens) et
des journées longues (13 à 14 heures au milieu du XIX
e
s).
L’industrialisation s’accompagne d’un essor du capitalisme. Les
industriels investissent des capitaux énormes pour financer les innovations
techniques. Le financement familial et celui des réseaux d’amis permettent
aux entrepreneurs de réunir les capitaux nécessaires. Les banques leur
permettent d’agrandir l’entreprise pour accéder au marché international par
exemple. Les banques et des sociétés anonymes par actions accompagnent
l’essor du capitalisme industriel.
L’industrialisation s’est accompagnée aussi d’un essor des échanges et
d’une ouverture des économies européennes sur les marchés extérieurs. Les
Européens importent les matières premières et exportent des produits
manufacturés. L’industrialisation et la révolution des transports ont ainsi
accéléré la mondialisation économique.
L’industrialisation touche aussi l’agriculture. Les régions les plus proches
des centres urbains et industriels connaissent des mutations importantes :
développement de la mécanisation (d’abord et surtout aux Etats-Unis) ;
utilisation croissante des engrais chimiques ; spécialisation des cultures ;
intégration à l’économie de marché ; etc. Les campagnes se modernisent.
Conclusion : Dans de nombreuses régions, des mutations progressives, plus
qu’une « révolution industrielle ».
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4. Quelles sont les principales caractéristiques de la révolution des
transports ?
Le processus d’industrialisation est indissociable de la révolution des transports
en Europe. C’est l’invention aussi de la vitesse, donc du raccourcissement de l’espace-
temps. Les transports ont sans cesse relancé la demande auprès des industries
(sidérurgie, métallurgie) et stimulé le progrès technique. Ils ont également permis le
développement des échanges (acheminement des matières premières et des produits
manufacturés) à l’échelle de l’Europe et du monde et élargi les marchés. L’Europe se
couvre d’un dense réseau de voies ferrées au cours de la seconde phase
d’industrialisation. Le chemin de fer est emblématique. Mais le réseau routier (on
l’oublie trop souvent !) s’améliore aussi et s’étend. De nombreux canaux sont aussi
creusés et permettent le développement de la navigation fluviale qui connaît son « âge
d’or ». Le développement de la navigation (« clippers » à voile et, de plus en plus,
« steamers » à vapeur) a permis de réduire les distances à l’échelle du monde tout
comme la construction des deux grands canaux (Panama, Suez).
5. Quels nouveaux paysages l’industrialisation a-t-elle fait émerger en
Europe ?
L’industrialisation a fait naître de nouveaux paysages. Les paysages industriels
« modernes » se multiplient au sein des « pays noirs » l’on extrait le charbon.
Paysages miniers dominés par les terrils et les chevalements côtoient les paysages
usiniers et/ou sidérurgiques dominés par les hauts-fourneaux. Les nouveaux
paysages de l’Europe industrielle se ressemblent : Grande-Bretagne (Midlands, sud du
Pays de Galles) ; France (Nord, Lorraine, Le Creusot) ; Belgique (Liège et sa région) ;
Allemagne (Ruhr, Prusse). De nombreuses régions et villes européennes sont
durablement marquées par ces paysages industriels.
L’industrialisation a bouleversé les paysages urbains. L’industrialisation s’est en
effet accompagnée d’un essor urbain sans précédent. Qu’elle soit née du
développement industriel (les « villes-usines » du Creusot en France ou d’Essen dans
la Ruhr) ou qu’elle soit confortée par celle-ci, la ville - parce qu’elle concentre les
capitaux, les usines, les emplois, la main d’œuvre - connaît une formidable croissance
en périphérie sous la forme de banlieues (banlieues industrielles usines et habitat
ouvrier se côtoient/ banlieues bourgeoises). L’exode rural de la seconde moitié du
XIX
e
participe aussi à la forte croissance des villes ainsi que l’immigration
l’époque pour prendre l’exemple de la France, essentiellement européenne : italiens,
polonais).
6. Quelles sont les mutations de la société qui ont accompagné le
processus d’industrialisation au XIX
e
siècle ? [Comment
s’organisent les sociétés industrielles ?] [Quelles sont les
nouvelles catégories sociales qui ont émergé avec
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l’industrialisation ?] [Quelles sont les caractéristiques du monde
ouvrier au XIX
e
siècle ?]
L’industrialisation a profondément transformé les sociétés européennes.
a) Les sociétés industrielles sont marquées par l’émergence de nouvelles catégories
sociales et par de nouvelles hiérarchies sociales.
*Au sommet de la hiérarchie sociale, les élites : pour l’essentiel, formées de
l’ancienne noblesse qui a su préserver ses acquis en investissant dans l’industrie, et
par la bourgeoisie industrielle. Cette bourgeoisie active (chefs d’entreprise,
banquiers, négociants, etc.) - qui met en valeur le capital - est le groupe social moteur
de cette époque. Ces élites s’ouvrent aussi des « hommes nouveaux » (en anglais, les
« selfs made-men ») car cette société industrielle nouvelle permet toutes les formes de
mobilité sociale.
*L’industrialisation est aussi à l’origine de l’expansion du monde ouvrier.
Issus du monde rural, salariés d’usine ou de la mine, les ouvriers vivent la plupart du
temps dans la précarité. Il faut attendre l’organisation du monde ouvrier et les
premières lois sociales pour que la condition ouvrière connaisse une amélioration
certaine à la fin du XIX
e
siècle. Néanmoins, la classe ouvrière prend conscience d’elle-
même et du sentiment de son exploitation.
*L’essor des classes moyennes (entre la riche bourgeoisie et les classes
populaires) renouvelle les sociétés européennes. Regroupant des professions très
diverses (employés, artisans, fonctionnaires, ingénieurs, etc.), les classes moyennes
disposent de revenus qui les éloignent du besoin mais ne leur permet pas d’accéder au
confort de la grande bourgeoisie.
*Par le maintien de catégories sociales anciennes (les paysans et les ruraux,
majoritaires au moins jusqu’en 1914 ; l’ancienne noblesse), et par l’apparition de
catégories sociales nouvelles, les sociétés européennes du XIX
e
siècle sont de plus en
plus diversifiées.
b) Des sociétés qui s’urbanisent. (
Voir dans le dossier le chapitre : « La grande ville » et
« Paris au XIXe s. » et encore « Les transformations de la ville », en cours).
L’industrialisation s’est traduite par un exode rural (plus ou moins prononcé
selon les régions) et un spectaculaire essor urbain. S’il est vrai que la population
européenne reste majoritairement rurale au XIX
e
siècle, la ville concentre des hommes
de plus en plus nombreux, transformant leurs modes de vie. L’espace urbain reflète les
contradictions de la société industrielle (banlieues ouvrières, banlieues aisées).
7. Quelles sont les idéologies nouvelles qui ont accompagné
l’industrialisation ou qui ont tenté de résister à la société
industrielle nouvelle ?
L’industrialisation s’accompagne du développement d’idéologies qui s’affrontent
sur les questions économiques, politiques et sociales.
a) Du côté des classes dominantes : le libéralisme et le traditionalisme. Le
libéralisme justifie la société industrielle et le capitalisme en affirmant
que la loi du marché, la liberté des échanges, la libre entreprise et la libre
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concurrence favorise le progrès. Le traditionalisme, hostile au
libéralisme, refuse certains aspects de la société industrielle et du
capitalisme : conservateur, il est attaché aux valeurs de l’ancien monde,
hostile aux principes libéraux de 1789 à qui il oppose : la morale
chrétienne, la hiérarchie, l’autorité, le paternalisme.
b) Du côté des ouvriers et des classes populaires : le socialisme, le
communisme, l’anarchisme et le syndicalisme. Le socialisme (plus ou moins
influencé par le marxisme) critique les injustices engendrées par le
capitalisme et s’oppose à la bourgeoisie. Le communisme de Marx et Engels
diffuse l’idée d’une nécessaire révolution prolétarienne débouchant sur une
« dictature du prolétariat ». Les anarchistes, plus radicaux, veulent
l’abolition de l’Etat. Certains prônent le terrorisme et l’usage de la violence ;
d’autres, plus nombreux, la grève générale dans le cadre du syndicalisme.
c) Le syndicalisme se développe. Le mouvement syndical se divise
entre deux grandes tendances : les réformistes et les révolutionnaires (la
CGT avant 1914) qui appellent à la grève générale (comme les anarchistes)
pour abattre le système capitaliste. Le déclenchement de la guerre en 1914
puis la Révolution russe en 1917 mettront fin au mythe de la grève générale.
8. Comment les ouvriers se sont-ils organisés pour améliorer leurs
conditions de vie et de travail au XIX
e
siècle ?
[Quels ont été les formes
et les résultats du mouvement ouvrier ?]
Voir la question 7. Développement des syndicats (réformistes ou
révolutionnaires) et des partis socialistes (réformistes ou révolutionnaires). En
France, le parti socialiste naît en 1905 de la fusion de plusieurs petits partis
socialistes. Son leader est Jean Jaurès. Mais les liens entre ces partis et les
syndicats sont complexes et compliqués car les ouvriers font davantage
confiance aux syndicats qu’aux partis dit « ouvriers ». Mais l’amélioration du
sort des ouvriers et de leurs conditions de vie n’est pas seulement due aux
luttes sociales, aux grèves et aux manifestations de rue. Les États ont aussi
multiplié les lois sociales pour améliorer le sort des ouvriers et des défavorisés.
9. Le monde ouvrier à l’Age industriel (XIX e siècle). [Les ouvriers
au XIX e siècle].
Introduction : Rappel du processus d’industrialisation qui touche l’Europe
au XIX e siècle, « phénomène de grande ampleur » qui bouleverse les
économies et les sociétés d’Europe. Le développement de l’industrie s’est
accompagné du développement du travail en usine et de l’essor du monde
ouvrier. Comment s’organise le travail en usine ? Quelles sont les
caractéristiques de la condition ouvrière à l’Age industriel ? Quelles ont été
les formes du mouvement ouvrier ? Comment les ouvriers se sont-ils organisés
pour améliorer leurs conditions de vie et de travail au XIX
e
siècle ? Quels ont
été les formes et les résultats du mouvement ouvrier ?
a) Le processus d’industrialisation s’accompagne de
changements des modes de production et d’organisation du travail : le
temps du travail en usine et l’essor du monde ouvrier.
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