MINISTERE DE L’EDUCATION REPUBLIQUE DU MALI NATIONALE *************** *************** UNIVERSITE DE BAMAKO Un Peuple - Un But - Une foi *************** *************** FACULTE DE MEDECINE DE PHARMACIE ET D’ODONTO-STOMATOLOGIE Année Académique 2005-2006 N°.............. ETUDE DE L’INFECTION DES PLAIES NON OPERATOIRES DANS LE SERVICE DE TRAUMATOLOGIE ET D’ORTHOPEDIE DE L’HOPITAL GABRIEL TOURE (Etude prospective à propos de 51 cas) THESE Présentée et soutenue publiquement le ....... /....../....... devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto -Stomatologie (F.M.P.O.S.) pour Obtenir le grade de DOCTEUR EN Pharmacie, Diplôme d’Etat. Par : GOUDOTE Alain Sègla Ebilola Président du JURY : Pr Moussa HARAMA Membre du jury : Dr Souleymane DIALLO Co-directeur de thèse : Dr Ibrahim ALWATA Directeur de thèse : Pr ABDOU A.TOURE TABLE DES MATIERES INTRODUCTION……………………………………………………………..1 OBJECTIF……………………………………………………………………..3 1.GENERALITES……………………………………………………………...4 2.CADRE D’ETUDE ET METHODE ……………………………………...70 2.1.CADRE D’ETUDE :…………………………….......................................70 2.1.1.DESCRIPTION PHYSIQUE DU SITE……………………………….70 2.2. POPULATION D’ETUDE ET OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES……………………………………………….72 2.3. METHODE D’ETUDE, TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNEES, TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES…………….76 3.RESULTATS………………………………………………………………. 77 3.1. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES …………... 77 3.1.1.L’AGE…………………………………………………………………...77 3.1.2.LE SEXE………………………………………………………………..77 3.1.3.LA PROFESSION……………………………………………………..77 3.1.4.L’ETHNIE……………………………………………………………...78 3.2.LA DUREE D’HOSPITALISATION…………………………………..78 3.3.LA LOCALISATION DE LA PLAIE……………………………….....79 3.4.LES ANTECEDENTS MEDICAUX…………………………………...79 3.5.Les signes cliniques…………………………………………………........80 3.6.Les examens bactériologiques…………………………………...............80 3.6.1. Le prélèvement de pus…………………………………………...........80 3.6.2. L’IDENTIFICATION DES GERMES APRES L’ANTIBIOGRAMME ............…………………………………………. .. 81 3.7. TRAITEMENT ET SUIVI.......................................................................81 3.7.1.FAMILLES D’ANTIBIOTIQUES UTILISES……………………....82 3.8. PRESENCE DE COMPLICATIONS.……………………………….....82 3.8.1.DIFFERENTES COMPLICATIONS…………………………….......83 3.8.2. IMPACT DES DEUX TYPES DE TRATEMENT SUR LA FREQUENCE DES COMPLICATIONS…………………………………………………….........84 3.9. AMELIORATION DE L’ETAT INFECTIEUX…………………........84 3.10. IMPACT DES DEUX TYPES DE TRAITEMENT SUR LA FREQUENCE DE L’AMELIORATION……………………...... 85 4.COMMENTAIRE ET DISCUSSION………………………………….... 86 4.1. INFLUENCE DE L’AGE........................................................................ 86 4.2.INFLUENCE DU SEXE……………………………………………....... 87 4.3.INFLUENCE DE LA PROFESSION………………………………...... 87 4.4.INFLUENCE DE L’ETHNIE………………………………………...... 88 4.5 .INFLUENCE DU SEJOUR D’HOSPITALISATION………………………………………………….....88 4.6.INFLUENCE DES ANTECEDENTS MEDICAUX………………......89 4.7.GERMES ISOLES…………………………………………………........89 4.8.TRAITEMENT ET SUIVI……………………………………………..89 4.9.FAMILLES D’ANTIBIOTIQUES UTILISES…………………….....89 4.10.DIFFERENTS TYPES DE COMPLICATIONS…………………....90 4.11. TRAITEMENT TRADITIONNEL ET COMPLICATIONS…………………………………………………......90 4.12.FORCE ET FAIBLESSE DE L’ETUDE………………………...........91 5. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS………………………......92 5.1.CONCLUSION……………………………………………………..........92 RECOMMMANDATIONS…………………………………………….........93 BIBLIOGRAPHIE .........................................................................................95 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS LISTE DES ABREVIATIONS ATB : Antibiotique, antibiothérapie BSLE : Bêta-lactamase à spectre élargi C 3 : Fraction 3 du complément C3b: Fraction 3b du complément C5 : Fraction 5 du complément CHU : Centre hospitalier universitaire CMI : Concentration minimale inhibitrice CO2 : Dioxyde de carbone CSTS : Centre de Spécialisation des Techniciens de Santé Fam. : Famille FMPOS : Faculté de Médecine de Pharmacie et d’Odontostomatologie Gram (+) : gram positif Gram (-) : gram négatif INFSS : Institut National de Formation en Science de la Santé Ig G: Immunoglobuline G IgE : Immunoglobuline E IM : Intra-musculaire /J : Par jour LCR : Liquide céphalo-rachidien INRSP : Institut National de Recherche en Santé Publique IV : Intra-veineuse Méti S : Sensible à la méticilline 5 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS MH : Müeller hinton ,milieu de culture bactérienne ORL : Oto-rhino-laryngologie PLP : Protéine liant la pénicilline PO : Par voie orale SCN : Staphylocoque à coagulase négative Vit C : vitamine C 6 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Introduction La plaie est une solution de continuité des téguments produite par un agent mécanique; la plaie peut être avec ou sans perte de substance cutanée, elle peut être compliquée de lésion d’éléments sous-jacents. Ses risques sont l’infection et ses séquelles sont l’inévitable cicatrice. [1] Si l’infection est une hantise pour toute la chirurgie, en général, elle est plus particulièrement redoutée en Orthopédie pour le terrain propice que constitue l’utilisation de plus en plus fréquente des ostéosynthèses et par la gravité des ostéites. Par ailleurs, l’infection prend dans les hôpitaux des pays en voie de développement, une place à la mesure des problèmes inhérents à leurs conditions de fonctionnement.[2] L’infection d’une plaie quand elle est négligée peut conduire à l’infirmité par suite d’une amputation et même à la mort par suite d’une septicémie. Ainsi, l’infection des plaies diabétiques est fréquente et expose au retard de la cicatrisation et à l’extension en profondeur notamment l’atteinte osseuse. Surtout elle est la cause directe de l’amputation dans 50% des cas.[3] Par ailleurs sur le plan démographique, l’infection de la plaie chez les blessés sévèrement brûlés demeure la cause la plus commune de morbidité et de mortalité après la 48ème heure et ce d’autant plus que la surface atteinte est grande.[4] Les infections hospitalières compliquent 5 à 10 admissions dans les institutions de soins aigus. Les bactériémies nosocomiales constituent 8 à 10% de celles-ci ; leur impact économique, uniquement basé sur un séjour hospitalier additionnel moyen de deux semaines, se mesure en millions de dollars par année pour les hôpitaux nord-américains. [5] Vu, son impact sur le plan social, économique et morbide, nous devons nous appesantir sur l’étude de l’infection des plaies en milieu hospitalier. De nos jours peu d’études ont été faites au MALI à notre connaissance sur l’infection des plaies non opératoires. 7 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Le but de notre étude est de faire une approche statistique sur l’infection des plaies non opératoires des traumatisés afin de mieux cerner le problème de l’infection dans le milieu chirurgical. Objectifs 1-) Objectif général 8 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS ¾ Evaluer la fréquence de l’infection des plaies non opératoires dans le service de Traumatologie et d’Orthopédie de l’Hôpital Gabriel Touré. 2-) Objectifs spécifiques Les objectifs spécifiques suivants ont été fixés : ¾ Déterminer la fréquence de l’infection des plaies non opératoires ¾ Déterminer les facteurs favorisant l’infection des plaies non opératoires Dans le service de Traumatologie Orthopédie de l’Hôpital Gabriel Touré. ¾ Identifier les principaux germes rencontrés dans les plaies non opératoires du service de Traumatologie Orthopédie de l’Hôpital Gabriel Touré ¾ Apprécier l’évolution de la plaie en fonction du type de traitement ¾ Proposer les moyens simples de lutte contre ces infections hospitalières. GENERALITES 1-Historique [6] Le Français Louis Pasteur fit la découverte fondamentale qui opéra un vaste changement dans la pratique médicale. A la suite d’une série d’expérience, de 1857 à 1863, Pasteur prouva que l’air transportait facilement les micro-organismes invisibles à l’œil nu, responsables de la fermentation alcoolique. Ces micro-organismes furent appelés 9 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS « germes ». Le rapprochement entre la thèse de germes de Pasteur et les suppurations des tissus vivants furent l’œuvre de Lister. Ne pouvant utiliser la chaleur comme Pasteur pour inhiber la croissance des germes dans les tissus vivants, Lister proposa l’emploi du phénol concentré : Ce fut l’ère de l’antisepsie. Ce fut un autre prussien, Koch qui amena chez lui le concept de la théorie des germes. En 1877, Koch présenta sa thèse sur « la cause de l’infection des plaies ». Il affirma que différents types de micro-organismes pouvaient causer une infection et chacune avec sa caractéristique . Dès lors des progrès énormes furent réalisés visant l’amélioration des méthodes de lutte contre l’infection. Bergmann et collaborateurs élaborèrent et codifièrent les rites de la méthode de stérilisation, favorisant ainsi l’application de l’asepsie moderne. Avec les travaux de Erlich de 1904 à 1915, la chimiothérapie naquit. En 1929, Alexandre Fleming découvrit la pénicilline. Le premier essai thérapeutique fut fait le 12 Janvier 1941. Il s’agissait d’une infection staphylococcique grave. Le succès fut éclatant. Une large utilisation de la pénicilline fut faite et les résultats obtenus furent concluants. On pensa alors que le problème de l’infection était définitivement résolu. En effet la conclusion de maîtrise de la prise en charge de l’infection a été hâtive. Déjà en 1955, la nécessité de reprendre en considération les infections acquises à l’hôpital devenait contraignante lorsque l’on prit conscience de la sélection des germes résistants. L’infection d’une plaie est un envahissement d’une solution de continuité des téguments par un microbe; elle dépend de beaucoup de facteurs. 2-Facteurs de l’infection d’une plaie [2] 2-1-Les gîtes microbiens En salle d’hospitalisation, l’infection est partout ; tout ce qui se trouve autour du pansement est susceptible de le souiller. Tout d’abord, le malade lui-même, le personnel, les visiteurs, la literie et les locaux eux-mêmes. 2-2-Le malade : C’est la peau du malade qui en définitive doit constituer la barrière efficace contre l’infection, à condition d’être toutefois débarrassée de ses propres germes. Les règles les plus simples d’hygiène cutanée semblent être abandonnées par la 10 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS plupart des malades à leur entrée à l’hôpital. Pour beaucoup d’entre eux, la maladie est une contre indication aux ablutions. 2-3-le personnel : Il est certainement l’élément essentiel dans le problème qui nous préoccupe. Tout dépend de lui : l’hygiène du malade, l’hygiène des salles, la discipline des visiteurs et la qualité de réalisation des pansements. 2-4-Les visiteurs : Le malade africain est certainement un malade favorisé car il n’est jamais abandonné par les siens. La présence autour du malade de nombreux membres de sa famille pendant une grande partie de la journée et même de la nuit est certainement une tradition sympathique, mais combien dangereuse pour le sepsis des salles d’hospitalisation. Pour s’en persuader, il suffit de regarder en fin de journée, la literie sur laquelle on trouve de nombreux débris alimentaires et même des ustensiles de cuisine. 2-5-La literie : Le changement des draps des malades par le personnel soignant n’est pas toujours assuré. Ce sont souvent les malades qui viennent avec leurs draps de la maison. Ces draps sont susceptibles de transporter des microbes. Nos services ne sont pas équipés en draps si bien que nous ne pouvons pas contrôler la propreté des draps. Faute de moyen, le nursing ne pourrait pas être bien assuré. Par ailleurs, les matelas en polystyrène favorisent la transpiration des malades et ne pourraient que les exposer à tout genre d’infection. 2-6-Les locaux : En plus de l’existence des salles communes de quatre à dix lits, l’augmentation de la fréquentation des patients par leurs parents et la présence d’un ou de plusieurs accompagnateurs est un facteur favorisant l’infection des plaies. 2-7-Source d’infection En orthopédie, l’existence d’un plâtre complique très souvent la réalisation d’un bon pansement aseptique. La mauvaise réalisation d’une fenêtre après un traumatisme ouvert est une source d’infection de la plaie non opératoire au cours des pansements. La poussière de plâtre, fine et septique, vient saupoudrer le pansement et traverser les gazes. Par ailleurs, 11 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS les berges de cette fenêtre, effilochées et empoussiérées laissent de nombreuses souillures sur les plaies. Les fenêtres, trop étroites également sont une cause fréquente de souillures car le tampon qui est destiné à badigeonner la plaie vient régulièrement se souiller sur les berges de la fenêtre. Mais même sans plâtre, les fautes d’asepsie sont possibles. Souvent les aide-soignants, mal informés commencent le badigeonnage de leurs plaies par le centre et continuent de façon excentrique de telle sorte qu’ils vont souiller leur tampon à la périphérie et reviennent au centre amener la collecte périphérique. Notre personnel fait parfois une confiance trop grande aux antiseptiques : Il n’hésite pas à associer plusieurs badigeonnages d’antiseptiques divers et puissants, éther, alcool à 90° , puis alcool iodé. Nous sommes persuadés que l’abus de ces antiseptiques puissants contrarie la biologie de la cicatrisation. 2-8-La rupture des barrières cutanéo-muqueuses avec présence de corps étrangers Elle crée une porte d’entrée majeure aux agents infectieux. Le passage de la colonisation à l’infection est favorisé par les facteurs de virulence bactérienne, la dévitalisation des tissus et la baisse de défense immunitaire du patient polyagressé. Pendant le conflit du Vietnam, Fletis note une prédominance des hémorragies dans les causes de mortalité des 24 premières heures. De nombreux facteurs concourent à affaiblir les défenses immunitaires du blessé : -L’extension des blessures -Leurs localisations multiviscérales -Leur association fréquente à des brûlures et à un choc hémorragique -Un terrain fatigué, malnutri soumis aux stress de combats. La multiplication bactérienne au sein des plaies est dans un premier temps silencieuse et laisse au premier plan le problème hémorragique et les états de chocs. 2-9-Autres conditions favorisant l’infection de la plaie [ 7, 8, 9] 12 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Protéines : Chez l’homme, il faut une importante déficience protéinique pour occasionner les troubles de cicatrisation. Thompson a démontré déjà en 1938 la relation entre hypoprotéinémie, cicatrisation inadéquate et déhiscence de plaie ; ce qui est soutenu par Localio en 1948 qui trouve une diminution des protéines sanguines chez les malades dénutris présentant des déhiscences de plaies. Vitamine C: Depuis plus de 200 ans, on a noté que des patients atteints de scorbut guérissent mal leurs plaies. La régénération épithéliale est retardée dans les cas d’hypovitaminose C. Grillo et Watts ont par ailleurs montré que la rétraction des plaies est aussi retardée, probablement par difficultés d’ancrage des bords de la plaie par le collagène. Ces troubles régressent après l’administration de vitamine C à forte dose nécessaire pour couvrir les besoins métaboliques généraux chez les malades (grands traumatisés et brûlés) même si ces malades étaient bien équilibrés avant le traumatisme. Structure chimique de la vitamine C (acide ascorbique) [8] Structure chimique de la collagène [9] L’âge : Chez les enfants, la cicatrisation de la plaie est plus rapide que chez les personnes âgées parce que leurs cellules sont en pleine mitose. 13 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS L’œdème: L’œdème secondaire à une hypoprotidémie ou autre facteur provoque un retard de guérison de la plaie car l’œdème est un signe de l’inflammation et tant qu’il persiste la cicatrisation est impossible. L’obésité: Elle peut contribuer largement aux troubles de cicatrisation telles les déhiscences. La lymphorragie expose le malade à un écoulement persistant de la lymphe et trouble la cicatrisation de la plaie. D’autre part, les réserves de graisse recouvrent les muscles du patient et retardent la cicatrisation de sa plaie. Facteurs humoraux: Après un traumatisme, il y a des interactions hypo-physosurrenaliennes qui font passer l’organisme par des phases diverses. La cicatrisation de la plaie se situe presque entièrement dans la phase catabolique, comme s’il avait une priorité de la plaie sur les réserves alors que le reste de l’individu attend le 10ème ou même le 30ème jour avant de passer dans sa phase anabolique. La cortisone systémique ou locale amène des altérations au niveau des fibroblastes, des capillaires et de la substance fondamentale. La cortisone à forte dose retarde la cicatrisation soit : -Par inhibition de la fibroplasie, -Par effet anti-inflammatoire avec diminution de la dilatation capillaire et de la perméabilité cellulaire. Structure chimique de la cortisone [10] 3-Différents types d’infection 3-1-Infections nosocomiales à staphylococcus aureus résistants à la méticilline [11] 14 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Les infections à staphylococcus aureus présentant une résistance intrinsèque à la méticilline constituent un des meilleurs choix pour illustrer les infections nosocomiales. Parmi les nombreux arguments susceptibles de justifier cette affirmation, on peut retenir que : -le staphylococcus aureus est l’espèce la plus impliquée dans les transmissions croisées ; -au sein de l’espèce, les souches résistantes à la méticilline se rencontrent très peu en dehors des établissements de santé ; -les staphylococcus aureus résistants à la méticilline sont parmi les agents les plus fréquemment rencontrés dans les infections nosocomiales ; -Les souches résistantes à la méticilline présentent très souvent de nombreuses résistances et posent donc à ce titre des problèmes thérapeutiques. Les infections staphylococciques sont observées dans de multiples situations cliniques, aussi bien en pathologie communautaire qu’en pathologie nosocomiale. Des contaminations plus rares, notamment vaginales, sont associées à un tableau clinique particulier : le choc toxique staphylococcique. La transmission inter-humaine se produit par contact direct ou par voie aérienne. Lorsqu’un site contaminé, cutané ou muqueux, subit un traumatisme accidentel ou chirurgical, le staphylococcus aureus gagne alors les tissus sous-jacents et entraîne une infection locale capable de déborder les mécanismes locaux de la phagocytose. Outre les infections cutanées ou sous-cutanées, les septicémies à staphylocoque peuvent entraîner des infections métastatiques, notamment au niveau, de l’appareil ostéo-articulaire, du poumon etc. D’autre part, les staphylocoques à coagulase négatives (SCN) sont maintenant reconnus comme de véritables agents pathogènes, impliqués notamment dans les infections sur corps étrangers. 3-1-1-Physiopathologie de l’infection staphylococcique Les différents éléments structuraux de la paroi de staphylococcus aureus et les composants (enzymes et toxines) induisent chez l’hôte des effets pathogènes marqués par : -La rapide dissémination des métastases septiques. 15 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS -Le caractère destructif, profond et suppuré des foyers métastatiques ou de la porte d’entrée, limitant in vivo l’activité d’antibiotique très actif in vitro. -La persistance parfois prolongée du staphylocoque, surtout en présence d’un corps étranger. 3-1-2-Facteur de l’hôte Des facteurs propres à l’hôte sont susceptibles d’accroître la pathogénécité du staphylocoque, de créer des tableaux cliniques spécifiques, d’expliquer les infections récidivantes et les échecs du traitement. Barrière cutanéo-muqueuse L’invasion de l’hôte après colonisation implique la pénétration du microorganisme à travers les surfaces muqueuses et épithéliales. Cette barrière peut être rompue au cours des plaies, brûlures, intubation, mise en place de cathéters, toxicomanie IV… Chimiotactisme Après la barrière cutané-omuqueuse, la deuxième ligne de défense est constituée par la phagocytose et la lyse bactérienne par les polynucléaires neutrophiles et les macrophages. Certaines pathologies provoquent la défaillance de ce système : -Syndrome de Job : eczéma à rechute, avec infections cutanées répétées et abcès froids. Les patients ont un taux élevé d’Ig E et une réponse chimiotactique de leurs polynucléaires neutrophiles fortement diminuée. -maladie de Chediak-Stenbrinck-Higashi : présence de granules géants dans les phagocytoses. Opsonisation La reconnaissance de staphylococcus aureus par les phagocytes implique que la bactérie soit couverte par le fragment C3b ou les IgG. Aucun déficit de l’opsonisation ne prédispose spécifiquement aux infections à Staphylococcus aureus : cependant, il favorise toutes les infections à pyogènes, 16 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS dont les staphylocoques (particulièrement les déficits en C3, C5 et les agammaglobulinémies) Bactéridie Après avoir été phagocytés, la plupart des staphylocoques sont rapidement lysés dans les vacuoles par des substances oxydantes. Dans la granulomatose chronique, cette sécrétion d’ions superoxydes et de peroxydes d’hydrogène ne peut avoir lieu, aboutissant à des infections staphylococciques chroniques. On retrouve également un déficit de la bactéricidie dans la leucémie lymphoblastique et la leucémie myéloïde. Immunités humorales et cellulaires -Un grand nombre d’anticorps sont sécrétés, mais aucun n’est protecteur à 100%. -L’immunité cellulaire est plus discutée, car elle pourrait être délétère en favorisant l’extension des lésions cutanées nécrotiques. Rôles des corps étrangers La présence d’un corps étranger est un facteur important dans la pérennisation de l’infection. Le plus souvent, l’infection survient précocement après un traumatisme ou une intervention chirurgicale, peut être secondaire à une contamination locale pendant la pénétration ou l’implantation du corps étranger. Bien que la bactérie soit sensible in vitro, l’infection persiste malgré les antibiotiques tant que le corps étranger reste en place ; dès son retrait, la guérison est rapidement obtenue. L’inoculum nécessaire pour obtenir une infection est également moindre en présence de corps étranger. Au moins trois mécanismes interviennent : -Production de glycocalix (ou slime) par de nombreuses souches de staphylococcus aureus et staphylococcus epidermidis, qui les protège des antibiotiques et de la phagocytose. -Liaison importante de staphylococcus aureus au fibrinogène et à la fibronectine recouvrant les surfaces du corps étranger. 17 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS La fibronectine facilite l’adhésion de staphylococcus aureus aux végétations valvulaires, il est un facteur important dans le développement de l’endocardite infectieuse. -Enfin, la présence d’un corps étranger non infecté empêche la lyse de la bactérie par les phagocytes situés à proximité. 3-2-Infections à streptocoques [12] Le genre streptococcus (S.) comporte de nombreuses espèces pathogènes pour l’homme. Certaines sont associées avec une fréquence particulière à des tableaux infectieux assez caractéristiques. Ainsi streptococcus pyogenes (groupe A) a des propriétés toxinogènes et participe à la genèse d’atteintes cutanées ou sous-cutanées comme l’érysipèle ou les fasciites nécrosantes. Sur le plan clinico-épidémiologique, depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990, l’attention s’est portée sur les streptocoques du groupe A à l’origine de fasciite nécrosante (« bactéries mangeuses de chair ») 3-3-Infections cutané-omuqueuses et sous-cutanées [11] Les staphylococcies du follicule pileux comprennent les folliculites, lésions inflammatoires recouvertes d’une fistule centrée par un poil, et les furoncles dont l’évolution est marquée par la nécrose du follicule pileux qui est éliminé (le « bourbillon »). Un agglomérat de follicules ou de furoncles réalise un sycosis et un anthrax. Les furoncles comportent le risque d’évolution vers une staphylococcie maligne de la face qui peut se compliquer d’une thrombophlébite cérébrale. La furonculose est une forme récidivante due à un portage chronique staphylococcique ou à un déficit immunitaire. Les panaris superficiels ou sous-cutanés sont des affections typiquement staphylococciques. L’hydrosadénite est une affection des glandes sudoripares localisées aux creux auxiliaire se traduisant par des nodules inflammatoires qui évoluent vers l’abcédation et la fistulisation. L’impétigo est une dermatose fréquente de l’enfant à staphylococcus aureus seul ou associé au streptocoque A. Il réalise des lésions périorificielles situées sur les 18 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS mains ou les zones cutanées lésées. Il s’agit de croûtes jaunes qui font suite à des pustules. 3-4-Pyomyosites aiguës suppurées [11] Elles sont très fréquentes dans les pays tropicaux, favorisées par la malnutrition et les infections parasitaires, mais rares dans les pays occidentaux où l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine est un facteur prédisposant ; staphylococcus aureus qui est responsable de l’essentielle des cas tropicaux est moins fréquemment incriminé dans les cas occidentaux. Elle réalise des abcès dans les loges musculaires dont le traitement est médico-chirurgical. 3-5-Infection ostéo-articulaire [11] Les arthrites septiques peuvent résulter d’une dissémination hématogène (en particulier en cas de cathéters à demeure, d’endocardites ou de drogues IV) ou d’une inoculation directe (injection intra-articulaire, arthroscopie). Les arthrites hématogènes dues dans la moitié des cas à staphylococcus aureus sont favorisés par l’existence d’une arthropathie inflammatoire ou dégénérative sousjacente. L’ostéomyélite aiguë hématogène est l’apanage de l’enfant et prédomine sur les métaphyses des os longs. On retrouve fréquemment lors de l’amnèse, un antécédent traumatique sur l’os infecté. Le germe en cause est dans l’immense majorité des cas Staphylococcus aureus. 3-6-Nécrolyse épidermique staphylococcique [11] Elle affecte principalement le jeune enfant et dans de rares cas l’adulte immunodéprimé ou insuffisant rénal. Elle est due à la production d’une endotoxine exfoliatrice A ou B par staphylococcus aureus. La présentation clinique initiale est celle d’une fièvre et d’un exanthème scarlatiniforme généralisé. Rapidement apparaissent de vastes décollements épidermiques. Le signe de Nikolsky est positif. Les muqueuses sont épargnées. On retrouve Staphylococcus aureus producteur de l’exotoxine au niveau du site infectieux qui constitue la porte d’entrée ; les hémocultures sont souvent positives chez l’adulte. 19 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 3-7-Infections cutanées ou sous cutanées à germes anaérobies non sporulés [13] Les localisations métastatiques d’une bactériémie au niveau de la peau sont possibles : abcès sous cutanés, éruptions pustuleuses. Mais des localisations primitives telles que des cellulites, des actinomycoses cutanées, des infections de kystes sébacés, des hydrosadénites, des kystes pilonidaux sont aussi rencontrés. Les atteintes cutanées le plus souvent concernées par les anaérobies sont des ulcères de tout type, en particulier diabétiques, tropicaux, de décubitus, qui constituent une porte d’entrée fréquente à une septicémie. Les bactéries les plus fréquentes sont ici les Bactéroïdes fragilis. La cellulite anaérobie doit être différenciée de la gangrène gazeuse à clostridies ; plus torpide, n’atteignant que peu de tissus profonds, elle se manifeste comme un œdème douloureux souscutané, avec des signes inflammatoires et crépitement au toucher. La mise à plat découvre un pus fétide, plein de coccis et de bacilles gram négatifs anaérobies. L’antibiothérapie doit tenir compte de la présence de Bactéroïdes fragilis. La gangrène bactérienne syntagmatique est une forme chronique de gangrène survenant en post-opératoire (chirurgie abdominale et thoracique) ; cliniquement elle se présente comme une zone violacée, indurée, extrêmement douloureuse, entourée d’un halo rouge; peu à peu, la gangrène se développe de centre, vers la périphérie de la lésion. Les germes responsables sont classiquement les streptocoques micro-aérophiles et les staphylocoques dorés qui agissent « en synergie ». L’antibiothérapie peut être associé à une excision de larges tissus. Enfin, l’ulcère de Meleney est une infection sous-cutanée chronique sans gangrène, survenant le plus souvent après une intervention sur les adénopathies cervicales ou axillaires. Les antibiotiques permettent de faire disparaître ces ulcères. Les myosites sont le plus souvent dues à des streptocoques anaérobies. Elles se développent d’abord sous la forme d’un œdème isolé. 20 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Les fasciites nécrosantes sont généralement d’évolution aiguë avec une mortalité élevée. Elles surviennent souvent sur une blessure et se manifestent par décollement de la peau. Le traitement consiste à débrider et à éliminer les tissus nécrosés. Une forme particulière est réalisée par la gangrène de Fournier, ou gangrène fulminante du scrotum. 4-Classification des plaies [7, 14] La plaie est une solution de continuité des téguments produite par un agent mécanique, avec ou sans perte de substance. On distingue globalement les plaies simples et les plaies complexes [7] ¾ Les plaies simples : Elles se limitent à l’effraction des tissus de revêtement. Leurs bords peuvent être nets ou déchiquetés. Les coupures par couteau, ciseau ou lame de rasoir sont des plaies simples à bords nets. Les plaies déchiquetées ou contuses varient d’un simple effilochage cutané superficiel à un délabrement des tissus par avulsion. Elles sont fréquemment souillées. ¾ Les plaies complexes : comportent outre la section cutanée, une atteinte des tissus sous-jacents (tendons, nerfs, os etc.). Cette variété de plaie est grave. On peut classer les plaies comme suit [14] : • En fonction de la cause Brûlure, plaies chirurgicales, plaies par balles, coupure, plaies chimiques etc.. 21 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS • En fonction de la communication avec le milieu extérieur : -Les plaies fermées ou lésions internes (il n’y a pas de contact direct avec l’environnement et la plaie.) Exemple : Fracture fermée, contusion, hématome, entorse, hernie, abcès, lésions vasculaires, luxation. -Les plaies ouvertes ou lésions externes (la plaie est en contact direct avec le milieu extérieur et le risque d’infection est plus important) Exemple : éraflures, coupure, blessure occasionnée par un objet pointu, par un éclat, par une balle, par des morsures et piqûres d’insectes, fracture ouverte. • En fonction de la taille et de la forme a- Plaies ponctiformes qui sont à leur tour classées en trois formes ci-dessous : -Plaies ponctiformes cutanée Elles présentent des lésions de différents stades. Stade 1 : ponctiforme ou franche Stade 2 : plaie avec berge contusionnée Stade 3 : plaie avec perte de substance -Plaie vasculaire Elles présentent différentes lésions. -Plaie d’une artère entraînant une hémorragie avec des risques de collapsus -Plaie avec compression de l’artère entraînant une ischémie du membre -Plaie neurologique avec des signes variables, avec parfois des sections ou compression des nerfs (anesthésie, hypoesthésie, troubles moteurs, paralysie distale du membre.) b-Plaies délabrantes c-Plaies ligneuses d-Plaies étendues • En fonction de la profondeur -Plaies superficielles -Plaies profondes 22 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS • En fonction de la contamination microbienne -Plaies aseptiques (exemple : plaies opératoires) -Plaies septiques (contaminées ou infectées) 4-1-Quelques types de plaies et définitions [1] 4-1-1-Contusion superficielle des parties molles : Lésion qui respecte la peau ; il n’y a pas de lésions de continuité de celles-ci. 4-1-2-Morsures : C’est la dilacération des tissus par les dents et leurs caractères septiques. 4-1-3-Plaie avec lésions musculaires et tendineuses : Plaies identiques par leurs signes et leur évolution aux plaies des parties molles. 4-1-5-Plaies articulaires : Peuvent être de deux genres qui sont des plaies évidentes avec saillies osseuses et issues de liquide sanguin novial et les plaies sèches. 4-1-6-Plaie chronique exemple : Plaies diabétiques et autres plaies chroniques. 4-1-7-Abscès : Amas de pus collecté dans une cavité néoformée aux dépens des tissus environnants détruits ou refoulés. 5-Physiopathologie des plaies [7] Dans les plaies simples ou plaies coupantes, la destruction cellulaire est minime, les phénomènes inflammatoires qu’elles occasionnent se limitent à une zone de quelques millimètres. L’exsudat est presque imperceptible et la cicatrice laisse peu de trace. Il en est de même pour les plaies ponctiformes qui sont causées par des objets pointus. La plaie contuse s’accompagne de phénomènes vasomoteurs (spasmes artériels, fermeture des sphincters capillaires, stase veineuse secondaire à une gêne de la circulation de retour) qui peuvent causer la nécrose des tissus avoisinants et favoriser l’infection. 23 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Dans les plaies des membres par avulsion, l’immense lambeau cutané qui semble, au premier examen avoir une circulation adéquate peut les jours qui suivent se nécroser surtout par insuffisance du retour veineux. Cette gêne de la circulation de retour est due à des phénomèmes inflammatoires locaux qui occasionnent des compressions et des thromboses vasculaires. Aussi, ces grands lambeaux doivent parfois être convertis en greffe libre, sans quoi un excellent travail de réparation initiale peut être compromis pour avoir sousestimé l’importance de ces phénomènes. Dans les plaies par arme à feu ou autre agent de haute virulence, la force de propulsion créée par la vitesse de la masse de l’agent et le mouvement qui lui a été imprimé au départ crée au contact des tissus une réaction physique de frottement qui engendre de la chaleur et une mortification cellulaire plus ou moins étendue, difficilement appréciable dans les premières heures après le traumatisme. Ces plaies sont considérées comme contuses. 6-Complications suite à une infection de la plaie [15, 16, 3] 6-1-Surinfection de plaie par aspergillus fumigatus en contexte traumatique [15] Nous rapportons le cas d’une surinfection cutanée par aspergillus fumigatus, chez un patient immunocompétent après un traumatisme avec gelures graves et mise en jeu du pronostic fonctionnel articulaire d’un genou unique. Malgré une évolution initialement favorable après parage des plaies, l’apparition secondaire de zone de nécrose a fait évoquer une étiologie fongique confirmée par les prélèvements. L’évolution a été favorable après une excision des nécroses et traitement par l’association caspofungine-voriconazole. La rareté de ces infections cutanées sur un terrain immunocompétent ne doit pas les faire méconnaître afin de les traiter par les thérapeutiques antifongiques adaptés. 24 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 6-2-Complication des contusions cutanées en traumatologie orthopédie [16] -La nécrose : Elle survient le plus souvent à la suite d’une contusion que l’examen clinique n’aura pas toujours notée. Selon la perte de substance occasionnée, on tentera une cicatrisation dirigée ou on s’orientera vers un traitement chirurgical plus complexe. -Persistance d’un corps étranger : Il s’agit le plus souvent d’une mauvaise exploration initiale de la plaie. Il se manifeste par une induration douloureuse ou une surinfection. Les tatouages correspondent davantage à des particules colorées comme le charbon ou le goudron qu’à un corps étranger. -La cicatrice disgracieuse : Elle est hélas souvent imprévisible, mais elle est favorisée par une peau contuse. 6-3-Complication de l’infection des plaies diabétiques [3] L’infection des plaies diabétiques est fréquente et expose au retard de cicatrisation et l’extension en profondeur, notamment l’atteinte osseuse. Surtout elle est la cause directe de l’amputation dans plus de 50% des cas. 7-La durée de la cicatrisation [2] Des délais de 30 jours à 45 jours sont le plus souvent nécessaires pour la cicatrisation d’une plaie d’un malade hospitalisé. Ce qui veut dire que selon le type de plaie cet intervalle doit être strictement respecté pour éviter une infection secondaire de la plaie. Pendant ce séjour de cicatrisation de la plaie, il faudrait aussi éviter l’infection acquise à l’hôpital « Hospitalisme infectieux » ou infection nosocomiale. 25 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 8-Prise en charge des plaies [17] 8-1-Plaies diabétiques La prise en charge d’une plaie chez un patient diabétique se doit d’être globale : En plus des mesures locales, il faut s’assurer que l’équilibre métabolique soit correct, faire le bilan des complications du diabète, en particulier rénal qui peuvent alourdir le pronostic et vérifier l’état nutritionnel des patients souvent âgés et dont l’apport protéique est parfois insuffisant. Avant toute prise en charge de la plaie proprement dite, un bilan local initial est indispensable, permettant notamment d’évaluer le degré d’extension de la plaie et sa gravité, l’existence d’une infection associée. De ce bilan et de la classification de la plaie dépendra la conduite thérapeutique. Quatre étapes se succèdent dans la prise en charge : -La décharge -la détersion -Le nettoyage -Le recouvrement de la plaie. Nous ne devons pas oublier de pratiquer l’insulinothérapie. Devant une plaie infectée du pied chez le diabétique, l’attitude pratique et l’antibiothérapie vont dépendre de trois éléments : la sévérité de l’infection, la profondeur de la lésion et l’existence d’une ostéite. Ces critères permettent de retenir schématiquement quatre situations cliniques. Première situation : absence de signe infectieux, septique ou inflammatoire, absence de signe d’ostéite. Dans ce cas l’antibiothérapie et les prélèvements n’ont aucune indication. Deuxième situation : infection modérée. Elle se traduit par une rougeur péri lésionnelle, ou une augmentation de la chaleur locale, un œdème ou un 26 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS écoulement purulent modéré, mais sans signe d’extension profonde, régionale ou générale. Les prélèvements sont nécessaires et les soins locaux sont essentiels car souvent suffisants. Si besoin, et notamment en cas d’impossibilité d’avoir une surveillance quotidienne, une mono antibiothérapie peut être utilisée per os pour une durée de 10 à 20 jours : le choix de la molécule est difficile car il doit osciller entre l’efficacité et la crainte de la sélection des germes multirésistants. On peut discuter entre autres le recours à l’association amoxycilline + acide clavulanique ou une céphalosporine de première génération ou la roxythromycine ou la clindamycine ou la pristinamycine qui sera cependant réservée aux situations suspectes de résistance bactérienne. Troisième situation : C’est une infection sévère. Il peut s’agir d’une infection locale « menaçante », extension en profondeur avec exposition d’une aponévrose, d’un tendon ou de l’os, présence d’un abcès, d’un phlegmon, d’un écoulement purulent important ou d’une nécrose faisant alors craindre une ischémie associée. Il peut s’agir d’une extension régionale (adénopathie, lymphangite) ou d’une extension systémique (fièvre, frissons, hypotension). Dans tous les cas l’hospitalisation urgente est nécessaire permettant de mettre le patient en décharge d’appui, de faire les prélèvements immédiats, le bilan radiologique et vasculaire et de discuter avec les chirurgiens l’indication d’une exérèse rapide des tissus nécrosés. La décharge d’appui est indispensable. Une antibiothérapie probabiliste doit être débutée par l’administration parentérale de deux à trois antibiotiques. Il importe de réévaluer à 48h ou 72h l’adaptation des molécules aux germes retrouvés, tout en limitant le plus possible le spectre de leur activité. 27 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Quatrième situation : suspicion d’ostéite. Certains signes cliniques sont très évocateurs d’une ostéite : exposition de l’os ou d’une articulation, mobilité articulaire complète, contact osseux dur et rugueux lors de l’exploration de la plaie avec un stylet métallique stérile. La radiographie standard doit être systématique devant une lésion du pied chez un diabétique. Une antibiothérapie à bonne diffusion est indiquée dans cette dernière situation pour une durée de 6 à 10 semaines qui peut être réduite de 2 à 3 semaines en cas d’exérèse chirurgicale du foyer d’ostéite. 28 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Iconographie 1 : Plaie suintante chez un diabétique Iconographie 2 : Plaie gangreneuse et membre amputé chez un diabétique 8-2-Plaie de la face : Très fréquente chez l’enfant et souvent de petite taille. Elles ne doivent pas pour autant être négligées. Une suture par du fil à peau type Flexion tm 6 /0 permet le plus souvent pour des plaies non contuses, une cicatrisation rapide sans préjudice esthétique. Il faut éviter de raser les sourcils. 29 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS En cas de plaies importantes intéressant les lèvres, le nez, les paupières ou les oreilles, et ce d’autant que la peau est déchiquetée ou qu’il existe des lambeaux de vitalité douteuse, il est préférable de réaliser un bilan lésionnel et une réparation chirurgicale sous anesthésie générale au bloc opératoire. Iconographie 3 : Plaie large suturée de la face en voie de cicatrisation 8-4-Les plaies des membres inférieurs : Les plaies des membres inférieurs chez l’enfant sont souvent secondaires à des chutes ou des accidents de la voie publique. Ce sont fréquemment des contusions ouvertes et la vitalité cutanée est mauvaise surtout sur la face antéro-interne du tibia où il n’y a pas de couverture musculaire. Il faudra donc bien suivre ces enfants en consultation en raison du risque de nécrose ultérieure. Un drainage par faisceau de crin (plaies déchiquetées) ou par un redon type manovac tm (pour les lambeaux de décollement) est le plus souvent nécessaire. Iconographie 4 : Plaie de la face interne de la cuisse gauche 30 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Iconographie 5 : Plaie nécrosée au niveau de la jambe 8-3-Plaies des mains : Le bilan lésionnel ici est essentiel et il doit se baser sur l’examen clinique initial et une exploration rigoureuse de la plaie. En cas de doute sur une lésion vasculaire, tendineuse ou sur l’atteinte d’un nerf collatéral, une réparation au bloc s’impose. 8-5-Morsures et griffures : Les atteintes sont variables de la plus simple éraflure épidermique à la perte de substance. Ces morsures exposent à un risque infectieux très important. Pour des plaies ponctiformes, on évitera de réaliser une suture. Les plaies intéressant 31 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS la face pourront bénéficier d’une suture sous couvert d’un drainage par faisceaux de crins et une surveillance régulière toutes les 24 heures. Pour des plaies importantes il faudra faire un plan sous cutané et prévoir un drainage. Selon la plaie une courte hospitalisation pourra être justifiée. 8-6-Pertes de substances : L’avulsion cutanée de la pulpe des doigts chez l’enfant aboutit souvent à de bons résultats grâce à une cicatrisation dirigée. Il faut bien suturer le lit de l’ongle et repositionner celui-ci. On peut exceptionnellement pour de grosses pertes de substances, après échec de la cicatrisation dirigée, faire une greffe de peau (totalement prélevé au pli de l’aine ou en résile prélevé sur la face antéro-interne de la cuisse). Les pertes de substances sont illustrées par l’iconographie 6 ci-après. Iconographie 6 : Perte de substance au niveau de la face Interne du tibia 8-7-Abcès : Il témoigne de l’évolution d’une plaie mal ou incomplètement traitée. La peau est rouge, infiltrée, les douleurs sont intenses, pulsatiles, parfois une lymphangite et des ganglions à la racine du membre sont témoins de la diffusion de l’infection. 32 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Il faut attendre la survenue de la fluctuation en plaçant deux doigts au centre de la tuméfaction on applique avec l’autre main des secousses en périphérie, les deux doigts centraux sentent les vagues. Le traitement consiste en l’incision, l’effondrement des logettes, le drainage. Il faut toujours attendre la fluctuation pour inciser. 9-Phase de la cicatrisation d’une plaie non suturée [2] : Une plaie non suturée évolue en trois phases ci-dessous : -Une phase de comblement et de granulation d’abord d’aspect inflammatoire, la plaie est le siège d’une prolifération conjonctive riche en vaisseaux : c’est le bourgeon charnu. -Une phase de contraction des berges réalisant la perte des substances -Une phase d’épidermisation qui se réalise de la périphérie vers le centre réalisant la cicatrisation. C’est une cicatrisation de première intention. 9-1-La phase d’inflammation L’inflammation est un mode de défense de l’organisme contre une agression physique (traumatisme). Elle est caractérisée par les signes cliniques qui sont : Gonflement provoqué par la formation d’exsudat ; Rougeur et chaleur dues à la vasodilatation Douleur due à une pression exercée sur les fibres nerveuses. 9-2-La phase de prolifération ou phase de granulation La prolifération est la multiplication rapide de cellules par division sans différenciation. Au cours de cette phase, les fibroblastes, stimulés par les macrophages apparaissent en grande quantité. Ils produisent les fibres de collagènes et de l’élastine. C’est par cette matrice de soutien du tissu conjonctif que les macrophages, les cellules endothéliales et les fibroblastes se dirigent vers le fond de la plaie. La formation de collagène dépend de la présence de vitamine C, d’oxygène et de fer. La production de ces tissus atteint son pic à la fin de la première semaine après l’apparition de la plaie. 33 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 9-3-La phase de maturation La maturation est le processus menant au développement complet des cellules. Les fibroblastes se différencient en myofibroblastes qui agissent comme des petits faisceaux musculaires et provoquent la contraction de la plaie. C’est également à ce stade que commence l’épithélialisation (formation de nouvelles cellules épithéliales) qui protège la plaie contre la déshydratation et la contamination par les micro-organismes. Dans le cas d’une plaie suturée, ce processus se déroule dans les 24 heures. 9-4-Phase de la cicatrisation La cicatrisation est la répartition spontanée d’un tissu de l’organisme atteint d’une lésion, aboutissant généralement à une cicatrice. Des couches de tissu plus profondes sont remplacées par du tissu conjonctif ou cicatriciel. 10-Caractère d’une cicatrisation [2] 10-1-Cicatrisation de première intention : Suite à une plaie suturée soigneusement, il n’y a pas de brèches entre les berges, la cicatrisation est linéaire. 10-2-Cicatrisation de seconde intention : Elle fait suite à une épidermisation de la périphérie vers le centre. 10-3-Cicatrisation pathologique : Ce sont les cicatrices chéloïdes, étoilées, rouges, et saillantes. La cicatrisation pathologique peut être consécutive à une infection persistante dans le cas où il y a certains agents bactériens qui sévissent par leur pouvoir pathogène et leur contamination préférentielle. Ces germes sont classés dans le tableau figurant à la page suivante en fonction de leur pouvoir pathogène et de leur contamination préférentielle. 34 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 11-Classification de quelques agents bactériens en fonction de leur pouvoir pathogène et leur contamination préférentielle [4]. Bactérie en cause -Clostridium protéolytique* Clostridium sporogenes Clostridium biformentans -Clostridium toxigène* Clostridium perfringens Clostridium septicum Clostridium sordellü Clostridium histolitycum Clostridium tetani* Streptocoque bêta-hemolytique (n) du groupe A Autres bactéries : -Staphylococcus aureus -Bacille anaérobies gram négatif : (bactéroïdes) -Peptostreptococcus -Entérobactéries (Acinetobacter) -Pseudomonas aeruginosa -Enterocoques Pouvoir pathogène Cellulite Myosite Gangrène Gazeuse (myonécrose+signes systémiques) cellulite myosite Tétanos Myosite Cellulite gangreneuse streptococcique Infections localisées parfois crépitantes avec ou sans diffusion septicémique Contamination préférentielle Au Secondaire moment de la blessure( primaire) +++ _ ++ _ ++ _ ++ ++ + ++ ++ + + + + + /+ ++ ++ ++ + ++ 35 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 12-Résistance bactérienne [18, 19] La résistance bactérienne aux antibiotiques est un facteur majeur compliquant la chimiothérapie antibactérienne et le contrôle des maladies infectieuses et de la dissémination des souches multirésistantes . Elle se manifeste par son caractère naturel ou acquis, son mécanisme et son support génétique. 12-1-Notion de résistance Chaque antibiotique possède un spectre d’activité, c’est-à-dire un éventail d’espèces bactériennes « sensibles » qu’il peut inhiber à certaines concentrations. Une espèce qui n’entre pas dans le spectre d’activité d’un antibiotique est dite résistante. 12-2-Types de résistance 12-2-1-Résistance naturelle La résistance naturelle est une caractéristique propre appartenant à l’ensemble des souches d’une espèce bactérienne ou d’un même genre bactérien. Son support est génétique, généralement chromosomique. Son mécanisme est cependant variable. 12-2-2-Résistance acquise La résistance acquise ne s’applique qu’à certaines souches au sein de la même souche d’espèce bactérienne. Elle apparaît chez quelques souches d’une espèce normalement sensible à un antibiotique. Elle est due à une modification génétique : mutation ou apport de matériel génétique étranger. 12-3-Mécanisme de résistance Trois mécanismes principaux sont responsables de la résistance aux antibiotiques. 12-3-1-Modification de la cible des antibiotiques Elle peut être due à une substitution de la cible, soit à la diminution de l’affinité de la cible pour l’antibiotique (modification de cible de protection). 12-3-2-Diminution de la perméabilité bactérienne 36 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Elle entraîne une diminution de la concentration d’antibiotique, qui devient insuffisant, dans l’espace péri-plasmatique ou dans le cytoplasme. La diminution de la quantité d’antibiotique à l’intérieur de la bactérie peut être due à la diminution de la perméabilité bactérienne vis-à-vis de l’antibiotique de l’intérieur vers l’extérieur de la bactérie. 12-3-3-Synthèse d’enzyme inactivant les antibiotiques Plusieurs de ces mécanismes de résistance peuvent coexister chez une même bactérie et agir en « synergie », conférant une résistance plus élevée aux antibiotiques d’une même famille mais également, surtout en cas de modification de la perméabilité, à des antibiotiques de famille différente. 12-4-Support génétique La cellule bactérienne contient un matériel génétique double : un chromosome (le noyau) portant des informations génétiques et un ou plusieurs plasmides dans son cytoplasme. La résistance peut être codée soit par le chromosome bactérien, elle est dite chromosomique, soit par le plasmide, elle est dite plasmidique. 12-4-1-La résistance chromosomique Il peut s’agir : - d’une mutation ponctuelle soit dans un gène de régulation entraînant, par exemple, une hyper-production d’enzyme inactivant les antibiotiques, soit dans le gène de structure modifiant le spectre d’une enzyme ; - d’un remaniement du génome. 12-4-2-La résistance plasmidique La résistance plasmidique peut être due à différents mécanismes : - Une altération de la cible de l’antibiotique - Une modification du transport de l’antibiotique (diminution de l’import actif ou mise en œuvre d’un export actif) -Une inactivation de l’antibiotique et la substitution de la cible de l’antibiotique. Les plasmides de résistance peuvent se trouver au niveau du génome bactérien. 37 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS A l’inverse, on peut retrouver des transposons initialement localisés au niveau du chromosome, sur des plasmides. 12-5-Résistance aux bêta-lactamines 12-5-1-Les bactéries à gram négatif -Production de bêta-lactamases C’est le mécanisme le plus important. Les bêta-lactamases sont des enzymes d’inactivation du cycle bêta-lactame. Elles sont classées schématiquement en pénicillinase et céphalosporinases. LES PENICILLINASES Elles hydrolysent préférentiellement les pénicillines et de manière plus faible les céphalosporines de première génération. Il existe une grande variété de pénicillinases, pouvant être spécifiques à un genre ou largement distribuées. Elles sont inhibées par les inhibiteurs de bêtalactamase comme l’acide clavulanique, le tazobactam ou le sulbactam. Une augmentation importante de la production de bêta-lactamase peut là aussi être responsable de la résistance aux inhibiteurs de bêta-lactamase depuis quelques années ; les bêta-lactamases à spectre élargi (BSLE) sont apparues, elles inactivent la plupart des bêta-lactamines ; y compris les céphalosporines de troisième génération et l’aztréonam. Elles sont généralement chromosomiques et spécifiques d’une espèce. LES CEPHALOSPORINASES 38 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Elles sont généralement chromosomiques et inductibles. Elles hydrolysent les pénicillines et surtout les céphalosporines de première génération. Lorsqu’elles sont hyperproduites, elles peuvent hydrolyser les céphalosporines de 3ème génération et entraîner la résistance à ces antibiotiques. -Diminution de la perméabilité Elle entraîne une réduction de la diffusion de l’antibiotique dans l’espace périplasmatique et par la même occasion, une réduction de la quantité des bêtalactamines pouvant accéder à sa cible. -Modification de la cible Il existe sur la membrane cytoplasmique des bactéries des protéines liant la pénicilline (PLP) qui sont les cibles spécifiques des bêta-lactamines. La résistance aux bêta-lactamines peut être acquise soit par une augmentation de la quantité des (PLP), soit à l’origine d’une perte d’affinité. 12-5-2-Les bactéries à gram positif Cette résistance se fait par une production de pénicillinase et une modification des PLP à la base de la résistance à la méthicilline pour le staphylocoque. 12-5-3-La méthicillino-résistance Pour Staphylococcus aureus méthi-R, la résistance est due à la synthèse d’une nouvelle PLP 2a pour laquelle les bêta-lactamines n’auraient qu’une faible affinité. Il faut noter également l’existence des souches hyperproductrices de bêtalactamine, les souches BORSA (Borderline Staphylococcus aureus), qui sécrètent une quantité importante de bêta-lacatmase qui n’ont pas de résistance intrinsèque (pas de PLP 2a). Pour ces souches il y a restauration de la sensibilité si l’oxacilline est associé à un inhibiteur de bêta-lactamase. Il n’y a pas de résistance associée en général. 39 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 12-6-La résistance aux aminosides 12-6-1-Résistance naturelle aux aminosides Elle concerne les bactéries anaérobies strictes et les bactéries aéro-tolérantes qui sont naturellement résistantes aux aminosides. Certains aérobies à gram négatif comme les souches de pseudomonas aeruginosa sont résistantes à divers aminosides. 12-6-2-Résistance acquise aux aminosides La résistance acquise se fait selon un certain nombre de mécanismes : -Altération de la cible -Interférence avec le transport de l’antibiotique dans la cellule, -Détoxification enzymatique des antibiotiques (plasmides). 12-7-Résistance aux fluoroquinolones Deux groupes de mécanismes de résistance ont été décrits pour les fluoroquinolones : défaut ou mauvaise affinité de la cible, défaut de pénétration ou système d’efflux. A l’heure actuelle, aucune enzyme d’hydrolyse des quinolones n’a été décrite. 12-8-Quelques résistances bactériennes acquises en pathologie infectieuse [19] • Les staphylocoques résistants aux bêta-lactamines Aussitôt l’apparition de la pénicilline G, en thérapeutique anti-infectieuse en 1945, se sont développées des résistances par sécrétion de pénicillinase. Actuellement près de 100% des souches de staphylocoque dorés sont résistants à la pénicilline, dans les pays industrialisés. Dans les pays en voie de développement, la proportion de résistance est plus faible (par exemple 70% environ en Afrique de l’Ouest). De plus, depuis une quinzaine d’années ; s’est développée parmi les staphylocoques, surtout en milieu hospitalier, une résistance aux pénicillines du groupe M qui restaient actives sur les souches sécrétrices de pénicillinase. Cette souche dite méti-R ou « oxa-R » ou « hétérogènes » (modification de la cible moléculaire par mutation chromosomique) peuvent représenter jusqu’à 40 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 30% des staphylocoques dans certains hôpitaux. Elles compliquent beaucoup le traitement des infections qu’elles causent (septicémies, ostéites…). • Les bactéries responsables d’infections « nosocomiales » sont souvent multi-résistante en milieu hospitalier : Klebsiella, Enterobacter, serratia, acinetobacter, pseudomonas aeruginosa (pyocyanique) 13-Traitement de l’infection Pour être efficace, le traitement médical doit être précédé des mesures strictes d’hygiène et de prévention de l’infection : -L’hygiène individuel (se laver les mains avant et après chaque soin administré à un malade, porter des gants lors des prélèvements) -Stériliser les matériels de soin après chaque soin. -Autant le personnel que les malades doivent être vaccinés contre différentes maladies infectieuses. -Le personnel doit veiller à ce que les salles d’hospitalisation ne soient pas souillées. -Répartir les malades selon le degré d’infection. 13-1-Le traitement préventif 13-1-1-Les principales caractéristiques des antibiotiques utilisables en prophylaxie à travers le tableau ci-dessous à la page suivante [4, 20] Antibiotique Bêta-lactamines PénicillineG Voies d’administration IM-IV Demi-vie Spectre d’activité. Indications Anaérobies(sauf B.fragilis) Avantages Inconvénients Très bonne diffusion Courte ½ vie action sur les 41 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS PénicillineV PO ½h Pénicilline A IM-IV-PO 1h-1h30min Penicilline M IM-IV-PO ½ h-1h Carboxypénicilline IV 1h-1h12min Uréidopénicilline IM-IV Bacilles gramsurtout pseudomonas 48min-1h12min Spectre élargi à celui des amino-et carboxypénicillines Céphalosporine IM-IV-PO de 1ère et 2ème génération 1/2h-1h Céphalosporine IM-IV de 3ème génération 1h-8h Aminosides 2h-3h IM-IV Fluoroquinolones IV-PO 4à12 Nitro-imidazolés 7-8 (Métronidazol) 1214(ornidazol) PO-IV Streptocoques Staphylocoque non producteurs de pénicillinases Cocci gram+ et gram-,bacilles gramet non producteurs de bêta-lactamase Staphylocoques principaux agents de Allergies gangrènes Spectre élargi à quelques entérobactéries et entérocoques Active sur Staphylococcus aureus Risque sélectif accru Allergies 10à30% de staphylocoque résistants à l’hôpital Résiste à l’hydrolyse des céphalosporinases Bonne élimination biliaire et rénale Antibioprophylaxie digestive Posologie à adapter en cas d’insuffisance rénale Risque sélectif accru Staphylocoque méti Les céphamycines Non active sur les S sont actives sur les entérocoques Stretocoques bactéroïdes Quelques bacilles gram Elargi aux bactéries 1injection/j pour la Risque de gramceftrixone(la plus sélection d’un longue 1 /2 vie mutant producteur de cephalosporinase( P.aeruginosa) Large sauf Mauvaise anaérobies et diffusion dans les streptocoques, tissus graisseux, inactivés par l’acidose locale Oto et néphrotoxicité Large sauf Excellente diffusion. Sélection rapide anaérobies et Respect de l’équilibre des bactéries par streptocoque de la flore intestinale mutation(prix élevé) Bactéries Résistance anaérobies y exceptionnelle compris bactéroïdes longue1/2 vie de l’ornidazol(1injection/ J)Bonne diffusion tissulaire Deux conditions sont primordiales pour une antibioprophylaxie efficace : 42 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS -L’antibiotique doit être efficace sur les bactéries visées de préférence bactéricide. -L’antibiotique doit arriver à une concentration efficace dans le site lésé et rester en contact avec les bactéries suffisamment longtemps pour permettre d’attendre le parage chirurgical et le relais par les mécanismes de défense de l’organisme. Les conditions pharmacodynamiques constituent le principal élément limitant l’action d’un antibiotique théoriquement efficace. En effet, l’état de choc, la déficience circulatoire dans la zone lésée s’oppose à une bonne diffusion. L’acidose est un important facteur d’inactivation d’antibiotique comme les aminosides. La voie veineuse sera seule indiquée dans le cas des blessés en état de choc, la voie intramusculaire étant autorisée chez les blessés équilibrés sur le plan vasculaire et hydro-électrolytique . La voie orale qui nécessite une forte absorption intestinale pour atteindre des concentrations suffisantes, n’est pas toujours utilisable. La voie locale permet d’atteindre rapidement in situ de fortes concentrations mais avec des problèmes de diffusion dans les zones délabrées et nécrosées. Insistons sur le fait que la chirurgie, en éliminant des zones de nécrose, et de compression favorise la diffusion du médicament. La récente expérience de Falkands le confirme. D’autres aspects pratiques sont à prendre en compte : -Une longue demi-vie limitant la fréquence des injections -La facilité d’administration -L’absence de toxicité et une bonne tolérance -Une gestion logistique facile. Bon rapport qualité, prix, disponibilité quantité et facilité de stockage de quelques produits bien choisis. -Un spectre d’activité étroit peut être un avantage, évitant la sélection des bactéries résistantes aux antibiotiques susceptibles de créer des difficultés thérapeutiques ultérieures ; cet élément est souligné par des auteurs israéliens, suite au conflit isrélo-arabe de 1973. 13-1-2-La vaccination [20] 43 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS La vaccination antitétanique est obligatoire. C’est une anatoxine qui confère une protection complète pendant au moins 10 ans, partielle entre la dixième et la vingtième année. Il n’y a pas de contre indication à la vaccination antitétanique. Les effets secondaires de la vaccination antitétanique sont rares mais nous pouvons citer comme effets secondaires : 9 réactions cliniques, précoces (quelques heures), locales (infiltration douloureuse) parfois générales, éphémères et bénignes, observées surtout lors des revaccinations des adultes (1 à 3%) 9 réaction locale retardée (1 à 2 semaines) 9 accidents anaphylactiques exceptionnels 9 neuropathies périphériques (réversibles) : rares et discutées 13-2-Traitement curatif 13-2-1-Antibiothérapie « Antibiothérapie empirique » ne signifie pas toujours une antibiothérapie (ATB) à large spectre, avec les molécules les plus récentes ou l'emploi d'un amalgame d'antibiotiques (ATB). Elle doit être raisonnée en fonction du foyer primitif, de la provenance du patient et de ses particularités, et de l'écologie bactérienne de l'unité où le patient est hospitalisé. · L'ATB empirique s'adresse soit à des patients ayant un état septique grave, soit à des patients immunodéficients, soit lorsque l'infection intéresse un site aux défenses immunitaires faibles ou inexistantes (méninges par exemple). · L'ATB empirique est toujours associée aux traitements symptomatiques de l'infection, et à l'éradication (lorsque cela est possible) du foyer infectieux. · Elle est toujours précédée de prélèvements bactériologiques orientés. · Le choix de l'ATB se fait en fonction de son spectre d'action, de ses propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques. 44 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS · Le spectre d'action de l'ATB doit être adapté aux germes les plus fréquemment rencontrés au niveau du site infectieux. · L'association de deux ATB a trois avantages importants : l'élargissement du spectre d'activité, l'accroissement de la vitesse de bactéricidie (synergie) et la limitation de l'émergence de souches résistantes. · Une infection nosocomiale nécessite toujours l'emploi d'une bithérapie en particulier en cas de suspicion d'infection à P. aeruginosa ou à bacilles à Gram négatif multirésistants. · Après 48 heures, le traitement doit toujours être réévalué en fonction du contexte clinique et bactériologique. 13-2-2-Critère de choix d’un antibiotique [21] Lorsque le médecin décide d’utiliser un antibiotique, son choix doit être guidé par trois critères majeurs : la nature du germe en cause, la nature du site infectieux, le type de terrain sur lequel survient l’infection. 13-2-2-1-Choix d’un antibiotique en fonction de l’agent pathogène et de sa sensibilité aux antibiotiques L’antibiothérapie doit être adaptée au germe responsable de l’infection. La connaissance de l’agent pathogène, et par suite sa sensibilité aux antibiotiques, constitue l’un des critères souhaités, notamment en cas d’infections sévères. 45 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Reconnaissance de l’agent pathogène L’étiologie bactérienne est probable En pratique de ville, il est de très nombreuses circonstances où le contexte clinique, épidémiologique et saisonnier fournit une présomption suffisante quant au germe responsable pour que l’on puisse se dispenser d’examens bactériologiques, d’autant plus que leur réalisation est parfois délicate. A l’hôpital, les examens bactériologiques ne sont pas toujours positifs, mais la bactérie est suspectée sur les mêmes arguments. Il faut mentionner ici le rôle possible du laboratoire dans le diagnostic de probabilité bactérienne. En effet, l’examen direct visualisant les colonies, leur forme, leur aspect, les colorations, en particulier de Gram, sont autant d’examens d’orientation possibles. De même certaines techniques de diagnostic rapide précédemment mentionnées peuvent s’avérer d’un recours précieux, comme pour les méningites. Au total, le praticien aboutit à un diagnostic de probabilité bactériologique sur la confrontation de plusieurs facteurs comprenant : • L’origine de l’infection, communautaire ou nosocomiale, cette dernière favorisant les bacilles Gram négatifs résistants, les staphylocoques méticillines-résistants, en fonction de la flore particulière à certains services spécialisés et variant suivant la pression de sélection des antibiotiques et l’utilisation des techniques médico-chirurgicales invasives • La nature du site infectieux : ainsi certaines bactéries possèdent un tropisme particulier lié à des propriétés d’adhérence bactérienne ou sont capables de modifier les conditions locales : Ex : Haemophilus influenzae, organisme commensal des voies aériennes supérieures est capable de ralentir la fréquence de battements ciliaires, d’où une adhérence accrue à l’épithélium. 46 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Ex : Staphylococcus epidermidis est capable d’adhérer à la surface du matériel étranger et de produire une substance appelée « extracellular sline substance » adhérente à cette surface et possédant des propriétés biologiques particulières. • L’âge, notamment pour les infections ORL, ostéoarticulaires, bronchopulmonaires et méningées • Le tableau clinique notamment l’existence simultanée de signes extérieurs au seul organe touché • Les antécédents, le terrain sous-jacent (tableau ci-dessous) : il faut notamment tenir compte de la récidive éventuelle de l’infection et d’une antibiothérapie récente. 47 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Tableau : Etiologies bactériennes les plus fréquentes en fonction du terrain Sous-jacent. Germes régulièrement incriminés dans Terrain les infections sur ce type de terrain Diabète Staphylocoque, Pneumocoque, bacilles gram négatifs Cirrhose alcoolique (Pneumopathies - Pneumocoque aiguës, ascite -Staphylocoque infectée, - Anaérobies septicémie) -Haemophilus influenzae -Klebsiella pneumoniae Splénectomisés Pneumocoque + + Haemophilus influenzae, méningocoque Drépanocytaires Pneumocoque + + Salmonelles Gram positif Staphylocoque + + Hémodialysé chronique (Shunt AV) (80-90%) Streptocoque Gram négatif Corynébactéries E.coli Cancers -Bacilles gram négatifs Traitements (Entérobactéries, Pseudomonas) Immunosuppresseurs -Staphylocoque -Bactéries intracellulaires -Parasites = Pneumocystis carinii Toxoplasmose -Levure = candida, aspergillus Héroïnomanes Staphylocoque doré + + Bacilles gram négatifs (BGN) Shunts en neurochirurgie(dérivation Méningites Staphylocoque épiventriculo-péritonéales, etc) Péritonites dermidis + + Abcès de paroi Staphylocoque doré Mucoviscidose Pseudomonas + + Staphylocoque 48 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS • Le contexte épidémiologique particulier (ex : profession exposée, contact avec des animaux, épidémie actuelle, etc.) Rôle de la sensibilité de la bactérie dans le choix thérapeutique La situation idéale pour le praticien est celle où la bactérie isolée permet une étude de sa sensibilité à une gamme d’antibiotique. Mais le plus souvent, le thérapeute est contraint de prescrire en l’absence d’isolement bactérien mais sur forte suspicion de germe. En ville Pour la plupart des infections extra-hospitalières et pour les infections hospitalières peu sévères, les germes ont une sensibilité connue et peu évolutive. Le choix est donc opéré en fonction de la sensibilité habituelle du germe présumé. A l’hôpital Pour les infections sévères notamment hospitalières, la sensibilité de la bactérie mérite d’être mesurée. En effet de nombreux facteurs sont capables en un lieu donné de modifier cette sensibilité habituelle : -des facteurs liés aux conditions locales du site infectieux : inoculum bactérien, ph, anaérobiose -des facteurs liés à l’écologie bactérienne des services en fonction des habitudes de prescription (pression de sélection antibiotique, résistance acquise) -enfin les techniques de l’évaluation in vitro de la sensibilité. 49 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 13-2-2-2-Choix d’un antibiotique en fonction de l ‘accessibilité au site infectieux La nature du site infectieux conditionne doublement le choix de l’antibiotique. D’une part, nous l’avons vu, en favorisant le type de germe en cause, d’autre part en imposant l’utilisation d’antibiotique diffusant in situ. En effet pour qu’un antibiotique soit actif, il est indispensable qu’il parvienne sur les lieux de l’infection à concentration suffisante pour exercer son effet antibactérien. L’étude de la diffusion tissulaire vise deux buts : -Savoir si les concentrations obtenues in situ sont suffisantes (à posologie et voie d’administration données) pour agir de manière efficace sur le germe. -Mettre en évidence des phénomènes d’accumulation spécifique, d’intérêt thérapeutique ou toxicologique. -Des caractéristiques physico-chimiques des molécules : liposolubilité, solubilité dans l’eau, caractère ionisé ou non, ph, taille et structure de la molécule ; -Des propriétés pharmacocinétiques des molécules. Le volume apparent de distribution est le paramètre habituellement utilisé pour apprécier la diffusion tissulaire, mais d’autres interviennent aussi, comme la liaison aux protéines et surtout la force de liaison. Enfin, il faut savoir que, même parvenu au site infectieux, un antibiotique est encore susceptible d’y subir l’influence des conditions locales (ph, anaérobiose, effet inoculum, sécrétions d’enzyme inactivatrices..) qui peuvent expliquer un échec thérapeutique. 50 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Listes des antibiotiques diffusant dans le parenchyme cérébral par voie générale en cas de suppuration intracrânienne : Chloramphénicol Aminopénicilline Uréidopénicillines Imidazolés Liste des antibiotiques diffusant dans le tissus ostéo-articulaire : Quinolones systémiques Synergistines Lincosamides Cyclines Rifampicine Fosfomycine Acide fusidique Aminosides Bêta-lactamines 13-2-2-3-Choix d’un antibiotique en fonction du terrain sous-jacent En fonction des états physiologiques et pathologiques, le choix de l’antibiothérapie peut être fortement influencé, nécessitant soit son exclusion soit des précautions toutes particulières. Rôle de l’état physiologique -Antibiothérapie chez l’enfant Chez l’enfant, la pharmacocinétique rejoint celle de l’adulte. La plupart des bêta-lactamines, les aminosides, les macrolides posent peu de problèmes. Certains antibiotiques potentiellement toxiques ne doivent être utilisés qu’en dernier recours (ex : Phénicolés), compte tenu de l’efficacité d’autres molécules mieux tolérées (céphalosporines de 3ème génération). 51 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Pour des infections sévères chez des enfants fragiles, l’utilisation de certains molécules nécessite des dosages sériques : aminosides, vancomycine (phenicolés). -Antibiotique et allaitement. Les antibiotiques utilisés chez une femme en état de grossesse sont répertoriés dans le tableau ci-dessous selon la période de la grossesse. Tableau : Antibiotiques utilisables au cours de la grossesse. Antibiotiques Période Période Période Allaitement embryonnaire fœtale Prénatale + + + + Pénicilline G + + + + Méthicilline + 0 + + Oxacilline et cloxacilline + + + + Ampicilline/Amoxicilline + + + + Céphalosporine + + + + Colistine + 0 0 0 Aminosides + 0 0 0 Cyclines + 0 0 0 Phénicoles + 0 0 0 Macrolides + 0 0 0 Lincomycine-Clindamycine + 0 + 0 Sulfamides/Cotrimoxazole + + + + Rifampicine + + + 0 Métronidazole + 0 + 0 Furanes + 0 + 0 Quinolones 0 Oxyquinoléines + : Antibiotiques autorisées sans arrière pensée pour la période considérée 0 : Antibiotiques pour lesquels la toxicité manifeste ou l’absence de renseignements actuels n’autorise l’emploi que sur indication bactériologique précise pour une infection engageant le pronostic vital maternel ou fœtal. 52 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS -Antibiothérapie du sujet âgé Le vieillissement s’accompagne de modifications de la pharmacocinétique responsables de variations de l’activité et de la toxicité des médicaments. Ces variations sont différentes suivant les antibiotiques concernés. Les modifications les plus fréquentes sont : • Le ralentissement de l’absorption digestive, • L’allongement de la demi-vie plasmatique • La diminution de l’élimination urinaire • L’augmentation des concentrations plasmatiques en rapport avec une altération de la fonction rénale. Il est plus prudent d’utiliser pour ces sujets des antibiotiques à spectre étroit. Enfin pour les infections sévères, la voie parentérale est à préférer du fait des variations de l’absorption digestive. Rôle de l’état pathologique -Antibiotique et insuffisance rénale La plupart des antibiotiques sont éliminés de façon prédominante ou exclusive par voie rénale. La néphrotoxicité directe de certains antibiotiques et les risques toxiques extra-rénaux dus à l’accumulation du produit justifient des précautions particulières en cas d’utilisation chez un patient présentant préalablement une insuffisance rénale. -Antibiotique et insuffisance hépatique Aucun test fonctionnel hépatique ne permet d’estimer quantitativement la réduction du métabolisme des médicaments au cours des maladies du foie. C’est pourquoi il est prudent au cours des insuffisances hépatiques majeurs : • d’éviter les antibiotiques Chloramphénicol fortement (glycuro-conjugaison métabolisés à 90%, par alors le foie : que le Thiamphénicol n’est pas métabolisé.), rifampicine (désacétylation à 2030%), Acide fusidique ; 53 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS • d’éviter ou de réduire la posologie des antibiotiques à élimination biliaire exclusive ou prédominante, en particulier s’il existe une insuffisance rénale associée : Cyclines, Erythromycine, Oléandomycine, Spiramycine, Métampicillline, Céfopérazone, Ceftriazone, Céfamandole. -Antibiotiques et insuffisance cardiaque L’apport sodé massif de certains antibiotiques justifie des précautions particulières. Il peut être responsable de fuite urinaire de potasium avec hypokaliémie pouvant induire des troubles du rythme cardiaque (torsade de pointe, etc..), d’hypocalcémie, d’hypophosphorémie. 13-2-2-4-Tableau répertoriant l’utilisation de quelques antiseptiques [22] Type de lésion Plaie superficielle Plaie profonde Peau brûlée Objectifs Antisepsie sur plaie non détergée Antisepsie sur plaies détergée Famille antiseptique Mercuriels Amoniums quaternaires Mercuriels Alcool iodé-iodophoré Chlorhexidine-hypochlorite Lavage des cavités Hypochlorite Chlorehexidine Iodophorés Balnéation(Hôpitaux Hypochlorite d’infrastructure) Chlorehexidine-iodophore Protection au cours -Acétate de mafemide du transport (Sulfamylon) crème 11,5% -Sulfadiazine argent (Flammazine) Flammazine crème 1%. -Sulfadiazine nitrate de sérium (Flammaserium) Qualité souhaitées Antisepsie détergence tolérance ++ ++ ++ + + +/- + + + +/- + + + + 0 +++ ++ 0 +++ 54 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Spécialité des antiseptiques: Mercuriels (Mercryl) Iodophorés : Polyvinyl pyrolidone iodé (Bétadine) Chlorhexidine (Hibutane) Hypochlorite (Liqueur de dakin) -Définition des antiseptiques :Ce sont des substances chimiques permettant la désinfection locale des tissus vivants. Ils agissent par dénaturation des protéines, blocage du métabolisme ou altération des membranes des microorganismes. Exemple de dénaturation des protéines [23] ADN intégral A T C G Liaison d’hydrogène T A G C A T C G T A G C ADN dénaturé Avant l’utilisation d’un antiseptique, il est nécessaire de : • Faire un lavage de la plaie au savon • Faire un brossage de la plaie • Faire le parage de la plaie -Toxicité des antiseptiques : la toxicité des antiseptiques est augmentée par des pansements occlusifs et la désinfection de larges surfaces cutanées (nouveaunés). 55 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS -Sensibilité des germes aux antiseptiques : Les microorganismes les plus sensibles aux antiseptiques sont les gram positifs. Certains virus, certains champignons résistent, certaines bactéries Gram négatif le sont aussi. Par contre les mycobactéries et les spores résistent à l’action des antiseptiques. Structure chimique du pyrrolidone iodé Bétadine* [24] Structure chimique du Merbromine sodique Mercurochrom* [24] Structure chimique de l’hypochlorite de sodium Liqueur de Dakin* [24] NaClO en soluté neutre et dilué 14-Classification des antibiotiques [19] Bêta-lactamines Pénicillines Groupe G (pénicilines naturelles) Groupe M pénicilline G IM-IV Pénicilline V Oral Pénicilline-procaïne IM Benzathine –pénicillines IM Méticilline IM-IV 56 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Oxacilline IM-IV-Orale Cloxacilline IM-IV-Orale Dicloxacilline Orale Groupe A ampicilline (aminopénicillines) amoxicilline IM-IV-orale Carboxypénicillines IM-IV-orale métampicilline orale pivampicilline orale bacampicilline orale carbénicilline IV Ticarcilline Uréidopénicillines IV mezlocilline IV Pipéracilline Amidinopénicilline IV pivmecillinam orale Céphalosporine 1ère génération : céfalotine IM-IV Céfaloridine IM-IV Céfazoline IM-IV Céfapirine IM-IV Céfalexine orale Céfadroxil orale Céfaclor orale Céfradine orale Céfatrizine orale 2ème génération :Céfamandole Céfoxitine IM-IV IM-IV 57 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Céfuroxime IM-IV-orale 3ème génération : Céfotaxime IM-IV Ceftriaxone IM-IV Céfotétan IM-IV Latamoxef IM-IV Ceftazidine IM-IV Céfotiam IM-IV-orale Céfixime orale Cefpirome IV Monobactam Azthréonam IM-IV Carbapénème Imipénème IV Bêta-lactamines + inhibiteur de bêta-lactamase Amoxicilline +acide clavulanique IV-orale Ampicilline + sulbactam Ticarcilline +acide clavulanique Pipéracilline + tazobactam IV-orale IV IV Aminosides Streptomycine IM Kanamycine Gentamycine IM IM Phénicolés Chloramphénicol Thiamphénicole orale-IM orale-IM-IV Tétracyclines Tétracycline orale Oxytétracycline IM-orale Rolitétracycline IM-IV 58 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Macrolides Classique Erythromycine orale-IV Josamycine orale Nouveau Clarithromycine Synergistines Pristinamycine orale Virginiamycine orale Lincosamides Lincomycine orale-IM-IV Clindamycine orale-IM-IV Rifamycines Rifamycine sv IM-IV Rifampicine orale –IV Rifabutine orale Quinolones Acide nalidixique orale-IV Fluoroquinolones Péfloxacine orale-IV Ofloxacine orale – IV Norfloxacine oral Nitro-imidazolés Métronidazole Orale-IV Antituberculeux Isoniazide orale-IM-IV Anti-lépreux Dapsone orale 59 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 60 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Structures des pénicilline [25] 61 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 62 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Structures chimiques des céphalosporines [24, 26] Céphalosporines de première et deuxième génération [24] 63 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Céphalosporine de troisième génération [26] Céfotaxime Structures chimiques des inhibiteurs de bêta-lactamase [24] 64 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Structures de la famille des quinolones [24] o Quinolones de première génération 65 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS o Quinolones de deuxième génération Structure chimique des sulfamides [24] Structures des nitro-imidazolés [24] 66 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Structure chimique d’un phénicolé [24] 15-Pratique de l’antibiogramme [19] L’identification du germe peut se faire suivant deux modalités : Examen direct du produit pathologique au microscope Reconnaissance du germe après culture sur milieu classique Dans le premier cas, les formes des bactéries permettent de les identifier. Après un examen direct des bactéries, on peut voir les aspects suivants figurant dans le tableau ci-dessous : Tableau : Eléments biologiques Eléments biologiques Examen direct de produit pathologique Cocci Gram positifs : Pneumocoque Diplocoques lancéolés encapsulé ou en courtes chaînes En chaînettes plus ou moins longues Streptocoque En amas, en groupe ou isolés Staphylocoques Bacilles Gram négatifs : Coccobacilles polymorphes en Haemophilus bâtonnets courts groupés en « banc de poisson » Coloration bipolaire Entérobactéries Bâtonnets fins, coloration uniforme Pseudomonas 67 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS L’antibiogramme est un examen de laboratoire qui permet d’étudier la sensibilité aux antibiotiques d’une souche bactérienne isolée chez un malade infecté à partir d’un produit pathologique (sang, urines, pus, LCR….) .IL est ainsi possible d’identifier les éventuelles résistances à tel antibiotique. La méthode la plus courante est celle de la diffusion en gélose dite « méthode des disques ». Elle consiste à ensemencer la souche bactérienne à étudier sur une gélose de pétri, puis à déposer à la surface de celle-ci des disques de papier buvard imprégné chacun d’une quantité définie de tel ou tel antibiotique. Après un séjour à l’étuve (en général de 24 heures), la boîte est examinée. Une culture dense bien visible s’est développée à la surface de la gélose, sauf autour du disque qui contient un antibiotique actif et qui sont entourés d’une zone d’inhibition plus ou moins étendue. En mesurant le diamètre de la zone d’inhibition, et en le rapportant à un système d’étalonnage, on peut en déduire la CMI (Concentration minimale inhibitrice) de la souche vis à vis de l’antibiotique concerné, ou plus simplement le caractère sensible, intermédiaire ou résistant à cette souche. Pour les antibiotiques complètement inactifs, la zone d’inhibition peut être inexistante et la culture s’être développé autour du disque. Actuellement se développent des techniques automatisées d’antibiogramme qui tendent à remplacer la classique méthode des disques. La méthode d’antibiogramme par la méthode des disques ne renseigne que sur l’activité bactériostatique des antibiotiques. Dans certains cas cliniques (endocardite bactérienne par exemple) et de façon exceptionnelle, on peut pratiquer un antibiogramme en milieu liquide, avec étude de la bactérie. 68 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 16-Classification des germes pathogènes chez l’homme [22] 16-1-Classification des formes cocci Forme Gram Culture Cocci Positif Aérobie Genre Streptococcus Staphylococcus Enterococcus Espèce Pyogenes Agalactiae Bovis Salivarius mutans, sanguin Pneumoniae Aureus Epidermidis saprophyticus Faeccalis Faecium Anaérobie Peptostreptococcus sp. Peptococcus sp. Neisseria Méningiticus Négatif Aérobie Gonorrhoeae Particularités Groupement en chaînettes Groupement en amas Diplocoque en grain de café Diplocoque en flamme de bougie Branhamella Actinobacter Anaérobie Veillonellea 69 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 16-2-Classification des formes bacilles Forme gram Culture Genre bacilles négatif Aérobie Pseudomonas Legionella espèce Aeruginosa Mallei /pseudomallei Pneumohila Pasteurella Haemophillus Multicida Influenzae Ducregi Campylobacter Jeujuni coli fetus Helicobacter Pylori Vibrio Aeromonas Plesiomonas Brucella Francisella Moraxella Bordetella Cholerae parahaemolyticus Hydrophylia Shigeloïdes Melitensis Arbotus Bovis/suis Tularensis Catarrhalis pertussis Particularité Fam des pseudonaceae Fam des legionellaceae Fam des pasteurellaceae Fam des spirallaceae Fam des vibrionaceae Pousse sur milieu au CO2 70 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS classification des formes bacilles (suite). Forme Gram Culture Genre Bacilles Positif Aérobie corynebactérium Listéria Bacillus Gardenerella Anaérobie Erysipelothrix Nocardia Négatif Aérobies Espèce /sérotype Diphteriae Monocytogenes Anthracis cereus Vaginalis Rhusiopathiae Asteroids Brazilensis Clostridium Perfringens Botulinum Tetanii Difficile Actinomyces Israéli Propionobactérium Acnes Lactobacillus sp Escherichia Coli Klebsielle Pneumonia Rhinoséléromalis Entérobacter Cloacae Serratia Marceseus Protéus Miratodis Citrobacter Freundi Morganella Shigella Salmonella Typhi enterica Paratyphi Typhimurium Choleriae Enteritidis Arizona Pestis Enterocolitica pseudotuberculosis Particularité Anaérobie facultatifs sporulés pour bacillus sp Sporulé Fam des entérobacteriaceae 71 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Forme gram culture bacille négatif Aérobie Genre calymmatobactérium Streptobacillus Spirillum Anaérobie Bactéroïdes Fusobactérium Prevotella espèce Particularités Granulomatis monoliformis Minor Fragilis Mecrophorum Melaninogenica 72 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 16-3-Classification de quelques germes par famille Fam Spirochaetacceae Genre Treponema Borrelia Leptospira Mycobactériceae mycobactérium Rickettsiaceae Rickettsia Bornetella Chlamydiaceae Coxellia Escherichia sp. Chlamydia Mycoplasmataceae Mycoplasma Ureaplasma espèce Pallidum Pertenuae Recurentis Burgdorferi Hispanica Interrogans biflexans Tuberculosis Bovis Africanum Leprae Xenopi Marinum Ulcerans Avium intracellaire kansasü Prowasekü Conorü Typhü Africae Henselae Quintara Bacilliformis burnetü Particularités Spiralés, mobiles Coloration de zielh neelsen, pousse lentement en culture Intracellaires Trachomatis Pneumoniae Psittaci Hominus Pneumoniae genitalium urealyticum 73 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 17-Diffusion des antibiotiques à travers les différents compartiments de l’organisme [22] Diffusion tissulaire des antibiotiques Tissus mous Os Urinaire LCR Prostate Ampicilline Fluoroquinolone Quinolone Chloramphénicol Quinolones Chloramphénicol Rifamycines Cotrimoxazoles Sulfamides Cotrimoxazoles Cycline Acide fusidique Nitrofuranes Ampicillines Cyclines Macrolides Fosfomycine Aminosides Ceftriaxone Thiamphénicol Lincocine Fosfomycine Fosfomycine Rifamycines Sulfamides fluoroquinolones Fosfomycines 5-nitro – Sulfamides imidazolés Quinolones 5Nitroimidazolés Acide fusidique Bile Ampicillines Cefpérazone Ceftriazone Doxycycline Minocycline Rifamycine Péfloxacine Acide fusidique 18-Mode de contamination [27] 18-1-Auto-infection C’est lorsque le malade s’infecte par ses propres germes soit in situ, soit à partir de l’environnement immédiat (surface de la peau, vêtements, lit. Ces infections sont dues généralement aux germes saprophytes qui deviennent pathogènes par suite d’une antibiothérapie itérative ou d’un traitement d’immunosuppresseur. Les complications infectieuses respiratoires liées au décubitus et ses conséquences sur le drainage des voies aériennes peuvent être des autoinfections. 18-2-Hétéro-infection Dans ce cas, il s’agit d’un agent infectieux transporté d’un malade à un autre, provoquant une infection dite croisée ou hétéro-infection. Il est rarement transmis par contact direct ou par voie aérienne. Le plus souvent, le vecteur est le personnel soignant par ses mains ou ses instruments de travail. On parle d’infection manu portée ou d’infection transmise par le matériel d’exploration ou de soins. C’est le mode de contamination majeur lors de 74 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS nombreuses épidémies et probablement le plus sensible aux mesures prophylactiques. 18-3-Xéno-infection Ce sont des infections sévissant sous forme endémique ou épidémique dans la population extrahospitalière. Les agents infectieux sont importés à l’hôpital par les malades, par le personnel, par des visiteurs qui en sont atteints ou qui en sont en phase d’incubation. Ils se transmettent par voie aérienne, contact direct ou indirect, mais vont trouver à l’hôpital des victimes particulièrement réceptives et des conditions de transmission facilitées. Lorsque la maladie infectieuse est le seul motif d’hospitalisation, les mesures immédiates d’isolement peuvent être prises. Dans certains cas, l’infection est indépendante du motif d’hospitalisation. 18-4-Exo-infection Cette infection est liée à des avaries techniques (stérilisation inefficace, filtre à air non stérile, eau polluée).Les matériels à usage paramédical ou domestique sont utilisés auprès des malades ; ils sont susceptibles d’être contaminés et provoquent des infections nosocomiales souvent épidémiques. 18-5-Patient réceptif Certaines pathologies entraînent une légère immunodépression : les malades à risque sont les brûlés, les patients atteints d’escarres étendues. Les polytraumatisés et les porteurs de dispositifs invasifs (assistance respiratoire, sonde urinaire, cathéters divers), les insuffisants respiratoires, les vieillards et surtout les nouveau-nés prématurés. Ils sont donc exposés à une infection nosocomiale. Le schéma de transmission de l’infection hospitalière ci-dessous : 75 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Personnel Environnement Visiteur infecté Xeno-infection Patient infecté Hétéro-infection ou infection croisée Patient Réceptif Auto-infection Infection directe ou indirecte Matériel extérieur au service ou à l’hôpital : Exoinfection (air, eau, aliments) 76 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 2.METHODOLOGIE 2.1-Cadre d’étude Notre travail a été effectué dans le service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique du Centre Hospitalier Universitaire Gabriel TOURE de BAMAKO. 2.1.1-Situation géographique Le Centre Hospitalier Universitaire Gabriel TOURE est situé au centre administratif de la ville de BAMAKO : -on retrouve à l’Est le quartier Médina coura -à l’Ouest l’Ecole Nationale d’Ingénieurs ( ENI ) -au Nord le service de garnison de l’Etat major de l’armée de terre. -au sud, le Tranimex qui est une société de dédouanement et de transit. Le service de Traumatologie et de Chirurgie est lui-même divisé en deux unité : L’unité située au rez de chaussée du pavillon BENITIENI FOFANA et l’unité annexe située en face du bureau des entrées au-dessus du bloc de réanimation. 2.1.2-Les locaux Le service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique est composé de deux unités : - Traumatologie annexe comportant un bureau pour le chef de service, deux bureaux pour les assistants chefs de clinique, une salle de garde pour les médecins en spécialisation de chirurgie, une salle de garde des internes, un bureau pour le major, une salle de soins, un secrétariat et enfin dix salles d’hospitalisation. 77 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS - Pavillon BENITIENI FOFANA comportant un bureau pour un assistant chef de clinique, un bureau pour le neurochirurgien qui est rattaché au service, un bureau de consultations externes, une salle de garde des infirmiers, une unité de masso-kinesithérapie, une salle de plâtrage, un bloc opératoire commun avec les autres services de chirurgie et enfin neuf salles d’hospitalisation. 2.1.3-Le personnel Le service de Chirurgie Orthopédie et Traumatologie comprend : -Un professeur agrégé en chirurgie orthopédique et traumatologique -Trois assistants chefs de clinique -Un neurochirurgien -Sept kinésithérapeutes dont deux faisant fonction de plâtrier -Trois infirmiers d’état -Un secrétaire de service -Trois infirmiers du premier cycle -Cinq aides soignants -Trois manœuvres -les étudiants en fin de cycle à la FMPOS faisant fonction d’internes. Les service reçoit aussi des stagiaires de la FMPOS, du CSTS, de l’IFSS et de l’école des infirmiers du premier cycle et de la Croix Rouge Malienne. 2.1.4-Les activités Dans le service de chirurgie orthopédique et traumatologique les activités se déroulent quotidiennement comme suit : -les consultations externes d’orthopédie et de traumatologie ont lieu du lundi au jeudi -Les interventions chirurgicales se déroulent du lundi au jeudi -Les consultations externes de neurochirurgie ont lieu tous les mercredis 78 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS -les activités de plâtrage ont lieu tous les jours ouvrables et un service d’astreinte est assuré le week-end et jours fériés de huit heures à quatorze heures. -La visite des malades hospitalisés par les assistants chefs de clinique s’effectue tous les jours -les activités de rééducation ont lieu tous les jours ouvrables -la visite générale des malades s’effectue tous les vendredis. 2.2- Méthodologie Notre étude s’est déroulée du 15 avril 2004 au 22 Mars 2005 dans le service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique du Centre Hospitalier Universitaire Gabriel TOURE. Elle portait sur cinquante et un patients ayant une plaie non opératoire infectée. Une fiche d’enquête sous forme de questionnaire a été utilisée ainsi qu’un logiciel Epi info version 6. Nous avons effectué des prélèvement de pus qui étaient chaque fois envoyé à l’INRSP pour la réalisation d’un antibiogramme suivant le protocole ci-dessous. Protocole de réalisation de l’antibiogramme A. Matériels : Anse de platine Mueller Hinton (MH) en boîte de pétri de 9cm de diamètre (épaisseur de la gélose 4mm) Eau physiologique stérile (0,9%) 10ml Etalon MacFarland Disque d’antibiotique Pince Pipette de transfert stérile Pied à coulisse 79 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS B. Mode opératoire : 1. Milieu Mueller Hinton : • Régénérer le milieu MH à la température du laboratoire ou à l’étuve pendant 30 minutes 2. Préparation de l’inoculum : • Toucher les sommets de 3 à 5 colonies de même aspect de la culture primaire du germe à tester • Les transférer dans 10 ml d’eau physiologique • Homogénéiser au vortex • Comparer la suspension ainsi obtenue à l’étalon de turbidité 0,5 McFarland • Ajuster si nécessaire la densité de la suspension en y ajoutant soit des bactéries soit de l’eau physiologique 3. Ensemencement : • Tremper un écouvillon stérile dans l’inoculum ; • Eliminer l’excès d’inoculum en pressant et en faisant rouler l’écouvillon contre les parois du tube ; • Ensemencer en stries sur toute la surface du milieu à trois reprises en faisant tourner à chaque fois la boîte de 60° après chaque application ; • Passer ensuite l’écouvillon sur le bord de la gélose ; • Laisser sécher 5 minutes à la température du laboratoire, le couvercle étant fermé. 5. Incubation : • Mettre les boîtes à l’étuve à 35-37°C pendant 18h à 24h avec la couverture en bas ; • Ne pas empiler plus de deux boîtes les unes sur les autres dans l’étuve. 80 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 6. Lecture et interprétation • Mesurer en mm le diamètre d’inhibition de chaque disque d’antibiotique à l’aide d’une règle ou d’un pied à coulisse. • Ces mesures doivent être effectuées sur la face inférieure de la boîte, sans ouvrir le couvercle • Comparer les diamètres obtenus aux diamètres critiques de l’abaque (Comité de l’antibiogramme de la Société Française de Microbiologie) et interpréter le résultat en sensible, intermédiaire ou résistant. NB : -Pour les Proteus mirabilis et vulgaris, on fera abstraction du voile bactérien pouvant couvrir la plage d’inhibition lors de la lecture du diamètre. -La repousse des colonies de Serratia marcescens autour du disque de colistine (image en corcade) traduit la résistance constante de cette espèce au groupe des polypeptides. -Une légère croissance à l’intérieur de la zone d’inhibition des sulfamides et du co-trimoxazole ne sera pas prise comme résistance. 81 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS C. Contrôle de qualité interne 1. Souches de référence : Escherichia coli (ATCC 25922) 2. préparation de l’inoculum : • Laisser décongeler un aliquot de la souche de référence pendant 15 à 20 minutes. • A partir de l’aliquot ensemencer le bouillon (Bouillon Cœur-cervelle ou Trypticase-soja) avec une bille couverte par la souche. • Incuber le bouillon à 35-37°C pendant 8h à 24h. • Isoler la culture sur gélose trypticase soja et l’incuber pendant 24h, 3537°C. • Faire une suspension de la colonie dans l’eau physiologique stérile (0,9%) et procéder de la même manière comme indiqué au point B ( Mode opératoire ) ¾ NB : Ce contrôle de qualité est à faire une fois par semaine. Les résultats obtenus doivent être consignés dans un registre. Lorsque les diamètres d’inhibition mesurés ne tombent pas régulièrement dans les limites acceptables de l’antibiotique, des mesures appropriées doivent être entreprises pour améliorer la qualité du test. 2.2.1-Critère d’inclusion Ont été retenus dans notre étude: Les patients présentant une plaie non opératoire infectée et ayant été hospitalisés dans le service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique. 82 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 2.2.2-Critères de non inclusion N’ont pas été inclus tous les patients reçus en consultation externe et ayant une plaie opératoire. 2.3.METHODES Il s’agit d’une étude prospective du 15 avril 2004 au 22 avril 2005. Pour mener cette étude nous avons utilisé la méthode interrogative sous forme de questionnaire que nous remplissions au fur et à mesure à l’occasion d’une hospitalisation d’un malade. Les données ont été saisies sur Word et Excel et analysées sur le logiciel Epi info version 6 avec un risque alpha = (0,05) 83 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 3. RESULTATS 3.1.Caractéristiques socio-démographiques Tableau I : Répartition des patients selon les tranches d’âge Tranche d’âge Effectif % 0-10 2 3,92 10-20 5 9,80 20-30 3 5,88 30-40 4 7,84 40-50 11 21,57 50-60 20 39,22 >60 6 11,76 Total 51 100 Les tranches d’âge varient de 3 à 75 ans avec une moyenne de 33,530. La tranche d’âge la plus représentée était celle de 50-60 avec un taux de 39,22% Tableau II : Répartition des patients selon le sexe Sexe Masculin Féminin Total Effectif 33 18 51 % 64,7 35, 3 100 Avec un sexe ratio de 1,83 % en faveur des hommes, le sexe masculin était le plus représenté avec un pourcentage de 64,7 %. Tableau III :Répartition des patients selon la profession Profession Effectif (%) Secteur informel 38 74,51 Fonctionnaire 4 7,84 Scolaire 9 17,65 Total 51 100 La plupart des malades infectés exerçaient dans le secteur informel avec une fréquence plus élevée de 74,51% Tableau IV : Répartition des patients selon l’ethnie 84 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Ethnie Effectif % Bambara 27 52,9 Sarakolé 5 9,8 Peuh 1 2 2 3,9 Malinké 12 23,5 Sénoufo 1 2 Bozo 1 2 Tamachek 2 3,9 Total 51 100 Sonrhaï Dans notre population d’étude les bambara étaient les plus concernés, représentant plus de la moitié de la population. 3.2. Durée d’hospitalisation Tableau V : Répartition des patients selon la durée d’hospitalisation Durée en jours Effectif % 0 -20 2 3,92 20-30 1 1,96 30-40 2 3,92 40-50 3 5,88 50-60 5 9,80 60-70 3 5,88 70-80 5 9,80 80-90 6 11,76 90-100 6 11,76 100-110 8 15,686 >110 10 19,607 Total 51 100 L’infection revêt une importance avec la durée la plus élevée. Pour 110 jours et plus, on a une fréquence de 19,6%. 3.3.Localisation de la plaie 85 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Tableau VI :Répartition des patients selon la localisation de la plaie Localisation da la plaie Effectif % Tête 5 9,8 Tronc 0 0 Membre 46 90,2 Total 51 100 Les membres inférieurs des patients de notre population d’étude étaient les plus touchés par les plaies infectées avec un taux de 90,2% 3.4. Antécédents médicaux Tableau VII : Répartition des patients selon les antécédents médicaux Antécédents médicaux Effectif % Diabète 9 17,6 Traumatisme 35 68,6 Immunodépression 7 13,7 Drépanocytose 7 13,7 Traitement traditionnel 31 60,8 Les principaux antécédents médicaux sont le traumatisme et le traitement traditionnel avec des taux respectifs de 68,6% et 60,8%. 86 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 3.5. Signes cliniques Tableau VIII: Répartition des patients selon les signes cliniques Signes cliniques Effectif % Tuméfaction 23 45,1 Chaleur 12 23,5 Fistule 9 17,6 Déformation 14 27,5 Douleur 43 84, 3 Les principaux signes cliniques sont la douleur (84, 3 %), la tuméfaction (45,1%). En revanche la chaleur et la fistule représentent respectivement 23,5% et 17,6% des cas. 3.6.Examens bactériologiques 3.6.1.Prélèvement de pus Tableau IX : Répartition des patients selon le prélèvement de pus Prélèvement de pus Effectif % Oui 38 74,5 Non 13 25,5 Total 51 100 74,5% des patients avaient effectué leur antibiogramme. 87 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 88 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS Tableau X : Répartition des germes après identification Germe Effectif % Proteus mirabilis 10 25,31 Proteus vulgaris 4 10,53 Proteus vulgaris+citrobacter freundii 1 2,63 Salmonela ssp 4 10,53 Staphylococcus aureus 19 50 Total 38 100 Le staphyloccocus aureus était le mieux représenté dans la moitié des cas. 3.7.Traitement suivi Tableau XI : Répartition des patients selon le traitement suivi Type de traitement Effectif % Traitement traditionnel 31 60,8 Traitement moderne 20 39,2 Total 51 100 La plupart des malades avant l’hospitalisation avaient suivi un traitement traditionnel avec une fréquence de 60,8%. 89 Thèse de doctorat en pharmacie - FMPOS 3.7.1. Famille d’antibiotiques utilisés Tableau XII : Répartition des familles d’antibiotiques utilisées Familles d’antibiotiques Effectif % Bêta-lactamines 3 5,9 Aminosides 8 15,68 Lincosamides 2 4 Quinolones 22 43 Nitro-imidazoles 4 7,84 Quinolone+Nitroimidazoles 2 4 Quinolone+Aminosides 10 19,6 Total 51 100 Dans la thérapeutique, les quinolones dominent largement les autres familles d’antibiotiques avec une fréquence de 43%. L’association la plus utilisée est celle de « Quinolone-aminosides » avec un taux de 19,6%. 3.8. Présence de complication suite à l’infection TableauXIII : Répartition des patients selon la présence de complication Complication Effectif % Oui 39 76,5 Non 12 23,5 Total 51 100 Les trois- 90