Ouvrir le dossier SCOP

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2012
L’entreprise citoyenne/
Dossier pédagogique Printemps
de l’Industrie
Inclus : une interview exclusive de Philippe
Frémeaux !
I° Les SCOP dans les programmes de SES et d’ECJS
Dans le programme 2011 de 1ère ECJS : Thème 3 (au choix) - L’engagement
politique et social
* Les partis politiques * Les syndicats, acteurs de la démocratie sociale
Commentaire Dossier pédagogique du CRDP :
On utilisera la vidéo : http://crdp.ac-amiens.fr/visages/page91/page91.html pour réfléchir sur le
rôle des syndicats, et les deux autres vidéos pour présenter les SCOP.
Dans le programme de seconde de SES 2010 : ( extrait du BO)
II. Entreprises et production
Qui produit des richesses ? *
significatifs,
En prenant appui sur quelques exemples
on sensibilisera les élèves à la diversité des
entreprises selon la taille, la nature de leur
production, leur mode d’organisation. On précisera
en quoi le rôle économique spécifique des
entreprises les distingue d'autres organisations
productives (administrations, associations).
Commentaire Dossier Pédagogique :
Il s’agira donc de présenter les différentes formes d’entreprises, sans oublier les SCOP. Les vidéos
sur les entreprises du CRDP trouvent ici une utilisation idéale, soit comme outil de travail principal,
soit comme préalable à une visite d’entreprise. N’oubliez pas que le bus est financé par le Conseil
régional lorsque le déplacement se fait en région Picardie.
Dans le programme 2011 de SES de première ES : (extrait du BO de
2011) :
1
Thèmes Notions Indications complémentaires
2. La production dans l'entreprise
2.1 Comment l'entreprise produit-elle ?
Facteurs de production,
coûts (total, moyen et marginal),
recettes (totale, moyenne, marginale),
productivité, loi des rendements décroissants
Après avoir présenté la diversité des entreprises, on montrera que les choix du
producteur portent à la fois sur la combinaison des facteurs de production et sur le volume de
la production. On introduira les notions clés de l'analyse de la production de l'entreprise,
notamment la loi des rendements décroissants.
Commentaire Dossier Pédagogique :
On nous propose à nouveau de présenter la diversité des entreprises. La présentation des SCOP est
donc toute indiquée, et permet un premier croisement des regards économiques et sociologiques.
Dans le programme 2012 de SES de terminale SES : (extrait du BO de
2012)
1. Croissance, fluctuations et crises
1.1 Quelles sont les sources de la croissance économique ?
Notions : PIB, IDH, investissement, progrès technique, croissance endogène, productivité
globale des facteurs, facteur travail, facteur capital.
Indications complémentaires : En s’appuyant sur le programme de première, on
s’interrogera sur l’intérêt et les limites du PIB comme mesure de l’activité économique. On
montrera que le PIB ne reflète pas l’évolution du niveau de vie des populations et qu’il
convient de se référer à d’autres indicateurs. L’étude de séries longues permettra de procéder
à des comparaisons internationales. À partir d’une présentation simple de la fonction de
production, on exposera la manière dont la théorie économique analyse le processus de
croissance. On fera le lien entre la productivité globale des facteurs et le progrès technique et
on introduira la notion de croissance endogène en montrant que l’accumulation du capital,
sous ses différentes formes (physique, technologique et immatériel, humain et public)
participe à l’entretien de la croissance. On soulignera que la croissance économique, loin
d’être harmonieuse et continue, est le plus souvent la résultante d’un processus de destruction
créatrice. En liaison avec l’innovation, on mettra l’accent sur le rôle des institutions et des
droits de propriété.
Commentaire Dossier pédagogique CRDP :
Sans y passer trop de temps, on peut présenter l’économie sociale et solidaire comme un
exemple d’une alternative entre le refus du capitalisme et sa célébration. Le
questionnaire sera alors l’occasion de vérifier les acquis du vocabulaire lié à l’entreprise.
2
Une interview exclusive de Philippe Frémeaux
Philippe Frémeaux est éditorialiste au magazine économique Alternatives économiques et président
de la société coopérative éponyme. Il collabore également à France Info et à France Culture. Il a
aimablement accepté de répondre aux questions d’une professeur de SES, pour le dossier
pédagogique du Printemps de l’industrie 2012 ( CRDP de Picardie)
Bibliographie
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Comprendre l'économie soviétique, en collaboration avec Christine Durand, 1985.
Sortir du piège - la gauche face à la mondialisation, 1999.
Petit dictionnaire des mots de la crise, illustrations par Gérard Mathieu, 2009.
La nouvelle alternative? Enquête sur l'économie sociale et solidaire, aux Editions Les Petits
Matins, juin 2011.
- Printemps de l’Industrie : Philippe Frémeaux, on parle actuellement beaucoup de salariés
qui sauvent leur entreprise en difficulté – et donc leur emploi, en la transformant en SCOP.
Est-ce une solution miracle pour éviter la faillite ?
- Les Scop ne sont pas une solution sociale magique pour les entreprises en grande difficulté.
Une Scop, c’est une entreprise où le pouvoir appartient aux salariés. Où les dirigeants sont
élus ; où chaque associé a une voix, quelle que soit la part du capital qu’il détient, et un
capital, apporté pour l’essentiel par les salariés. Mais tout cela ne produit pas de miracle :
comme dans toute entreprise, une Scop n’est viable que si elle ne dépense pas plus que ce
qu’elle gagne. A condition qu’elle dégage suffisamment de marge pour investir et assurer
son développement. Quand la viabilité d’une entreprise en difficulté est très fortement
compromise, ce n’est pas l’adoption d’un statut Scop qui peut changer les choses.
-PI : « Pourriez-vous nous expliquer pourquoi certaines reprises en SCOP ne fonctionnent
pas bien ? »
- Philippe Frémeaux : « Les projets de reprise sont souvent condamnés à l’échec parce
qu’entre le moment où l’entreprise dépose son bilan et la décision de cessation de
paiement, une partie des clients, inquiets à juste titre, sont partis vers d’autres fournisseurs,
tandis qu’une partie des salariés, parfois les plus indispensables, ont trouvé un nouveau
boulot. »
-PI : « La reprise en Scop concerne-t-elle seulement les entreprises en difficulté ? »
Absolument pas. Des milliers de dirigeants de PME vont partir à la retraite dans les
prochaines années sans avoir toujours de successeurs. Les pouvoirs publics devraient donc
faciliter les montages financiers permettant au collectif des salariés de se porter acquéreur.
3
-PI : «La dynamique des SCOP vous semble-t-elle particulière ? »
-Philippe Frémeaux : «En effet, elle l’est. Le fait d’être élu ne dispense pas d’organiser les
conditions du dissensus. Il faut une structure exécutive, sans pour autant sombrer dans
l’autoritarisme et le non dialogue»
-PI : «Concrètement, comment vous organisez-vous pour instaurer un vrai dialogue ? »
-PF : « Il faut de réels espaces d’expression. A Alternatives Economiques, nous organisons
deux fois par an des réunions en dehors de la direction. Puis en Assemblée générale, les
questions remontent, et nous pouvons y répondre en temps réel. Ces questions donnent
parfois lieu à des débats houleux, lorsqu’il s’agit de choses qui divisent l’entreprise ».
-PI: «Dans une SCOP, a-t-on plus de chance de connaître une promotion interne
importante ? »
-PF : «La SCOP n’empêche pas les différences culturelles. Les univers culturels des uns et des
autres sont parfois trop différents pour qu’il y ait une vraie mobilité sociale. »
- PI : «Avez-vous une politique spécifique dans ce domaine ? »
-PF : « Nous sommes conscients du fait que nous offrons peu de possibilités réelles de
promotion. Mais les gens peu qualifiés sont plutôt mieux payés qu’ailleurs, ce qui limite leur
envie de partir. Par ailleurs, nous rencontrons exactement ce dont nous parlons dans nos
pages : les gens les mieux formés sont aussi ceux qui bénéficient le plus de la formation
continue. »
- PI: « L’ambiance d’une SCOP est-elle plus détendue que celle d’une entreprise
classique ? »
- PF ( souriant) : «le fait d’être en coopérative n’est pas structurant en soi, ce n’est pas
quelque chose qui peut faire l’unité du service . Du coup, cela favorise les conflits internes,
car beaucoup de choses doivent être réglées par les salariés eux-mêmes. Cela dit, il ne faut
rien exagérer, nous connaissons peu de conflits ici. »
-PI : «Le fait d’avoir été une SCOP dès le départ est-il important selon vous ? »
- PF : «En effet, c’est un point fondamental. Les SCOP créées sont des sociétés d’égaux, qui
se fréquentent en dehors du travail. Celles qui sont reprises par les salariés lors d’une
succession ou d’un plan social ont une hiérarchie sociale classique. La problématique est
donc très différente pour une SCOP reprise ou créée. »
-PI : «Beaucoup de patrons se plaignent des jeunes salariés, décrits comme paresseux et
indisciplinés. Est-ce votre cas ? »
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-PF : « Pas du tout. Nous avons conscience d’attirer d’excellents
profils, la crème de la crème. Le marché du travail est très sélectif,
c’est difficile de choisir les candidats. Nous recevons des jeunes
brillants, intéressés et intéressants. Notre critère de sélection-clé est
la lettre de motivation, sans elle, nous éliminons le dossier ».
-PI : «Pourquoi les SCOP sont-elles plus résilientes que les autres
entreprises lors des crises économiques ? »
-PF : « Cela s’explique par l’obligation d’investir les fonds propres dans
l’entreprise. A rentabilité égale, on capitalise plus, donc on est plus solide. Mais il faut aussi
se défier d’une trop grande prudence, car ce n’est pas bon non plus de rester assis sur son
tas d’or »
-PI: «Comment voyez-vous l’avenir des SCOP ? »
- PF : » Il me semble qu’en raison de l’élévation générale du niveau culturel, il y a une plus
grande demande de jeunes pour des projets collectifs, ayant du sens. De plus, il existe des
statuts similaires à l’étranger, l’expatriation est donc possible pour ceux qui le souhaitent. Je
crois donc en l’avenir de ce statut, qui participe à la démocratisation de l’économie, en
France et à l’échelle du monde. »
II° Dossier de documents
Ces documents peuvent être exploités en cours ou en TD, à différents niveaux.
Séance d’une heure en seconde : utiliser les documents 1 à 4 et faire les questions, puis
visionner les films.
Débat : « Aimeriez-vous travailler dans une SCOP, et pourquoi ? »
Séance de deux heures en première (TD): ( à faire par groupe de 2 élèves)
Vous êtes deux experts juniors en ressources humaines. Vous devez remettre à votre
N+1 un rapport sur les SCOP. Pour ce faire, vous allez lire l’interview page 3, les
documents 1 à 7 et réaliser de courtes synthèses de ces documents. Puis vous visionnerez
les films sur les SCOP réalisés par le Printemps de l’industrie, en particulier celles sur la
SCOP Paris, qui répondent à un questionnaire :
http://crdp.ac-amiens.fr/visages
Votre rapport répondra en deux pages à cette question :
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« Quelles différences y-a-t-il entre une SCOP et une entreprise
traditionnelle ? »
Dans votre groupe, une personne se chargera plus particulièrement des aspects économiques, une
autre des aspects liés aux relations du travail dans l’entreprise.
Séance de 2h de TD en terminale :
1) Lire l’interview page 3, puis répondre aux questions des documents 1 à 7. On
gagnera du temps en faisant faire le travail par groupe, puis en mettant les
réponses en commun.
2) A l’aide des documents, des vidéos du Printemps de l’industrie et de vos
connaissances, rédigez un raisonnement argumenté sur le sujet suivant : (qui
peut être un sujet de dissertation, ou une partie 3 d’épreuve alternative).
Les SCOP, un statut qui réconcilie l’économie de marché et
la démocratie ?
( Vous veillerez à distinguer les SCOP constituées par la reprise d’une entreprise
déjà existante, et celles directement créées sous forme de SCOP)
Document1 : Les SCOP en France
Juridiquement, une Scop est une société coopérative de forme SA ou SARL dont les salariés
sont les associés majoritaires.
Dans une Scop, les salariés sont associés majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital
social et 65 % des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à
le devenir.
Dans une Scop, il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est
élu par les salariés associés.
Dans une Scop, le partage du profit est équitable :
- une part pour tous les salariés, sous forme de participation et d’intéressement ;
- une part pour les salariés associés sous forme de dividendes ;
- une part pour les réserves de l’entreprise.
Dans une Scop, les réserves, impartageables et définitives - en moyenne 40 à 45 % du résultat
- vont contribuer tout au long du développement de l’entreprise à consolider les fonds propres
et à assurer sa pérennité. Les co-entrepreneurs sont rémunérés de leur travail et de leur apport
en capital, mais à leur départ, celui-ci leur est remboursé sans plus-value.
6
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Source : http://www.les-scop.coop/sites/fr/les-scop/qu-est-ce-qu-une-scop.html
1) Rappelez ce que sont les SA et les SARL.
2) Quelle différence y-a-t-il entre un patron de SCOP et un patron d’entreprise
« classique » ? (Aidez-vous de l’interview de Philippe Frémeaux en page 3 du
dossier)
3) Où trouve-t-on le plus de SCOP en France ? Où en trouve-t-on le moins ? Peut-on
trouver des facteurs explicatifs ?
Document 2
1) A l’aide des documents 1 et 2, dites qui perçoit les dividendes dans une
SCOP ?
2) A quoi correspondent les réserves ?
3) Qui perçoit les participations et intéressements ?
4) Quels sont les postes les plus importants dans la répartition du résultat des
SCOP ?
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Document 3
1) Expliquez comment on passe du chiffre d’affaires à la valeur ajoutée.
2) Les données économiques des SCOP sur la période 2003/2008 vous
semblent-elles bonnes ?
Document 4 : la création d’Alternatives Economiques
La Scop, un choix du fondateur
La coopérative n’est donc pas née d’un « contrat social » entre des associés désireux de
s’engager ensemble dans une aventure économique, mais de la volonté de notre fondateur.
Denis Clerc, (…) qui était depuis longtemps familier du monde coopératif et de l’économie
sociale. Sa pratique militante rejoignait ici ses convictions. (…)
Faire d’Alternatives Economiques une Scop, c’était donc associer à la gestion du journal, et à
son éventuel succès, tous ceux qui participaient à son élaboration et à son développement.
C’était aussi placer l’emploi en tête des priorités de l’entreprise, ce qui se traduira notamment
par une assez forte intégration verticale et notamment le refus de sous-traiter la gestion de
nos abonnements, un choix qui, par ailleurs, confortera l’indépendance du journal en nous
permettant de développer des politiques commerciales adaptées à chaque segment de notre
lectorat.
L’adoption du statut Scop avait enfin un autre avantage aux yeux de notre fondateur : il
contribuait à assurer la pérennité du projet. En effet, toute Scop est tenue d’affecter 40 %
de son résultat à la constitution de réserves impartageables, qui appartiennent en propre
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à l’entreprise. En ce sens, les Scop se rapprochent des associations sur le plan de la nonlucrativité.
Source : Philippe Frémeaux, texte écrit pour le hors série spécial paru à l’occasion du
trentième anniversaire du journal Alternatives Economiques, en 2010
1) Quel philosophe célèbre et célébré dans l’Oise a beaucoup écrit sur le « Contrat
social » ?
2) Définissez la notion d’intégration verticale.
3) Pourquoi est-il important qu’un journal soit indépendant ?
4) Pourquoi l’obligation d’affecter 40% du résultat à des réserves impartageables
Garantit-il la longévité (=pérennité) de l’entreprise ?
Document 5
La démocratie, au-delà des procédures
L’exercice des responsabilités de Pdg m’a cependant beaucoup appris, et conduit à
approfondir ma réflexion sur la démocratie coopérative. Observons tout d’abord que
l’entreprise est un monde qui n’aime guère le pluralisme. Autant la démocratie, dans la
société, suppose que coexistent des visions concurrentes de l’intérêt général, visions qui
s’incarnent dans des partis politiques, autant, dans une entreprise, l’unité de direction est une
condition de l’efficacité. On n’imagine pas l’entreprise se diviser en partis, la minorité
dénonçant en permanence la gestion conduite par la majorité… C’est pourquoi la
direction doit être unie – ce qui n’interdit pas les désaccords et discussions sur tel ou tel point,
notamment dans le domaine de la ligne rédactionnelle Et c’est pour cela que, bien souvent,
les élections aux conseils d’administration des entreprises de l’économie sociale se font sur
liste unique, le nombre de candidats étant égal au nombre de postes à pourvoir
L’établissement de listes consensuelles ne suffit cependant pas à assurer un fonctionnement
démocratique. Il faut aussi qu’existe, et là, le parallèle avec la démocratie dans la société toute
entière est pertinent, une « société civile » vivante au sein de l’entreprise. Cela suppose tout
d’abord que l’information soit mise à la disposition de tous ceux qui souhaitent s’en saisir : à
cette fin, des comptes-rendus détaillés des délibérations du Comité de direction sont diffusés à
tous les salariés chaque mois. Même chose des statistiques mensuelles rendant compte des
résultats commerciaux. Au-delà, la construction d’un vrai consensus suppose qu’il y ait de
la place pour le dissensus. Ce qui exige que l’esprit des statuts soit bien respecté, et que, par
exemple, l’élection des administrateurs se fasse à bulletin secret, ce qui permet de rayer les
noms des personnes qu’on ne souhaite pas voir élues. Il faut ensuite que d’autres canaux de
représentation doublent les instances élues. A commencer par celles que prévoit la loi.
Alternatives Economiques s’est ainsi doté dès qu’il l’a fallu d’institutions représentatives du
personnel - délégués du personnel, déléguée syndicale.
Source : cf document 1.
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1) Pourquoi, selon Philippe Frémeaux, la direction d’une SCOP doit-elle être unie ?
Aidez-vous de la première phrase en rouge dans le texte.
2) Pourquoi faut-il un dissensus pour avoir un vrai consensus ?
3) Quel est le rôle des institutions représentatives du personnel dans une entreprise ? A
quoi correspondent concrètement les IRP ?
Document 6
Rue de la SCOP
Article paru dans l'édition du Monde du 19.01.12
Ethiquable, société coopérative créée en 2003 dans le Gers, compte 62 salariés, dont 55
actionnaires. La petite entreprise de commerce équitable subit la crise mais fait front
collectivement.
(…)
« Nous avons entendu parler des SCOP. Nous y avons trouvé ce que nous cherchions,
explique Rémi Roux. Devenir son propre patron, mais, en même temps, donner du sens à cette
entreprise. » Les fondateurs - Christophe, Rémi et Stéphane (qui deviendront très vite « CRS
» pour les salariés !) - découvrent un premier écueil : les banques traditionnelles se montrent
réticentes.
La structure des SCOP est contraignante : les salariés doivent détenir au moins 51 % du
capital et 65 % des droits de vote. La distribution des bénéfices obéit à des règles strictes : une
partie doit alimenter des réserves ; les dividendes ou la participation sont bloqués plusieurs
années sur des comptes spéciaux.
« Un investisseur veut bien prendre des risques mais espère en retour une rentabilité rapide
qu'une SCOP ne peut garantir », constate Rémi Roux. Le coup de pouce viendra de MichelEdouard Leclerc, qui participe avec eux à un voyage en Equateur en 2004. Le grand patron
décide de proposer les produits Ethiquable dans ses rayons. Mieux, il crie haut et fort que le
commerce équitable a un avenir. Un coup de pub inespéré. La croissance est immédiate.
L'entreprise passe de 80 000 euros de chiffre d'affaires en 2003 à 8 millions en 2006 et 17
millions deux ans plus tard. Elle embauche, encore et encore, douze personnes en 2004, vingt
autres l'année suivante. La société emploie 70 personnes en 2008.
Les salariés deviennent, obligatoirement, au bout de deux ans, actionnaires de l'entreprise.
Une part du salaire - 3 % - est ponctionnée pendant cinq ans pour alimenter le capital social.
Ils participent en contrepartie aux assemblées générales où ils examinent les décisions
stratégiques sur la base d'un vote pour un salarié. Tous les trois ans, ils renouvellent le mandat
du patron. Et le tutoiement est de rigueur...
« Il faut rompre avec l'image de l'autogestion, des assemblées permanentes où tout le monde
se mêle de tout, des employés qui gagnent tous la même chose », indique cependant Rémi
Roux. Les feuilles de paye ne sont pas plus élevées qu'ailleurs dans la région, mais l'échelle
des salaires ne va que du simple au triple. Le patron gagne 3 600 euros net. Aucun règlement
de SCOP n'impose ce faible différentiel. « C'est un choix que nous avons fait, précise Rémi
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Roux. Les salariés ont plus confiance dans l'encadrement quand il n'y a pas d'enrichissement
sur leur dos. »
Le trio CRS qui forme le comité de gestion, fixe donc les salaires, décide des projets et de la
marche quotidienne. « Je suis autant le patron que dans une autre entreprise, assure le jeune
gérant. Simplement, je dois rendre des comptes non à des actionnaires extérieurs mais à des
salariés. Pour gérer une boîte, il faut prendre des décisions. » Il les prend donc, agréables ou
non.
En 2006, Ethiquable réalise des bénéfices dépassant toutes les espérances de ses fondateurs.
La moitié est automatiquement mise en réserve, comme en ont décidé les salariésactionnaires. Lors de l'assemblée générale de 2007, Nadine Cantaloup, 50 ans, la comptable,
distribue dans des enveloppes un papier indiquant le montant de la participation reçue par
chacun, qui restera bloquée cinq ans. Il avoisine 20 000 euros par personne. « Les gens ont
ouvert l'enveloppe, regardé la somme. Il y a eu un grand silence. Ils n'y croyaient pas »,
raconte-t-elle.
Mais la crise de 2008 arrive, stoppant net la croissance. L'entreprise vit deux années
lourdement déficitaires. Il faut licencier. Neuf postes sont supprimés, avec un cortège de
drames personnels. « Je l'ai vécu comme un échec », raconte Rémi Roux, des sanglots dans la
voix. Quelques semaines plus tard, l'assemblée générale des salariés reconduit pourtant le
comité de gestion par 54 voix pour et une abstention.
La concurrence dans le commerce équitable s'étant durcie, il n'est plus question pour l'instant
de participation. La plupart des salaires, à commencer par celui du patron, n'ont pas été
augmentés depuis quatre ans. Mais la ponction salariale de 3 % demeure. « On avait été
prévenus des contraintes. On les a acceptées », explique Emilie Thore, 26 ans, chef d'équipe à
la fabrication pour 1 540 euros brut. « Quand il y a de l'argent à partager, on le partage.
Quand il faut mettre de l'argent, on le met », résume Nicole Bergia.
Ethiquable a renoué avec un petit bénéfice en 2011. Mais, avec la fin des années fastes, les
salariés sont devenus plus vigilants envers le comité de gestion. Rémi Roux a essuyé des
reproches. « Nos patrons sont des fonceurs mais cela commençait à partir dans tous les sens,
explique Janine Lévêque. Nous avons mis le doigt sur ce qui n'allait pas en matière
d'organisation. » Quand le triumvirat a décidé d'investir dans plusieurs autres sociétés, en
France, en Belgique ou en Allemagne, les salariés ont émis des réserves. Ils ont épluché les
vingt pages d'argumentaire qui leur ont été remises. (…)
Benoît Hopquin
1) Calculez le taux de variation du chiffre d’affaires de cette entreprise entre 2003 et
2008.
2) Retrouvez dans ce texte les avantages et les inconvénients du statut de SCOP pour les
salariés.
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Document 7
Une forme particulière de SCOP, les SCIC
Les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif correspondent plus
particulièrement à la dynamique de développement durable dans le sens où elles permettent
l’association autour d’un projet commun de salariés bien sûr, mais également d’associations,
de collectivités publiques, de particuliers et de bénévoles.
Le pouvoir de décision et de vote est réparti selon la logique 1 personne= 1 voix.
Comme pour les SCOP en règle générale, les SCIC disposent d’une équitable répartition des
profits, dont une part est toujours dédiée aux réserves de l’entreprise pour favoriser sa
durabilité.
Le développement durable : premier concerné
Les SCIC sont particulièrement appropriées aux activités autour du développement durable
puisque le statut de l’entreprise implique une logique durable d’ancrage important sur un
territoire défini.
Les actions de proximité sont privilégiées et les SCIC favorisent « le maillage des acteurs
d’une même bassin d’emploi »
Les scop comme ciment capitaliste d’un projet solidaire
Les SCOP se basent donc sur un principe d’équité et de solidarité. En temps de crise, cela
permet aux salariés de s’investir plus profondément dans leur société à laquelle ils croient. Le
principe même de ces sociétés évite les « parachutes dorés » et autres événements courants
dans les grandes sociétés, paraissant indécents en temps de crise.
De plus, les nouvelles SCOP peuvent également être accompagnées dans les premiers temps
de leur activité.
Finalement, les Scop sont des héritières de l’idée de démocratie économique déjà mise en
avant par De Gaulle et mise au goût d’une société où le respect des autres et de
l’environnement sont devenus des impératifs.Source : http://www.consoglobe.com/scopegalite-fondement-cg/3
1)
2)
3)
4)
Quelle différence y-a-t-il entre les Scop et les SCIC ?
A quoi correspond le concept de développement durable ?
A quoi s’oppose la « logique durable d’ancrage sur un territoire défini » ?
Pourquoi peut-on dire que les SCOP sont les héritières de l’idée de « démocratie
économique »
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