Université d’Abomey- Calavi Faculté des Sciences Economiques PTCI Economie ___________________________________________________ Economie du Développement Par Professeur Moustapha Kassé www.mkasse.com Cotonou, juin 08 Introduction : Economie du Développement et son statut dans la Science Economique. Comment définir le développement et l’Economie du Développement? Quel est son statut dans la science Economique? Quelles sont les étapes marquantes de la pensée du développement? Le retour de recherche et de réflexion en Economie du développement: Définition de F. Perroux « Le concept désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production. Le développement est une notion qui traduit l’aspect structurel et qualitatif de la croissance. Il peut être associé à l’idée de progrès économique et social (amélioration du niveau de vie et du niveau d’instruction, du bien-être de l’ensemble de la population). » La définition de Chenery (1979) : « On peut considérer que le développement économique est un ensemble de transformations intimement liées qui se produisent dans la structure d’une économie, et qui sont nécessaires à la poursuite de sa croissance. Ces changements concernent la composition de sa demande, de la production et des emplois aussi bien que de la structure du commerce extérieur et des mouvement de capitaux avec l’étranger. Pris ensemble, ces changements structurels définissent le passage d’un système économique traditionnel à un système économique moderne. » La définition de Sen (1999 – 2003) « Le développement peut-être appréhendé comme un processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les individus. En se focalisant sur les libertés humaines, on évite une définition trop étroite du développement, qu’on réduise ce dernier à la croissance du produit national brut, à l’augmentation des revenus, à ’industrialisation, aux progrès technologiques ou encore à la modernisation sociale. Chapitre 1 : Les Théories du développement dans la pensée économique Identifier les théories économiques pour repérer les outils fondamentaux du savoir économique qui sont nécessaires à la compréhension de l’Economie du développement, dans le cadre contemporain de la globalisation et du néolibéralisme dominant. Pendant longtemps l’Economie du développement est restée une discipline macroéconomique. Les problèmes du développement étaient ramenés aux problèmes du manque d’épargne, manque de facteurs de production, au problème de l’allocation administrative des ressources et au problème de l’insertion internationale . A ces problèmes de croissance à long terme s'est ajoutée pendant les années 80 les problèmes d'ajustement des balances des paiements et d'ajustement. Certes il était reconnu que les comportements microéconomiques et les institutions des pays en développement pouvaient être très différents de ceux des pays industrialisés mais les tenants de la théorie standard considéraient que l'étude de ces problèmes ne relevaient pas de la théorie économique car ces comportements et ces institutions n'obéissaient à aucune logique économique.. Le développement à travers les Ecoles de Pensée Economique Ecole Classique: A.Smith et Ricardo Ecole néo-classique Et théorie Standard Marxisme comme critique L’Ecole Classique Institutionnalistes et Structuralistes J.Keynes et les Néo-keynésiens Ecole de la Régulation Renouvellement des Théories Economiques et réhabilitation de l’Economie du développement La jeune fille aux mauvaises fréquentations Débordement des dissidences entre les théories néo-classique et keynésienne qui ignoraient les institutions et le long terme Consensus de Washington (BM, FMI, OMC) La macroéconomie de l’ajustement structurel Les nouvelles théories de la croissance Théorie de la croissance endogène Economie politique des (Lucas, Romer, Howitt …) réformes d’inspiration libérale Existence d’externalités positives imposée aux pays endettés : profitables aux entreprises privatisation, ouverture sur (diffusion du savoir, infrastructures l’extérieur, verrouillage publiques,culture et éducation, budgétaire, déréglementation recherche/développement) financière, unification des Réhabilitation de l’Etat taux de change ….. Perspectives de retard de croissance des PED qui ne disposent pas des mêmes externalités que les PD Chapitre 2 : Morphologie du sousdéveloppement et instruments d’évaluation Il est assez facile de définir à priori une politique de développement et de se livrer à un volontarisme économique pour l’appliquer. Il n’est pas sûr qu’une telle méthode puisse donner des résultats probants, réalistes et efficaces. La meilleure démarche est d’analyser au préalable les structures et le fonctionnement d’une économie sous-développée avant de définir les politiques de développement qu’il importe de mener. L’analyse du sous-développement et de ses diverses représentations constitue, depuis un quart de siècle, e microcosme de l’évolution de la théorie économique. Lorsqu’on traite d’une économie sous-développée, on a l’habitude d’énumérer un certain nombre de caractéristiques communes soit quantitatives (critères) ou/et qualitatives (typologie structurelle historique) ; toutefois, une énumération même exhaustive ne suffit pas à produire une définition cohérente. Or c’est d’une définition dont la théorie a besoin comme outil d’analyse. René GENDARME a réuni 21 définitions du sous-développement ce qui est une bonne indication de la complexité du phénomène mais également de sa diversité. L’analyse du sous-développement se présente comme une combinaison subtile de faits, d’intérêts, de théories, de pouvoirs et de mythes au sein de laquelle cependant les enchaînements s’expliquent fort bien. Pour dépasser cette diversité apparence et rechercher les éléments qui permettent une caractérisation acceptable de l’état de sous-développement, on va considérer une l’économie sous-développée d’abord par sa structure productive primaire et dualiste, ensuite par son fonctionnement instable et dépendant et enfin par son incapacité à rompre le « cercle vicieux de la pauvreté ». Insistons sur le cercle vicieux de la pauvreté qui se définit comme une sorte de causation circulaire selon laquelle la pauvreté engendre la pauvreté à travers des revenus très faibles et en conséquence une épargne faible pour permettre un investissement substantiel générateur de croissance donc d’accroissement des revenus. Tout se passe comme s’il existait des mécanismes qui empêchent le pays sous développé de connaître un accroissement d’activité LES CARACTERISTIQUES DU SOUS-DEVELOPPEMENT SELON F. PERROUX L’hétérogénéité des niveaux et genres de vie des PED, conséquence de la coexistence de deux systèmes antagonistes (moderne/traditionnel) L’absence d’interdépendance L’incompatibilité des entre secteurs, régions, firmes, stratégies des différents de sorte que les effets centres de décision d’entraînement (l’individu a un objectif de ne peuvent compenser survie et l’EMN de profit) les effets de recul Cette domination a entraîné la La domination se traduit Le sous-développement est le destruction de l’équilibre ancien concrètement par produit de la domination et provoqué une désarticulation l’insatisfaction des besoins exercée par les pays des structures économiques primaires (« non-couverture développés sur les PED internes des PED des coûts de l’homme ») LES OUTILS D’ANALYSE DU SOUS-DEVELOPPEMENT Analyse du cercle vicieux de la pauvreté DU CÖTE DE L’OFFRE GLOBALE Faiblesse des revenus Faible capacité d’épargne Faible productivité DU CÖTE DE LA DEMANDE GLOBALE Faible productivité Investissement réduit Manque de capital Faiblesse des revenus Incitation à investir réduite Demande insuffisante Exemple de l’analyse marxiste : logique capitaliste et sous-développement Cet aspect sera réanalysé avec S.AMIN, G.FRANCK, A.EMMANUEL LE SOUS-DEVELOPPEMENT, PRODUIT DE L’EXPANSION HISTORIQUE DES ECONOMIES CAPITALISTES IMPERIALISME, COLONISATION ET SOUS-DEVELOPPEMENT L’exploitation à grande échelle des PED par les pays développés capitalistes provoque la destruction systématique des structures locales Dans les PED, le surplus économique est prélevé par les entreprises capitalistes étrangères, le pillage du Tiers Monde concourt à développer le sous-développement CENTRE CONTRE PERIPHERIE Le niveau inégal de développement s’explique par une intégration défavorable à l’économie mondiale, le centre (économies développées) maîtrisant les modalités de l’échange international et accumulant la richesse produite dans la périphérie (pays du Sud) La mesure du développement (CDM) - Les indicateurs usuels de croissance - Le PNB et le PNB par habitant - Les problèmes associés à la mesure du PNB La mesure du développement humain - L’indicateur de développement humain (IDH) - L’indicateur sexospécifique du développement humain - L’indicateur de participation des femmes (IPF) - L’indicateur de pauvreté humaine (IPH) - L’indicateur de pénurie de capacité (IPC) - Un indice synthétique de bien être économique et soutenable Pour synthétiser Pour calculer l'indice du développement humain (IDH) pour une population ou une catégorie de population donnée, on doit disposer de ces trois variables: – soit X1 la mesure de la longévité et de la bonne santé de cette population: l'espérance de vie à la naissance étant la variable la plus appropriée au stade actuel de la recherche pour refléter cet aspect du développement humain; – l'acquisition des connaissances: le taux de scolarisation et celui d'alphabétisation; – et X3 la richesse de la population: le revenu. Pour le calcul de l'IDH, on définit pour chacune des ces variables un seuil (ici on a retenu le maximum et le minimum) jugé acceptable au sein de la population à étudier. Puis on calcule pour chaque individu j de la population la valeur des écarts ou le manque (en pourcentage) pour chaque variable i par rapport au seuil défini (indice Iij). Pour chaque individu j on fait la moyenne arithmétique simple (Ij). Alors l'IDH, l'indicateur recherché pour l'individu j est égal à la différence par rapport à l'unité de cette moyenne Ij Les indicateurs spécifiques du développement - Les indicateurs structurels - Les indicateurs de consommation - Les indicateurs de productivité - Les indicateurs standard de consommation - Les indicateurs alimentaires - Les indicateurs démographiques - Les indicateurs relatifs à la santé et à la qualité de vie - Les indicateurs sociaux - L’éducation et la formation - Répartition et pauvreté la Chapitre 4 : La question démographique : handicap ou chance du développement La démographie a de tout le temps préoccupé tous les chercheurs en sciences sociales : cela s’est traduit dans l’extrême variété des doctrines et théories démographiques malheureusement réduites souvent à l’approche de MALTHUS qui su paniquer des générations de personnes sur les effets de l’explosion des «bouches à nourrir» sur notre propre bien-être L’Essai sur la Population de Malthus, a souvent été interprété en dehors de son contexte de la «Révolution démographique en Europe » au XIXème siècle et sa pression sur l’économie. « Il n'est de richesses que d’hommes » cette idée émise par Jean BODIN (1530-1596) dans un contexte de mercantilisme, révèle toute l’importance attachée à la question démographique dans la stratégie de création de richesses. Elle sera reprise par différents auteurs à des moments historiques déterminés. L’Homme joue un double rôle : d’un coté il est le bénéficiaire ultime et de l’autre il constitue l’intrant essentiel du mouvement de croissance et de transformation de la production. Dans les années 70, le Club de Rome s’appuyant sur l’analyse néoclassique de l’optimum économique (versus optimum de population) alerte l’opinion mondiale, dans un style extrêmement malthusien, que l’humanité court à la catastrophe si on ne limite pas les naissances. Les enjeux démographiques sont de nouveau posés en relation avec la croissance et le développement économique et social. Le demi-siècle qui vient d’écouler est marqué par la généralisation et l’accélération de la démographie dans l’ensemble du monde. Dans le même temps, la croissance de la population mondiale s’est sensiblement ralentie. En moins de cinquante ans elle aura tout de même doublé passant de 3 milliards en 1960 à 6 milliards en 1999. Si le chiffre des 7 milliards d’habitants devrait être atteint entre 2010 et 2015, la croissance devrait, au-delà, nettement ralentir. Le continent Africain, à l’opposé du Nord est caractérisé par une croissance relativement importante de sa population. Déjà en 1995, sa population était estimée à 728 millions d’habitants. L’Afrique représentait ainsi 12,7% de la population mondiale. En 1998, les taux de croissance les plus élevés se situent dans les pays les plus pauvres, donc en majorité en Afrique, qui sont les moins préparés à offrir les services de base et les emplois nécessaires aux effectifs croissants des jeunes. Dans 62 pays d’Afrique principalement, d’Asie et d’Amérique latine, plus de 40% de la population sont âgés de moins de 15 ans. L’Afrique, région du monde où la croissance démographique est la plus rapide, est aussi la plus jeune : l’âge moyen y est seulement de 18 ans. Urbanisation accélérée: La ville est-elle facteur de croissance et de développement ? La ville est un phénomène ancien. Son rôle dans le développement de l’Afrique et des pays en voie de développement a été marginal. Cependant dans les pays développés, la ville a joué un rôle primordial. Le phénomène d’urbanisation semble être déclenché en Angleterre pendant la seconde moitié du 18ème siècle par la naissance de l’industrie. En Afrique, les grandes villes actuelles ont été choisies en fonction des considérations liées aux besoins de la colonisation. Les ports maritimes ont été généralement favorisés : Dakar, Abidjan, Lagos, Luanda… et la localisation des grands centres urbains reste marquée par cette extraversion. Dès cette époque, les investissements ont été concentrés dans des capitales où résidait l’essentiel des cadres dirigeants de l’administration coloniale. Chapitre 5 : Les stratégies et politiques sectorielles de sortie du sous-développement Parmi les nombreux déséquilibres économiques trois, au moins, méritent d’être soulignées : D’abord le système d’accumulation productive est fondé sur la rente agricole et minière et continue d’entraîner des distorsions structurelles très prononcées qui se manifestent dans l’accentuation de la spécialisation en faveur des activités exportatrices (d’origine agricole et minière) et le fonctionnement d’un modèle industrialisation en faveur de branches et techniques légères peu compétitive et souvent destinée principalement au marché local; Ensuite la formation d’un déficit alimentaire aggravé par une démographie galopante et une urbanisation accélérée ; ce déficit est la conséquence de la quasi faillite des politiques agricoles qui ont favorisé les cultures de rente au détriment des cultures vivrières et produit un exode rural massif constituant la gangrène urbaine ; L’accentuation des défaillances de caractère macroéconomique (double déficit de la balance des paiements et des finances publiques) et macro financiers (inflation, endettement interne et externe) suite aux faibles performances des systèmes productifs et à la précarité des bases de l’accumulation productive (déficit d’épargne). Ces déficits se résolvent par recours à l’endettement et aux capitaux extérieurs, deux phénomènes qui font de l’économie mondiale une réalité ultime. 1°) Les politiques et stratégies à conduire Il faut rappeler que la politique économique est précisément l’ensemble des actions délibérées de l’État qui visent à réaliser un certain nombre d’objectifs économiques et sociaux parmi lesquels figurent pour les PSD, la croissance du PIB et du niveau de vie, l’utilisation optimale des ressources naturelles et de la main d’œuvre, l’équilibre des échanges et des paiements extérieurs, la stabilité des prix. Dans cette optique, la politique est dite sectorielle ou encore structurelle lorsqu’elle porte sur des secteurs d’activités comme l’agriculture, l’industrie, les services, le commerce avec pour objectifs de rendre durablement plus efficient l’appareil productif sur une période longue. qui peuvent modifier à moyen et long terme le fonctionnement de l’économie. Ces politiques se résument: agriculture, industrie, technologie et innovation et la politique commerciale Les enjeux des stratégies – Dépasser les blocages et provoquer des effets d’entraînement ou liaison (croissance auto-entretenue) – Mobiliser les ressources disponibles Croissance équilibrée ou déséquilibrée ? – Les liens entre agriculture et industrialisation – La question de l’insertion dans l’économie internationale Dépasser les blocages : – Enclencher la transition – Déclencher des processus de croissance auto-entretenue Deux problèmes fondamentaux : – Comment financer la croissance ? – Quelle stratégie d’investissements publics ? Les effets de liaison – Les effets d’entraînement par l’offre et la demande, en amont et en aval – Les effets d’entraînement par les revenus distribués – Les effets d’entraînement des infrastructures : les différents types d’investissements publics (directement productifs et dans l’infrastructure économique et sociale La croissance, premier schéma Dotations naturelles Niveau de la population Pyramide des âges Matières premières Travail Quantité de facteurs Capital •Niveau et répartition du revenu national •Comportement de consommateur et d’épargne •Incitation à l’épargne et à l’investissement Niveau et composition de la population Production des facteurs •Education / Formation •Niveau technologique (R&D) •Organisation de la population •Institution •etc Un schéma simplifié des effets de liaison Etat Demande au secteur des biens de production (Secteur 1) Infrastructures Production secteur 1 Investissement (Privés) Secteur moteur Production secteur 2 Distribution de Revenus Demande au secteur de consommation (Secteur 2) Epargne Epargne thésaurisée Externalité : accroissement de la rentabilité (Attractivité) du secteur moderne Le triangle pauvreté, croissance, inégalité Bourguignon(2004) Pauvreté absolue Et réduction de la pauvreté « Stratégie de développement » Distribution et changements distributifs Niveau de revenu Agrégé et croissance 2°) Les instruments de gestion des politiques: les Institutions, le Plan et le Marché Les institutions sont une combinaison de contraintes mises en place par les individus de contraintes formelles (règles, loi, constitutions) et de contraintes informelles (normes de comportement, conventions, codes de conduite auto imposés). Les trois caractéristiques des institutions: En tant que combinaison des règles formelles, des normes informelles, leur propriété de renforcement qui modèle les performances économiques. Les politiques affectent de manière significative les performances économiques en ce qu’elles définissent et renforcent les règles économiques. Les systèmes économiques et politiques efficaces sont ceux qui ont développé des structures institutionnelles flexibles, capables de survivre aux chocs et aux changements qui sont eux aussi partie prenante d’une évolution efficace. Les cinq conséquences importantes pour la croissance Les institutions politiques sont stables si et seulement si elles sont portées par des organisations qui misent sur leur caractère perpétuel ; Les des réformes réussies requièrent un changement à la fois des institutions et des modes de penser, puisse que ce sont les modèles mentaux des acteurs qui façonnent les choix ; Le développement des normes de comportement qui vont légitimer et servir de support à de nouvelles règles est un processus relativement long – en l’absence de ce type de mécanismes, de renforcement, les politiques sont instables ; Bien que l’on puisse avoir une croissance économique à court terme avec des régimes autocratiques, la croissance de long terme requière le développement de règles légales ; Des contraintes informelles (telles que normes, conventions, codes de conduite) favorables à la croissance sont quelques fois en mesure de poursuivre de la croissance économique, même si les règles politiques sont instables ou défavorables. Quelles sont les institutions qui portent le développement? Les variables significatives: la protection des droits de propriété, le droit des contrats, les libertés civiles, les droits politiques et la démocratie, l’instabilité politique, les institutions qui supportent la coopération. Mais toutes ces variables ne sont pas des institutions: les droits de propriété, l’instabilité sont des résultats, la fragmentation ethnique une condition, les barrières commerciales, la prime au marché noirs reflètent des options de politiques économiques. L’émergence des institutions de marché repose sur un facteur clé: des environnements qui favorisent l’expérimentation et l’adaptation Comment les PSD peuvent-ils mettre en œuvre les « bonnes » institutions? La plupart des changements possibles sont graduels et incrémentaux (path dependency, importance des normes et croyances). Le contexte est décisif, « l’importation » d’institutions échoue souvent. Importance de l’expérimentation et de l’adaptation. Le traitement des Institutions Les « bonnes politiques » Ouverture des économies (avantage comparatif, économies d’échelle), y compris à l’égard des IED (Krugman)(source d’externalités endogènes par le transfert de technologie, via les qualifications de la main d’œuvre) Politiques publiques d’accueil des IED (transport, capital humain, environnement juridique et financier stable, intégration régionale des marchés pour dégager des économies d’échelle) Problème :Insécurité économique et sociale et exposition au marché (Rodrik) Transfert technoloqique et temps d’apprentissage Facteurs non économiques de la croissance Analyse institutionnelle avec une approche macroéconomique (North, Gief) Rôle des structures qui régissent les interaction sociales (émergence du dispositif juridique assurant la viabilité des contrats et limitant les coûts de transaction) Le courant néo-classique explique l’échec de l’Afrique par la faiblesse des institutions La théorie de l’information imparfaite Courant néo-keynésien avec une approche microéconomique (Akerlof, Spence, Stiglitz) La main invisible est un conte ! Il n’existe que des marchés particuliers. L’échange peut ne pas avoir lieu à cause des asymétries d’information Les contrats et les organisations reflètent des comportements rationnels et stratégiques des partenaires dans l’échange Problème : La préférence ethnique Mise en évidence des défaillances et la corruption existent aussi dans sur des marchés cruciaux les pays à forte croissance pour le développement (crédit, technologie, travail, terre) La planification qui définit les tâches et objectifs du développement ainsi que les méthodes et moyens de les réaliser. Enfin, il fixe les ressources à mobiliser et détermine les délais de réalisation. Le plan est alors un instrument de régulation et de direction de la vie économique et sociale. L’élaboration du Plan de l’économie nationale procède des 6 étapes qui suivent : Évaluation du cadre socio-économique du pays, évaluation des ressources, analyse de l’état de l’économie au début du plan et des tendances du développement économique dans la période précédente. Prévision des options fondamentales du développement, du niveau des besoins sociaux et des ressources pour l’avenir, prévision du progrès scientifique et technique. Définition des objectifs et des tâches du développement économique pour la période du plan, coordination de ceux-ci avec les objectifs du développement à long terme, définition des options fondamentales et des méthodes de la politique économique. Définition des taux de croissance à des prévisions des grands agrégats retenus de l’économie sur la période considérée Rédaction détaillée du plan de l’économie nationale et ses démembrements au niveau local, régional, Définition des tâches des organes de suivi et d’évaluation des tâches du plan à tous les échelons de concrétisation. Les trois ordres d’imperfections des marchés et le retour de l’Etat : Les imperfections liées aux marchés financiers et d’assurance qui peuvent empêcher de réaliser certains projets socialement rentables mais trop risqués par rapport aux possibilités de couverture privée, Les imperfections tenant à la présence d’externalités positives, c’est-à-dire de situation où l’action de l’entreprise a un impact positif sur le reste de l’économie, sans que l’entreprise soit capable de récupérer la totalité des bénéfices, Les imperfections issues de l’existence des rendements croissants et d’économies d’échelle. La nouvelle fonction de l’État: agir avec le marché et non contre lui. Par rapport aux autres agents selon le mot de J. M. KEYNES : « l’important pour l’État n’est pas de faire ce que les individus font déjà et de le faire un peu mieux ou un peu moins mal, mais de faire ce que personne d’autre ne fait pour le moment ». 3°) Les politiques sectorielles: agriculture, industrie, technologie Politique agricole: moteur de la croissance? Dans la plupart des pays, plus de la moitié de la population vit directement de l’agriculture qui fournit la part essentielle de la production. Il est donc évident que le développement global suppose et débute souvent avec le développement de l’agriculture. La génération d’un surplus agricole (au-delà de ce qui est nécessaire pour nourrir les travailleurs du secteur) a permis de financer l’industrialisation en lui fournissant les gains de devises. L’expérience historique montre d’ailleurs que toutes les révolutions industrielles en Europe comme en Asie ont été précédées par d’importantes révolutions agraires. Plus près de nous, en Asie, l’agriculture se trouve à l’origine de l’industrialisation. Les agricultures des PSD n’ont pas rempli les rôles historiques qu’elles ont tenu ailleurs en Europe, en Asie et même dans certains pays d’Amérique Latine. En résumé ce rôle se présente sous les 4 fonctions suivantes : – la couverture des besoins vivriers d’une population en augmentation rapide (parfois à un taux supérieur à 2,5%) ; – la formation de surplus substantiels pour l’élargissement de ses bases sociales et matérielles, et le financement d’autres secteurs comme l’industrie ; – la libération d’une partie de la main-d’œuvre pour d’autres secteurs par suite d’une augmentation de la productivité du travail agricole ; – la formation d’une demande de biens industriels et de services Les raisons des médiocres résultats des réformes du secteur agricole. Cela se traduit par le double échec des réformes. L’organisation libérale devrait se traduire par : – la généralisation de la forme privative d’appropriation des terres orientée vers la recherche de la rentabilité de l’exploitation agricole que celle-ci soit de petite ou de grande taille ; – l’introduction de combinaisons de facteurs de production tournées vers l’efficacité et le profit : investissements en capital, en technologie et en travail qualifié ; – la formation d’un salariat agricole. Inefficacité de l’intervention massive de l’État et du mouvement coopératif Les axes d’une stratégie de développement axé sur l’agriculture comme le secteur moteur. – Mettre un État de qualité au cœur du dispositif de transformation des campagnes africaines – La réalisation programmée d’une infrastructure de base pour l’agriculture : l’eau, les routes et l’énergie, la clef de voûte du développement agricole. – L’utilisation généralisée des facteurs modernes de production et exploitation des opportunités de la technologie et de Révolution Verte au service de la transformation de l’agriculture africaine. – La nécessité d’élaborer et de mettre en place une politique adéquate de crédit – La politique des marchés pour des prix incitateurs pour les grands produits et des prix des intrants. Les subventions agricoles des pays développés qui ruinent les agricultures africaines La politique d’industrialisation L’industrialisation s’est toujours posée, au niveau des PSD comme une priorité pour la valorisation des ressources naturelles d’origine agricole et minière, dans la recherche des nombreuses externalités positives qu’elle exerce sur l’ensemble des secteurs de l’activité économique et sociale : création de valeur ajoutée, effets d’impulsion sur d’autres secteurs d’activités (économiques, agricoles et tertiaires), nombreux effets induits, création d’emplois, augmentation des revenus des individus et des finances publiques, incidences sur l’organisation sociale et le bien-être des populations. L’industrialisation avortée des PSD insérés dans la mondialisation Les effets de l’industrialisation par substitution aux importations. Toute la littérature sur l’industrialisation de substitution d’importation s’accorde sur un certain nombre de constatations à savoir : – que le modèle ne contribue ni à la création de biens d’équipement ni à l’accroissement des économies externes des autres secteurs de l’activité économique avec lesquels il a du reste des liens très réduits, ni même à l’augmentation de la productivité du travail ; – que le modèle accroît la dépendance technique et financière, sans que celle-ci ne soit quelque peu compensée par des retombées positives sur la technologie, la productivité et l’accumulation interne de capital. Dans cette optique, l’ISI contrôlée au triple niveau technique, financier et gestionnel est à la fois un facteur d’endettement et de déséquilibre extérieur ; – qu’il consolide, les enclaves industrielles, désarticule l’économie et favorise la création de structures oligopolistiques non concurrentielles ; – qu’il développe des effets sociaux importants en creusant «la dichotomie entre d’une part, la masse marginalisée des ruraux et des populations périurbaines et d’autre part, les minorités liées aux secteurs modernes industriel, administratif et commercial des villes». Patrice ROBINEAU : « Impact de l’industrialisation sur la production agricole et le développement rural ». Industrialisation par substitution des importations Etat Dette extérieure publique Impôts Secteur Moteur Revenus distribués Demande en biens intermédiaire et capital fixes Salaire travail non qualifié Salaire travail qualifié Profit Investissement Bien de base Importation Bien de flux Production La délocalisation industrielle est- elle industrialisante ? L’ISI comme la délocalisation industrielle ne constituent pas des modèles d’une politique industrielle conséquente. Elles procèdent de la volonté du capitalisme mondial de dominer ses marchés extérieurs comme prolongements indispensables des marchés intérieurs, d’opérer une installation efficiente au mieux de ses intérêts et de réaliser ainsi une valorisation internationale du capital. Quel modèle alternatif pour l’industrialisation des PSD ? La réalisation d’un modèle alternatif passe: – Des effets de liaison agriculture – industrie, – Une articulation industries lourdes – industries légères, – technologie à coefficient capitalistique élevé – technologie utilisatrice de maind’œuvre. Le modèle asiatique d’industrialisation par Promotion des Exportations (IPE) – Le tissu industriel produit des biens destinés à l’exportation par utilisation de la main d’œuvre abondante et très bon marché – Les industries développées sont fortement intensives en main-d’œuvre – Elles sont localisées dans les campagnes ou à la périphérie des villes – L’État joue un rôle déterminant de soutien aux industriels en leur permettant La politique technologique Le monde a vécu quatre révolutions techniques qui ont été des facteurs déterminants dans l’amorce et l’approfondissement de l’industrialisation : la machine à vapeur, l’électricité, le moteur à explosion et les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les trois premières révolutions scientifiques et techniques ont ouvert l’ère de la mécanisation de l’outil industriel ce qui a permis l’avènement de la société de consommation de masse, et par la suite l’amorce des « Trente Glorieuse années de croissance » (1945-1975). La technologie et incidemment sa relation au développement va se trouver au cœur de controverses autour de 4 questions essentielles : – Quels sont les besoins technologiques des PSD pour leur industrialisation et l’amélioration de leurs performances macroéconomiques? La question posée autrement : Quelle technologie pour quel développement ? – Quelles sont les modalités des transferts et à quels coûts ? – Quels sont les mécanismes d’absorption-appropriation et leurs modes de diffusion au niveau des utilisateurs? – Quelles sont les conséquences attendues sur l’ensemble du tissu social ? L'émergence des NTIC comme expression d'une mutation fondamentale dans la production de richesse « Paradoxe de Solow » : les ordinateurs sont partout sauf dans les statistiques de la productivité. L'une des réponses apportées (Freeman & Perez) consistait à considérer qu'une nouvelle révolution technologique se préparait, et qu'elle ne pouvait pas épanouir son potentiel de croissance du fait d'une « incohérence », d'un « décalage » entre technologies et institutions. On a mis plus de 20 ans pour enfin reconnaître les réserves techniques émises par les économistes africains dans le CARPAS. – 3) Sept raisons expliquent les handicaps majeurs du Continent: Faible volonté politique : dépenses de recherche souvent considérées comme improductives. Faiblesse des structures publiques d’encadrement de la recherche confirmant le désintérêt des gouvernements. Absence de crédits qui limite considérablement l’efficacité quelle que soit la bonne volonté des acteurs impliqués. – Caractère insignifiant de l’effort du secteur privé en faveur de la recherche. – Faible productivité théorique et médiocres résultats opérationnels de la recherche. – Absence de cadres adéquats et d’un environnement propice à l’investigation. – Mauvaise articulation de la recherche aux réalités culturelles, économiques et politiques. Le pilotage d’une politique technologique : faire en sorte que la science et la technologie deviennent les clés de l’avenir du continent. CHAPITRE 6 POLITIQUE COMMERCIALE ET INSERTION DANS LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX La quasi-totalité des PVD présente une balance commerciale déficitaire du fait de la configuration des importations et des exportations : les premières sont composées des biens de consommation intermédiaire pour le fonctionnement du système productif (les machines outils, les autres biens d’équipement lourds et les technologies de l’information et de la communication) et les secondes comprennent principalement des produits primaires aléatoires dont le commerce n’obéît qu’exceptionnellement aux lois du marché. Ces produits primaires représentent 25% du commerce mondial des marchandises et fournissent souvent plus de 50% des recettes d’exportation pour les PS. La politique commerciale soulève alors trois questions : d’abord, quelles sont les théories économiques qui la portent ? Ensuite, en quoi les échanges commerciaux sont-ils avantageux ou non aux différents partenaires? Peut-on arriver à équilibrer ou harmoniser les échanges internationaux ? Et subsidiairement quels rôles doivent jouer les Etats La théorie libérale : le commerce international est un moyen d’assurer le développement Théorie de la croissance transmise Mouvements de marchandises Augmentation des exp. Imp. de technologies Mouvements de prix Importations à meilleur marché Mouvements de capitaux Financement du développement Analyse structuraliste : le commerce international, facteur d’appauvrissement. Dégradation des termes de l’échange et appauvrissement Détérioration des termes de l’échange Nécessité d’importer des biens de production pour créer des emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire Importations insuffisantes de biens d’équipement Chômage dans les secteurs primaire et secondaire Les fondements du commerce international ont depuis le XIXème siècle préoccupé la science économique qui, à travers ses diverses écoles de pensée, tente de répondre à la question de savoir ce que gagnent à l’échange les divers partenaires présentant des différences de possibilités et de coûts de production. Les différentes théories ont dégagé une corrélation quasi parfaite entre croissance de la production et développement du commerce mondial. En effet, des mercantilistes, jusqu’aux tenants de la « nouvelle théorie contemporaine du commerce international » en passant par l’École classique, la littérature économique a accrédité l’idée unanime que le commerce extérieur est aussi source de richesses, dès lors que les divers partenaires aux échanges internationaux sont susceptibles de se procurer des bénéfices. Politique commerciale et insertion dans l’économie mondialisée : le triomphe du libre-échangisme Bien que les réflexions théoriques n'ont pas réussi à trancher la question des effets bénéfiques ou non de l’ouverture sur la croissance économique, les travaux empiriques, en revanche, ont aboutit à des résultats homogènes qui précisent les effets positifs de l'ouverture sur la croissance. Il reste parfois que la robustesse de ces travaux est remise en cause. En effet, les études comparatives réalisées par LITTLE, SCITOVSKY et SCOTT M. (1970) et BALASSA (1971), ont apporté des indications empiriques solides sur le lien entre ouverture commerciale et croissance économique Les travaux de J. SACHS et A. WARNER montrent que les PSD ouverts sur le commerce international ont des taux de croissance plus élevés que ceux qui sont fermés. Ces gains de l'ouverture en termes de croissance sont beaucoup plus importants lorsqu'il existe une coordination des politiques économiques entre les pays, c'est-à-dire une intervention publique recherchant l'optimum non pas dans le cadre des économies prises séparément, mais dans le cadre de l'union de ces économies. Dans ce sens, l'intégration des marchés ne suffit pas pour obtenir une croissance optimale et doit être accompagnée d'une intégration des politiques économiques (RIVERA-BATIZ et ROMER (1991), AUBIN (1994). Les techniques commerciales Les deux principales techniques du commerce international restent encore le protectionnisme et le libre échange. Le protectionnisme sous ses différentes formes de droits douane, de contingentements, d’application de normes sanitaires, de marchés publics réservés est certainement la technique la plus ancienne et la plus couramment utilisée. La seconde technique est le libre échange qui est plus contemporaine. Elle est généralement considérée comme une technique qui, favorisant le commerce sans entrave, devrait selon la théorie néo-classique permettre une meilleure allocation des ressources suivant les avantages comparatifs et les dotations factorielles. Négociations commerciales et insertion des pays en voie de développement dans l’économie mondiale L’achèvement de l’Uruguay Round en 1994 par la création d’un organisme de régulation des échanges, l'Organisation Mondiale du Commerce, a fait faire aux négociations commerciales internationales des progrès sensibles ces dernières années. Toutefois, le cycle « du millénaire » qui devrait être lancé à Seattle (novembre 1999) a finalement été reporté à Doha (novembre 2001) dont malheureusement le cycle semble rentrer dans l’impasse Les raisons tiennent d’une part à l’accroissement impressionnant du nombre de partenaires engagés réellement dans les négociations (plus de 150) et d’autre part l’extrême diversité des sujets et des préoccupations qui relèvent des politiques publiques (les subventions à l'agriculture), des questions de droits de propriété (l'accès des pauvres aux médicaments) et de la problématique des externalités (environnement). Les pays en développement ont donc de formidables défis à relever. Ces pays ont joué un rôle important dans les négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), réuni à Doha en novembre 2001. Ils ont, à juste titre, demandé aux grandes puissances commerciales d’être cohérentes avec leur discours sur le libre-échange et de les laisser accéder à leurs secteurs protégés (agriculture, textile, etc.). A côté, il est également souhaité, à défaut d’un élargissement, tout au moins le maintien du Système Généralisé de Préférence qui permet un accès plus important aux marchés des produits exportés par les PSD. Chapitre 8 : Le financement du développement Face au déficit d’épargne caractéristique des PSD surtout africains, la question se pose de savoir sur quelles ressources ces pays peuvent compter pour soutenir le financement de leur développement ? Les quatre sources principales de financement entrevues sont : le système financier interne, l’endettement, l’Aide Publique au Développement et les Investissements Directs Etrangers. Trois sources sur quatre sont d’origine externe. Quels sont les modes les plus efficients pour combler la pénurie de capitaux propre aux PSD ? Dans la déclaration de MONTERREY sur le financement du développement il est noté que l’action commune en faveur de la croissance, de l’élimination de la pauvreté et du développement durable impose une mission essentielle : instaurer dans chaque pays les conditions requises pour mobiliser l’épargne publique et privée qui servira à financer l’investissement nécessaire dans les biens productifs et le développement humain. Du recours à la dette au piège de l’endettement L’emprunt extérieur a pendant longtemps été considéré comme une source de financement des déficits internes et externes (modèles à doubles déficits de CHENERY et STROUT, 1966). Au niveau interne, le déficit renvoie à l’insuffisance de l’épargne intérieure qui doit financer les besoins d’investissement. Au niveau externe, il s’agit de trouver les ressources nécessaires au financement du solde déficitaire de la balance courante. Certains économistes ont montré que l’exportation de capital et l’endettement rythment le développement des pays qui passent selon l’étapisme dégagé par KINDELBERGER « de pays emprunteurs à une situation de pays débiteurs mûrs ». L’emprunt extérieur permet ainsi de desserrer certaines contraintes intérieures. La réponse la plus ancienne à cette question constitue la “ théorie des stades de la balance des paiements ” [CAIRNES, 1874 ; BASTABLE, 1899]. Selon elle, les économies passent par quatre phases successives qui marquent la transformation à terme des pays nouvellement emprunteurs en pays prêteurs évolués. L’évaluation du niveau d’endettement que peut supporter une économie peut être fait par des critères simples, tels que les ratios suivants : – Endettement total sur PNB. Si le ratio est inférieur à 30 %, alors – selon le FMI – le pays est faiblement endetté. – Endettement sur recettes d’exportations de biens et services. Si ce ratio est inférieur à 165 % – toujours selon le FMI –, le pays n’a pas atteint un niveau d’endettement inquiétant. – Service de la dette sur recettes d’exportations de biens et services. Si le pays consacre annuellement plus de 30 % de ses recettes d’exportations de biens et services à rembourser le capital et les intérêts, il est dans une situation financière difficile. Si le service de la dette absorbe moins de 18 % des recettes d’exportations, la situation financière a toutes les chances d’être saine. – Service de la dette sur PNB. Ce ratio mesure la part des richesses produites par un pays qui sera prélevée pour être versée à l’extérieur. Ainsi lorsque le service de la dette dépasse 4 % du PNB et 18 % des recettes d’exportations, l’emprunteur aura des difficultés à remplir ses obligations. – Charge des intérêts sur recettes d’exportations de biens et services. Ce ratio n’a de sens que lorsque les pays emprunteurs ne remboursent plus ou partiellement le capital emprunté. Du fait des rééchelonnements, le service de la dette se limite aux versements des intérêts ; et si ces versements dépassent 20 % des recettes d’exportation, le pays se trouve dans une situation financière difficile Le problème de l'endettement des pays en voie de développement trouve ses racines dans la fin des années 1960. Ces pays ont connu dans cette période des taux de croissance élevés compris entre 4 et 8% s’expliquant par la conjoncture mondiale favorable d’alors. Encouragés par un tel contexte, la plupart des pays se sont endettés pour financer leurs investissements. Vers la fin des années 1970, la situation favorable à une croissance rapide s'est détériorée, les pays en voie de développement ont continué de s'endetter; les capitaux empruntés servaient de moins en moins à financer les investissements, mais couvraient principalement les déficits de la balance des paiements courants et les déficits budgétaires. Le cercle vicieux de l'endettement va alors s’installer. Face au surendettement de certains pays et à leur incapacité à faire face aux échéances, différents mécanismes ont été mis en place : • Les PAS se manifestent par une déflation de la demande intérieure (publique et privée), une réduction des déficits budgétaires, une amélioration de l’équilibre de la balance des paiements courants • Le Club de Paris regroupe la plupart des créanciers bilatéraux au sein des pays industrialisés. Les réunions du Club de Paris ont commencé en 1956 ; elles consistent en des négociations sur les restructurations de dette entre les créanciers et les débiteurs. • Les rééchelonnements sont des aménagements négociés des échéances de remboursement. Des délais de grâce sont alors accordés sans que les intérêts ne continuent de courir • Le Club de Londres regroupe les créanciers privés (principalement les banques) engagés envers les pays endettés. Au sein de ces pays, la part de la dette bancaire est assez faible. • Les créanciers multilatéraux ont, d’une part, élaboré des programmes d’ajustement structurel et, d’autre part, augmenté leurs financements concessionnels aux pays en développement par l’intermédiaire des organismes spécialisés : la Facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR), mise en place par le FMI, et l’AID, mise en place par la Banque mondiale. • Les rachats de dettes “ debt buy backs , Le rachat-conversion en actifs réels “ debt equity swap , Les conversions en obligations “ exit bonds , • L’annulation des créances Les initiatives pré-PPTE d’allégement de la dette. Elles sont nombreuses: les termes dits de Venise , les termes de Toronto , les termes de Londres , les termes de Naples, le Plan BAKER, le Plan Brady Dans l’ensemble différentes stratégies n’ont pas permis aux pays africains de sortir de la crise de la dette extérieure. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le service de la dette extérieure des pays africains représentait 23,9% et 26,6% de leurs recettes d’exportations de biens et services non facteurs, respectivement en 1988 et en 1995. Le niveau élevé du service de la dette a engendré, dans certains cas, une situation d’insolvabilité. En outre, ces différentes initiatives excluaient la dette multilatérale contractée à l’égard des institutions financières internationales telles que le FMI et la Banques mondiale. Leur portée s’en est trouvée limitée, la dette multilatérale ayant, au fil du temps, représenté une part croissante de la dette des pays africains. C’est ainsi qu’au milieu des années 1990 précisément en 1996, un nouveau dispositif a été mis en place par le FMI et la Banque Mondiale : il s’agit de l’initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).