
La position des entreprises serait très difficile à étudier si nous ne disposions d’un fond sans doute
représentatif.
Quelques mots sont peut être nécessaires pour situer le cadre dont sont issus les documents que
nous nous proposons d’étudier concernant les problèmes soulevés par la fin du système de Breton
Woods.
Après la guerre, une partie du patronat français, emmenée par Georges Villiers, le président du
CNPF juge nécessaire de réfléchir aux mutations économiques et sociales qui s’opèrent, d’une
manière indépendante des institutions publiques. C’est dans ce contexte que naît en 1953 le CERC,
Centre de Recherches et d’Etudes des Chefs d’entreprises. Georges Villiers réussit à convaincre son
état-major du CNP de l’intérêt pour les chefs d’entreprises de s’ouvrir à la réflexion, à la recherche
et à la formation aux problèmes contemporains dans le cadre de structures indépendantes des
organisations professionnelles. Les principes fondateurs du CRC entraînent une implication forte
des participants, répartis en différentes commissions de travail. Chaque commission rédige un
rapport qui peut être publié par les Cahiers du CERC. Les sujets reflètent les préoccupations de
l’époque comme « L’équilibre économique agriculture-industrie » (1957), « Facteurs humains de la
croissance économique » (1964), « Les sociétés multinationales face aux Etats-nations » (1974).
Au départ, le CERC était essentiellement composé d’industriels, puis la situation se modifia peu à
peu et plusieurs banquiers devinrent membres du CERC.
Désireux d’une vase ouverture internationale, le CRC avait créé en son sein un Groupe
International. C’est dans ce Groupe que s’est formée en 1973 une équipe spécialisée pour étudier et
présenter des réflexions concernant les aspects monétaires de la situation internationale. Cette
équipe s’est réunie sous la présidence de Robert Jablon (directeur et administrateur de la Banque
Rothschild).
Le travail de ce groupe constitué aux lendemains de la parution et pour y répondre à un rapport
rédigé par le Committee for Economic development, principal organisme de réflexion patronal aux
Etats-Unis se traduisit par un rapport de synthèse publié en octobre 1974 sous le titre « Réflexions
sur les problèmes monétaires internationaux ».Nous disposons donc à travers les archives de Robert
Jablon, d’une vingtaine d’exposés émanant de chefs
d’entreprises mais aussi d’autres acteurs importants de la sphère monétaire, et des discussions que
ces rapports suscitèrent.
Le groupe se réunit à nouveau à partir de février 1976, avec d’autres intervenants. Cette seconde
série de réunions, où intervinrent par exemple Jacques Calvet, Thierry de Montbrial, Jean Denizet,
Pierre Bartholin, donna lieu à un second rapport intitulé « Evolution des problèmes monétaires et
financiers internationaux » publié en 1976.
Les travaux de ce groupe sont donc naturellement structurés autour des deux questions qui
intéressent les économistes.
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La question des liquidités internationales.
La particularité des travaux de ce groupe est que sans négliger les aspects macroéconomiques de la
crise du système monétaire international, celle-ci est envisagée essentiellement du point de vue de
l’entreprise, qu’il s’agisse du problème des changes, de celui de la nécessité d’une maitrise de la
croissance du volume des liquidités internationales lorsqu’au marché de eurodollars sont venus
s’ajouter une masse considérable de liquidités flottantes, issues des bouleversements de l’économie
pétrolière mondiale ou encore de l’inflation. Pour la plupart des intervenants, le système de Bretton