metiers - FFB 95

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METIERS
BATI
LA REVUE TECHNIQUE DE LA FFB
NUMERO 5
JUIN 2006
GRAND TÉMOIN
COMMISSAIRE
ALAIN BEAUJARD
« La sûreté doit devenir
un réflexe » page 10
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
Ponts thermiques :
l’isolation par l’intérieur
atteint ses limites page 20
ENVELOPPE
Accessibilité : les atouts
des portes automatiques
page 34
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
Solaire : une énergie
d’avenir pour l’eau
chaude sanitaire page 46
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
Acoustique: comprendre
le bruit pour le réduire
page 58
DOSSIER PAGE 13
QUALIFICATION
CERTIFICATION
Les chemins de la qualité
S O M M A I R E
B Â T I M É T I E R S ž• R E V U E S E M E S T R I E L L E • N U M É R O 5 • J U I N 2 0 0 6
PANORAMA
SÉCURITÉ
Recrutement : les jeunes témoignent
Opération «un jeune, un jour,
une entreprise»
Nouveau diagnostic
de performance énergétique
e-bat : s’approprier les nouvelles
technologies de l’information
La dimension « métier»
au cœur des 24 heures du Bâtiment
Calepins de chantier:
cinq nouveaux titres en 2006
Charpentes 21: nouvelle charte
orientée «développement durable»
4
5
5
Échafaudages: normes européennes
74
et procédure de validation
Risque électrique: habilitation
obligatoire pour les non électriciens 74
Décret «poussières de bois»:
que faut-il faire
75
pour s’y conformer?
MÉTIERS
GROS ŒUVRE/
STRUCTURE
6
NORMALISATION
6
8
8
GRAND TÉMOIN
Commissaire Alain Beaujard:
«La sûreté doit devenir un réflexe» 10
INNOVATION
Pompes à chaleur et capteurs solaires:
70
un couple dans l’air du temps
Petits chantiers:
72
un mini-abri qui fait le maximum
Certificats d’économies d’énergie:
72
démarrage difficile
Pôles de compétitivité:
73
le Bâtiment partie prenante
Produits de construction:
le point sur le marquage CE
Eurocodes: ne pas attendre
pour s’y référer
DTU: repères utiles
76
77
20
77
20
Démolition: un métier
en profonde mutation
25
Dallage sans joints :
la perfection de la glace
26
Construction métallique:
les Eurocodes harmonisent les calculs
28
Entretien de façades:
bien diagnostiquer pour bien ravaler
30
Méthodes de dimensionnement:
une alternative au «tout sécuritaire»
32
Accessibilité: les atouts
des portes automatiques
34
Métalliers: questions de sécurité
37
Toitures végétalisées:
couverture très nature
38
Isolants minces réfléchissants:
utiles mais délicats à manier
40
RÉGLEMENTATION
Thermique: de nouvelles exigences
78
dès cet été
Réglementation amiante:
79
où en est-on?
ENVELOPPE
ENVIRONNEMENT
Traitement des déchets:
l’atout mobilité
80
Plates-formes motorisées: un moteur
34 de productivité sur les chantiers
Fermetures et protections solaires:
marquage CE obligatoire
DOSSIER
QUALIFICATION
CERTIFICATION
LES CHEMINS
DE LA QUALITÉ
Page 13
Magazine édité par
IT-FFB (Institut technique
de la Fédération française du Bâtiment).
9 rue La Pérouse 75784 Paris cedex 16 Tél. 01 40 69 52 58 - www.ffbatiment.fr Association déclarée – Siret 301 652 673 0015
Code APE 913E
ISSN 1772-3078 - Dépôt légal : juin 2006
Directeur de la publication : Christian Baffy
Directeur de la rédaction : Georges Rigaud
Comité de rédaction : Membres de
la Fédération française du Bâtiment,
Ponts thermiques: l’isolation
par l’intérieur atteint ses limites
de ses Fédérations départementales et régionales, de ses Unions et Syndicats de métiers
Journalistes : Jean-Marc Brujaille,
Christian Capitaine, Sophie Faure,
Didier le Gorrec, François Salanne
Conception et réalisation Idé:
André Haillotte, Pierre Salanne, Nelly Hurlé,
Caroline Palma, Nathalie Pilant, Alix Orbec
Photogravure/Impression : Sphinx/Sib
Tirage de ce numéro : 75 000 exemplaires
Illustration : Gilles Jouannet
Photo de couverture : Matton.
ÉQUIPEMENTS
TECHNIQUES
42
43
Verre: le nouveau DTU 39
45
Couverture: le DTU 40.35 amendé
45
Solaire: une énergie d’avenir
pour l’eau chaude sanitaire
46
Université de Limoges:
le courant passe
50
Réseaux d’eau: accompagner les
propriétaires d’immeubles dans la durée 52
Énergie: de nouveaux partenaires
pour les installateurs
53
46 Éclairage: basse consommation,
bas coûts d’exploitation
54
Normalisation:
révision de la norme NF C14-100
55
Chaudières à condensation:
l’âge de la maturité
56
Baromètre de l’UCF: connaître
ses marchés pour mieux vendre
57
DTU 24.1: travaux de fumisterie
57
Acoustique: comprendre le bruit
FINITIONS/
pour le réduire
AMÉNAGEMENT
Sols: le retour du linoléum
58
61
Façade polychrome en bord de mer
62
Glissance: enfin une norme française!
64
Déchets de peinture:
les peintres veulent innover
66
Soliers moquettistes:
58 susciter des vocations
67
Carrelages:
les limites des documents commerciaux 68
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
1
É D I T O R I A L
Porter haut la qualité
de nos métiers
© E. GALVANI/FFB
S
ecteur de traditions, le Bâtiment ne cesse d’évoluer pour répondre
aux exigences croissantes aussi bien de son environnement que de
ses clients.
Ses entreprises, motivées par une recherche partagée de qualité,
n’ont de cesse de s’adapter pour améliorer leurs compétences. C’est pour donner aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre le moyen d’identifier celles-ci
que la qualification a été créée. Véritable outil de reconnaissance, elle nous
permet d’afficher clairement nos capacités. L’enjeu est suffisamment important pour que Bâtimétiers y consacre son dossier.
L’attention des entreprises se porte également sur l’amélioration de la qualité
des ouvrages et la prise en compte des préoccupations des utilisateurs, pour
leur plus grande satisfaction.
Pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments, elles explorent les
solutions de traitement des ponts thermiques. Anticipant la flambée du prix
de l’énergie, elles mettent en œuvre de nouvelles techniques de production de
chauffage, en particulier solaire thermique. En prenant en compte l’acoustique
ou en installant des portes automatiques, elles contribuent à répondre aux
besoins de confort des usagers. Et que dire des toitures «vertes», des dallages
« sans joints » ou du souci de réduire les déchets ? Il suffit de parcourir
Bâtimétiers pour comprendre que nos métiers sont en mouvement !
Avec les 24 heures du Bâtiment les 20 et 21 octobre à Paris, la FFB marque sa
volonté de rassembler toute la filière du Bâtiment au cours d’un événement
majeur. Son Village des métiers accueillera également le grand public : l’occasion de lui faire découvrir des métiers en pleine mutation.
Jean Pierre Roche,
président du Conseil
des Professions
de la Fédération
française du Bâtiment
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
3
P A N O R A M A
RECRUTEMENT
Les jeunes témoignent
Filmés en activité sur le chantier, de jeunes professionnels
expliquent leur métier et leur parcours professionnel.
Une façon séduisante pour les collégiens de découvrir la diversité
des carrières et de s’identifier à leurs aînés.
la structure
«du Fabriquer
bâtiment, moi j’aime bien.
F
(1) Carreleuse, charpentier bois, couvreuse, installateur électricien, maçon,
menuisier, miroitier, monteur en chauffage et climatisation, peintre, plâtrier,
serrurier-métallier, solier-moquettiste.
(2) Cordiste, démolisseur, enduiseur,
façadier, étancheur, grutière, installateur de stores et volets, technicien en
climatisation, monteur d’échafaudages, monteur levageur, staffeur ornemaniste, tailleuse de pierre.
POUR EN SAVOIR PLUS Contactez la FFB de votre
département. Les «clips métiers»
sont également consultables
sur www.ffbatiment.fr
et www.onisep.fr
4
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
Ça paraît simple à l’écran,
mais il faut une grande maîtrise.
»
MONTEUR LEVAGEUR
CORDISTE
Mon métier consiste à réaliser des
«travaux
en accès difficile. L’obsession
c’est d’être toujours en sécurité. »
J’ai tout le temps cette question:
«
c’est pas trop dur comme métier?
C’est dur quand on ne le fait
pas avec plaisir. Pour toute
la partie physique, c’est des gestes
qu’on apprend dès le départ!
»
TAILLEUSE DE PIERRE
TECHNICIEN EN CLIMATISATION
C’est un métier dans lequel il faut
«
être assez pointu dans plusieurs
domaines: l’électricité, l’aéraulique,
l’hydraulique, la mécanique.
Je me suis orienté vers le dépannage.
On a un contact fort avec le client,
c’est une richesse.
»
© ONISEP/FFB
orts du succès du premier
cédérom «clips métiers»(1),
l’ONISEP et la FFB ont réalisé
une nouvelle série sur douze
autres métiers(2). Ce second
cédérom est maintenant disponible, il s’adresse en particulier
aux chefs d’entreprise qui
interviennent dans les collèges.
Comme le souligne l’un d’entre eux, «même lorsque leurs
parents travaillent dans le Bâtiment, les jeunes n’ont aucune
idée de nos métiers. Ce qui est
montré dans ces films permet
d’amorcer le dialogue: l’utilisation des ordinateurs, des
engins de levage, les conditions
de travail, les salaires, les vacances… Les témoignages d’une
couvreuse, d’une carreleuse,
d’une tailleuse de pierre ou
d’une grutière ont parfois fait
sourire les garçons, mais les
jeunes filles ont découvert un
monde qu’elles croyaient inaccessible.»
쐍
P A N O R A M A
AGENDA 2006
«UN JEUNE, UN JOUR, UNE ENTREPRISE »
Opération séduction réussie
a deuxième édition de l’opération « Un jeune, un
jour, une entreprise», organisée le 4 avril 2006, a fait l’unanimité. Près de 3 400 jeunes
ont passé la journée dans
2 700 entreprises de toutes
tailles. L’occasion pour eux de
partager avec les chefs d’entreprise leurs attentes et de
découvrir le monde du Bâtiment et ses carrières.
Le programme était chargé :
rencontre avec les collaborateurs et les clients, visites d’ateliers, de chantiers ou de showrooms, rendez-vous avec des
fournisseurs… «La fin de la
journée est arrivée beaucoup
trop vite!» regrette François,
chef d’entreprise en LoireAtlantique, qui a accueilli avec
beaucoup d’enthousiasme le
jeune Pierre.
Organisée à l’initiative de la
FFB, cette journée était l’opportunité pour ces stagiaires
d’un jour de découvrir le Bâtiment sous un angle concret,
loin des bancs de l’école. L’occasion aussi de se sentir plus
impliqués. «Le fait de voir la
réalité, c’est ce qu’il y a de
mieux. Comme ça je sais comment c’est, je découvre et je
sais à quoi m’attendre» confiait
© X. DE BARBEYRAC/FFB DRÔME
L
Arthur, élève de 3ème à Nancy.
L’authenticité: c’est bien ce que
recherchent les jeunes, demandeurs d’expériences concrètes,
et c’est aussi l’attitude des chefs
d’entreprise. « J’avais prévu
initialement d’amener mon
stagiaire au restaurant, raconte
François, et puis je me suis dit
que je tricherais un peu en faisant ça, parce que j’y vais rarement. Alors j’ai fait comme
d’habitude: nous avons mangé
dans le petit réfectoire aménagé dans l’atelier, et ce n’était
pas mauvais!» Jacqueline, chef
d’entreprise dans la Sarthe,
souligne pour sa part la spontanéité du dialogue : « Mon
jeune était très ouvert et aussi
bavard que moi… Ce qui m’a
permis de lui parler largement
du métier, y compris des rémunérations, de lui faire visiter
un cabinet d’architecture et de
le laisser échanger avec les techniciens…»
Opération réussie, donc, à en
juger par la conclusion du
jeune Pierre à l’adresse de son
tuteur d’un jour: «Merci d’avoir partagé avec moi votre
journée. Vous êtes passionné
par ce que vous faites, c’est
beau, et j’ai vu que dans le
Bâtiment, vous êtes vraiment
solidaires entre vous…» 쐍
DU 15 AU 17 JUIN 2006
SALON DES ÉNERGIES
RENOUVELABLES, Paris
4e édition du salon dédié à un
marché en pleine expansion.
www.energie-ren.com/2006/
6 ET 7 OCTOBRE 2006
COULISSES DU BATIMENT
Dans toute la France,
des centaines d’entreprises
ouvrent leurs chantiers au
grand public et en particulier
aux jeunes (4e édition).
12 OCTOBRE 2006
ÉTATS GÉNÉRAUX DU BOIS DANS
LA CONSTRUCTION, Angers
20 OCTOBRE 2006
LES 24 HEURES
DU BATIMENT, Paris
Des milliers d’entrepreneurs,
artisans, compagnons et jeunes
en formation sont attendus
pour la « fête des métiers »
organisées au Palais Omnisports
de Paris-Bercy.
www.24heuresdubatiment.com
DU 14 AU 17 NOVEMBRE 2006
EQUIP’BAIE, Paris
Salon international de
la fermeture, de la fenêtre
et de la protection solaire.
DU 15 AU 17 NOVEMBRE 2006
ECOBUILDING
PERFORMANCE, Paris
Salon de la performance
énergétique et du développement
durable des bâtiments.
OLYMPIADES DES
MÉTIERS: POURQUOI
PAS VOUS ?
Les 39e Olympiades internationales
des Métiers se dérouleront du
14 au 18 novembre 2007 au Japon.
Cette compétition est ouverte aux
jeunes apprentis, écoliers mais
aussi salariés nés après 1984.
Les sélections régionales auront lieu
entre novembre 2006 et janvier
2007. La composition de l’équipe
de France sera connue à l’issue des
finales nationales, le 1er avril 2007.
Pour y participer, consultez la FFB
de votre département.
PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
Nouveau diagnostic à partir du 1er juillet
L
e nouveau dispositif de diagnostic de performance énergétique des bâtiments entrera en
application pour toutes les ventes
de bâtiments neufs ou existants
dès le 1er juillet 2006, et à partir du
1er juillet 2007 pour ceux proposés à la location. Si les décrets et
arrêtés d’application sont toujours en cours d’examen, le
contenu de ce diagnostic est déjà
déterminé. Parmi les éléments du
nouveau dispositif : un descriptif
du bâtiment, la quantité annuelle
d’énergie consommée ou estimée
conventionnellement, les frais
correspondants et la quantité de
gaz à effet de serre (GES) liée à
cette consommation, le classement du bâtiment de A (excellent) à G (très mauvais) sur deux
échelles (une étiquette énergétique et une étiquette «climat»
représentative des émissions de
GES), et des recommandations
visant à améliorer la performance énergétique du bien.
Réalisée par un diagnostiqueur
ayant reçu une formation – qui
sera à terme certifiée par un organisme accrédité –, cette étude restera à la charge du propriétaire. 쐍
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
5
P A N O R A M A
e-BAT S’approprier les nouvelles
LE GROS ŒUVRE
BÂTIT SON AVENIR
technologies de l’information
L
a FFB a initié le projet
e-bat dans le but d’amener
les artisans et entreprises du
Bâtiment à s’approprier les
bénéfices concrets des nouvelles technologies de l’information et de la communication – internet, outils
bureautiques et informatiques… Les premiers travaux, réalisés avec des entreprises de Seine-et-Marne, ont
permis d’identifier l’ensemble
des services du futur portail
e-bat, actuellement en cours
de développement. Testé fin
juin 2006 auprès de 60 entreprises pilotes, cet outil en
ligne devra pouvoir s’adapter
aux besoins de chacun tout en
restant à la pointe de la technologie.
L’étude et le développement
d’outils de formation, d’assistance et de conseil sont les
conditions nécessaires à la
réussite d’e-bat. Une nouvelle
phase d’étude a donc été initiée
dans le Loiret, afin d’identifier
les besoins et les contraintes
en la matière. e-bat tiendra
compte de l’ensemble de ces
données de terrain afin d’aider
les entreprises à optimiser la
gestion. Les services proposés
dans le cadre d’e-bat (plateforme de gestion, assistance et
accompagnement en ligne, formation et information…)
seront autant de leviers mis à la
disposition des entreprises de
Bâtiment pour mieux gérer,
mieux communiquer… et
mieux construire, en développant leur compétitivité.
쐍
La dimension «métier» au cœur
des 24 heures du Bâtiment
L’étude prospective de la FFB
«Bâtiment 2015» (1) avait dégagé
les grandes tendances d’évolution
du monde du Bâtiment et les possibles
ruptures, à l’horizon d’une dizaine
d’années. L’UMGO-FFB a souhaité
aller plus loin et réfléchir à
l’avenir des entreprises de maçonnerie
et de gros œuvre. Cette première
déclinaison «métier» de l’étude
Bâtiment 2015 a été lancée début
2006 et confiée à un groupe
d’une quinzaine d’entrepreneurs.
Résultats attendus fin 2007.
(1) Cf le dossier de Bâtimétiers n°3 (juin 2005),
page 13.
P
our les 29 Unions et Syndicats de métiers de la
FFB, la dimension «métier»
ne saurait être absente d’un
événement aussi exceptionnel
que les 24 heures du Bâtiment. Aussi emprunterat-elle de multiples voies. D’abord, un numéro de Bâtimétiers « spécial 24 heures du
Bâtiment», sur une centaine
de pages, donnera plus largement la parole aux partenai-
6
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
res industriels qui accompagnent au quotidien les entreprises tant à l’atelier que sur
les chantiers. Ensuite, plusieurs colloques tout au long
de la journée du 20 octobre
permettront d’aborder certaines des grandes problématiques techniques et métiers;
ce sera le cas notamment du
colloque sur l’énergie, qui
mettra l’accent sur l’offre globale d’amélioration énergétique des bâtiments existants.
Enfin, l’ouverture au grand
public et l’accueil d’un public
de jeunes trouveront toute
leur place aux abords du
palais omnisports de ParisBercy, dans le « Village des
métiers », ouvert sur deux
jours les 20 et 21 octobre. Une
occasion à saisir pour faire se
rencontrer des professionnels
du Bâtiment et des jeunes à
qui tous auront à cœur de
montrer comment leurs
métiers se conjuguent avec la
modernité, les technologies
les plus avancées et la protection de l’environnement.
Créateurs d’espace de vie, les
métiers du Bâtiment donnent
du sens à la vie.
쐍
AQC: BILAN
ET PERSPECTIVES
«Qualité: progressons ensemble»:
c’est sous ce titre rassembleur que
l’Agence Qualité Construction (AQC),
qui réunit tous les grands acteurs
du Bâtiment, vient de publier
un bilan de la décennie 19952005. Tous les efforts réalisés
durant cette période sont
recensés et des pistes de
progrès identifiées. L’objectif
ambitieux de l’AQC est
en effet de réduire de 30% la
sinistralité en 6 ans – objectif
fortement appuyé par la FFB,
qui en a été l’initiateur.
Encore faut-il, pour mesurer
les progrès accomplis,
savoir de quelle situation
on part. C’est chose faite
avec cet état des lieux.
POUR EN SAVOIR PLUS AQC, tél.: 01 44 51 03 51
P A N O R A M A
CALEPINS DE CHANTIER
Cinq nouveaux titres en 2006
FONDATION BÂTIMENT
ÉNERGIE: PREMIER APPEL
À PROJETS
Créée par Arcelor, EDF, Gaz de France
et Lafarge à l'initiative de l'Ademe
et du CSTB, la fondation Bâtiment
Énergie finance des opérations
de recherche s'inscrivant dans
l'objectif de division par quatre
des émissions de gaz à effet de serre.
Il s'agit d'aider à la réduction
des consommations d'énergie et
d'inciter à recourir davantage aux
énergies renouvelables. Le thème
du premier appel à projets, qui
s'est clos le 12 décembre 2005, était
de proposer des solutions globales
d'amélioration énergétique des
maisons individuelles existantes.
Sur les trente et un dossiers reçus et
soumis au jury réuni le 17 février
dernier, sept projets ont été retenus.
titres au cours de l’année
2006: les parquets et planchers
en bois; les ouvrages en béton
armé; les chéneaux, noues et
évacuations des eaux pluviales; les ouvrages en plaques de
parement en plâtre; les sols
souples collés. Grâce au financement apporté par le Plan
Europe (1), vous pouvez profiter de cette première édition
gratuite.
L
a collection des Calepins
de chantier est en passe de
devenir un «best seller» du
1er semestre 2006, avec plus de
80000 exemplaires diffusés en
quelques mois. Dorénavant
collection de référence, les
Calepins de chantier reçoivent
un accueil unanime de la part
de la profession mais aussi
d’experts reconnus. C’est le
signe qu’ils correspondent à
un vrai besoin chez ceux qui
mettent en œuvre sur les
chantiers. La collection va
s’enrichir de cinq nouveaux
(1) cf Bâtimétiers n°3, p 73.
CONSTRUCTION
BOIS: LE LIMOUSIN
S’ENGAGE
POUR EN SAVOIR PLUS Contactez la FFB de votre
département
CHARPENTES 21
Nouvelle charte orientée
«développement durable»
rois ans après le lancement de Menuiseries 21,
la FFB-CMP (1) a présenté
Charpentes 21 à l’occasion de
Batimat 2005. Cette charte
comporte trois volets. Tout
d’abord, la qualité technique:
Socotec doit vérifier la
conformité de l’entreprise
avec une quinzaine de points
(dimensionnement des charpentes, etc.). La deuxième
partie porte sur l’aspect environnemental, à travers des
engagements de progrès
(recyclage des déchets de
chantier…), dont la mise en
œuvre est mesurée par des
indicateurs. Enfin, la charte
inclut l’évaluation des conditions de sécurité, qui doit être
8
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
© L; MERCIER/FFB
T
réalisée par l’OPPBTP (2). Pour
les entreprises qui y adhèrent
(14 ont entamé la démarche),
Charpentes 21 apporte un
surcroît de visibilité. Une plaquette est en cours de réalisation pour soutenir cette
démarche. Sur le fond, cette
charte répond à une attente
du marché, en particulier de
la part des collectivités qui
intègrent de plus en plus la
dimension du développement
durable dans leurs projets de
construction.
(1) FFB-CMP: Fédération française
du Bâtiment de charpente, menuiserie,
parquets.
(2) OPPBTP: Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des
travaux publics.
Le Limousin a été la première région
à signer, le 12 avril dernier, une Charte
Bois Construction Environnement.
Résultat d’une collaboration
exemplaire entre le Conseil régional
et la FFB Limousin, cette charte
associe une trentaine de partenaires
et traduit leur volonté de favoriser
le développement du bois dans
la construction, aussi bien pour
les ouvrages publics que privés.
Elle propose dans ce but de mettre
en place des actions transversales
déclinées par cibles (maîtres
d’ouvrages publics et privés, maîtres
d’œuvre, entreprises, établissements
d’enseignement, grand public) dans
les domaines de la communication,
de la formation, de la recherche,
de l’innovation et de la technologie.
Parmi les actions en cours:
le référencement de 30 entreprises
limousines sur le site
www.acteurboisconstruction.com.
Une cinquantaine d’autres
doivent les rejoindre d’ici l’été.
POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP (Fédération française
du Bâtiment charpente, menuiserie,
parquets), tél.: 01 40 55 14 70
G R A N D
T É M O I N
LA SÛRETÉ
DOIT DEVENIR
UN REFLEXE
UN ENTRETIEN AVEC LE COMMISSAIRE ALAIN BEAUJARD
Responsable du service information-sécurité à la préfecture de police
de Paris, Alain Beaujard est le spécialiste français de la sûreté
des grands équipements publics. Le «risque malveillance» sera de plus
en plus pris en compte dans la démarche de conception-construction
des bâtiments publics comme privés, sur fond de renforcement
des contraintes réglementaires, explique-t-il, conseils à l’appui.
Vous êtes le spécialiste
français de la «prévention
situationnelle». Quel est
précisément le champ
de cette discipline?
Elle recouvre l’ensemble des
moyens permettant de prévenir la
malveillance sous toutes ses formes, depuis le vandalisme jusqu’au terrorisme en passant par
les violences urbaines. Cet objectif de prévention implique d’aborder la question de la sûreté
dès la conception d’un bâtiment
– et même dès la réflexion préalable à un projet d’urbanisme. Il
s’agit d’analyser tous les risques
qu’un acte de malveillance est
susceptible de générer pour un
site et surtout pour ses occupants, puis d’élaborer à partir de
cette analyse les solutions de mise
en sécurité du site. A l’échelle de
la collectivité, la prévention situationnelle fait partie intégrante
des missions de l’Etat, garant de
10
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
l’ordre public et de la sécurité
des populations. Cette mission a
pris une dimension nouvelle avec
le développement du terrorisme,
en particulier depuis le 11 septembre 2001. La prévention situationnelle s’est fortement développée ces dernières années aux
Etats-Unis – où cette discipline
est née il y a environ vingt ans –
et la plupart des pays intègrent
aujourd’hui ces problématiques
dans leurs politiques de sécurité
publique.
Quel est précisément le rôle
du service information-sécurité
que vous dirigez au sein de la
préfecture de police de Paris?
Le cœur de notre mission, c’est de
contribuer à la sûreté des bâtiments publics situés dans la capitale. Nous intervenons en particulier dans le cadre des nouveaux
projets – comme nous l’avons
fait récemment, par exemple,
pour le musée du quai Branly,
ou pour le projet de village olympique dans le XVIIe arrondissement. Notre rôle est d’élaborer la
typologie de toutes les attaques
dont une cible – c’est-à-dire un
bâtiment dans 90 % des cas –
peut être l’objet, et de conseiller
les maîtres d’ouvrage publics sur
les moyens de les prévenir. Depuis
la création de notre service en
1982, nous avons réalisé ainsi plus
de 700 études techniques sur des
bâtiments publics.
Dans le prolongement de cette
mission, nous participons aussi
aux travaux de normalisation en
matière de sûreté des bâtiments,
notamment au sein du Comité
européen de normalisation. L’Europe a beaucoup avancé dans ce
domaine au cours des dernières
années, avec l’adoption de normes
et de spécifications techniques
concernant en particulier les écoles, les stations-service, la protec-
tion contre les véhicules béliers, les
équipements de transport public.
Enfin – et nous rejoignons ici le
terrain des entreprises de Bâtiment –, notre rôle est de contribuer à la diffusion d’une culture
de la sûreté auprès des divers
acteurs du secteur de la construction. Nous préparons ainsi
un guide méthodologique à destination des maîtres d’ouvrages
publics et privés, afin de les sensibiliser à ces enjeux.
Quel message adressez-vous
en particulier aux
entrepreneurs du Bâtiment?
Je voudrais tout d’abord leur dire
qu’ils doivent se familiariser avec
la notion de sûreté, car elle va
prendre de plus en plus d’importance dans la conception et la
réalisation des bâtiments. Certes,
aujourd’hui, ce sont surtout les
grands projets publics qui sont
concernés. Mais demain, de nombreux types de bâtiments –
immeubles de bureaux, équipements collectifs, bâtiments résidentiels… – le seront aussi.
L’évolution de la normalisation
européenne va clairement dans ce
sens. Elle se traduira demain par
des procédures et obligations qui
influenceront les façons de construire. Je fais souvent la comparaison avec la prévention incendie: on s’achemine aujourd’hui
vers un traitement du risque malveillance comparable, par sa méthodologie et son niveau de précision, au traitement du risque
incendie.
Comment mettre
en pratique cette approche
du risque malveillance ?
En intégrant peu à peu le réflexe
sûreté dans les différents gestes de
construction. Par exemple: veiller
à installer une caméra de vidéosurveillance hors de portée de la
main humaine, mettre les câbles
principaux sous goulottes blindées, installer les bouches d’air
extérieures à des endroits inaccessibles, savoir quand et comment placer des barreaux, arasés
ou non au niveau de la croisée…
A un niveau plus sophistiqué,
on va voir se développer des équipements comme les systèmes
d’arrêt automatique ou d’inversion des centrales d’air (risque
chimique), les contrôles d’accès
par biométrie (reconnaissance
humaine) notamment pour les
ascenseurs, les vitrages spéciaux,
la vidéosurveillance avec analyse
des images (pour identifier des
situations anormales)… Au plan
de la conception, on peut imaginer aussi qu’un nombre croissant de bâtiments seront construits en plaçant les fonctions
essentielles dans une platine centrale, mieux protégée, ou que l’architecture intérieure d’immeubles d’entreprises sera conçue de
manière à sécuriser les pièces les
plus stratégiques.
Commissaire
divisionnaire
au cabinet du préfet
de police de Paris,
Alain Beaujard
y dirige le service
information-sécurité.
Entré dans
l’administration
en 1974, après avoir
débuté sa carrière
à l’Unesco et à Air
France, il a travaillé
durant neuf ans à
la direction de la Police
judiciaire, en exerçant
diverses responsabilités
opérationnelles
à Paris (commissariat
de la Goutte d’or,
brigade territoriale
Pigalle-Clichy,
commissariat de
police judiciaire
du 13e arrondissement,
brigade de protection
des mineurs) et
en Ile-de-France
(chef-adjoint de
la brigade territoriale
de Seine-Saint-Denis),
avant de créer
en 1982 le service
information-sécurité.
© V. LELOUP
Quel rôle imaginez-vous pour
la FFB dans cette démarche ?
Nous travaillons déjà ensemble
depuis de nombreuses années.
Les réflexions de la FFB ont
nourri notamment les travaux de
normalisation européens, et
contribué à faire valoir la vision
française – ce qui est essentiel si
l’on veut que les procédés et produits issus des normes en cours
d’élaboration soient pleinement
adaptés à nos méthodes et pratiques de construction. Aujourd’hui, avec la montée en puissance des préoccupations et
des spécifications réglementaires liées à la sûreté, la FFB a un
rôle majeur à jouer : elle est la
mieux placée pour sensibiliser
et accompagner les entreprises
sur ce terrain, notamment en
développant des outils d’analyse
des risques et des supports opérationnels qui guident les professionnels dans l’appropriation
de la démarche et des bonnes
pratiques de sûreté.
쐍
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
11
DOSSIER
QUALIFICATION
CERTIFICATION
Les chemins de la qualité
Être un bon professionnel du Bâtiment est
indispensable, mais peut-être pas suffisant pour
réussir aujourd’hui. Il faut aussi pouvoir le justifier
vis-à-vis des maîtres d’ouvrage, des maîtres
d’œuvre, des clients finaux. Qualification,
certification, marque NF Service Bâtiment…
Les entreprises ont à leur disposition différents outils
pour attester de leurs compétences mais aussi
pour améliorer leur organisation – et donc leur
productivité et la satisfaction de leurs clients.
C
omment identifier les
savoir-faire d’entreprises que l’on ne connaît
pas? Comment déterminer celles qui seront aptes à
rendre les services qu’on attend
d’elles? Les maîtres d’œuvre chargés de la reconstruction du pays
après la Seconde Guerre mondiale étaient déjà confrontés à ce
problème. Ils ont trouvé la solution en créant en 1949 l’organisme Qualibat et la marque de
qualification correspondante –
prolongée à partir de 1955 par
Qualifelec dans le domaine électrique. De nos jours, la multiplication des entreprises du Bâtiment et leur capacité à intervenir
sur l’ensemble du territoire rend
la qualification d’autant
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
13
DOSSIER
QUALIFICATION ET CERTIFICATION
plus utile. La qualification
s’affirme comme le repère dont le
marché a besoin, par le sérieux de
ses critères d’attribution et l’impartialité de l’organisme habilité à
la délivrer: l’association Qualibat,
qui réunit des représentants des
acteurs de la construction – architectes, entreprises, organismes
publics, maîtres d’ouvrage, désignés dans le respect de l’équilibre
paritaire, sous la présidence d’un
haut fonctionnaire de l’Etat. Qualibat est devenu une référence
incontournable. Sa notoriété s’appuie sur le logo en forme de pyramide, sur des actions de communication récurrentes et sur le site
www.qualibat.com, où sont répertoriées toutes les entreprises qualifiées.
Une qualification,
pour quoi faire?
Etre qualifié, c’est apporter la
preuve, via un organisme indépendant, que l’on maîtrise un
savoir-faire. C’est un moyen de le
faire savoir aux maîtres d’ouvrage
et de créer avec eux des relations
de confiance souvent synonymes
d’activité récurrente. La qualification est reconnue par les différents intervenants du secteur de la
construction, comme le montrent les exemples des nombreux
syndics qui en ont fait un critère
de sélection, et des assureurs qui
consentent des tarifs préférentiels
aux entreprises qualifiées (voir
encadrés).
Etre qualifié, c’est décider d’être
transparent pour son client, de
jouer «cartes sur table» en lui
apportant la preuve qu’on est à
jour, administrativement, fiscalement, que l’on est au point
techniquement. La qualification,
en sanctionnant une compétence
professionnelle, s’adresse de
manière équitable à tous les «candidats» : on voit par exemple des
petites entreprises qualifiées pour
14
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
des savoir-faire spécialisés, voire
très pointus, tandis que de plus
grandes structures le sont dans
des domaines plus courants.
Il existe plus de 400 référentiels de
qualification Qualibat, réunis
dans une nomenclature qui évolue pour s’adapter aux mutations
des métiers. Qualifelec attribue
de son côté une trentaine de qualifications divisées en cinq spécialités – électrotechnique, électrothermie, antenne, éclairage public,
courants faibles – auxquelles viendra s’ajouter une sixième (maintenance courants forts) en juin
2006. Début 2006, on comptait en
France 35500 entreprises qualifiées Qualibat, et 8000 qualifiées
Qualifelec.
Qualification,
mode d’emploi
La qualification est attribuée par
une commission Qualibat après
examen d’un dossier en trois
volets : administratif (existence
juridique de l’entreprise, assurance en cours de validité, respect
LE POINT DE VUE DE L’ENTREPRENEUR
«Une démarche
naturelle»
BENOÎT LOISON, PRÉSIDENT DE LA SAS LOISON,
À ARMENTIÈRES (NORD)
N
otre entreprise de métallerie, qui emploie 200 personnes,
est qualifiée depuis de nombreuses années en
charpente métallique, en métallerie de technicité supérieure
et en fabrication et pose de menuiserie aluminium et acier.
Pour moi, il s’agit avant tout d’une reconnaissance officielle
de notre savoir-faire et de notre niveau de compétence
technique, qui nous permet de répondre aux appels d’offres
et d’accéder à un certain nombre de marchés publics et privés.
Nous sommes engagés aujourd’hui auprès de Certibat dans
une démarche de triple certification – qualité, sécurité
et environnement. Il s’agit pour nous d’un investissement
sur l’avenir, car nous pensons que ce genre de démarche
sera un jour obligatoire. La certification permet aussi
de définir un projet d’entreprise : à travers la mise à niveau
et la formation des personnels, tout le monde progresse et
prend sa part de responsabilité dans la marche de l’entreprise.
La qualité ne doit pas être une préoccupation ponctuelle,
elle doit accompagner la vie de l’entreprise au jour le jour,
et devenir une démarche naturelle.
des obligations sociales et fiscales),
financier (chiffre d’affaires), et
technique – ce troisième volet
attestant de la compétence en termes de métier, à travers une description des moyens en matériel et
personnel, une liste des chantiers
réalisés et un compte rendu de
trois chantiers de référence comportant un avis des maîtres d’œuvre. Les commissions d’attribution se réunissent au niveau soit
départemental (pour attribuer
des qualifications de technicité
courante), soit régional (pour les
qualifications plus complexes),
soit national (pour les qualifications de technicité supérieure ou
exceptionnelle). La qualification
est attribuée actuellement pour
une durée de cinq ans, avec un
contrôle annuel sur le volet administratif du dossier; à l’issue des
cinq ans, un dossier complet doit
être reconduit. La qualification
peut être attribuée à titre probatoire, pendant deux ans, pour les
entreprises qui sont en cours de
création et peuvent justifier d’une
expérience et d’un encadrement
technique.
Le fonctionnement de Qualifelec,
organisme de qualification dédié
au secteur de l’installation électrique, est voisin de celui de Qualibat, à deux variantes près: les
attributions sont centralisées par
une commission nationale unique (les dossiers étant examinés
préalablement par une commission régionale); les dossiers de
candidatures ne requièrent pas
CARTE D’IDENTIFICATION
BÂTIMENT : UN PREMIER PAS
VERS LA QUALIFICATION
Pascal Lodé dirige l’entreprise
de carrelage Lodé à Pouliguen
(Loire-Atlantique), qui emploie
dix compagnons. Il voit dans
la qualification le moyen de faire
reconnaître le sérieux de son
entreprise : « Je suis un
défenseur des règles de l’art,
exigeant sur la qualité avec mes
compagnons. Je suis satisfait
quand nous n’avons pas à
intervenir en service après-vente,
et quand nous avons un retour
positif de nos clients. » Mais,
dans l’impossibilité immédiate
de constituer l’ensemble du
dossier de qualification, il a
demandé à bénéficier de la
Carte d’Identification Bâtiment,
octroyée par Qualibat pour
une durée de quatre ans. Il a
dû pour cela fournir les pièces
administratives justifiant de son
activité et s’engager à obtenir
la qualification dans ce délai.
« Nous prenons maintenant
des photos de nos chantiers,
et nous complétons notre
dossier avec des comptes
rendus de maîtres d’ouvrage
et d’architectes », ajoute-t-il.
A quand la qualification ?
« Le plus tôt sera le mieux. »
de volet financier mais, pour évaluer les capacités d’exécution des
entreprises, Qualifelec les classifie
selon leur effectif. La qualification
est attribuée pour une durée de
quatre ans, avec une révision du
volet administratif du dossier tous
les deux ans.
Être qualifié, c’est apporter
la preuve, via un organisme
indépendant, que
l’on maîtrise un savoir-faire.
LE POINT DE VUE DE L’ARCHITECTE
«Les entreprises que
nous faisons travailler
sont toutes qualifiées»
PATRICK VACHER, CABINET NMP VACHER
& ASSOCIÉS, COURBEVOIE (HAUTS-DE-SEINE)
N
otre cabinet d’architecture travaille essentiellement dans
les secteurs de la santé, du logement et des
équipements publics. Pour les programmes que nous
réalisons, qui sont en général importants, nous ne faisons
travailler que des entreprises qualifiées ou certifiées. Dans nos
appels d’offres, les qualifications que nous demandons sont
spécifiées, ce qui écarte les entreprises non qualifiées. Mais il
nous arrive d’inciter certaines d’entre elles à à entreprendre la
démarche, si elles souhaitent par la suite travailler avec nous.
Les entreprises générales avec qui nous contractons
emploient elles aussi des entreprises qualifiées, ce qui fait que
nous sommes réunis par une exigence commune. En tant
qu’architectes, nous avons un devoir de conseil envers notre
client maître d’ouvrage, qui nous pousse à aller vers les
entreprises qui offrent le plus de garanties : la qualification et
la certification sont pour nous le signe d’entreprises en quête
de qualité – notamment en ce qui concerne le respect des
délais et des coûts – et sur lesquelles nous pouvons compter.
Déjà proches, les fonctionnements de Qualibat et Qualifelec
vont converger encore avec l’entrée en vigueur de la nouvelle
norme NF X50-091, qui définit
les conditions de fonctionnement
des organismes de qualification:
une opportunité pour accroître la
confiance des utilisateurs. Les
qualifications Qualibat seront
attribuées pour quatre ans et non
plus cinq, on stipulera dorénavant
leur date de validité sur les certificats remis aux entreprises, et la
révision des qualifications Qualifelec ne sera plus biennale mais
annuelle.
Cette norme permettra aux organismes de qualification d’être
accrédités par le Cofrac (Comité
français d’accréditation) sur la
base de ce référentiel commun.
Certification : être
mieux organisé,
et donc plus rentable
Optimiser son organisation et
donc sa rentabilité, pérenniser
son activité par la maîtrise des
risques… Voilà des objectifs tournés non seulement vers le client à
la recherche de qualité, mais aussi
vers le fonctionnement interne
de l’entreprise. On entre ici dans
le domaine de la certification du
«système de management de la
qualité », notamment selon la
norme ISO 9001 version 2000.
Les entreprises du Bâtiment (mais
aussi de toute la filière construction) peuvent aujourd’hui se faire
certifier non seulement dans le
domaine de la qualité (normes
ISO 9001), mais aussi de l’environnement (ISO 14001) et
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
15
DOSSIER
QUALIFICATION ET CERTIFICATION
Les étapes de la qualité
LA QUALIFICATION
OS
SA
TU
RE
Doss r
de
candidie
ature
CIB
d'Identi Carte
ficati
Bâtimeon
nt
La Carte d'Identification
Bâtiment est une opportunité
d'accéder progressivement
à la qualification.
Obtenue en remplissant
l’équivalent du volet
administratif du dossier
de qualification, elle doit
être transformée
en qualification dans
un délai maximum de 4 ans.
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BA
13
2
VOLET
TECHNIQUE
VOLET
ADMINISTRATIF
ET FINANCIER
1
Carte
d'Identification
Bâtiment
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VOLET
TECHNIQUE
VOLET
ADMINISTRATIF
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QUALIFIC
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tal m
Cette première
partie du dossier
de qualification
rassemble les
informations
générales sur
l'entreprise (extrait
K bis, inscription au
RM, CV du
responsable légal,
effectif, moyens
matériels et locaux…)
et permet de
démontrer qu'elle est
en règle de ses
obligations
(assurance en cours
de validité, DADS,
affiliation à la Caisse
des Congés Payés…)
Cette seconde
partie du dossier
de qualification
atteste des
compétences
de l'entreprise.
Elle contient
notamment
une liste des
chantiers
et un compterendu de trois
chantiers de
référence avec
attestation du
maître d'ouvrage,
du maître d'œuvre
ou du bureau
de contrôle.
EXAMEN PAR
LA COMMISSION
La commission,
composée
paritairement de
représentants
des acteurs de
la construction
(entreprises,
maîtres d’ouvrage,
architectes, bureaux
d'études...)
se réunit pour
examiner le dossier
présenté.
3
ATTRIBUTION DE
LA QUALIFICATION
QUALIBAT
LA CERTIFICATION
1
2
4
ENGAGEME
NT QUALIT
Les e
É
La commission départementale, régionale
ou nationale - en fonction
du degré de spécialisation
du domaine - attribue ou non
la qualification pour une
durée de 5 ans après examen
du dossier fourni.
La qualification peut être
attribuée à titre probatoire
pour une durée de 2 ans
aux entreprises en cours
de création pouvant
justifier d'une expérience
antérieure et d'un
encadrement technique.
QUALIFELEC
La commission nationale
attribue ou non
la qualification pour
une durée de 4 ans après
examen du dossier fourni.
La qualification peut être
attribuée à titre probatoire
pour une durée d'un an
aux entreprises en activité
depuis moins d'un an
et ne pouvant fournir
les références justifiant
de leurs compétences
professionnelles.
MAITRISE
QUALITÉ
Les entrep
rises titula
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qualificatio
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certificatio
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n du client)
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or Certifica
ou à l'organ
tion, BV
ism
professionn e qui est né de la volon QI…)
té des
els du secte
ur : Certiba
t.
NFSERVICE BÂTIMENT
Cette marque, dont le secrétariat technique est assuré par
Qualibat, permet aux entreprises du Bâtiment de faire certifier
leur service - accueil du client, prise de rendez-vous, fourniture
d'un devis dans le respect des délais… - à l'issue d'un audit.
C'est un moyen d'améliorer la satisfaction des clients.
NF SERVICE BÂTIMENT:
UN OUTIL DE SATISFACTION
Les entreprises peuvent
aujourd’hui faire certifier la qualité
de leur service grâce à la marque
NF Service Bâtiment, qui
s’adresse aux marchés privés.
Cette marque, dont le secrétariat
technique est assuré par Qualibat,
s’obtient après la mise en place
dans l’entreprise des exigences
de la norme NF P 03-700 –
accueil du client, prise de rendezvous, fourniture d’un devis dans
le respect des délais, réalisation
des travaux dans le respect
du lieu et de ses occupants... –
validée par un audit. C’est un outil
qui permet de progresser dans
plusieurs domaines : amélioration
de la satisfaction des clients
et de la réputation de l’entreprise.
de la sécurité (OSHAS
18001). A l’arrivée des normes
ISO en France en 1994, Qualibat
a souhaité proposer aux entreprises du Bâtiment déjà qualifiées des outils de certification
qui leur soient adaptés: les modules d’«Engagement qualité» et de
«Maîtrise qualité» ont été créés,
comportant chacun une partie
des exigences de la norme
ISO 9001. Mais le rôle d’accompagnement et de conseil joué
dans ce cadre par Qualibat est
incompatible avec le statut d’organisme certificateur, ce qui a
motivé la création de Certibat.
Créé en 2003 et dédié au secteur
du Bâtiment, Certibat complète
l’éventail d’organismes certificateurs déjà existants (Afaq-Afnor
Certification, BVQI…).
La démarche de certification se
décompose en trois grandes étapes : mise en place par l’entreprise
(avec l’aide éventuelle d’un consultant) d’un système de management de la qualité adapté à ses
besoins; audit de ce système par
l’organisme certificateur ; attribution de la certification,
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
17
DOSSIER
QUALIFICATION ET CERTIFICATION
LE POINT DE VUE DU SYNDIC
«Une protection
contre certains risques»
ANTHONY CARLE, PRÉSIDENT DU CABINET
ATRIUM GESTION, PARIS 8E
N
ous avons décidé de fidéliser nos fournisseurs par
la signature d’une charte de partenariat baptisée
Edelweiss. Dans le cadre de cette charte, nous leur demandons
de nous fournir notamment chaque année leurs qualifications
professionnelles. La qualification Qualibat est pour nous
un moyen de connaître précisément les compétences
de l’entreprise, et de nous prémunir contre certains risques:
il arrive que des administrateurs de biens soient condamnés
pour travail dissimulé, ou que leur assurance ne garantisse
pas un sinistre s’il s’avère que l’entreprise responsable n’était
pas qualifiée pour les travaux demandés. La qualification
permet d’écarter ce genre de mésaventure. Nous privilégions
aussi les entreprises certifiées, car elles se montrent souvent
plus performantes dans la fourniture des devis, le respect
des délais et la facturation, ce qui nous permet une gestion
plus rigoureuse. Notre cabinet est d’ailleurs lui aussi certifié.
LE POINT DE VUE DE L’ASSUREUR
«Nos tarifs prennent en
compte la qualification
des entreprises»
EMMANUEL EDOU, DIRECTEUR GÉNÉRAL
DE LA SMABTP
L
’assureur a un rôle à jouer pour favoriser la prise
en compte de la qualité par tous les acteurs et à tous
les stades de la construction. C’est pourquoi nos principaux
contrats d’assurance (responsabilité décennale des
entreprises et des maîtres d’œuvre) prennent en compte
depuis de nombreuses années, dans leurs grilles tarifaires,
les qualifications professionnelles délivrées par des
organismes tels que Qualibat ou Qualifelec, qui sont pour
nous la base de la qualité. A la SMABTP, qui est le leader dans
le domaine de l’assurance construction en France, le tarif
de base est un tarif applicable aux entreprises qualifiées,
qui représentent d’ailleurs la majorité de nos sociétaires.
Si une entreprise n’est pas qualifiée pour l’activité à assurer,
elle se verra appliquer une surprime de l’ordre de 25 % par
rapport au tarif «qualifié» correspondant. La certification,
quant à elle, n’influe pas pour le moment sur nos tarifs, car
son impact reste difficilement mesurable. Mais c’est une
démarche que nous encourageons et qui peut influer dans
notre décision d’assurer ou non tel maître d’ouvrage ou telle
entreprise. La SMABTP est convaincue que la valorisation et
la promotion des acteurs compétents permettront d’améliorer
la qualité des ouvrages et de diminuer la sinistralité, pour le
plus grand profit du client final.
18
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
Être certifié, c’est optimiser
son organisation
et sa rentabilité,
réduire les malfaçons
et pérenniser son activité.
assortie d’éventuelles réserves à corriger par l’entreprise candidate. Il est important de considérer que l’audit est avant tout un
outil de progrès, un regard extérieur porté sur l’entreprise pour
améliorer ses pratiques. Un regard
régulièrement renouvelé: la certification est attribuée pour une
durée de trois ans, avec audit
annuel (tous les 18 mois pour
les paliers « Engagement » et
«Maîtrise de la qualité»). Au total,
1000 entreprises de bâtiment sont
aujourd’hui certifiées Qualibat,
dont les deux tiers au niveau
«Engagement qualité». Par ailleurs, 300 sont certifiées ISO 9001.
Si elle a un coût, la certification est
surtout un outil au service de
l’entreprise. Il ne s’agit pas d’un
lourd processus administratif car,
pour être pertinent, le système
de management de la qualité doit
être bâti en réponse aux besoins
de chaque entreprise. En identifiant les risques liés à son activité,
et les pratiques propres à les prévenir, l’entreprise est mieux organisée et réduit d’autant les malfaçons, oublis et négligences qui
génèrent de la non qualité et au
final coûtent cher.
La qualification, en permettant
à l’entreprise d’apporter la preuve
de sa compétence, et la certification, qui lui permet d’améliorer
son fonctionnement, sont bien
deux démarches complémentaires en faveur de la qualité.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS
Qualibat, tél.: 01 47 04 26 01 www.qualibat.com
Qualifelec, tél.: 01 53 06 65 20 www.qualifelec.fr
Certibat, tél.: 01 53 09 14 99
Afaq Afnor Certification,
tél.: 01 41 62 80 00 - www.afnor.fr
BVQI , tél.: 01 41 97 00 60 www.bvqi.fr
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
PONTSTHERMIQUESL’ISO
PARL’INTÉRIEURATTEINT
Le renforcement des exigences
réglementaires impose
aux professionnels du gros œuvre
d’améliorer les performances
thermiques du bâti.
La réponse passe notamment
par le traitement des ponts thermiques
des planchers et dallages.
Tour d’horizon des procédés
disponibles sur le marché.
20
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
d’un changement local de l’épaisseur de matériau ou d’une
liaison entre parois, ou encore en
raison d’une conjonction de ces
différents facteurs. On parlera ici
de ponts thermiques ou déperditions linéiques, exprimées par le
coefficient en W/m.K (par
opposition aux déperditions surfaciques qui sont liées aux murs,
planchers, dallages et baies).
Le cas le plus courant de pont
thermique est créé par la liaison
d’un plancher (ou d’un refend)
avec un mur extérieur, en cas
d’isolation thermique par l’intérieur (voir schéma p. 21).
DE KYOTO À LA RT 2005
Avec la signature du protocole
de Kyoto en 1994, les États signataires (dont la France) se sont
engagés à réduire par paliers suc-
© SCHÖCK
L
es préoccupations
liées aux performances thermiques du
bâti ont pris corps
dans les années 1970
avec les politiques d’économies
d’énergie, sur fond de crise pétrolière. On a cru alors trouver la
parade avec l’isolation thermique
par l’intérieur, grâce à un isolant
posé derrière une contre-cloison,
puis des complexes de doublage
plaque de plâtre plus isolants. On
a en fait donné naissance aux
ponts thermiques.
De quoi s’agit-il? Le pont thermique désigne une partie de
l’enveloppe d’un bâtiment où
la résistance thermique, par
ailleurs uniforme, est affaiblie, à
cause de la pénétration de l’enveloppe par des matériaux à
conductivité thermique différente,
© KP1
1
3
LATION
SES LIMITES
INTERIEUR
EXTERIEUR
QU’EST-CE QU’UN PONT
THERMIQUE
Pont
thermique
PERTE DE CHALEUR
2
© RECTOR
Pont
thermique
cessifs leurs émissions de gaz à
effet de serre, considérés comme
un facteur du réchauffement climatique. Les déperditions thermiques des bâtiments faisaient
partie des points concernés par ce
texte. À la suite d’une directive
européenne, la réglementation
thermique 2000 (RT 2000) est
entrée en vigueur. Une première
mouture rapidement renforcée
par la RT 2005, qui durcit les
exigences d’environ 15 %. La
publication de l’arrêté correspondant est attendue mi-2006.
Elle sera applicable pour tous les
permis de construire à compter
du 1er septembre 2006. Et les choses n’en resteront pas là: un nouveau renforcement des exigences
© WIENERBERGER
1 et 2 LES RUPTEURS
THERMIQUES INDUSTRIELS
permettent de limiter significativement
les déperditions thermiques qui se
manifestent en about de plancher. Les
solutions présentées ici s’appliquent
à la maison individuelle, qu’elles
soient en bloc béton ou en terre cuite.
4
3 POUR LES DALLES BÉTON avec ou
sans balcon, le rupteur est noyé dans
le béton et sa partie isolante est en
continuité avec l’isolation qui
se situe au-dessus et en dessous
de la dalle, dans le cas d’isolation
thermique par l’intérieur.
4 IL EXISTE TROIS TYPES
D’ISOLATION THERMIQUE:
par l’intérieur (ITI); par l’extérieur
(ITE); répartie (ITR).
Cette dernière ne nécessite pas
d’isolant complémentaire.
est prévu à l’horizon 2008, avant
l’arrivée de la RT 2010 qui ira
encore plus loin. Enfin, signalons
aussi l’entrée en vigueur des diagnostics de performance énergétique, obligatoires pour la cession d’un bien immobilier à partir
du 1er juillet 2006.
Dans ce contexte, le traitement
des ponts thermiques devient un
enjeu majeur. De fait, ils représentent à eux seuls 20 % des
déperditions thermiques d’une
maison d’habitation.
PLUSIEURS
PROCÉDÉS DE LUTTE
Les procédés de lutte contre les
ponts thermiques ne visent pas à
les éradiquer, mais à les contenir
dans certaines limites; dans l’état
actuel de la réglementation, la
valeur garde-fou a été fixée à
= 0,65 W/m.K.
La réduction de ces phénomènes
joue aussi un rôle positif contre les
pathologies du bâti, notamment
du béton. À l’intérieur, cela signifie la suppression des points froids,
et par là-même la suppression sur
les plafonds des « fantômes »,
condensations, voire moisissures.
Côté extérieur, on se débarrasse
aussi des « fantômes » sur les
enduits et des fissurations.
Avant de présenter les solutions
permettant de traiter les ponts
thermiques, il est nécessaire de
rappeler qu’il existe trois types
d’isolation pour les murs: tout
d’abord la plus courante en
France, l’isolation thermique par
l’intérieur (ITI); en second lieu l’isolation thermique répartie
(ITR), de type monomur; enfin,
l’isolation thermique par l’extérieur (ITE), largement utilisée
pour la rénovation des grands
ensembles.
Les différents procédés présentés
ici sont classés selon leur fréquence d’emploi sur le marché, 왘 왘 왘
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
21
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
왘왘왘
du plus au moins courant. Dès
maintenant, une question se pose:
quelles seront les exigences de la
RT 2010, et comment y faire
face ? Devant le renforcement
attendu des exigences, le mur
français avec isolation thermique
par l’intérieur, bien qu’il soit
aujourd’hui dominant, est aussi le
procédé le moins performant.
Attention cependant : le traitement des ponts thermiques est
nécessaire, mais il n’est pas suffisant pour se mettre en conformité
avec la RT 2005. Il faut pour cela
que tous les garde-fous soient
respectés, et que la consommation
en énergie primaire du bâtiment
LES SOLUTIONS D’ISOLATION
THERMIQUE PAR L’INTÉRIEUR
La solution «a minima» destinée au système poutrelles et hourdis (schéma 1). Ce procédé
consiste à disposer un tiers d’entrevous de polystyrène en rive,
mais pas en about. Cette solution
peut être qualifiée d’«a minima»,
dans la mesure où elle permet
d’obtenir un moyen de 0,54
W/m.K, et qu’elle est une alternative à l’utilisation de rupteurs
industriels, certes plus performants, mais plus coûteux !
Les rupteurs thermiques industriels (schéma 2). Ce sont des
solutions très performantes, en
particulier pour les planchers en
béton et les immeubles collectifs
entièrement en béton. Appliqués
en périphérie du plancher, ces
produits en polystyrène moulé
s’intercalent entre la poutrelle et la
maçonnerie, en rive et en about,
avant le coulage du béton. Ils permettent d’obtenir des remarquables, qui s’échelonnent de 0,28
à 0,11 W/m.K. Attention toutefois
à bien prendre en compte le surcoût de construction lié à ces «isorupteurs » ou autres « thermorupteurs » ; il peut se révéler
important.
Les prédalles (schéma 3). Ce procédé, adapté aux logements collectifs ou individuels, consiste à
22
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
(Cep) soit inférieure à la consommation dite de référence (Cefréf) indiquée dans la réglementation.
Seule une étude thermique peut le
confirmer. Le maître d’ouvrage est
tenu de la fournir au plus tard à
l’achèvement des travaux. Le bon
sens commande cependant de la
réaliser avant qu’ils soient entamés, afin de pouvoir y inclure, en
plus du traitement des ponts thermiques, celui des autres causes
de déperdition de chaleur.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS
UMGO-FFB, Union de la Maçonnerie
et du Gros œuvre, tél.: 01 40 69 51 59
1 SOLUTION «A MINIMA»
mettre en œuvre des prédalles de
fabrication industrielle équipées
en usine de dispositifs brevetés –
des sortes de boîtes – destinés à
recevoir sur le chantier des éléments isolants. Ces derniers, d’une
hauteur égale à l’épaisseur de la
dalle de compression, et disposés
en continuité de l’isolation intérieure, permettent d’obtenir une
rupture efficace des ponts thermiques, et un cœfficient qui varie
entre 0,63 et 0,54 W/m.K.
Suite p. 24
2 RUPTEUR THERMIQUE INDUSTRIEL
왘왘왘
PONTS THERMIQUES
ET DALLAGES
Sur la question des ponts
thermiques liés aux dallages,
deux cas de figure peuvent
se présenter. Les dallages
désolidarisés ne posent pas
de problème s’ils sont conformes
au DTU 13.3. On pourra alors
traiter le pont thermique avec
un isolant en bêche qui va
assurer la continuité thermique
avec l’isolation intérieure.
En revanche, les dallages
solidarisés exigent le coulage
d’une chape désolidarisée qui
fait office d’isolant périphérique.
3 SUR UN PLANCHER AVEC PREDALLE LE RUPTEUR
NOYÉ DANS LE BETON
PRÉDALLE
3 EST
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
LES SOLUTIONS D’ISOLATION THERMIQUE
RÉPARTIE OU PAR L’EXTÉRIEUR
Le Monomur (isolation thermique répartie: schéma 4). Ce
procédé, qui fait appel à une
maçonnerie à joints minces en
terre cuite ou en béton cellulaire, se
révèle particulièrement performant dans le traitement des ponts
thermiques. Les monomurs de
forte épaisseur permettent d’obtenir des coefficients compris
entre 0,2 et 0,1 W/m.K (par
exemple, un mur de 37,5 cm
d’épaisseur + isolant d’about de
dalle de 7 cm permet d’obtenir
un de 0,14 W/m.K).
PSE (polystyrène expansé) ou
laine en isolation thermique extérieure (schéma 5). Ce procédé,
qui consiste à envelopper le bâtiment par l’extérieur avec une
couche de matériau à base de
polystyrène ou de laine, est le
plus performant du marché. Avec
un inférieur à 0,1 W/m.K, il
supprime presque totalement les
ponts thermiques. Aujourd’hui
peu utilisé en France, contrairement à la pratique d’autres pays
européens, il devrait s’imposer à
l’avenir et doit être dès aujourd’hui privilégié, en particulier en
réhabilitation.
쐍
44 EXEMPLE
DE MONOMUR
(ISOLATION
THERMIQUE
RÉPARTIE)
MONOMUR
(ISOLATION
THERMIQUE
RÉPARTIE)
© UMGO-FFB
왘왘왘
QU’ELLE SOIT EN TERRE CUITE OU EN BÉTON CELLULAIRE, l’isolation thermique
répartie est particulièrement performante.
«LE MONOMUR
EST SAIN ET PERFORMANT
TECHNIQUEMENT»
Interview de Béatrice Brégère, entreprise
de maçonnerie Bernard Bruno à Meursault
(Côte d’Or)
Vous utilisez la technique du monomur.
Pour quelles raisons?
La terre cuite ou la pierre permettent les échanges
thermiques avec l’extérieur, d’où un air qui est très sain
à l’intérieur de l’habitat. Dans notre région, où nous
intervenons notamment sur des bâtiments viticoles, et
dans la rénovation de patrimoine ancien, nos clients sont
sensibles à cet aspect naturel. La seule difficulté est de
les convaincre de l’intérêt du surcoût lié à ces techniques.
55 PSE
LAINE
EN ISOLATION
THERMIQUE
EXTÉRIEURE
PSEOUOU
LAINE
EN ISOLATION
THERMIQUE
EXTÉRIEURE
Le monomur est aussi très performant sur le plan
de l’isolation thermique…
Nous obtenons en effet une très bonne isolation
surfacique avec un monomur d’au moins 37,5 cm
d’épaisseur, sans avoir besoin d’ajouter un isolant
intérieur. Un simple enduit suffit, un corps d’enduit à
la chaux étant appliqué à l’extérieur. En ce qui concerne
les ponts thermiques, on obtient un coefficient
de 0,3 à 0,15 W/m.K, selon le type de monomur
et la présence ou non d’un isolant en about.
Comment vous situez-vous par rapport aux futures
RT 2005 et RT 2010?
Nos performances actuelles en matière de lutte contre
les ponts thermiques sont largement au-delà de celles
exigées par la RT 2005, dont le seuil maximum est
0,65W/m.K, mais nous savons qu’il faudra s’améliorer
pour répondre aux futures réglementations. Nous
pensons que les solutions viendront aussi des industriels.
24
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
DÉMOLITION Un métier en profonde mutation
Réglementation plus astreignante et nouveaux
matériels transforment profondément les métiers
de la démolition. Les techniques de déconstruction
et de grignotage permettent de faire face
à de nouvelles exigences en matière de tri et de recyclage.
D
émolir de façon technique, réfléchie, sélective.
Dans cette optique, on a
vu apparaître ces dernières années
des matériels nouveaux adaptés
aux différents types d’intervention. Ainsi, pour répondre aux
impératifs de la réhabilitation,
un marché en développement,
les professionnels disposent
désormais de mini-engins (minipelles, mini-chargeuses…), d’un
poids variant de 800 kg à 7t, équipés de pinces à béton, de cisailles
à ferraille ou de pinces à trier. Ils
permettent d’accompagner une
démolition manuelle, en tra-
© PLASSNET
que des pinces ouvrant à plus de
2 m, qui peuvent opérer jusqu’aux
fondations.
vaillant à l’intérieur des bâtiments
que l’on veut remettre à neuf tout
en conservant leur structure.
Les engins d’abattage mécanisé
ont eux aussi fait de gros progrès : les démolisseurs peuvent
faire appel à une large gamme de
pelles hydrauliques équipées de
divers outils: pince à béton, cisaille
à ferraille, broyeur à béton… Les
modèles courants ont des bras de
10 à 25 m de longueur. Les plus
performants atteignent jusqu’à 60
m, pour pouvoir travailler sur les
immeubles de grande hauteur.
Signalons aussi le développement
des brise-roches hydrauliques ainsi
DÉCONSTRUIRE
POUR RECYCLER
Si l’on excepte la technique de
l’explosif (réservée à la démolition
de grands ouvrages), la démolition
s’apparente de plus en plus à de la
déconstruction ou du grignotage.
«Aujourd’hui, il n’est pas intéressant de faire tomber des morceaux entiers de bâtiments, qui
génèrent un amas de déchets difficile à gérer», explique Daniel
Prigent, P-DG de Plassnet, une
entreprise de démolition implantée à Pontault-Combault (Seineet-Marne). «Pour réaliser une évacuation des déchets efficace, il est
beaucoup plus rentable de les
découper en tronçons de dimensions adaptées au transport vers
les sites de recyclage.» Les débris
une fois à terre, de nouveaux outils
comme les pinces à tri ou les
électroaimants permettent de
réaliser un tri efficace des différents matériaux de construction,
notamment le béton et les métaux. La gestion des déchets de
démolition – inertes, DIB ou DIS
(dangereux : amiante, etc.), ces
derniers restant propriété inaliénable du maître d’ouvrage –
conduit les entreprises de démolition à fournir la traçabilité des
déchets par catégorie. De même,
pour les déchets inertes, il est
recommandé de fournir des bordereaux de suivi. Depuis 2002, il
n’est plus permis de déposer en
décharge que les déchets ultimes,
c’est-à-dire ceux qui ne peuvent
être ni recyclés ni valorisés. On a
donc vu se mettre en place ces
dernières années dans les départements des plans de gestion des
déchets du BTP, qui mettent à la
disposition des entreprises, des
filières de recyclage économiquement intéressantes : les déchets
sont envoyés gratuitement sur les
centres de recyclage, en particulier
pour le béton, tandis qu’il faut
payer pour les diriger vers un centre d’enfouissement. Certains
matériaux peuvent même être
revendus. « L’entrepreneur de
démolition d’aujourd’hui ne se
contente plus de démolir, mais
s’intéresse à l’après-démolition.
Pour être compétitif, il doit établir
le coût de sa prestation en intégrant un transport et un recyclage des déchets optimisés. Il est
devenu un gestionnaire des déchets», commente Daniel Prigent.
La traçabilité demandée par les
maîtres d’ouvrage représente un
véritable changement culturel
pour les entreprises de démolition.
Il arrive même, notamment dans
le cadre de chantiers haute qualité
environnementale (HQE), que les
exigences dépassent les seuls impératifs du recyclage pour intégrer
une maîtrise des nuisances sonores ou une limitation de la production de poussière liée à la
démolition.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS
SNED-FFB - Syndicat national
des entreprises de démolition,
tél.: 01 40 55 12 60
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
25
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
26
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
DALLAGE SANS JOINTS
La perfection de la glace
Nul ne chaussera ses patins pour y exécuter
une figure de style. Pourtant la comparaison avec
une patinoire vient immédiatement à l’esprit…
PLANIMÉTRIE RECORD
Il devait aussi respecter une planimétrie record (3 mm) pour
autoriser un stockage de grande
hauteur. Il devait enfin créer une
structure évolutive qui laisse toute
latitude pour réorganiser l’ordonnancement des racks en fonction des clients successifs, tout en
optimisant le déplacement des
chariots élévateurs.
Pour Didier Meggiolaro, dirigeant
de SIB Bordas, la solution s’est
imposée d’elle-même: un dallage
sans joints. Une étude, demandée au cabinet Sigma Béton de
l’Isle-d’Abeau (Isère), a permis de
trouver la formule d’un béton
adéquat, comprenant un fort
dosage de fibres métalliques (45 kg
au m3), et au retrait minimisé.
Son utilisation a permis de diviser
la surface totale du site (plus de
20000 m2) en seulement dix dalles géantes, d’environ 2300 m2
chacune, soit 48 m sur 48 m. Mais
sa mise en œuvre s’est révélée un
véritable tour de force : « Pour
chacune des dalles, nous avons
dû couler un volume de béton
de 450m3 en un temps très court
et sous une forte chaleur de 28 °C,
raconte le chef d’entreprise.
Chaque jour pendant dix jours, de
5 heures à 11 heures du matin,
75 camions toupies de 8 m3 se
sont succédé pour alimenter le
chantier.» Les fortes contraintes
d’exploitation ont justifié une
étude du terrain sur toute la profondeur des couches impactées, à
l’instar des dispositions prises dans
le DTU 13.3 déjà applicable.
A l’arrivée, un dallage qui génère
une grande liberté d’exploitation
pour le client: les racks pourront
être reconfigurés à volonté, et les
joints, réduits au minimum et
protégés par les pièces d’acier, ne
demanderont aucun entretien.
Les chariots y évolueront sans
contrainte… avec la liberté des
patineurs.
쐍
LE CHANTIER EN BREF
Entreprise: SIB Bordas
(Ternay, Rhône).
Surface de dallage totale:
plus de 20000 m2.
Surface de chaque dalle:
2300 m2 environ.
Planimétrie: 3 mm.
Charge imposée: 8,75 t par pied.
Dosage en fibres métalliques
du béton: 45 kg/m3.
Dimensionnement: règle ITBTP.
© SIB BORDAS
L
e dallage sans joints réalisé
l’été dernier au Logiparc
Toussieu par l’entreprise
SIB Bordas de Ternay (Rhône)
fait immédiatement penser à la
surface impeccablement plane et
« sans couture » d’une piste de
patinage. La demande du client
avait tout d’un programme imposé: ce dallage industriel devait
supporter la charge énorme de
8,75t par pied, pour optimiser le
stockage des marchandises de ce
site de logistique.
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
27
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
1
© MAS & ROUX, ARCHITECTES/RFR ET TROUVIN-GROUPE SNC LAVALIN, BET
CONSTRUCTION MÉTALLIQUE
Les Eurocodes harmonisent les calculs
Q
uelle est la finalité des
Eurocodes? Être des normes européennes de
conception, de dimensionnement
et de justification des structures de
bâtiment et de génie civil, établissant un ensemble de règles techniques unifiées à travers l’Europe
(ils s’appliquent donc à tous les
types de construction de tous
types de matériaux). Les Eurocodes sont au nombre de dix, et
chacun d’eux concerne soit un
28
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
aspect spécifique de la conception (bases de calcul, actions sur
les structures, calcul géotechnique,
résistance aux séismes), soit un
type particulier de construction
(calcul des structures en béton, en
acier, en bois...)(1).
Chaque Eurocode est divisé en
parties. Ainsi, l’Eurocode 3, «calcul des structures en acier», en
compte dix-huit traitant chacune
d’un aspect de la construction
métallique : règles générales, feu,
© CABINET-JAILLET-ROUBY
Les spécifications nationales sur
les matériaux vont céder la place aux
normes européennes. Mais cette
harmonisation des règles techniques ne
simplifiera pas forcément la tâche des
constructeurs et des bureaux d’études.
2
éléments minces, inox, voilement
des plaques, coques, flexion des
plaques, mais aussi ponts, tours et
mâts, cheminées, silos… Le progrès permis par les Eurocodes
apparaît ainsi clairement: ils simplifient l’usage des normes, en
réunissant dans un document
unique l’ensemble des règles
de construction relatives à un
matériau en vigueur en Europe –
des règles qui étaient jusqu’alors
dispersées dans plusieurs textes.
Prenons l’exemple des chemins
1 PROJET DE BÂTIMENT
AIR FRANCE destiné à
la maintenance des futurs
Airbus A380, à Roissy –
Charles-de-Gaulle.
2 MODÈLE DE CALCUL
de la structure du bâtiment.
de roulement: ils faisaient l’objet de recommandations du
CTICM(2), et d’autres spécifications techniques. Tout le savoir
accumulé dans ce domaine sera
réuni dans la partie EN 1993-6 de
l’Eurocode 3.
Second progrès amené par les
Eurocodes, la mise en place d’un
code commun observé partout
en Europe, en un mot l’harmonisation, qui donnera accès pour
les entreprises de bâtiment et les
bureaux d’études techniques aux
marchés de tous les autres États
membres. Ajoutons que chaque
chapitre d’Eurocode fait l’objet
d’une traduction sous forme
de norme française NF EN par
l’Afnor(3), et s’accompagne d’une
annexe nationale, qui permet à
chaque pays de préciser des
valeurs spécifiques dans les cas
où une harmonisation issue du
consensus européen n’a pu être
obtenue, et pour garder sa propre
appréciation du niveau de sécurité
des ouvrages.
OPTIMISATION PAR
DES CALCULS COMPLEXES
En devenant international, l’Eurocode relatif au calcul et au
dimensionnement des structures
métalliques introduit une autre
nouveauté : la possibilité pour les
entreprises de construction de
réaliser des calculs de structure
plus sophistiqués. Les analyses
élastiques au premier ordre exis-
teront toujours. Mais le nouveau
mode de calcul permettra, avec
quelques contraintes complémentaires, de gagner parfois de la
matière. Il créera surtout de réelles opportunités, telles que les
possibilités de calculs plastiques
des charpentes métalliques, permettant une optimisation de l’utilisation de l’acier, dans l’optique
d’un gain de poids, et les possibilités de simplification des attaches pour une plus grande compétitivité.
Harmonisation européenne d’une
part, sophistication des modes de
calcul d’autre part, l’Eurocode 3
renforcera le professionnalisme
des acteurs de la filière, et pourrait
contribuer à l’ouverture de nouveaux marchés pour la construction métallique. Ce corpus technique pourra aussi rivaliser avec
les normes américaines, et permettre aux entreprises européennes de mieux se positionner sur les
marchés du grand export. Sitôt
l’ensemble des Eurocodes et
annexes nationales publiés, les
marchés publics imposeront logiquement leur application dans le
cadre de leurs appels d’offres. Pour
les marchés privés, le choix perdurera tant que les anciens textes
ne seront pas supprimés, sauf
pour respecter les dispositions
réglementaires relatives à la résistance au feu (ainsi qu’aux séismes, pour lesquels l’utilisation des
parties feu des Eurocodes et de
l’Eurocode 8 seront obligatoires).
À terme, les Eurocodes s’imposeront. Les entreprises et bureaux
d’études doivent donc se familiariser avec leur fonctionnement
pour rester en phase avec les évolutions du marché(4).
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS
SCMF-FFB, Syndicat de
la construction métallique de France,
tél.: 01 47 74 66 15
«LA PÉRIODE D’ADAPTATION
SERA LONGUE»
M. Millot, cabinet Jaillet-Rouby
à Orléans (Loiret)
Où en êtes-vous vis-à-vis des normes
européennes sur les structures en acier?
Le cabinet Jaillet-Rouby est tout à fait opérationnel
en matière d’utilisation de l’Eurocode 3, dont
les méthodes sont déjà programmées au sein du
logiciel que nous développons, Hergos version 8.
En pratique, nous l’avons déjà utilisé dans le cadre
de projets récents importants, comme les installations
de dénitrification des centrales EDF du Havre
et de Cordemais, ou les hangars de maintenance pour
les A380 d’Air France à Roissy.
Les calculs risquent de devenir plus complexes.
Voyez-vous cela d’un bon œil?
L’Eurocode 3 ouvre des possibilités d’utilisation
de méthodes d’analyse globale, pour certaines assez
éloignées de nos habitudes (rigide plastique par
exemple) et qui demanderont une période d’adaptation
assez longue avant de passer éventuellement
dans la pratique courante. En ce qui concerne l’économie
globale d’un projet en termes d’acier consommé,
il n’y pas de miracle à attendre par rapport à
nos anciennes règles CM 66 et additif 80, qui étaient
déjà performantes. On peut cependant espérer
une meilleure sécurité globale, en particulier pour tous
les éléments de stabilité et de contreventement,
par la prise en compte systématique de défauts
générant des efforts complémentaires, contre lesquels
il convient de se prémunir.
Les Eurocodes représentent-ils un progrès
ou une difficulté?
Les deux à la fois : un progrès parce qu’ils sont
un langage commun qui facilitera les échanges
dans les pays de l’Union européenne, et un facteur
de succès à l’export en tant qu’alternative aux normes
américaines; mais ils représentent aussi une difficulté
par la sophistication des calculs et l’augmentation
des temps d’études à craindre, au moins pendant
la période d’appropriation et d’élaboration de méthodes
simplifiées pour les cas courants (je veux parler
du plan Europe dont le CTICM est partenaire).
(1) L’Eurocode 0 définit les bases de calcul,
et l’Eurocode 1 les actions sur les structures.
Parmi les huit suivants, six concernent respectivement le calcul pour: 2, les structures
en béton; 3, les structures en acier; 4, les
structures mixtes acier-béton; 5, les structures en bois; 6, les ouvrages en maçonnerie; 7, la géotechnique; 9, les structures en
alliages d’aluminium.
Enfin, l’Eurocode 8 s’intéresse à la concep-
tion et au dimensionnement des structures pour leur résistance aux séismes.
(2) Centre technique industriel de la construction métallique.
(3) Afnor : Association française de normalisation.
(4) Le programme de publication des Eurocodes et des annexes nationales est notamment publié sur www.cticm.com et constamment réactualisé.
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
29
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
«BIEN REPRENDRE
LE PLÂTRE AVANT D’APPLIQUER
LA FINITION»
Scott Sigal, P-DG de la société SCR-Façades
parisiennes à Maisons-Alfort (Val-de-Marne)
© UMGO-FFB
Pourquoi vous être spécialisé dans les façades en
plâtre?
Contrairement à ce qu’on croit, elles cohabitent souvent
avec les façades en pierre. Dans le bâti haussmannien,
l’étage d’attique et les cours et courettes sont en enduits
à base de plâtre. On a un peu oublié les bons usages
des ravalements de façades en «plâtre parisien», alors
que ces façades sont intéressantes, et en grand nombre.
ENTRETIEN DE FAÇADES
Bien diagnostiquer
pour bien ravaler
Encadré par des textes réglementaires
contraignants pour les propriétaires,
l’entretien des façades d’immeubles
est un marché porteur
pour les entreprises de gros œuvre.
C
onstructeurs et propriétaires sont mis face à leurs
responsabilités en matière d’entretien des immeubles, et
notamment de leur façade, par la
réglementation en vigueur. En
effet, selon l’article 1386 du Code
civil: «Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle est arrivée par suite de
défaut d’entretien ou par le vice de
sa construction.» D’autre part,
30
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
l’article 78 de la loi solidarité et
renouvellement urbains (SRU)
fixant le statut de la copropriété
des immeubles bâtis (dont le décret d’application date du 30 mai
2001) définit le contenu du carnet
d’entretien obligatoire pour les
immeubles en copropriété; il doit
notamment mentionner le suivi
des travaux importants et d’entretien de l’immeuble, façades
comprises. Concernant spécifiquement Paris, où on estime que
Quelles sont les règles à respecter pour ravaler
ce type de façades ?
Il faut une grande humilité car leur structure et l’usage
d’enduits mixtes les rendent complexes. Après un
diagnostic sérieux, il faut bien purger tous les plâtres
dégradés, et les refaire là où c’est nécessaire, en prenant
garde à la compatibilité des matériaux et au respect
des temps de séchage. C’est à cette seule condition
qu’une finition décorative, associée à la restauration
et à la protection des bandeaux et moulures,
peut garantir la pérennité de ce type de façades.
Que changera le nouveau DTU 26.1 attendu pour 2007?
Il va enrichir le chapitre sur les enduits à base de plâtre
parisien en insistant sur l’importance des reprises et
réparations des enduits avant une finition traditionnelle
en badigeon ou des finitions plus modernes de peinture.
Il définira la réparation d’une façade à base de plâtre
parisien (plâtre et chaux) selon les règles de l’art
et les évolutions des matériaux modernes.
30% à 40% des façades sont en
«pierre de Paris» ou calcaire grossier, la loi Malraux de 1962 impose
aux propriétaires un ravalement
de façade périodique pour conserver à la capitale son cachet. Pour
toutes ces raisons, les entreprises
de gros œuvre ont un rôle important à jouer dans ce domaine.
PLUIE, GEL, POLLUTION...
La façade se dégrade sous l’effet
de facteurs le plus souvent naturels: l’eau de pluie; les écarts de
température et en particulier le
gel; la pollution urbaine (pluies
acides, air chargé de particules);
les effets mécaniques dus aux
problèmes de structure; il faut
même penser aux attaques biochimiques (des fientes de pigeons,
par exemple). À terme, les conséquences du manque d’entretien
peuvent être graves.
Pour bien réhabiliter, il faut commencer par «lire» la façade pour
prescrire le type de ravalement
adapté aux pathologies(1). Ce diagnostic consiste à évaluer le degré
d’encrassement de la façade, à
identifier la pierre pour estimer
ses performances, à évaluer le
RAVALEMENT
D’ENTRETIEN OU CURATIF
Le premier type de ravalement,
d’entretien ou de propreté,
concerne les façades en bon état.
On procède en général à un nettoyage à l’eau, additionnée ou
non de particules à base de silice
qui font office d’abrasif. Pour
protéger la pierre mise à nu, on
applique soit une minéralisation
qui fait durcir son épiderme, soit
une hydrofugation qui la rend
hydrophobe; on peut aussi envisager un traitement préventif
anti-tags.
Le second type de ravalement est
curatif, et vise à traiter une pathologie de la pierre ou des joints.
Quand elle est locale, on procède
par substitution de la partie altérée, à l’aide par exemple de mortiers à colorer qui s’harmoniseront avec la façade. Mais si la
pathologie est générale, il faudra
procéder à un rejointement généralisé. Il existe aussi la solution de
l’injection de coulis dans la pierre,
un procédé «pointu» envisageable pour les édifices historiques ou
patrimoniaux. Quoi qu’il en soit,
les réhabilitations de façades sont
MODÉNATURE À BANDEAU,
permettant d’éviter le ruissellement
des eaux en façade.
© UMGO-FFB
degré d’altération de la pierre et
des joints et à contrôler l’état des
protections métalliques. Sur les
façades de type haussmannien,
il faut surveiller l’état des modénatures – corniches, bandeaux,
appuis de fenêtre… – qui jouent
un rôle notable contre les eaux de
ruissellement.
des interventions complexes, toujours à effectuer au cas par cas, et
dont la qualité découle de la
connaissance et de l’analyse du
bâti. Il s’agit d’un marché porteur:
deux tiers des entreprises pari-
siennes de gros œuvre en ont fait
leur spécialité.
쐍
(1) La FFB a confié au CEBT la réalisation
d’un guide intitulé «Prévention des risques
inhérents au mauvais entretien des façades»
édité par la SEBTP (www.sebtp.com).
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
31
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
Un guide pour
le constructeur
et son client
MÉTHODES DE DIMENSIONNEMENT
Une alternative
au «tout sécuritaire»
L
Les constructeurs immobiliers
disposent désormais d’un cédérom pratique pour créer un
guide personnalisé à remettre au
client (en maison individuelle et en
logements collectifs). Outre une
carte d’identité du logement (surface, intervenants de la construction, renseignements sur les branchements en gaz, électricité, eau,
références des produits par type
d’équipement…), les professionnels peuvent éditer un véritable
guide qui reprend les éléments
utiles pour l’entretien de tous les
équipements et installations (revêtements de sols, chauffage, serrures,
fenêtres, volets roulants…).
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS
UCI-FFB, tél. : 01 40 59 51 86
es méthodes courantes de
dimensionnement des ouvrages peuvent être insuffisantes
dans certains contextes : présence
de sols dont on ne sait pas évaluer le comportement avec une
précision suffisante; hydraulique
souterraine conditionnant notablement le projet; existence d’ouvrages sensibles au voisinage du
chantier; risque de réponse disproportionnée à une faible variation d’un paramètre contribuant
à la sécurité du chantier ou de
l’ouvrage. Dans ces conditions,
l’économie du projet est proportionnelle à la méthode de calcul
choisie ainsi qu’à la marge de
sécurité attachée à chaque valeur
prise en compte. Plus il y a d’incertitudes, plus la marge de sécurité est difficile à évaluer: on a
donc tendance à l’accroître, ce
qui augmente le coût du projet.
DÉFINIR DES SEUILS
À NE PAS DÉPASSER
La méthode observationnelle peut
dans ce cas être une approche
pertinente. Elle permet, dans des
contextes délicats, d’aboutir à
des ouvrages qui ne sont pas
inutilement surdimensionnés et
coûteux, sans concession sur les
objectifs de sécurité et de comportement visés. Il s’agit de définir des seuils de sécurité à ne pas
dépasser ainsi que les procédures
à adopter le cas échéant.
Cette méthode est cependant mal
connue et trop souvent assimilée,
dans l’esprit des maîtres d’ouvrage, à la seule instrumentation
du suivi du comportement de
l’ouvrage. Pour permettre de l’exploiter, la FFB a contribué, dans le
cadre du PRDM(1) à la rédaction
d’un guide(2), véritable mode
d’emploi s’appuyant en particulier sur des exemples d’application
et des fiches méthodologiques
pratiques.
쐍
32
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
A compter du 1er septembre 2006,
les maisons individuelles
chauffées à l’électricité devront
être équipées, lors de leur
construction, de réservations
destinées à recevoir un conduit
de fumée. Cette obligation
réglementaire, dont l’arrêté
du 31 octobre 2005 est paru
au Journal officiel du 15 novembre
2005, s’inscrit dans le cadre
de la réversibilité du mode
de chauffage dans les habitations
individuelles.
POUR EN SAVOIR PLUS
www.legifrance.gouv.fr
(N° NOR : SOCU0512180A) ou
UMGO-FFB, tél. : 01 40 69 51 55
ACIER: L’INFO
PRATIQUE EN LIGNE
(1) Programme recherche développement
métier.
(2) «La méthode observationnelle pour le
dimensionnement interactif des ouvrages»,
édité par la FFB et la FNTP.
POUR EN SAVOIR PLUS
EGF-BTP, tél. : 01 40 69 51 27
Gants pour les maçons
La Commission d’attribution de
la marque « Recommandé par
les maçons », pilotée par
l’OPPBTP, est maintenant opérationnelle. Sa mission est de distinguer, après tests sur chantiers,
des gants adaptés aux activités
de la maçonnerie. Cinq références, détaillées ci-contre, ont déjà
été sélectionnées (1).
MAISONS
INDIVIDUELLES:
LA RÉGLEMENTATION
ÉVOLUE
Référence
Marque
Activités
Power Flex
Ansell
Constructeur
Hyflex 11-627
Ansell
Enduit/finitions/carrelage
Finedex 2094431
Bacou-Dalloz
Coulage béton
enduit/finitions/carrelage
Perfect Fit 2400251
Bacou-Dalloz
Enduit/finitions/carrelage
Jersette 300
MAPA
Coulage Béton
(1) Utilisation de la marque accordée jusqu’en novembre 2008 sous réserve de non
modification des caractéristiques du gant.
Faciliter les échanges
d’information, rendre lisible
l’évolution de la réglementation,
présenter les nouveaux produits
ou proposer des outils de calcul:
telles sont les ambitions du site
SteelbizFrance.com. Ce portail
intéresse métalliers, constructeurs
métalliques et plus généralement
tous les acteurs de la filière acier.
ENVELOPPE
ACCESSIBILITÉ
LES ATOUTS
DES PORTES
AUTOMATIQUES
Depuis cinquante ans, les portes automatiques pour piétons
contribuent à l’amélioration de la qualité de vie. La montée
en puissance de ces préoccupations dans le débat public
devrait leur ouvrir de nouvelles perspectives.
F
ini le temps où les
curieux se pressaient
à Orly pour découvrir la Caravelle et…
les portes automatiques de l’aérogare flambant
neuve. En une cinquantaine d’années, la porte automatique pour
piétons (PAP) s’est diffusée dans
le secteur hospitalier, les bâtiments administratifs, les pharmacies et les centres commerciaux avant de s’étendre à de plus
petits commerces (opticiens,
supérettes, boulangeries, etc.), à
toutes sortes de lieux d’accueil
(résidences pour personnes âgées,
églises), à des applications insolites (chatière) et même hors du
bâtiment (avions, yachts)…
Comment continuer ? Une enquête publiée en octobre 2005
dans le magazine professionnel
Technic Baie cherche les voies de
l’avenir dans le développement
des grandes surfaces (qui en sont
grandes consommatrices) et l’équipement croissant des petits
commerces.(1) Alexandre Depeyre,
directeur commercial chez Portalp,
se demande, lui, pourquoi un
produit arrivé à maturité et dont
le coût, pour les portes coulissantes, ne marque plus d’écart
significatif avec les solutions
classiques, ne s’élargit pas au-delà
de quelque 25 000 installations
annuelles(2). « Est-il logique, se
demande-t-il, qu’aujourd’hui toutes les entrées d’immeubles ne
soient pas équipées de portes
automatiques?»
Après les hôpitaux, les bâtiments publics
et les centres commerciaux, les PAP
s’étendent à toutes sortes de lieux d’accueil.
34
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
© GEZE
POUR LES «PMR»,
DONC POUR TOUS
La problématique de départ –
l’accessibilité – garde en effet
toute son actualité dans une
société de plus en plus soucieuse
de la qualité de vie de chacun.
Surtout, une loi récente (11 février
2005) contraint les établissements
recevant du public (ERP) à prendre davantage en compte l’accès
des personnes à mobilité réduite,
c’est-à-dire souffrant d’une incapacité permanente (handicapés),
temporaire (grossesse, accident)
ou liée à des circonstances extérieures (accompagnement d’enfant en bas âge, etc.) – autrement dit, chacun de nous à un
moment ou à un autre de notre
vie. À cette fonctionnalité première s’en ajoute une seconde,
également orientée vers l’usager,
© DORMA
UN GUIDE POUR S’ORIENTER
DANS LA RÉGLEMENTATION
© DORMA
La réglementation qui s’applique aux PAP est
particulièrement complexe puisqu’elle n’est pas
la même selon le type d’équipement (portes
coulissantes, battantes ou tournantes), l’utilisation
(usage normal, dégagements réglementaires),
la fonction du bâtiment (établissement recevant
du public, lieu de travail) et sa nature (immeuble
de grande hauteur ou autre), etc. En l’absence
de norme(1), soucieux de «clarifier les règles
professionnelles concernant leur secteur d’activité»,
les fabricants adhérents du SNFPSA-FFB(2)
(qui rassemble 80% de la profession) ont réalisé
un guide technique (3) de conception et d’installation,
«Règles de sécurité portes automatiques pour
piétons», dont le parti pris est de proposer
systématiquement, «pour une exigence donnée,
la règle apportant le plus de sécurité». Régulièrement
remis à jour et actuellement en cours de réimpression,
ce guide de 150 pages propose un ensemble de
définitions communes. Il comprend les principaux textes
réglementaires, inventorie les aspects techniques
de la mise en œuvre (limitation des efforts de poussée;
libération des unités de passage; visualisation
de la porte et vitrage de sécurité; défaillance électrique;
maintenance; etc.) et récapitule par type de
porte l’ensemble des spécifications à respecter.
(1) Deux projets de normes européennes (PR EN 12650-1 et PR EN 12650-2)
sont en cours d’élaboration afin d’harmoniser les exigences de sécurité
au niveau de la conception et de la fabrication.
(2) Syndicat national de la fermeture, de la protection solaire
et des professions associées.
(3) Disponible auprès de Métal Services - tél.: 01 40 55 13 00.
왘왘왘
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
35
© PORTAL
ENVELOPPE
années en termes de composants :
fiabilité des dispositifs de détection ; miniaturisation, qui permet aux caissons de mécanismes
de se faire de plus en plus discrets
au bénéfice de la créativité architecturale; performances des équipements logiciels qui permettent
aux systèmes des PAP de dialoguer avec les systèmes de gestion
technique centralisée (GTC) ou
de gestion technique des bâtiments (GTB). «Tout est possible, affirme Alexandre Depeyre.
Avec la technologie GSM (téléphone sans fil), on peut même
réinitialiser un système ou effectuer un dépannage à distance. En
fait, le client n’a plus qu’à choisir
le niveau de prestation adapté à
ses besoins.»
1
© PORTAL
1 et 2 Les portes
automatiques contribuent
au maintien de la température
dans les lieux publics,
en limitant les apports extérieurs.
왘왘왘
36
2
même si elle n’a d’utilité qu’exceptionnellement : la sécurité,
puisque, en cas d’incendie, les
PAP s’ouvrent automatiquement
pour libérer le passage et permettre l’évacuation.
Ensuite viennent d’autres atouts
concernant plutôt le bâtiment ou
son gestionnaire et portant sur les
process de traitement de l’air et de
contrôle de l’atmosphère, dont
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
ces équipements renforcent l’efficacité (protection des blocs opératoires contre les bactéries et des
salles blanches industrielles contre
les poussières). La PAP, notamment la porte tournante, contribue en outre au maintien de la
température dans les lieux publics
en limitant les apports extérieurs
(dans la même application, les
portes coulissantes sont souvent
associées à un rideau d’air chaud,
à moins qu’elles ne soient doublées sous forme de sas afin d’éviter les courants d’air). Contrôle
encore, mais des accès cette fois,
lorsque les PAP permettent de
canaliser des flux de personnes
(aérogares), interdisent l’entrée
dans certains établissements à
partir d’une heure donnée ou
l’accès de certaines zones à des
personnes non habilitées (centrales nucléaires, salles des coffres
des banques).
TOUJOURS
PLUS DISCRÈTES
Parallèlement à ces fonctionnalités qui ont permis aux PAP de
diversifier très fortement leurs
applications, de grands progrès
ont été réalisés ces dernières
POURQUOI PAS DANS LES
MAISONS INDIVIDUELLES?
Dans le déploiement de leur créativité, il semble donc que les fabricants ne soient plus réellement
confrontés qu’aux limites et aux
contraintes que leur impose la
réglementation (voir encadré
p. 35). Quant à l’élargissement
du marché, il ne fait pas de doute
pour Alexandre Depeyre, persuadé que «les PAP finiront par
s’imposer comme l’électronique a
réussi à le faire dans le domaine
de l’automobile.» Alors, les portes automatiques dans les maisons
individuelles et les appartements
sont pour bientôt ? « Pourquoi
pas?», conclut-il.
쐍
(1) «Quelles perspectives pour les portes
automatiques piétonnes?», Technic Baie
n° 11, octobre 2005.
(2) Soit entre 21000 et 22000 portes coulissantes, 4000 opérateurs de portes battantes, et de 230 à 250 portes tournantes.
POUR EN SAVOIR PLUS SNFPSA-FFB, tél.: 01 40 55 13 00
MÉTALLIERS
Questions de sécurité
Pour identifier les bonnes réponses
en matière de protection antieffraction, l’Union des métalliers
de la FFB a élaboré une méthode
d’analyse du risque «malveillance».
Elle sera prochainement mise
à la disposition des professionnels.
P
lus que d’autres métiers
du bâtiment, les métalliers et notamment les
serruriers sont confrontés dans
l’urgence au besoin de conseil de
leurs clients. En 2002, afin de
mettre une information structurée à la disposition des professionnels, l’Union des métalliers (1)
avait constitué, en partenariat
avec le service information sécurité de la préfecture de police de
Paris, un groupe de travail dont
l’objectif était de recenser les produits anti-effraction disponibles
sur le marché: serrures, portes,
fermetures, fenêtres, vitrages
retardateurs d’effraction, etc.
Dans le prolongement de cette
démarche qui a abouti à l’édition du guide technique de la
sécurité à l’effraction (2), une nou-
velle initiative a vu le jour avec les
mêmes partenaires, dans le cadre
du Programme recherche développement métier de la FFB. Elle
vise à conforter le rôle de conseil
des professionnels, que les circonstances empêchent souvent
de faire valoir. «Quand le client
nous sollicite pour un dépannage
d’urgence, ce qui arrive environ
cinquante fois par mois »,
explique Joël Magnan, responsable de la société Millet (Tours) et
membre du groupe de travail, «il
a souvent une idée bien arrêtée de
“ce qu’il lui faut” – porte blindée,
serrure trois points, barreaudage,
etc. –, et cette situation où nous
sommes de simples exécutants
n’est pas propice pour engager
la discussion et identifier le vrai
besoin.»
1 PORTAIL À MANŒUVRE
ÉLECTRIQUE avec contrôle à
distance.
2 SÉCURISATION de hall
d’entrée avec contrôle d’accès.
En dehors de toute intervention,
la nouvelle démarche consiste
cette fois à proposer aux propriétaires, par l’intermédiaire des
professionnels, une évaluation
des risques liés au vol ou à d’autres actes de malveillance dont
leur habitation pourrait faire l’objet, autrement dit une analyse des
risques qui pourra être réalisée
avec l’aide du professionnel. En
pratique, deux questionnaires
(l’un réservé aux bâtiments d’habitation individuels, l’autre aux
bâtiments d’habitation collectifs)
ont été établis, et dans les deux cas
l’objectif est d’établir et de
confronter les niveaux de «protection requise» et de «protection
effective». Accompagné par un
courrier d’explication, chaque
questionnaire propose une cinquantaine d’items (valeur estimée des objets présents, type
d’urbanisme du site, relations de
voisinage, habitudes d’occupation, etc.) répartis en quatre sections, et pour chacun d’eux, trois
classes de réponses. En dernière
page, la récapitulation des scores
permet de déterminer un éventuel déficit de « protection effective » et d’identifier les points à
© MILLET TOURS FENÊTRES
© DR
2
1
améliorer, c’est-à-dire les équipements du bâtiment (portes,
volets, systèmes de fermeture,
etc.) ou d’autres aspects (présence d’un gardien, éclairage, indices d’occupation de la maison,
alarme, etc.).
FAIRE CONNAÎTRE SON
RÔLE DE PRESCRIPTEUR
Après avoir été retravaillés à l’issue d’une première série de tests
pour être simplifiés dans le fond
et dans la forme – et même proposés sous forme de fichier informatique rendant tout calcul
manuel inutile –, les deux questionnaires font actuellement l’objet d’une nouvelle campagne de
tests dans une douzaine d’entreprises, avec un objectif de finalisation et de diffusion générale
courant 2006. «À côté de Regards
sur l’effraction, que nous utilisons
plutôt comme un ouvrage de
référence, ce nouvel outil va nous
permettre de modifier notre communication avec le client en dissociant davantage nos rôles de
prescripteur et de fournisseur,
juge Joël Magnan. Lorsque les
propriétaires auront diagnostiqué un manque en équipements
de protection, ce sera à nous de
reprendre la main pour apporter
la solution à leur problème.» 쐍
(1) Union des Métalliers (FFB Métallerie)
– Tél. 01 40 55 13 00.
(2) Disponible auprès de Métal Services –
Tél. 01 40 55 13 00.
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BÂTIMÉTIERS
37
ENVELOPPE
2 3
© SOPREMA
38
BÂTIMÉTIERS
© SOPREMA
JUIN 2006
TOITURES VÉGÉTALISÉES
Couverture très nature
Fondu dans son environnement,
l’Historial de la Vendée est une référence
pour les métiers de l’étanchéité
et de la couverture végétalisée.
1
© STÉPHANE CHALMEAU
L
a trace du passé s’inscrit
dans la profondeur du sol
et dans le paysage. Aux
Lucs-sur-Boulogne, l’Historial de
la Vendée s’efface ainsi dans son
environnement de bois et de prairies pour mieux faire place au
sentiment de l’Histoire. Depuis la
route, l’ouvrage conçu par le cabinet Plan 01 n’offre au visiteur
que la ligne anguleuse de sa couverture végétalisée, où s’ouvre –
rappel des fameux chemins creux
vendéens – l’accès qui descend
vers le musée et les berges de la
Boulogne. Imaginée comme un
fragment du paysage, cette toiture
« en facettes » de 8 000 m2 est l’élément majeur du projet. « Nous
étions, c’est vraiment exceptionnel, le lot le plus important du
chantier, avec un montant hors
1 ENFOUI DANS LA COLLINE,
l’Historial ouvre son unique
façade vitrée sur le cours
de la Boulogne.
2 LA TOITURE est supportée
par une charpente métallique
et constituée de facettes
disposées selon différents plans.
4
© PLAN 1
3 LES FACETTES dont la pente
est supérieure à 20% sont
équipées d’un système
de retenue du substrat recevant
le complexe végétal.
4 LE TAPIS VÉGÉTAL, sous
forme de rouleaux de 1 x 2 m, est
composé de graminées et de
vivaces. Il devra être fauché deux
fois par an.
taxe de 1,8 M€ », confirme Christophe Neveu, le responsable de
l’entreprise Bergeret, qui a exécuté
les travaux entre août 2004 et
avril 2005. Bien en amont de la
réalisation, cette spécificité du
projet avait aussi amené le maître
d’œuvre à solliciter l’expertise de
Sopranature, le département spécialisé en végétalisation de toiture du fabricant de composants
d’étanchéité Soprema, sur la faisabilité et la conception. «Il s’agissait de choisir les végétaux, car
le maître d’ouvrage souhaitait
recréer une prairie sur la couverture, et de définir des solutions
techniques, notamment pour les
1200 m2 de facettes présentant
une pente supérieure à 20%»,
explique François Lassalle, responsable de Sopranature.
La réflexion collective, qui a associé le bureau de contrôle, s’est
poursuivie au-delà de l’adjudication et « a permis d’élaborer des
solutions de haute technicité, ce
qui a rendu ce chantier particulièrement gratifiant pour nous,
poursuit Christophe Neveu. En
effet, l’étanchéité était ici le point
central, mobilisant l’attention de
tous, ce qui est loin d’être le cas
sur les chantiers ordinaires. Enfin
et surtout, l’Historial met pleinement en valeur notre métier en
offrant à tous les regards ce que
nous appelons la cinquième
façade, la toiture, qui reste le plus
souvent invisible. »
쐍
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
39
ENVELOPPE
ISOLANTS MINCES RÉFLÉCHISSANTS
UTILES MAIS DÉLICATS À MANIER
A
Naguère très controversés,
ces compléments d’isolation font l’objet
de trois premiers Avis techniques
et d’un programme de recherche tout
juste entamé. La polémique faisant
enfin place à l’approche scientifique,
il est temps de faire le point.
pparus en France dans
les années 1980 sous le
nom d’isolants minces
réfléchissants et surtout utilisés en
rénovation, les compléments
d’isolation réfléchissants ont
connu un fort développement.
Leur part du marché global de
l’isolation en France est estimée
entre 6 % et 8 %, et leur taux
de progression annuelle à 30%.
PRINCIPES DE MISE EN ŒUVRE SOUS TOITURE
CAS 1
CAS 2
Lame d’air ventilée
(conformément aux DTU 40 relatifs aux toitures)
Sa résistance thermique est nulle
Produit mince réfléchissant
Panne
Chevrons
Parement intérieur
Lame d’air
Lame d’air faiblement ou non ventilée
CAS 3
Produit mince
réfléchissant
CAS SINISTRANT
LA POSE AU-DESSUS
DES CHEVRONS :
MISE EN ŒUVRE
À PROSCRIRE
Produit mince
réfléchissant
Produit mince
réfléchissant
Rmax = 0,25 m2 K/W
Source: note d’information n°1 du GS 20-24/06/04 (version 3).
RÉSISTANCE THERMIQUE EN PARTIE COURANTE (R, en m2 .K/W)
40
Avec une seule lame d’air
de 2 cm d’épaisseur minimale
Avec deux lames d’air
de 2 cm d’épaisseur minimale chacune
Isolation de mur
R max = 1,08
R courant = 0,50
R max = 1,68
R courant = 0,50
Toiture avec rampant
(cas 1 et 2)
R max = 0,70
R courant = 0,42
solution difficile à réaliser
Pose en sous-face
de plancher bas
R max = 0,95
R courant = 0,55
solution difficile à réaliser
Pose sous chape
R max = 0,33
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
Pourtant, jusqu’à il y a peu, ils ne
bénéficiaient d’aucun Avis technique et leurs performances prêtaient à controverse. En 2001, un
numéro des Cahiers du CSTB (1)
attirait l’attention sur les conditions d’évaluation de leurs performances car, contrairement aux
isolants classiques, ces produits
doivent être associés à deux lames
d’air non ventilées sur chacune de
leurs faces pour offrir les performances optimales, ce qui nécessite
un protocole de mesure spécial
(voir encadré) et rend leur mise
en œuvre particulièrement délicate. Cet article traitait par ailleurs
des risques de condensation et
de dégradation des structures par
humidité qu’ils pourraient entraîner du fait de leur non-perméabilité à la vapeur d’eau. Il concluait
que, dans tous les cas, ils n’atteignaient pas les performances de
200mm de laine de verre de faible
densité, ni même de 100mm.
L’ÉMISSIVITÉ EN QUESTION
En 2004, estimant nécessaire de
faire le point de façon plus approfondie sur les performances de ces
produits et d’apporter une information cohérente aux prescripteurs, aux entreprises et aux particuliers, le groupe spécialisé n° 20
(GS 20) de la commission chargée de formuler les Avis techniques a publié la note «Performances des produits minces
réfléchissants opaques utilisés
dans l’enveloppe des bâtiments» (2). Rappelant que les trois
critères qui définissent la performance d’un produit ou d’un procédé d’isolation thermique du
bâtiment sont la résistance ther-
Dans les travaux de rénovation
réalisés pour des clients privés,
des entreprises se trouvent
confrontées à des demandes
de pose de ces produits
dans une configuration d’écran
de sous-toiture (EST) – une
application qui ne présente
pas d’intérêt puisqu’un EST doit
être ventilé, ce qui va à l’encontre
des performances des isolants
réfléchissants. Face aux
risques de pathologies graves
que pourrait entraîner
leur installation dans une
configuration étanche entre
couverture et charpente du fait
de la non-ventilation des bois
de support et du maintien
d’une humidité susceptible
de les dégrader avec le temps
(champignons, moisissures),
le Syndicat national des écrans
de sous-toiture (Snest) a rappelé
en mai 2004 les règles de
mise en œuvre des EST
(CPT des Cahiers du CSTB
n° 3356 de juillet-août 2001)
et attiré l’attention de ses
membres sur le fait que leur
responsabilité peut être engagée
en cas de dommages et
avoir des conséquences graves.
mique (R), l’émissivité (e) et le
facteur solaire (S, uniquement si
vitrage), ce document s’interroge
particulièrement sur le deuxième
de ces facteurs, qui exprime la
capacité à renvoyer un rayonnement reçu. L’émissivité se mesure
de 0 (corps réfléchissant l’intégralité du rayonnement reçu) à 1
(absorption totale). La note
indique : « La plupart des produits de bâtiment ont une émissivité de 0,9. Les produits minces
réfléchissants ont en général une
émissivité inférieure à 0,1. L’émissivité du produit doit être évaluée après vieillissement. C’est
cette valeur qui est à prendre en
compte dans le calcul de la performance thermique. Une faible
émissivité permet d’augmenter la
résistance thermique d’une lame
d’air en contact de 0,15 m2.K/W
jusqu’à 0,50 m 2 .K/W, voire
0,65 m2.K/W à condition qu’elle
soit réellement étanche.» Si la faible émissivité de ces isolants constitue leur spécificité et a priori
leur point fort, leur performance
thermique intrinsèque (lames
d’air non comprises) reste très
réduite, souligne l’étude, et dans la
pratique, les conditions de nonventilation ou de faible ventilation
pour deux lames d’air se révèlent
très difficiles à obtenir.
BEAUCOUP DE SOIN
POUR LA MISE EN ŒUVRE
Basés sur les essais réalisés dans
des laboratoires en Amérique du
Nord et en Europe, les niveaux de
résistance thermique susceptibles
d’être atteints avec ces produits –
à condition que les lames d’air
soient non ventilées (ou faiblement ventilées) et non communicantes et que leur émissivité de
surface soit durable – sont
ensuite évalués pour quatre types
d’utilisation : en isolation de mur,
de toiture avec rampant (voir
encadré), en sous-face de plancher et sous chape. Dans tous les
cas où la mise en œuvre paraît
possible, la valeur de résistance
thermique (R) mesurée ou calculée reste nettement inférieure
aux niveaux exigés par la réglementation en construction neuve
(voir tableau).
«En l’état actuel des connaissances et des essais réalisés et suivant
l’ouvrage et le mode de pose
adopté, on peut considérer que la
résistance thermique de ces produits s’étend de 0,1 à 1,7 m2.K/W,
estime Bernard Abraham, rapporteur du GS 20. Ils se révèlent
donc susceptibles d’apporter un
complément d’isolation aux
parois des bâtiments pour autant
qu’ils soient mis en œuvre très
soigneusement, car la moindre
ventilation des lames d’air fait
chuter leurs performances. C’est
© CEP-ÉCOLE DES MINES
A PROSCRIRE EN ÉCRAN
DE SOUS-TOITURE
UN PROTOCOLE D’ESSAI SPÉCIAL
En mai 2004, le laboratoire du Centre énergétique et
procédés de l’école des Mines de Paris, que dirige
Denis Clodic, a été amené à réaliser des essais de
mesure d’isolants minces à la demande d’un fabricant.
«Les essais par fluxmétrie habituellement employés
pour qualifier la conductivité thermique intrinsèque
des matériaux ne pouvant être retenus pour ces
produits, explique Assaad Zoughaib, responsable
de projet, c’est un protocole spécial, adapté de la norme
américaine dite de la ‘’boîte chaude gardée’’ qui
a été utilisé.» Basé sur l’utilisation d’une «chambre»
dont une paroi est constituée par l’isolant à tester,
l’essai consiste d’abord à mesurer la déperdition
de flux des cinq autres parois. Puis la résistance
thermique du matériau est établie par comparaison
avec une chambre identique dépourvue d’isolant.
Mesurée sur un isolant mince mis en œuvre avec
deux lames d’air de 80mm, la résistance thermique
du matériau est apparue équivalente à celle d’une laine
de verre de 80mm d’épaisseur, soit 2,5 m2.K/W.
A priori plus favorable que les autres mesures et calculs,
ce résultat ne clôt pas les recherches, puisqu’un
programme de deux ans associant l’école des Mines
et le CSTB, sous l’égide de l’Agence nationale de
la recherche (ANR), a été lancé en février dernier
afin de cerner les véritables performances du matériau
dans ses différentes configurations. À suivre, donc...
du reste l’un des points sur lesquels insistent les trois avis techniques qui ont été délivrés à ce
jour (3), et qui fournissent des indications de pose rationnelles et
très précises pour permettre aux
professionnels d’atteindre les
valeurs d’isolation complémentaire souhaitées.»
De son côté, la Commission produits mis en œuvre (C2P) de
l’Agence qualité construction a
rappelé en juillet 2005 que les
produits venant de recevoir un
Avis technique sont soumis à la
procédure de «mise en observa-
tion». Leur mise en œuvre doit
donc conduire les professionnels
concernés à se rapprocher de leur
assureur afin de confirmer les
conditions d’assurance dans le
cadre de la garantie décennale. 쐍
(1) «Propriétés des produits dits ‘‘isolants
minces réfléchissants’’», Claude Pompéo,
Cahiers du CSTB n°3330, livraison 418,
avril 2001.
(2) Note d’information n°1 du 24 juin
2004, version n°3, Groupe spécialisé n°20,
«Produits et procédés spéciaux d’isolation».
(3) Avis techniques nos 20/04-47, 20/04-48
(février 2005) et 20/04-55 (juillet 2005),
délivrés au titre de compléments d’isolation
thermique aux produits Air Thermofoil
DBA de Poly-Tech-Radiant Inc et rFoil
résidentiel de Covertech.
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
41
ENVELOPPE
PLATES-FORMES MOTORISÉES
Un moteur de productivité sur les chantiers
© CTE
Sur mâts ou suspendus, ces dispositifs
s’adaptent à toutes les hauteurs.
Tour d’horizon des équipements proposés
et découverte d’un métier très spécialisé.
L
a multiplication des
chantiers de rénovation
dans les années 1980 a-telle donné l’impulsion de départ?
En tout cas, près de trente ans
plus tard, les plates-formes d’accès
motorisées – qu’elles soient
suspendues ou en appui sur un ou
plusieurs mâts – ont conquis leur
place sur les chantiers où l’échafaudage régnait seul jusque là.
Aujourd’hui, on les voit sur les
opérations de rénovation et de
réhabilitation lourde comme en
construction neuve. Quels sont
leurs points forts? Leur rapidité de
mise en œuvre; leur capacité d’adaptation à des structures ou à des
42
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
immeubles très hauts; leur mobilité, qui permet aux opérateurs
de travailler toujours à la bonne
hauteur; une sûreté qui conduit
les organismes de sécurité à les
recommander. Leur adoption
peut cependant susciter quelques
difficultés; en particulier, ce type
d’équipement, qui englobe des
systèmes d’accès motorisés (monte-matériaux et ascenseurs de
chantier), interfère profondément
avec l’organisation et la logistique
des chantiers.
Chaque type a ses atouts propres.
Utilisant un ou deux mâts ancrés
en façade, la plate-forme sur mâts
a pour elle une totale stabilité et
un vaste espace de travail (elle
peut atteindre 36 m de longueur
et sa largeur dépasser 2 m) qui
peut s’adapter à tous les profils de
façade. Enfin, sa capacité d’emport
supérieure à 4 t fait d’elle l’outil
privilégié dans la réalisation des
murs rideaux. Moins puissantes
avec une charge utile qui ne
dépasse pas 1t, les plates-formes
suspendues (18 m de longueur
maximale), mues électriquement,
ont l’avantage de leur légèreté,
puisque tous leurs éléments sont
«manuportables», et leur coût est
très compétitif.
PEU UTILISÉES EN FRANCE
Le conseil est une part indissociable de la prestation des professionnels, qu’ils soient loueurs
ou vendeurs, rattachés à des fabricants de dimension internationale ou pas, et proposent un seul
type de matériel ou les deux. «À
la base, explique Patrick Jahan, le
responsable d’Alimak Hek en
France, la question est parfois
très simple. Faut-il choisir une
ou deux plates-formes pour
ramener la durée d’un chantier de
six à trois mois?» Mais la gestion
rationnelle de la mécanisation
peut être poussée beaucoup plus
loin, comme on le voit avec les
plans de charge des grues, et permettre de réaliser des gains de
productivité considérables. «Malheureusement, poursuit Patrick
Jahan, ces équipements sont
encore très insuffisamment utilisés en France, où la règle reste la
recherche du prix le plus bas.»
Cette situation est peu valorisante pour les professionnels,
notamment les loueurs, dont la
prestation (montage et démontage, formation des utilisateurs)
n’est ni stricte location ni soustraitance. Elle a conduit huit
d’entre eux à se regrouper pour
promouvoir leur métier et se
positionner plus favorablement
auprès de leurs clients (1). Nul
doute qu’ils auront observé avec
intérêt la clarification récemment
apportée par la réglementation
dans l’exercice du métier voisin
d’échafaudeur...
쐍
(1) En mai 2001 a été créée au sein du Syndicat français de l’échafaudage, du coffrage
et de l’étaiement la section «Système d’élévation, d’accès et de travail motorisés ».
Patrick Jahan en est l’animateur.
POUR EN SAVOIR PLUS FFB-Echafaudage, tél. : 01 40 55 13 00
LES AMÉNAGEMENTS
DISPONIBLES
Afin de répondre aux besoins
très divers de leurs clients
et d’améliorer les performances
de leur matériel, les
professionnels proposent
de nombreux aménagements.
Plates-formes suspendues
• installation de treuils en
terrasse pour pallier la moindre
capacité de charge;
• plates-formes à plusieurs
niveaux adaptées à certains
travaux (bardage);
• systèmes de guides disposés
en façade pour stabiliser
les nacelles.
Plates-formes sur mâts
• montage sur roues pour
améliorer la mobilité;
• utilisation de monorails sur
la plate-forme ou sur les mâts
pour faciliter le travail
(pose de pierre agrafée) ou
augmenter la capacité de
charge;
• plancher spécial délimitant
un plan de travail ergonomique,
systèmes de protection
(toit de toile, etc.).
FERMETURES ET PROTECTIONS SOLAIRES
Marquage CE obligatoire
© ATES
© SOMFY
© ATES
PÉRIODE TRANSITOIRE
Les fabricants de fermetures d’habitation et de protections
solaires ont l’obligation de procéder au marquage CE
de leurs produits depuis le 1er avril 2006. La caractéristique
prise en compte est la résistance au vent.
L
e marquage CE des fermetures d’habitation et
des protections solaires
atteste de leur conformité avec la
directive Produits de construction et avec la directive Machines
pour les produits motorisés. Il
conditionne leur libre circulation
au sein de l’Union européenne.
Sont visés les produits soumis
aux normes européennes harmonisées NF EN 13561 et NF
EN 13659, c’est-à-dire les fermetures pour baies équipées de fenêtres (volets roulants, battants, coulissants, projetables ou non ;
persiennes coulissantes ou non;
jalousies accordéon; stores vénitiens extérieurs) et les protections
solaires (stores extérieurs manuels
ou motorisés, stores bannes, stores à projection, stores de façade;
stores verticaux guidés, stores de
véranda ou de verrière, moustiquaires; stores corbeilles, brisesoleil). Dans le cas des stores intérieurs, seuls les produits motorisés
doivent être marqués CE.
ESSAI DE TYPE INITIAL
L’évaluation de la conformité se
fait par la réalisation d’un «essai
de type initial», accompagné par
un système de maîtrise de la production en usine (1). La caractéristique visée est la résistance au
vent: obligation est faite au fabricant de déclarer la classe de résistance au vent de ses produits.
Pour l’évaluer, il doit procéder à
un essai de type initial, sur ses différentes familles de production,
« dans la configuration la plus
défavorable du produit»; ce sera
donc sur celui de plus grande
dimension de chaque famille.
Aucune classe minimale de performance n’est exigée dans le
L’arrêté du 8 août 2005 publié au
Journal officiel du 28 août 2005
fixe au 1er avril 2006 la date à
partir de laquelle il est obligatoire
de déclarer la conformité
des fermetures et stores avec la
directive Produits de construction
pour pouvoir les mettre sur
le marché. Par dérogation, et
à titre transitoire, les produits
non marqués CE mis pour
la première fois sur le marché
avant le 1er avril 2006 pourront
être commercialisés jusqu’au
1er avril 2007. A noter qu’il y a peu
de stocks dans ce type de produits
en général faits sur mesure,
sauf dans le circuit de la grande
distribution.
strict cadre du marquage CE.
Cependant, chaque pays membre
de l’Union peut instituer un
indice de performance minimal.
En France, la classe 2 est le minimum recommandé. L’essai de
type initial doit être réalisé par le
fabricant qui rédige ensuite une
déclaration de conformité de ses
produits et engage sa responsabilité. Dans le domaine des fermetures pour habitation, la mise en
place du marquage CE ne devrait
pas entraîner de mise à niveau ni
d’essais spécifiques. «La plupart
des fabricants ont procédé aux
essais depuis longtemps et près de
50% des produits de fermetures
d’habitation sont sous la marque
NF-Fermetures, qui implique des
caractéristiques de sécurité et des
performances beaucoup plus exigeantes que celles du marquage
CE», indique Hervé Lamy, chargé
des questions techniques et normatives au SNFPSA-FFB(2). Par
contre, dans le domaine des protections solaires où n’existe pas
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
왘왘왘
43
ENVELOPPE
왘왘왘
44
de marque de qualité (en dehors
de la marque NF Toiles encore
très peu développée), certains
fabricants qui n’ont pas anticipé
l’obligation ont dû ou doivent
procéder aux essais.
Et qu’en est-il des produits importés? «C’est l’entité qui a en
charge la mise sur le marché européen qui est responsable du marquage CE». En ce qui concerne les
installateurs, même si la responsabilité du marquage CE incombe
aux fabricants, ils ont tout intérêt
à ne pas installer de produits non
marqués CE, sauf pendant la
période transitoire (voir encadré
p. 43).
Pour améliorer la portée du marquage CE, la commission de normalisation européenne sur les
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
fermetures a demandé à la Commission européenne d’étendre les
caractéristiques prises en compte
à deux autres critères : le facteur
solaire et la résistance thermique
additionnelle.
쐍
(1) Le système de maîtrise de la production en usine, sous la responsabilité du
fabricant, est destiné à garantir la continuité des caractéristiques des produits
pour toute la production, les critères étant
définis dans la norme européenne.
(2) SNFPSA-FFB : Syndicat national
de la fermeture, de la protection solaire
et des professions associées.
STORES INTÉRIEURS
Les stores intérieurs (NF EN 13120) sont concernés
par l’obligation de marquage CE uniquement s’ils sont
motorisés (directive Machines, qui n’exige pas de
réalisation d’essai de type). S’ils sont manuels,
ils ne sont en effet pas considérés comme «éléments
incorporés de manière durable dans l’ouvrage».
Exclus du champ d’application de la directive Produits
de construction, ils échappent alors à l’obligation
de marquage CE. Deux voies sont possibles pour obtenir
le marquage CE des produits motorisés: respecter
les clauses harmonisées «Machines» de la norme
produit ou respecter la procédure d’évaluation décrite
dans la directive: analyse de risque, traitement
des risques et dossier technique.
POUR EN SAVOIR PLUS SNFPSA-FFB, tél.: 01 40 55 13 00 Site d’information sur la directive Produits de construction:
http://www.dpcnet.org.
VERRE
Le nouveau DTU 39
À paraître au troisième trimestre 2006,
le nouveau NF DTU vitrerie-miroiterie
tient compte de l’évolution du
matériau au cours de ces dernières
années et propose de nouveaux
outils de prescription aux miroitiers.
c’est-à-dire les produits dont l’usage et la connaissance permettent
de s’assurer qu’ils répondent aux
exigences de la garantie décennale.
PRENDRE EN COMPTE LES
CONTRAINTES THERMIQUES
Outils d’aide à la prescription,
les deux premiers mémentos sont
consacrés l’un au calcul de
dimensionnement, l’autre à la
sécurité. En attendant l’adoption
d’une méthode de calcul européenne, les auteurs ont voulu
apporter une solution aux difficultés de dimensionnement rencontrées par les miroitiers. Grâce
à un travail mené par la FFPVFFB (2) avec le SNFA-FFB (3), ces
derniers disposent désormais
d’une carte des vents identique à
celle des menuisiers. Dans le
même esprit, le deuxième
mémento propose pour la première fois un référentiel des produits selon leur utilisation et les
bâtiments auxquels ils sont destinés (école, gymnase...). Le troi-
sième mémento est consacré au
calcul des contraintes thermiques.
«Le verre était resté un peu accessoire depuis quinze ans, mais il
redevient important avec les
réglementations thermiques »,
commente Didier Cosson, qui
dirige la Miroiterie de Champagne à Troyes (Aube) et a pris
part à l’élaboration du document.
«Avec ses nouvelles appellations
et son changement de mode de
calcul, le nouveau DTU aidera
les professionnels à présenter des
offres qui feront la différence par
rapport aux simples fiches techniques.»
쐍
(1) Le précédent DTU Verre était paru en
1987.
(2) Fédération française des professionnels
du verre.
(3) Syndicat national de la construction
des fenêtres, façades et activités associées.
POUR EN SAVOIR PLUS FFPV-FFB, tél.: 01 40 55 13 55
Mise en œuvre directe d’un bloc-porte sur chantier, par des élèves du lycée
professionnel Fernand-Léger à Grand-Couronne (section Miroiterie).
E
n moins de vingt ans (1), la
profession de miroitier a
notoirement changé sous
l’effet de l’évolution des produits,
de la réglementation et de la
demande. Le double vitrage, qui
n’était qu’un cas particulier dans
les années 1970, est devenu la
règle avec la RT 2000. Mais il est
loin d’avoir révélé tout son potentiel en matière d’isolation thermique comme de protection
contre le bruit ou les effractions.
Dans ce contexte d’évolution où
est également intervenue la normalisation européenne et le marquage CE des produits, le nouveau NF DTU 39 fait le point
au terme de presque dix années
de travail.
Le document innove en proposant un cahier supplémentaire et
trois mémentos. Le cahier «Critères généraux de choix des matériaux» recense les produits normalisés couverts par le DTU,
Le DTU 40.35 (NF P 34-205-1) a
été amendé. Il comprend désormais des dispositions particulières et complémentaires concernant la réalisation de couvertures
cintrées en plaques nervurées
issues de tôles d’acier revêtues.
Seules sont visées les couvertures
chaudes cintrées convexes à simple peau avec isolation sur panne
ou à double peau à trames parallèles. L’amendement précise les
modes de raccordement, les pentes minimales et les fixations des
plaques précintrées ou cintrées à
la pose.
쐍
© STÉPHANE VALLET
© FFPV
COUVERTURE
Le DTU 40.35 amendé
POUR EN SAVOIR PLUS Consulter le site de l’UNCP :
www.uncp.ffbatiment.fr, espace
adhérents
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
45
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
1
© DR
SOLAIREUNE ÉNERGIE
D’AVENIR POUR L’EAU
CHAUDE SANITAIRE
La flambée des prix de l’énergie et
les incitations fiscales devraient stimuler
le développement des installations
de production d’eau chaude sanitaire
par énergie solaire. Une aubaine
pour les professionnels de la couverture,
de la plomberie et du chauffage.
46
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
R
estée longtemps
confidentielle en
France, la production d’eau chaude
sanitaire (ECS) par énergie solaire
est aujourd’hui favorisée par des
mesures incitatives. Dès 1999,
dans le cadre du plan Soleil,
l’Ademe a pris l’initiative de créer
la marque Qualisol, qui fédère à
ce jour quelque 10500 installateurs chauffagistes (voir encadré
p. 48). Dans le cadre des engagements de la France à promouvoir
l’utilisation des énergies renouvelables (solaire, hydraulique et
bois), l’Etat a mis en place en
2005 un crédit d’impôt de 40% –
porté à 50% en 2006 – applicable
aux dépenses d’équipement en
© VIESSMANN
3
2
© AQUA SUN SARL
À CIRCULATION FORCEE
SCHÉMA DE PRINCIPE D’UN CHAUFFE-EAU SOLAIRE INDIVIDUEL (CESI) À CIRCULATION FORCÉE
R
C
MT
T
P
S
CE
EF
RÉGULATEUR
CIRCULATEUR
MITIGEUR THERMOSTATIQUE
THERMOPLONGEUR ÉLECTRIQUE
OU ÉCHANGEUR HYDRAULIQUE
PURGE DE POINT BAS
EXPANSION SÉCURITÉ
COMPTEUR D’EAU
EAU FROIDE
MT
Eau
chaude
sanitaire
1 à 3 DES CAPTEURS
THERMIQUES, installés en toiture,
sont reliés par un système
hydraulique à un ballon de stockage.
Les capteurs convertissent
l’énergie solaire en chaleur à
la façon d’une serre, grâce à
un fluide caloporteur. Ils échauffent
ainsi l’eau qui les parcourt,
laquelle est stockée puis distribuée
dans le réseau d’ECS.
T
R
C
EF
P
CE
S
solaire thermique. Un coup de
pouce qui est venu s’ajouter aux
aides financières déjà accordées
par les conseils régionaux et par
certains conseils généraux, voire
des collectivités locales.
Outre les incitations fiscales liées
à une pression environnementale croissante, l’augmentation
continue des prix de l’énergie
devrait fortement contribuer au
développement du solaire ther-
mique dans l’Hexagone. «C’est le
facteur déclenchant numéro un»,
estime Gaël Parens, P-DG de la
société d’installation Aqua Sun, à
Montardon (Pyrénées-Atlantiques). « Pour la production
d’eau chaude, il est temps de ne
pas se limiter aux énergies non
renouvelables, comme le gaz et le
fioul, et de se tourner vers l’énergie solaire thermique.»
Avec cette solution, le chauffe-
eau solaire thermique se substitue
aux traditionnels chauffe-eau
électriques ou à gaz. Le dispositif
se compose d’une série de capteurs thermiques sur la toiture et
d’un ballon de stockage de l’eau
sanitaire, relié aux capteurs par un
système hydraulique. Une pompe
transfère l’eau froide jusqu’aux
capteurs solaires. Ces derniers
convertissent l’énergie solaire en
chaleur à la façon d’une serre,
grâce à un fluide caloporteur (un
mélange d’eau et d’antigel). Ils
échauffent ainsi l’eau qui les parcourt, laquelle est ensuite stockée
dans le ballon de stockage, pour
être distribuée dans le réseau
d’ECS. Le mitigeur thermostatique (vanne 3 voies) assure la
température souhaitée de l’eau
chaude.
UNE ÉNERGIE D’APPOINT
RESTE NÉCESSAIRE
Le chauffe-eau solaire thermique
peut pourvoir aux besoins d’eau
chaude sanitaire d’une résidence
dans une proportion de 40 à
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
왘왘왘
47
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
4 5
© PQE CHAMPAGNE-ARDENNES
왘왘왘
© DR
80% selon les régions. Une énergie d’appoint est nécessaire pour
couvrir la totalité des besoins.
Celle-ci est fournie soit en équipant le ballon de stockage d’une
résistance électrique, soit en le
reliant, par les vannes d’approvisionnement, à une chaudière au
fioul ou à gaz, par exemple.
Concernant la mise en œuvre, si
l’installation du ballon de stockage relève des compétences traditionnelles des plombiers-chauffagistes, l’intégration des capteurs
solaires en toiture ne peut être
assurée que par un corps de métier
spécifique: les couvreurs. «Les professionnels comme nous ne disposent pas de la garantie décennale,
qui reste indispensable pour réaliser tous travaux en couverture,
200 000 CHAUFFE-EAU
SOLAIRES PAR AN
À L’HORIZON 2010
La loi de programme (loi POPE
du 13 juillet 2005) qui fixe
les orientations de la politique
énergétique de la France,
met l’accent sur les énergies
renouvelables en général
et sur la production d’eau chaude
sanitaire par énergie solaire en
particulier. Elle affiche un objectif
ambitieux de plus de 200000
nouveaux chauffe-eau solaires
installés chaque année
à l’horizon 2010. On est encore
loin du compte. En 2005, on
a dénombré près de 16 500
installations, un chiffre en forte
progression par rapport à 2004.
Le défi à relever est donc de taille!
48
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
rappelle Gaël Parens. Sans compter que le métier de couvreur ne
s’improvise pas. Il faut être formé
aux travaux en hauteur et disposer
d’un outillage spécifique, notamment des monte-charges pour
transférer les capteurs du sol jusqu’au toit.» Les chauffagistes sollicités pour des installations de
chauffe-eau solaires thermiques
font donc appel à des entreprises
de couverture. A moins qu’ils ne
disposent, comme près des deux
tiers des membres de l’UNCPFFB(1), de la double expertise de
plombier-chauffagiste et de couvreur. Les capteurs sont directement encastrés dans la toiture et
non plus posés sur elle, comme il
était encore de coutume il y a
quelques années. Certains maîtres
d’ouvrage préfèrent même les faire
installer à même le sol, sur un
plan incliné (10% du parc aujourd’hui). On estime à 3 m2 ou 4 m2
la superficie moyenne du dispositif, pour un ballon de stockage de
300 l. Inclinés de 40 à 50° par
rapport à l’horizontale, les capteurs doivent également être orientés plein sud, à la rigueur sud/sudest ou sud/sud-ouest. «Si le prix
d’un tel équipement reste élevé, le
retour sur investissement s’opère
très vite : au bout de sept à huit
ans», souligne Gaël Parens. Un
argument de taille qui devrait décider nombre de foyers à adopter l’énergie solaire thermique pour la
production de leur ECS.
쐍
(1) Union nationale des chambres
syndicales de couverture et de plomberie
de France.
POUR EN SAVOIR PLUS • UNCP-FFB, tél. : 01 40 69 53 07
• UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94
4 L’UTILISATION DE CAPTEURS
SOLAIRES pour la production
centralisée d’eau chaude collective
se révèle particulièrement rentable.
C’est le choix qui a été retenu pour
la piscine d’Épernay dans la Marne.
5 POUR LA MISE EN ŒUVRE de
ce type de capteurs posés sur toiture,
la compétence du couvreur est
indispensable aussi bien pour
s’assurer de la bonne réalisation des
traversées des tuyauteries que
de la fixation des capteurs dans
des conditions optimales de sécurité.
LA MARQUE QUALISOL GÉRÉE
DÉSORMAIS PAR LES PROFESSIONNELS
La marque Qualisol a été créée en 1999 par l’Ademe
pour professionnaliser la filière des installateurs
d’équipements solaires et pour garantir le savoir-faire
de ces professionnels vis-à-vis du consommateur,
à travers les engagements de la charte Qualisol. Afin
de stimuler le développement de ce marché, l’Ademe
a décidé d’impliquer directement les professionnels
dans le dispositif Qualisol, en transférant la propriété
et la gestion de la marque aux organisations
professionnelles concernées, regroupées depuis
le 11 janvier 2006 au sein de l’association Qualit’EnR (1).
Sélectionnés sur dossier, les professionnels titulaires
de la marque s’engagent, dans le cadre de Qualisol
«nouvelle formule», sur un volume d’activité, l’objectif
étant d’encourager une adhésion durable et réfléchie
afin de créer un réseau solide d’installateurs
de référence. Ils s’engagent pour trois ans, avec
un référencement millésimé (Qualisol 2006,
Qualisol 2007…) et paient une redevance annuelle. Les
installateurs Qualisol font l’objet d’audits sur chantier,
effectués par des organismes accrédités par Qualit’EnR.
(1) Les membres fondateurs sont : les organisations professionnelles
dont l’UCF-FFB (Union climatique de France) et l’UNCP-FFB
(Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie
de France), Enerplan (Association professionnelle de l’énergie solaire),
SER (Syndicat des énergies renouvelables).
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
UNIVERSITÉ DE LIMOGES
Le courant passe
L’installation électrique de la nouvelle
faculté de droit répond aux besoins
d’un bâtiment de dernière génération.
TESTER LA CONFORMITÉ
DU CÂBLAGE
Des réseaux aux multiples applications. Pour les courants faibles :
téléphonie avec et sans fil, informatique, alarme anti-intrusion
(28 détecteurs) et sécurité incendie, contrôle d’accès, interphonie
et gestion centralisée du bâtiment.
Pour les courants forts : 800 luminaires et 700 prises de courant…
Le bon fonctionnement du bâtiment dépend de la qualité de l’installation électrique, contrôlée à
l’aide de tests pointus. C’est l’objet, ici, de la «recette» effectuée
après raccordement de la fibre
optique afin de tester la conformité du câblage informatique à la
puissance prévue.
David Bocquier, conducteur de
travaux au sein de la Scop Avenir
Électrique de Limoges, était le
responsable de ce chantier qui a
50
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
mobilisé selon les périodes de
deux à six personnes. «La principale difficulté était de se greffer
sur l’existant pour le contrôle
d’accès et le système anti-intrusion reliés à la GTB (gestion technique du bâtiment). L’installation est très souple, pour pouvoir
accompagner dans le temps les
besoins des utilisateurs des
locaux.» Pour David Bocquier,
le bilan est très positif. «Un chantier intéressant. Il nous a permis
d’exploiter nos compétences en
tertiaire, et de conforter nos
savoir-faire dans le domaine de
l’anti-intrusion et du contrôle
d’accès ».
쐍
L’INSTALLATION EN BREF
Extension courants forts
1 TGTB (tableau général basse
tension) • 5 armoires
divisionnaires, 1 armoire
logement, 1 armoire secours •
800 luminaires • 700 prises de
courant • Éclairage de sécurité
Extension courants faibles
Contrôle d’accès: 1 porte et
1 barrière• Interphone
deux accès (porte, barrière)
• Précâblage RJ 45: 340 prises
réparties sur 3 baies
• Autocom: carte entrée
analogique et carte entrée
numérique, DECT (5 bornes) pour
téléphone sans fil
• Intrusion:
28 détecteurs, 5 sirènes,
2 modules, 1 clavier
• GTB: 10 modules,
22 entrées, 25 sorties
• Fibre optique: installation
à 6 brins par baie
• Incendie: 6 détecteurs 12 Gb,
6 sirènes
© L. MERCIER/FFB
D
es kilomètres de câbles
aux couleurs différenciées pour faciliter leur
repérage, 340 prises RJ 45… Le
nouveau bâtiment de la faculté de
droit et des sciences économiques
de l'université de Limoges
(2e tranche) était un gros chantier
d’équipement électrique. Parmi
les pièces maîtresses de l’installation : cette «baie de brassage»,
dont le rôle est de raccorder les
4 000 m2 sur six niveaux du nouveau site aux réseaux courant forts
et faibles d’un premier bâtiment
livré en 2000.
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
51
© V. LELOUP
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
RÉSEAUX D’EAU
Accompagner les propriétaires
d’immeubles dans la durée
Aujourd’hui, la qualité de l’eau destinée à la consommation
humaine doit être garantie au point de puisage
de l’installation intérieure de distribution.
Les plombiers ont plus que jamais un rôle de conseil.
E
n termes d’eau destinée à
la consommation humaine, les limites de qualité s’appliquaient essentiellement au distributeur, afin de
fournir une eau propre à la
consommation au point de livraison de l’immeuble, à savoir le
compteur. Mais depuis le décret
du 20 décembre 2001 (1), cette responsabilité s’est déplacée: c’est
désormais au point de puisage,
c’est-à-dire au robinet du consommateur, que les références de
52
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
qualité s’appliquent. Cela change
beaucoup de choses, car l’installation intérieure de distribution
d’eau ne doit pas être un facteur
dégradant de la qualité de l’eau.
Lorsque ces limites de qualité ne
sont pas respectées au point de
puisage, le distributeur aura rempli ses obligations lorsqu’il pourra
être établi que le fait est imputable à l’installation privée, à son
entretien ou à la qualité de l’eau
qu’elle fournit. Autrement dit, le
plombier a plus que jamais un
devoir de conseil vis-à-vis de son
client, et doit lui signaler tout
dysfonctionnement du réseau,
comme cela peut-être le cas par
exemple en cas de teneur en
plomb élevé (voir encadré).
MAINTENANCE: PRÉVENIR
PLUTÔT QUE GUÉRIR
Pour se conformer à la réglementation, les propriétaires doivent donc non seulement avoir
une installation conforme aux
normes en vigueur – en mettant
en œuvre les bons matériels et le
bon dimensionnement – mais
aussi faire en sorte qu’elle reste en
bon état dans la durée. Le meilleur
moyen d’y parvenir est pour eux
d’assurer une maintenance régulière et efficace. Il ne s’agit pas de
faire appel à l’entreprise de plomberie quand le problème est déjà
déclaré, mais plutôt d’anticiper
tout dysfonctionnement grâce à
une inspection régulière du
réseau. C’est donc logiquement
que les plombiers sont appelés à
déceler en amont les problèmes
qui pourraient survenir. Ayant le
plus souvent réalisé eux-mêmes
l’installation de distribution intérieure, ils sont les mieux placés
pour en assurer la maintenance.
L’évolution de la réglementation
leur ouvre donc un nouveau
champ d’activité, qui a l’avantage de pouvoir être planifié sur
tout un exercice.
CONTRÔLER
PÉRIODIQUEMENT
L’ENSEMBLE
DES ÉQUIPEMENTS
La maintenance d’un réseau d’eau
passe d’abord par un contrôle
visuel de l’installation : un diagnostic qui, pour un œil avisé,
donne des indications précieuses sur son état de corrosion et
d’entartrage. Le tartre est très préjudiciable, puisque son accumulation réduit la section des canalisations (d’où une pression
accrue qui fatigue l’installation) et
favorise la multiplication de certaines bactéries. Qui dit maintenance dit aussi contrôles précis
et périodiques des différents équipements installés : compteur
(contrôle d’étanchéité à chaque
relevé); clapets et dysconnecteurs
des dispositifs anti-retour et antipollution (révision tous les deux
ans) ; systèmes de traitement
parmi lesquels les adoucisseurs
(remplacement des cartouches ou
entretien selon les préconisations
du fabricant); système de production d’eau chaude sanitaire
(détartrage, nettoyage et vérifica-
tion de l’anode quand l’appareil
présente des signes d’entartrage).
Pour accompagner les entreprises
de plomberie dans leurs échanges
avec les particuliers et avec les
syndics, le CSTB a édité un guide
en vue de les inciter à mettre en
place une maintenance de leur
installation réaliste et maîtrisée(2).
Ce document explique notamment comment instaurer une
contractualisation des tâches, sur
la base d’un calendrier d’entretien
et de révision. 쐍
(1) Il s’agit du décret 1220 du 20 décembre
2001, qui transpose en droit français la
directive européenne 98/83/CE du 3 novembre 1998
(2) Guide technique de maintenance des
réseaux d’eau, paru en septembre 2005,
disponible au CSTB (www.cstb.fr).
TENEUR EN PLOMB:
ABAISSEMENT PROGRESSIF DES SEUILS
La réglementation abaisse progressivement
les teneurs en plomb tolérées dans l’eau destinée
à la consommation humaine : de 50 micro-grammes
par litre avant le 25 décembre 2003, le seuil est
passé depuis cette date à 25 micro-grammes, avant
de descendre à 10 micro-grammes à partir du
25 décembre 2013. La présence de plomb dans l’eau
a plusieurs origines : corrosion des branchements
publics en plomb, des canalisations des réseaux
intérieurs dans les immeubles anciens, des raccords,
robinetteries, brasures en alliage contenant
du plomb, et de certaines canalisations en PVC
contenant des sels de plomb. La quantité de plomb
dans l’eau est fonction du temps de stagnation,
des caractéristiques physico-chimiques de l’eau et
de sa température. Les solutions pour faire baisser
la teneur en plomb de l’eau vont du traitement
des canalisations et des équipements jusqu’à
l’option plus radicale de leur remplacement (solution
mise en œuvre actuellement par de nombreuses
communes pour les branchements publics). En ce qui
concerne les immeubles, les plombiers doivent inciter
les propriétaires à anticiper le durcissement de
la réglementation et à engager les travaux nécessaires
sans attendre 2013.
ÉNERGIE
De nouveaux
partenaires pour
les installateurs
L’ouverture des marchés (gaz et
électricité) amène les professionnels
à négocier avec de nouveaux
interlocuteurs: les fournisseurs et
le GRD (gestionnaire de réseau
de distribution).
D
epuis le 1er juillet 2004,
l’ouverture des marchés
du gaz et de l’électricité
aux clients professionnels est
effective. A partir du 1er juillet
2007, les particuliers pourront à
leur tour choisir leur fournisseur.
Dès à présent, pour les clients
professionnels, le choix entre les
fournisseurs tient compte des services différenciés: dialogue avec
un interlocuteur de proximité,
facturations détaillées par usage,
suivi des consommations, diagnostics, solutions de financement, etc. Le critère du prix ne
peut être en effet le seul retenu,
surtout au regard des faibles écarts
observés sur le marché. Les installateurs peuvent être associés aux
fournisseurs – en co-traitants –
pour réaliser les étapes d’installation, de maintenance et d’exploitation des équipements.
Dans ce cadre, le client professionnel doit s’assurer que l’opérateur est autorisé à distribuer les
énergies. Pour le gaz comme pour
l’électricité, le professionnel a un
nouvel interlocuteur : le GRD.
Pour le gaz, il s’agit en l’occurrence
de Gaz de France Distribution.
Cette entité est indépendante de
Gaz de France, le fournisseur
d’énergie dans la majorité des cas
(il s’agit sinon de régies gazières).
Le GRD devient un intermédiaire
technique incontournable pour
le raccordement et la mise en gaz
des chantiers, puis du client. À la
signature du devis par le client, il
est donc prudent de vérifier qu’il
a bien choisi son fournisseur, afin
d’éviter les retards dans les délais
de mise en gaz lors de la réception
des travaux. Il en va de même
pour l’électricité.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB (Union climatique
de France), tél.: 01 40 69 52 94
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
53
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
ÉCLAIRAGE
Basse consommation, bas coûts d’exploitation
1 2
3
1 ENTREPÔT ÉCLAIRÉ
par des tubes fluorescents
basse consommation.
© PHOTOS : OSRAM
2 LAMPE À DÉCHARGE
basse consommation,
à brûleur sphérique,
spécialement adaptée
aux commerces, notamment
pour son rendu naturel
des couleurs.
3 ÉCLAIRAGE PUBLIC par
lampes à décharge, offrant un
rendu optimum des couleurs.
Les éclairages «basse consommation»
permettent de réduire sensiblement
la facture énergétique des bâtiments.
Panorama des différentes technologies.
L
’éclairage représente
environ 20% des dépenses énergétiques d’un
bâtiment. En préconisant des
technologies «à basse consommation», il est possible non seulement d’améliorer la qualité de
l’éclairage fourni, mais également
de réduire sensiblement ses coûts.
Quelles solutions et équipements
faut-il privilégier ?
Rappelons tout d’abord que le
marché de l’éclairage met aux
54
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
prises deux technologies : l’incandescence et la décharge. Pour
produire de la lumière, la première porte à haute température
un filament de tungstène, la
seconde engendre un arc électrique. Dans la famille des lampes
à décharge, les ampoules et tubes
dits «fluorescents» sont aujourd’hui largement préconisés par
les bureaux d’études pour l’éclairage des locaux professionnels
(commerce, tertiaire et indus-
trie), à la différence des lampes à
incandescence. Car non seulement les fluorescents (on parle
aussi de lampes fluo-compactes)
offrent une efficacité lumineuse
jusqu’à cinq fois supérieure, mais
ils consomment jusqu’à quatre à
cinq fois moins d’énergie et
durent de douze à quinze fois
plus longtemps. Ils incarnent
donc bien aujourd’hui la technologie maîtresse de la basse
consommation.
LES ATOUTS
DES FLUORESCENTS
HAUT RENDEMENT
La famille des fluorescents comprend également les tubes haut
rendement (diamètre de 26 ou
16 mm), particulièrement adaptés
aux grands sites industriels et
commerciaux. Certes deux fois
plus chers à l’installation que les
tubes standards, ils permettent
de réduire de 15 à 20% le montant de la consommation électrique, et de 40 à 50% le coût
annuel de remplacement, soit, au
bout de cinq ans d’exploitation,
une économie approchant 30%.
Leur durée de vie est d’environ
14 000 heures, contre 8 000 pour
un fluorescent standard. Elle varie
toutefois selon le nombre d’actions marche/arrêt: plus celles-ci
sont fréquentes, plus le tube s’use.
Autre inconvénient du haut rendement : il oblige à utiliser un
convertisseur électronique (et non
pas un transformateur classique),
PARIS ABANDONNE
L’INCANDESCENCE
La mairie de Paris a lancé,
en 2004, un projet sur trois ans
destiné à supprimer
les lampes à incandescence
des illuminations dont elle a
la charge. Le programme,
qui concerne 130 installations,
permettrait d’économiser
quelque 800 000 euros par an.
Pour mémoire, la facture
d’éclairage de la ville
de Paris s’est élevée en 2004
à 11,1 millions d’euros.
qui présente le défaut de réintroduire des signaux parasites sur le
réseau. Conséquence : les câbles de
l’installation chauffent.
Parmi les autres familles de lampes «basse consommation», citons
les sodiums haute pression,
recommandés sur les installations
en hauteur (de 10 à 12 mètres),
ainsi que les iodures métalliques,
si l’on cherche une lumière blanche (pour l’éclairage des monuments, par exemple). A noter
qu’un ballast électronique de
variation peut être associé à l’ensemble de ces installations. Il augmentera de 50% la durée de vie
des points d’éclairage, et permettra d’adapter des systèmes de gestion automatique (variation de la
quantité de lumière émise, détection de présence, etc.).
Dernière technologie dite «à basse
consommation», mais qui reste
pour l’heure inadaptée à l’éclairage général : la diode à semiconducteur. En effet, l’efficacité
lumineuse des diodes reste encore
modeste : 5 à 20 lumens par watt
(lm/W), contre 70 à 80 lm/W
pour les tubes fluorescents(1).
Cependant, d’ici deux à trois
années, affirment les principaux
industriels, des progrès significatifs auront été réalisés sur ce terrain.
쐍
(1) L’efficacité lumineuse est le rapport entre le flux lumineux émis par la
lampe et sa puissance électrique. Plus
l’efficacité lumineuse est élevée, plus les
frais d’installation et de dépenses de
fonctionnement sont bas.
POUR EN SAVOIR PLUS FFIE-FFB (Fédération française
des installateurs électriciens),
tél.: 01 44 05 84 00
SURCOÛTS D’INSTALLATION
RAPIDEMENT AMORTIS
Alexis Delepoulle, directeur commercial de l’entreprise
Pouchain, à La Chapelle-d’Armentières (Nord)
« L’éclairage basse consommation pour l’extérieur
séduit un nombre croissant de municipalités de notre
région. Jusque très récemment, nous ne travaillions
qu’avec des petites communes. Or, nous venons de signer
un chantier important avec la ville de Wasquehal
(15000 habitants), soit la mise en œuvre d’une
soixantaine d’armoires. Pour la commune, l’installation
présente certes un surcoût par rapport à un équipement
classique, mais il sera amorti au bout de quatre à
cinq ans. Les économies sur les factures d’éclairage
atteignent 30%, tandis que la durée de vie des lampes
(essentiellement des sodiums haute pression)
augmente de trois à quatre ans. La pierre angulaire
de cette installation est un réducteur de tension
qui équipe chacune des armoires. En fonction de
la luminosité extérieure, cet appareil joue sur la tension
de la lampe. Doté d’une horloge, il se cale sur le lever
et le coucher du soleil, et réduit ou augmente le flux
en fonction du niveau d’éclairement – permettant ainsi
d’agir sur la consommation.»
NORMALISATION Révision de la norme NF C 14-100
L
a norme NF C 14-100
relative aux installations
de branchements à basse
tension entrera en vigueur dans sa
troisième version fin 2006. Le
point sur ses principales modifications.
• Les branchements qui relient le
réseau aux points de livraison
d’une installation équipée d’une
source de production doivent être
pourvus d’un coupe-circuit prin-
cipal individuel au niveau de leurs
points de raccordement au réseau.
• Les circuits de sécurité alimentés par le réseau public sont équipés d’une fonction de coupure
d’urgence indépendante. Sous le
disjoncteur des branchements à
puissance limitée et surveillée, le
professionnel installe deux dispositifs de coupure d’urgence : l’un
pour le circuit classique, l’autre
pour l’alimentation de sécurité.
PUISSANCES MINIMALES DE DIMENSIONNEMENT DES COLONNES
ÉLECTRIQUES POUR LES LOCAUX TERTIAIRES
Types d’emplacements
Puissance minimale
de dimensionnement
Bureaux
40 VA/m2
Petits commerces
75 VA/m2
Locaux associatifs
40 VA/m2
• Pour les branchements à puissance surveillée, le dimensionnement des canalisations qui relient
le réseau de distribution publique
au compteur est établi en fonction
de la puissance demandée. De 36
à 54 kVA : dimensionnement (D)
pour 100 A ; de 60 à 108 kVA : D
pour 200 A ; de 120 à 240 kVA : D
pour 400 A.
• Dans le cas de l’alimentation
d’un point de livraison à puissance surveillée en schéma TN,
l’installation de mise à la terre
d’un bâtiment prévoit une terre
commune au bâtiment et au
poste de distribution publique.
• Les installateurs peuvent ne plus
équiper que d’une colonne électrique les bâtiments qui comptent
jusqu’à six comptages. Ils peuvent alimenter les points de livrai-
son à partir du coffret en limite de
propriété.
• Les règles de mise en œuvre des
colonnes électriques horizontales
interdisent les changements de
sections ; elles définissent des
valeurs de résistance mécanique
des colonnes en fonction de leur
hauteur (h) (IK10 pour h ≤ 2 m;
IK09 pour h > 2 m) ; enfin, elles
recommandent une distance
minimale de 10 cm entre le plafond et les distributeurs.
• Les coefficients de pondération
pour le dimensionnement des
colonnes électriques sont révisés
afin d’éviter leur sous-dimensionnement. Des puissances minimales de dimensionnement des
colonnes sont définies en fonction
de la surface des locaux tertiaires
(voir tableau).
쐍
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
55
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
CHAUDIÈRES À CONDENSATION
L’âge de la maturité
Performantes et respectueuses de l’environnement,
les chaudières à condensation ont gagné en fiabilité et voient
leurs ventes décoller. Rappel de leurs avantages et spécificités.
P
«
ar rapport aux chaudières classiques, les
chaudières à condensation offrent des rendements
de production de chaleur plus élevés: de 105 à 108%, contre 95%
pour les générateurs traditionnels.
Elles permettent également de
réaliser des économies d’énergie :
leur consommation en combustible est inférieure de 15% à 20% au
niveau de référence. Elles contribuent ainsi à la préservation de
l’environnement en limitant les
émissions de polluants. » Bernard
Davy, qui dirige la société Hubert
à Bougival (Yvelines), connaît bien
les avantages des chaudières à condensation. « Elles représentent
aujourd’hui 25 % du total des
de ces techniques par les chauffagistes et leurs équipes.
chaudières que nous installons
chaque année. Leur succès est
grandissant, malgrès des prix plus
élevés que ceux des chaudières à
haut rendement.» Cette envolée est
confirmée au niveau national :
selon le Groupement des fabricants de matériels de chauffage
central (GFCC), leurs ventes
auraient été multipliées par deux
en 2005, et elles représenteraient
aujourd’hui 10% des chaudières
individuelles commercialisées en
France, contre 2% en 2003. Trois
facteurs conjugués contribuent à
cette croissance: la mise en place
en 2005 d’un crédit d’impôt de
25% pour ce type d’installation; la
confirmation d’une technologie
aujourd’hui éprouvée; la maîtrise
RESTITUTION
D’UNE CHALEUR NOUVELLE
Les chaudières à condensation
nécessitent cependant le respect
des règles spécifiques d’installation
pour atteindre les performances
attendues (dimensionnement,
choix des émetteurs…). C’est la
condition pour qu’elles récupèrent
l’énergie contenue dans la vapeur
d’eau rejetée par les fumées des
produits de combustion (gaz ou
fioul) pour les restituer au circuit
de chauffage – la vapeur d’eau se
condensant sur l’échangeur qui
récupère la chaleur latente. En fin
de cycle, les condensats (eau résul-
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D’UNE CHAUDIÈRE À CONDENSATION INDIVIDUELLE
Conduit
de
fumées
1
Le fluide froid
circuit de chauffage) 1
traversant le récupérateur 2
placé dans le circuit des gaz
brûlés, provoque la
condensation de la vapeur
d’eau contenue dans les
gaz. Il y a de ce fait,
libération d’une quantité de
chaleur évacuée par l’eau
du circuit de chauffage.
2
tant de la condensation) sont évacués après traitement vers l’égout.
La condensation (le passage à un
état liquide) est obtenue grâce à
l’abaissement de la température
des fumées. Pour ce faire, soit on
augmente la surface d’échange
entre les gaz de combustion et
l’eau, soit on installe un échangeur
supplémentaire sur le circuit des
fumées, soit encore on module la
puissance du brûleur. Les chaudières à condensation actuelles
ont beaucoup gagné en fiabilité.
« Les pannes sont de l’histoire
ancienne, affirme Bernard Davy.
Celles qu’on rencontrait il y a
quelques années tenaient essentiellement au manque de fiabilité
des condenseurs. Désormais les
fabricants utilisent des matériaux
comme l’acier inoxydable, qui
résiste parfaitement à l’agression
acide des condensats». Les clients
doivent toutefois être prudents et
s’adresser à des installateurs qualifiés qui éviteront certaines erreurs
relatives aux systèmes d’évacuation
des produits de combustion (telles
que l’installation de chaudières
murales à condensation sur des
conduits collectifs de type shunts)
et vérifieront la dépression du
conduit et du raccordement à la
chaudière. Conscients de l’importance des contrôles souhaités par
les constructeurs dans le cadre des
conditions de garantie des appareils, systématiquement, les professionnels attirent l’attention de
leurs clients sur l’entretien et la
vérification des appareils installés. L’intervention de maintenance
peut prendre la forme de deux
visites: l’une pour le contrôle et
l’entretien; l’autre pour le contrôle
de la vacuité du conduit de raccordement, les réglages nécessaires,
la mesure de la dépression, etc. 쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94
56
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
BAROMÈTRE DE L’UCF Connaître
ses marchés pour mieux vendre
En livrant périodiquement un état de
l’évolution de la filière du génie
climatique, le baromètre de l’UCF-FFB
permet aux professionnels
de coller aux réalités du marché.
O
ffrir une information
claire et objective sur les
évolutions de la conjoncture des différents marchés du
génie climatique : tel est l’objectif
du baromètre de l’Union climatique de France (UCF-FFB). Ce
document, adressé chaque trimestre depuis 2003 aux membres
de l’Union, se révèle un outil précieux pour aider les professionnels
à se positionner judicieusement
sur des marchés en constante
mutation, sur les plans technique
comme réglementaire.
La composition du document est
articulée autour de quatre axes :
– un tableau des principaux indicateurs économiques de la filière
(évolution des prix de vente,
tenue des carnets de commandes,
perspectives de croissance des
entreprises, etc.);
– une étude détaillée de l’évolution des chiffres d’affaires des
métiers du génie climatique (cli-
matisation, pompes à chaleur,
solaire thermique, etc.);
– une étude sur les progressions
des marchés, qui prend en
compte la taille des entreprises
(artisanat, entreprises régionales,
nationales);
– une analyse de l’évolution de
l’activité des métiers par région;
ce chapitre très apprécié permet
aux entreprises de se placer au
plus près de leur environnement
économique. Dès le 1er semestre
2006, le baromètre évolue significativement avec de nouveaux
indicateurs régionaux et des données croisées. Il sera prochainement présenté sur huit et non
plus quatre pages. L’UCF-FFB
compte par ailleurs faire progresser de 40 % à 55 % le taux de
retour des demandes d’information adressées aux professionnels
dans le cadre de ses enquêtes. 쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94
NORME DTU 24.1 Travaux de fumisterie
H
omologuée le 20 janvier
et prenant effet au 20
février 2006, la norme
NF DTU 24.1 s’applique à la
conception et la réalisation des
conduits individuels et collectifs,
tubages, chemisages, carneaux,
conduits de raccordement. Elle
traite également des travaux d’entretien et du diagnostic des
conduits. Avec ce DTU entièrement revu, le conduit de fumée
devient un ouvrage du Bâtiment
faisant l’objet d’une conception et
d’une désignation précises sur
une plaque signalétique, indiquant ses performances. Les
entreprises devront justifier du
bon fonctionnement de l’évacuation des produits de combus-
tion évitant tout risque de refoulement. Un logiciel et des abaques
simplifiés seront bientôt disponibles et mis à la disposition des
entreprises.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94
MÉTIERS DE
L’ÉLECTRICITÉ : LE GUIDE
DE LA FILIÈRE
Ce guide présente les différentes
formations qui permettent
d’accéder aux métiers
de l’électricité. De nombreux
témoignages de jeunes
électriciens, des statistiques
sur le secteur et des exemples
de réalisations complètent
l’ouvrage. Edité par l’Etudiant
et réalisé par la Fédération
française des installateurs
électriciens (FFIE-FFB),
il est disponible en librairie
(96 pages, 6,90 € TTC ).
POUR EN SAVOIR PLUS Appeler l’Étudiant au 08 92 16 46 36
EAU CHAUDE
SANITAIRE : LA BONNE
TEMPÉRATURE
Un arrêté du 30 novembre 2005
modifie les dispositions
réglementaires en cours
(article 36 de l’arrêté du 23 juin
1978) en matière de température
de distribution d’eau chaude
sanitaire des bâtiments
d’habitation, de bureaux ou
recevant du public. Pour prévenir
le risque de brûlure, la
température est limitée à 50°C
aux points de puisage des pièces
destinées à la toilette et à 60°C
dans les autres cas. De nouvelles
exigences en matière de
production d’eau chaude visent
par ailleurs à limiter le risque de
développement de légionelles.
Ces dispositions prendront effet
le 15 décembre 2006.
POUR EN SAVOIR PLUS www.uncp.ffbatiment.fr
(espace adhérent)
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
57
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
1
ACOUSTIQUE
COMPRENDRE LE BRUIT
POUR LE RÉDUIRE
Les entrepreneurs des métiers du plâtre et de l’isolation sont souvent
responsables de la conformité de leurs réalisations en matière
d’isolation acoustique. Une bonne connaissance de la nature des bruits
et des solutions pour les traiter est donc indispensable.
58
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
A
u moment d’aborder un chantier, les professionnels doivent
avoir à l’esprit que tout bâtiment
construit est soumis à une réglementation acoustique. Le principal texte fondateur de cette réglementation est la loi 92-1944 du
31 décembre 1992 relative à la
lutte contre le bruit. Cette loi,
accompagnée de ses différents
arrêtés et décrets, réglemente la
performance acoustique du bâti
et de ses équipements pour de
nombreuses constructions : établissements d’enseignement, de
2
1 et 2 SALLE DE CINÉMA
UGC LA DÉFENSE utilise
des cloisons à base de plaques
de plâtre sur ossature
métallique avec laine minérale
pour obtenir les performances
acoustiques souhaitées.
TROIS TYPES
DE NUISANCES
Pour Alain Leconte, consultant
expert en acoustique, la réussite
d’un chantier destiné à réduire les
bruits tient au respect de cinq
étapes : identifier la nature des
bruits, repérer les parois à traiter,
déterminer la composition des
parois existantes, évaluer la nui- 왘 왘 왘
3 ENDUISAGE DES BANDES
de joint d’un plafond
sur fourrures métalliques.
4 DÉTAIL DE L’OSSATURE
métallique avec incorporation
de laine minérale.
3
santé, hôtels, etc. Pour les bâtiments d’habitation, c’est l’arrêté
du 30 juin 1999, pris en application du Code de construction
et de l’habitation, qui fixe leurs
caractéristiques acoustiques. La
loi fixe aussi le niveau de bruit à
ne pas dépasser en limite des propriétés, notamment pour les établissements classés (soumis à
autorisation, soumis à déclaration). Pour lutter contre les bruits
de voisinage, le décret du 18 avril
1995 limite l’émergence sonore
maximale (différence entre le
bruit ambiant avec le perturbateur et sans le perturbateur) à
5 dB(A) en période diurne, et à
3 dB(A) en période nocturne.
PRINCIPES ACOUSTIQUES
MASSE-RESSORT-MASSE
Laine
minérale
LA LOI DE MASSE
Plaques de plâtre
Béton
4
© YVES LAUNAY/CVI AUDIOVISUEL
Montant
métallique
16 cm
Rw + C
61 dB
22 cm
Rw + C
61 dB
5
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
59
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
«FAIRE ATTENTION AU
MONTAGE ET AUX INTERFACES»
André Sanchez, société ETP à Toulouse (Haute-Garonne)
왘왘왘
sance sonore (en décibels), choisir
une solution adaptée. Il rappelle
que, dans la construction, on
identifie trois types de bruits: les
bruits aériens (de voix, de télévision…), les bruits d’impact (pas,
chute d’objets…) et les bruits
d’équipements (chauffage, robinetterie, ascenseurs…).
La lutte contre ces trois types de
bruit est au cœur de la réglementation acoustique de 1999, qui
impose aux constructions neuves des exigences dans ces trois
domaines, ainsi que plusieurs
nouveautés : traitement des bruits
dans les parties communes (cages
d’escalier, couloirs…), limitation
des bruits d’équipement à l’intérieur même des logements (chauffage, climatisation…), isolement
minimal des bruits extérieurs.
Pour lutter efficacement contre le
bruit, il faut se demander à quel
phénomène il correspond. On
peut être confronté à un problème soit de correction acoustique, soit d’isolation acoustique.
La correction acoustique concerne la propagation de l’énergie sonore à l’intérieur d’un même local
(l’indice d’absorption alpha-w
caractérise la performance du
matériau à éviter la réflexion du
bruit). L’isolation acoustique,
quand à elle, s’intéresse à la propagation des bruits d’un local à
un autre (1) ; l’indice d’affaiblissement Rw (C; Ctr), issu du nouveau système normatif européen,
caractérise la réduction du bruit
transmis par un mur, une cloison,
un plancher, une porte…
CORRECTION ET ISOLATION
Dans le cas de la correction acoustique, il s’agit de gérer l’absorption
du bruit avec une solution adaptée. On parle de correction acoustique défensive quand il s’agit de
supprimer toute réverbération
(alpha-w proche de 1, le chiffre
60
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
1 correspondant à 100% de l’énergie sonore absorbée par le
matériau). En revanche, on parle
de correction acoustique permissive quand il s’agit au contraire
d’équilibrer la propagation des
sons, dans une salle de conférence
ou un auditorium par exemple.
Dans les deux cas de figure, il faut
faire appel à la famille des matériaux dits absorbants: matériaux
fibreux, faux plafonds, panneaux
perforés, qui sont le plus souvent
à base de laine minérale.
LA LOI DE MASSE
NE PEUT TOUT RÉSOUDRE
En ce qui concerne l’isolation
acoustique, le professionnel a le
choix entre deux solutions. Il peut
tout d’abord faire appel à la loi de
masse : plus la cloison est lourde,
meilleure sera l’isolation acoustique. Mais ce principe a des limites : lorsque la masse surfacique de
la paroi est inférieure à 150 kg/m2,
son doublement (par exemple
de 35 à 70 kg/m2) ne fait gagner
que 3 à 4 dB(A). Lorsque cette
masse surfacique est supérieure
à 150 kg/m2, son doublement ne
fait gagner que 6 dB(A), ce qui fait
dire aux acousticiens que «quand
la loi de masse prend l’ascenseur,
les décibels prennent l’escalier.»
Conséquence : avec certaines exigences, la loi de masse conduit à
des parois très lourdes. La solution
se trouve le plus souvent dans les
systèmes de type «masse-ressortmasse», c’est-à-dire des systèmes
de doubles parois composés de
plusieurs éléments : deux parois
pouvant être de nature et de masse
surfacique différente (en béton,
plaques de plâtre, bois...) reliées
par un ressort (généralement de
l’air), ce ressort étant amorti par
une laine minérale (laine de verre,
laine de roche). Les spécifications
de chacun de ces produits sont
indiquées par les fabricants ou
Quelles sont les règles à respecter dans un chantier
acoustique ?
Il faut respecter un ordonnancement des travaux,
à savoir commencer par les cloisons séparatives,
puis réaliser le plafond, puis les doublages. Il est aussi
impératif de respecter non seulement les spécifications
des produits, mais aussi le montage, qui est indiqué
soit par le DTU, soit par le procès-verbal qui émane
du fabricant. La réussite d’un chantier acoustique
dépend d’une somme de détails.
Comment gérez-vous la question des interfaces ?
Il faut faire en sorte que les autres corps d’état ne
ruinent pas les objectifs acoustiques : en installant
un boîtier électrique face à face avec une cloison
séparative, un électricien crée un point faible dans
la cloison qui affecte sa performance acoustique.
De même, il faut respecter une unité entre la paroi
qu’on a mise en œuvre et la porte qui va y prendre place,
pour avoir une continuité acoustique.
Comment évolue le marché de l’isolation acoustique ?
Les exigences sont de plus en plus strictes, notamment
avec l’arrivée de la réglementation acoustique (NRA),
ce qui fait que les chantiers acoustiques prennent de
plus en plus d’importance et que leur contenu technique
est reconnu. Le marché ira crescendo, ce qui est une
bonne chose, mais en échange il faudra faire preuve
d’un professionnalisme toujours plus grand.
bureaux d’études acoustiques.
Même le staff, pourtant considéré comme une véritable «peau
de tambour» qui véhicule les sons
qui le frappent, se révèle tout à fait
satisfaisant sur le plan de la performance acoustique si sa mise
en œuvre se rapproche de celle des
ouvrages de type plaque de plâtre
sur ossature métallique.
PLUS DE LIMITE
AUX PERFORMANCES
L’efficacité du système masse-ressort-masse dépend de sa fréquence de résonance qui est fonction de la masse surfacique de
chacun des parements, et de
l’épaisseur et de la nature du ressort et de son amortisseur. En
dessous de cette fréquence, le système est moins performant que
la loi de masse mais au-dessus,
il peut être très performant.
«Le système masse-ressort-masse
est véritablement la solution
d’avenir, puisqu’il permet une
isolation acoustique aux performances sans limites», commente
Alain Leconte.
L’entrepreneur de plâtre et
d’isolation étant supposé qualifié
sur la question, il sera mis en
cause si l’isolation de son ouvrage
se révèle défectueuse et génère
une plainte des occupants. Le
professionnel doit connaître les
grandes techniques de traitement
du bruit, et ne pas hésiter à faire
appel à l’étude d’un acousticien
ou du fabricant du système d’isolation, si les spécifications du
chantier lui paraissent inaptes au
respect de la réglementation. 쐍
(1) De l’intérieur vers l’extérieur ou inversement, ou encore d’un local juxtaposé à un
autre ou d’un local superposé à un autre.
POUR EN SAVOIR PLUS UMPI-FFB - Union des métiers
du plâtre et de l’isolation,
tél.: 01 40 69 52 14
© FORDO SARLINO
SOLS
Le retour du linoléum
Produit d’origine naturelle, le linoléum
s’adapte aussi aux fonctions
décoratives que certains prescripteurs
attendent d’un revêtement.
L
a création du linoléum
remonte à 1862. Cette
année-là, le britannique
Frederic Walton créa le premier
revêtement de sol élastique. Le
linoléum est un mélange original
d’huile de lin (d’où son nom), de
poudre de liège, de charges minérales, de pigments, de jute et de
poudre de bois. Son processus
de fabrication consiste tout d’abord à cuire l’huile de lin, qui est
ensuite oxydée. Le ciment de linoléum ainsi obtenu est mélangé
ensuite aux autres ingrédients.
Après «maturation» (oxydation
poussée), le linoléum est recouvert d’un produit à base de résine
acrylique pour le protéger contre
l’usure.
A quelques évolutions près, le
principe de fabrication du linoléum a peu varié depuis ses origines. Il n’en est pas tout à fait de
même pour la colle. Dès la fin du
XIXe siècle, ont été développées
des colles spécifiques : des résines
2
1
naturelles mises en solution avec
de l’alcool et additionnées de
charge sous la forme de craie.
Contrairement au PVC, le linoléum ne peut supporter des colles à haute teneur en eau, dont
l’impact est négatif sur l’envers de
la jute. Très vite, l’emploi de colles de résine à solvants, et surtout
de colles à dispersion, a permis
d’atteindre un pouvoir d’adhérence suffisant pour dominer la
tension du revêtement.
LONGÉVITÉ
EXCEPTIONNELLE
Longtemps concurrencé par le
PVC, à la surface dense et peu
poreuse, le linoléum semble être
de plus en plus apprécié par les
maîtres d’ouvrage et maîtres
d’œuvre. Outre des propriétés
anti-bactériennes naturelles, il
résiste bien aux charges lourdes et
au feu. Ainsi, beaucoup de produits en linoléum possèdent un
classement Upec(1) élevé. Le «lino»
est d’une longévité singulière
(puisqu’il atteint facilement les
trente ans) en comparaison des
autres types de revêtement.
Il est aussi aisément personnalisable. Une grande variété de coloris, textures ou motifs peut être
expérimentée sur ce matériau
sans trop de contraintes. Certains
architectes d’intérieur réputés l’utilisent fréquemment pour ses
capacités décoratives. De plus, par
son origine naturelle, il répond
aux attentes du public en matière
d’environnement. Un atout que
les industriels entendent valoriser
dans le cadre des nouvelles fiches
de données environnementales et
sanitaires (FDES) pour les produits de construction.
Pour toutes ces raisons, le linoléum connaît un nouvel essor, en
1 et 2 UTILISÉ DANS DES
DOMAINES TRÈS DIVERSIFIÉS
(bureaux, santé, logement…),
le linoléum allie qualité
esthétiques et longévité
exceptionnelle.
particulier en Scandinavie et en
Europe de l’Est. Même si sa mise
en œuvre requiert une certaine
technicité (voir encadré), il recèle
un véritable potentiel de développement. Cette marge est particulièrement importante en
France, où il ne représente que
1,5 million de m2 sur un ensemble de 40 millions de m2 pour les
revêtements de sols souples (chiffres 2004). Son avenir est donc
devant lui.
쐍
(1) Upec : usure, poinçonnement, comportement à l’eau, résistance aux agents
chimiques.
«UNE MATIÈRE QUI TRAVAILLE»
Pascal Corbiaux, entreprise Corbiaux
Sols à Thionville (Moselle)
«Le principal atout du linoléum, c’est
sa durabilité, à condition de l’entretenir.
Mais sa mise en œuvre est plus délicate que celle
d’un PVC. Il faut le couper, préparer le support (un
ragréage est obligatoire) et l’étaler un jour à l’avance
dans une pièce à température ambiante pour l’empêcher
d’être cassant lors de la pose. Quelle que soit
son épaisseur, il est nécessaire de le laisser reposer.
C’est une matière qui travaille, contrairement au PVC
qui est stable; mieux vaut donc poser les plinthes
après le linoléum. Dans ma région, le linoléum fait
son retour. Nous en posons beaucoup dans les
établissements scolaires et les salles de sport.»
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
61
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
62
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
© V. LELOUP
Façade polychrome en bord de mer
Beaucoup de tonalités différentes pour cette mise
en peinture harmonieuse et typiquement méditerranéenne.
É
difiée à la fin des années
70, la résidence des Logis
du Languedoc, vaste
ensemble d’habitations principalement destinées aux estivants,
n’avait bénéficié d’aucun ravalement de façade depuis sa construction. Pour ces immeubles R+5
situés en bord de mer à Gruissan,
dans l’Aude, la rénovation s’avérait
nécessaire. L’agence d’architecture
Rayssac a confié à l’entreprise
Siprie le soin d’assurer cette opération. « Un traitement de façade
de A à Z, précise le chef d’entreprise, Marc Dumas. Sur un support très dégradé, il a fallu d’abord
retirer l’enduit d’origine, puis
décaper et restructurer le béton,
traiter les fissures avant de mettre
en place un nouvel enduit, assurer
la mise en teinte à l’aide d’une
polychromie adaptée aux tonalités
méditerranéennes.»
Pour masquer efficacement les
défauts du béton, le maître d’œuvre avait choisi un revêtement
épais taloché à base de plastifiant.
Dans un environnement fortement marqué par l’air salin, cet
enduit apporte également une
certaine garantie de pérennité
pour le traitement des fissures.
« En finition, nous avons appliqué
un revêtement mat à base de résines acryliques, explique Bernard
Perez, conducteur de travaux. Les
teintes avaient été sélectionnées
en partenariat avec le fabricant
de peinture et l’architecte-coloriste qu’il avait mandaté, dans
l’objectif d’exploiter l’aspect éclatant des couleurs méditerranéennes. On retrouve ainsi de l’ambre,
du pisé clair (pour les gardecorps), un ocre, un orangé ainsi
que du bleu roi (pour les boiseries).» Démarré en janvier 2006,
ce chantier a porté sur près de
10000 m2 de façades, avec une
contrainte spécifique : la présence
de six antennes-relais de téléphonie mobile sur la partie supérieure
d’un des bâtiments. «En lien avec
les deux opérateurs concernés,
SFR et Orange, nous avons dû
mettre en œuvre un protocole
quasi quotidien de déconnexionreconnexion de ces antennes »,
souligne Bernard Perez. Livrée fin
mai, cette rénovation rend à la
façade de la résidence ses couleurs
éclatantes d’origine. Tout est prêt
pour la saison estivale 2006. 쐍
LES INTERVENANTS
DU CHANTIER
• Maître d’ouvragež: Syndicat des
copropriétaires de la résidence
des Logis du Languedoc.
Administrateur de biens: Cabinet
Gil, Didier Bougon • Maître
d’œuvrež: agence d’architecture
Rayssac (Narbonne) • Bureau
d’ingénieriež: MBI, René Chaumaz
• Entreprise: SIPRIE (Perpignan)
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
63
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
1 PISCINE MUNICIPALE DE
COURRIÈRES, dans le Pas-deCalais. La nouvelle
spécification clarifie les règles
du jeu ; l’entreprise doit
toutefois être capable de
vérifier que le carreau prescrit
est bien adapté aux locaux.
2 et 3 DOUCHE ET
RÉFECTOIRE du centre de
formation du Racing Club
de Lens. Les deux grandes
familles de locaux sont ici
représentées : en pieds nus
(PN) et en pieds chaussés (PC).
L
2
3
GLISSANCE
Enfin une norme
française!
Mettant fin à un certain flou, une
norme nationale établit désormais
des spécifications sur «l’antiglissance»
des locaux et des revêtements de sols,
en particulier des carreaux céramiques.
64
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
© R. ROUSSEL
1
a résistance des locaux à la
glissance fait enfin l’objet
d’une norme française.
Avant la publication, en octobre
2005, de la norme XP P 05-011(1),
il n’existait aucune régle spécifiquement nationale en la matière.
De fait, les fabricants de revêtements de sols, et tout particulièrement des carreaux de céramique, se référaient aux normes
allemandes DIN 51 130 et DIN
51 097. Il n’existait toutefois
aucune contrainte réglementaire
se référant aux normes. L’existence d’une norme en la matière
est pourtant essentielle. Les chutes par glissement constituent en
effet les types d’accident les plus
fréquents. Elles peuvent intervenir
dans des lieux collectifs (piscines, parkings, grandes surfaces,
etc.), mais aussi au travail (restauration collective) ou à domicile
(cuisine, salle de bains…). Autant
humaines que financières, les
conséquences des glissances peuvent être tout à fait importantes.
Pour le fabricant et l’entrepreneur, elles sont d’autant plus préjudiciables que le particulier n’hésite plus aujourd’hui à faire valoir
ses droits en cas de problème.
Une démarche de prévention est
bien sûr le meilleur moyen de
réduire les risques d’accidents.
Outre le choix du revêtement de
sol proprement dit, le maître
d’œuvre doit étudier les flux de
circulation lors de la conception
de l’ouvrage, afin de traiter les
zones à risque de glissade le plus
en amont possible. À lui d’identifier, par exemple, les zones soumises aux intempéries, les entrées,
les zones souillées par des fluides
ou des produits gras, mais aussi
les escaliers, les rampes d’accès,
etc. Cette démarche de prévention
inclut également le protocole de
nettoyage et le choix du revêtement de sol. Dans tous les cas, le
maître d’ouvrage ou son représentant doivent être capables de
préciser l’ensemble des contraintes que la destination de l’ouvrage est susceptible d’imposer
au revêtement lors de son exploitation : agressions mécaniques,
chimiques et thermiques.
DIFFÉRENTS
SEUILS DÉFINIS
Pour toutes ces raisons, la nouvelle norme propose des seuils
de glissance en fonction de l’activité et du local considéré. Elle
COMMENT ÉVALUER
LA GLISSANCE D’UN
CARREAU CÉRAMIQUE ?
L’évaluation de la glissance
est effectuée par une méthode
d’essai décrite dans la norme
XP P 05-010 et basée sur le
principe de l’angle d’inclinaison.
Un opérateur marche en avant
puis en arrière sur le sol testé.
Ce sol est revêtu d’huile pour
les essais en pieds chaussés et
d’eau pour les tests en pieds nus.
L’inclinaison de ce sol augmente
jusqu’à ce que l’opérateur
détecte une amorce de glissade.
C’est l’angle occupé à ce
moment-là par le sol qui établit
le classement. Un classement
PN 6 (pieds nus), par exemple,
signifie que l’angle est
supérieur ou égal à 6 ° et
strictement inférieur à 12 °,
comme le détaillent les deux
tableaux de la page suivante.
se base sur la norme d’essai
XP P 05-010 de janvier 2004,
laquelle détermine notamment
les méthodes d’évaluation de la
glissance des revêtements de sols
(voir encadré). La glissance y est
définie comme un état de surface
présentant un très faible coefficient de frottement. Basée sur les
critères d’essai établis par la
norme XP P 05-010, la norme
XP P 05-011 (toutes deux ont le
même domaine d’application)
assure à la fois le classement des
locaux en fonction de leur résistance à la glissance et le classement des revêtements de sols
selon l’activité du local considéré.
Deux grandes familles de locaux
sont prises en considération : en
pieds nus (PN) et en pieds chaussés (PC). Le premier classement
(PN) comprend notamment les
locaux suivants : salles d’eau avec
zone sans receveur de douche,
vestiaires des locaux sportifs, douches collectives, piscines (plages,
fonds de bassin, pédiluves), locaux
de thermalisme. Le classement
PC, lui, concerne en particulier les
galeries commerciales, commerces, zones de vente des grandes
surfaces, cuisines collectives, aires
de transports (gares, aéroports…), locaux agroalimentaires,
etc. Par exemple: PN 18 pour les
plages de piscine et PC 35 pour
les locaux de préparation chaude.
Pour des locaux non cités par la
norme XP P-05 011, l’UNECBFFB (2) souligne que c’est au maître d’ouvrage ou à son maître
d’œuvre de les classer par assimilation.
UNE RÉFÉRENCE
POUR TOUTE LA FILIÈRE
L’adoption de cette norme française constitue un indéniable progrès par rapport à la situation
antérieure. La nouvelle spécification (qui peut figurer dès maintenant sur les pièces des marchés)
clarifie les règles du jeu et place
désormais le prescripteur d’un
ouvrage devant ses responsabilités: à lui de se référer aux textes
appropriés. L’entreprise doit toutefois être capable de vérifier que
le carreau prescrit est bien adapté
aux locaux concernés. Elle pourra,
à cet effet, lire le procès-verbal
d’essai sur le site web de l’Afnor(3).
L’entretien des locaux est également primordial, car il doit permettre au carrelage de conserver
«LA RÈGLE EST
PLUS CLAIRE POUR TOUS »
Jérôme Guyard, entrepreneur
céramiste au Mée-sur-Seine
(Seine-et-Marne).
«Pour les entrepreneurs céramistes, l’arrivée de cette
norme sur la glissance est une bonne nouvelle.
Jusqu’à présent, il fallait que nous soyons en conformité
aux normes allemandes DIN; en cas de procédure,
nous devions défendre auprès du maître d’ouvrage
des règles qui ne sontpas les nôtres. La nouvelle
norme est tout à fait semblable, mais elle a le mérite
d’être validée par un organisme français, l’Afnor.
Pour autant, nous devons rester vigilants sur deux
points. D’une part, il faut appliquer la règle et informer
de son existence les maîtres d’ouvrage, mais aussi
les prescripteurs. De l’autre, il faut que l’entretien
des carreaux classés antidérapants soit facile, ce qui
n’est pas évident: les aspérités du carreau, qui limitent
sa glissance, retiennent aussi la saleté.»
son caractère non glissant. Sur
ce point, l’association Systèmes
céramiques (qui regroupe toute la
filière: fabricants et entrepreneurs,
représentés par l’UNECB-FFB)
a défini une fiche d’entretien,
disponible sur son site(4). Les fabricants procèdent actuellement au
classement de leurs carreaux, mais
en l’absence de ce classement, l’as-
PIEDS CHAUSSÉS
PIEDS NUS
EXIGENCES RELATIVES À LA GLISSANCE (MÉTHODE D’ESSAI XP P 05-010)
Norme allemande
DIN 51 097
Norme française
XP P 05-010
Angle limite
A
PN6
PN12
6° ≤
12° ≤
< 12°
< 18°
B
PN18
18° ≤
< 24°
C
PN24
Norme allemande
DIN 51 130 et notice ZH 1/571
Norme française
XP P 05-010
R9
R9
6° ≤
< 10°
R10
R10
10° ≤
< 20°
R11
R11
20° ≤
< 27°
R12
R12
27° ≤
< 35°
R 13
R 13
≥ 24°
Angle limite
≥ 35°
similation avec les normes DIN est
acceptée. Enfin, une norme européenne est actuellement en cours
de définition. Elle se basera sur la
même méthode d’essai en «plan
incliné» que la DIN ou la nouvelle
norme française. L’harmonisation
européenne est donc progressivement en cours. Il est bon de noter
également que le comité particulier de la marque «NF-Upec» carreaux céramiques a d’ores et déjà
pris l’initiative d’introduire la glissance au sein de la certification
Upec.
쐍
(1) La norme XP P 05-011 concerne les
revêtements de sols céramiques, les revêtements de sols à base de résine, les peintures
de sols, les revêtements de sols résilients et les
revêtements de sols stratifiés.
(2) Union nationale des entrepreneurs céramistes du bâtiment.
(3) www.afnor.fr
(4) www.systemes-ceramiques.org
POUR EN SAVOIR PLUS www.unecb.ffbatiment.fr
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
65
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
«LE COMPORTEMENT
DES PEINTRES EST CAPITAL»
Philippe Bertolani, dirigeant de Bertolani SA
à Heillecourt (Meurthe-et-Moselle)
Quelles sont vos activités en tant
que président de la commission «Déchets des chantiers
de peinture»?
Je participe aux trois groupes de travail existants,
qui portent sur la réduction des volumes de déchets
de peinture, l’utilisation des produits par grands
conditionnements et les innovations en matière
d’emballages. Le premier projet consiste à étudier
la diminution des extraits secs pour réduire les pots.
Ce chantier, qui ne concerne que la décoration
et se heurte à des contraintes techniques, n’est pas
une priorité pour l’instant. En revanche, les choses
avancent plus vite du côté des deux autres.
DÉCHETS DE PEINTURE
Les peintres
veulent innover
La réduction des déchets de peinture
pourrait à la fois préserver
l’environnement et générer
des économies. Union professionnelle
et fabricants explorent en commun
plusieurs voies.
© UNIKOB PAR UNIKALO
Que préconisez-vous en matière d’emballages ?
Le fût chemisé me semble particulièrement intéressant.
Actuellement testé par les fabricants, ce contenant
– dont le principe est identique à celui d’un tube de
dentifrice – a pour avantage de vider la peinture jusqu’à
la dernière goutte. Le poids est en effet au centre de
toutes ces réflexions. C’est pourquoi le comportement
des peintres est capital. Il faut épurer au maximum
ses bidons. C’est un réflexe à acquérir.
L
© SFIR/ZOLPAN
1 2
3
1 et 2 Fûts chemisés permettant de réutiliser le bidon métallique,
la poche plastique seule étant déposée dans le conteneur réservé aux produits
polluants. 3 Procédé de projection de peinture et d’enduit Airless
développé par la société SFIR. L’innovation provient du conditionnement en fûts
plastique réutilisables de 140 litres.
66
Quelles sont les innovations qui pourraient
rencontrer le succès ?
Une des pistes explorées concerne spécifiquement
la façade, qui est consommatrice de volumes
importants. L’idée principale consiste à utiliser des fûts
de 100 l, des citernes ou des quick boxes (pompes à
projection), qui évitent le recours aux emballages.
J’ai moi-même testé une quick box récemment.
C’est un procédé d’utilisation facile et qui offre toute
satisfaction. Il faut toutefois réussir à convaincre
les compagnons de changer leurs habitudes de travail.
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
e souci de protection de
l’environnement exige de
nouveaux comportements de la part des professionnels du bâtiment. Dans ce domaine, la principale réflexion
actuellement menée par la filière
«peinture» porte sur la réduction des déchets de chantier.
L’Union professionnelle peinture
finitions (UPPF-FFB) est l’instigatrice des travaux en cours sur ce
sujet. Elle organise la réfexion au
sein de la commission «réduction des déchets» créée en 2005
avec les fabricants. Sa vocation:
explorer toutes les pistes possibles
dans ce domaine puis en sélectionner certaines afin de les tester.
Au départ, trois grandes pistes
ont été évoquées. La première
consiste à réduire le volume du
produit lui-même. L’idée est de
réduire la dilution de la peinture
en pot – le produit serait plus
compact qu’il ne l’est actuellement – et de la réaliser sur chantier. Toutefois, cette solution suscite certaines interrogations sur la
fiabilité du mélange effectué sur
place.
Deuxième possibilité : livrer les
entrepreneurs en gros conditionnements. À eux d’assurer le
reconditionnement sur site dans
des contenants plus petits, et/ou
de mécaniser l’application de
peinture à l’aide du matériel
nécessaire (quick boxes, pistolets,
rouleaux mécanisés, etc.). Cette
CONDITIONNEMENTS
EN PLASTIQUE OU CARTON
Multiple, la troisième piste porte
sur la nature des conditionnements et des emballages. Avec un
certain nombre d’idées innovantes. Première d’entre elles: placer
la peinture dans une poche
plastique rigide. À l’instar des
bouteilles d’eau minérale, ces
emballages seraient facilement
compactables après emploi, et
leur poids serait considérable-
© CAPAROL
solution intéressante a cependant
ses limites : elle ne peut concerner
que les entreprises dont les travaux sont liés à des tonnages de
peinture importants.
EXEMPLE DE CONDITIONNEMENT
destiné à être raccordé
à une machine Airless.
ment inférieur à celui des pots de
peinture. Une variante de cette
idée a également été évoquée :
remplacer le métal, cette fois, par
du carton, un peu à la manière...
d’un pack de lait. D’un volume
réduit (1 l, 3 l ou 5 l par exemple),
cet emballage serait écrasé après
usage, ce qui permettrait de
résoudre à la fois le problème du
poids et celui du volume. Le fût
chemisé constitue lui aussi une
solution possible (voir encadré).
Autre procédé envisagé: le peeling,
c’est-à-dire l’intégration d’un
revêtement spécifique sur la paroi
intérieure du bidon. Cette paroi
aurait pour vertu d’empêcher la
peinture d’adhérer, et le bidon
une fois vide serait retourné au
fabricant. Le bénéfice à en retirer
serait double : pour l’entreprise, il
n’y aurait plus de déchets de peintures à gérer sur le chantier (l’entreprise devant néanmoins assurer le stockage des bidons), et
pour le fabricant, il serait facile de
recycler le bidon.
PREMIERS RÉSULTATS
DANS QUELQUES MOIS
Certaines de ces solutions commencent à être testées par les
fabricants, en partenariat avec
l’UPPF-FFB. Entérinée par la
commission «Déchets des chantiers de peinture » en octobre
2005, une phase de prototypage a
été entamée pour les emballages
(le fût chemisé, par exemple) et le
peeling. Les entrepreneurs de
l’UPPF-FFB doivent participer à
ces tests, dont les premiers résultats devraient intervenir à la fin
du premier semestre 2006.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UPPF-FFB, tél.: 01 40 69 53 73
SOLIERS MOQUETTISTES Susciter des vocations
Face à la pénurie de main d’œuvre de
la filière revêtements de sols, l’UNRSTFFB se mobilise pour attirer les jeunes
vers le métier de solier moquettiste
et pour développer les formations.
E
Très complet, ce DVD s’adresse
aussi bien aux compagnons qu’aux
jeunes intéressés par une carrière
dans la filière «revêtementde sols».
n collaboration avec les
centres de formation
(AFPA, Greta et CFA) et
l’Éducation nationale, l’Union
nationale des revêtements de sols
techniques (UNRST-FFB) multiplie les initiatives auprès des jeunes depuis 2004. Ainsi, plusieurs
rencontres ont été menées en Îlede-France avec des jeunes sans
qualification. Le but : susciter des
vocations pour la filière « revêtements de sols » et balayer les clichés. Il s’agit notamment de mettre l’accent sur la branche du
Bâtiment et les perspectives de
carrière des soliers moquettistes,
qui peuvent devenir en quelques
années chef d’équipe, conducteur de travaux, voire bras droit
d’un chef d’entreprise. Ces rencontres ont suscité l’attention de
nombreux jeunes. Ceux d’entre
eux dont l’intérêt a ensuite été
confirmé par un premier contact
avec une entreprise du secteur
sont entrés en formation.
4000 DVD D’INFORMATION
ONT ÉTÉ DIFFUSÉS
Point d’orgue de cette démarche:
la diffusion, depuis mai 2005,
d’un DVD très complet, «Solier
moquettiste… un métier… une
filière…» (1 h 45 de programme).
Edité à 4 000 exemplaires, il a été
diffusé dans les centres d’information et d’orientation (CIO),
les centres de formation et auprès
de l’Éducation nationale. Il a également été distribué dans un
réseau de près de 2 200 entreprises du secteur afin de permettre
aux salariés d’améliorer leurs
compétences.
En cinq chapitres, ce DVD aborde
les impératifs de qualité, met en
avant des gestes techniques et des
réalisations dans le domaine des
sols souples (textiles et PVC). La
place de l’image y est importante,
puisque des reportages ont été
réalisés sur plusieurs chantiers,
dont un cinéma, un grand hôtel
(le Plaza Athénée) ou encore les
locaux de la Fédération française
de judo. Le DVD donne également la parole à des entrepreneurs, qui évoquent les questions
de formation et les perspectives
offertes par le métier. De quoi
donner une image concrète et
attractive de la profession de solier
moquettiste.
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS UNRST-FFB - Union nationale
des revêtements de sols
techniques, tél.: 01 40 69 51 45
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
67
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
CARRELAGES Les limites
des documents commerciaux
R
esponsable des travaux
qu’il mène sur ses chantiers, l’entrepreneur-carreleur ne peut se contenter des
documents commerciaux des
fabricants pour s’assurer des
contraintes de mise en œuvre des
produits. Quel que soit le contexte,
les travaux réalisés par un entrepreneur sont toujours placés sous
sa responsabilité. Cette loi d’airain oblige donc les chefs d’entreprise à déployer leur vigilance
dans bien des domaines. Et en
particulier à garder la maîtrise de
l’information technique. En cette
matière, il convient de rappeler
qu’un document commercial,
quelle que soit sa qualité, n’est pas
un Avis technique. Sans mettre en
produits sous Avis techniques non
mis en observation par la C2P(1).
La question majeure de l’assurance est au cœur de ce sujet. La
lecture attentive des textes de mise
en œuvre est donc capitale. Des
textes pas toujours faciles à aborder, certes, mais qui constituent l’unique source d’information fiable sur les règles en vigueur. Les
Avis techniques et autres certificats
sont aujourd’hui facilement – et
gratuitement – accessibles sur les
sites web(2) d’Interbat et du Centre
scientifique et technique du Bâtiment (CSTB): une bonne raison
pour les consulter.
쐍
DÉCHETS DE PLÂTRE
Une clarification
attendue
L « Façades : protections
L déchets à base de plâtre ont été
contre les ruissellements »
(collection AQC), réalisé
notamment en collaboration
avec l’UPPF-FFB, montre que
les protections en façades peuvent non seulement protéger
des désordres esthétiques mais
également contribuer à réduire
la sinistralité en prévenant les
infiltrations. Ce document propose des solutions adaptées aux
principales situations, en illustrant les protections possibles sur bonnes pratiques illustrées de
les rives de couverture, les acrotè- façon claire et utiles à tous les
res, les nez de balcons et loggias, - acteurs du chantier.
쐍
les appuis de baies, le pied de mur
et d’autres détails tels qu’une cor- POUR EN SAVOIR PLUS niche, un joint de construction Le mémo est disponible auprès
de la FFB de votre département
et une baie circulaire. Autant de
précisées par l’arrêté du 19 janvier
2006 relatif aux installations de
stockage de déchets non dangereux (classe 2). Il précise en effet
que les matériaux à base de plâtre
sont stockés dans des installations
dédiées (casiers spécifiques). Les
déchets admis sans essai sont le
plâtre et les carreaux de plâtre,
les plaques de plâtre cartonnées,
les complexes d’isolation, le plâtre
et enduits sur supports inertes,
les parements plafond à plaque de
plâtre, le staff et le plâtre sur ossature métallique.
쐍
mémo
BÂTIMÉTIERS
chantier®
JUIN 2006
Les interfaces entre ouvrages
exigent une attention particulière
dans la mise en œuvre. Cette fiche
pratique éditée par l’UMPI-FFB
en collaboration avec la FFB-CMP
rappelle les points importants
pour la mise en œuvre
de menuiseries extérieures et
la pose d’un doublage. Elle aborde
également le cas particulier
des volets roulants et la manière
d’assurer l’étanchéité à l’air.
(1) Commission prévention produits mis en
œuvre de l’Agence qualité construction
(AQC)
(2) www.interbat.com et www.cstb.fr
MÉMO CHANTIER®
«Façades: protections contre
les ruissellements»
e
68
cause ces documents, qui remplissent une fonction légitime d’information, leur lecture requiert
une grande prudence. Ces supports ne sont pas à l’abri d’erreurs
ou d’approximations. Ils peuvent
même parfois relativiser ou occulter certaines contraintes qu’impose la mise en œuvre d’un
produit. Au mieux, une fiche
commerciale ne constitue qu’un
résumé sur un avis technique :
cette lecture est donc clairement
insuffisante. Rappelons qu’il est
nécessaire (et non suffisant) que
l’entrepreneur s’assure que les produits utilisés et leur mise en œuvre
présentent un risque normal
auprès des assureurs : mise en
œuvre suivant DTU ou CPT, ou
FICHE PRATIQUE:
POINTS SINGULIERS
MENUISERIESDOUBLAGE
POUR EN SAVOIR PLUS UMPI-FFB, tél.: 01 40 69 52 14
Fiche téléchargeable
sur www.umpi.ffbatiment.fr
(espace adhérents)
es conditions de stockage des
POUR EN SAVOIR PLUS Pour consulter l’Arrêté et ses
annexes : www.platreisolation.com
SOLS CARRELÉS :
CONNAÎTRE
LES RÉSERVATIONS
Des fiches pratiques sur les
hauteurs de réservations
nécessaires pour la pose de
carrelage viennent de paraître.
Destinées aux professionnels
amenés à prescrire la pose de sols
carrelés, elles concernent quatre
types d’ouvrages: les carrelages
sur sol extérieur, sur plancher
chauffant eau chaude, sur plancher
rayonnant électrique (PRE)
et sur plancher non chauffant.
POUR EN SAVOIR PLUS Contactez l’AQC (01 44 51 03 51)
ou l’UNECB-FFB (01 40 69 58 20)
Les fiches sont disponibles
sur www.unecb.ffbatiment.fr
(espace adhérents)
I N N O V A T I O N
POMPES À CHALEUR ET CAPTEURS SOLAIRES
Un couple dans l’air du temps
Difficilement viables dans le contexte économique et énergétique des années 80,
les systèmes utilisant des énergies renouvelables ont aujourd’hui le vent
en poupe. A la demande de l’Union climatique de France (UCF-FFB) et
de l’Union des Constructeurs Immobiliers (UCI-FFB), la FFB a confié une
étude au Costic, dans le cadre du Programme recherche développement
métier (PRDM), consistant à faire l’état des lieux des technologies existantes
associant pompes à chaleur et capteurs solaires.
D
iminution des besoins des
bâtiments, volonté de réduire
les gaz à effet de serre, maturité
des techniques: le contexte énergétique et environnemental actuel
semble à nouveau favorable à une
utilisation massive des énergies
renouvelables, après la période
d’engouement puis de déception
des années 80. D’où l’intérêt de
mesurer l’opportunité de développer des systèmes de production de chaleur utilisant ces énergies. Parmi eux, l’association d’une
pompe à chaleur (PAC) à des
capteurs solaires pour la production de chauffage et/ou d’eau
chaude sanitaire (ECS) peut se
révéler particulièrement intéressante.
LE PRINCIPE
DE FONCTIONNEMENT
Les PAC présentes actuellement
dans l’habitat individuel utilisent
majoritairement l’énergie contenue dans l’air extérieur par le biais
d’une batterie ventilée, ou celle
contenue dans le sol par le biais de
capteurs enterrés horizontaux ou
verticaux. Si la première solution
permet une exploitation facile à
faible coût, la seconde permet une
meilleure efficacité énergétique.
La pompe à chaleur couplée à des
capteurs solaires extrait quant à
elle l’énergie contenue dans le flux
solaire et dans l’air extérieur. Le
capteur solaire permet la récupération de cette énergie et la pompe
à chaleur l’élévation du niveau de
température afin de rendre possible une utilisation pour le chauffage d’un bâtiment et/ou pour la
production d’ECS. Solution peu
performante la nuit et pour des
basses températures, elle trouve
néanmoins rapidement son intérêt économique et environnemental à de faibles intensités de
rayonnement solaire.
DES TECHNOLOGIES DE
COUPLAGE DIFFÉRENTES
Le couplage entre les capteurs
solaires et la pompe à chaleur
peut s’effectuer de différentes
manières. Dans la technique de
couplage direct, il n’existe qu’un
seul échangeur entre le fluide frigorigène et la source de chaleur.
C’est en théorie le procédé le plus
performant, mais sa diffusion
n’est pas la plus courante. L’importante quantité de fluide frigorigène utilisée ainsi que les prédispositions à fuir du circuit de
chauffage obligent à faire appel à
une main-d’œuvre qualifiée. Le
développement des fluides frigorigènes tend également à favoriser
des systèmes plus confinés. De
plus, un transfert d’énergie différé
dans le temps est difficile car cette
technique ne permet pas de stocker aisément la chaleur.
La technique de couplage indirect
fait intervenir une PAC dont l’évaporateur est relié aux capteurs
EXEMPLE DE COUPLAGE DIRECT
1
2
3
4
Rayonnement
solaire
EMETTEUR BASSE TEMPÉRATURE
BOUCLE D'EAU DE CHAUFFAGE
COMPRESSEUR DE LA PAC EAU/EAU
BOUCLE DE FLUIDE FRIGORIGÈNE
Pompe à
chaleur (PAC)
Radiateur
(moyen
d'émission)
Filtre
3
Capteur
solaire
4
Circulateur
Détendeur
70
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
1
2
I N N O V A T I O N
solaires par un circuit d’eau glycolée, incluant un échangeur et
un circulateur primaire. Un stockage d’énergie permet essentiellement la mise en phase des circuits de production et de
distribution. Moins performante
que la précédente, cette technique
peut en revanche être utilisée plus
largement. Elle est en effet plus
aisée à mettre en œuvre car le
fluide frigorigène est contenu
directement dans la PAC.
DES CAPTEURS SOLAIRES
PERFORMANTS
Les contre-performances des
installations associant des capteurs vitrés ont montré tout l’intérêt de récupérer l’énergie
convective prélevée sur l’air extérieur. Cette récupération est possible via des capteurs dits «hélioatmosphériques», c’est-à-dire nus
(sans vitrage) et sans isolation
arrière. Les fortes déperditions
permettent, en plus d’une absorption du rayonnement solaire, des
échanges de chaleur sensible et de
masse (vent, humidité…). Les
coefficients d’échange élevés des
capteurs favorisent l’apport d’énergie lorsque la température
d’entrée du fluide caloporteur est
inférieure à la température ambiante. Ces capteurs atmosphériques permettent également d’évacuer la chaleur en cas de
surchauffe dans les capteurs pendant les périodes de fort ensoleillement. Par ailleurs, ils ne produisent aucune gène acoustique et
leur prix est abordable, mais la
surface à mettre en œuvre est
plus importante.
système peut atteindre des COP
de 2,5 à 3,5 et permettre une
nette économie en électricité tout
en réduisant l’encombrement dû
au stockage de l’ECS.
Concernant la production de
chauffage, il est intéressant de
souligner l’initiative d’un industriel dans la réalisation d’un système de PAC couplée à des capteurs solaires à stockage d’énergie
qui permet, par le biais d’un
réservoir tampon, une décharge
d’énergie en cas de demande et de
non disponibilité d’énergie
solaire. Il s’agit dans ce cas d’un
stockage de chaleur latente, qui
peut tout aussi bien être souterrain, par chaleur sensible, par
hydro-accumulation ou bien
directement dans la terre.
PEU DE SYSTÈMES
COMMERCIALISÉS
Parmi les rares systèmes commercialisés, un système de production d’eau chaude solaire
(ECS) propose le couplage indirect de capteurs hélio-atmosphériques et d’une PAC modulaire
adaptée aux besoins du tertiaire et
de l’hôtellerie. On relève des coefficients de performance (COP)
globaux pouvant atteindre 3,3 et
un taux de couverture par le
solaire pouvant atteindre 60 à
70% des besoins énergétiques.
Un autre produit destiné à la production d’ECS dans l’habitat individuel s’appuie sur un couplage
direct entre une PAC et des capteurs plans en aluminium. Un tel
LA RECHERCHE
SE POURSUIT
L’engouement des entreprises
pour le solaire dans les années
80 avait donné lieu à des installations souvent très complexes et
difficilement exploitables. Les
rares systèmes commercialisés
aujourd’hui pour la production
unique d’ECS peinent à s’imposer face aux solutions classiques,
bien que leurs performances économiques et environnementales
apparaissent concurrentielles. Le
nouveau contexte énergétique et
environnemental incite pourtant
à penser que le développement
des techniques telles que les PAC
couplées à des capteurs atmosphériques est possible non seulement dans le cadre d’une production d’ECS mais aussi de
chauffage.
C’est pourquoi un second volet
de la recherche engagée par la
FFB est en cours. A la demande
des professionnels de l’UCF et
de l’UCI, la FFB a confié au Costic
une étude portant sur des simulations dynamiques qui permettront d’évaluer le potentiel économique et environnemental
d’une production de chauffage
par PAC couplée à des capteurs
solaires dans une habitation
conforme à la réglementation
actuelle.
POUR EN SAVOIR PLUS • UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94
• UCI-FFB, tél.: 01 40 69 51 86
EXEMPLE DE COUPLAGE INDIRECT
1 EMETTEUR BASSE TEMPÉRATURE
2 BOUCLE D'EAU DE CHAUFFAGE
3 COMPRESSEUR DE LA PAC EAU/EAU
Rayonnement
solaire
4
5
6
7
CIRCUIT SECONDAIRE EAU GLYCOLÉE
BALLON DE STOCKAGE
CONDENSEUR
EVAPORATEUR
POMPE À CHALEUR
Radiateur
(moyen
d'émission)
3
Filtre
Capteur
solaire
5
4
7
6
Circulateur
2
1
Circulateur
Circulateur
Détendeur
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
71
I N N O V A T I O N
PETITS CHANTIERS
Un mini-abri qui fait le maximum
CERTIFICATS
D’ÉCONOMIES
D’ÉNERGIE
Démarrage
difficile
© CHRONIQUE DU BTP
D
Imaginé par le groupe Maisonneuve, ce mini-abri mobile réalise
le tour de force d’accueillir un cabinet d’aisance et un réfectoire
pour trois ouvriers. Un permis B suffit pour le déplacer.
L
ong de deux mètres pour la
même largeur, le mini-abri
mobile est destiné aux petits
chantiers de construction. Il a été
imaginé par le groupe Maisonneuve, un constructeur de maisons individuelles de la région
Nord-Pas-de-Calais. Francis
Leduc, directeur technique et de
l’organisation de cette société qui
construit environ trois cents maisons par an, a piloté ce projet né
d’un besoin très terre-à-terre :
disposer d’un cabinet d’aisance
sur un chantier.
LE RÉSULTAT DE
DEUX ANS DE RÉFLEXION
Il aura fallu environ deux années
de réflexion, de réunions et de
rencontres avec des prestataires
techniques pour que le mini-abri
72
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
mobile voie enfin le jour. Il faut
dire qu’entre l’idée de départ et sa
réalisation, le projet a quelque
peu évolué : «Nous nous sommes
rendu compte que disposer d’un
cabinet d’aisance était très important, mais qu’offrir un espace
réfectoire à nos équipes sur un
chantier l’était tout autant,
explique Francis Leduc. Par
ailleurs, nous désirions que cet
abri puisse être déplacé de chantier en chantier avec un simple
permis B.» C’est à une société
lyonnaise, la CNSE, que le groupe
Maisonneuve a confié le soin de
concevoir et fabriquer l’abri qui a
bénéficié d’une convention Cram
pour son financement.
Agréé par l’inspection du Travail, le mini-abri mobile comprend deux parties bien distinctes :
d’une part, une cabine WC chimique d’environ cinquante utilisations (vidange par cassette),
d’autre part, un espace réfectoire
avec une porte d’accès, une table,
trois tabourets et une installation à gaz comprenant une
plaque de cuisson à deux feux. Le
mini-abri mobile est plus court
de 145 cm qu’un abri de chantier
mobile standard, mais plus large
de 30 cm. Le groupe Maisonneuve en a commandé sept en
2005 et en a planifié cinq autres
pour 2006. Le coût est de 6 200 €
HT par unité. Les utilisateurs
sont ravis : « Ils le font même
visiter à des ouvriers d’entreprises concurrentes qui travaillent
sur des chantiers de lotissements
communs », souligne Francis
Leduc.
ispositif applicable, en principe, au 1er juillet 2006, le
dispositif des certificats d’économie d’énergie se met en place
progressivement. L’objectif est de
multiplier les travaux en la
matière, principalement dans le
secteur du bâtiment, en demandant aux fournisseurs d’énergie
de contribuer fortement à cet
effort: 54 TWh (1) au cours des
trois premières années. Pour ce
secteur, plus de 90 fiches de calcul des économies d’énergie
résultant de travaux dits élémentaires ont été mises au point.
Elles serviront de base pour établir les certificats. Si, à la fin juin
2009, les fournisseurs n’ont pas
atteint les objectifs fixés par l’Etat, ils devront s’acquitter d’une
pénalité de 2 centimes d’euro
par kWh non réalisé.
La FFB et EDF ont l’intention de
contribuer à la mise en place d’un
vaste programme de formation
professionnelle aux économies
d’énergie. Celui-ci devrait pouvoir
trouver sa place dans le système
des certificats d’énergie.
(1) 1 TWh = 1 milliard de kWh.
Nota : les 54 TWh sont dits «cumac»,
c’est-à-dire qu’ils sont cumulés et actualisés sur la durée de vie des équipements permettant de réaliser l’économie d’énergie.
POUR EN SAVOIR PLUS www.atee.fr
I N N O V A T I O N
PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ
Le Bâtiment partie prenante
Le gouvernement a labélisé 67 pôles de compétitivité qui bénéficieront
de financements publics, pour stimuler l’innovation et la recherche. Six
d’entre eux, dont deux projets mondiaux, concernent directement le BTP.
P
our dynamiser la politique
industrielle de la France, le
Comité interministériel d’aménagement et de développement du
territoire du 12 juillet 2005 a labélisé 67 pôles de compétitivité. Ces
pôles, qui visent à mettre en réseau
entreprises, centres de formation et
unités de recherche, doivent constituer de véritables «écosystèmes
de la croissance». Sur ces 67 pôles,
6 correspondent à des «projets
mondiaux» et 9 à des «projets à
vocation mondiale». Les 52 autres
ont davantage une vocation natio-
nale ou régionale. Parmi ces projets, six concernent le BTP. En
voici l’inventaire.
PÔLES MONDIAUX
• «Industrie et agro-ressources»,
en Champagne-Ardenne et Picardie, est un programme qui, en
valorisant tous les composants de
la plante, prône l’utilisation non
agricole de ces composants dans
l’industrie et la construction.
• «Solutions communicantes et
sécurisées» (SCS) en ProvenceAlpes-Côte d’Azur, regroupe de
grands noms de l’industrie de la
puce électronique. Le CSTB sera
évaluateur des SCS appliquées à la
confidentialité des données personnelles des usagers dans le
contexte du cadre bâti.
PÔLES NATIONAUX
ET RÉGIONAUX
• «Ville et mobilité durable», en
Ile-de-France, réunit notamment
les entreprises Soletanche Bachy et
Bouygues, le CSTB (1), l’ENPC (2),
l’ESIEE (3) et l’Institut francilien
d’urbanisme. L’habitat et la cons-
truction sont deux des thèmes
d’études retenus.
• Le pôle génie civil ouest des Pays
de la Loire a pour objectif de devenir le spécialiste des études théoriques et expérimentales concernant les ouvrages de génie civil en
situations complexes ou extrêmes.
• EnRRDIS (Énergies Renouvelables Rhône-Alpes, Drôme, Isère,
Savoie) concentre ses efforts sur
les nouvelles technologies de l’énergie appliquées aux transports
et au Bâtiment.
• «Energie renouvelable bâtiment
Industrie », en Languedoc-Roussillon, vise la production d’électricité via la construction de bâtiments à hautes performances
énergétiques.
(1) Centre scientifique et technique du
Bâtiment.
(2) École nationale des Ponts et chaussées.
(3) École supérieure d’ingénieurs en électronique et électrotechnique.
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
73
S É C U R I T É
ÉCHAFAUDAGES Normes européennes
et procédures de validation
Afin de se conformer aux exigences de la nouvelle réglementation
communautaire, la plupart des fabricants sont engagés dans la procédure
de validation de leurs produits par les organismes techniques habilités.
L
a procédure de validation des
échafaudages peut couvrir
selon les cas des modèles préexistants et/ou de nouveaux
modèles. Dans le cadre de la
marque NF, cette démarche est
garantie : les modèles d’échafaudages ayant droit d’usage de cette
marque sont réévalués en tenant
compte des nouvelles exigences
normatives.
MODÈLES PRÉEXISTANTS
Sont concernés les matériels préexistants achetés en règle avec la
législation en vigueur et la normalisation à la date d’achat, c’està-dire respectant dans tous les
cas les dispositions techniques
du décret du 1er septembre 2004
et les normes NF HD 1000,
NF P 93501, et NF P 93502.
Si le modèle est validé suivant les
nouvelles dispositions des normes européennes, il continue
d’être conforme.
Si le modèle, en fonction de sa
classe actuelle, ne peut répondre
aux exigences normatives correspondantes, son utilisation se
fera désormais dans les limites
suivantes :
• Attribution d’une classe de
charge différente : cette nouvelle
classe devra être clairement spécifiée dans la notice du fabricant.
• Les modèles réputés conformes
à la norme NF HD 1000 continuent d’être utilisés dans les limites de ce document, et ne sont
donc aucunement menacés d’un
risque d’interdiction d’emploi :
au-delà des limites de la norme
NF HD 1000, une note de calcul
et des plans spécifiques devront
être établis (1). Une information
claire devra être fournie par tous
les fabricants concernés.
MATÉRIELS NEUFS
Modèle préexistant. Dans le cas
où la commercialisation d’un
modèle d’échafaudage préexistant est poursuivie, ce modèle
sera validé suivant les nouvelles
normes européennes dans la
classe issue de l’évaluation par
calcul et par essais.
Modèle nouveau. S’il s’agit d’une
nouvelle version d’un modèle
préexistant, substantiellement différente du modèle initial, les éléments de structure de l’ancien et
du nouveau modèle ne pourront
être mixés, sous la responsabilité
du fabricant, que sur la base de
la classe la plus faible évaluée
conformément aux nouvelles exigences normatives. S’il s’agit d’un
modèle nouveau, celui-ci devra
être validé dans la classe issue de
l’évaluation par calcul et par essais.
RECOMMANDATIONS
Il est recommandé aux propriétaires d’échafaudages fixes de
prendre contact avec leurs fournisseurs pour obtenir d’eux les
nouvelles notices correspondant
à leurs matériels.
Pour tous les types d’échafaudages, les utilisateurs devront être
plus attentifs que jamais:
• à l’élimination des composants
dégradés,
• à l’examen d’adéquation du type
de matériel par rapport aux travaux programmés,
• aux caractéristiques des ancrages
et du site le cas échéant.
Ces précautions résultent d’une
façon explicite de la rédaction de
l’arrêté du 21 décembre 2004. 쐍
(1) Selon le décret du 1er septembre 2004
(art. R 233-13-32).
POUR EN SAVOIR PLUS FFB Echafaudage,
tél. : 01 40 55 13 00
RISQUE ÉLECTRIQUE Habilitation
obligatoire pour les non électriciens
L
a réglementation va prochainement obliger les entreprises à obtenir une habilitation au risque électrique pour
leur personnel non électricien.
Un décret (1) à paraître modifiera
en effet les exigences en matière
de protection des travailleurs
contre les dangers d’origine électrique.
Pour l’employeur, l’habilitation
impliquera de faire qualifier son
personnel pour les interventions
entrant dans le champ d’application du décret. L’habilitation est
74
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
en effet la reconnaissance de la
capacité d’une personne à accomplir en sécurité les tâches fixées.
C’est un titre personnel, limité
dans le temps et qui ne peut être
délivré qu’après une formation
débouchant sur un contrôle des
connaissances.
L’obligation de formation concernera tous les compagnons du
Bâtiment non électriciens qui
«fréquentent» le risque électrique.
Elle s’appliquera en particulier
aux plombiers, qui peuvent être
amenés à réaliser des travaux à
proximité d’appareils sous tension, des raccordements électriques de chaudières, des réglages
de chaudières sous tension…
Autre profession concernée : les
couvreurs, qu sont souvent amenés à travailler à proximité de
lignes électriques.
S’il introduit une contrainte supplémentaire, ce décret va clarifier le spectre d’intervention des
professionnels non électriciens,
en rappelant ce qu’ils peuvent
faire ou non, avec ou sans habilitation. La réglementation contri-
buera ainsi à une meilleure lisibilité des compétences de chacun, et donc à une meilleure prise
en compte des enjeux de sécurité
sur les chantiers.
쐍
(1) Il modifiera le décret n° 88-1056 du
14 novembre 1988 ainsi que la circulaire
DRT 89-2 du 6 février 1989.
S É C U R I T É
DÉCRET « POUSSIÈRES DE BOIS »
Que faut-il faire pour s’y conformer?
Depuis le 1er juillet 2005, la valeur limite d’exposition professionnelle à la
poussière de bois est de 1 milligramme par mètre cube d’air. Une valeur
peu réaliste, à laquelle les entreprises doivent toutefois se conformer.
L
e décret définissant le seuil de
1 mg de poussière de bois
par m3 d’air est la transposition
en droit français d’une directive
européenne fixant une valeur
maximale de 5 mg. Chaque pays
de l’UE a transposé cette directive
à son propre marché. Et force
est de constater que la France a
pris les positions les plus radicales, les autres États membres
ayant généralement fixé des seuils
entre 2 et 3 mg par m3 d’air. Pour
les entreprises de charpente et
de menuiserie, il en résulte de
fortes contraintes, en particulier
pour les étapes de finition, qui
nécessitent du matériel électroportatif en atelier. En effet, ces
équipements présentent généralement un faible niveau d’aspiration, et ne sont pas pourvus de
système de captation de la poussière. Alors, comment se mettre
en conformité? Depuis près de
deux ans, la FFB-CMP (1) met l’accent sur la démarche d’amélioration plus que sur le strict
respect de la valeur limite de
1mg par m3 d’air, celle-ci étant
peu réaliste. Le plus souvent,
l’inspecteur du Travail est bien
conscient de la difficulté d’atteindre ce seuil. Il peut être indulgent pour l’entreprise si elle montre son engagement dans une
démarche d’amélioration. En
attendant l’évolution des appareils eux-mêmes – la FFB participe, avec l’Institut national de
recherche sur la sécurité (INRS),
à une étude destinée à améliorer
les systèmes de captation de poussières sur les appareils électroportatifs – il faut se pencher sur
l’organisation de l’atelier, mais
aussi motiver les salariés afin qu’ils
portent toute leur attention au
montage et à l’entretien des matériels. Rappelons enfin que chaque
entreprise doit être capable de
fournir les valeurs d’exposition de
ses salariés à la poussière de bois.
Ces mesures se font à l’aide de
petits filtres (portés à la ceinture
ou autour du cou) qui captent les
poussières, et qu’il faut ensuite
adresser à l’un des laboratoires
agréés.
쐍
(1) Fédération française du Bâtiment
charpente, menuiserie, parquets.
POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP, tél. : 01 40 55 14 70
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
75
N O R M A L I S A T I O N
PRODUITS DE CONSTRUCTION
Le point sur le marquage CE
Conçu pour favoriser la concurrence sans rogner sur la sécurité,
ce sigle ne doit pas être confondu avec un critère de qualité.
© PHOTO ALTO/JAMES HARDY
donc très loin de la situation antérieure à la norme européenne,
quand l’avis technique n’examinait pas moins de dix-sept caractéristiques.
O
bjectif affiché de l’Union
européenne, la libre concurrence peut être considérablement
gênée par des réglementations
nationales hétéroclites, notamment si chacun des États membres
met en place des procédures d’essai spécifiques pour autoriser la
commercialisation d’un produit.
Pour créer le grand marché européen, il était donc nécessaire d’harmoniser ces réglementations. C’est
l’objectif de la directive européenne «Produits de construction». Elle impose des exigences
communes garantissant la sécurité
des occupants du bâtiment dans
lequel le produit doit être incorporé. Le symbole CE indique que
le produit est conforme aux dispositions de cette directive, et qu’il
peut donc être librement mis sur
le marché dans n’importe quel
pays de l’espace économique européen ; dès lors, aucune réglementation nationale ne peut plus interdire sa vente.
76
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
VÉRIFIER L’ADAPTATION
À L’USAGE
Toutefois, ce n’est pas parce qu’un
produit est marqué CE qu’il
convient à tous les usages et peut
être mis en œuvre dans n’importe quelle construction. Le marquage CE atteste la conformité à
certaines spécifications des normes européennes (ou, lorsqu’il
n’existe pas de normes, il indique
que le produit bénéficie d’un agrément technique européen). Mais
ce marquage CE peut ne concerner que quelques-unes des caractéristiques utiles pour choisir le
produit adapté à l’ouvrage à construire. Par exemple, le marquage
CE des colles à carrelage ne
concerne que quatre des treize
caractéristiques indiquées dans la
norme européenne (voir Bâtimétiers n°2 de décembre 2004): seules les caractéristiques en relation
avec les exigences essentielles de la
directive (voir encadré) sont prises en compte par ce label. On est
CONSTRUIRE
DANS LES RÈGLES DE L’ART
Les règles de l’art (DTU, règles
professionnelles, cahiers de prescriptions techniques…), quant à
elles, restent françaises. Elles sont
seulement modifiées pour faire
désormais référence aux normes
européennes de produits qui remplacentdésormais les normes françaises. Mais il faut noter que les
normes européennes de produits
n’ont pas de raison de se limiter à
la gamme de produits qu’on a
coutume d’utiliser en France: elles
ont vocation à couvrir l’ensemble
des produits présents dans tous les
pays de l’Union. Or les DTU, qui
sont des clauses types de marché,
n’envisagent que les techniques
éprouvées qui bénéficient d’une
large application et d’un bon
retour d’expérience en France.
Aussi, le domaine d’application
d’un DTU ne concerne parfois
qu’une partie de celui de la norme
LES SIX EXIGENCES
ESSENTIELLES
• Résistance mécanique
et stabilité
• Sécurité en cas d’incendie
• Hygiène, santé
et environnement
• Sécurité d'utilisation
• Protection contre le bruit
• Économie d'énergie
et isolation thermique
européenne : les produits dont les
professionnels français ont l’expérience. Les produits de la norme
européenne non visés par le DTU
n’en sont pas moins autorisés.
Toutefois, si l’on veut les mettre en
œuvre, il faut prendre toutes les
précautions pour limiter les
risques et vérifier que les assureurs acceptent de garantir les travaux. La procédure de document
technique d’application (forme
adaptée d’avis technique pour les
produits marqués CE) facilite cette
prise en compte par les différents
intervenants.
RIEN À VOIR
AVEC LA MARQUE NF
Il faut se garder d’une confusion
fréquente : le marquage CE n’est
nullement l’équivalent au niveau
européen de la marque NF en
France. Cette dernière constitue
une certification ; c’est une
marque et non un simple marquage. Les produits bénéficiant de
la marque NF sont toujours soumis à des essais rigoureux et
contrôlés régulièrement par un
organisme indépendant. Au contraire, pour certains produits, le
marquage CE correspond à une
simple déclaration du fabricant.
UNE AVANCÉE
EUROPÉENNE
En dépit des réserves exprimées
plus haut, l’arrivée des normes
européennes constitue une prodigieuse avancée pour ceux qui
cherchent le meilleur produit au
meilleur prix. L’entrepreneur qui
trouve un fournisseur hors de
France échappe désormais au
casse-tête de savoir si le produit
qu’on lui propose, conforme à
une norme allemande DIN ou
une norme anglaise BS, a subi les
mêmes essais que le produit français auquel on le compare et si les
caractéristiques annoncées ont la
même signification. La norme
européenne permet de parler le
même langage et d’étendre ainsi le
choix de ses fournisseurs.
쐍
N O R M A L I S A T I O N
EUROCODES Ne pas attendre pour s’y référer
Tous les professionnels amenés à calculer ou à dimensionner
des éléments de structures d’un bâtiment (murs, poteaux, poutres, planchers...)
doivent se préparer dès aujourd’hui à l’arrivée des Eurocodes.
es Eurocodes sont un ensemble de plus de cinquante normes, regroupées en dix grands
thèmes, et qui énoncent les règles
de conception et de calcul des
structures de bâtiment et de génie
civil (voir l’article p. 28 et Bâtimétiers n° 2, décembre 2004,
p. 77). Ces normes sont destinées
à remplacer les règles actuelles
telles que les NV 65 (calcul des
actions du vent et charges de
neige), BAEL (calcul du béton
armé), CM 66 (calcul des constructions métalliques), CB 71
(calcul des charpentes en bois)...
Les normes européennes constituant les Eurocodes devraient
toutes être disponibles à la fin de
cette année. Des annexes nationales précisant certains paramètres ou dispositions propres à la
France sont en cours d’élaboration ou déjà publiées (par exemple NF P 06-111-2, de juin 2004,
qui complète la partie « poids
propres et charges d’exploitation»
de l’Eurocode 1).
DES NORMES
DÉJÀ EN VIGUEUR
Il est encore difficile de dire avec
précision quand ces Eurocodes
seront mis en application, mais ce
sera sans doute assez prochainement. Bien évidemment, il s’écoulera une période de coexistence durant laquelle il sera
possible de se référer soit au système actuel soit aux Eurocodes
(sans possibilité de mélanger les
deux). Cette période risque
cependant d’être plus courte
qu’on ne l’imagine a priori.
Compte tenu de l’ampleur et de la
complexité du nouveau système,
il paraîtrait normal que la phase
de transition soit suffisamment
longue pour permettre à tous de
se familiariser avec lui. Mais les
normes européennes de produits
qui se substituent actuellement
aux normes françaises se réfèrent
déjà aux Eurocodes, dès lors qu’il
est question du calcul proprement dit ou de caractéristiques à
prendre en compte pour lui. Il
sera donc de plus en plus difficile
de se conformer à l’ancien système de calcul. Ceux qui sauront
utiliser les Eurocodes prendront
l’avantage sur ceux qui ne les
connaîtront pas. C’est pourquoi il
est prudent de s’y préparer le plus
tôt possible, et notamment de
commencer dès maintenant à se
former progressivement à ces
nouveaux concepts.
쐍
LES DIX EUROCODES
EUROCODE
0
BASES DE CALCUL
EUROCODE
• Poids propres et charges
d’exploitation
• Action du vent
• Charges de neige
• Actions accidentelles
…
1
ACTION SUR
LES STRUCTURES
2
EUROCODE
STRUCTURES
EN BÉTON
STRUCTURES
BOIS
3
EUROCODE
STRUCTURES
EN ACIER
STRUCTURES
MIXTES
EUROCODE
6
EUROCODE
MAÇONNERIE
4
EUROCODE
5
EUROCODE
7
GÉOTECHNIQUE
­
CALCULS
L
9
EUROCODE
STRUCTURES
ALUMINIUM
EUROCODE
8
RÉSISTANCE
AUX SÉISMES
DTU Repères utiles
P
our aider les entreprises à
mieux connaître et utiliser
les DTU, le BNTEC (Bureau de
normalisation de la FFB) a mis à
jour le dépliant «DTU, vue d’ensemble».
Ce document recense l’ensemble
des DTU, qui sont organisés par
famille (structure, enveloppe…)
pour une meilleure lisibilité. A
noter par ailleurs les DTU
récemment publiés (depuis décembre 2004):
• DTU 13.3 – Dallages: conception, calcul et exécution (mars
2005)
• DTU 24.1 – Travaux de fumisterie (février 2005)
• DTU 45.2 – Isolation thermique
des circuits, appareils et accessoires de – 80°C à + 650°C
(mai 2006).
쐍
POUR EN SAVOIR PLUS La plaquette «DTU, vue d’ensemble» est disponible auprès de la FFB
de votre département
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
77
R É G L E M E N T A T I O N
RÉGLEMENTATION THERMIQUE
De nouvelles exigences dès cet été
© ISOVER
Dans le cadre de la RT 2005, les bâtiments neufs ou les extensions
dont le permis de construire aura été délivré après le 31 août 2006 vont devoir répondre
à des prescriptions énergétiques plus strictes. Le point sur ce cadre réglementaire.
L
a philosophie de la réglementation thermique RT
2005 est la même que celle de la
RT 2000, avec un renforcement
des exigences énergétiques, correspondant à une consommation
d'énergie diminuée de 15% environ. Cette consommation d'énergie (exprimée en kWh d'énergie primaire par an, ramenés
au mètre carré de surface hors
78
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
œuvre nette) est la somme de
toutes les consommations d'énergie pour tous les usages. Pour
son calcul, le bâtiment (ou l'extension de bâtiment) est toujours
comparé à un édifice fictif dit de
référence. Il est possible de choisir, dans une certaine limite (on
parle de garde-fous), une enveloppe moins performante dont
on compensera les faiblesses en
adoptant des équipements plus
performants, ou inversement.
La France est divisée en huit zones
(H1a, H1b, H1c, H2a, H2b, H2c,
H2d, H3) pour prendre en
compte ses différences climatiques. Dans le cas général, le bâtiment ne dispose pas d'installations de rafraîchissement, sauf
s'il est situé à la fois dans une
zone de bruit et dans une zone
climatique chaude H2d et H3,
ou s'il s'agit d'un bâtiment de
commerce, de spectacle, ou d'un
établissement sanitaire. En été,
dans les bâtiments ne disposant
pas de systèmes de climatisation,
la température intérieure de
confort (Tic) ne doit pas dépasser
une limite calculée pour le bâtiment de référence (Ticref). Pour
les bâtiments résidentiels, la
consommation d'énergie ne doit
pas dépasser une valeur seuil Cepmax (voir tableau page suivante).
Par ailleurs, quel que soit le bâtiment, le maître d'ouvrage doit
pouvoir fournir une synthèse de
l'étude thermique de son projet,
qui comprend notamment les
valeurs à respecter (1) et une étude
de sensibilité (par exemple diminution de l'Ubat de 10%, diminution des apports solaires de
20%, etc.). La méthode de calcul
des consommations d'énergie
(notamment thermiques) a été
complètement revue pour s'approcher au plus près des valeurs
réelles, notamment par une
meilleure prise en compte des
apports solaires (la RT 2000 surestimait les consommations de
quelque 20%).
DU NOUVEAU
DANS L'ENVELOPPE
Les caractéristiques thermiques
de référence des composants de
l'enveloppe subissent une baisse
globale comprise entre 10 et 20%
environ. La performance de ces
composants ne doit pas dépasser
des valeurs maximales (gardefous) elles-mêmes abaissées dans
les mêmes proportions.
Le coefficient de déperdition surfacique Ubat doit être inférieur à
1,2 Ubatbase (2) pour les maisons
individuelles, à 1,25 Ubatbase
pour les autres bâtiments d'habitation et à 1,5 Ubatbase pour
tous les autres bâtiments.
Par ailleurs, la perméabilité à l'air
de référence rapportée à la surface
de l'enveloppe est de 0,8 [m3/
(h.m2)] pour les maisons individuelles, de 1,2 [m3/(h.m2)] pour
les autres bâtiments d'habitation,
les bureaux, hôtels, établissements
de restauration et d'enseignement, et de 2,5 [m3/(h.m2)] pour
les autres bâtiments.
ÉQUIPEMENTS
PLUS PERFORMANTS
Pour les locaux d'habitation
chauffés par effet Joule, la ventilation de référence comporte un
système de modulation qui doit
permettre une réduction de 25 %
des déperditions dues à la ventilation spécifique. De plus, les
émetteurs de chaleur doivent être
de classe B et leur variation temporelle de 0,9 [K]. Pour les autres
locaux d'habitation, la référence
est une chaudière basse température et les émetteurs de chaleur
R É G L E M E N T A T I O N
doivent être de classe B, leur variation temporelle étant de 1,2 [K].
Les systèmes thermiques thermodynamiques ont un coefficient
de performance corrigé de 2,45.
Enfin, d'une manière générale, le
recours aux énergies renouvelables
est favorisé.
Cette nouvelle réglementation
correspond à une révision annoncée dès la RT 2000. De nouvelles
mesures de renforcement sont
prévues pour 2010 et 2015.
쐍
(1) Ces valeurs portent sur : des garde-fous
pour les composants et les équipements ; l'écart maximal entre le coefficient de déperdition surfacique du bâtiment (Ubat) et
celui du bâtiment de référence (Ubatref);
enfin, la température maximale atteinte
l'été (Tic) comparée à celle du bâtiment de
référence (Ticref).
(2) Ubatbase correspond au cœfficient de
déperdition surfacique du bâtiment de référence avec les surfaces réelles des menuiseries extérieures. Au contraire, Ubatref considère une surface forfaitaire de menuiseries
extérieures égale au 1/6e de la surface de
plancher.
VALEURS SEUIL CEPMAX POUR LES BÂTIMENTS D'HABITATION
Type de chauffage
Zone climatique
Cepmax (chauffage + ECS)
[kWh primaire par m2 et par an]
Combustibles fossiles
H1 (a, b, c)
H2 (a, b, c, d)
H3
130
110
80
Chauffage électrique
(y compris PAC)
H1 (a, b, c)
H2 (a, b, c, d)
H3
250
190
130
VALEURS MAXIMALES DES COMPOSANTS DE L'ENVELOPPE
Parois
Coefficient Umaximal [W/(m2.K)]
Murs en contact avec l'extérieur ou avec le sol
0,45
Murs en contact avec un volume non chauffé
0,45/b(1)
Planchers bas donnant sur l'extérieur ou sur un parking collectif
0,36
Planchers bas donnant sur un vide sanitaire ou sur un volume non chauffé
0,40
Planchers hauts en béton ou en maçonnerie, et toitures en tôles métalliques étanchées
0,34
Planchers hauts en couverture en tôle métallique
0,41
Autres planchers hauts
0,28
Fenêtres et portes-fenêtres prises nues donnant sur l'extérieur
2,60
Façades rideaux
2,60
Coffres de volets roulants
3,00(2)
(1) b étant le coefficient de réduction des déperditions vers les volumes non chauffés, défini dans la méthode de calcul d'Ubat.
(2) Cœfficient linéique en [W/(m.K)].
RÉGLEMENTATION AMIANTE Où en est-on?
Dix ans se sont écoulés depuis la publication des décrets fondateurs en matière d’amiante. Ce dossier
sensible préoccupe sans cesse davantage de professionnels du Bâtiment et de parlementaires.
L
es décrets du 7 février 1996
relatifs à la protection de la
population (96-97) et à la protection des salariés (96-98) ont été
complétés par celui du 4 décembre 1996, qui a interdit totalement l’amiante à partir du 1er janvier 1997. La France a contribué,
au niveau européen, à la conception de nouvelles règles qui se
sont traduites par deux directives
complémentaires à ces décrets.
La première concerne les limitations de mise sur le marché et
d’emploi de l’amiante : l’interdiction générale dans les 25 Etats
membres est entrée en vigueur le
1er janvier 2005. La deuxième
concerne la protection des salariés
contre les risques liés à une exposition à l’amiante pendant le
temps de travail. Sa transposi-
tion en droit français aurait dû
être finalisée au plus tard le 15
avril 2006. Ce projet, toujours en
discussion(1), prévoit notamment
l’extension de l’obligation de certification de qualification des
entreprises aux travaux de retrait
ou de confinement d’amiante
présentant des risques particuliers, dont certaines interventions
sur des matériaux non friables.
Ces travaux seront définis par
arrêté.
Par ailleurs, en 2005, le Sénat et
l’Assemblée nationale ont initié
deux missions d’information sur
les risques et les conséquences
de l’exposition à l’amiante. Tant
le rapport du Sénat que celui de
l’Assemblée pointent «les carences, à l’époque, de notre système
de santé au travail et de préven-
GNA, FICHE D’IDENTITÉ
Composé de professionnels
issus des Unions et Syndicats
de métiers de la Fédération
française du Bâtiment,
le Groupement national amiante
est à l’écoute des préoccupations
des entreprises du Bâtiment
et les représente pour tous
les aspects relatifs à l’amiante
(friable et non friable).
tion des risques professionnels»,
avant l’interdiction de l’amiante
de 1997. On peut noter de plus la
nécessité de prévenir de nouvelles contaminations en renforçant
les dispositifs de précaution(2).
L’inquiétude demeure, car l’amiante a été utilisé massivement
jusqu’en 1997. Il faudra pendant
de nombreuses années intervenir
sur un parc immobilier amianté
et ces travaux concernent directement les entreprises de bâtiment. C’est dans ce contexte que
le Groupement national amiante
de la FFB (GNA) a été auditionné par la commission de l’Assemblée nationale, lui donnant
l’occasion de rappeler aux députés aussi bien les contraintes
subies par les professionnels du
Bâtiment que les responsabilités
des maîtres d’ouvrage et des diagnostiqueurs.
쐍
(1) À la date de rédaction de cet article.
(2) 28 propositions ont été faites dans ce
sens par le Sénat et 51 par l’Assemblée
nationale.
POUR EN SAVOIR PLUS GNA, tél.ž: 01 40 69 51 73
JUIN 2006
BÂTIMÉTIERS
79
E N V I R O N N E M E N T
TRAITEMENT DES DÉCHETS
L’atout mobilité
© SELECTIS
Un centre de traitement des déchets qui se déplace d’une plate-forme
de pré-tri à l’autre : une solution innovante développée
par une entreprise de rénovation qui s’est tournée vers les marchés
porteurs de l’environnement, Sélectis.
B
asée à Riom (Puy-deDôme), l’entreprise de
traitement des déchets du
bâtiment Sélectis a vu le jour en
2000. «Dans notre métier d’origine, la rénovation tout corps d’état, nous avions développé une
activité de tri des déchets, que
nous avons voulu mettre au service de nos collègues», explique
Olivier Ezquerra, son dirigeant.
Disposant de place sur le terrain
où était installée la centrale à béton
et le matériel de chantier de l’entreprise, celle-ci a donc aménagé
une première plate-forme, permettant le traitement des déchets
de plaques de plâtre, bois, PVC et
peinture ainsi que des matériaux
inertes (béton, brique, etc.).
« Il faut savoir qu’en province,
contrairement à la région parisienne, il est très facile de faire
disparaître les déchets, commente
Olivier Ezquerra. Pour proposer
une offre de service plus attractive
qu’une plate-forme fixe, avec ses
80
BÂTIMÉTIERS
JUIN 2006
contraintes lourdes de transport
et d’investissement, nous avons eu
l’idée d’un centre de tri des
déchets mobile. » Le principe :
trois camions abritant des équipements équivalant à une petite
usine et se déplaçant d’une plateforme de pré-tri à l’autre. L’idée
séduit. En 2002, elle remporte un
prix de l’innovation qui ouvre à
Sélectis la porte des investisseurs
et lui permet de se lancer dans la
création de ces plates-formes locales. La première a été aménagée à
Clermont-Ferrand, trois autres
sont en projet. L’objectif est d’en
installer 16 autres dans l’Hexagone en une dizaine d’années.
Équipés d’un pont bascule, d’une
pelle à grappin, d’une table
vibrante, ces sites assurent le stockage de déchets apportés triés et
un premier tri de ceux apportés
mélangés, jusqu’à l’arrivée du centre mobile. Une fois traités, les
déchets inertes sont recyclés dans
les travaux publics; les cartons
Le centre de tri des déchets mobile
est une alternative attractive aux
plates-formes fixes, avec leurs
contraintes lourdes d’investissement.
acheminés vers l’industrie papetière, le PVC vers les professionnels du secteur, les films plastiques vers l’Asie et le bois vers
l’Italie (voir encadré). Actuellement, le volume annuel traité est
d’environ 20000t. Rapportée au
volume global de déchets produits dans la région (290 000 t
pour la seule ville de ClermontFerrand), la progression potentielle se révèle donc considérable. D’autant plus que l’activité de
Sélectis bénéficie à la fois du
contexte réglementaire, du développement des démarches HQE,
qui imposent la traçabilité des
déchets, et d’un prix de traitement inférieur à celui de mise en
décharge (58 €/t, contre 61 €/t).
« En revanche, note Olivier
Ezquerra, son développement
reste freiné par la logique du
moins-disant qui conduit souvent les maîtres d’ouvrage à retenir des offres n’intégrant pas de
ligne “traitement des déchets”.» 쐍
FILIÈRE BOIS: L’OBSTACLE DU TARIF FRET
Les conteneurs bois arrivant sur les plates-formes
contiennent indistinctement des déchets de menuiserie
(fenêtres et portes) et des résidus de palettes.
Après séparation du verre et des éléments métalliques,
le bois est broyé et stocké. Puis il est expédié en Italie,
où existent des filières de recyclage pour les déchets
de bois ayant reçu de la peinture, et où ces déchets
sont valorisés sous forme de panneaux de particules.
«Le transport s’effectue habituellement par voie
ferroviaire à raison de 800 à 1 000 t par convoi, trois fois
par an, indique Olivier Ezquerra. Mais c’est devenu
un problème avec la nouvelle politique de prix de la
SNCF, dont le tarif fret bois a augmenté de plus de 50%
depuis le début 2004. Cela nous conduit à nous tourner
vers la route.» Une logique paradoxale dans l’état actuel
des débats sur le transport routier, car elle suppose
d’affréter chaque année quelque 150 camions et
de les faire transiter vers l’Italie via le tunnel du Fréjus…
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