Texte 2 : Pierre Corneille, Horace, 1640
Texte écho : L’abbé d’Aubignac, La Pratique du théâtre, 1657
INFORMATIONS
Horace est une pièce de théâtre tragique de Pierre Corneille inspirée du combat entre les Horace et les Curiace. Elle fut
jouée pour la première fois en mars 1640.
Présentation
La pièce, dédiée au cardinal de Richelieu, compte 1 782 vers (sans compter les quelques vers de la dernière scène que
Corneille avait lui-même retranchés en 1660) et fut le second grand succès de Pierre Corneille. Écrite en réponse aux
contradicteurs du Cid, la pièce met en scène un personnage encore plus audacieux que Rodrigue, Horace, qui affronte son
meilleur ami et tue sa sœur Camille. Espérant se ménager la bienveillance des critiques et des poètes de son époque, il en
fait une lecture chez Boisrobert avant la représentation mais refuse d'apporter les modifications préconisées par ses
confrères1.
Le sujet est emprunté à Tite-Live.
Argument
La pièce, dont l'action se situe à l'origine de Rome, débute dans une ambiance tragique : la famille romaine des Horace est
unie à la famille albaine des Curiace. Le jeune Horace est marié à Sabine, jeune fille albaine dont le frère Curiace est fiancé à
Camille, sœur d'Horace. La guerre fratricide qui éclate entre les deux villes rompt cette harmonie. Pour en finir, chaque ville
désigne trois champions qui se battront en combat singulier pour décider qui devra l'emporter. Contre toute attente, le sort
désigne les trois frères Horace pour Rome et les trois frères Curiace pour Albe. Horace, étonné, ne s'attendait pas à un si
grand honneur. Les amis se retrouvent ainsi face à face, avec des cas de conscience résolus différemment : alors qu'Horace
est emporté par son devoir patriotique, Curiace se lamente sur son destin si cruel...
Même le peuple est ému de voir ces six jeunes gens, pourtant étroitement liés, combattre pour le salut de leur patrie. Mais
le destin en a décidé ainsi. Lors du combat, deux Horace sont rapidement tués et le dernier, héros de la pièce, doit donc
affronter seul les trois Curiace blessés ; mêlant la ruse et l'audace, en faisant d'abord semblant de fuir pour éviter de les
affronter ensemble puis en les attaquant, il va pourtant les tuer un par un et remporter ainsi ce combat.
Après avoir reçu les félicitations de tout Rome, Horace tue sa sœur qui lui reprochait le meurtre de son bien-aimé. Le procès
qui suit donne lieu à un vibrant plaidoyer du vieil Horace, qui défend l'honneur (valeur très chère à Corneille) et donc
Horace contre la passion amoureuse représentée par Camille. Horace sera acquitté malgré le réquisitoire de Valère,
chevalier romain lui aussi amoureux de Camille, tout comme Curiace.
1 La violence de l’affrontement
Ce sont deux visions diamétralement opposées
L’échange entre Horace et Camille est placé sous le signe de la violence suscitant ainsi un dialogue
agonistique dans lequel domine le registre polémique.
L’extrait s’ouvre sur une réplique d’Horace qui tout en mentionnant la « rage » de sa sœur (v. 1)
multiplie les propos virulents à son encontre.