le domaine économique ou commercial. On regroupe en général les innovations en deux catégories : les
innovations de produit et les innovations de procédé. Mais Joseph SCUMPETER
, étendant le concept,
distingue en fait cinq sortes d'innovations : (1) la fabrication d'un bien
nouveau (par exemple le
téléviseur), (2) l'introduction d’un processus de production nouveau (par exemple la machine à
tisser pour le textile), (3) l'ouverture d'un débouché nouveau (par exemple l’ouverture du marché
chinois), (4) la conquête d'une source nouvelle de matières premières (par exemple les matières
synthétiques pour l’habillement) et (5) la réalisation d'une nouvelle «organisation» ou d'une
nouvelle situation (par exemple l’organisation Fordiste des Trente Glorieuses).
Pour SCHUMPETER
, seule l'innovation est créatrice du profit par
l'apparition d'un monopole
provisoire.
Support pédagogique :
Document A : Document 4 page 15, « SES Spécialité TES », Magnard, 2003
L’innovation source de l’évolution :
Le rôle de l’innovation rend obsolète l'analyse des économistes, trop statiques : « Le problème
généralement pris en considération par les théoriciens [...] est celui d'établir comment le capitalisme gère
les structures existantes, alors que le problème qui importe est celui de découvrir comment il crée puis
détruit les structure ». En effet, l'innovation détruit les produits, les techniques et les marchés obsolètes et
en créent de nouveaux : la « destruction créatrice » permet la croissance grâce à l'investissement qui en
résulte et surtout génère l'évolution du capitalisme (en opposition avec l'économie de circuit).
Les grappes d’innovation à l’origine du processus de croissance :
Une grappe d’innovation désigne un nombre important d’innovations qui surviennent durant une même
période car elles sont dépendantes. Les innovations arrivent par grappes ou essaims et se généralisent par
diffusion entraînant le circuit économique dans une évolution cyclique. Il faut un effet de synergie pour
ces innovations nécessitant deux conditions : une véritable rupture technologique avec le processus de
production précédent et il faut d'autre part que ce développement d'industries nouvelles puissent
déclencher une vague secondaire d'essor caractérisée par la diffusion de pouvoir d'achat dans l'économie
ce qui revient à une augmentation de la demande. Ainsi, une innovation dans un secteur crée des goulets
d’étranglement (déséquilibre dû aux différences de capacités productives de deux secteurs liés entre eux)
dans les secteurs complémentaires (une innovation dans le tissage nécessite par exemple une innovation
complémentaire dans le tissage) qui sont ainsi inciter à innover.
Suite à une innovation majeure, la grappe se constitue par apport d'innovations mineures par les imitateurs
(attirés par les profits potentiels). Mais la généralisation de l'innovation et l'accroissement de la production
dans ces branches entraînent une baisse du profit. Jusqu'au moment où par le jeu de la concurrence entre
entrepreneurs les perspectives de profits apparaissent de plus en plus faibles et le risque de plus en plus
élevé. Dans ces conditions l’impulsion finit par s'épuiser : les entreprises les moins solides disparaissent,
c'est la dépression caractérisée par SCHUMPETER de processus normal, de résorption et de liquidation
de l'économie. Ainsi par la crise va se mettre en place un nouveau processus productif qui générera à son
tour de nouveaux profits. L'évolution économique est alors cyclique.
Les grappes d'innovation à l'origine du processus de croissance porte en elles les conditions de la
dépression : « La seule cause de la dépression c'est l'essor » : ainsi l'explication de la dépression trouve
l'explication dans les racines de l'essor. Joseph SCHUMPETER a une vision optimiste des crises : par
elles passe l'évolution et donc la croissance. Ainsi, il définit la croissance comme un « processus de
destruction créatrice qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique en détruisant
continuellement les éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ».
L'acteur central de cette évolution est l'entrepreneur.
Illustration des formes d’innovations distinguées par SCHUMPETER :
- Nouveau produit : le téléphone portable face au fixe, ou four micro-onde face au four traditionnel
- Nouveau procédé de production (innovation de procédé) : le télé-travail face au travail au bureau ou la
vente par correspondance est passée du minitel à internet
- Nouvelle organisation de la production (dans les unités de production) : passage du « domestic system »
au « factory system », ou passage de l’OST au toyotisme
- Nouveau marché ou débouché : les PC gagne la clientèle domestique, ou les producteurs automobiles
japonais gagnent le marché européen
- Nouvelle source de matière première ou énergie : le passage du pétrole au nucléaire pour produire de
l’énergie, ou le passage des fibres naturelles au synthétique dans l’industrie de l’habillement
Exemples d’une innovation majeure ayant entraîné des innovations mineures.
- Exemple 1 : Innovation majeure liée aux entrepreneurs innovateurs pionniers : la machine à vapeur
(appliquée à la locomotive) ; Innovations secondaires, incrémentales ou mineures liées aux entrepreneurs
imitateurs : les bateaux à vapeur, les métiers à tisser…
- Exemple 2 : Innovation majeure liée aux entrepreneurs innovateurs pionniers : la puce électronique ;
Innovations secondaires, incrémentales ou mineures liées aux entrepreneurs imitateurs : la carte bancaire,
le passeport électronique, la puce électronique pour marquer les animaux…
SES Terminale Option Chapitre 2 : Progrès technique et évolution économique (Joseph SCHUMPETER)