REVUE D'ĂCONOMIE FINANCIĂRE
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de leurs mérites propres) et critique (des données financiÚres qui lui sont
prĂ©sentĂ©es). Dans sa fonction de « sĂ©lection », lâanalyste est confrontĂ©
Ă la notion de valeur intrinsĂšque, et aux Ă©carts qui peuvent apparaĂźtre
entre celle-ci et le prix de lâaction. La valeur intrinsĂšque est dĂ©finie de
maniĂšre littĂ©raire : « câest la valeur justifiĂ©e par les faits, câest-Ă -dire les
actifs, les rĂ©sultats, les dividendes, les perspectives de lâentreprise, aussi
différents que les prix de marché déterminés par des manipulations
artificielles ou affectés par des excÚs psychologiques ». Graham et
Dodd évoquent une nouvelle théorie, une « complÚte révolution »,
selon laquelle « la valeur dâune action ordinaire dĂ©pend entiĂšrement de
ses revenus futurs » ; mais ils prennent leurs distances par rapport à cette
mĂ©thode car il nâest pas facile de « projeter des tendances dans le futur ».
La formalisation de ce raisonnement sera apportée en 1938, par
John Burr Williams. Ce dernier précise dans sa Theory of Investment
Value le concept de valeur : « la valeur dâun investissement est la valeur
actuelle des flux de dividendes futurs dans le cas dâune action, ou des
coupons et du remboursement du principal dans le cas dâune obli-
gation ». La raison en est simple : « des hommes rationnels, lorsquâils
achĂštent des actions et des obligations, ne paieraient jamais plus que la
valeur présente des dividendes futurs anticipés ou des coupons et du
principal anticipés ». Williams présente une série de formules de calcul
pour valoriser toutes sortes de titres financiers, et définit la prime de
risque. Alors que, jusquâalors, la mĂ©thode de lâactualisation des flux de
liquidités était utilisée seulement pour les titres à revenu fixe, il étend
cette technique aux actions.
Les bases de lâanalyse financiĂšre contemporaine sont jetĂ©es dĂšs les
années 1930 : la valeur intrinsÚque et ses déterminants, la prise en
compte de facteurs quantitatifs et qualitatifs, le calcul de la valeur par
lâactualisation des flux de revenus futurs attendus, la notion de prime de
risque.
Dans la Théorie générale, ouvrage essentiellement macroéconomique,
Keynes consacre un chapitre entier aux comportements des investisseurs
sur les marchés financiers - inspiré largement par son expérience person-
nelle. Il définit deux approches des marchés financiers, et propose de
« dĂ©signer par le terme de spĂ©culation lâactivitĂ© qui consiste Ă prĂ©voir
la psychologie du marché, et par le terme entreprise celle qui consiste
à prévoir le rendement escompté des actifs pendant leur existence
entiÚre ».
Lâapproche par « lâentreprise » nâest pas autre chose que la dĂ©termi-
nation de la valeur intrinsĂšque dâun actif, et conduit Ă lâanalyse
fondamentaliste et aux travaux sur lâĂ©valuation de lâentreprise.
Lâapproche par « la spĂ©culation » est une analyse de la psychologie des
investisseurs, qui amĂšne Ă lâĂ©tude des ressorts propres du marchĂ©
SCHWARTZ 4/10/05, 10:554