
PAC Analyse 2014/23
Vous surfez sur le net et bien des définitions apparaissent : « système économique et
politique caractérisé par la liberté d’échange et la prédominance des capitaux privés »,
« concept économique, sociologique et politique s’appuyant sur la propriété privée dans
moyens de production », « recherche du profit » et « accumulation du capital » dans la
terminologie de Karl Marx, éthique des premiers entrepreneurs refusant le luxe et la
consommation selon les analyses de Max Weber.
L’origine du mot, l’étymologie, indique que le terme capitalisme provient du latin « caput » qui
signifie la tête, c'est-à-dire la tête du bétail qui appartient à celui qui possède cette richesse.
Au cours du temps, le capitalisme prendra diverses acceptions comme « masse d’argent à
faire fructifier » et le mot capitaliste désignera un entrepreneur, celui qui engage une masse
d’argent dans un processus de production. Au XIXème siècle, le vocable capitalisme
s’imposera dans l’œuvre de Karl Marx et de Friedrich Engels et dans celle de Max Weber.
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Pour Karl Marx, la nature particulière du système capitalise réside dans une forme spécifique
d’exploitation. L’exploitation a revêtu de nombreux aspects dans l’histoire des hommes, de
l’esclavage au servage durant le Moyen Âge. La caractéristique du capitalisme est que la
force de travail est vendue par le travailleur au capitaliste qui l’achète comme n’importe
quelle marchandise. Mais cette force de travail n’est pas payée à sa juste valeur car le
capitaliste utilise cette force de travail dans la sphère de la production en créant une valeur
supplémentaire que le capitaliste s’approprie gratuitement. C’est la fameuse théorie de la
plus-value dont le capitaliste va sans cesse vouloir accroître la rentabilité, augmenter son
taux de profit. Marx va souligner le fonctionnement contradictoire du capitalisme qui
appauvrit de plus en plus les travailleurs afin d’élever le taux de profit et de développer les
forces productives. Mais la production ne trouvera pas suffisamment de débouchés suite à la
paupérisation de la classe ouvrière ce qui entrainera une baisse tendancielle du taux de
profit et des crises de surproduction qui scandent tout le XIXème siècle jusqu’à la crise des
années trente au XXème siècle. Nous aurons l’occasion de revenir sur les analyses
marxistes du capitalisme plus en détails en soulignant l’opposition frontale entre le travail –
produit par la classe ouvrière exploitée – et le capital – détenu par les propriétaires des
moyens de production. Dans la perspective marxiste, le capitalisme est donc un mode de
production spécifique à une période de l’histoire – après d’autres modes de production dans
l’Antiquité ou à l’époque médiévale -, celle de la révolution industrielle. Les contradictions
d’un tel système, alimentées politiquement par la lutte des classes – bourgeoisie contre
prolétariat – seront résolues par la révolution qui accouchera de la société communiste,
égalitaire et réconciliée, où chacun vivra selon ses besoins.
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Max Weber, sociologue allemand protestant de la seconde moitié du XIXème siècle, produit
une toute autre analyse du capitalisme. A l’inverse de Marx pour qui le primat des forces
productives, l’infrastructure économique, déterminent tout le système politique et social, Max
Weber fait reposer la dynamique du capitalisme sur un comportement, une puissance d
l’esprit, une éthique, bref une manière d’être au monde moralement juste. Pour l’exprimer
autrement les forces de l’esprit sont plus décisives que les moyens matériels de production.
Weber c’est l’anti Marx. Et, en l’espèce, cet esprit nouveau, celui de l’entrepreneur (le
capitaliste chez Marx) provient de la réforme protestante du XVIème siècle. Le capitalisme
est propulsé par un moteur religieux, le calvinisme, qui oblige le croyant à l’ascèse, au
travail, à l’accumulation des biens pour la plus grande gloire de Dieu. Il ne s’agit en aucun
cas d’un comportement de jouissance de sa puissance financière, de dépenses inutiles ou
de signes extérieurs de richesses. Le luxe et l’arrogance sont des péchés cardinaux en