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se souviendra de moi
Cie Tabula Rasa - De Jean-Marie Piemme
Mise en scène Sébastien Bournac
MAR 22 NOV / 21h - Dôme
CIRC . Allée des Arts . 32000 Auch (FR) I www.circa.auch.fr
Billetterie : 05 62 61 65 00 - billetterie@circa.auch.fr
pôle national des arts du cirque, Auch
© Pamela Au
Jespère quon
Parole viscérale
A
u Quartier des Muguets, ce jour-là,
disons un jour de mai, le début de
soirée était paisible, si tant est que
puisse être paisible la n d’une journée
harassante : Charles a du travail, il n’économise
pas sa peine. Ce jour-là, à 19 heures 12
exactement (c’est dans le rapport de police),
alors qu’il fume sa cigarette sur un banc en
attendant son bus, Charles voit un cycliste
abimer la carrosserie dune voiture en passant
trop près de celle-ci. Altercation avec le
propriétaire de la voiture, qui s’emporte contre
le jeune cycliste. Ce jour-là, à 19 heures 15, soit
trois minutes plus tard, Charles Z a frappé à
mort le propriétaire de la voiture.
Un passage à l’acte visiblement, dirait un psy
que nous ne convoquerons pas. Pas plus que
nous ne convoquerons le sociologue de service
pour nous éclairer sur cet acting out. Encore
moins, les moralistes honnêtes ou déshonnêtes
qui déleraient à la barre. Pas de procès, pas de
témoignage judiciaire, pas de focus sur un
« cas », pas de reconstitution du drame. Alors,
quoi ? Nous intéresse en priorité le meurtrier
lui-même.
Nom : Charles Z. (par discrétion nous ne citerons
pas le nom de famille), mais nous pouvons
préciser que Charles n’aime pas son prénom et
qu’il préfère qu’on l’appelle Carlos.
Profession : Ociellement, il est plombier, mais
c’est un homme doué pour tout type de travaux
manuels. Âge : 28 ans / Nationalité : Française.
Et nous intéresse aussi la constellation de ses
proches : père, mère, grand-mère maternelle,
épouse, employeur. Ajoutons encore ce jeune
garçon, étranger à l’aaire qui, sans l’avoir
cherchée, la déclenche.
Ils seront 7 sur scène. Ils prendront longuement
la parole chacun à tour de rôle, sans dialogue
direct. Ce sera pour chacun une traversée de
lui-même, un voyage dans sa réalité, ses secrets,
son monde intérieur.
De la même façon que le meurtrier est plus
que son meurtre, ceux qui sont convoqués à
en parler (père, mère, grand-mère, épouse,
employeur, jeune garçon) ne doivent pas être
enfermés dans le cercle étroit de l’événement
tragique. Ce dernier traverse chaque
personnage, mais les éléments d’explication que
chacun donne en racontent plus sur lui-même
que sur ce qui s’est passé. L’acte de Carlos a
valeur de révélateur pour chacun. Parler de
Carlos, c’est faire remonter à la surface du
non-dit, de l’implicite, de la prise de
conscience, de la nostalgie, du regret, de la
joie, c’est convoquer des vies réelles, des vies
d’aujourd’hui, dans le monde d’aujourd’hui,
dans les contradictions d’aujourd’hui, en
n’oubliant pas qu’une existence est faite de ce
qui arrive et à quoi on doit se plier, mais qu’elle
est faite aussi d’imaginaire, d’illusions
bienfaisantes, d’aspirations inouïes, de rêves,
d’espérances, de croyances, qui arrachent
chacun d’entre nous au terre à terre quotidien.
Mille vies nous traversent, même si nous n’en
vivons que quelques unes. Et il faudra que nos
personnages nous parlent de façon que nous
soyons avec eux, partageant leurs espérances,
leurs désillusions, leur courage ou leur lâcheté
autant que leurs lubies.
Ils sont 7 personnages sur scène, mais le 8
e
,
c’est nous dans la salle, nous qui par notre
écoute chercherons à travers eux notre chemin
personnel. En dénitive, ce portrait de groupe
avec meurtre sera un acte de langage
chacun d’entre nous pourra s’apercevoir
dans le miroir de 7 singularités.
Le spectacle
En tant qu’auteur, ce projet m’intéresse à
trois titres :
1) Il fait conance au langage-au-théâtre dans
un temps qui s’en écarte. La prise de parole ne
se réduit pas à l’acte de communication d’une
information. Le langage n’est pas, ne doit pas
être fonctionnel, instrumentalisé. Le
mimétisme ne m’intéresse pas.
2) Il rentre dans le droit l de mes
préoccupations : comment parler de notre
quotidien sans pour autant s’y réduire,
condamner le spectateur à un terre à terre qui
ne serait que reconnaissance de ce que l’on sait
déjà Comment dans le quotidien débusquer
l’imaginaire. Comment déplacer le quotidien
pour que le spectateur l’aperçoive autrement.
3) Il cherche à parler avec légèreté de alités
graves. Nous sommes au théâtre. Ne cherchons
ni la leçon, ni la lourdeur, ni la fausse gravité.
Une vivacité de style doit souer adéquatement
sur la vivacité naturelle du spectateur. Ainsi le
théâtre sera un acte joyeux et rééchi.
Jean-Marie Piemme
L
e souvenir d’un télélm de R.-W.
Fassbinder (et plus encore du récit qui l’a
inspiré), l’envie de poursuivre une
collaboration avec le dramaturge Jean-Marie
Piemme (après la mise en scène de Dialogue
d’un chien avec son maître…), la nécessité que
j’éprouve, au moment de prendre la direction
d’un théâtre, à travailler avec une équipe
recomposée d’acteurs au jeu brûlant et intense,
et surtout le désir d’assumer un acte de
théâtre tout entier construit autour de la
parole aujourd’hui, mais de cette parole qui
remue en nous quelque chose de viscéral et
de joyeusement furieux, nourrissent ce projet
de création en son origine.
Ce qui m’importe ici, c’est de multiplier les
sujets, les histoires et les points de vue pour
construire un théâtre-portrait de notre monde.
Pour éclairer notre société d’une manière
diérente, nous plongerons avec ce projet
dans un militantisme de l’intime.
Il faut préciser ici que l’intime n’est pas un repli
de soi sur soi mais une façon de lire le monde et
le temps qui nous entourent. L’intime c’est aussi
de l’Histoire subjectivisée.
Il n’y aura plus de héros ni d’anti-héros.
Simplement 7 comédiens, 7 corps et 7 voix en
équilibre instable entre réalité et ction,
remplis d’un sentiment d’urgence, intimement
connectés par une histoire ordinaire, qui
prennent la parole (et les masques qui vont
avec) pour venir nous raconter leur part du
monde, quelque chose de leur vie, nous asséner
leurs vérités et déballer leur cœur et leurs
émotions.
7 prises de parole comme autant de portraits
d’êtres humains en vie qui tentent de sortir de
leur propre existence, de leurs propres pièges,
mais aussi de ceux tendus par la société.
Nous observerons sur la scène 7 comédiens /
personnages se réapproprier leurs vies dans un
exercice de parole lucide et joyeux sur eux-
mêmes et sur nous-mêmes.
Car ici JE est un NOUS.
Avec Jean-Marie Piemme, nous sommes dans le
désir d’un théâtre qui soit un endroit possible du
désespoir surmonté.
Sébastien Bournac
Le spectacle
La compagnie Tabula Rasa
Depuis sa création en 2003, Tabula Rasa bénécie
d’un solide soutien professionnel en Midi-Pyrénées.
D’abord accueillie en résidence au Théâtre de
Cahors (2003-2004), la compagnie a été ensuite
associée au Théâtre de la Digue (2005-2011), puis
dans le même temps en résidence à La Maison des
Jeunes et de la Culture de Rodez (2008-2011).
Depuis septembre 2011, Sébastien Bournac et la compagnie Tabula Rasa sont en compagnonnage
artistique avec la Scène Nationale d’Albi. Avec Tabula Rasa, Sébastien Bournac arme son attachement
aux auteurs contemporains, parmi lesquels gurent notamment Pier Paolo Pasolini, Rainer Werner
Fassbinder, Heiner Müller, Jean-Luc Lagarce, Bernard-Marie Koltès, Christophe Huysman, Ximena
Escalante, Stefano Massini…
Il développe un travail de création résolument axé sur les nouvelles écritures dramatiques, à travers des
compagnonnages avec des auteurs tels que Daniel Keene, Ko Kwahulé, Ahmed Ghazali… auxquels il
passe des commandes de pièces.
De spectacle en spectacle s’arme le désir d’un théâtre engagé et vivant, tout à la fois critique et
poétique, profondément intempestif et ludique. Un regard sur le monde lucide, inquiet, traversé par
des questionnements sur l’altérité, l’ailleurs, la fragilité des identités et des êtres dans notre société.
Soucieuse de partager le théâtre avec les publics les plus larges et les plus variés, la compagnie alterne
des créations dans les lieux théâtraux identiés avec des formes scéniques nomades, plus souples et
légères, propres à investir des lieux non théâtraux et à aller à la rencontre de nouveaux spectateurs.
Parallèlement à ses créations et à ses chantiers artistiques, la transmission est au cœur du projet de la
compagnie Tabula Rasa. Sébastien Bournac met en place de manière très militante auprès des publics
de larges programmes d’actions culturelles, de sensibilisation et de formation au théâtre (résidences,
ateliers, stages, rencontres, conférences, DVD...).
En marge de ses activités propres, Tabula Rasa participe activement au projet « Mauvaises Herbes » :
programme de couvertes des écritures contemporaines pour la scène et de rencontres d’auteurs du
XXI
e
siècle conduit depuis 2005 en partenariat avec l’Espace Culturel Croix-Baragnon (Toulouse).
Spectacle
Dialogue d’un chien
- Cie Tabula Rasa © François Passerini
Biographies - auteur et metteur en scène
Né en Wallonie en 1944, Jean-Marie Piemme a suivi des études de littérature
à l’université de Liège et de théâtre à l’Institut d’études théâtrales de Paris.
Dramaturge à l’Ensemble théâtral mobile, il collabore ensuite avec le Théâtre
Varia (Bruxelles). De 1983 à 1988, il rejoint l’équipe de Gérard Mortier à
l’Opéra national de Belgique. Actuellement, il enseigne l’histoire des textes
dramatiques à l’Institut national supérieur des arts du spectacle (Insas). En
1986, il écrit sa première pièce Neige en décembre qui sera mise en scène
l’année suivante. Suivront une trentaine de textes joués en Belgique et à
l’étranger. Ses textes sont principalement publiés aux éditions Actes-Sud
papiers et aux éditions Lansman.
Il a publié un roman Tribulations d’un homme mouillé aux éditions Labor à Bruxelles. La revue
Alternatives théâtrales lui a consacré son numéro 75 (décembre 2002) ainsi qu’un hors-série Voyages
dans ma cuisine (2008) constitué d’entretiens avec Antoine Laubin sur son théâtre. Les Éditions Aden
ont publié Spoutnik, un récit autobiographique, et Rien d’ociel, cinq récits sur le monde d’aujourd’hui
conçus à partir de grandes gures shakespeariennes.
En 2010, il a donné une conférence sur ses textes à l’université d’Avignon intitulée Un théâtre de la
disparition, publiée en 2011 aux presses universitaires d’Avignon. En 2011, il a été l’invité de la chaire de
poétique de l’université de Louvain. Il y a donné quatre conférences sur le thème « L’écriture comme
théâtre ». Jean-Marie Piemme a bénécié d’une résidence d’écriture à la Rose des vents de Villeneuve
d’Ascq en 1991 et à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon en 1996.
Sébastien Bournac est né en 1972 dans le Lot-et-Garonne.
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay / Saint-Cloud, en
parallèle de ses études littéraires, il commence une formation théâtrale et
découvre la mise en scène avec le théâtre universitaire.
Après plusieurs collaborations littéraires et artistiques (au Théâtre National de
la Colline, au Théâtre des Amandiers à Nanterre) et une expérience
d’assistant à la mise en scène (notamment auprès de Jean-Pierre Vincent), il
est engagé en 1999 au Théâtre National de Toulouse comme collaborateur
de Jacques Nichet sur plusieurs spectacles. On lui cone ensuite la
responsabilité pédagogique et artistique de l’Atelier volant du TNT
(2001-2003) avec lequel il crée un diptyque à partir de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, Anvedi ! et Pylade.
En 2003, il fonde alors sa compagnie, Tabula Rasa, avec laquelle il crée dès lors tous ses spectacles.
Parallèlement à son activité au sein de la compagnie, de 2003 à 2013, il assure l’enseignement d’études
théâtrales en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles. En mars 2016, il prend la direction du Théâtre
Sorano de Toulouse.
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