animale Comment bien gérer sa poussinière L a période d’élevage, allant de l’éclosion (1 jour) à l’entrée en ponte, joue un rôle primordial sur la capacité de production de la poulette future pondeuse. Une conduite d’élevage adaptée sur cette période aura des effets positifs sur : ■ la production d’œufs (pic de ponte, persistance…) ; ■ la qualité de l’œuf (poids, uniformité, solidité de coquille…) ; ■ la viabilité. Le but est d’atteindre les objectifs de poids et d’homogénéité à différentes étapes du développement des animaux : ■ optimisation du démarrage (1 à 5 semaines) ; ■ gestion de la croissance et de l’homogénéité (6 à 16 semaines) ; ■ adaptation de la maturité sexuelle et maîtrise de l’entrée en ponte (16 à 28 semaines). Optimisation du démarrage (1 à 5 semaines) Cette première période doit permettre d’atteindre un objectif de poids à 5 semaines défini par le sélectionneur. Cette phase de croissance permet notamment le développement des organes et du squelette de la poulette. Les principaux critères à respecter sur cette période sont les suivants : ■ respect des normes d’élevage : • appliquer les normes constructrices (densité, équipement…) afin d’assurer l’accès à l’eau et à l’aliment ; • maintenir une ambiance correcte, aussi bien en température qu’en ventilation. En climat chaud, il est possible de rajouter des perchoirs à partir de 4 semaines pour diminuer la densité au sol et favoriser une bonne ventilation au niveau du sol ; • distribuer une eau de bonne qualité et à bonne température ; • effectuer un épointage de qualité. ■ programme alimentaire recommandé : • favoriser, lorsqu’il est possible, l’utilisation d’un aliment démarrage sous forme de miette. Si les poids corporels n’atteignent pas les objectifs, il est conseillé de distribuer l’aliment « démarrage » une semaine de plus ; • possibilité de distribuer du grit dès la Intensité lumineuse recommandée Âge (jours) 1-3 4-7 8-14 > 15 jours Intensité (lux) 20-40 15-30 10-20 5-10 4e semaine pour maintenir un comportement alimentaire dynamique, favoriser le développement de l’appareil digestif et inciter les oiseaux à gratter la litière. La distribution doit avoir lieu à la volée sur la litière, quelques heures avant l’extinction ; • alimenter ad libitum jusque trois semaines d’âge puis introduire progressivement un vide quotidien des mangeoires en milieu de journée ; ■ programme lumineux recommandé : • favoriser un programme dégressif lent pour optimiser la croissance, cela permettra de compenser en partie l’effet négatif de la chaleur en climat chaud ; • démarrer le lot avec une intensité élevée puis réduire progressivement l’intensité en fonction du comportement du lot et du type de bâtiment, pour que l’intensité lumineuse reçue en fin d’élevage soit adaptée à celle reçue en début de production. Une bonne intensité lumineuse durant la période d’élevage encouragera la croissance des animaux avec une plus grande activité et une plus forte consommation ; ■ tri des poulettes : lors de la pesée à 4/5 semaines, il est conseillé de trier les plus petites poulettes et de les élever dans un parc séparé pour favoriser leur croissance. Cette pratique permet d’améliorer l’homogénéité du lot et de réduire le risque de prolapsus sur les poules à petite carcasse. Gestion de la croissance et de l’homogénéité (6 à 15 semaines) Afin d’optimiser le potentiel de production de la future poule pondeuse, il est nécessaire d’atteindre les objectifs de poids et d’homogénéité à 16-18 semaines. En termes d’homogénéité, l’objectif est d’avoir un minimum de 80 % des poids par rapport au poids moyen. Afrique agriculture • page 54 septembre-octobre 2015 Par Guénaël Guillaume, chef de prod uit chez Novogen DR Une bonne gestion de la croissance et de la conduite d’élevage de la poussinière à l’entrée en ponte permet d’optimiser le potentiel de production de la poule pondeuse. Les éléments suivants jouent un rôle important dans l’obtention et le maintien d’une bonne croissance et homogénéité : ■ respect des normes d’élevage ; ■ sanitaire : • optimiser l’état sanitaire du troupeau, une bonne biosécurité, mais aussi un plan de vaccination et une lutte antiparasitaire adaptée aux conditions locales. Pour ce faire, il est fortement recommandé de recourir aux conseils d’un spécialiste local, seul à même d’élaborer un plan de prévention adapté à la région considérée ; ■ programme alimentaire recommandé : • aliment « croissance » de 5 à 10 semaines sous forme de farine grossière ou de miettes si les poids sont insuffisants ; • aliment « poulette » de 10 à 15 semaines sous forme de farine grossière ; • ces différents aliments se caractérisent par une baisse des niveaux énergétiques et protéiques afin de favoriser le développement du système digestif pour faire face à la rapide augmentation de consommation qui se produit en début de ponte ; • distribuer l’aliment 4 heures avant l’extinction pour habituer les poulettes à ingérer en fin de journée (moment de « l’appétit calcique » en période de production) ; • permettre un vide de chaîne de 2-3 heures en milieu de journée pour favoriser l’homogénéité ; • une granulométrie adaptée de l’aliment farine : Une granulométrie trop fine entraînera une sous-consommation et donc des problèmes de croissance, alors qu’une granulométrie trop élevée favorisera une sélection particulaire et donc des problèmes d’hétérogénéité ; Granulométrie recommandée Diamètres des particules Inférieur à 0,5 mm De 0,5 à 3,2 mm Supérieur à 3,2 mm Composition 15 % max 75 % 10 % max ■ programme lumineux recommandé : • à adapter en fonction du type d’élevage et de la croissance du lot (programme dégressif, durée de plateau) ; • en climat chaud, il est recommandé d’éclairer tôt le matin, pour favoriser la consommation durant les heures les plus fraîches ; • en bâtiment clair, il est possible d’utiliser un programme dégressif lent jusque 10/12 semaines puis la lumière naturelle jusque 2/5 % de ponte avant stimulation. Adaptation de la maturité sexuelle et maîtrise de l’entrée en ponte (16 à 28 semaines) De 5 % de production à 28 semaines d’âge, les poules doivent prendre au moins 300 g de poids corporel. Lorsque cette croissance est atteinte, les besoins de la poule sont couverts pour sa propre croissance et production d’œuf. Sur le long terme, cela aura des effets positifs sur sa productivité et viabilité. Les critères suivants permettent d’atteindre cet objectif : ■ optimisation du transfert : • favoriser une consommation rapide d’eau et d’aliment. L’idéal est d’utiliser les mêmes équipements dans la poussinière et le bâtiment d’élevage. Il est important d’attendre quelques heures avant de distribuer l’aliment pour que les poulettes puissent d’abord s’abreuver. Il est recommandé d’augmenter la durée de lumière la première journée pour stimuler la consommation en eau et aliment ; ■ programme alimentaire recommandé sur la période 16 à 28 semaines : • aliment « pré-ponte » de 16 semaines à 2 % de ponte. Cet aliment se caractérise par une augmentation des taux de calcium et de phosphore, nécessaires à la constitution des réserves calciques osseuses. Cela aura des effets positifs sur la persistance, qualité de coquille et diminuera les risques de fatigue de cage et donc de mortalité ; • aliment « ponte 1 » de 2 % de ponte à 28 semaines. Cet aliment est plus riche en protéines et en acides aminés, ce qui permet de satisfaire les besoins de production et de croissance durant les premières semaines de ponte ; • favoriser la consommation en fin de journée pour développer l’appétit calcique et permettre un vide de chaîne ; • effectuer un minimum de distribution en fonction des équipements pour éviter le tri particulaire ; • bonne granulométrie de l’aliment (voir précédemment). ■ programme lumineux : • toujours prendre en considération le poids corporel avant de stimuler ; • si nécessaire, possibilité d’utiliser le mid night feeding, 1 à 2 semaines après le début de la production pour favoriser la consommation. Contrôle du poids corporel Les animaux doivent être pesés chaque semaine dès la première semaine. Durant les quatre premières semaines, les pesées peuvent être collectives (par 5 ou 10 dans un seau). Par la suite, elles s’effectueront individuellement. À partir de la 26e semaine, une pesée tous les 15 jours est suffisante, et à partir de la 32e semaine, une fois par mois. La pesée doit avoir lieu sur un nombre suffisant d’animaux (environ une centaine) parqués dans un parc dans deux ou trois endroits du poulailler. Il est important, pour l’interprétation du résultat, de bien peser tous les sujets présents dans le parc. Si les animaux sont divisés en plusieurs enclos, il est recommandé de peser une cinquantaine d’animaux par enclos. En système cage, il est nécessaire de peser tous les animaux de plusieurs cages réparties dans tout le bâtiment puis d’en faire la moyenne et l’uniformité. À l’issue de la pesée, on calcule le poids moyen et l’homogénéité du lot. Ce résultat est reporté immédiatement sur la courbe de croissance. Son analyse permet d’ajuster précisément la conduite d’élevage (adaptation de la gamme alimentaire, programme lumineux), et de Afrique agriculture • page 55 septembre-octobre 2015 prendre d’éventuelles mesures de correction de l’homogénéité. Le poids corporel est un des principaux indicateurs de suivi de l’état d’un lot de poules pondeuses. Il est donc primordial d’en effectuer un suivi régulier, notamment si les conditions d’élevage sont difficiles (température, bâtiment clair…). Un poids moyen faible et/ou une forte hétérogénéité du lot dès la période d’élevage auront des effets néfastes sur la capacité de production à venir du lot. De multiples paramètres (programmes lumineux et alimentaires, respect des normes d’élevage, sanitaire…) sont donc à respecter et ajuster si nécessaire afin de permettre au lot d’exprimer au mieux son potentiel génétique. Courbes d’homogénéité de poids Effectifs hors recommandation d’homogénéité de poids fiche 40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % - 10 % 0 % 900 + 10 % 1 000 1 100 (Poids moyen du lot) Répartition des poids corporels de lot (g) Uniformité (à 16 semaines) > 85 % 80-85 % 75-80 % < 75 % Évaluation Très bien Bien Moyen Insuffisant