Université Paris XII Faculté Administration & Échanges Internationaux Licence 3 Administration Publique SOCIO-ÉCONOMIE GÉNÉRALE 2007-2008 D. GLAYMANN Document accompagnant l’introduction I - Éléments sur l’histoire des pensées économiques et sociologiques Quelques repères sur l’histoire de la pensée économique Les précurseurs Les mercantilistes Courant d’idées et de pratiques économiques important en Europe (XVIè XVIIIè siècles). Le mercantilisme « bullioniste » (ibérique). Le mercantilisme « industrialistes » (français) : Jean Bodin (1530-1596), Colbert (1619-1683) Le mercantilisme financier et commercial (anglais et hollandais). Concepts centraux Défense de l’intervention de l’État dans l’économie. Valorisation du commerce extérieur avec une approche protectionniste. Les physiocrates Courant du XVIIè siècle, auteur le plus connu : F. Quesnay (1694-1774). Concepts centraux : Lien entre richesse et terre. Premières esquisse de TEE Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 2/30 Les classiques Adam Smith (1723-1790) Principal ouvrage : Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776 Concepts centraux : Liens production, travail et richesse. Division du travail et productivité. Théorie de la valeur-travail. « La main invisible », l’efficience du marché. Libéralisme et libre-échange. Thomas-Robert Malthus (1766-1834) Principal ouvrage : Essai sur le principe de population, 1798 Concepts centraux : La loi de population. La théorie de la rente foncière. David Ricardo (1772-1823) Principal ouvrage : Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817 Concepts centraux : Loi des rendements décroissants. Loi des avantages comparatifs. Libre-échange. Jean-Baptiste Say (1767-1832) Principal ouvrage : Traité d’économie politique, 1803 Concepts centraux : La valeur-utilité. La loi des débouchés. John Stuart Mill (1806-1873) Principal ouvrage : Principes d’économie politique, 1848 Concepts centraux : Approche micro-économique à partir de la valeur-utilité. « Laisser-faire », « laisser-passer » Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 3/30 Les marxistes Karl Marx (1818-1883) Principaux ouvrages : Le manifeste du parti communiste, 1848, Le capital, Tome 1, 1867 Concepts centraux : Le matérialisme historique. La centralité de la lutte des classes dans l’évolution sociale. La plus-value. La crise inhérente au capitalisme. Friedrich Engels (1820-1895) Principaux ouvrages : La situation de la classe laborieuse en Angleterre, 1845, Le manifeste du parti communiste, 1848, Vladimir Oulianov, Lénine (1870-1924) Principal ouvrage : L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916 Prégnance de la lutte des classes, Condamnation du capitalisme, Inéluctabilité des crises Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 4/30 Les Néo-classiques École de Cambridge : S. Jevons (1835-1882), A. Marshall (1842-1924) École de Vienne : C. Menger (1840-1921), E. Böhm-Bawerk (1851-1914) École de Lausanne : L. Walras (1834-1910), V. Pareto (1848-1923) Concepts centraux : Principe de la valeur-utilité. Approche micro-économique. Centralité du concept d’équilibre (partiel et général). Les keynésiens John Maynard Keynes (1883-1946) Principal ouvrage : Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936 Concepts centraux : Approche macro-économique sous forme de circuit. Pluralité des équilibres de marché possibles. Nécessité de l’intervention de l’État et de la politique économique conjoncturelle. Joan Robinson (1903-1983) Principal ouvrage : Hérésies économiques, 1971 Oppositions essentielles entre néoclassiques et keynésiens : • la nature de l’équilibre de marché, • le rôle de l’État, • les causes du chômage et les solutions Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 5/30 Quelques auteurs inclassables dans un courant Joseph Schumpeter (1883-1850) Principal ouvrage : Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942 Concepts centraux : L’entrepreneur innovateur, les grappes d’innovation. Karl Polanyi (1886-1964) Principal ouvrage : La grande transformation, 1944 Concepts centraux : L’encastrement de l’économique dans le social. Économie et société de marché. François Perroux (1903-1987) Principal ouvrage : Le capitalisme, 1948 Concepts centraux : Le poids des phénomènes de domination. Les liens entre croissance, développement en progrès. John Kenneth Galbraith (1908-2006) Principaux ouvrages : Le nouvel état industriel, 1967, Les mensonges de l’économie, 2004 Concepts centraux : La technostructure, l’inversion de la filière classique, le producteur roi. Amartya Sen (né en 1933) Principal ouvrage : L’économie est une science morale, 1999 Concepts centraux : Les capabilités. Liens entre démocratie et développement. École de la Régulation : Michel Aglietta, Robert Boyer, André Orléan Principaux ouvrages : R.Boyer, J.-P. Durand, L’après-fordisme, 1993 ; M. Aglietta, Régulation et crises du capitalisme, 1997 Concepts centraux : La régulation. Le fordisme. Le rapport salarial. Quelques ouvrages abordables pour aller plus loin A. Beitone (et alii), 25 livres clés de l’économie, Marabout, 1995 J. Brémond, M.-M. Salort, Dictionnaire des économistes, Liris, 1992 F. Dubœuf, Introduction aux théories économiques, La Découverte (Repères), 1999 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 6/30 Quelques repères sur l’histoire de la pensée sociologique Les grands précurseurs Auguste Comte (1798-1857) Principal ouvrage : La science sociale, (recueil de textes), 1972 Concepts centraux : Le positivisme. La loi des trois états. Alexis de Tocqueville (1805-1859) Principal ouvrage : De la démocratie en Amérique, (paru en deux volumes), 1835 et 1840 Concepts centraux : Démocratie et égalisation des conditions. La dictature de la majorité. Karl Marx (1818-1883) Cf. p. 4 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 7/30 Les fondateurs Émile Durkheim (1858-1917) Principaux ouvrages : Les règles de la méthode sociologique, 1895. Le suicide, 1897 Concepts centraux : Le fait social. L’approche méthodologique. La solidarité organique. Max Weber (1864-1920) Principal ouvrage : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905 Concepts centraux : La sociologie compréhensive. L’idéaltype. Rationalisation et désenchantement. La première École de Chicago (1915-1940) Principaux ouvrages : Nels Anderson, Le hobo, sociologie du sans-abri, 1923. Thomas, Znaniecki, Le paysan polonais en Europe et en Amérique, 1918-1920 Concepts centraux : La sociologie urbaine. L’interactionnisme. Monographies et anthropologie sociale. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 8/30 Quelques sociologues contemporains Norbert Élias (1897-1990) Principal ouvrage : Qu’est-ce que la sociologie ?, 1970 Concepts centraux : dépassement holisme/IM, dynamisation des concepts Raymond Aron (1905-1983) Principal ouvrage : Dix-huit leçons sur la société industrielle, 1962 Concepts centraux : la société industrielle, le totalitarisme Robert King Merton (1910-2003) Principal ouvrage : Éléments de théorie et de méthode sociologique, 1953 Concepts centraux : le fonctionnalisme relativisé, la prophétie autoréalisatrice, groupes d’appartenance et de référence Edgar Morin (né en 1921) Principal ouvrage : Terre-Patrie, 1970. Introduction à la pensée complexe, 20 Concepts centraux : Alain Touraine (né en 1925) Principal ouvrage : Le retour de l’acteur, 1989 Concepts centraux : la société post-industrielle, les nouveaux mouvements sociaux, l’intervention sociologique Pierre Bourdieu (1930-2002) Principaux ouvrages : Questions de sociologie, 1970. La misère du monde, 1993 Concepts centraux : l’habitus, les capitaux, les champs sociaux, la domination, la violence symbolique Raymond Boudon (né en 1934) Principal ouvrage : La logique du social, 1979. Raison, bonnes raisons, 2003 Concepts centraux : l’individualisme méthodologique, les effets de composition Quelques ouvrages abordables pour aller plus loin B. Barbusse, D. Glaymann, Introduction à la sociologie, Foucher, 2004, (1ère partie) M. Lallement, Histoire des idées sociologiques (2 tomes), Armand Colin (Circa), 2005-2006 J.-M. Morin, Précis de sociologie, Nathan (Repères pratiques), 1996 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 9/30 Les grandes branches de la sociologie Autour du travail La sociologie des relations industrielles L’école des relations humaines (E. Mayo, F. Herzberg, Mac Gregor), J. Dunlop G. Friedmann, H. Braverman, P. Naville, A.Touraine, J.-P. Durand, D. Linhart, M. Gollac, C. Baudelot, S. Beaud, M. Pialoux, M. Crozier, E. Friedberg, P. Bernoux R. Sainsaulieu, P. Bernoux, D. Segrestin E.C. Hughes, P. Elliott, L. Boltanski, C. Dubar, F. Piotet G. Caire, M. Maruani, S. Erbès-Seguin, J.C. Barbier, S. Paugam, M. Lallement B. Reynaud, J. Freyssinet, D. Schnapper R. Sue, R. Sainsaulieu, A. Caillé La sociologie du travail La sociologie des organisations La sociologie de l’entreprise La sociologie des professions La sociologie de l’emploi La sociologie du chômage La sociologie des associations Autour de liens individu/société La sociologie de l’individu M. Weber, L. Warner, M. Olson, R. Boudon, B. Lahire, A. Ehrenberg, V. de Gaulejac K. Marx, F. Engels, M. Halbwachs, C. Wright Mill, P. Bourdieu, M. Pinçon, M. Pinçon-Charlot, L. Chauvel F. Tönnies, G. Gurvitch, D. Bell, P. d’Iribarne, R. Senett, U. Beck, A. Giddens F. Le Play, A. Michel, A. Girard, M. Segalen, F. de Singly M. Maruani, M.C. Hurtig La sociologie des classes sociales La sociologie de l’évolution sociale La sociologie de la famille La sociologie des genres Autour des modes de vie La sociologie urbaine École de Chicago, M. Castells, H. Lefèbvre, P. Sansot La sociologie rurale F. Tönnies, H. Mendras La sociologie de la pauvreté et de R. Hoggart, S. Paugam, R. Castel l’exclusion La sociologie de la consommation J. Duesenberry, T. Veblen, E. Engel, J. Baudrillard La sociologie de la culture R. Linton, M. Wieviorka La sociologie de l’art P.Bourdieu, R.Moulin La sociologie du sport P.Parlebas, C.Pociello, J.M.Brohm, R.Thomas La sociologie de la déviance et de la L’école de Chicago, H. Becker, R. Merton, S. Roché, L. Mucchielli délinquance La sociologie de l’information et des M. Castells, P. Breton, A. Giddens communications La sociologie de la vie quotidienne G. Simmel, E. Goffman, M. Certeau, H.Lefèbvre J-C. Kaufmann La sociologie de l’éducation et de l’École É. Durkheim, P. Bourdieu, R. Boudon, C. Baudelot, R. Establet, F. Dubet, B. Charlot La sociologie des sciences B. Latour, M. Callon Autour des idées et des croyances La sociologie des religions La sociologie des valeurs É. Durkheim, M. Weber, G. Lebras, E. Poulat, D. Hervieu-Léger A. de Tocqueville, F. Tönnies, M. Weber, T. Parsons, R. Aron, N. Élias, A. Hirschman, D. Bell, E Morin, A. Giddens H. Garfinkel, E. Morin, A. Cicourel La sociologie de la connaissance Autour de la citoyenneté La sociologie politique La sociologie électorale K. Marx, R. Aron, R. Michels, M. Duverger, P. Birnbaum, A. Percheron P. Lazarsfeld, A. Siegfried, N. Mayer, P. Perrineau, © B. Barbusse, D. Glaymann, Introduction à la sociologie, Foucher, 2004 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 10/30 Les grands traits de l’opposition entre holisme et individualisme méthodologique Holisme Individualisme méthodologique Inspirateurs et fondateurs K. Marx, É. Durkheim Autres auteurs importants R. Merton, P. Bourdieu Définition de la société Le tout diffère de la somme des parties qui la composent. Posture des individus Des êtres subissant des règles liées à des structures qui leur échappent et modèlent leurs comportements et leurs croyances Objet de la sociologie Les faits sociaux qui s’imposent aux individus et les contraignent souvent à leur insu. Travail des sociologues Étudier les faits sociaux comme des choses et les analyser de l’extérieur. Méthode préférée Observation indirecte et objective. Instruments privilégiés Questionnaires, statistiques, bibliographie. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 A. de Tocqueville, M. Weber R. Boudon, E. Goffman, G. Becker Le produit de l’agrégation d’interactions entre individus. Des acteurs qui calculent, font des choix et construisent des stratégies liées aux coûts et avantages comparés de leurs actes. Les résultats des actions et interactions individuelles qui se combinent et produisent le social. Comprendre les actes des individus et le sens qu’ils leur donnent. Observation directe, voire participante. Enquêtes de terrain, entretiens, récits de vie. Socio-économie générale page 11/30 II – Conseils méthodologiques en vue des concours Méthodologie des plans détaillés et des dissertations La réussite à une épreuve de concours suppose un certain nombre de pré-requis qu’il s’agisse de : - répondre à une question précise, type « question de cours », - commenter un document (article, document statistique, extrait d’ouvrage…), - construire un plan détaillé - présenter un exposé oral, - rédiger une dissertation. Réussir ce genre d’épreuve implique de : - répondre correctement et précisément aux questions posées, - mobiliser ses connaissances pour avoir de quoi argumenter (en évitant une simple paraphrase lorsque le sujet comprend des documents), - construire et traiter une problématique correspondant au sujet, - trouver un plan efficace, - gérer correctement son temps pour rédiger ce qui doit l’être, et s’agissant d’un travail écrit, recopier ce qui a été écrit au brouillon. Si la maîtrise d’un minimum de connaissances est une condition absolument nécessaire, cette condition n’est pas suffisante. Une épreuve de concours se prépare : il faut un savoir-faire qui se travaille et qui se construit par un entraînement. Les quelques documents qui suivent visent à vous aider à mener ce travail. Quelques travaux figurant en italiques et en gras vous sont proposés avec certains documents. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 12/30 Document n°1 : Êtes-vous visuel ou auditif ? Répondez aux questions, puis complétez les tableaux pour mieux connaître votre profil. Source : CDDP de la Drôme, Apprentissage de savoir-faire fondamentaux en sciences économiques et sociales, Ministère de l’éducation nationale, 1990 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 13/30 Document n°2 : Se documenter en sciences sociales Différentes ressources permettent de trouver des écrits, des données, des chiffres, des comptes-rendus d’enquêtes afin de se documenter et d’alimenter sa réflexion. Quelques lieux Les deux bibliothèques universitaires de Créteil- Paris XII : sur le campus du CMC et au Mail des mèches (bâtiment des sciences économiques). Votre carte d’étudiant vous donne le droit d’accéder, de consulter, de travailler et d’emprunter dans ces deux BU (à la seule condition d’aller demander votre carte de lecteur). La documentation Française : 29, quai Voltaire, 75007 Paris Librairie et salle de lecture dont l’accès est libre (sur présentation d’une carte d’identité) où l’on peut trouver nombre d’informations sur l’actualité politique, économique et sociale en France et dans le monde. La bibliothèque Nationale de France, Quai François Mauriac, 75013 Paris INSEE Info Service : Tour Gamma A 195, rue de Bercy 75012 Paris On y trouve les nombreuses publications de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Le Conseil Économique et Social : 1, av d’Iéna 75016 Paris Les avis, rapports et études du Conseil économique et social sont vendus par la Direction des Journaux officiels : 26, rue Desaix 75727 PARIS Cedex 15 Le Centre d’étude de l’emploi (CEE) : « Le Descartes I » - 29, promenade Michel Simon - 93166 Noisy-leGrand Cedex. Il faut téléphoner (01-45-92-68-00) pour accéder à la salle de documentation. Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC) : 142, rue du Chevaleret 75013 Paris (sur rendez-vous au 01-40-77-85-04). L’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) : 16, boulevard du Mont d’Est, Noisy-le-Grand. L’IRES réunit des chercheurs, des représentants des syndicats et du gouvernement. Le Centre d’étude et de recherche sur les qualifications (CÉREQ) : 11, rue Vauquelin 75005 Paris Quelques sites Internet Les sites des différents organes de presse (quotidiens, hebdomadaires ou mensuels), des ministères et des grandes institutions nationales ou internationales constituent des mines d’informations qu’il est souvent utile de consulter lorsqu’on sait ce que l’on cherche. Quelques sites parmi d’autres : www.ladocfrancaise.gouv.fr : la documentation Française www.ined.fr : l’Institut national des études démographiques www.insee.fr : l’Institut national de la statistique et des études économiques www.minefi.gouv.fr/ : le Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie www.travail.gouv.fr/ : le Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement www.education.gouv.fr : le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche www.sante.gouv.fr/ : le Ministère de la santé et des solidarités www.europa.eu.int : l’Union européenne www.oecd.org : l’Organisation de coopération et de développement économique www.ilo.org/public/french : l’Organisation Internationale du Travail (en français) www.unesco.org/general/fre : l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture www.lemonde.fr : Le Monde www.scienceshumaines.com : Sciences Humaines www.alternatives-economiques.fr/ : Alternatives Économiques Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 14/30 Document n°3 : Construire et présenter une bibliographie Une bibliographie réunit un ensemble de livres (ou de chapitres) et d’articles traitant d’un sujet (ou d’un auteur) qui constitue une référence assez complète sur ce sujet. Sa qualité dépend de la scientificité des auteurs et des publications ainsi que de leur diversité. Quand on présente une bibliographie accompagnant un exposé (ou un mémoire), elle doit inclure l’ensemble des écrits et des sources que l’on a effectivement consultés et qui ont nourri l’information et la réflexion. Construire une bibliographie nécessite donc un vrai travail de recherche (en bibliothèque et sur Internet), puis de lecture, avec des allers et retours entre ces deux phases puisqu’une lecture révèle d’autres titres et d’autres auteurs. Il faut nécessairement y consacrer un temps important. En outre, une bibliographie doit être présentée de façon normalisée : - pour un livre : Nom(s), Prénom(s), Titre, Lieu de parution, Éditeur, Année - pour un extrait de livre : Nom, Prénom, « Titre de l’extrait », dans Titre de l’ouvrage, Nom(s) du ou des auteur(s) principaux, Lieu de parution, Éditeur, Année - pour un article : Nom(s), Prénom(s) « Titre de l’article », Titre de la publication, n°, date Exemples : - Aglietta Michel, Régulation et crises du capitalisme (réédition avec postface), Paris, Odile Jacob, 1997 Amossé Thomas, Chardon Olivier, « La carte des professions (1985-1999) : le marché du travail par le menu », Données sociales, 2002-2003, INSEE, 2002 Aubé Claire, « C’est l’organisation du travail tout au long de la vie qu’il faut réinventer », Enjeux, Les échos, n° 194, septembre 2003 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 15/30 Document n°4 : La méthodologie de l’exposé et de la dissertation Généralités Un exposé ou une dissertation constituent : - une situation de communication artificielle puisque l’on s’adresse à un jury qui écoute pour évaluer et non pour s’informer ou débattre, - la réponse, argumentée, à une question (explicite ou non selon le libellé du sujet) que l’on a reformulée en problématique, - une démonstration qui doit être construite de façon claire que ceux qui l’écoutent ou la lisent doivent pouvoir suivre et retrouver, - un exercice qui a des règles, « des figures imposées ». Les « figures imposées » Un exposé ou une dissertation doivent être construits en trois temps qui jouent chacun leur rôle : - l’introduction précise la question posée et annonce le cheminement que suivra la démonstration, - le développement présente la démonstration appuyée sur des arguments, des faits, des chiffres, des explications théoriques, - la conclusion expose une réponse à la question posée, et peut élargir le champ de la réflexion. La présentation tient une place essentielle (qui renvoie au caractère particulier de cette communication) : - le « je » est prohibé, - le langage et la syntaxe (ainsi que l’orthographe à l’écrit) doivent être de bonne qualité afin d’être au service de la démonstration, - le vocabulaire spécifique doit être employé à bon escient, - le plan doit être annoncé et perçu (à l’écrit comme à l’oral), les différentes parties et sous-parties doivent être audibles dans un exposé (on indique que l’on passe à la partie suivante) et visibles à l’écrit (titres, intertitres doivent se voir grâce à la présentation qui utilise aussi les interlignes, les espaces, les retraits de lignes). À tort ou à raison, la forme donne une idée du fond ou du moins de la structuration Structure et rôle de l'introduction L’introduction est elle-même subdivisée en plusieurs parties ayant chacune leur fonction : - dans un premier temps, l’accroche sert à entrer en matière. On énonce l’intérêt, l’importance, la pertinence, l’actualité du sujet... Il s’agit « d’accrocher » l’intérêt de l’auditeur ou du lecteur correcteur. Il faut essayer d’être original (pas fantaisiste). On forge la première impression qu’on laissera ; - dans un deuxième temps, on explicite le sujet : on définit précisément les termes-clés, on précise le cadre et les enjeux, on formule sa problématique, on l’explicite sous forme de question (mais pas simple paraphrase) ; - enfin, on annonce très précisément et formellement le plan qu’on va suivre. Le plan doit donc être déjà construit quand on rédige l’introduction d’un plan détaillé ou d’une dissertation. L’introduction n’anticipe pas sur la réponse : elle l’induit sans la donner. Elle questionne et ne conclut pas. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 16/30 L’introduction doit avoir du contenu dans la mesure où elle explique et justifie la façon dont on comprend le sujet et dont on va l’aborder avec sa problématique et son plan. Elle est assez longue (1/5, voire 1/4 de la longueur totale). Le développement C’est le corps de la démonstration : il s’agit de présenter les arguments, dans un ordre permettant de suivre un raisonnement logique débouchant sur la réponse à la question posée. Il faut s’efforcer d’appuyer ses arguments sur des faits et des explications. Il faut aller crescendo lorsque la structure choisie le permet : du (plutôt) faux vers le (plutôt) vrai, du passé vers le présent (plan historique). Le plan doit comprendre 2 ou 3 parties, elles-mêmes subdivisées en 2 ou 3 sous-parties (sans souci de symétrie), elles-mêmes subdivisées en paragraphes en suivant le principe « un paragraphe = une idée ». Un « bon » plan sert aussi à masquer ses faiblesses et à valoriser ses connaissances. L’essentiel est qu’il doit cerner et traiter le sujet, rien que le sujet et tout le sujet. Les parties et sous-parties doivent être équilibrées en longueur et en importance (tant quantitativement que qualitativement). Chaque partie (et chaque sous-partie) doit se terminer par une conclusion partielle, Il doit y avoir des transitions entre chaque partie et entre chaque sous-partie (pas un simple mot de liaison qui, lui, sert à démarrer un nouveau §). Il faut guider l’auditeur ou le lecteur : « voici ce que je viens de montrer, voilà où je vais maintenant ». Une partie doit être titrée, de préférence sous la forme d’une phrase (1 ou 2 lignes). Ce titre doit être nettement repérable à l’oral comme à l’écrit. La conclusion Sa fonction fondamentale est de répondre à la question posée. Cet aspect est absolument indispensable et primordial. Il faut toujours se demander si la conclusion que l’on rédigée répond effectivement à la question posée et correspond bien à la problématique que l’on a formulée. La réponse doit répondre explicitement et précisément à la question que l’on a reformulée dans l’introduction. L’absence de réponse qui montrerait une méconnaissance des règles de l’exposé, du plan détaillé ou de la dissertation pourrait même être interprétée comme un travail non conforme à l'objectif de fond. Elle serait dans tous les cas très pénalisante. La réponse doit constituer la suite logique de la démonstration présentée dans le développement. Sinon, il y a erreur de plan ou même absence de raisonnement et/ou de cohérence. Cette réponse doit être précise, mais pas unilatérale et indiscutable. Il faut s’engager, mais on a droit au doute. Il faut trouver une forme d’expression adéquate en se souvenant que l’objectif n’est pas de convaincre sur le fond un jury qui considère de toute façon qu’il en sait plus sur le fond que le candidat. La conclusion peut aussi ouvrir la réflexion en élargissant le thème de départ. Cet aspect est utile et nécessaire mais pas indispensable. Il montre des capacités de réflexion et d’extrapolation. C’est un plus. Mais, comme pour « l'originalité » de l’introduction, attention aux ouvertures artificielles ou farfelues. Si l’introduction est le premier contact du correcteur avec la copie, la conclusion est le dernier. Elle laissera donc une impression finale. Cela jouera donc souvent un rôle très important au moment de la notation. Mieux vaut « moins mais mieux » en matière de conclusion. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 17/30 Document n°5 : Les étapes du travail Préparer un exposé ou une dissertation durant un examen (ou un concours) pose de multiples problèmes. L’un des principaux est la gestion du temps. Il est donc indispensable d’avoir une méthode de travail précise et rodée. On peut organiser et programmer son temps de la façon suivante : • • 1er temps : analyse du sujet Réflexion et définition des termes-clés. Recherche de la question cachée derrière le libellé du sujet. 2ème temps : mobilisation des connaissances Recensement des arguments. Définition du point de vue que l’on va développer. • 3ème temps : formulation de la problématique Rédaction des questions précises, synthétisant et englobant le sujet. • 4ème temps : construction d’un premier plan général Réalisation d’une structure en parties, sous-parties, avec liens logiques entre elles. • • • • • 5ème temps : confrontation plan/problématique/sujet Dernière vérification visant à se demander si l’on n’est pas hors sujet. Après cette étape, il sera trop tard pour revenir en arrière. 6ème temps : réalisation du plan détaillé Remplissage du « squelette » de plan avec ordre des paragraphes et donc des arguments. 7ème temps : rédaction au brouillon de l’introduction et de la conclusion Il faut toujours conclure, même « en catastrophe », d’où la nécessité absolue d’écrire quelques lignes. On n’a jamais le temps d’écrire le reste de la dissertation au brouillon, inutile d’essayer ! 8ème temps : écriture au propre avec rédaction intégrale Bien entendu, cette phase ne prend pas la même forme ni la même durée selon que l’on prépare : - un exposé : on peut écrire en gros et souligner comme on le souhaite puisqu’on sera seul à se relire et qu’on devra le faire tout en parlant et en regardant son auditoire, - un plan détaillé : l’essentiel est déjà écrit, mais il faut s’efforcer d’expliciter les titres et les intitulés de paragraphes qui seront énumérés - une dissertation dans laquelle tout doit être rédigé, et le mieux possible. 9ème temps : les relectures Il faut consacrer une de ces relectures à l’orthographe s’il s’agit d’un travail écrit. Chacune des étapes doit être préalablement limitée dans le temps et faire au fur et à mesure l’objet d’un chronométrage précis. Il appartient évidemment à chacun de se constituer sa propre démarche et surtout d’en tester la pertinence et l’efficacité avant de l’utiliser lors d’un examen ou un concours. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 18/30 Une méthodologie aussi efficace soit-elle ne suffira jamais à assurer un bon exposé ou une bonne dissertation. Sans connaissances sûres et précises, on ne peut pas disserter correctement. L’un des pièges des sciences sociales, c’est qu’elles traitent de ce qui concerne tout un chacun. On a donc l’impression vraie de savoir des choses sur un sujet et on en déduit trop souvent l’idée fausse qu’on pourra toujours s’en sortir en « brodant ». Un bon travail doit éviter les généralités bavardes et les fausses évidences. Si le recours à la culture générale est un complément utile, rien ne remplace la connaissance d’auteurs, de concepts, de faits, de mécanismes économiques et sociaux. Inversement, un savoir scientifique n’est véritablement acquis que s’il est opérationnel : sans savoir-faire méthodologique, on ne peut pas non plus réussir © D. Glaymann, Université Paris XII, 2007 pour les documents 2 à 5 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 19/30 Document n°6 : Clés pour panne de plan Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 20/30 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 21/30 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 22/30 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 23/30 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 24/30 Document n°7 : Savoir évaluer une introduction Essayez-vous à porter un jugement critique motivé sur chacune des trois introductions. Source : CCAFE de Rennes, « Méthodes et savoir-faire en sciences économiques et sociales », Échanges, n°13, numéro spécial, septembre 1990 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 25/30 Document n°8 : Correction1 d’un sujet de dissertation (partiel de février 1998) Sujet « Le consommateur est pour ainsi dire le roi. Ou plutôt, chaque individu exerce une fraction de souveraineté économique à la façon d’un électeur. Les francs dépensés par lui étant autant de bulletins de vote au moyen desquels il essaie, au cours d’un référendum permanent, d’obtenir que soient accomplis les actes de production souhaités par lui.» (Paul Samuelson). « Le sens unique dans lequel cheminent les ordres du consommateur au marché, puis du marché au producteur peut se définir : la filière normale ou classique... La filière classique correspond de moins en moins à la réalité. Au contraire, c’est l’entreprise de production qui poisse ses tentacules pour contrôler ses propres marchés, bien mieux pour diriger le comportement de marché et modeler les attitudes sociales de ceux qu’apparemment elle sert. Pour ce phénomène, il nous faut trouver un nom : celui de filière inversée paraît appropriée. » (John K. Galbraith). Ces deux textes résument deux opinions très opposées sur les relations entre production, consommation et marché : la théorie du consommateur-roi et la théorie du producteur-roi. Après les avoirs rappelées et analysées, vous vous demanderez si l’on peut considérer que les producteurs ou les consommateurs sont « les rois » dans l’économie contemporaine. Introduction La consommation des ménages est longtemps resté le principal moteur d’une croissance économique qui demeure assez lente en France comme dans nombre de pays de la zone euro, cette consommation semble elle aussi ralentir depuis quelques années alors que l’investissement et l’emploi restent faible pour le premier et en crise pour le second2. S’il y a évidemment un lien certain entre les volumes de consommation et de production, la relation entre les deux catégories d’agents économiques que constituent les consommateurs et les producteurs est complexe à décrypter. Rejoignant la vision néo-classique de l’économie, l’économiste américain Paul Samuelson considère que le marché permet aux consommateurs, un ensemble d’agents considéré de façon homogène, de satisfaire leurs besoins non seulement en achetant les biens et services disponibles mais en les « commandant » aux producteurs au moyen d’une demande solvable assimilée à un bulletin de vote. John Kenneth Galbraith, autre économiste américain d’inspiration keynésienne mais plutôt hétérodoxe, s’appuie sur l’évolution du système économique au cours du XXè siècle pour remettre en cause cette vision en considérant que le pouvoir est passé aux mains des producteurs, en particulier des grandes firmes qui dominent la plupart des marchés devenus oligopolistiques3. La question qui est posée concerne l’éventuelle souveraineté de l’une de ces deux catégories d’acteurs majeurs de l’économie que sont les producteurs qui fabriquent des biens et des services à partir des facteurs de production qu’ils combinent et les consommateurs qui achètent ces biens et services afin de satisfaire leurs besoins4. Les expressions de « consommateur-roi » et de « producteur-roi » proposent deux approches en partie contradictoires mais qui conduisent toutes deux à considérer qu’il y a un « roi », c’est-à-dire un agent économique (consommateur ou entrepreneur) qui est en position de commander l’autre5. 1 Ce corrigé ne constitue évidemment qu’une réponse possible parmi d’autres. Il s’agit d’une accroche visant à contextualiser le sujet et à en montrer l’actualité, voire l’intérêt. 3 On fixe quelques repères théoriques qui permettront de mener un débat et de montrer des connaissances précises. 4 On pose des éléments de définition générale pour aller vers une problématique. 5 On cadre le sujet en précisant de qui on va parler et en le justifiant. 2 Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 26/30 À l’heure où l’on s’interroge sur la remise en marche (ou la régulation) de l’économie capitaliste, nous nous chercherons si l’une de ces deux approches théoriques, et laquelle, retrace la réalité des activités économiques et sociales sans écarter l’hypothèse consistant à penser que la réalité de l’économie contemporaine dépasse deux approches. Peut-on dire que l’une de ces deux visions décrit mieux que l’autre l’économie actuelle ? Peut-on désigner un souverain dominant le marché, et lequel ? Faut-il aller au-delà de cette confrontation pour construire une analyse moins schématique ? Telles sont les questions auxquelles nous essaierons de répondre6. Nous étudierons dans une première partie ce qu’explique chacun des deux auteurs en cherchant à éclairer ce qui justifie leurs conclusions divergentes. Nous confronterons ensuite ces deux approches à la réalité de l’économie actuelle pour évaluer leur pertinence7. Plan détaillé des deux parties Samuelson et Galbraith présentent deux analyses divergentes du triptyque consommation/production/marché sans aller au fond de l'analyse des besoins et des arbitrages8,9 On verra ici comment deux auteurs partant d’un même postulat pour analyser les mêmes réalités débouchent sur des analyses et une conclusion différentes. Leur point de départ est commun : le marché est le coordonnateur essentiel Les activités de production, de consommation et d’échange s’articulent autour du marché qui est le lieu de confrontation des producteurs et des consommateurs, c’est-à-dire là où les biens et services produits rencontrent des besoins à satisfaire10. Il est donc le lieu d’échange, de fixation des prix et d’équilibrage entre l’offre et la demande. La coordination des activités s’opère grâce à la loi de l’offre et de la demande et au rôle majeur des prix. Mais, la suite les divise : qui domine ce marché ? Qui y est le principal donneur d’ordre ?11 Les hypothèses et niveaux d’analyse sont différents et aboutissent à des conclusions opposées Partant tous les deux d’un point de vue libéral que l’on peut faire remonter à l’analyse d’Adam Smith selon lequel l’initiative individuelle est le meilleur garant de l’intérêt collectif grâce au marché et à « la main invisible », P. Samuelson privilégie l’optique néo-classique alors que J.-K. Galbraith s’inscrit plutôt dans une approche macro-économique keynésienne. 6 Il s'agit ici de formuler sa problématique en posant explicitement les questions auxquelles on se propose de répondre. Les deux grandes questions suggèrent un plan en deux parties. 7 Le plan est clairement annoncé, il aura deux parties répondant chacune aux deux questions précédemment posées. 8 Il vaut mieux éviter de souligner (et numéroter) les titres dans un concours, le fait de sauter plusieurs lignes avant et après suffit à signaler qu'il s'agit d'un titre de partie. Un autre code (saut de ligne moins important) indique les titres de sous-parties. 9 Le titre de chaque partie inclut les termes-clés du libellé du sujet pour « forcer » le correcteur à admettre qu'on est bien dans le sujet et qu'on le traite à tout moment. 10 Chaque § sert à développer une idée. Il convient d'aller à la ligne (avec retrait) quand on passe d'un paragraphe à l'autre. Un paragraphe comprend plusieurs phrases (assez brèves de préférence), mais il ne faut pas aller à la ligne après chaque phrase, sinon la construction n'apparaît plus et semble tout à fait décousue (c'est une dissertation, pas un catalogue). 11 À la fin d'une sous partie, on rédige une transition qui fait le point sur ce qui vient d'être développé et qui annonce la suite de façon à ne pas « passer du coq à l'âne ». Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 27/30 Samuelson rejoint le modèle néo-classique de concurrence pure et parfaite : - analyse micro-économique de producteurs et consommateurs confrontés aux contraintes de prix et de revenu, - individu rationnel et cinq hypothèses du marché de concurrence pure et parfaite : le consommateur « vote » et « commande » en fonction de besoins identifiés et arbitrés de façon calculée et atomisée, le producteur réagit en répondant aux ordres du « roi ». Galbraith s’écarte de cette analyse considérant comme l’avait fait John Maynard Keynes que cette approche est irréaliste : le marché est le lieu d’une concurrence de plus en plus imparfaite que le modèle néoclassique ne permet pas de comprendre : - analyse en terme de circuit ou de « filière » reliant agents et fonctions économiques, - les individus ne sont ni parfaitement informés, ni souverains dans leurs choix, - les monopoles et oligopoles ont donné le pouvoir à la « technostructure » : l’offreur « guide » la demande, influence, voire suscite les besoins. La filière est « inversée ». Ces divergences aboutissent alors à deux conclusions opposées : pour l’un le consommateur est le souverain pour l’autre c’est le producteur qui l’est devenu. Qui est "le roi" du producteur et du consommateur ? Explication des deux approches. L’alternative « consommateur-roi » / « producteur-roi » rejoint en fait un débat très ancien et très général sur l’origine et la nature des besoins. Sont-ils exogènes ou endogènes au système socioéconomique ? Débat qui débouche sur différentes approches de la croissance : objectif en soi ou objectif intermédiaire pouvant être remis en cause. En dépit de leurs divergences, ces deux approches qui s’inscrivent dans le cadre de l’économie de marché ont aussi un point commun quant à leur conclusion, les deux désignent « un roi ». Cela ne fixe-til pas des limites trop étriquées à l’analyse ? Ne néglige-t-on pas ainsi d’autres facteurs ? Au-delà de ces réserves, on peut se demander si les rapports de force qui ont sans doute évolué plutôt dans le sens décrit par Galbraith fonctionnent toujours dans le même sens12. La réalité de l'économie actuelle semble emprunter aux deux approches du consommateur et du producteur « roi » tout en les dépassant car leurs relations sont bien plus complexes La souveraineté (même limitée par sa contrainte budgétaire) du consommateur est bien souvent illusoire Dans la réalité, loin d’être souverains les consommateurs sont soumis aux influences nombreuses des producteurs : On s’éloigne de plus en plus de la CPP qui n’a d’ailleurs sans doute jamais existé ? Les situations d’oligopoles et de monopoles (transitoires) se multiplient. Le poids des firmes, notamment transnationales (« modèle culturel et consumériste ») s’étend. La structure majoritaire des marchés (oligopoles à franges) permet aux producteurs d’exercer une influence certaine sur les prix et sur les choix des consommateurs. La publicité, le marketing orientent de plus en plus une consommation dont les déterminants sont essentiellement sociaux. Acte social, la consommation répond à différents mobiles et inclut plusieurs composantes qui laissent place à nombre d’influences, notamment de la part des producteurs. La période fordiste l’a nettement montré. 12 De même, il faut une transition, cette fois-ci un peu plus longue entre les parties. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 28/30 Les producteurs tendent à être en position dominante. Mais Galbraith n’a qu’en partie raison. Le pouvoir des producteurs est relatif Les producteurs n’ont pas à tout moment les moyens d’imposer toutes leurs volontés à tous les consommateurs : La concurrence existe et joue même en situation de concurrence imparfaite. Les besoins ne sont pas que le résultat des innovations, du marketing et de la publicité qui jouent aussi des rôles de reflet et de réponses. Les rapports de force peuvent s’inverser et jouer en faveur des consommateurs (produits verts, « vache folle », commerce équitable, lassitude vis-à-vis des « marques »...) même si « l’alter consommation » reste marginale. Les États interviennent pour réguler la concurrence et les marchés même si leurs prérogatives sont de plus en plus réduites dans le cadre de la mondialisation. Certes, la loi du marché et la recherche du profit maximum tendent à orienter nombre de productions et à susciter des besoins et une demande très endogénéisée. Mais, l’analyse approfondie de la consommation met en lumière d’autres éléments existent qui montrent que tout ne peut pas se réduire à l’économie ni au marché et que l’après-fordisme renouvelle les relations entre consommateurs et producteurs. Les approches renouvelées de la consommation expliquent de façon plus large les choix des consommateurs qui contribuent au moins en partie à guider la production dans une économie en changement Comprendre la consommation de masse de l’époque fordiste et de l’après-fordisme gagne à s’appuyer sur une approche de la consommation plus large que ce que proposent les théories économiques standard auxquelles se réfèrent Samuelson et Galbraith dans les citations à commenter. La consommation est une réalité complexe aux déterminants nombreux : approches d’Attali et Guillaume, et de Baudrillard notamment... Tout ne se résume pas à l’utilitaire et au rationnel. Si les producteurs jouent des déterminants divers, ils doivent aussi en tenir compte d’autant que les consommateurs ont des comportements très variables. La consommation inclut une partie non-marchande de plus en plus large, ce qui empêche de réduire l’analyse aux seules relations établies sur le marché. La déconnexion entre production et finance, caractéristique du nouveau capitalisme, n’a-t-elle pas abouti à promouvoir la puissance d’un nouveau « roi » détrônant les producteurs « classiques », les consommateurs et même les États ? Ce nouvel « roi » détient des fonds financiers (fonds de pension, gros actionnaires, banques, spéculateurs internationaux, voire blanchisseurs de narcodollars). Il est vrai que ce n’est qu’un producteur (de services), mais il exerce une influence, voire un pouvoir croissant sur une économie désormais mondialisée et très largement déréglementée. Sa puissance tend à s’imposer aux producteurs (classiques) et aux consommateurs, et même à bousculer la souveraineté des États. On peut alors se demander s’il est cohérent et légitime de raisonner en parlant de producteur et de consommateur et en assimilant tous les ménages consommateurs (quels que soient leur patrimoine, leur niveau de revenu et leurs propensions à consommer et épargner) et toutes les entreprises (quels que soient leur taille, leur poids, leur effectif et leur marché). Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 29/30 L’interrogation sur l’existence d’un « producteur-roi » ou d’un « consommateur-roi » apparaît finalement assez réductrice quand on essaie de comprendre comment fonctionne l’économie contemporaine13. Conclusion La nature des relations entre les consommateurs et les producteurs n’est pas réductible à une seule approche. Le mérite de Samuelson et des néo-classiques est de mettre en évidence le rôle essentiel du marché et de ses mécanismes. Le mérite de Galbraith, c’est qu’il tient compte des évolutions en contestant des modèles parfois présentés comme indépassables. Ces deux approches apparaissent donc comme en partie complémentaires. Mais, leur limite commune est de présenter une vision trop largement centrée autour du seul marché14. Il reste que le développement en cours de certains PED (la Corée du Sud par exemple), la transition en cours dans les anciens pays socialistes d’Europe tout comme les interrogations face aux dysfonctionnements persistants des « vieux » pays capitalistes appellent à une réflexion renouvelée tant sur le marché et sur la place à lui accorder que sur son influence sur les équilibres sociaux15. © D. Glaymann, Université Paris XII, 2007 13 Il s'agit ici de justifier une forme « d'élargissement » du sujet en s'appuyant sur l'un des termes du libellé du sujet (qui parle de « l'économie contemporaine »). Attention néanmoins à ne pas dire au correcteur (auteur ou solidaire de l'auteur du sujet) que le sujet est « nul ». 14 On répond à la question posée et qui appelait trois réponses possibles: le consommateur est le roi, le producteur est le roi (ces deux réponses ayant été présentées en 1ère partie puis rejetées), aucun des deux n'est le roi soit parce qu'il n'y a pas de roi (réponse choisie ici) soit parce qu'un autre acteur est le roi (réponse envisagée dans la dernière sous partie). 15 On « élargit» la réflexion mais en prenant bien garde de « coller au sujet» dont on reprend les termes-clés. Licence 3 Administration Publique 2007-2008 Socio-économie générale page 30/30