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… exacerbe les
tensions
commerciales et
protectionnistes.
L’accord de libre-
échange Chine-
ASEAN devrait
aussi bénéficier au
commerce chinois.
L’abondance des
crédits, accordés
par les banques
publiques,
augmente les
risques de
surcapacités.
Mais la crise exacerbe les frictions commerciales et le protectionnisme.
En décembre 2009, l’America’s International Trade Commission a fixé de
nouveaux tarifs sur les importations chinoises de tubes d’acier (jusqu’alors
subventionnés). De façon similaire, les gouvernements de l’Union européenne
ont voté l’extension - pour encore quinze mois - des droits de douane anti-
dumping, cette fois-ci pour les chaussures chinoises. Avec la baisse de leurs
revenus et de leur pouvoir d’achat, les consommateurs mondiaux s’orientent
plus spontanément vers les produits moins chers, chinois. L’élimination des
quotas de textile chinois le 1er janvier 2009 a aussi permis à la Chine de gagner
des nouvelles parts de marché.
La critique la plus récurrente et persistante porte sur l’accrochage étroit
du yuan au dollar par les autorités chinoises, manière de subventionner leurs
exportations quand on connaît le bas niveau de la devise américaine. Mais
cette gestion de la parité du yuan décroche de plus en plus de la situation
économique réelle. Si le yuan était convertible librement, cette devise
s’apprécierait « naturellement » de 40% au bas mot. Ce serpent de mer
empoisonne les relations avec les Etats-Unis, mais la Chine se sait forte. Elle a
brutalement repoussé les demandes exprimées par Barack Obama à son dernier
voyage à Pékin, ce qui, dans cette forme arrogante, est sans précédent.
L’Europe, qui avait toujours fait preuve d’une grande retenue dans l’affaire du
yuan, commence à son tour à mettre sérieusement le sujet sur la table.
Le commerce chinois va pleinement profiter de l’entrée en vigueur, le
1er janvier 2010, d’un accord de libre-échange avec l’ASEAN. Cet accord
permet l’émergence du plus important marché de libre-échange au monde en
termes de population (1,9 milliards d’habitants), et à la troisième zone de libre-
échange mondiale en termes de valeur - derrière l’Union européenne et
l’ALENA. La Chine se frotte les mains : elle espère ainsi profiter d’un accès
privilégié aux ressources naturelles et aux consommateurs émergents de
l’ASEAN. Pour l’instant, six des dix membres de l’ASEAN ont supprimé leurs
tarifs, mais peuvent les maintenir dans une douzaine de secteurs « sensibles ».
Quatre autres pays signataires (Vietnam, Cambodge, Laos, Birmanie) ne
démantèleront leurs barrières douanières qu’à partir de 2015.
Pendant l’année 2009, le fameux plan de relance national a été
complété par d’autres mesures de soutien à la consommation comme la
réforme du système de santé (850 milliards de yuans d’investissements sur
trois ans) ou encore le lancement d’un programme de retraites rurales et de
sécurité sociale. Le plan devait être initialement financé par le gouvernement
central, les gouvernements locaux et provinciaux, et les banques. Mais dans les
faits, les banques (sur ordre) ont plus souvent mis la main à la poche que les
autorités. Rien que sur les neuf premiers mois de l’année 2009, 8,7 trillions de
yuans de nouveaux prêts ont été accordés. Le niveau des crédits attribués par
les banques chinoises était de 74% du PIB en 2008 et a grimpé en 2009 à 87%
du PIB ! Sans surprise, la majorité de ces prêts sont accordés aux entreprises
publiques, sans autres garanties que celles (implicites) des gouvernements
locaux. Combien d’entre eux se convertiront d’ici peu en créances douteuses ?
Les signaux d’alerte sont allumés : cette abondance de crédits profite
surtout aux entreprises publiques et aux gouvernements locaux - qui s’en
servent pour lever des fonds pour leurs investissements en infrastructures – et
augmente les risques de monstrueuses surcapacités. Les régulateurs chinois ont