RÉGLEMENTATION DES CHANGES
La législation des changes en Algérie pénalise les citoyens et les opé-
rateurs nationaux qui désirent investir à l’étranger. Tel est le constat
des spécialistes. Trop prudente, trop administrative, trop restricti-
ve, elle est beaucoup moins avancée que celle de ses pays voisins. Au re-
gard du droit au change, les citoyens marocains et tunisiens bénéficient
de montants nettement plus importants, au titre de l’allocation touris-
tique, des frais d’enseignement et des soins à l’étranger, alors que les re-
venus financiers des pays voisins sont beaucoup moins élevés que ceux
de l’Algérie. En d’autres termes, ces pays traitent mieux leurs citoyens
dans ce domaine. Cette situation est à l’origine entre autres facteurs non
négligeables de la prospérité du marché parallèle de la devise dans le pays.
Quant à la nouvelle réglementation qui libère partiellement l’investis-
sement des nationaux à l’étranger, elle est tellement fermée que peu d’ex-
portateurs nationaux peuvent répondre aux critères de la Banque cen-
trale. Il leur faut au moins trois ans pour constituer des montants assez
importants tirés de l’exportation qui leur permettent d’envisager des opé-
rations d’investissements conséquentes à l’étranger.
L’ambition affichée par le gouvernement de favoriser les exportations
algériennes en Afrique est contredite par l’environnement institution-
nel trop contraignant, un ensemble de services d’appui insuffisant et une
chaîne logistique très en deçà des attentes.
Par ailleurs, contrairement au Maroc, l’Algérie ne dispose pas de banques
privées locales et encore moins de banques publiques présentes en Afrique
subsaharienne. Si ce pays est beaucoup plus agressif dans sa conquête
des marchés africains, c’est parce que ses banques accompagnent ce mou-
vement avec des agences ou des succursales sur place. LAlgérie est à mil-
le lieues de cette évolution bloquée par une législation des changes ana-
chronique.
Si cette prudence se justifie par les énormes transferts illicites de devises,
pourquoi alors ce manque de volonté politique en vue de traquer cet ar-
gent sale, de séparer le bon grain de l’ivraie ?
La législation des changes se caractérise également par son caractère in-
achevé. À ce jour, le décret d’application sur la balance excédentaire en
devises exigé en 2009 n’a pas été promulgué, ni même celui du méca-
nisme de change à terme.
En définitive, la législation des changes ne facilite pas les choses aux
simples citoyens et aux entrepreneurs qui ciblent l’exportation ou l’in-
vestissement à l’étranger comme l’un de leurs principaux relais de crois-
sance. Elle ne porte pas l’ambition affichée par le pouvoir politique ac-
tuel d’élever l’Algérie au statut de grand pays émergent. Nos gouvernants
font en outre l’économie d’une politique de change qui permette de sai-
sir les opportunités d’acquisition d’actifs à l’étranger susceptibles de ré-
duire notre retard technologique, de développer nos exportations hors
hydrocarbures et d’assurer notre développement durable.
En situation de baisse des revenus financiers, ils tournent le dos à des
solutions et des facilitations qui permettent d’augmenter la part du gâ-
teau au profit du Trésor et du bien-être des citoyens. En somme, une po-
litique qui mène droit à une crise comparable à celle des années 1990.
K. R.
LES INVESTISSEURS
ET LES TOURISTES
ALGÉRIENS PÉNALISÉS
Une législation
des changes
anachronique
Par : K. REMOUCHE
Mercredi 8 juillet 2015 11
LIBERTE Supplément Économi e
Louiza/Liberté
Comme chaque année, ceux qui
ont décidé de voyager à
l’étranger devront se contenter
d’une allocation touristique
xée ces derniers jours au
montant de 125 euros. Un
montant dérisoire quand on sait que nos voi-
sins tunisiens et marocains, dont les réserves
de change en devises ne dépassent pas
quelques mois d’importation, accordent à
leurs citoyens
un droit au
change
annuel respecti-
vementde 3 000 et 3 500 euros. Nos voisins
ont en outre la faculté “de cumuler ce mon-
tant sur deux ans ou de le fractionner pour
plusieurs sorties”. En dépit des déclarations
pompeuses des responsables de la Banque
d’Algérie sur la poursuite du “processus de
mise en convertibilité du dinar”, la réglemen-
tation algérienne en matière de change au
prot des particuliers est restée très conser-
vatrice. Elle prévoit 3 principaux cas de
transfert. Il s’agit, outre l’allocation touris-
tique xée à la contre valeur de 15 000 DA
par an, d’un droit de change au prot des
nationaux résidents poursuivant une scolari-
té à l’étranger. Son montant a été xé depuis
1996 à 7 500 dinars (70 euros) maximum par
mois pour une période maximale de dix mois
s’écoulant entre le 1er septembre et le 30 juin.
Une autre instruction de la Banque d’Algérie
a instituéen 1997 un droit de change pour
soins à l’étranger xé à la contre-valeur en
devises d’un montant maximum de 120 000
dinars par année civile. Dans ces deux der-
niers cas également, la comparaison avec les
pays voisins est accablante.
Les citoyens tunisiens par exemple peuvent
disposer d’un droit au change pour frais de
scolarité à l’étranger qui dépassent 400 euros
par mois , sans compter les frais s’inscription
pour lesquels la réglementation leur accorde
en outre plus de 500 euros.
Le niet du ministère des Finances
Au début de l’année 2013 les mesures évo-
quées devant les parlementaires par le gou-
verneur de laBanque d’Algérie concernant
l’augmentation de l’allocation touristique
annuelle et des plafonds de transferts relatifs
aux frais de scolarité et de soins à l’étranger
avaient pourtant suscité beaucoup d’espoirs.
Diérentes sources conrmaient en eet que
le projet à l’étude envisageait une augmenta-
tion qui porterait l’allocation annuelle à “un
niveau d'au moins 500 euros”. Dès le courant
du deuxième semestre 2013 ,les premiers
signes de détérioration de nos équilibres
nanciers extérieurs avaient conduit le
ministre des Finances, M.Karim Djoudi a
annoncé que la mesure n’était “pas à l’ordre
du jour”.
La faute à la balance des paiements
Les yeux xés sur les (mauvaises) perfor-
mances de la balance des paiements, les auto-
rités nancières algériennes ont donc peu de
chance de remettre le projet à l’ordre du jour
dans un avenir proche. La dégradation des
marges de manœuvre nancière du pays
semble aujourd’hui inscrite dans la durée.
Diminution des recettes pétrolières et aug-
mentation des importations constituent des
tendances lourdes qui vont mettre à rude
épreuve les nances du pays au cours des
prochaines années. À moins que le nouveau
ministre des Finances, M. Abderrahmane
Benkhalfa ne mettent ses convictions en pra-
tique. Quelques mois avant son entrée en
fonction, il proposait que l’allocation touris-
tique au prot des Algériens se rendant à
l’étranger soit portée à 1 000 dollars. Avec
prudence et en bon connaisseur des centres
de décisions nationaux, M. Benkhalfa, qui
estimait l’impact nancier d’une telle mesure
à environ 1,5 milliard de dollars par an, pré-
cisait que ce seuil pourrait contenir une
“clause de sauvegarde”, à réviser chaque
année, si la situation nancière du pays se
dégradait.
Ou l’on reparle de mise en convertibilité du
dinar
Comme beaucoup d’experts nationaux au
cours des dernières années, M. Benkhalfa
s’arme régulièrement convaincu que ,
l’Algérie a besoin de restaurer “l'homogénéité
de son économie”. Selon lui, “nous avons
deux économies, deux dinars, deux pra-
tiques”. Il y adeux marchés du dinar l’un,
ociel à 110 dinars pour un euro, l’autre,
parallèle, à 160 dinars pour un euro. En
orant une allocation touristique digne, et en
facilitant le transfert de devises pour le paie-
ment de soins et des études on devrait faire
baisser la pression sur le marché informel de
la devise en faisant sortir la masse des “petits
porteurs” de ce marché. C’était également,
dans des termes pratiquement identiques, la
vision prônée devant les parlementaires par
M. Laksaci au début de l’année 2013. Mais
cette démarche implique simultanément
l’acceptation de l’idée beaucoup moins
populaire que le dinar algérien ociel est
encore “surévalué” et que sa valeur réelle se
situe probablement entre les deux taux. Le
processus de mise en convertibilité progres-
sive du dinar ne peut donc que faire partie
d’un plan de réformes destiné à indexer la
valeur de la monnaie nationale sur nos per-
formances économiques et lui permettre de
reéter la compétitivité réelle de l’économie.
C’est à cette condition qu’on pourra sortir de
la logique imposée depuis des décennies qui
présente le droit au change pour les particu-
liers comme un “cadeau” des pouvoirs
publics aux citoyens algériens .
H. H.
Le caractère rentier de l’économie nationale, corrélé à la
politique de change, favorise également le transfert illi-
cite de capitaux. D’ailleurs, l’Algérie s’illustre dans les
classements mondiaux en se plaçant, parmi les pays
d’Afrique qui favorisent le plus le trans-
fert illégal de capitaux, selon un rapport
de la Banque africaine du développe-
ment, datant de 2013. Depuis 2009,
l'Algérie, dont le dinar est convertible pour les opérations
commerciales, a pris une série de mesures pour réduire les
transferts d'argent au moment où la facture des importa-
tions, de biens et services, dépassait 45 milliards d'euros.
Parmi ces mesures gure l'interdiction faite aux sociétés
importatrices détenues par les étrangers de transférer leurs
bénéces. Le gouvernement a alourdi les dossiers adminis-
tratifs et augmenté les taxes sur les transferts. Il a aussi mul-
tiplié les amendes et les procès contre des groupes étrangers.
Pour réduire ces transferts de devises, L'Algérie a durci
davantage sa législation par la création d’un chier national
des contrevenants en matière d'infraction à la législation et à
la règlementation des changes et des mouvements de capi-
taux de et vers l'étranger. Ce chier est une banque de don-
nées dans laquelle seront enregistrées toutes les entreprises et
toute personne physique résidente ou non résidente, ayant
fait l'objet d'un procès-verbal de constatation d'infraction à la
législation et à la réglementation des changes et des mouve-
ments de capitaux. Par ailleurs, en septembre 2014, La
Banque d'Algérie a promulgué le règlement n°14-04 du
xant les conditions de transfert de capitaux à l'étranger au
titre de l'investissement à l'étranger par des opérateurs éco-
nomiques de droit algérien. L’autorisation de transfert de
capitaux, qui est un sujet délicat dans un pays pratiquant
depuis longtemps des restrictions sur les changes, a fait l’ob-
jet d’une polémique lorsque certains opérateurs privés ont
voulu proter de la reprise de certaines aaires en diculté,
en Europe plus exactement, et qui se sont heurtés à la rigidi-
té de la réglementation. Le nouveau règlement se fonde sur
l’article 126 de l’ordonnance 03-11 du 26 août 2003 relative à
la monnaie et au crédit, qui prévoit la possibilité d’investisse-
ment direct à l’étranger. Le transfert de capitaux est soumis à
une autorisation préalable du CMC. Le règlement précise en
outre, que l'investissement à l'étranger doit être en rapport
avec l'activité de production de biens et services de l'opéra-
teur économique de droit algérien concerné, et doit avoir
pour objectif de consolider et de développer cette activité.
Néanmoins, ce développement reste extrêmement encadré et
soumis au pouvoir discrétionnaire du Conseil de la monnaie
et du crédit. Le règlement ne xe ni les délais d'instruction
des demandes d'autorisation ni les voies de recours à suivre.
En dépit des avancées et des eorts accomplis par les
banques et établissements nanciers depuis la promulgation
du premier règlement sur le contrôle interne en 2002, les dis-
positifs mis en place par certaines institutions demeurent
marqués par des insusances liées notamment au manque
d’implication de l’organe délibérant dans la surveillance des
risques, au système d’information et parfois même à l’éva-
luation des risques encourus. Des insusances demeurent
encore en matière des dispositifs de contrôle interne, de
sécurité informatique et de gestion des risques.
S. S.
LES INVESTISSEURS ET LES TOURISTES ALGÉRIENS PÉNALISÉS
ALLOCATION TOURISTIQUE, FRAIS DE SOINS ET DE SCOLARITÉ
Le droit au change des particuliers
toujours en débat
À l’approche de la fin du Ramadhan et avec les vacances d’été en perspective, le rush vers les
agences de voyages a déjà commencé pour beaucoup d’Algériens.
MOUVEMENTS DE CAPITAUX
Les restrictions de la Banque d’Algérie
En dépit de la rigidité de la politique de change du pays, jamais les transferts illicites de devises vers l’étranger
n’ont été aussi importants qu’au cours de ces dernières années.
Par : SAÏD
SMATI
Par :HASSANE
HADDOUCHE
Mercredi 8 juillet 2015
12 LIBERTE
Supplément Économi e
D. R.
Des conditions contestables
Le règlement n°14-04 du 29 septembre 2014 fixe les nouvelles conditions de transfert de
capitaux au titre de l'investissement à l'étranger. Parmi ces conditionnalités, il faut que
l'investissement soit opéré dans un secteur lié à son activité principale en Algérie. Ces
investissements doivent être “complémentaires à leurs activités de production de biens et de
services en Algérie”. Cette disposition est considérée par de nombreux opérateurs comme étant
est une ingérence directe dans le processus de prise de décision. Par ailleurs, le montant du
transfert de capitaux ne saurait excéder, aux termes de l'article 7 du règlement, le profil de la
moyenne annuelle des recettes d'exportations, rapatriées dans les délais réglementaires durant
ladite période triennale. Pour en attester, l'opérateur doit présenter à l'appui de sa demande une
situation détaillée des opérations d'exportation ainsi que des recettes y afférentes dûment
rapatriées et enregistrées durant les trois dernières années précédant la demande, générées par
l'activité qu'il exerce en Algérie. Comme c’est codifié, les opérateurs nationaux susceptibles de
remplir ces conditions se comptent sur les doigts des deux mains, voire d’une seule main.
S. S.
L’allocation touristique reste dérisoire.
Liberté : Comment analysez-vous la régle-
mentation des changes en Algérie ?
Lies Kerrar : A priori nous avons un régime
de convertibilité pour les transactions cou-
rante et pas de convertibilité pour le comp-
te capital. Ça, c’est en
théorie. En pratique,
la règlementation,
et son application
fait que beaucoup de transactions cou-
rantes n’ont pas accès à la convertibilité du
dinar. Aussi, même s’il n’y a pas de conver-
tibilité des capitaux, officiellement, les ca-
pitaux qui veulent fuir le pays, le font no-
tamment par ce qui est formellement “les
transactions courantes”. Notre règlemen-
tation des changes nous donne l'illusion de
contrôler nos flux avec l’extérieur. Cela nous
donne l’impression, qu’avec notre admi-
nistration et règlementation, nous contrô-
lons les flux de devises sortants. Ce n’est
néanmoins qu’une illusion. Nous ne contrô-
lons pas les flux avec l’extérieur. Et nous ne
pouvons pas les contrôler.
Que pensez-vous des nouvelles dispositions
qui ont libéré partiellement l'investisse-
ment des nationaux à l'étranger ?
De façon formelle, ces dispositions publiées
au dernier trimestre 2014, n’ont pas libéré l’in-
vestissement à l’étranger. La règlementation
qui autorisait les investissements à l’étran-
ger existait depuis longtemps. Mais elle
n’a vraisemblablement pas été appliquée. Là,
il y a une nouvelle règlementation qui n’est
pas plus “libérale” que l’ancienne. Le chan-
gement serait dans l’application de cette ré-
glementation. Attendons de voir combien et
quels investissements seront dans les faits
autorisés.
Comment expliquez-vous que l'allocation
voyage, les frais des études et ceux des soins
à l'étranger soient modestes par rapport
aux pays voisins ?
Il n’y a pas d’explication rationnelle.
Que préconisez-vous en matière de poli-
tique de change pour faciliter l'investis-
sement des Algériens à l'étranger ?
Il faut d’abord rappeler que les investisse-
ments des Algériens sont d’abord attendus
en Algérie. Nos besoins d’investissement vont
être très importants si les réformes sur
notre environnement des affaires sont
faites. Cela étant dit, nous avons besoin de
mettre les choses en ordre, et faire le ménage
pour que les besoins légitimes des Algériens
puissent être satisfaits en toute légalité. Il faut
évidement, donner accès aux Algériens aux
devises dont ils ont besoin pour voyager, étu-
dier, se soigner… La situation actuelle ba-
nalise l’illégalité et affecte le respect que nous
devons avoir pour la Loi. Les entreprises al-
gériennes qui ont besoin de se développer
à l’international doivent aussi pouvoir le fai-
re. Ça ne devrait pas être un événement, mais
la routine. Enfin, les Algériens doivent pou-
voir diversifier leur épargne. Ce qui a été re-
commandé à cet effet, dans le rapport Nab-
ni 2020, c’est de créer la possibilité d’inves-
tir à l’étranger 10% de son épargne, pour au-
tant que les 90% autres soient investis dans
les marchés financiers algériens (Bourse,
fonds d’investissement, etc.). Ça, ce sont les
mesures urgentes pour remettre les Algériens
sur le chemin de la confiance sur ce sujet.
Après, il faut aussi évidement mener les
bonnes politiques monétaires. Le prix du ba-
ril de pétrole a perdu 40% depuis un an. Et
nos exportations sont quasi exclusivement
des hydrocarbures.
Mais le dinar ne s’est déprécié que de 20%
par rapport au dollar. Il y a donc de la mar-
ge pour plus de dépréciation. La dépréciation
du dinar est vraisemblablement inéluc-
table. Le défi c’est de limiter l’impact sur l’in-
flation et de s’assurer, par la réforme et des
actions qui remettent en place un climat de
confiance, que cette dépréciation soit rendue
utile pour le développement de notre com-
pétitivité.
LES INVESTISSEURS ET LES TOURISTES ALGÉRIENS PÉNALISÉS
LIES KERRAR, EXPERT FINANCIER, PRÉSIDENT DE HUMILIS FINANCES, À “LIBERTÉ”
“La situation actuelle banalise
l’illégalité”
Le P-DG d’Humilis Corporate Finances, Lies Kerrar, souligne dans cet entretien que la
réglementation des changes ne permet pas de contrôler les flux de devises sortants. Le
spécialiste financier estime qu’ il est temps de mettre les choses en ordre, et faire le ménage
pour que les besoins légitimes des Algériens puissent être satisfaits en toute légalité.
Entretien réalisé par :
SAÏD SMATI
Mercredi 8 juillet 2015 13
LIBERTE Supplément Économi e
D. R.
LE RÈGLEMENT 14-04 DE SEPTEMBRE 2014 DE LA BANQUE D’ALGÉRIE
Un texte administratif antiéconomique
Le règlement 14-04 de septembre 2014 fixant les conditions de transfert des capitaux à l’étranger au titre de
l’investissement à l’étranger par des opérateurs économiques de droit algérien, censé libérer l’investissement des
entrepreneurs nationaux à l’étranger, pose des problèmes d’application.
Si ces dispositions sont mises en œuvre, seule une petite
poignée d’exportateurs peuvent remplir les conditions,
soulignent plusieurs spécialistes. Le texte limite le champ
d’intervention des opérateurs. L’in-
vestissement à l’étranger doit être en
aval ou en continuité avec les activi-
tés industrielles de l’exportateur en Algérie. “Supposez qu’une
bonne opportunité d’acheter une usine d’hélicoptères se présente
à l’international, la société algérienne intéressée ne peut tenter
d’acquérir l’usine. L’activité construction d’hélicoptères n’exis-
te pas en Algérie. Donc cette acquisition d’actifs à l’étranger n’est
pas autorisée. Ce qui est aberrant”, observe un expert nan-
cier. Ce texte ne pose pas également des critères de pertinen-
ce du projet d’investissement à l’étranger. “L’investissement à
l’étranger devrait s’eectuer en fonction des besoins de l’Algé-
rie. Ceux qui s’inscrivent dans cette orientation sont encoura-
gés à investir à l’étranger. Or le texte est de caractère adminis-
tratif. Il ne prévoit pas des critères économiques. Imaginez que
vous achetiez des parts de Peugeot comme l’ont fait les Chinois.
Vous seriez dans le conseil d’administration et donc vous au-
rez un pouvoir d’inuence sur la décision d’implanter une usi-
ne Peugeot en Algérie”, ajoute-t-il. Ce règlement ne tient pas
ainsi compte du critère de souplesse nécessaire pour que les
opérateurs algériens puissent proter des opportunités qui se
présentent à l’international dans une conjoncture de crise en
Europe, où les sociétés peuvent se vendre pour une bouchée
de pain. Autre inconvénient: le texte plafonne les montants
transférés par les opérateurs pour les besoins d’investissement
à l’étranger. Le montant annuel à transférer doit correspondre
à la moyenne des exportations des trois dernières années. Com-
me en Algérie rares sont les gros exportateurs, les petits ex-
portateurs doivent augmenter entre 2015 et 2017 leurs ex-
portations pour pouvoir disposer en 2018 d’un montant su-
sant à transférer pour leurs projets d’investissement à l’étra ger.
Le texte ne sera véritablement opérationnel qu’en 2018. La
boucle des restrictions est bouclée avec une autre disposition
qui conditionne le feu vert du Conseil de la monnaie et du cré-
dit de la Banque d’Algérie à l’état ou situation nancière du
pays. Autre lacune de la législation des changes: les 20% en
devises tirés du montant exporté, l’opérateur peut en faire l’usa-
ge librement, selon un texte de la Banque d’Algérie.
Un autre texte de la banque centrale stipule que toute acqui-
sition d’actifs à l’étranger est soumise à autorisation de la
Banque d’Algérie. Du coup, ces règles ont un eet pervers.
L’opérateur est libre d’utiliser les 20% en devises pour ses
voyages à l’étranger, mais pas pour proter d’une opportunité
ou plusieurs opportunités d’investissement à l’étranger dont
les dividendes pour l’Algérie peuvent être énormes: déve-
loppement des exportations hors hydrocarbures, progrès
technologique, réduction de la facture importations. Cette lé-
gislation des changes est donc antiéconomique. C’est en som-
me le politique qui prédomine sur l’économique en Algérie,
commente l’expert nancier. Cette tendance explique le
grand retard qu’accuse l’Algérie dans son développement.
K. R.
Par : K. REMOUCHE
DROIT AU CHANGE
Nos gouvernants traitent mal leurs citoyens
Le droit au change est l’expression de la
considération qu’accordent nos gouvernants
aux citoyens. Les Tunisiens et Marocains qui
ont des revenus financiers moins importants
que l’Algérie sont mieux traités. Le Tunisien
bénéficie d’un droit au change de 3000 euros
pour leurs voyages. Un montant qu’il peut
fractionner en plusieurs tranches ou en
plusieurs années. Pour les soins de santé, tous
les frais à l’étranger sont pris en charge par
l’État tunisien, le particulier paie la
contrepartie en dinars tunisiens. Pour les
inscriptions dans les grandes universités
étrangères, l’État tunisien s’en charge
également, la contrepartie dinar tunisien est
payée en Tunisie. Cette facilitation fait que
beaucoup de Tunisiens font de grandes études
à l’étranger. Quant à la législation des changes
de manière globale “elle nécessite un
toilettage pour la rendre plus harmonieuse,
plus efficace”, soutient Mohamed Kessel,
consultant financier. Il remarque le caractère
inachevé du dispositif institutionnel en la
matière: le texte d’application sur l’obligation
d’avoir une balance devises excédentaire pour
les investissements étrangers en Algérie
décidé en 2009 n’est pas encore promulgué, ni
même celui sur le mécanisme de change à
terme.
K. R.
Toutes ces options ont été envi-
sagées et suggérées par les spé-
cialistes nanciers et moné-
taires, au moment où nos
recettes d’exportation étaient
substantielles avec un prix du
baril moyen de 110 dollars. Les pouvoirs
publics n’en n’ont pas tenu compte. Ils ont
fait le choix, à travers les plans de dévelop-
pement successifs, d’in-
vestir massivement nos
ressources dans des
programmes de réalisation des infrastruc-
tures de base et d’équipements. Aujourd’hui,
toutes ces options, hormis l’investissement
des entreprises algériennes à l’étranger, ne
sont plus envisageables, compte tenu de la
chute des cours du pétrole et de la contrac-
tion de nos recettes extérieures. Pour rappel,
la question de la convertibilité du dinar a été
l’objet de controverse entre spécialistes.
Ouyahia, chef du gouvernement à l’époque,
avait tranché le débat avec un niet catégo-
rique, arguant du risque de fuite de capitaux
à large échelle et de l’impact sur le nance-
ment des programmes de développement
économiques et sociaux. Pour ce qui est de la
création de fonds souverains, Les institu-
tions nancières nationales et notamment la
Banque d’Algérie, de même que les déci-
deurs politiques, ont marqué leur réticence
et se sont fortement opposés à cette option.
Pourtant, Abdelatif Benachenou, ancien
ministre des Finances et proche du prési-
dent de la République, était un fervent
défenseur de l’option de création de fonds
souverains. Car, estimait-il que “20% de nos
réserves de change susaient pour lancer un
fonds d’investissement souverain”. Mais faut-
il recontextualiser sa pensée? Nous n’étions
pas dans une situation de chute des cours
des hydrocarbures. En revanche, son succes-
seur et actuel conseiller à la présidence, en
l’occurrence Abdelkrim Djoudi pense qu’
“une telle option est une décision économique
et une question de prise de risque, et qu’il
serait plus judicieux de consacrer ce pactole
au nancement des grands projets”.
Concernant l’investissement à l’etranger, la
Banque d’Algérie vient d’édicter un règle-
ment publié au Journal ociel n° 63, de l’an-
née 2015, encadrant l’investissement des
opérateurs économiques de droit algérien à
l’étranger. Il s'agit d'investissements réalisés
par les opérateurs économiques de droit
algérien, “complémentaires à leurs activités
de production de biens et de services en
Algérie”. La Banque d’Algérie vise en l’oc-
currence, la création de sociétés, de succur-
sales, la prise de participations dans des
sociétés existantes sous forme d’apports en
numéraires ou en nature ou encore l’ouver-
ture de bureaux de représentation. En outre,
les transferts de capitaux au titre de l'inves-
tissement à l'étranger par les opérateurs éco-
nomiques de droit algérien, quelle que soit la
forme juridique qu'il peut prendre dans le
pays d'accueil, sont soumis à l'autorisation
préalable du Conseil de la monnaie et du
crédit (CMC). Comme il est énoncé quel'in-
vestissement à l'étranger doit être en rapport
avec l'activité de l'opérateur concerné avec
pour objectif de consolider et de développer
cette activité. Enn, pour la Banque
d’Algérie,cet investissement à l'étranger, ne
doit pas porter sur des opérations de place-
ments ou sur des biens immobiliers autres
que ceux correspondant aux besoins d'ex-
ploitation des entités créées à l'étranger ou
faisant partie intégrante de leur activité.
Voilà pour ce qui est de l’économie générale
du texte du règlement édicté. Quelles que
soient les interprétations des uns et des
autres de cette décision, la BA est dans sa
mission d’encadrement et d’anticipation
quant aux éventuelles dérives d’une autori-
sation tous azimuts de transfert de capitaux
vers l’étranger, d’autant que notre pays,
selon le GAFI (Groupe d’action nancière),
est sur la liste des pays à risques de blanchi-
ment d’argent. In ne, l’Algérie est forte-
ment menacée dans ces équilibres nanciers
et macroéconomiques structurels. En dépit
des arguments avancés par la Banque
d’Algérie dans ses dernières notes explica-
tives dès 2013 de la dépréciation du dinar, et
de l’exécutif qui armait que tout allait bien,
la toute dernière dévaluation du dinar relan-
ce la polémique entre spécialistes, qui crai-
gnent le pire sur le pouvoir d’achat des caté-
gories sociales les plus vulnérables et sur la
stabilité sociopolitique du pays. Ils plaident
pour une priorisation des programmes
d’équipements ainsi qu’une rigueur dans les
dépenses de fonctionnement. C’est bel et
bien le mode de gouvernance qui est en
cause. Et tout le monde connaît les dérives
auxquelles ce mode a donné lieu. C’est pour
cela que nous avons raté de précieuses
opportunités au moment ou nous avions les
moyens.
A. H.
SYSTÈME FINANCIER
Opportunités ratées
Qu’il s’agisse de la convertibilité du dinar, de la création de fonds souverains, de l’augmentation
de l’allocation touristique ou des soins à l’étranger, les autorités politiques et monétaires ont
toujours marqué leurs réticences pour de multiples raisons.
Par : A. HAMMA
La question de la convertibilité du dinar a été l’objet de controverse entre spécialistes.
D. R.
Tout le monde s’attend, pour
des raisons d’ailleurs dif-
férentes, à des ajustements
de la politique de change en cet-
te période de baisse des avoirs en
devises et de déficit budgétaire.
Ces ajustements sont et seront
d’autant plus incontournables
que les deux seules variables de
génération de devises de l’éco-
nomie algérienne (quantités ex-
portables et prix des hydrocar-
bures) sont durablement affec-
tées de façon significative. Il faut
savoir que nous avons bouclé
l’année 2014 avec un déficit de la
balance des paiements de 9 mil-
liards de dollars après une année
2013 à peine équilibrée avec seu-
lement 1 milliards de dollars
d’excédent (source FMI). Cette
tendance négative baissière se re-
trouvera en 2015 puisque la ba-
lance commerciale a déjà enre-
gistré, au premier trimestre 2015,
un déficit de 1,73 milliard de dol-
lars. Il faut se rappeler à ce pro-
pos de la séquence 2008/2009
particulièrement erratique du
point de vue de la balance des
paiements. Ainsi au cours de
l’année 2008 nous avions enre-
gistré l’excédent le plus éle
obtenu en Algérie avec 34 mil-
liards de dollars contre seulement
un équilibre parfait l’année sui-
vante de 2009 du fait là aussi de
la chute brutale du prix du baril.
Aujourd’hui la chose qui reste à
connaître c’est simplement l’am-
pleur de ces ajustements pour en
apprécier l’impact potentiel sur
la croissance, l’emploi et l’infla-
tion, sachant que les ajuste-
ments “mécaniques” ont été déjà
opérés lors du second semestre
2014. Mais au préalable, rappe-
lons brièvement quelques élé-
ments historiques d’évolution
du régime des changes en Algé-
rie depuis l’indépendance. LAl-
gérie a d’abord connu un régime
des changes dit de fixité de par
son inclusion dans la “zone franc”
avant que le pays n’obtienne sa
souveraineté monétaire, ensui-
te dans l’ancrage du dinar algé-
rien par rapport au franc français
et enfin dans un ancrage mul-
tiple par rapport à un panier de
devises. Ce dernier ancrage mul-
tiple est intervenu dès que les ex-
portations d’hydrocarbures ont
commencé à générer un flux
important de devises en dollars.
Ensuite il y a eu les dévalua-
tions excessives et brutales des
années 90, sous la pression no-
tamment des institutions de
Bretton Woods, qui ont fini par
mettre à terre les tissus produc-
tifs publics et privés; sans oublier
la promulgation de la première
loi sur la monnaie et le crédit
(LMC). À présent nous sommes
dans un régime de change à
flottement dirigé et à converti-
bilité partielle. On dit “régime de
change à flottement dirigé” par-
ce que le renforcement ou à l’in-
verse le recul de la parité du
dollar est répercuté sur le taux de
change du dinar sachant que
l’essentiel de nos devises est li-
bellé en dollars. Par ailleurs le ren-
chérissement du dollar par rap-
port à l’euro s’est déjà traduit par
le resserrement de l’amplitude de
change dollar/euro par rapport
au dinar qui est passée de 30 DA
à 20 DA. On dit ensuite “régime
de change à convertibilité par-
tielle” parce que cette dernière ne
concerne que les opérations com-
merciales de biens et de ser-
vices et donc exclut le mouve-
ment des capitaux vers le reste
du monde. On peut néanmoins
observer qu’un premier coup de
canif, dans une situation du res-
te contracyclique, a été porté à
cette disposition par la possibi-
lité offerte dorénavant aux opé-
rateurs algériens publics et pri-
vés d’autoriser, au cas par cas, l’ac-
quisition d’actifs industriels et
technologiques à l’étranger. Ceci
dit il est clair que la dépréciation
du dinar, à l’instar de la rationa-
lisation budgétaire, se prolongera
dans les prochains mois mais de
façon douce. Dépréciation parce
que, pour le moment, la produc-
tion nationale de biens et services
est insuffisante en quantité et en
qualité pour se substituer rapi-
dement aux importations; dé-
préciation aussi pour renchérir
les importations qui verront leur
volume et leur nature s’ajuster.
Mais une dépréciation contrôlée
car d’une part le dinar ne subit
pas la pression de la dette ex-
terne, et d’autre part, il est ados-
sé à des réserves de change
longues sans l’existence des-
quelles une dévaluation forte
serait immanquablement in-
tervenue. À l’inverse le dinar
s’appréciera au fur et à mesure
que l’économie réelle investit
plus et produit plus de biens et
de services pour le marché do-
mestique et l’exportation sur le
moyen et le long termes. Sur le
long terme justement, l’instru-
ment qui calcule l’évolution du
taux de change, rapporté au
pouvoir d’achat, est la parité du
pouvoir d’achat (PPA). J’avais
traité ce type de question dans
ma chronique du 15 avril 2015. J’y
indiquais qu’une étude de la
très libérale Université de Sher-
brooke montrait que le PPA de
l’Algérien était passé, en dollars
courants, de 7611 dollars en 1000
à 13304 dollars en 2013. À titre de
comparaison, en 2013, la même
source donne un PPA de 11 092
dollars pour le Tunisien. Il est de
7200 dollars pour le Marocain,
soit la moitié de celui de l’Algé-
rien qui avait déjà atteint ce
montant en 1998, c’est-à-dire à la
sortie du programme d’ajuste-
ment structurel. Pour faire court,
on voit bien que la notion de taux
de change n’a de pertinence que
si elle contextualisée dans le
temps long et par rapport au
pouvoir d’achat. Ce qui relativi-
se les appréhensions conjonc-
turelles des ménages et des chefs
d’entreprise. Sûrement pas les
lobbies de l’importation.
C’est ce qui explique aussi, vous
l’aurez compris, la tiédeur des
pouvoirs publics à ouvrir, pour le
moment, le dossier des transferts
sociaux et des subventions des
produits de base. Malgré tout un
tabou vient de tomber: celui d’un
niveau de consommation ra-
tionnelle et limitée des carbu-
rants à prix indécemment sub-
ventionnés. M. M.
EN TOUTE LIBERTÉ MUSTAPHA MEKIDECHE
mustaphamekideche@ymail.com
La dépré-
ciation du
dinar, à
l’instar de la rationali-
sation budgétaire, se
prolongera dans les
prochains mois mais
de façon douce.
Dépréciation parce
que, pour le moment,
la production nationa-
le de biens et ser-
vices est insuffisante
en quantité et en
qualité pour se sub-
stituer rapidement
aux importations”
Quels ajustements de la politique de change pour réduire
la crise financière et budgétaire?
LES INVESTISSEURS ET LES TOURISTES ALGÉRIENS PÉNALISÉS
Mercredi 8 juillet 2015
14 LIBERTE
Supplément Économi e
Le groupe a, néanmoins, su faire
face aux retombées de cette pério-
de. Activant dans un large
créneau qui va de la boulonnerie à
la robinetterie en passant par la
coutellerie, le groupe BCR s'est fait
connaître particulièrement par la pureté et la fi-
nesse de la vaisselle de luxe qu'elle produit. Le
sigle BCR est aujourd'hui
en passe de devenir une vé-
ritable griffe grâce à une
stratégie basée sur l'amélioration de la qualité.
Concernant la production, le groupe dispose de
trois filiales.
La filiale Orfee, constituée sur le site industriel
de Bordj-Menaïel, elle fabrique et commercia-
lise les articles de coutellerie, platerie, poterie et
terrines dans les qualités ménage, orfèvre et ar-
gent, ainsi que les éviers en acier inoxydable. La
filiale Orsim, établie sur le site industriel de Oued
Rhiou, fabrique et commercialise la boulon-
nerie-visserie (boulons, écrous, rondelles, tiges
filetées, produits ferroviaires,...).
La filiale Saniak, installée sur le site industriel
de Aïn El-Kebira, fabrique et commercialise
quant à elle des produits de robinetterie do-
mestique, mélangeurs, mitigeurs, produits bâ-
timent (puisage, vannes d'arrêt, gaz). En plus de
ces sites de production, BCR s’est doté d’une fi-
liale commerciale.
Vedia, société de vente d’équipements domes-
tiques et industriels dAlgérie est la dernière en-
tité créée par BCR dans le cadre du processus
de restructuration initié. Elle exerce une activité
de négoce et de service pour les gammes fabri-
quées par les sociétés du groupe BCR et autres
articles complémentaires destinés à l’équipement
des logements, de l’hôtellerie, de la restauration,
des ménages ainsi qu’aux industries consom-
matrices de produits dassemblage et de fixation.
Le groupe dispose également de boutiques et
d'agents agréés sur tout le territoire national. Il
faut dire que le groupe possède une notoriété
bien établie.
Le groupe dispose de conventions avec des ins-
titutions publiques, les universités. Tout cela
constitue un marché conséquent pour le grou-
pe. Mais elle souffre du phénomène de la
contrefaçon qui prend des proportions alar-
mantes.
En effet, le groupe BCR a perdu en dix ans jus-
quà 30% de ses parts de marché en raison de la
contrefaçon. Les produits contrefaits de la so-
ciété sont distribués dans des volumes impor-
tants sur le marché algérien.
Le groupe perd depuis 1994, de 20 à 30% de sa
part de marché. Malgré cela, BCR refuse d’ab-
diquer. Mieux encore, le groupe se positionne
en première ligne de la lutte contre la contre-
façon. E
n 1998, BCR a initié un projet d'élaboration de
normes en collaboration avec l'Institut algérien
de normalisation, qui a abouti, le 16 mai 2000,
à l'obligation légale du respect des normes na-
tionales de robinetterie et boulonnerie. BCR a
pris l'initiative de mettre à la disposition des
structures compétentes du ministère du Com-
merce un laboratoire équipé de tous les moyens
d'investigation nécessaires.
S. S.
ENTREPRISE ET MARCHÉS
BCR
Un label bien établi
Issue de la restructuration de la Société nationale de constructions
mécaniques (Sonacome), en 1983, BCR n'a pas tardé à se distinguer
par la qualité supérieure de ses produits avant de subir les premiers
assauts dévastateurs de la crise économique et la vague de fond
provoquée par la vertigineuse dévaluation du dinar.
Mercredi 8 juillet 2015 15
LIBERTE Supplément Économi e
BOURSE D’ALGER
Séance de cotation du 6 juillet 2015
TITRES COTÉS
TITRES NON COTÉS
ACTION DERNIER COURS DE CLÔTURE
ALLIANCE ASSURANCES Spa 575,00
EGH El AURASSI 440,00
NCA-ROUIBA 380,00
SAIDAL 585,00
OBLIGATION
SPA DAHLI 10 000,00
PRINCIPAUX INDICATEURS BOURSIERS
Capitalisation boursière : 15 054 534 825,00
Valeur transigée : 0,00
Encours global des titres de créance : 2 360 140 000,00
Encours global des valeurs du Trésor : 309 000 000 000,00
Indice boursier théorique 1 232,47
LU POUR VOUS
La revue du Club des entrepreneurs et in-
dustriels de la Mitidja (Ceimi), Eco News, a
consacré l’essentiel de son numéro à la
conférence nationale sur le commerce extérieur,
tenue n mars à Alger. Dans le compte rendu de
la rencontre, le document rapporte que l’Algérie
enregistre 6300 exportateurs seulement qui ex-
portent bon an, mal an 5% du volume global des
exportations. Dans son intervention lors de la
conférence, Kamel Moula, le président du Ceimi,
a une série de propositions du Club pour déve-
lopper les exportations hors hydrocarbures. La plus
importante consiste à développer une stratégie
d’exportation vers les pays africains. Parmi les pro-
positions, citons:
- Réduire les délais de dédouanement à l’expor-
tation à 2 jours et simplier les procédures export
par l’instauration de la liasse unique.
- Créer des plateformes portuaires dédiées à l’ex-
portation, notamment pour les produits frais où
il y a urgence.
- Réduire les délais de transit portuaire et sures-
taries
- Créer un conseil des chargeurs. L’absence de cet
organisme est une des causes principales des
augmentations de coûts de fret imposés par les
multinationales du transport maritime.
- Coordonner les dispositifs et les opérations liées
à l’acte d’exporter par la création d’un point focal
dédié à la promotion des exportations à domici-
lier au ministère du Commerce. Il s’agit de mettre
en place un réseau de tous les ministères et orga-
nismes qui, en collaboration avec les collectivités
locales et d’autres partenaires, aide les entre-
prises algériennes à exporter sur les marchés in-
ternationaux.
- Recongurer les représentations diplomatiques
à l’étranger pour y inclure la dimension diplomatie
économique incluant la collecte des informa-
tions sur les marchés et les opportunités d’export,
particulièrement au niveau des pays ciblés.
Par ailleurs, le président du Ceimi constate que les
PME sont peu engagées sur les marchés étrangers.
La grande majorité des PME se concentre prin-
cipalement sur les activités de services et le BTP,
et en second lieu, seulement 32% sont dans les in-
dustries manufacturières.
“Nos PME se focalisent d’abord à satisfaire le mar-
ché régional et national, et certaines d’entre elles ac-
cusent un sérieux retard technologique avec des
équipements qui ne répondent pas aux normes ain-
si qu’un faible niveau de formation du personnel
pouvant prendre en charge des équipements mo-
dernes. Par ailleurs, les contraintes procédurales et
administratives pèsent également lourdement sur
la volonté d’exportation”, ajoute-t-il.
La revue énumère une série d’activités récentes du
Ceimi : le renforcement du bureau exécutif du
Club, la rencontre avec Société Générale, les am-
bassadeurs de Grande-Bretagne et du Mexique, le
partenariat conclu en matière de formation avec
l’Insim, la conférence débat organisée sur la va-
lorisation des produits agricoles…
EN BREF
REVUE DES ENTREPRENEURS ET INDUSTRIELS
Focus sur l’évolution du commerce extérieur
Par: SAÏD
SMATI
PCH: approvisionnée loca-
lement à hauteur de 30%
La Pharmacie centrale des hôpitaux
(PCH) a été approvisionnée en
médicaments localement produits à
hauteur de 29% avec un coût de 8
milliards DA durant la période allant du
1er janvier au 20 mai 2015, a indiqué le
directeur général de la PCH, M'hamed
Ayad. La facture de ces médicaments est
passée entre le 1er janvier et le 20 mai 2014
de 6 milliards DA à 7,8 milliards DA en
2015, soit une hausse de 29%. S'agissant
des produits pharmaceutiques importés,
la facture de la PCH a reculé de 22%.
Algérie : hausse de la
production industrielle
Les prix à la production industrielle
hors hydrocarbures du secteur public ont
connu une hausse de 1,1% au 1er trimestre
2015 par rapport à la même période de
2014, a appris l'APS auprès de l'Office
national des statistiques (ONS). Par
catégorie sectorielle, les prix à la
production des industries
manufacturières ont connu une évolution
de 0,6% durant la même période de
comparaison. Les autres secteurs qui ont
également participé à cette
augmentation des prix à la production
industrielle sont les industries du textile
(+1,9%) et de l'agroalimentaire (+0,8%).
Vietnam: l’une
des économies les plus
dynamiques du monde
Le Vietnam, la Chine et l'Inde seraient
dans le peloton de tête des économies
ayant connu la plus forte croissance en
2015, selon Bloomberg. D’après les
experts, l’économie vietnamienne
connaîtrait une croissance de 6,1% à la fin
du 4etrimestre 2015. Ce serait le 3etaux de
croissance au monde, derrière deux pays
du groupe Brics que sont l’Inde et la
Chine – respectivement 7,5% et 6,9%.
Lenquête de Bloomberg menée sur 47
économies a indiqué qu’outre le Vietnam,
de nombreux pays d’Asie du Sud-Est
figurent dans cette liste.
D. R.
COURS DU DINAR
ACHAT VENTE
US dollar 1 USD 99,3719 99,33869
Euro 1 EUR 109,9451 109.9815
COURS DES MATIÈRES
PREMIÈRES
Brent 58,50 dollars/baril
Or : 1 167,50 dollars
Blé : 184,25 euros/tonne
Maïs 193,75 dollars/tonne
Cacao 2 159 livres sterling/tonne
Robusta 1 853 dollars/tonne
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