
Quand le RC Lens se met à jouer en division « recrutement »
Les associations risquent d’être les perdantes de l’ouverture du monopole
, la passion du football mène à tout,
même à l’emploi. Sensibilisé par la multiplication
des plans sociaux, le RC Lens avait déjà joué au pro-
fit des licenciés de Metaleurop et de la Comilog.
Depuis un mois, le club s’est associé à une entrepri-
se d’intérim pour transformer le stade Bollaert en
une gigantesque Bourse à l’emploi. Avec la béné-
diction et la participation active de l’ANPE.
Fondé et financé, à l’origine, par les Houillères,
le RC Lens a toujours été un miroir du monde du
travail. A chaque match, les responsables et invi-
tés de 450 entreprises – ses sponsors – envahis-
sent le stade aux côtés de ses 40 000 supporteurs.
« Il n’existe aucun point de rencontre équivalent au
nord de Paris », souligne Stéphane Bigeard, respon-
sable du marketing au club. « Ce sont aussi de gen-
tils entrepreneurs bien au chaud qui dégustent des
petits fours dans l’espace VIP, face à une foule de
gens dont 15 % à 20 % sont au chômage », tempère
Fabienne Saudemont, directrice pour la région
Nord-Est du groupe belge Creyf’s Intérim, l’une
des « entreprises partenaires » du club lensois.
«Depuis dix ans, notre partenariat se cantonnait à
de la publicité sur des panneaux autour du stade ou
sur les maillots, poursuit-elle. Nous avons voulu fai-
re du sponsoring utile. »
Née « un soir autour d’une bière », l’idée s’est
concrétisée le 25 octobre, à l’occasion du match de
championnat Lens-Lille. Depuis, à chaque rencontre,
les spectateurs peuvent déposer leur curriculum
vitae – ou celui de leurs amis et voisins – dans sept
urnes disposées autour du stade. Une huitième se
trouve dans l’« espace VIP », pour recueillir les offres
des employeurs à la recherche de salariés, intérimai-
res ou non. Le dispositif est complété par une « agen-
ce mobile », une caravane munie de panneaux d’in-
formation et d’offres d’emplois, dans laquelle des
hôtesses de Creyf’s expliquent ce qu’est l’intérim et
les objectifs de l’opération.
En trois matches, Creyf’s a pu ainsi recueillir
83 offres des entreprises partenaires du club, et
quelque 400 CV, dont 255 exploitables, précise
Fabienne Saudemont. La majorité des demandeurs
ont moins de 26 ans, 30 % – parmi lesquels trente
cadres – ont été licenciés ou ont envie de changer
de voie et possèdent déjà une certaine expérience
professionnelle. Les 255 candidats recevables
seront tous convoqués pour constitution d’un dos-
sier. Parmi eux, 35 ont déjà accepté des missions
d’intérim, 40 ont trouvé un nouvel emploi pour
début janvier, après leur période de préavis. Et
Creyf’s dispose d’offres de mission pour 70 autres.
Jean-Paul Boultchynski, directeur délégué de
l’ANPE pour le centre du Pas-de-Calais, affirme
n’avoir « aucun état d’âme » face à cette initiative.
«Plus de 30 % des offres que nous traitons provien-
nent déjà des sociétés d’intérim, dit-il. Creyf’s est l’un
de nos gros clients, ainsi, d’ailleurs, que le RC Lens. »
Tous deux l’ont informé de leurs intentions avant
son lancement. « J’aurais pu, c’est vrai, en avoir eu
l’idée avant eux, sourit-il. Mais je n’aurais pas pu la
réaliser : Creyf’s dépense en simple logistique pour
un seul match une somme supérieure à mon budget
de communication pour l’année ! »
Cette semaine, il doit rencontrer le directeur géné-
ral de Creyf’s pour la France, Fabrice Carré, pour pré-
ciser leur coopération. Creyf’s a promis de rétrocé-
der immédiatement à l’ANPE toutes les offres de
contrats en durée indéterminée qu’il recevra, et
pourrait aider l’agence à évaluer les demandeurs
d’emploi. Jean-Paul Boultchynski est ravi. « Je viens
de la région parisienne et j’ai été très agréablement
surpris en arrivant, dit-il. Ici, quand il s’agit d’aider les
chômeurs, toutes les entreprises jouent le jeu. »
Jean-Paul Dufour
R
eportée à janvier 2004,
la réforme de l’Agence
nationale pour l’em-
ploi (ANPE) reprendra
«les mêmes modali-
tés » que celles initiale-
ment prévues dans le cadre du pro-
jet de loi sur la formation tout au
long de la vie et le dialogue social
actuellement débattu au Parlement,
indique le ministère du travail. Elle
mettra donc fin au monopole légal
de l’ANPE, autorisant l’entrée sur le
marché de bureaux de placement
privés, bien que la France n’ait pas
ratifié la convention de l’Organisa-
tion internationale du travail (OIT)
de 1997 sur ce sujet. Quels acteurs
pourraient venir sur ce marché ?
Un grand nombre est déjà pré-
sent, et beaucoup collaborent déjà
avec l’ANPE, qui compte 4 000 pres-
tataires extérieurs. Les associations,
par exemple, interviennent, en sous-
traitance, généralement dans l’ac-
compagnement de publics en diffi-
culté, tandis que des sociétés d’inté-
rim, comme Manpower, réalisent
pour l’ANPE « des évaluations de
compétences ». D’autres partena-
riats consistent à échanger offres et
CV entre l’ANPE d’une part, les
entreprises de travail temporaire
(ETT) et les cabinets de recrutement
de l’autre. Avec la fin du monopole,
on pourrait assister à une multiplica-
tion des opérateurs privés dans le
domaine du placement.
Quelles catégories de chômeurs
seraient susceptibles d’attirer ces
convoitises ? « Reclasser les person-
nes peu formées nécessite du temps,
des formations qualifiantes et, sur ce
gâteau peu rentable, il n’y aura pas
beaucoup de monde », estime Philip-
pe Sabater, membre du bureau
national du syndicat SNU-ANPE
(FSU). Pour lui, les opérateurs s’inté-
resseront « plutôt aux personnes les
plus employables ». Dans un entre-
tien au Monde (daté du 12 novem-
bre), Michel Bernard, directeur géné-
ral de l’ANPE, estimait, au contraire,
que ces nouveaux acteurs ont des
prestations d’un coût « générale-
ment élevé, de l’ordre de 3 000 à
4000 euros par personne traitée » et
que, « à ce tarif, de tels services ne
peuvent être que réservés aux chô-
meurs les plus en difficulté ».
Mais « quelle société privée, dont
le but est de réaliser un profit maxi-
mum, va investir sur ce segment ? »,
se demande un expert du marché
du travail. Les ETT qui ont l’habitu-
de des publics peu qualifiés ? Elles
pourront, en effet, entrer sur le mar-
ché du placement à condition de
créer une filiale distincte pour cette
activité. Mais rien ne dit qu’elles y
trouveront un intérêt financier,
selon l’expert. « La société d’intérim
place elle-même ses salariés dans des
entreprises pour des missions tempo-
raires. C’est un jeu répété, où elle peut
espérer du profit à chaque fois. En
revanche, pour un bureau de place-
ment, comme pour un cabinet de
recrutement, une fois l’embauche réa-
lisée, la relation avec l’entreprise est
coupée, l’opérateur est payé. »
« »
Le problème essentiel, c’est celui
du financement des prestations. Cer-
tes, des entreprises pourront payer
ce service, comme dans le cas des
cabinets de recrutement. Mais sans
doute pas pour des personnes en dif-
ficulté. Pour celles-ci, il faudra comp-
ter avec les financements publics,
notamment de l’ANPE, mais aussi
des conseils généraux, des direc-
tions départementales de l’emploi,
etc. Et, sur ce créneau, les opéra-
teurs viendront essentiellement
concurrencer les associations.
Risquent-elles de souffrir de cette
concurrence ? La Fédération natio-
nale des associations de réinsertion
sociale (FNARS) d’Ile-de-France,
qui a signé en 2002 une convention
avec l’ANPE d’Ile-de-France, pour
habiliter ses Espaces emploi, est
constituée d’associations telles que
les Centres d’hébergement et de
réinsertion sociale (CHRS). « Je ne
pense pas que la concurrence mettra
en danger nos structures, estime
Danièle Cornet, coordinatrice char-
gée de l’insertion par l’économique.
Elles accueillent un public très éloigné
de l’emploi, qui a besoin d’un accom-
pagnement global – santé, logement,
travail… Quand on arrive à en placer
15 % en emploi, on estime que c’est
un bon score. C’est un travail difficile
et non rentable. » Les CHRS sont
financés par la direction de l’action
sociale du ministère et, si besoin,
par d’autres sources telles que le
Fonds social européen (FSE).
Si certains points de la future
réforme peuvent avoir des « aspects
positifs », en offrant, par exemple,
l’opportunité aux associations inter-
médiaires (AI), qui aujourd’hui ser-
vent de sas d’insertion, de venir sur
le marché du placement, Danièle
Cornet y voit aussi le risque d’une
«concurrence sauvage, car l’ouvertu-
re du marché n’est pas encadrée ».
C’est aussi la crainte de ce responsa-
ble associatif, dont la structure ne
fonctionne que via des conventions
avec l’ANPE. « Il y aura davantage
de concurrence, donc moins de
publics à traiter pour chaque associa-
tion. Il est vrai que nous avons une
expérience auprès des personnes en
difficulté, mais les opérateurs privés
vont s’adapter et, pourquoi pas, recru-
ter dans les associations en offrant de
meilleurs salaires. » En raison de cet-
te concurrence accrue, « l’ANPE, qui
devra faire des choix entre les structu-
res, aura sans doute plus d’exigences
en termes de résultats ».
«Le critère, dans le choix des asso-
ciations, c’est vraiment leur efficacité,
explique-t-on à l’ANPE. Elles répon-
dent à des appels d’offres. Elles sont
déjà dans cette logique concurren-
tielle. » Mais la pression pourrait
s’accentuer sur ces structures sou-
vent fragiles, et en laisser quelques-
unes au bord de la route.
F. A.
la concurrence
des opérateurs
privés inquiète
certains
responsables
D
’un côté, plus de
2,5 millions de chô-
meurs, de l’autre,
300 000 offres d’em-
plois non satisfaites.
Chacun verra là un
paradoxe. Un paradoxe « inaccep-
table », comme l’a déclaré François
Fillon ? C’est, en tout cas, l’un des
arguments avancés par le ministre
du travail pour justifier la fin pro-
chaine du monopole de l’Agence
nationale pour l’emploi (ANPE),
destinée à « fluidifier » le marché
du travail. Il s’est même engagé à
diminuer de 100 000 en 2004 le nom-
bre de ces offres non pourvues, en
mettant en place des formations
spécifiques et des mesures « pour
convaincre les chômeurs d’accepter
les postes proposés ». Un pari loin
d’être gagné, selon plusieurs
experts.
Pour commencer, d’où vient ce
chiffre de 300 000 ? En moyenne,
15 % des offres proposées par
l’ANPE ne sont pas pourvues au
bout de trois mois, soit environ
450 000. Le ministère en enlève
celles retirées par les entreprises
pour diverses raisons. Il en reste
120 000. L’ANPE captant 40 % du
marché des offres, le ministère en
déduit qu’au total environ 300 000
postes ne sont pas pourvus. Un
chiffre peu fiable car le pourcentage
des 15 % à l’origine du raisonne-
ment inclut déjà, en réalité, les
offres retirées, mais pas toutes.
«Les entreprises ne nous préviennent
pas toujours lorsque leur offre d’em-
ploi a été pourvue en interne ou que
le recrutement a été différé », indi-
que-t-on à l’ANPE. De plus, la réfé-
rence à une durée de trois mois n’a
pas grand sens dans ce débat.
Quels sont les profils de ces
emplois ? Aucune donnée précise.
Certains relèvent forcément des sec-
teurs connaissant des difficultés de
recrutement, repérés par l’enquête
de l’ANPE/Dares (ministère du tra-
vail) sur « les tensions sur le marché
du travail ». Ainsi, au premier semes-
tre, le rapport offres sur demandes
est supérieur à 1 chez les ouvriers
qualifiés du BTP, les employés et
techniciens des assurances, les infir-
miers et sages-femmes, les bou-
chers, charcutiers et boulangers, les
cuisiniers, le personnel de l’hôtelle-
rie, etc. Dans certains métiers, ces
tensions sont assorties d’un faible
taux de chômage, comme chez les
infirmiers ; dans d’autres, elles
coexistent avec un grand nombre
de demandes d’emploi, comme
pour les métiers de bouche ou l’hô-
tellerie. Les causes de ces tensions
sont donc multiples et mériteraient
une analyse fine. Cette étude ne
fournit pas non plus le volume d’em-
plois difficiles à pourvoir.
Mais, pour le ministère, aucun
doute : ces 300 000 postes relèvent
«essentiellement de secteurs comme
le BTP ou l’hôtellerie-restauration,
qui ont un déficit d’image en raison
des conditions de travail et des
salaires » trop faibles. L’ANPE reste
prudente : « On ne peut pas dire que
les postes non pourvus relèvent tous
de métiers en tension, le problème est
plus complexe. » L’Agence vient de
lancer une étude sur ces offres,
attendue à la fin de l’année.
Beaucoup d’experts ne se retrou-
vent pas dans la vision de M. Fillon.
Ces postes vacants, « qui existent
dans toute économie », sont le pen-
dant du « chômage frictionnel »,
souligne Philippe Askenazy, cher-
cheur au CNRS, qui ajoute que la
France connaît là une « situation
standard par rapport à d’autres
pays. Je vois difficilement comment la
mise en concurrence de l’ANPE, qui
adéjà accompli beaucoup de pro-
grès, pourrait réduire ce volant de
postes vacants. »
Divergence aussi sur les emplois
concernés. Ceux qui relèvent « de
secteurs mal rémunérés où les condi-
tions de travail sont pénibles consti-
tuent un tiers de ces 300 000
postes », estime le chercheur, voire
occupent une place « marginale »
selon Pierre Cahuc, professeur à
l’université Paris-I. Les autres
emplois inoccupés, affirment-ils,
sont liés aux mouvements de main-
d’œuvre, accentués ces dernières
années par la multiplication des
contrats précaires. « Chaque jour
ouvrable, précise Pierre Cahuc,
30 000 salariés quittent leur emploi
(retraite, fin de CDD, licenciement,
démission), soit plus de 6 millions par
an. Il y a ainsi en permanence des
personnes entre deux emplois, et en
face des postes en attente. Il faut le
temps que la rencontre se fasse. » Il
ne voit pas là « de dysfonctionne-
ment du marché du travail. Ces
300 000 postes représentent 1,5 % de
l’emploi total, c’est peu. Aux Etats-
Unis, ce taux était de 3 % fin 2002 »,
avec un chômage plus faible qu’en
France.
Au-delà du manque d’attractivité
de certains métiers, il faut aussi
prendre en compte « les problèmes
de qualification inadéquate, de loca-
lisation des postes, d’entreprises qui
cherchent le mouton à cinq pattes,
etc. », ajoute Jean-Luc Biacabe,
secrétaire général du Centre d’ob-
servation économique de la cham-
bre de commerce et d’industrie de
Paris. Aussi, « on peut sûrement
améliorer l’efficacité de l’ANPE, mais
je ne dis pas que cela va supprimer
ces postes non pourvus ». « On dis-
pose de très peu d’analyses sur ce
problème, observe Denis Fougère,
directeur de recherche au CNRS.
On peut toujours essayer de mettre
en question les institutions, et cela est
légitime, mais sur quels outils scienti-
fiques s’appuie-t-on pour juger de
l’efficacité de notre service public de
l’emploi ? Cette tension sur le marché
du travail a toujours existé. Elle est
structurelle. Simplement, la crise la
rend plus visible aujourd’hui. »
Francine Aizicovici
1
Que prévoit
la réforme
de l’ANPE ?
Initialement prévue dans le projet
de loi relatif à la formation profes-
sionnelle et au dialogue social,
actuellement débattu au Parle-
ment, la réforme de l’Agence natio-
nale pour l’emploi (ANPE) a été
reportée à janvier 2004, date à
laquelle François Fillon, ministre
du travail, disposera du rapport du
conseiller d’Etat Jean Marimbert,
portant, notamment, sur un rap-
prochement entre l’ANPE et
l’Unedic.
Les modalités de la réforme ne
devraient pas être modifiées,
selon le ministère. La fin du mono-
pole légal de l’ANPE dans le place-
ment des chômeurs est acquise,
même si cette ouverture existe
déjà. Préalablement déclarés
auprès de l’administration, des
bureaux de placement privés pour-
ront intervenir sur ce marché, cet-
te activité étant cependant
«incompatible » avec d’autres ser-
vices à but lucratif, à l’exception
de ceux « ayant trait à la recherche
d’emplois ». Aucuns frais ne pour-
ront être demandés aux chô-
meurs, qui devront continuer à
s’inscrire à l’ANPE.
L’ANPE pourra fournir des presta-
tions payantes aux entreprises et
«prendre des participations, partici-
per à des groupements et créer des
filiales ». M. Fillon vient d’annon-
cer de nouvelles mesures pour cet-
te réforme, en vue d’une « indivi-
dualisation plus grande » du suivi
des chômeurs et du « système d’in-
demnisation ».
2
Quel est
le bilan
du PARE ?
Entré en application le 1er juillet
2001, le Plan d’aide au retour à
l’emploi (PARE) s’inscrit dans la
nouvelle convention d’assurance-
chômage, qui supprime la dégressi-
vité des allocations et propose un
projet d’action personnalisé (PAP)
aux chômeurs soumis à un renfor-
cement de leurs obligations.
En juillet 2003, les gestionnaires
de l’assurance-chômage ont pré-
senté un point d’étape sur le PARE.
Le taux de retour à l’emploi après
formation est deux fois supérieur
au taux moyen habituel ; la durée
moyenne d’indemnisation a dimi-
nué de neuf jours en 2002. L’ANPE
estime, elle, que la durée moyen-
ne de chômage est passée de
13 mois en 2000 à 11 mois en 2002.
Cependant, une autre étude, en
cours de réalisation par le Centre
d’études de l’emploi pour l’ANPE
apporte des éléments contradictoi-
res. Ses premiers résultats indi-
quent que « la vitesse de sortie du
chômage n’a pas changé de façon
significative avec le PARE ». Néan-
moins, les chômeurs qui ont béné-
ficié d’un accompagnement appro-
fondi sortent « plus vite » du chô-
mage que ceux qui n’en n’ont pas
profité.
De son côté, la Dares (ministère du
travail) a interrogé un échantillon
de chômeurs ayant signé un PAP.
L’étude a été publiée en novem-
bre. Onze mois après la signature
du PAP, près des deux tiers des pro-
jets d’action sont réalisés mais
60 % des demandeurs d’emploi
sont encore à la recherche d’un tra-
vail. L’idée selon laquelle le PARE
et le PAP se traduisent par « davan-
tage de contrôles est largement par-
tagée ». Cependant, 73 % estiment
que l’entretien six mois après l’ins-
cription « a été l’occasion de faire
le bilan des derniers mois de recher-
che ». Les chômeurs souhaitent
que l’accompagnement soit plus
important et intervienne plus tôt.
3
Quelle incidence aura
la décentralisation
de la formation
qualifiante pour les
chômeurs sur l’AFPA ?
Inscrite dans le cadre du projet de
loi relatif aux responsabilités loca-
les, actuellement débattu, cet élar-
gissement des compétences des
régions s’accompagne du transfert
de crédits. Sur les 700 millions de
subventions que l’Etat affectait
auparavant à l’Association pour la
formation professionnelle des
adultes (AFPA), 450 seront transfé-
rés, l’Etat conservant la distribu-
tion des fonds de l’orientation. Ce
transfert débutera en 2005.
Le donneur d’ordre ne sera plus
l’Etat, mais la région, qui n’aura
pas obligation de s’adresser à l’AF-
PA. Celle-ci sera mise en concurren-
ce avec d’autres centres de forma-
tion, dans le cadre d’appels d’of-
fres, alors qu’elle fonctionnait jus-
qu’à présent avec des subventions.
Dans certains domaines, comme le
BTP ou l’hôtellerie-restauration,
l’AFPA n’a sans doute pas de souci
àse faire, car elle dispose d’instal-
lations techniques que peu d’orga-
nismes pourraient s’offrir.
En revanche, sur les formations ter-
tiaires, elle risque d’être perdante
dans les appels d’offres compte
tenu de ses coûts, liés aux charges
de service public. Elle dispose,
notamment, de capacités d’héber-
gement qui permettent à des sta-
giaires éloignés des centres de for-
mation de venir quand même se
former. Aura-t-elle encore les
moyens de s’occuper des chô-
meurs en situation d’exclusion ?
C’est l’une des inquiétudes, l’autre
étant que, si l’AFPA perd des parts
de marché, elle devra se restructu-
rer, avec sans doute des licencie-
ments à la clé.
françois fillon
veut diminuer
du tiers
les 300 000 offres
non satisfaites
POUR EN SAVOIR PLUS
QUESTIONS-RÉPONSES
Chômage
DOSSIER
L’idée de réformer l’ANPE repose
sur une vision contestée du marché de l’emploi
>Les politiques de l’emploi
et du marché du travail, ministère
des affaires sociales, du travail et de
la solidarité. Direction de l’animation
de la recherche, des statistiques
(La Découverte, coll. « Repères »,
2003, 122 p., 7,95 ¤).
>La nouvelle enquête emploi,
l’activité et le chômage, Insee -
Economie et statistique, 2003,
no362, 122 p., 7 ¤).
> Réformes structurelles du marché
du travail et politiques
macroéconomiques, par Edmond
Malinvaud, Revue de l’OFCE, n˚ 86,
juillet 2003, 24 p. (http://www.ofce.
sciences-po.fr/pdf/revue/1-86.pdf)
> Pour un Grenelle de l’Unedic,
de Robert Crémieux, Didier Gélot
et Christine Lanoizelez, Fondation
Copernic (2003, Syllepse, 163 p., 7 ¤).
> Chômage et chômeurs, de Robert
Holcman (2003, éd. ENSP, 287 p., 32 ¤).
>Sur Internet, les derniers chiffres
http://www.travail.gouv.fr/etudes/
embargo_marche.asp
II/LE MONDE/MARDI 25 NOVEMBRE 2003