spécifique à 10 et 15 ans de 8 % (IC
95 % : 7–10) et 19 % (IC 95 % : 14–24)
respectivement en utilisant les critè-
res de D’Amico et al. [6].
Concernant la PT réalisée pour
des tumeurs cT3, une surévaluation
du stade clinique est retrouvée dans
20 à 36 % des cas, finalement reclas-
sés pT2 [4,6,13,37]. Les taux de sur-
vie sont proches de ceux obtenus
par l’association hormonoradiothé-
rapie, qui est le traitement de réfé-
rence à ce stade (survie spécifique
après PT respectivement de 85 à
99 % à cinq ans, de 72 à 92 % à dix
ans et de 76 à 84 % à 15 ans)
[4,6,13,25,34].
Résultats fonctionnels
Avec l’amélioration des techniques
chirurgicales incluant la voie
d’abord laparoscopique, les taux
de complications de la PT pour les
tumeurs à haut risque sont sembla-
bles à ceux de la PT pour des
tumeurs moins évoluées, mis à
part les séquelles sexuelles [4,6].
Les complications postopératoires
les plus fréquentes sont l’inconti-
nence urinaire et la dysfonction
érectile, qui apparaissent immédia-
tement après la chirurgie et s’amé-
liorent avec le temps [34]. L’évalua-
tion rigoureuse préalable des
patients, l’expertise opératoire et le
volume chirurgical en cancérologie
sont des facteurs qui interviennent
dans la réduction de la morbidité et
l’amélioration des résultats carcino-
logiques et fonctionnels [30,34].
Traitements complémentaires
à la chirurgie
Hormonothérapie néoadjuvante
Une hormonothérapie néoadju-
vante avant la prostatectomie
totale, même pour un CPHR, n’est
pas recommandée en pratique cou-
rante, aucune étude n’ayant montré
un bénéfice en survie spécifique et
globale entre les patients traités et
ceux non traités [16,29].
Ce sont essentiellement les
résultats anatomopathologiques
de la pièce opératoire et la valeur
du PSA postopératoire qui vont
guider la stratégie des traitements
adjuvants ou de rattrapage, décidée
en RCPO.
Radiothérapie adjuvante
et de rattrapage
Trois essais randomisés majeurs
ont montré que la radiothérapie
adjuvante à la dose de 60 à 65 Gy
permettait de prévenir ou de
différer la récidive biochimique et
clinique : EORTC 22911, SWOG
S8794 et ARO 96-02, avec un béné-
fice sur la survie globale et la survie
sans métastases démontré dans
l’essai du SWOG S8794 [2,32,37].
Pour les patients pT3 R1, il n’est
pas prouvé que la radiothérapie
adjuvante ait une efficacité supé-
rieure à la radiothérapie de rattra-
page à la récidive biologique.
L’essai GETUG-AFU 17 qui compare
ces deux traitements devrait répon-
dre à la question.
Dans le cas d’une récidive locale
après PT, la radiothérapie de rattra-
page est une option efficace pour
améliorer le contrôle local et la sur-
vie sans récidive clinique. Il est
admis que la radiothérapie doit
être réalisée avant que le PSA à la
récidive n’atteigne 0,5 ng/ml [16,29].
Traitement hormonal adjuvant
Pour les patients pN1-2, l’étude de
Messing a démontré, avec un recul
de 12 ans, qu’un traitement hormo-
nal immédiat par analogues de la
LH-RH était bénéfique en termes
de survie globale (72,5 versus
49 %) et de survie spécifique (87,2
versus 56,9 %) comparativement à
un traitement hormonal différé à la
progression métastatique [22].
Pour les patients pT3, l’étude
EPC (Early Prostate Cancer), qui a
comparé le bicalutamide 150 mg
versus placebo après PT, a montré
que le risque de progression biochi-
mique et clinique était réduit de
25 % avec un suivi moyen de
7,4 ans, mais sans impact sur
la survie globale [21]. L’essai
AFU-GETUG 20, récemment ouvert,
va comparer une hormonothérapie
adjuvante (deux ans d’aLHRH) à la
surveillance en situation de tumeur
pT3b et/ou de score de Gleason
pathologique supérieur à 7, R0
N0 avec PSA postopératoire
indétectable.
Hormonoradiothérapie
L’hormonoradiothérapie est actuel-
lement le traitement de référence
des tumeurs localement avancées
(T3) et par extension des CPHR
chez les patients dont l’espérance
de vie est longue.
Le but de l’hormonothérapie
associée à la radiothérapie est
d’améliorer le contrôle local en ren-
forçant l’efficacité des techniques
de radiothérapie innovantes et de
réduire les échecs métastatiques,
sans peser d’un poids trop lourd
sur le confort et la qualité de vie
des patients. Depuis une vingtaine
d’années, nombre d’essais théra-
peutiques ont été conduits et
publiés confirmant le bénéfice de
l’association d’une hormonothéra-
pie à la radiothérapie, mais toutes
les questions posées par cette asso-
ciation ne sont pas résolues.
Essais thérapeutiques
Les plus anciens avec les données
les plus matures concernent des
patients porteurs de CPHR intégrant
des stades T3. Quatre grandes
études randomisées ont le nombre
de patients, la rigueur méthodo-
logique et le recul suffisant
(> 10 ans) pour permettre d’établir
le concept d’hormonoradiothérapie
comme un standard thérapeutique
dans cette indication en comparai-
son avec la radiothérapie exclusive
(Tableau 2). Elles comportaient un
bras témoin avec une radiothérapie
exclusive (45–50 Gy dans un
volume ganglionnaire pelvien, et
65–70 Gy dans un volume prosta-
tique) et un bras expérimental asso-
ciant la même irradiation à une hor-
monothérapie par aLHRH. Dans les
essais du RTOG 85-31 et de l’EORTC
22863, la radiothérapie était compa-
rée à une association avec un traite-
ment hormonal long (deux à trois
ans), alors que dans les essais du
RTOG 86-10 et du TROG, l’hormo-
nothérapie associée était courte
(quatre à huit mois) avec un objectif
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