“exemple”.
• L’intentionnalité du cadre infirmier doit
être le moteur de toute approche de pro-
jet qui doit être alimentée par l’ex-
périence, définissant le sujet comme être
intentionnel qui cherche à donner “du
sens”, “de son sens” au soin ! Ce sens le
conduit à concevoir la finalité elle-même
comme propre objet de recherche à la
quête de l’individu.
Le cadre infirmier et le projet
De ce point de vue, le projet ne peut être
ni finalisé ni fonctionnalisé dans une
perspective d’activité, de charge, de rôle,
donc de mission à exercer. Des tâches à
accomplir, un service à rendre – modèles
qui répondraient alors à un contexte
d’obéissance où l’identité serait fondée
sur le projet – nourris de l’expérience et
de l’intention, n’auraient pas de sens.
Les projets ponctuels des cadres infirmiers
sont toujours des prétextes à situer
l’institution comme moteur des projets,
l’institution devenant alors source même
des projets, incitatrice. En fait, le projet
n’est que la mise en œuvre du désir
projectif du cadre qui l’initie, il n’a donc
pas forcément des options institution-
nelles mais il sert avant tout son créateur
en devenant une décision et l’énoncé de
ce qu’il a projeté pour lui-même. La
relation que le cadre infirmier a avec son
projet est comparable à la relation de
soins que l’infirmier a avec le patient.
Les cadres infirmiers initiateurs de pro-
jet démontrent malgré tout la relation
que “l’individu cadre” a avec le monde
qui l’entoure. Cette relation témoigne de
l’expérience qu’il a à ce monde.
L’écriture, dans la formulation de projets
et dans leur mise en œuvre, permet l’as-
similation à un processus de pensée qui
diffusée, devient un support à la mise en
actes des projets, créant ainsi une pro-
duction nouvelle au service d’un change-
ment escompté. L’écriture, de ce point de
vue, a plusieurs fonctions, notamment
une fonction de formation pour d’autres
projets. C’est aussi un mode de communi-
cation et de transmission allant vers une
forme d’explicitation et de compréhen-
sion qui pourrait tendre vers l’universel.
Les lecteurs du projet, notamment les
équipes soignantes, deviennent peu à peu
détentrices de ce nouveau savoir, essentiel
à la production et au changement.
La transmission du message
Dans toute expérience, l’exemple est au
cœur du processus de la formation, issue
d’un modèle inspiré de l’apprentissage.
La formation se transmet en premier
lieu, non pas par une accumulation de
connaissances et de savoirs, mais bien
par l’image que le professionnel renvoie
de sa fonction, elle-même renvoyant à
une représentation de son rôle et de son
mode d’exercice. Le cadre infirmier
n’échappe pas à cela, recherchant, dans
son expérience du passé, une image qu’il
veut soit recopier, soit, à l’inverse, modifier,
en considérant que l’exemple repéré
l’aidera à mieux agir.
Personnage, profession,
personne et institution
L’élaboration d’un modèle est remplie
d’options que se donne une société,
admettant et agréant des repères institu-
tionnels et légaux. Le projet personnel
ne peut que se diluer dans un leurre où
se noie un personnage repéré et identifié
comme “cadre”.
Notre exemplarité
Auteur de cet article, j’écris pour
m’exprimer et pour mettre en exergue un
point de vue. Mais cette rédaction sert
avant tout à réparer une image ou un
exemple que nous voulons faire et
défaire, l’écriture étant également un
outil de valorisation qui nous permet de
nous créer et de nous recréer sans cesse.
Ce mode d’expression est nécessaire
individuellement, et pourquoi pas collé-
gialement, pour recréer une image plus
digne, plus valorisante, plus respectable
que celle du cadre porteur de missions
souvent imaginaires, d’une représentation
collective, qui consisteraient à véhiculer
ce qui vient d’en haut, “de l’administration”,
à exécuter des tâches ingrates (les plannings)
et à remplir les injonctions des infirmières
générales.
Ne soyons pas dupes, même si chacun des
acteurs a son scénario, le rôle que nous
jouons, consciemment ou pas, est celui
que la société nous donne à remplir, en
étant nous-mêmes instrumentalisés et en
n’ayant que peu d’impact sur les décisions
que nous sommes appelés à prendre.
Interpréter le scénario en apportant
notre touche artistique
La distinction, entre scénario, texte et
acteur, est essentielle dans la fonction de
cadre. Même si les bases sont les
mêmes, chacun ou chacune d’entre nous
pourra apporter une touche issue de son
expérience, de son modèle, de sa sensi-
bilité. Ce pourra, selon le cas, être un
scénario où le vécu et le ressenti seront
diamétralement opposés. Les manifestations
caractéristiques pourraient se retrouver
dans les services de soins sous notre
responsabilité par des attitudes et des
comportements générant chez les pro-
fessionnels arrêt maladie ou non, moti-
vation ou non, mobilisation ou non.
Cadre infirmier,
à quoi ça sert ?
Distributeur de “PQ”, organisateur des
activités de soins, des plannings, des
congés, accusés d’être la courroie de
transmission de la direction, d’être aux
bottes du corps médical, d’être toujours
en réunion, d’être enfermés dans un
bureau, complotant toujours dans le dos
du personnel. Cadres, à quoi sert-on ? Le
fait d’exercer en psychiatrie majore
indubitablement ce questionnement.
S’il manque de monde aux portillons des
Instituts de formation en soins infirmiers
(IFSI), peut-on en dire autant des Instituts
de formation des cadres de santé
(IFCS) ? La place ne serait-elle pas aussi
mauvaise que l’on a l’air de le dire ?
Être cadre,
une compétence à confirmer
Cette compétence, notamment en psy-
chiatrie, trouve sa force dans l’assise de
la connaissance que les professionnels
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Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 1-2, janvier-février 2002
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