jusqu’à un cadre commun (le SDEC) et à l’émergence d’une culture commune en matière
d’aménagement du territoire (2007-2008). Ils retracent également les mutations des
politiques communautaires sectorielles à fort impact territorial, telles que la PAC, les
politiques en matière de transport ou d’environnement.
3 Les vingt dernières années ont été une période de grands bouleversements en Europe,
faisant de l’Union européenne une puissance économique de premier plan, un espace en
paix, une zone où se consolident les démocraties récentes. C’est aussi un espace dans
lequel les mutations ont été institutionnelles avec la création ou l’émergence du pouvoir
régional, soit par régionalisme, soit par régionalisation. L’ouvrage cherche donc à
identifier l’évolution des équilibres décisionnels entre les mailles administratives
nationales, régionales et le pouvoir communautaire. Ces trois niveaux s’articulent pour
une nouvelle organisation de la gouvernance, où de nouveaux acteurs, de nature
différente selon les Etats, occupent un rôle grandissant. A grande échelle, de nouvelles
formes de partenariat s’établissent dans le cadre de programmes européens aux
retombées territoriales souvent très positives (URBAN, programmes ruraux LEADER). A
petite échelle, l’Union Européenne facilite les démarches de gestion et le rapprochement
interterritorial (INTERREG, Eurorégion). Le jeu des politiques publiques en Europe s’est
considérablement complexifié par la multiplication des acteurs et l’évolution de leur rôle.
Ces évolutions dans la politique communautaire mettent en tension les politiques
sectorielles et la logique de développement territorial.
4 L’ouvrage s’organise en trois grandes parties : l’une explore l’histoire de l’Union
européenne par le prisme de son action de plus en plus aménagiste, la deuxième partie
aborde l’aménagement du territoire dans les politiques nationales de toute l’Europe. On y
comprend les défis majeurs à relever pour chacun des Etats étudiés. La dernière partie
présente les grands enjeux qui ne sont pas circonscrits aux frontières des Etats et
auxquels l’Europe doit répondre.
5 Comment l’Europe devient aménagiste ? Cette question difficile est relevée dans la
première partie, construite en 8 chapitres, dont le plus dense est le premier. Il revient sur
vingt ans de construction européenne en matière d’aménagement du territoire : de la
difficile prise de conscience de la nécessité d’agir pour réduire les inégalités régionales en
1975 à une vision convergente (par le livre vert en 2008) sur la politique de cohésion
territoriale entre les Etats, émerge partout en Europe, une culture commune de
l’aménagement. Le chapitre 2, relate la montée en puissance de l’échelon régional dans la
gouvernance territoriale. Les trois chapitres suivants (3-4-5) retracent les fondements et
impacts territoriaux des principales politiques sectorielles en Europe (agriculture,
transport, environnement). Les chapitres 6-7 et 8 abordent la montée des inégalités et de
la pauvreté en Europe, la question des frontières et comment les dépasser et reviennent
sur l’élargissement de l’Union européenne et sur les déséquilibres sociaux grandissants
depuis l’intégration de ces anciens pays soviétiques.
6 Cet exercice d’évaluation de la politique européenne en matière d’aménagement est
délicat, et de l’aveu de Guy Baudelle, il est bien difficile de mesurer la part des effets
propres à l’action européenne de ceux des États et Régions.
7L’ouvrage s’attache ensuite, dans la deuxième partie, à balayer les politiques nationales
d’aménagement dans l’ensemble de l’Europe (9 chapitres). Chaque auteur, spécialiste du
pays ou territoire étudié, décrit la situation de cet espace en relevant les défis et les
particularités qui lui sont propres. Ainsi sont parcourus l’Angleterre, les Pays-Bas,
l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays Nordiques, la Pologne et la Bulgarie. Le dernier
Jean Yves, Guy Baudelle : L’Europe – aménager les territoires
Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 12 | 2012
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