SEQUENCE : La mort sur Scène
Problématique : En quoi la mort sur Scène est sujette à des ruses et manipulation s
dans la représentation théâtrale
Objectif
- Connaissances : le Tragique et la Tragédie
- Les registres
-
Textes
Texte 1
- CORNEILLE, Horace, Acte IV, Sc. 5, « La mort de Camille », 1640
- Iconographie complémentaire : Jacques Louis DAVID, Le Serment des Horaces (1785)
- Texte complémentaire : Abbé D’Aubignac + exercice de Dissertation
- ou écrit d’inventionpondre à l’abbé
o BAC : dissertation : la représentation de la mort sur scène
Texte 2
- RACINE, Phèdre, Acte V, Sc. 6, « La mort d’Hyppolyte », 1677
- Document complémentaire : Représentation scénique de la mort d’Hyppolyte
o https://www.youtube.com/watch?v=v6BshYrrkDg
o 01 :04 :30 -> 01 :10 :28
- Boileau, l’Art poétique
Texte 3
- RACINE, Phèdre , Acte V, Sc. 7, « La mort de Phèdre », 1677
- Document complémentaire : Représentation scénique de la mort de Phèdre
https://www.youtube.com/watch?v=xZucC3k6AnA
1 :10 -> 4 :16
- Texte complémentaire : Sénèque, Phèdre, 1er Siècle
Texte 4
- MOLIERE, Dom Juan, Acte IV, Sc.6 et 7 (« La mort de Dom Juan »), 1665
- Représentation scénique : Daniel Mesguiche
- + le registre tragique et comique (robert secondes p.103 )
Lecture analytique 1 :
CORNEILLE, Horace, Acte IV, Sc. 5, « La mort de Camille », 1640
Questions
La violence de l'affrontement
1. Quel est le registre littéraire dominant ? Justifiez votre réponse.
2. Montrez qu'Horace fait de l'attitude de sa sœur un crime contre Rome.
3. Comment s'exprime la haine de Camille à l'encontre de Rome ?
La démesure tragique
4. Quels sont les indices de la démesure dans les répliques de chacun des deux personnages ?
5. Pourquoi la tirade de Camille peut-elle être considérée comme une provocation et une incitation
au meurtre ?
La mort de Camille
6. Comment la mort de Camille est-elle mise en scène ? Pourquoi Corneille multiplie-t-il les
didascalies ?
7. Quels sont les reproches de l'abbé d'Aubignac ( texte écho, ci-dess ) ? À quelles règles se réfère-t-il
? Que pensez-vous de sa proposition de mise en scène ?
Synthèse
Corneille respecte-t-il la règle de bienséance ?
BAC : Vers la dissertation
Dans un paragraphe construit, nourri deférences précises au texte de Corneille, justifiez les choix
du dramaturge en répondant aux objections de l'abbé d'Aubignac.
CORNEILLE, Horace, Acte IV, Sc. 5
Les Horaces (de Rome) et les Curiaces (d'Albe) se livrent une guerre fratricide Horace, victorieux, vient de
donner la mort à Curiace, l'amant de sa soeur Camille. I duel s'ouvre alors entre le frère et la soeur
puisqu'un abîme sépare maintenant deux personnages pourtant issus du même sang.
ACTE IV, SCÈNE 5 HORACE, CAMILLE
[...] HORACE. Ô ciel! qui vit jamais une pareille rage!
Crois-tu donc que je sois insensible à l'outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortelshonneur?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d'un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.
CAMILLE. Rome, l'unique objet de mon ressentiment!
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant!
Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore!
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore!
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n'est assez de toute l'Italie,
Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie;
Que cent peuples unis des bouts de l'univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu'elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles!
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux!
Puis-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir!
HORACE (mettant la main à l'épée, et poursuivant sa sœur qui s'enfuit) .
C'est trop, ma patience à la raison fait place;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace.
CAMILLE (blessée derrière le théâtre). Ah! traître!
HORACE (revenant sur le théâtre). Ainsi reçoive un
[ctiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain!
LAbbé dAubignac, La Pratique du théâtre (1657)
La Pratique du théâtre est l'œuvre d'un homme, théoricien du théâtre, qui confronte les pratiques des
dramaturges de l'époque avec l'idéal classique qu'il voudrait voir parfaitement respecté.
La Scène ne donne point les choses comme elles ont été, mais comme elles doivent être, et le Poète
y doit rétablir dans le sujet tout ce qui ne s'accommodera pas aux règles de son Art, comme fait un
Peintre lorsqu'il travaille sur un modèle défectueux.
C'est pourquoi la mort de Camille par la main d'Horace son frère n'a pas été approuvée au Théâtre,
bien que ce soit une aventure véritable, et j'avais été d'avis, pour sauver en quelque sorte l'Histoire,
et tout ensemble la bienséance de la Scène, que cette fille désespérée, voyant son frère l'épée à la
main, se fût précipitée dessus : ainsi elle fût morte de la main d'Horace et lui eût été digne de
compassion comme un malheureux innocent. L'Histoire et le Théâtre auraient été d'accord.
Questions sur le Texte 1 : CORNEILLE, Horace, Acte IV, Sc. 5
1. Quel est le registre littéraire dominant ? Justifiez votre réponse.
2. Montrez qu'Horace fait de l'attitude de sa sœur un crime contre Rome.
3. Comment s'exprime la haine de Camille à l'encontre de Rome ?
4. Quels sont les indices de la démesure dans les répliques de chacun des deux personnages ?
5. Pourquoi la tirade de Camille peut-elle être considérée comme une provocation et une incitation
au meurtre ?
6. Comment la mort de Camille est-elle mise en scène ? Pourquoi Corneille multiplie-t-il les
didascalies ?
7. Quels sont les reproches de l'abbé d'Aubignac ? À quelles règles se réfère-t-il ? Que pensez-vous
de sa proposition de mise en scène ?
Texte 2 : Pierre Corneille, Horace, 1640
Texte écho : L’abbé d’Aubignac, La Pratique du théâtre, 1657
INFORMATIONS
Horace est une pièce de théâtre tragique de Pierre Corneille inspirée du combat entre les Horace et les Curiace. Elle fut
jouée pour la première fois en mars 1640.
Présentation
La pièce, dédiée au cardinal de Richelieu, compte 1 782 vers (sans compter les quelques vers de la dernière scène que
Corneille avait lui-même retranchés en 1660) et fut le second grand succès de Pierre Corneille. Écrite en réponse aux
contradicteurs du Cid, la pièce met en scène un personnage encore plus audacieux que Rodrigue, Horace, qui affronte son
meilleur ami et tue sa sœur Camille. Espérant se nager la bienveillance des critiques et des poètes de son époque, il en
fait une lecture chez Boisrobert avant la représentation mais refuse d'apporter les modifications préconisées par ses
confrères1.
Le sujet est emprunté à Tite-Live.
Argument
La pièce, dont l'action se situe à l'origine de Rome, débute dans une ambiance tragique : la famille romaine des Horace est
unie à la famille albaine des Curiace. Le jeune Horace est marié à Sabine, jeune fille albaine dont le frère Curiace est fiancé à
Camille, sœur d'Horace. La guerre fratricide qui éclate entre les deux villes rompt cette harmonie. Pour en finir, chaque ville
désigne trois champions qui se battront en combat singulier pour décider qui devra l'emporter. Contre toute attente, le sort
désigne les trois frères Horace pour Rome et les trois frères Curiace pour Albe. Horace, étonné, ne s'attendait pas à un si
grand honneur. Les amis se retrouvent ainsi face à face, avec des cas de conscience résolus différemment : alors qu'Horace
est emporté par son devoir patriotique, Curiace se lamente sur son destin si cruel...
Même le peuple est ému de voir ces six jeunes gens, pourtant étroitement liés, combattre pour le salut de leur patrie. Mais
le destin en a décidé ainsi. Lors du combat, deux Horace sont rapidement tués et le dernier, héros de la pièce, doit donc
affronter seul les trois Curiace blessés ; mêlant la ruse et l'audace, en faisant d'abord semblant de fuir pour éviter de les
affronter ensemble puis en les attaquant, il va pourtant les tuer un par un et remporter ainsi ce combat.
Après avoir reçu les félicitations de tout Rome, Horace tue sa sœur qui lui reprochait le meurtre de son bien-aimé. Le procès
qui suit donne lieu à un vibrant plaidoyer du vieil Horace, qui défend l'honneur (valeur très chère à Corneille) et donc
Horace contre la passion amoureuse représentée par Camille. Horace sera acquitté malgré le réquisitoire de Valère,
chevalier romain lui aussi amoureux de Camille, tout comme Curiace.
1 La violence de l’affrontement
Ce sont deux visions diamétralement opposées
L’échange entre Horace et Camille est placé sous le signe de la violence suscitant ainsi un dialogue
agonistique dans lequel domine le registre polémique.
L’extrait s’ouvre sur une réplique d’Horace qui tout en mentionnant la « rage » de sa sœur (v. 1)
multiplie les propos virulents à son encontre.
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