THEME 3 LE SIECLE DES TOTALITARISMES QUESTION 1 GENESE ET AFFIRMATION DES REGIMES TOTALITAIRES (SOVIETIQUE, FASCISTE ET NAZI) CHAPITRE 2 LES TOTALITARISMES FACE AUX DEMOCRATIES DANS LES ANNEES 1930 INTRODUCTION Définition du sujet : Au-delà de leurs différences idéologiques, les régimes totalitaires partagent une hostilité et un mépris pour les démocraties libérales. Ils justifient d’ailleurs idéologiquement leur opposition aux regimes démocratiques parlementaires. Pour les idéologues marxistes, il s’agit en fait de regimes qui donnent le pouvoir aux bourgeois pour mieux dominer le prolétariat, tandis que pour le nazisme et le fascisme, les regimes démocratiques sont décadents et empêchent le triomphe de l’ « Homme nouveau ». Problématique : 1) Quelles relations les régimes totalitaires entretenaient-ils avec les démocraties libérales ? 2) Quelles sont les réponses des démocraties occidentales aux agressions des Etats totalitaires ? Plan de la leçon : 1) Des régimes hostiles aux démocraties libérales. 2) Les démocraties occidentales impuissantes face aux agressions de l’Allemagne nazie. 1- Des régimes hostiles aux démocraties libérales A- Le refus de l’ordre international né des Traités de paix de la Première Guerre mondiale. L’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, en raison de leurs intentions expansionnistes, rejettent l’ordre international né des traités de paix de la Première Guerre mondiale et censé être garanti par la Société Des Nations (SDN). Les idéologies de ces deux régimes sont par nature belliqueuses. Ce rejet de l’ordre international construit par les démocraties occidentales est accentué en Allemagne par les frustrations et les rancœurs provoquées par le « diktat » de Versailles. Quant aux Italiens, ils se sentent humiliés de ne pas avoir obtenu toutes les terres irrédentes (Voir carte 5, page 177 du manuel). B- Les régimes totalitaires tentent de déstabiliser les démocraties. URSS : En 1919, le Komintern (IIIème Internationale) fondé par Lénine impose ne tactique « classe contre classe » aux PC européens, jusqu’au début des années 1930, qui consiste à refuser dans tous les pays européens des alliances avec des Partis Socialistes considérés comme bourgeois. ITALIE : Mussolini finance des mouvements d’extrême-droite en Europe, notamment en France : le Mouvement franciste (1933-1944) qui était un parti fasciste français. L’Italie agresse l’Ethiopie qui est un Etat souverain, c’est la Campagne d’Ethiopie ou Campagne d’Abyssinie: Tentative de l’Italie fasciste de B. Mussolini de s’emparer de l’Ethiopie de Hailé Sélassié entre le 3 octobre 1935 et le 5 mai 1936. L’Italie et l’Ethiopie étaient alors membres de la SDN et l’agression italienne marque le retrait de ce pays de cette organisation internationale et son rapprochement avec l’Allemagne d’Hitler. Bien que ces tentatives de déstabilisation soient sans grand succès, on observe une partout en Europe une polarisation de la vie politique avec la montée en puissance des partis communistes et de mouvements d’extrême droite. Ces mouvements nourrissent une propagande contre les régimes démocratiques. DOCUMENT : Discours de Mussolini à Milan, le 1er Novembre 1936. « Chemises noire de Milan ! […] Une des illusions s’est écroulée : c’est celle du désarmement. Personne ne veut désarmer le premier et désarmer tous ensemble, c’est impossible et c’est absurde. […] Une autre illusion que nous repoussons, c’est celle qui se dénomme la « sécurité collective ». La sécurité collective n’a jamais existé, elle n’existe pas et n’existera jamais. Un peuple viril réalise dans ses frontières sa propre sécurité et refuse de confier son avenir aux mains suspectes des étrangers. […] De toute façon, nous n’oublierons jamais que la Société Des Nations a organisé une inique agression contre le peuple italien. […] Elle a cherché à briser notre effort militaire, à s’opposer à l’œuvre de civilisation que nous accomplissions à environ 400 km de la mère patrie. Des accords avaient été, en janvier 1935, conclus avec la France. Ces accords pouvaient et devaient ouvrir une ère nouvelle de relations vraiment amicales entre les deux pays. Mais vinrent les sanctions. […] Une grande nation a ces derniers temps conquis la sympathie du peuple italien : je parle de l’Allemagne. Si, pour les autres, la Méditerranée est une route, pour nous autres, Italiens, c’est la vie même. Nous exigeons que nos droits et nos intérêts vitaux soient respectés. On ne peut pas penser à une guerre. Mais si on méditait d’étouffer la vie du peuple italien dans cette mer, qui fut la mer de la Rome antique, eh bien ! Qu’on sache que le peuple italien se dresserait tout entier comme un seul homme, prêt à combattre avec une énergie et une décision sans précédent dans l’histoire. » Q : Selon ce document, quel type de relations Mussolini entend-il établir avec les démocraties occidentales ? Mussolini fait ici allusion aux accords signés a l’issue de la Conférence francoanglo-italienne de Stresa qui s’est tenue entre le 11 et le 14 avril 1935. La France y est représentée par Pierre Laval, ministre des Affaires étrangères. L’accord visait à empêcher toute future tentative allemande de violer le Traité de Versailles et à isoler Hitler. Mussolini souhaitait y négocier sa participation à la défense du Traité de Versailles contre la validation par la France de ses ambitions coloniales en Ethiopie. Or, ni la France ni la GB ne prirent d’engagement à ce sujet. ALLEMAGNE : Le projet nazi prévoit la réunion des populations germanophones dans un seul empire (Reich), ce qui implique la conquête d’un Espace vital qui se fera aux dépens des voisins de l’Allemagne et au prix de la violation du Traité de Versailles. DOCUMENT : Une politique extérieure à double face La directive « Affaire secrète du commandement » : « La Wehrmacht doit se tenir prête en permanence aux éventualités suivantes : Il doit être possible d’écraser à tout instant le reste de la Tchéquie si par exemple elle menait une politique hostile à l’Allemagne. » (Berlin, le 21 octobre 1938) Le communiqué officiel : « Il a été conclu, entre les gouvernements allemand et tchécoslovaque, un accord portant sur la fixation des frontières entre le Reich allemand et la République tchécoslovaque. » (Berlin, le 21 octobre 1938) Q : Commet se document montre t-il le double langage tenu par Hitler vis-àvis des démocraties ? De fait, immédiatement après son arrivée au pouvoir, Hitler quitte la SDN (1933) viole le Traité de Versailles : rétablissement du service militaire obligatoire (1935), développement de l’armée, fabrication d’armes. Parallèlement, l’Italie et l’Allemagne se rapprochent. En effet, tandis que ces deux pays quittent la SDN en 1935, ils apportent ensemble leur soutien au coup d’Etat militaire du General Franco en Espagne contre la République espagnole. Finalement, ce rapprochement trouve son aboutissement dans l’alliance militaire entre Hitler et Mussolini à savoir, l’Axe Rome-Berlin scellé en 1936. Au même moment, Hitler se rapproche du Japon en signant avec ce pays le Pacte Antikomintern en 1936 : Tandis qu’elle occupe la Mandchourie au Nord-est de la Chine, l’armée impériale japonaise se heurte alors à l’Armée Rouge. L’Allemagne, anticommuniste, utilise cette tension entre l’URSS et le Japon pour se rapprocher de ce-dernier. Le 25 novembre 1936, le Japon et l’Allemagne signent le Pacte Antikomintern. Officiellement, ce pacte est destiné à contrer la IIIe internationale communiste, mais un protocole secret prévoit une assistance militaire entre les deux pays si l’un d’eux est attaqué par l’URSS. Un an plus tard (6 novembre 1937), sous la pression d’Hitler, Mussolini signe ce traité. Le 27 mars 1939, l’Espagne franquiste ce joint au traité. C- L’ambiguïté de l’attitude soviétique. Jusqu’au milieu des années 1930, l’URSS manifestait ouvertement son hostilité à l’égard des démocraties libérales. Puis, à partir du milieu des années 1930, face aux agressions des régimes fascistes, l’URSS change de stratégie et tente de s’appuyer sur les démocraties occidentales. Ainsi, le 2 mai 1935, l’URSS signe avec la France, un pacte d’assistance mutuelle. Au même moment, Staline abandonne sa ligne « classe contre classe », et permet de la sorte aux Partis Communistes de collaborer dans leurs pays respectifs avec les partis de gauche. C’est ainsi, qu’en France, lorsque se forme l’alliance électorale de Front Populaire en 1935, le PCF se joint à l’alliance avec la SFIO et le Parti Radical. Toutefois, à la veille de la 2nde Guerre mondiale, Staline change de stratégie en signant en août 1939 le Pacte Germano-Soviétique avec Hitler qui va permettre le 1er septembre 1939, l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie. 2- L’impuissance des démocraties l’Allemagne nazie. face aux agressions de Face au rapprochement des totalitarismes d’extrême droite, les démocraties occidentales font preuve de faiblesse et d’inaction. A- La SDN incapable de riposter aux agressions allemande et italienne. Tandis qu’en 1936 Hitler remilitarise la Rhénanie en violation du Traité de Versailles, la SDN se contente d’une protestation et les démocraties ne réagissent pas. De même, la SDN demeure silencieuse face à l’Anschluss (annexion de l’Autriche) et face à l’occupation des Sudètes. B- L’absence de solidarité des démocraties occidentales face à ces agressions entraîne la marche vers la guerre. Les démocraties sont incapables de mettre en œuvre une stratégie commune contre la montée du fascisme. Les EUA sont isolationnistes et sous la pression de leurs populations, la France et la GB préfèrent adopter une attitude pacifiste qu’ils utilisent pour justifier leur inaction face aux agressions allemandes. De même, en 1936, face à la guerre civile espagnole, les démocraties occidentales sont restées passives : En juillet 1936, le général Franco déclenche un soulèvement contre le Front Populaire espagnol (alliance de partis de gauche portés au pouvoir démocratiquement). S’ensuit une guerre civile de 3 ans face à laquelle les démocraties proclament leur indépendance et affirment le principe de non-intervention dans un conflit extérieur, alors que l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste arment les franquistes. En France le gouvernement de Front Populaire dirigé par le socialiste Léon Blum déclare son soutien de principe aux républicains espagnols, mais refuse de leur apporter une aide militaire. Hitler est convaincu que les Etats démocratiques ne s’opposeront pas à sa politique expansionniste. C’est pourquoi, il initie en 1938 une vague d’agressions contre ses voisins. En mars 1938, avec sa complicité, les fascistes autrichiens organisent un coup d’Etat et la Wehrmacht (armée allemande) envahit l’Autriche et l’annexe : c’est l’Anschluss (Annexion). La France et la GB se contentent de prononcer leur opposition, mais sans prendre de sanction. Hitler revendique alors les Sudètes (région tchécoslovaque peuplée d’une majorité de germanophones). La Tchécoslovaquie est alors une démocratie alliée à la France dont on attend une réponse. La France et la GB choisissent alors la passivité : en septembre 1938, le président du Conseil français, Daladier, le Premier ministre britannique, Chamberlain et Hitler se rencontrent à Munich et signent les Accords de Munich. A l’issue de ces accords, Français et Britanniques laissent l’Allemagne annexer les Sudètes en échange d’une promesse de paix de la part d’Hitler. Apres la signature des Accords de Munich, l’armée allemande entre en Tchécoslovaquie en 1939 et, face à la passivité des démocraties, l’Italie envahit l’Albanie. Hitler revendique alors le corridor de Dantzig, rattaché à la Pologne par le Traité de Versailles. Le 23 août 1939, l’URSS de Staline et Allemagne d’Hitler signent un Pacte de non agression, le « Pacte germano-soviétique ». Une clause secrète de ce pacte prévoit le partage de la Pologne entre l’Allemagne et l’URSS. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. C’est finalement l’événement qui déclenche la déclaration de guerre de la part de la France et de la GB.