LE TROISIEME OEIL N°264 du 1er Avril 2010 page 4
SANTE
La poliomyélite est une
maladie grave et invalidante
qui frappe les enfants âgés
de 0 à 5 ans. Il faut donc
agir pour stopper la
progression du poliovirus
sauvage. Avec l'adhésion du
Niger à l'objectif mondial
d'éradication de la
poliomyélite, la mise en
œuvre de cette initiative a
débuté en 1997
De ce fait, depuis cette date
plus de 50 passages de
vaccinations supplémentaires
contre la poliomyélite ont été
organisés. En plus de ces
campagnes, un effort de
renforcement de la
vaccination systématique a
été entrepris depuis Janvier
2003 et une surveillance
active des cas de Paralysies
flasques aiguës (PFA) a été
mise en place.Ces efforts ont
abouti en février 2006, à la
sortie du Niger de la liste des
pays endémiques de la polio.
Cependant le pays continue
de notifier des cas de
poliovirus sauvages. Ainsi, en
2008 14 enfants ont été
atteints par cette terrible
maladie dont 7 de ces cas
étaient importés. De janvier
à Septembre 2009 notre
pays a enregistré 15 cas de
PVS dont (9), à Maradi (5) à
Zinder et (1cas) Diffa.
Cette persistance de la
circulation du poliovirus est
due à plusieurs facteurs dont
entre autres : L'existence
d'enfants non vaccinés
pendant les campagnes
(dépassant les 5% dans
certains districts),la
persistance de cas de refus
dans certaines zones et
l'insuffisance de l'implication
de la communauté dans
l'organisation des
campagnes.
Au Niger, les autorités ont
toujours pris en compte la
nécessité de combattre cette
maladie. Beaucoup d'efforts
sont nécessaires à tous les
niveaux pour relever le défi
qui est de protéger tous les
enfants par la vaccination
afin de bouter la poliomyélite
hors du Niger et atteindre
l'objectif de la région
africaine qui est l'arrêt de la
transmission du polio virus
sauvage. C'est dans la
perspective de faire reculer la
prévalence de ce virus que
les Journées nationales de
vaccination sont organisée de
manière régulière en vue de
s'assurer que tous les
enfants sont vaccinés. Avant,
il y avait beaucoup
d'obstacles en ce qui
concerne l'adhésion des
populations rurales à cette
politique de santé pour tous.
Mais avec l'appui des médias,
des leaders d'opinons, les
choses commencent à mettre
claires au niveau des
villageois et de ceux qui
émettaient des doutes par
rapport au bien fondé de la
vaccination. Au cours des
dernières journées, notre
journal a mené l'enquête
dans trois villages
périphériques de la région de
Niamey pour constater le
déroulement de la
vaccination. A Koira Tégui
par exemples, ce sont les
femmes elles même qui ont
amené leurs enfants sur les
sites de vaccination.
Aichatou, une femme âgée
de 40 ans, aveugle, a exigé à
son mari d'amener son
enfant pour se faire vacciner.
A la question de savoir
pourquoi elle tient à faire
vacciner son enfant, elle nous
répond : " Ecoutez, en tant
que on voyante, j'ai au moins
la chance d'entendre ce qui
se passe autour de moi. Je
ne vais quand m^me pas me
mettre en marge d'une vérité
que les autres ont constaté !
"
Propos somme toute
rassurants qui montrent
l'impact des efforts de
communication soutenus qui
ont été déployés pour faire
passer le message. La
méfiance autour de la
vaccination s'est
considérablement dissipée.
Personne n'a envie de voir
son enfant marcher avec des
béquilles.En marge de ces
journées de vaccination
contre la polio, des
suppléments en fer ont été
administrés aux femmes
enceintes ; cela dans le but
de les aider à combattre
l'anémie après
l'accouchement. Cette
initiative est très efficace
quand on sait que la situation
de crise alimentaire a
beaucoup affecté le régime
alimentaire des ménages
nigériens. Les femmes
n'étant pas bien nourries
sont sujettes à l'anémie.
C'est donc avec joie que les
femmes enceintes ont reçu
les plaquettes de comprimés
de fer qui vont les
accompagner jusqu'au terme
de leur grossesse.
Cette dynamique enclenchée
par le gouvernement et les
partenaires financiers
permettra à coup sûr de
placer notre pays dans la
liste des pays épargnés par
la polio ; un objectif qui ne
peut metre atteint qu'avec la
conjugaison des efforts de
tous.
Aichatou Moumouni
Journées de vaccination contre la polio
Un succès dans toutes les zones rurales
Avec 15,3 millions
d'habitants (UN) et une
superficie de 1.267.000km2,
soit trois fois la France, le
Niger est le deuxième
producteur mondial
d'uranium. Paradoxalement,
c'est aussi le pays le plus
pauvre du monde. La
population essentiellement
rurale (70%), vit avec moins
d'un dollars par jour et par
personne. Selon le PNUD
40% des nigériens ont accès
à l'eau potable, tandis que
6,5% seulement ont accès à
l'électricité qui du reste, est
importée du Nigeria.
Depuis 1974, le pays est
confronté à des crises
alimentaires cycliques liées à
des facteurs structurels et
conjecturels. Sur le plan
politique, la situation est
similaire. En cinquante ans
d'indépendance, le Niger n'a
pas eu quinze années
d'exercice démocratique du
pouvoir. De crise politique en
coup d'état militaire, les
nigériens sont toujours à la
recherche d'une vie politique
saine. C'est dans ces
conditions typique d'un État
en faillite, qu'Areva fait main
basse sur l'uranium nigérien.
Comme un rat des égouts,
Areva trouve dans la misère
nigérienne les 40%
d'uranium qui font
fonctionner les quelques 58
réacteurs nucléaires français
et d'autres pays de l'Europe.
La présence de la France au
Niger ne date pas d'hier.
D'abord pays colonisateur de
1890 à 1960, la France est
devenue un pays exploiteur
du Niger à partir de 1968,
soit huit ans seulement après
la proclamation de
l'indépendance. Les
gisements d'uranium
découverts à cette époque
sont exploités par Areva à
travers deux sociétés "
locales " (SOMAIR ET
COMMINAK). En 40 ans,
100.000 tonnes d'uranium
ont été retirées du sous-sol
nigérien par Areva. La
coopération entre la France
et l'Etat du Niger n'est pas si
différente d'une situation
coloniale. De la convoitise au
contrat maléfique La
découverte du " pétrole "
d'Agadem et de l'uranium
d'Imouraren respectivement
au nord et nord-est, a permis
au Niger d'être courtisé par
des pays industrialisés
comme la Chine, la France,
le Canada, L'Australie etc.
Ces ressources naturelles
intéressent tellement ces
pays que tous les moyens
sont utilisés pour séduire le
pays le plus pauvre du
monde. La bataille n'a pas
été facile pour Areva qui a en
face d'elle le dragon chinois
qui engloutit tout sur son
passage. La présence
chinoise dérange
énormément la France qui ne
peut pas se passer de
l'uranium du Niger. Si la
Chine s'accapare des
principaux sites d'uranium,
c'est " l'indépendance "
énergétique française qui en
pâtira, et certains pays de
l'Europe avec elle.Il fallait
donc agir avec rapidité et
efficacité pour persuader les
autorités du Niger de ne rien
signer avec la Chine dans ce
domaine même si pour cela,
il faut soutenir un " potentiel
dictateur " prêt à ruiner son
pays. Pour trouver un terrain
d'entente, la France a décidé
d'augmenter à hauteur de
50% le prix du kilogramme
d'uranium par rapport au prix
qu'elle a toujours payé
depuis 1968, c'est-à-dire à
42 EURO le kilogramme.
Même si avec 50%
d'augmentation, le prix est
passé à 84 EUR0, il faut
retenir que sur le marché
mondial, le kilogramme se
vend à 186 EURO. Après
plusieurs tractations et un
intense lobbying plus ou
moins occultes, brodées de
corruption et de promesses
politiciennes, le groupe Areva
a obtenu le permis
d'exploitation de ce grand
gisement minier d'Imouraren
en janvier 2009. Ce contrat
signé entre l'État du Niger et
le groupe Areva est considéré
par le gouvernement français
comme le plus gros contrat
pour l'État du Niger. Ce
contrat qualifié de " gagnant-
gagnant " s'étend sur 35 ans
et prévoit une exploitation de
5.000 tonnes par an, dont
66,65% pour Areva et
33,35% pour le Niger. Le
Niger aurait donc 1667,5t qui
serait ensuite vendus à Areva
à 84.000 EUR la tonne, soit
140 028 000 EUR par an. Or
en vendant sa part sur le
marché international, le
Niger percevrait trois fois
plus de revenus. Pour ce
projet d'Imouraren, Areva
entend invertir 1milliads
d'euro, qui est récupérable
en moins de trois ans
seulement sur les 35 ans
d'exploitation. Cela revient à
dire que pendant 30 ans
Areva aura accès pour
l'approvisionnement de ses
réacteurs, à 3332,5 tonnes
d'uranium par an, presque
gratuitement. Pour s'assurer
que tout est bien ficelé, le
président Sarkozy a effectué
une visite à Niamey le 27
mars 2009. Au coeur de
cette visite : la sauvegarde
des intérêts d'Areva, mais
aussi l'occasion de rendre
hommage à Tandja. Pour
Sarkozy, " la seule période
en cinquante ans de
démocratie et de stabilité,
c'est celle des deux mandats
du président Tandja ". Du
coup ce dernier a manifesté
son intention de rester au
pouvoir au-delà de son
dernier mandat légal. A cette
dangereuse initiative de
Tandja, Sarkozy ne trouvait
pas d'inconvénient si la
classe politique pouvait
s'entendre dans ce sens. La
suite nous la connaissons,
L'ex président Tandja a saisi
l'occasion pour perpétrer un
coup force, après avoir
dissout l'assemblée
nationale, la cour
constitutionnelle et organisé
un referendum illégal qui lui
accorde trois années
supplémentaires au pouvoir.
Ce crime prémédité et
perpétré par Tandja a
automatiquement plongé le
Niger dans une crise politique
sans issue.. Tandja voyait
dans les compliments de
Sarkozy, une raison de plus
d'aller contre les lois du
pays. Cette spécialité. Des
dirigeants français qui sont
les premiers soutiens des
dictatures africaines
provoquent un malaise
même au sein de l'union
européenne. Pour
sauvegarder ses intérêts en
Afrique, la France est prête à
piétiner les principes
européens et ignorer les lois
Africaines.
A titre de comparaison, le
président américain Barack
Obama par contre n'est pas
passé par quatre chemins
pour rappeler aux potentiels
dictateurs Africains qu'ils
n'ont plus de place au 21 e
siècle. " L'Afrique n'a pas
besoin d'homme fort, mais
des institutions fortes ". Pour
Obama il n'est plus question
de coopérer avec les
dictateurs, des corrompus et
bourreaux de leur peuple.
Pour Sarkozy et la France au
contraire, c'est l'intérêt avant
tout. Si la France peut
continuer à piller les
ressources naturelles de nos
pays, elle n'aura aucun
problème à coopérer avec le
diable.
Le cynisme d'une décision
unilatérale.
Le projet d'exploitation
d'Imouraren, prévu pour
2012, vient d'être reporté
pour 2014. Pour quelle raison
? Selon le porte-parole
d'Areva à Niamey, la crise
financière en est la raison
principale . En effet, Areva
n'est pas financièrement
prête pour démarrer
l'exploitation d'Imouraren.
Cette justification ridicule,
génère a priori les questions
suivantes : quel est le coût
global du projet avant et
après la crise financière ?
Comment ce coût global a-t-
il été réévalué sans avoir
d'incidence sur le montant de
l'investissement ? Qui perd
dans cette déprogrammation
?
Pour cette dernière question,
je dirai qu'Areva ne perd rien
; elle exploite déjà les deux
gisements d'uranium de
Somair et Cominak qui
produisent moins de 5000t
par an. (A SUIVRE)
NDLR:Cet article étant trop
volumineux, nous vous
proposons la suite dans notre
prochaine édition
écrit par GARBA Abdoul
Azizou Science-po (UCL-
BelgiqueGARBA Abdoul
Azizou Science-po (UCL-
Belgique)
LA RESPONSABILITE D’AREVA DANS LA SOUFFRANCE DES POPULATIONS NIGERIENNES