www.ffbatiment.fr METIERS BATI LA REVUE TECHNIQUE DE LA FFB NUMERO 5 JUIN 2006 GRAND TÉMOIN COMMISSAIRE ALAIN BEAUJARD « La sûreté doit devenir un réflexe » page 10 GROS ŒUVRE/STRUCTURE Ponts thermiques : l’isolation par l’intérieur atteint ses limites page 20 ENVELOPPE Accessibilité : les atouts des portes automatiques page 34 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES Solaire : une énergie d’avenir pour l’eau chaude sanitaire page 46 FINITIONS/AMÉNAGEMENT Acoustique: comprendre le bruit pour le réduire page 58 DOSSIER PAGE 13 QUALIFICATION CERTIFICATION Les chemins de la qualité S O M M A I R E B Â T I M É T I E R S ž• R E V U E S E M E S T R I E L L E • N U M É R O 5 • J U I N 2 0 0 6 PANORAMA SÉCURITÉ Recrutement : les jeunes témoignent Opération «un jeune, un jour, une entreprise» Nouveau diagnostic de performance énergétique e-bat : s’approprier les nouvelles technologies de l’information La dimension « métier» au cœur des 24 heures du Bâtiment Calepins de chantier: cinq nouveaux titres en 2006 Charpentes 21: nouvelle charte orientée «développement durable» 4 5 5 Échafaudages: normes européennes 74 et procédure de validation Risque électrique: habilitation obligatoire pour les non électriciens 74 Décret «poussières de bois»: que faut-il faire 75 pour s’y conformer? MÉTIERS GROS ŒUVRE/ STRUCTURE 6 NORMALISATION 6 8 8 GRAND TÉMOIN Commissaire Alain Beaujard: «La sûreté doit devenir un réflexe» 10 INNOVATION Pompes à chaleur et capteurs solaires: 70 un couple dans l’air du temps Petits chantiers: 72 un mini-abri qui fait le maximum Certificats d’économies d’énergie: 72 démarrage difficile Pôles de compétitivité: 73 le Bâtiment partie prenante Produits de construction: le point sur le marquage CE Eurocodes: ne pas attendre pour s’y référer DTU: repères utiles 76 77 20 77 20 Démolition: un métier en profonde mutation 25 Dallage sans joints : la perfection de la glace 26 Construction métallique: les Eurocodes harmonisent les calculs 28 Entretien de façades: bien diagnostiquer pour bien ravaler 30 Méthodes de dimensionnement: une alternative au «tout sécuritaire» 32 Accessibilité: les atouts des portes automatiques 34 Métalliers: questions de sécurité 37 Toitures végétalisées: couverture très nature 38 Isolants minces réfléchissants: utiles mais délicats à manier 40 RÉGLEMENTATION Thermique: de nouvelles exigences 78 dès cet été Réglementation amiante: 79 où en est-on? ENVELOPPE ENVIRONNEMENT Traitement des déchets: l’atout mobilité 80 Plates-formes motorisées: un moteur 34 de productivité sur les chantiers Fermetures et protections solaires: marquage CE obligatoire DOSSIER QUALIFICATION CERTIFICATION LES CHEMINS DE LA QUALITÉ Page 13 Magazine édité par IT-FFB (Institut technique de la Fédération française du Bâtiment). 9 rue La Pérouse 75784 Paris cedex 16 Tél. 01 40 69 52 58 - www.ffbatiment.fr Association déclarée – Siret 301 652 673 0015 Code APE 913E ISSN 1772-3078 - Dépôt légal : juin 2006 Directeur de la publication : Christian Baffy Directeur de la rédaction : Georges Rigaud Comité de rédaction : Membres de la Fédération française du Bâtiment, Ponts thermiques: l’isolation par l’intérieur atteint ses limites de ses Fédérations départementales et régionales, de ses Unions et Syndicats de métiers Journalistes : Jean-Marc Brujaille, Christian Capitaine, Sophie Faure, Didier le Gorrec, François Salanne Conception et réalisation Idé: André Haillotte, Pierre Salanne, Nelly Hurlé, Caroline Palma, Nathalie Pilant, Alix Orbec Photogravure/Impression : Sphinx/Sib Tirage de ce numéro : 75 000 exemplaires Illustration : Gilles Jouannet Photo de couverture : Matton. ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES 42 43 Verre: le nouveau DTU 39 45 Couverture: le DTU 40.35 amendé 45 Solaire: une énergie d’avenir pour l’eau chaude sanitaire 46 Université de Limoges: le courant passe 50 Réseaux d’eau: accompagner les propriétaires d’immeubles dans la durée 52 Énergie: de nouveaux partenaires pour les installateurs 53 46 Éclairage: basse consommation, bas coûts d’exploitation 54 Normalisation: révision de la norme NF C14-100 55 Chaudières à condensation: l’âge de la maturité 56 Baromètre de l’UCF: connaître ses marchés pour mieux vendre 57 DTU 24.1: travaux de fumisterie 57 Acoustique: comprendre le bruit FINITIONS/ pour le réduire AMÉNAGEMENT Sols: le retour du linoléum 58 61 Façade polychrome en bord de mer 62 Glissance: enfin une norme française! 64 Déchets de peinture: les peintres veulent innover 66 Soliers moquettistes: 58 susciter des vocations 67 Carrelages: les limites des documents commerciaux 68 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 1 É D I T O R I A L Porter haut la qualité de nos métiers © E. GALVANI/FFB S ecteur de traditions, le Bâtiment ne cesse d’évoluer pour répondre aux exigences croissantes aussi bien de son environnement que de ses clients. Ses entreprises, motivées par une recherche partagée de qualité, n’ont de cesse de s’adapter pour améliorer leurs compétences. C’est pour donner aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre le moyen d’identifier celles-ci que la qualification a été créée. Véritable outil de reconnaissance, elle nous permet d’afficher clairement nos capacités. L’enjeu est suffisamment important pour que Bâtimétiers y consacre son dossier. L’attention des entreprises se porte également sur l’amélioration de la qualité des ouvrages et la prise en compte des préoccupations des utilisateurs, pour leur plus grande satisfaction. Pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments, elles explorent les solutions de traitement des ponts thermiques. Anticipant la flambée du prix de l’énergie, elles mettent en œuvre de nouvelles techniques de production de chauffage, en particulier solaire thermique. En prenant en compte l’acoustique ou en installant des portes automatiques, elles contribuent à répondre aux besoins de confort des usagers. Et que dire des toitures «vertes», des dallages « sans joints » ou du souci de réduire les déchets ? Il suffit de parcourir Bâtimétiers pour comprendre que nos métiers sont en mouvement ! Avec les 24 heures du Bâtiment les 20 et 21 octobre à Paris, la FFB marque sa volonté de rassembler toute la filière du Bâtiment au cours d’un événement majeur. Son Village des métiers accueillera également le grand public : l’occasion de lui faire découvrir des métiers en pleine mutation. Jean Pierre Roche, président du Conseil des Professions de la Fédération française du Bâtiment JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 3 P A N O R A M A RECRUTEMENT Les jeunes témoignent Filmés en activité sur le chantier, de jeunes professionnels expliquent leur métier et leur parcours professionnel. Une façon séduisante pour les collégiens de découvrir la diversité des carrières et de s’identifier à leurs aînés. la structure «du Fabriquer bâtiment, moi j’aime bien. F (1) Carreleuse, charpentier bois, couvreuse, installateur électricien, maçon, menuisier, miroitier, monteur en chauffage et climatisation, peintre, plâtrier, serrurier-métallier, solier-moquettiste. (2) Cordiste, démolisseur, enduiseur, façadier, étancheur, grutière, installateur de stores et volets, technicien en climatisation, monteur d’échafaudages, monteur levageur, staffeur ornemaniste, tailleuse de pierre. POUR EN SAVOIR PLUS Contactez la FFB de votre département. Les «clips métiers» sont également consultables sur www.ffbatiment.fr et www.onisep.fr 4 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 Ça paraît simple à l’écran, mais il faut une grande maîtrise. » MONTEUR LEVAGEUR CORDISTE Mon métier consiste à réaliser des «travaux en accès difficile. L’obsession c’est d’être toujours en sécurité. » J’ai tout le temps cette question: « c’est pas trop dur comme métier? C’est dur quand on ne le fait pas avec plaisir. Pour toute la partie physique, c’est des gestes qu’on apprend dès le départ! » TAILLEUSE DE PIERRE TECHNICIEN EN CLIMATISATION C’est un métier dans lequel il faut « être assez pointu dans plusieurs domaines: l’électricité, l’aéraulique, l’hydraulique, la mécanique. Je me suis orienté vers le dépannage. On a un contact fort avec le client, c’est une richesse. » © ONISEP/FFB orts du succès du premier cédérom «clips métiers»(1), l’ONISEP et la FFB ont réalisé une nouvelle série sur douze autres métiers(2). Ce second cédérom est maintenant disponible, il s’adresse en particulier aux chefs d’entreprise qui interviennent dans les collèges. Comme le souligne l’un d’entre eux, «même lorsque leurs parents travaillent dans le Bâtiment, les jeunes n’ont aucune idée de nos métiers. Ce qui est montré dans ces films permet d’amorcer le dialogue: l’utilisation des ordinateurs, des engins de levage, les conditions de travail, les salaires, les vacances… Les témoignages d’une couvreuse, d’une carreleuse, d’une tailleuse de pierre ou d’une grutière ont parfois fait sourire les garçons, mais les jeunes filles ont découvert un monde qu’elles croyaient inaccessible.» 쐍 P A N O R A M A AGENDA 2006 «UN JEUNE, UN JOUR, UNE ENTREPRISE » Opération séduction réussie a deuxième édition de l’opération « Un jeune, un jour, une entreprise», organisée le 4 avril 2006, a fait l’unanimité. Près de 3 400 jeunes ont passé la journée dans 2 700 entreprises de toutes tailles. L’occasion pour eux de partager avec les chefs d’entreprise leurs attentes et de découvrir le monde du Bâtiment et ses carrières. Le programme était chargé : rencontre avec les collaborateurs et les clients, visites d’ateliers, de chantiers ou de showrooms, rendez-vous avec des fournisseurs… «La fin de la journée est arrivée beaucoup trop vite!» regrette François, chef d’entreprise en LoireAtlantique, qui a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme le jeune Pierre. Organisée à l’initiative de la FFB, cette journée était l’opportunité pour ces stagiaires d’un jour de découvrir le Bâtiment sous un angle concret, loin des bancs de l’école. L’occasion aussi de se sentir plus impliqués. «Le fait de voir la réalité, c’est ce qu’il y a de mieux. Comme ça je sais comment c’est, je découvre et je sais à quoi m’attendre» confiait © X. DE BARBEYRAC/FFB DRÔME L Arthur, élève de 3ème à Nancy. L’authenticité: c’est bien ce que recherchent les jeunes, demandeurs d’expériences concrètes, et c’est aussi l’attitude des chefs d’entreprise. « J’avais prévu initialement d’amener mon stagiaire au restaurant, raconte François, et puis je me suis dit que je tricherais un peu en faisant ça, parce que j’y vais rarement. Alors j’ai fait comme d’habitude: nous avons mangé dans le petit réfectoire aménagé dans l’atelier, et ce n’était pas mauvais!» Jacqueline, chef d’entreprise dans la Sarthe, souligne pour sa part la spontanéité du dialogue : « Mon jeune était très ouvert et aussi bavard que moi… Ce qui m’a permis de lui parler largement du métier, y compris des rémunérations, de lui faire visiter un cabinet d’architecture et de le laisser échanger avec les techniciens…» Opération réussie, donc, à en juger par la conclusion du jeune Pierre à l’adresse de son tuteur d’un jour: «Merci d’avoir partagé avec moi votre journée. Vous êtes passionné par ce que vous faites, c’est beau, et j’ai vu que dans le Bâtiment, vous êtes vraiment solidaires entre vous…» 쐍 DU 15 AU 17 JUIN 2006 SALON DES ÉNERGIES RENOUVELABLES, Paris 4e édition du salon dédié à un marché en pleine expansion. www.energie-ren.com/2006/ 6 ET 7 OCTOBRE 2006 COULISSES DU BATIMENT Dans toute la France, des centaines d’entreprises ouvrent leurs chantiers au grand public et en particulier aux jeunes (4e édition). 12 OCTOBRE 2006 ÉTATS GÉNÉRAUX DU BOIS DANS LA CONSTRUCTION, Angers 20 OCTOBRE 2006 LES 24 HEURES DU BATIMENT, Paris Des milliers d’entrepreneurs, artisans, compagnons et jeunes en formation sont attendus pour la « fête des métiers » organisées au Palais Omnisports de Paris-Bercy. www.24heuresdubatiment.com DU 14 AU 17 NOVEMBRE 2006 EQUIP’BAIE, Paris Salon international de la fermeture, de la fenêtre et de la protection solaire. DU 15 AU 17 NOVEMBRE 2006 ECOBUILDING PERFORMANCE, Paris Salon de la performance énergétique et du développement durable des bâtiments. OLYMPIADES DES MÉTIERS: POURQUOI PAS VOUS ? Les 39e Olympiades internationales des Métiers se dérouleront du 14 au 18 novembre 2007 au Japon. Cette compétition est ouverte aux jeunes apprentis, écoliers mais aussi salariés nés après 1984. Les sélections régionales auront lieu entre novembre 2006 et janvier 2007. La composition de l’équipe de France sera connue à l’issue des finales nationales, le 1er avril 2007. Pour y participer, consultez la FFB de votre département. PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE Nouveau diagnostic à partir du 1er juillet L e nouveau dispositif de diagnostic de performance énergétique des bâtiments entrera en application pour toutes les ventes de bâtiments neufs ou existants dès le 1er juillet 2006, et à partir du 1er juillet 2007 pour ceux proposés à la location. Si les décrets et arrêtés d’application sont toujours en cours d’examen, le contenu de ce diagnostic est déjà déterminé. Parmi les éléments du nouveau dispositif : un descriptif du bâtiment, la quantité annuelle d’énergie consommée ou estimée conventionnellement, les frais correspondants et la quantité de gaz à effet de serre (GES) liée à cette consommation, le classement du bâtiment de A (excellent) à G (très mauvais) sur deux échelles (une étiquette énergétique et une étiquette «climat» représentative des émissions de GES), et des recommandations visant à améliorer la performance énergétique du bien. Réalisée par un diagnostiqueur ayant reçu une formation – qui sera à terme certifiée par un organisme accrédité –, cette étude restera à la charge du propriétaire. 쐍 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 5 P A N O R A M A e-BAT S’approprier les nouvelles LE GROS ŒUVRE BÂTIT SON AVENIR technologies de l’information L a FFB a initié le projet e-bat dans le but d’amener les artisans et entreprises du Bâtiment à s’approprier les bénéfices concrets des nouvelles technologies de l’information et de la communication – internet, outils bureautiques et informatiques… Les premiers travaux, réalisés avec des entreprises de Seine-et-Marne, ont permis d’identifier l’ensemble des services du futur portail e-bat, actuellement en cours de développement. Testé fin juin 2006 auprès de 60 entreprises pilotes, cet outil en ligne devra pouvoir s’adapter aux besoins de chacun tout en restant à la pointe de la technologie. L’étude et le développement d’outils de formation, d’assistance et de conseil sont les conditions nécessaires à la réussite d’e-bat. Une nouvelle phase d’étude a donc été initiée dans le Loiret, afin d’identifier les besoins et les contraintes en la matière. e-bat tiendra compte de l’ensemble de ces données de terrain afin d’aider les entreprises à optimiser la gestion. Les services proposés dans le cadre d’e-bat (plateforme de gestion, assistance et accompagnement en ligne, formation et information…) seront autant de leviers mis à la disposition des entreprises de Bâtiment pour mieux gérer, mieux communiquer… et mieux construire, en développant leur compétitivité. 쐍 La dimension «métier» au cœur des 24 heures du Bâtiment L’étude prospective de la FFB «Bâtiment 2015» (1) avait dégagé les grandes tendances d’évolution du monde du Bâtiment et les possibles ruptures, à l’horizon d’une dizaine d’années. L’UMGO-FFB a souhaité aller plus loin et réfléchir à l’avenir des entreprises de maçonnerie et de gros œuvre. Cette première déclinaison «métier» de l’étude Bâtiment 2015 a été lancée début 2006 et confiée à un groupe d’une quinzaine d’entrepreneurs. Résultats attendus fin 2007. (1) Cf le dossier de Bâtimétiers n°3 (juin 2005), page 13. P our les 29 Unions et Syndicats de métiers de la FFB, la dimension «métier» ne saurait être absente d’un événement aussi exceptionnel que les 24 heures du Bâtiment. Aussi emprunterat-elle de multiples voies. D’abord, un numéro de Bâtimétiers « spécial 24 heures du Bâtiment», sur une centaine de pages, donnera plus largement la parole aux partenai- 6 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 res industriels qui accompagnent au quotidien les entreprises tant à l’atelier que sur les chantiers. Ensuite, plusieurs colloques tout au long de la journée du 20 octobre permettront d’aborder certaines des grandes problématiques techniques et métiers; ce sera le cas notamment du colloque sur l’énergie, qui mettra l’accent sur l’offre globale d’amélioration énergétique des bâtiments existants. Enfin, l’ouverture au grand public et l’accueil d’un public de jeunes trouveront toute leur place aux abords du palais omnisports de ParisBercy, dans le « Village des métiers », ouvert sur deux jours les 20 et 21 octobre. Une occasion à saisir pour faire se rencontrer des professionnels du Bâtiment et des jeunes à qui tous auront à cœur de montrer comment leurs métiers se conjuguent avec la modernité, les technologies les plus avancées et la protection de l’environnement. Créateurs d’espace de vie, les métiers du Bâtiment donnent du sens à la vie. 쐍 AQC: BILAN ET PERSPECTIVES «Qualité: progressons ensemble»: c’est sous ce titre rassembleur que l’Agence Qualité Construction (AQC), qui réunit tous les grands acteurs du Bâtiment, vient de publier un bilan de la décennie 19952005. Tous les efforts réalisés durant cette période sont recensés et des pistes de progrès identifiées. L’objectif ambitieux de l’AQC est en effet de réduire de 30% la sinistralité en 6 ans – objectif fortement appuyé par la FFB, qui en a été l’initiateur. Encore faut-il, pour mesurer les progrès accomplis, savoir de quelle situation on part. C’est chose faite avec cet état des lieux. POUR EN SAVOIR PLUS AQC, tél.: 01 44 51 03 51 P A N O R A M A CALEPINS DE CHANTIER Cinq nouveaux titres en 2006 FONDATION BÂTIMENT ÉNERGIE: PREMIER APPEL À PROJETS Créée par Arcelor, EDF, Gaz de France et Lafarge à l'initiative de l'Ademe et du CSTB, la fondation Bâtiment Énergie finance des opérations de recherche s'inscrivant dans l'objectif de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit d'aider à la réduction des consommations d'énergie et d'inciter à recourir davantage aux énergies renouvelables. Le thème du premier appel à projets, qui s'est clos le 12 décembre 2005, était de proposer des solutions globales d'amélioration énergétique des maisons individuelles existantes. Sur les trente et un dossiers reçus et soumis au jury réuni le 17 février dernier, sept projets ont été retenus. titres au cours de l’année 2006: les parquets et planchers en bois; les ouvrages en béton armé; les chéneaux, noues et évacuations des eaux pluviales; les ouvrages en plaques de parement en plâtre; les sols souples collés. Grâce au financement apporté par le Plan Europe (1), vous pouvez profiter de cette première édition gratuite. L a collection des Calepins de chantier est en passe de devenir un «best seller» du 1er semestre 2006, avec plus de 80000 exemplaires diffusés en quelques mois. Dorénavant collection de référence, les Calepins de chantier reçoivent un accueil unanime de la part de la profession mais aussi d’experts reconnus. C’est le signe qu’ils correspondent à un vrai besoin chez ceux qui mettent en œuvre sur les chantiers. La collection va s’enrichir de cinq nouveaux (1) cf Bâtimétiers n°3, p 73. CONSTRUCTION BOIS: LE LIMOUSIN S’ENGAGE POUR EN SAVOIR PLUS Contactez la FFB de votre département CHARPENTES 21 Nouvelle charte orientée «développement durable» rois ans après le lancement de Menuiseries 21, la FFB-CMP (1) a présenté Charpentes 21 à l’occasion de Batimat 2005. Cette charte comporte trois volets. Tout d’abord, la qualité technique: Socotec doit vérifier la conformité de l’entreprise avec une quinzaine de points (dimensionnement des charpentes, etc.). La deuxième partie porte sur l’aspect environnemental, à travers des engagements de progrès (recyclage des déchets de chantier…), dont la mise en œuvre est mesurée par des indicateurs. Enfin, la charte inclut l’évaluation des conditions de sécurité, qui doit être 8 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 © L; MERCIER/FFB T réalisée par l’OPPBTP (2). Pour les entreprises qui y adhèrent (14 ont entamé la démarche), Charpentes 21 apporte un surcroît de visibilité. Une plaquette est en cours de réalisation pour soutenir cette démarche. Sur le fond, cette charte répond à une attente du marché, en particulier de la part des collectivités qui intègrent de plus en plus la dimension du développement durable dans leurs projets de construction. (1) FFB-CMP: Fédération française du Bâtiment de charpente, menuiserie, parquets. (2) OPPBTP: Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics. Le Limousin a été la première région à signer, le 12 avril dernier, une Charte Bois Construction Environnement. Résultat d’une collaboration exemplaire entre le Conseil régional et la FFB Limousin, cette charte associe une trentaine de partenaires et traduit leur volonté de favoriser le développement du bois dans la construction, aussi bien pour les ouvrages publics que privés. Elle propose dans ce but de mettre en place des actions transversales déclinées par cibles (maîtres d’ouvrages publics et privés, maîtres d’œuvre, entreprises, établissements d’enseignement, grand public) dans les domaines de la communication, de la formation, de la recherche, de l’innovation et de la technologie. Parmi les actions en cours: le référencement de 30 entreprises limousines sur le site www.acteurboisconstruction.com. Une cinquantaine d’autres doivent les rejoindre d’ici l’été. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP (Fédération française du Bâtiment charpente, menuiserie, parquets), tél.: 01 40 55 14 70 G R A N D T É M O I N LA SÛRETÉ DOIT DEVENIR UN REFLEXE UN ENTRETIEN AVEC LE COMMISSAIRE ALAIN BEAUJARD Responsable du service information-sécurité à la préfecture de police de Paris, Alain Beaujard est le spécialiste français de la sûreté des grands équipements publics. Le «risque malveillance» sera de plus en plus pris en compte dans la démarche de conception-construction des bâtiments publics comme privés, sur fond de renforcement des contraintes réglementaires, explique-t-il, conseils à l’appui. Vous êtes le spécialiste français de la «prévention situationnelle». Quel est précisément le champ de cette discipline? Elle recouvre l’ensemble des moyens permettant de prévenir la malveillance sous toutes ses formes, depuis le vandalisme jusqu’au terrorisme en passant par les violences urbaines. Cet objectif de prévention implique d’aborder la question de la sûreté dès la conception d’un bâtiment – et même dès la réflexion préalable à un projet d’urbanisme. Il s’agit d’analyser tous les risques qu’un acte de malveillance est susceptible de générer pour un site et surtout pour ses occupants, puis d’élaborer à partir de cette analyse les solutions de mise en sécurité du site. A l’échelle de la collectivité, la prévention situationnelle fait partie intégrante des missions de l’Etat, garant de 10 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 l’ordre public et de la sécurité des populations. Cette mission a pris une dimension nouvelle avec le développement du terrorisme, en particulier depuis le 11 septembre 2001. La prévention situationnelle s’est fortement développée ces dernières années aux Etats-Unis – où cette discipline est née il y a environ vingt ans – et la plupart des pays intègrent aujourd’hui ces problématiques dans leurs politiques de sécurité publique. Quel est précisément le rôle du service information-sécurité que vous dirigez au sein de la préfecture de police de Paris? Le cœur de notre mission, c’est de contribuer à la sûreté des bâtiments publics situés dans la capitale. Nous intervenons en particulier dans le cadre des nouveaux projets – comme nous l’avons fait récemment, par exemple, pour le musée du quai Branly, ou pour le projet de village olympique dans le XVIIe arrondissement. Notre rôle est d’élaborer la typologie de toutes les attaques dont une cible – c’est-à-dire un bâtiment dans 90 % des cas – peut être l’objet, et de conseiller les maîtres d’ouvrage publics sur les moyens de les prévenir. Depuis la création de notre service en 1982, nous avons réalisé ainsi plus de 700 études techniques sur des bâtiments publics. Dans le prolongement de cette mission, nous participons aussi aux travaux de normalisation en matière de sûreté des bâtiments, notamment au sein du Comité européen de normalisation. L’Europe a beaucoup avancé dans ce domaine au cours des dernières années, avec l’adoption de normes et de spécifications techniques concernant en particulier les écoles, les stations-service, la protec- tion contre les véhicules béliers, les équipements de transport public. Enfin – et nous rejoignons ici le terrain des entreprises de Bâtiment –, notre rôle est de contribuer à la diffusion d’une culture de la sûreté auprès des divers acteurs du secteur de la construction. Nous préparons ainsi un guide méthodologique à destination des maîtres d’ouvrages publics et privés, afin de les sensibiliser à ces enjeux. Quel message adressez-vous en particulier aux entrepreneurs du Bâtiment? Je voudrais tout d’abord leur dire qu’ils doivent se familiariser avec la notion de sûreté, car elle va prendre de plus en plus d’importance dans la conception et la réalisation des bâtiments. Certes, aujourd’hui, ce sont surtout les grands projets publics qui sont concernés. Mais demain, de nombreux types de bâtiments – immeubles de bureaux, équipements collectifs, bâtiments résidentiels… – le seront aussi. L’évolution de la normalisation européenne va clairement dans ce sens. Elle se traduira demain par des procédures et obligations qui influenceront les façons de construire. Je fais souvent la comparaison avec la prévention incendie: on s’achemine aujourd’hui vers un traitement du risque malveillance comparable, par sa méthodologie et son niveau de précision, au traitement du risque incendie. Comment mettre en pratique cette approche du risque malveillance ? En intégrant peu à peu le réflexe sûreté dans les différents gestes de construction. Par exemple: veiller à installer une caméra de vidéosurveillance hors de portée de la main humaine, mettre les câbles principaux sous goulottes blindées, installer les bouches d’air extérieures à des endroits inaccessibles, savoir quand et comment placer des barreaux, arasés ou non au niveau de la croisée… A un niveau plus sophistiqué, on va voir se développer des équipements comme les systèmes d’arrêt automatique ou d’inversion des centrales d’air (risque chimique), les contrôles d’accès par biométrie (reconnaissance humaine) notamment pour les ascenseurs, les vitrages spéciaux, la vidéosurveillance avec analyse des images (pour identifier des situations anormales)… Au plan de la conception, on peut imaginer aussi qu’un nombre croissant de bâtiments seront construits en plaçant les fonctions essentielles dans une platine centrale, mieux protégée, ou que l’architecture intérieure d’immeubles d’entreprises sera conçue de manière à sécuriser les pièces les plus stratégiques. Commissaire divisionnaire au cabinet du préfet de police de Paris, Alain Beaujard y dirige le service information-sécurité. Entré dans l’administration en 1974, après avoir débuté sa carrière à l’Unesco et à Air France, il a travaillé durant neuf ans à la direction de la Police judiciaire, en exerçant diverses responsabilités opérationnelles à Paris (commissariat de la Goutte d’or, brigade territoriale Pigalle-Clichy, commissariat de police judiciaire du 13e arrondissement, brigade de protection des mineurs) et en Ile-de-France (chef-adjoint de la brigade territoriale de Seine-Saint-Denis), avant de créer en 1982 le service information-sécurité. © V. LELOUP Quel rôle imaginez-vous pour la FFB dans cette démarche ? Nous travaillons déjà ensemble depuis de nombreuses années. Les réflexions de la FFB ont nourri notamment les travaux de normalisation européens, et contribué à faire valoir la vision française – ce qui est essentiel si l’on veut que les procédés et produits issus des normes en cours d’élaboration soient pleinement adaptés à nos méthodes et pratiques de construction. Aujourd’hui, avec la montée en puissance des préoccupations et des spécifications réglementaires liées à la sûreté, la FFB a un rôle majeur à jouer : elle est la mieux placée pour sensibiliser et accompagner les entreprises sur ce terrain, notamment en développant des outils d’analyse des risques et des supports opérationnels qui guident les professionnels dans l’appropriation de la démarche et des bonnes pratiques de sûreté. 쐍 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 11 DOSSIER QUALIFICATION CERTIFICATION Les chemins de la qualité Être un bon professionnel du Bâtiment est indispensable, mais peut-être pas suffisant pour réussir aujourd’hui. Il faut aussi pouvoir le justifier vis-à-vis des maîtres d’ouvrage, des maîtres d’œuvre, des clients finaux. Qualification, certification, marque NF Service Bâtiment… Les entreprises ont à leur disposition différents outils pour attester de leurs compétences mais aussi pour améliorer leur organisation – et donc leur productivité et la satisfaction de leurs clients. C omment identifier les savoir-faire d’entreprises que l’on ne connaît pas? Comment déterminer celles qui seront aptes à rendre les services qu’on attend d’elles? Les maîtres d’œuvre chargés de la reconstruction du pays après la Seconde Guerre mondiale étaient déjà confrontés à ce problème. Ils ont trouvé la solution en créant en 1949 l’organisme Qualibat et la marque de qualification correspondante – prolongée à partir de 1955 par Qualifelec dans le domaine électrique. De nos jours, la multiplication des entreprises du Bâtiment et leur capacité à intervenir sur l’ensemble du territoire rend la qualification d’autant JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 13 DOSSIER QUALIFICATION ET CERTIFICATION plus utile. La qualification s’affirme comme le repère dont le marché a besoin, par le sérieux de ses critères d’attribution et l’impartialité de l’organisme habilité à la délivrer: l’association Qualibat, qui réunit des représentants des acteurs de la construction – architectes, entreprises, organismes publics, maîtres d’ouvrage, désignés dans le respect de l’équilibre paritaire, sous la présidence d’un haut fonctionnaire de l’Etat. Qualibat est devenu une référence incontournable. Sa notoriété s’appuie sur le logo en forme de pyramide, sur des actions de communication récurrentes et sur le site www.qualibat.com, où sont répertoriées toutes les entreprises qualifiées. Une qualification, pour quoi faire? Etre qualifié, c’est apporter la preuve, via un organisme indépendant, que l’on maîtrise un savoir-faire. C’est un moyen de le faire savoir aux maîtres d’ouvrage et de créer avec eux des relations de confiance souvent synonymes d’activité récurrente. La qualification est reconnue par les différents intervenants du secteur de la construction, comme le montrent les exemples des nombreux syndics qui en ont fait un critère de sélection, et des assureurs qui consentent des tarifs préférentiels aux entreprises qualifiées (voir encadrés). Etre qualifié, c’est décider d’être transparent pour son client, de jouer «cartes sur table» en lui apportant la preuve qu’on est à jour, administrativement, fiscalement, que l’on est au point techniquement. La qualification, en sanctionnant une compétence professionnelle, s’adresse de manière équitable à tous les «candidats» : on voit par exemple des petites entreprises qualifiées pour 14 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 des savoir-faire spécialisés, voire très pointus, tandis que de plus grandes structures le sont dans des domaines plus courants. Il existe plus de 400 référentiels de qualification Qualibat, réunis dans une nomenclature qui évolue pour s’adapter aux mutations des métiers. Qualifelec attribue de son côté une trentaine de qualifications divisées en cinq spécialités – électrotechnique, électrothermie, antenne, éclairage public, courants faibles – auxquelles viendra s’ajouter une sixième (maintenance courants forts) en juin 2006. Début 2006, on comptait en France 35500 entreprises qualifiées Qualibat, et 8000 qualifiées Qualifelec. Qualification, mode d’emploi La qualification est attribuée par une commission Qualibat après examen d’un dossier en trois volets : administratif (existence juridique de l’entreprise, assurance en cours de validité, respect LE POINT DE VUE DE L’ENTREPRENEUR «Une démarche naturelle» BENOÎT LOISON, PRÉSIDENT DE LA SAS LOISON, À ARMENTIÈRES (NORD) N otre entreprise de métallerie, qui emploie 200 personnes, est qualifiée depuis de nombreuses années en charpente métallique, en métallerie de technicité supérieure et en fabrication et pose de menuiserie aluminium et acier. Pour moi, il s’agit avant tout d’une reconnaissance officielle de notre savoir-faire et de notre niveau de compétence technique, qui nous permet de répondre aux appels d’offres et d’accéder à un certain nombre de marchés publics et privés. Nous sommes engagés aujourd’hui auprès de Certibat dans une démarche de triple certification – qualité, sécurité et environnement. Il s’agit pour nous d’un investissement sur l’avenir, car nous pensons que ce genre de démarche sera un jour obligatoire. La certification permet aussi de définir un projet d’entreprise : à travers la mise à niveau et la formation des personnels, tout le monde progresse et prend sa part de responsabilité dans la marche de l’entreprise. La qualité ne doit pas être une préoccupation ponctuelle, elle doit accompagner la vie de l’entreprise au jour le jour, et devenir une démarche naturelle. des obligations sociales et fiscales), financier (chiffre d’affaires), et technique – ce troisième volet attestant de la compétence en termes de métier, à travers une description des moyens en matériel et personnel, une liste des chantiers réalisés et un compte rendu de trois chantiers de référence comportant un avis des maîtres d’œuvre. Les commissions d’attribution se réunissent au niveau soit départemental (pour attribuer des qualifications de technicité courante), soit régional (pour les qualifications plus complexes), soit national (pour les qualifications de technicité supérieure ou exceptionnelle). La qualification est attribuée actuellement pour une durée de cinq ans, avec un contrôle annuel sur le volet administratif du dossier; à l’issue des cinq ans, un dossier complet doit être reconduit. La qualification peut être attribuée à titre probatoire, pendant deux ans, pour les entreprises qui sont en cours de création et peuvent justifier d’une expérience et d’un encadrement technique. Le fonctionnement de Qualifelec, organisme de qualification dédié au secteur de l’installation électrique, est voisin de celui de Qualibat, à deux variantes près: les attributions sont centralisées par une commission nationale unique (les dossiers étant examinés préalablement par une commission régionale); les dossiers de candidatures ne requièrent pas CARTE D’IDENTIFICATION BÂTIMENT : UN PREMIER PAS VERS LA QUALIFICATION Pascal Lodé dirige l’entreprise de carrelage Lodé à Pouliguen (Loire-Atlantique), qui emploie dix compagnons. Il voit dans la qualification le moyen de faire reconnaître le sérieux de son entreprise : « Je suis un défenseur des règles de l’art, exigeant sur la qualité avec mes compagnons. Je suis satisfait quand nous n’avons pas à intervenir en service après-vente, et quand nous avons un retour positif de nos clients. » Mais, dans l’impossibilité immédiate de constituer l’ensemble du dossier de qualification, il a demandé à bénéficier de la Carte d’Identification Bâtiment, octroyée par Qualibat pour une durée de quatre ans. Il a dû pour cela fournir les pièces administratives justifiant de son activité et s’engager à obtenir la qualification dans ce délai. « Nous prenons maintenant des photos de nos chantiers, et nous complétons notre dossier avec des comptes rendus de maîtres d’ouvrage et d’architectes », ajoute-t-il. A quand la qualification ? « Le plus tôt sera le mieux. » de volet financier mais, pour évaluer les capacités d’exécution des entreprises, Qualifelec les classifie selon leur effectif. La qualification est attribuée pour une durée de quatre ans, avec une révision du volet administratif du dossier tous les deux ans. Être qualifié, c’est apporter la preuve, via un organisme indépendant, que l’on maîtrise un savoir-faire. LE POINT DE VUE DE L’ARCHITECTE «Les entreprises que nous faisons travailler sont toutes qualifiées» PATRICK VACHER, CABINET NMP VACHER & ASSOCIÉS, COURBEVOIE (HAUTS-DE-SEINE) N otre cabinet d’architecture travaille essentiellement dans les secteurs de la santé, du logement et des équipements publics. Pour les programmes que nous réalisons, qui sont en général importants, nous ne faisons travailler que des entreprises qualifiées ou certifiées. Dans nos appels d’offres, les qualifications que nous demandons sont spécifiées, ce qui écarte les entreprises non qualifiées. Mais il nous arrive d’inciter certaines d’entre elles à à entreprendre la démarche, si elles souhaitent par la suite travailler avec nous. Les entreprises générales avec qui nous contractons emploient elles aussi des entreprises qualifiées, ce qui fait que nous sommes réunis par une exigence commune. En tant qu’architectes, nous avons un devoir de conseil envers notre client maître d’ouvrage, qui nous pousse à aller vers les entreprises qui offrent le plus de garanties : la qualification et la certification sont pour nous le signe d’entreprises en quête de qualité – notamment en ce qui concerne le respect des délais et des coûts – et sur lesquelles nous pouvons compter. Déjà proches, les fonctionnements de Qualibat et Qualifelec vont converger encore avec l’entrée en vigueur de la nouvelle norme NF X50-091, qui définit les conditions de fonctionnement des organismes de qualification: une opportunité pour accroître la confiance des utilisateurs. Les qualifications Qualibat seront attribuées pour quatre ans et non plus cinq, on stipulera dorénavant leur date de validité sur les certificats remis aux entreprises, et la révision des qualifications Qualifelec ne sera plus biennale mais annuelle. Cette norme permettra aux organismes de qualification d’être accrédités par le Cofrac (Comité français d’accréditation) sur la base de ce référentiel commun. Certification : être mieux organisé, et donc plus rentable Optimiser son organisation et donc sa rentabilité, pérenniser son activité par la maîtrise des risques… Voilà des objectifs tournés non seulement vers le client à la recherche de qualité, mais aussi vers le fonctionnement interne de l’entreprise. On entre ici dans le domaine de la certification du «système de management de la qualité », notamment selon la norme ISO 9001 version 2000. Les entreprises du Bâtiment (mais aussi de toute la filière construction) peuvent aujourd’hui se faire certifier non seulement dans le domaine de la qualité (normes ISO 9001), mais aussi de l’environnement (ISO 14001) et JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 15 DOSSIER QUALIFICATION ET CERTIFICATION Les étapes de la qualité LA QUALIFICATION OS SA TU RE Doss r de candidie ature CIB d'Identi Carte ficati Bâtimeon nt La Carte d'Identification Bâtiment est une opportunité d'accéder progressivement à la qualification. Obtenue en remplissant l’équivalent du volet administratif du dossier de qualification, elle doit être transformée en qualification dans un délai maximum de 4 ans. ila tio n Ve nt Gr de ille alu vent pe ila rfo tion rée So urce: DE SM UR S EX TÉ RIEU RS m So copa BA 13 2 VOLET TECHNIQUE VOLET ADMINISTRATIF ET FINANCIER 1 Carte d'Identification Bâtiment CT BH 10 Pa re plu Os ei Iso satu lan re t 10 97 0m ge 23/4 m 0 tta VOLET TECHNIQUE VOLET ADMINISTRATIF QUALIFIC ATION QUALIFIC ATION La Ba ho rdag riz e on 22 tal m Cette première partie du dossier de qualification rassemble les informations générales sur l'entreprise (extrait K bis, inscription au RM, CV du responsable légal, effectif, moyens matériels et locaux…) et permet de démontrer qu'elle est en règle de ses obligations (assurance en cours de validité, DADS, affiliation à la Caisse des Congés Payés…) Cette seconde partie du dossier de qualification atteste des compétences de l'entreprise. Elle contient notamment une liste des chantiers et un compterendu de trois chantiers de référence avec attestation du maître d'ouvrage, du maître d'œuvre ou du bureau de contrôle. EXAMEN PAR LA COMMISSION La commission, composée paritairement de représentants des acteurs de la construction (entreprises, maîtres d’ouvrage, architectes, bureaux d'études...) se réunit pour examiner le dossier présenté. 3 ATTRIBUTION DE LA QUALIFICATION QUALIBAT LA CERTIFICATION 1 2 4 ENGAGEME NT QUALIT Les e É La commission départementale, régionale ou nationale - en fonction du degré de spécialisation du domaine - attribue ou non la qualification pour une durée de 5 ans après examen du dossier fourni. La qualification peut être attribuée à titre probatoire pour une durée de 2 ans aux entreprises en cours de création pouvant justifier d'une expérience antérieure et d'un encadrement technique. QUALIFELEC La commission nationale attribue ou non la qualification pour une durée de 4 ans après examen du dossier fourni. La qualification peut être attribuée à titre probatoire pour une durée d'un an aux entreprises en activité depuis moins d'un an et ne pouvant fournir les références justifiant de leurs compétences professionnelles. MAITRISE QUALITÉ Les entrep rises titula ires qualificatio n peuvent s d'une 'engager dans un se cond nivea u de certificatio n, la Maîtri se Qualité. Délivrée pa r Qu des chapitre alibat, elle intègre s supplém entaires de la norm e ISO 9001 (pour celle qui sont qu s alifi ce second n ées par Qualifelec, iveau est a ppelé Manageme nt). ISO 9001 ATTRIBUTION DE LA QUALIFICATION ntreprises titulaires qualificatio n peuvent s d'une 'engager dans un pre mier nivea u de certificatio n, l'Engage ment Qualité. Dé livré par Qu alibat, il comporte ce rtains chap itres de la norm e IS qui sont qu O 9001 (pour celles alifiées par Qualifelec, ce premier niveau est appelé Satisfactio n du client) . La certifica tion de la qualité du système de manag eme selon la norm à l'issue d'u e ISO 9001 s nt n audit réali 'obtient sé dans l'en par un orga treprise nisme certif icateur. Les peuvent s'a en dresser à d es organism treprises généraliste es s (Afaq-Afn or Certifica ou à l'organ tion, BV ism professionn e qui est né de la volon QI…) té des els du secte ur : Certiba t. NFSERVICE BÂTIMENT Cette marque, dont le secrétariat technique est assuré par Qualibat, permet aux entreprises du Bâtiment de faire certifier leur service - accueil du client, prise de rendez-vous, fourniture d'un devis dans le respect des délais… - à l'issue d'un audit. C'est un moyen d'améliorer la satisfaction des clients. NF SERVICE BÂTIMENT: UN OUTIL DE SATISFACTION Les entreprises peuvent aujourd’hui faire certifier la qualité de leur service grâce à la marque NF Service Bâtiment, qui s’adresse aux marchés privés. Cette marque, dont le secrétariat technique est assuré par Qualibat, s’obtient après la mise en place dans l’entreprise des exigences de la norme NF P 03-700 – accueil du client, prise de rendezvous, fourniture d’un devis dans le respect des délais, réalisation des travaux dans le respect du lieu et de ses occupants... – validée par un audit. C’est un outil qui permet de progresser dans plusieurs domaines : amélioration de la satisfaction des clients et de la réputation de l’entreprise. de la sécurité (OSHAS 18001). A l’arrivée des normes ISO en France en 1994, Qualibat a souhaité proposer aux entreprises du Bâtiment déjà qualifiées des outils de certification qui leur soient adaptés: les modules d’«Engagement qualité» et de «Maîtrise qualité» ont été créés, comportant chacun une partie des exigences de la norme ISO 9001. Mais le rôle d’accompagnement et de conseil joué dans ce cadre par Qualibat est incompatible avec le statut d’organisme certificateur, ce qui a motivé la création de Certibat. Créé en 2003 et dédié au secteur du Bâtiment, Certibat complète l’éventail d’organismes certificateurs déjà existants (Afaq-Afnor Certification, BVQI…). La démarche de certification se décompose en trois grandes étapes : mise en place par l’entreprise (avec l’aide éventuelle d’un consultant) d’un système de management de la qualité adapté à ses besoins; audit de ce système par l’organisme certificateur ; attribution de la certification, JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 17 DOSSIER QUALIFICATION ET CERTIFICATION LE POINT DE VUE DU SYNDIC «Une protection contre certains risques» ANTHONY CARLE, PRÉSIDENT DU CABINET ATRIUM GESTION, PARIS 8E N ous avons décidé de fidéliser nos fournisseurs par la signature d’une charte de partenariat baptisée Edelweiss. Dans le cadre de cette charte, nous leur demandons de nous fournir notamment chaque année leurs qualifications professionnelles. La qualification Qualibat est pour nous un moyen de connaître précisément les compétences de l’entreprise, et de nous prémunir contre certains risques: il arrive que des administrateurs de biens soient condamnés pour travail dissimulé, ou que leur assurance ne garantisse pas un sinistre s’il s’avère que l’entreprise responsable n’était pas qualifiée pour les travaux demandés. La qualification permet d’écarter ce genre de mésaventure. Nous privilégions aussi les entreprises certifiées, car elles se montrent souvent plus performantes dans la fourniture des devis, le respect des délais et la facturation, ce qui nous permet une gestion plus rigoureuse. Notre cabinet est d’ailleurs lui aussi certifié. LE POINT DE VUE DE L’ASSUREUR «Nos tarifs prennent en compte la qualification des entreprises» EMMANUEL EDOU, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SMABTP L ’assureur a un rôle à jouer pour favoriser la prise en compte de la qualité par tous les acteurs et à tous les stades de la construction. C’est pourquoi nos principaux contrats d’assurance (responsabilité décennale des entreprises et des maîtres d’œuvre) prennent en compte depuis de nombreuses années, dans leurs grilles tarifaires, les qualifications professionnelles délivrées par des organismes tels que Qualibat ou Qualifelec, qui sont pour nous la base de la qualité. A la SMABTP, qui est le leader dans le domaine de l’assurance construction en France, le tarif de base est un tarif applicable aux entreprises qualifiées, qui représentent d’ailleurs la majorité de nos sociétaires. Si une entreprise n’est pas qualifiée pour l’activité à assurer, elle se verra appliquer une surprime de l’ordre de 25 % par rapport au tarif «qualifié» correspondant. La certification, quant à elle, n’influe pas pour le moment sur nos tarifs, car son impact reste difficilement mesurable. Mais c’est une démarche que nous encourageons et qui peut influer dans notre décision d’assurer ou non tel maître d’ouvrage ou telle entreprise. La SMABTP est convaincue que la valorisation et la promotion des acteurs compétents permettront d’améliorer la qualité des ouvrages et de diminuer la sinistralité, pour le plus grand profit du client final. 18 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 Être certifié, c’est optimiser son organisation et sa rentabilité, réduire les malfaçons et pérenniser son activité. assortie d’éventuelles réserves à corriger par l’entreprise candidate. Il est important de considérer que l’audit est avant tout un outil de progrès, un regard extérieur porté sur l’entreprise pour améliorer ses pratiques. Un regard régulièrement renouvelé: la certification est attribuée pour une durée de trois ans, avec audit annuel (tous les 18 mois pour les paliers « Engagement » et «Maîtrise de la qualité»). Au total, 1000 entreprises de bâtiment sont aujourd’hui certifiées Qualibat, dont les deux tiers au niveau «Engagement qualité». Par ailleurs, 300 sont certifiées ISO 9001. Si elle a un coût, la certification est surtout un outil au service de l’entreprise. Il ne s’agit pas d’un lourd processus administratif car, pour être pertinent, le système de management de la qualité doit être bâti en réponse aux besoins de chaque entreprise. En identifiant les risques liés à son activité, et les pratiques propres à les prévenir, l’entreprise est mieux organisée et réduit d’autant les malfaçons, oublis et négligences qui génèrent de la non qualité et au final coûtent cher. La qualification, en permettant à l’entreprise d’apporter la preuve de sa compétence, et la certification, qui lui permet d’améliorer son fonctionnement, sont bien deux démarches complémentaires en faveur de la qualité. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS Qualibat, tél.: 01 47 04 26 01 www.qualibat.com Qualifelec, tél.: 01 53 06 65 20 www.qualifelec.fr Certibat, tél.: 01 53 09 14 99 Afaq Afnor Certification, tél.: 01 41 62 80 00 - www.afnor.fr BVQI , tél.: 01 41 97 00 60 www.bvqi.fr GROS ŒUVRE/STRUCTURE PONTSTHERMIQUESL’ISO PARL’INTÉRIEURATTEINT Le renforcement des exigences réglementaires impose aux professionnels du gros œuvre d’améliorer les performances thermiques du bâti. La réponse passe notamment par le traitement des ponts thermiques des planchers et dallages. Tour d’horizon des procédés disponibles sur le marché. 20 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 d’un changement local de l’épaisseur de matériau ou d’une liaison entre parois, ou encore en raison d’une conjonction de ces différents facteurs. On parlera ici de ponts thermiques ou déperditions linéiques, exprimées par le coefficient en W/m.K (par opposition aux déperditions surfaciques qui sont liées aux murs, planchers, dallages et baies). Le cas le plus courant de pont thermique est créé par la liaison d’un plancher (ou d’un refend) avec un mur extérieur, en cas d’isolation thermique par l’intérieur (voir schéma p. 21). DE KYOTO À LA RT 2005 Avec la signature du protocole de Kyoto en 1994, les États signataires (dont la France) se sont engagés à réduire par paliers suc- © SCHÖCK L es préoccupations liées aux performances thermiques du bâti ont pris corps dans les années 1970 avec les politiques d’économies d’énergie, sur fond de crise pétrolière. On a cru alors trouver la parade avec l’isolation thermique par l’intérieur, grâce à un isolant posé derrière une contre-cloison, puis des complexes de doublage plaque de plâtre plus isolants. On a en fait donné naissance aux ponts thermiques. De quoi s’agit-il? Le pont thermique désigne une partie de l’enveloppe d’un bâtiment où la résistance thermique, par ailleurs uniforme, est affaiblie, à cause de la pénétration de l’enveloppe par des matériaux à conductivité thermique différente, © KP1 1 3 LATION SES LIMITES INTERIEUR EXTERIEUR QU’EST-CE QU’UN PONT THERMIQUE Pont thermique PERTE DE CHALEUR 2 © RECTOR Pont thermique cessifs leurs émissions de gaz à effet de serre, considérés comme un facteur du réchauffement climatique. Les déperditions thermiques des bâtiments faisaient partie des points concernés par ce texte. À la suite d’une directive européenne, la réglementation thermique 2000 (RT 2000) est entrée en vigueur. Une première mouture rapidement renforcée par la RT 2005, qui durcit les exigences d’environ 15 %. La publication de l’arrêté correspondant est attendue mi-2006. Elle sera applicable pour tous les permis de construire à compter du 1er septembre 2006. Et les choses n’en resteront pas là: un nouveau renforcement des exigences © WIENERBERGER 1 et 2 LES RUPTEURS THERMIQUES INDUSTRIELS permettent de limiter significativement les déperditions thermiques qui se manifestent en about de plancher. Les solutions présentées ici s’appliquent à la maison individuelle, qu’elles soient en bloc béton ou en terre cuite. 4 3 POUR LES DALLES BÉTON avec ou sans balcon, le rupteur est noyé dans le béton et sa partie isolante est en continuité avec l’isolation qui se situe au-dessus et en dessous de la dalle, dans le cas d’isolation thermique par l’intérieur. 4 IL EXISTE TROIS TYPES D’ISOLATION THERMIQUE: par l’intérieur (ITI); par l’extérieur (ITE); répartie (ITR). Cette dernière ne nécessite pas d’isolant complémentaire. est prévu à l’horizon 2008, avant l’arrivée de la RT 2010 qui ira encore plus loin. Enfin, signalons aussi l’entrée en vigueur des diagnostics de performance énergétique, obligatoires pour la cession d’un bien immobilier à partir du 1er juillet 2006. Dans ce contexte, le traitement des ponts thermiques devient un enjeu majeur. De fait, ils représentent à eux seuls 20 % des déperditions thermiques d’une maison d’habitation. PLUSIEURS PROCÉDÉS DE LUTTE Les procédés de lutte contre les ponts thermiques ne visent pas à les éradiquer, mais à les contenir dans certaines limites; dans l’état actuel de la réglementation, la valeur garde-fou a été fixée à = 0,65 W/m.K. La réduction de ces phénomènes joue aussi un rôle positif contre les pathologies du bâti, notamment du béton. À l’intérieur, cela signifie la suppression des points froids, et par là-même la suppression sur les plafonds des « fantômes », condensations, voire moisissures. Côté extérieur, on se débarrasse aussi des « fantômes » sur les enduits et des fissurations. Avant de présenter les solutions permettant de traiter les ponts thermiques, il est nécessaire de rappeler qu’il existe trois types d’isolation pour les murs: tout d’abord la plus courante en France, l’isolation thermique par l’intérieur (ITI); en second lieu l’isolation thermique répartie (ITR), de type monomur; enfin, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE), largement utilisée pour la rénovation des grands ensembles. Les différents procédés présentés ici sont classés selon leur fréquence d’emploi sur le marché, 왘 왘 왘 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 21 GROS ŒUVRE/STRUCTURE 왘왘왘 du plus au moins courant. Dès maintenant, une question se pose: quelles seront les exigences de la RT 2010, et comment y faire face ? Devant le renforcement attendu des exigences, le mur français avec isolation thermique par l’intérieur, bien qu’il soit aujourd’hui dominant, est aussi le procédé le moins performant. Attention cependant : le traitement des ponts thermiques est nécessaire, mais il n’est pas suffisant pour se mettre en conformité avec la RT 2005. Il faut pour cela que tous les garde-fous soient respectés, et que la consommation en énergie primaire du bâtiment LES SOLUTIONS D’ISOLATION THERMIQUE PAR L’INTÉRIEUR La solution «a minima» destinée au système poutrelles et hourdis (schéma 1). Ce procédé consiste à disposer un tiers d’entrevous de polystyrène en rive, mais pas en about. Cette solution peut être qualifiée d’«a minima», dans la mesure où elle permet d’obtenir un moyen de 0,54 W/m.K, et qu’elle est une alternative à l’utilisation de rupteurs industriels, certes plus performants, mais plus coûteux ! Les rupteurs thermiques industriels (schéma 2). Ce sont des solutions très performantes, en particulier pour les planchers en béton et les immeubles collectifs entièrement en béton. Appliqués en périphérie du plancher, ces produits en polystyrène moulé s’intercalent entre la poutrelle et la maçonnerie, en rive et en about, avant le coulage du béton. Ils permettent d’obtenir des remarquables, qui s’échelonnent de 0,28 à 0,11 W/m.K. Attention toutefois à bien prendre en compte le surcoût de construction lié à ces «isorupteurs » ou autres « thermorupteurs » ; il peut se révéler important. Les prédalles (schéma 3). Ce procédé, adapté aux logements collectifs ou individuels, consiste à 22 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 (Cep) soit inférieure à la consommation dite de référence (Cefréf) indiquée dans la réglementation. Seule une étude thermique peut le confirmer. Le maître d’ouvrage est tenu de la fournir au plus tard à l’achèvement des travaux. Le bon sens commande cependant de la réaliser avant qu’ils soient entamés, afin de pouvoir y inclure, en plus du traitement des ponts thermiques, celui des autres causes de déperdition de chaleur. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB, Union de la Maçonnerie et du Gros œuvre, tél.: 01 40 69 51 59 1 SOLUTION «A MINIMA» mettre en œuvre des prédalles de fabrication industrielle équipées en usine de dispositifs brevetés – des sortes de boîtes – destinés à recevoir sur le chantier des éléments isolants. Ces derniers, d’une hauteur égale à l’épaisseur de la dalle de compression, et disposés en continuité de l’isolation intérieure, permettent d’obtenir une rupture efficace des ponts thermiques, et un cœfficient qui varie entre 0,63 et 0,54 W/m.K. Suite p. 24 2 RUPTEUR THERMIQUE INDUSTRIEL 왘왘왘 PONTS THERMIQUES ET DALLAGES Sur la question des ponts thermiques liés aux dallages, deux cas de figure peuvent se présenter. Les dallages désolidarisés ne posent pas de problème s’ils sont conformes au DTU 13.3. On pourra alors traiter le pont thermique avec un isolant en bêche qui va assurer la continuité thermique avec l’isolation intérieure. En revanche, les dallages solidarisés exigent le coulage d’une chape désolidarisée qui fait office d’isolant périphérique. 3 SUR UN PLANCHER AVEC PREDALLE LE RUPTEUR NOYÉ DANS LE BETON PRÉDALLE 3 EST GROS ŒUVRE/STRUCTURE LES SOLUTIONS D’ISOLATION THERMIQUE RÉPARTIE OU PAR L’EXTÉRIEUR Le Monomur (isolation thermique répartie: schéma 4). Ce procédé, qui fait appel à une maçonnerie à joints minces en terre cuite ou en béton cellulaire, se révèle particulièrement performant dans le traitement des ponts thermiques. Les monomurs de forte épaisseur permettent d’obtenir des coefficients compris entre 0,2 et 0,1 W/m.K (par exemple, un mur de 37,5 cm d’épaisseur + isolant d’about de dalle de 7 cm permet d’obtenir un de 0,14 W/m.K). PSE (polystyrène expansé) ou laine en isolation thermique extérieure (schéma 5). Ce procédé, qui consiste à envelopper le bâtiment par l’extérieur avec une couche de matériau à base de polystyrène ou de laine, est le plus performant du marché. Avec un inférieur à 0,1 W/m.K, il supprime presque totalement les ponts thermiques. Aujourd’hui peu utilisé en France, contrairement à la pratique d’autres pays européens, il devrait s’imposer à l’avenir et doit être dès aujourd’hui privilégié, en particulier en réhabilitation. 쐍 44 EXEMPLE DE MONOMUR (ISOLATION THERMIQUE RÉPARTIE) MONOMUR (ISOLATION THERMIQUE RÉPARTIE) © UMGO-FFB 왘왘왘 QU’ELLE SOIT EN TERRE CUITE OU EN BÉTON CELLULAIRE, l’isolation thermique répartie est particulièrement performante. «LE MONOMUR EST SAIN ET PERFORMANT TECHNIQUEMENT» Interview de Béatrice Brégère, entreprise de maçonnerie Bernard Bruno à Meursault (Côte d’Or) Vous utilisez la technique du monomur. Pour quelles raisons? La terre cuite ou la pierre permettent les échanges thermiques avec l’extérieur, d’où un air qui est très sain à l’intérieur de l’habitat. Dans notre région, où nous intervenons notamment sur des bâtiments viticoles, et dans la rénovation de patrimoine ancien, nos clients sont sensibles à cet aspect naturel. La seule difficulté est de les convaincre de l’intérêt du surcoût lié à ces techniques. 55 PSE LAINE EN ISOLATION THERMIQUE EXTÉRIEURE PSEOUOU LAINE EN ISOLATION THERMIQUE EXTÉRIEURE Le monomur est aussi très performant sur le plan de l’isolation thermique… Nous obtenons en effet une très bonne isolation surfacique avec un monomur d’au moins 37,5 cm d’épaisseur, sans avoir besoin d’ajouter un isolant intérieur. Un simple enduit suffit, un corps d’enduit à la chaux étant appliqué à l’extérieur. En ce qui concerne les ponts thermiques, on obtient un coefficient de 0,3 à 0,15 W/m.K, selon le type de monomur et la présence ou non d’un isolant en about. Comment vous situez-vous par rapport aux futures RT 2005 et RT 2010? Nos performances actuelles en matière de lutte contre les ponts thermiques sont largement au-delà de celles exigées par la RT 2005, dont le seuil maximum est 0,65W/m.K, mais nous savons qu’il faudra s’améliorer pour répondre aux futures réglementations. Nous pensons que les solutions viendront aussi des industriels. 24 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 DÉMOLITION Un métier en profonde mutation Réglementation plus astreignante et nouveaux matériels transforment profondément les métiers de la démolition. Les techniques de déconstruction et de grignotage permettent de faire face à de nouvelles exigences en matière de tri et de recyclage. D émolir de façon technique, réfléchie, sélective. Dans cette optique, on a vu apparaître ces dernières années des matériels nouveaux adaptés aux différents types d’intervention. Ainsi, pour répondre aux impératifs de la réhabilitation, un marché en développement, les professionnels disposent désormais de mini-engins (minipelles, mini-chargeuses…), d’un poids variant de 800 kg à 7t, équipés de pinces à béton, de cisailles à ferraille ou de pinces à trier. Ils permettent d’accompagner une démolition manuelle, en tra- © PLASSNET que des pinces ouvrant à plus de 2 m, qui peuvent opérer jusqu’aux fondations. vaillant à l’intérieur des bâtiments que l’on veut remettre à neuf tout en conservant leur structure. Les engins d’abattage mécanisé ont eux aussi fait de gros progrès : les démolisseurs peuvent faire appel à une large gamme de pelles hydrauliques équipées de divers outils: pince à béton, cisaille à ferraille, broyeur à béton… Les modèles courants ont des bras de 10 à 25 m de longueur. Les plus performants atteignent jusqu’à 60 m, pour pouvoir travailler sur les immeubles de grande hauteur. Signalons aussi le développement des brise-roches hydrauliques ainsi DÉCONSTRUIRE POUR RECYCLER Si l’on excepte la technique de l’explosif (réservée à la démolition de grands ouvrages), la démolition s’apparente de plus en plus à de la déconstruction ou du grignotage. «Aujourd’hui, il n’est pas intéressant de faire tomber des morceaux entiers de bâtiments, qui génèrent un amas de déchets difficile à gérer», explique Daniel Prigent, P-DG de Plassnet, une entreprise de démolition implantée à Pontault-Combault (Seineet-Marne). «Pour réaliser une évacuation des déchets efficace, il est beaucoup plus rentable de les découper en tronçons de dimensions adaptées au transport vers les sites de recyclage.» Les débris une fois à terre, de nouveaux outils comme les pinces à tri ou les électroaimants permettent de réaliser un tri efficace des différents matériaux de construction, notamment le béton et les métaux. La gestion des déchets de démolition – inertes, DIB ou DIS (dangereux : amiante, etc.), ces derniers restant propriété inaliénable du maître d’ouvrage – conduit les entreprises de démolition à fournir la traçabilité des déchets par catégorie. De même, pour les déchets inertes, il est recommandé de fournir des bordereaux de suivi. Depuis 2002, il n’est plus permis de déposer en décharge que les déchets ultimes, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent être ni recyclés ni valorisés. On a donc vu se mettre en place ces dernières années dans les départements des plans de gestion des déchets du BTP, qui mettent à la disposition des entreprises, des filières de recyclage économiquement intéressantes : les déchets sont envoyés gratuitement sur les centres de recyclage, en particulier pour le béton, tandis qu’il faut payer pour les diriger vers un centre d’enfouissement. Certains matériaux peuvent même être revendus. « L’entrepreneur de démolition d’aujourd’hui ne se contente plus de démolir, mais s’intéresse à l’après-démolition. Pour être compétitif, il doit établir le coût de sa prestation en intégrant un transport et un recyclage des déchets optimisés. Il est devenu un gestionnaire des déchets», commente Daniel Prigent. La traçabilité demandée par les maîtres d’ouvrage représente un véritable changement culturel pour les entreprises de démolition. Il arrive même, notamment dans le cadre de chantiers haute qualité environnementale (HQE), que les exigences dépassent les seuls impératifs du recyclage pour intégrer une maîtrise des nuisances sonores ou une limitation de la production de poussière liée à la démolition. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS SNED-FFB - Syndicat national des entreprises de démolition, tél.: 01 40 55 12 60 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 25 GROS ŒUVRE/STRUCTURE 26 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 DALLAGE SANS JOINTS La perfection de la glace Nul ne chaussera ses patins pour y exécuter une figure de style. Pourtant la comparaison avec une patinoire vient immédiatement à l’esprit… PLANIMÉTRIE RECORD Il devait aussi respecter une planimétrie record (3 mm) pour autoriser un stockage de grande hauteur. Il devait enfin créer une structure évolutive qui laisse toute latitude pour réorganiser l’ordonnancement des racks en fonction des clients successifs, tout en optimisant le déplacement des chariots élévateurs. Pour Didier Meggiolaro, dirigeant de SIB Bordas, la solution s’est imposée d’elle-même: un dallage sans joints. Une étude, demandée au cabinet Sigma Béton de l’Isle-d’Abeau (Isère), a permis de trouver la formule d’un béton adéquat, comprenant un fort dosage de fibres métalliques (45 kg au m3), et au retrait minimisé. Son utilisation a permis de diviser la surface totale du site (plus de 20000 m2) en seulement dix dalles géantes, d’environ 2300 m2 chacune, soit 48 m sur 48 m. Mais sa mise en œuvre s’est révélée un véritable tour de force : « Pour chacune des dalles, nous avons dû couler un volume de béton de 450m3 en un temps très court et sous une forte chaleur de 28 °C, raconte le chef d’entreprise. Chaque jour pendant dix jours, de 5 heures à 11 heures du matin, 75 camions toupies de 8 m3 se sont succédé pour alimenter le chantier.» Les fortes contraintes d’exploitation ont justifié une étude du terrain sur toute la profondeur des couches impactées, à l’instar des dispositions prises dans le DTU 13.3 déjà applicable. A l’arrivée, un dallage qui génère une grande liberté d’exploitation pour le client: les racks pourront être reconfigurés à volonté, et les joints, réduits au minimum et protégés par les pièces d’acier, ne demanderont aucun entretien. Les chariots y évolueront sans contrainte… avec la liberté des patineurs. 쐍 LE CHANTIER EN BREF Entreprise: SIB Bordas (Ternay, Rhône). Surface de dallage totale: plus de 20000 m2. Surface de chaque dalle: 2300 m2 environ. Planimétrie: 3 mm. Charge imposée: 8,75 t par pied. Dosage en fibres métalliques du béton: 45 kg/m3. Dimensionnement: règle ITBTP. © SIB BORDAS L e dallage sans joints réalisé l’été dernier au Logiparc Toussieu par l’entreprise SIB Bordas de Ternay (Rhône) fait immédiatement penser à la surface impeccablement plane et « sans couture » d’une piste de patinage. La demande du client avait tout d’un programme imposé: ce dallage industriel devait supporter la charge énorme de 8,75t par pied, pour optimiser le stockage des marchandises de ce site de logistique. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 27 GROS ŒUVRE/STRUCTURE 1 © MAS & ROUX, ARCHITECTES/RFR ET TROUVIN-GROUPE SNC LAVALIN, BET CONSTRUCTION MÉTALLIQUE Les Eurocodes harmonisent les calculs Q uelle est la finalité des Eurocodes? Être des normes européennes de conception, de dimensionnement et de justification des structures de bâtiment et de génie civil, établissant un ensemble de règles techniques unifiées à travers l’Europe (ils s’appliquent donc à tous les types de construction de tous types de matériaux). Les Eurocodes sont au nombre de dix, et chacun d’eux concerne soit un 28 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 aspect spécifique de la conception (bases de calcul, actions sur les structures, calcul géotechnique, résistance aux séismes), soit un type particulier de construction (calcul des structures en béton, en acier, en bois...)(1). Chaque Eurocode est divisé en parties. Ainsi, l’Eurocode 3, «calcul des structures en acier», en compte dix-huit traitant chacune d’un aspect de la construction métallique : règles générales, feu, © CABINET-JAILLET-ROUBY Les spécifications nationales sur les matériaux vont céder la place aux normes européennes. Mais cette harmonisation des règles techniques ne simplifiera pas forcément la tâche des constructeurs et des bureaux d’études. 2 éléments minces, inox, voilement des plaques, coques, flexion des plaques, mais aussi ponts, tours et mâts, cheminées, silos… Le progrès permis par les Eurocodes apparaît ainsi clairement: ils simplifient l’usage des normes, en réunissant dans un document unique l’ensemble des règles de construction relatives à un matériau en vigueur en Europe – des règles qui étaient jusqu’alors dispersées dans plusieurs textes. Prenons l’exemple des chemins 1 PROJET DE BÂTIMENT AIR FRANCE destiné à la maintenance des futurs Airbus A380, à Roissy – Charles-de-Gaulle. 2 MODÈLE DE CALCUL de la structure du bâtiment. de roulement: ils faisaient l’objet de recommandations du CTICM(2), et d’autres spécifications techniques. Tout le savoir accumulé dans ce domaine sera réuni dans la partie EN 1993-6 de l’Eurocode 3. Second progrès amené par les Eurocodes, la mise en place d’un code commun observé partout en Europe, en un mot l’harmonisation, qui donnera accès pour les entreprises de bâtiment et les bureaux d’études techniques aux marchés de tous les autres États membres. Ajoutons que chaque chapitre d’Eurocode fait l’objet d’une traduction sous forme de norme française NF EN par l’Afnor(3), et s’accompagne d’une annexe nationale, qui permet à chaque pays de préciser des valeurs spécifiques dans les cas où une harmonisation issue du consensus européen n’a pu être obtenue, et pour garder sa propre appréciation du niveau de sécurité des ouvrages. OPTIMISATION PAR DES CALCULS COMPLEXES En devenant international, l’Eurocode relatif au calcul et au dimensionnement des structures métalliques introduit une autre nouveauté : la possibilité pour les entreprises de construction de réaliser des calculs de structure plus sophistiqués. Les analyses élastiques au premier ordre exis- teront toujours. Mais le nouveau mode de calcul permettra, avec quelques contraintes complémentaires, de gagner parfois de la matière. Il créera surtout de réelles opportunités, telles que les possibilités de calculs plastiques des charpentes métalliques, permettant une optimisation de l’utilisation de l’acier, dans l’optique d’un gain de poids, et les possibilités de simplification des attaches pour une plus grande compétitivité. Harmonisation européenne d’une part, sophistication des modes de calcul d’autre part, l’Eurocode 3 renforcera le professionnalisme des acteurs de la filière, et pourrait contribuer à l’ouverture de nouveaux marchés pour la construction métallique. Ce corpus technique pourra aussi rivaliser avec les normes américaines, et permettre aux entreprises européennes de mieux se positionner sur les marchés du grand export. Sitôt l’ensemble des Eurocodes et annexes nationales publiés, les marchés publics imposeront logiquement leur application dans le cadre de leurs appels d’offres. Pour les marchés privés, le choix perdurera tant que les anciens textes ne seront pas supprimés, sauf pour respecter les dispositions réglementaires relatives à la résistance au feu (ainsi qu’aux séismes, pour lesquels l’utilisation des parties feu des Eurocodes et de l’Eurocode 8 seront obligatoires). À terme, les Eurocodes s’imposeront. Les entreprises et bureaux d’études doivent donc se familiariser avec leur fonctionnement pour rester en phase avec les évolutions du marché(4). 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS SCMF-FFB, Syndicat de la construction métallique de France, tél.: 01 47 74 66 15 «LA PÉRIODE D’ADAPTATION SERA LONGUE» M. Millot, cabinet Jaillet-Rouby à Orléans (Loiret) Où en êtes-vous vis-à-vis des normes européennes sur les structures en acier? Le cabinet Jaillet-Rouby est tout à fait opérationnel en matière d’utilisation de l’Eurocode 3, dont les méthodes sont déjà programmées au sein du logiciel que nous développons, Hergos version 8. En pratique, nous l’avons déjà utilisé dans le cadre de projets récents importants, comme les installations de dénitrification des centrales EDF du Havre et de Cordemais, ou les hangars de maintenance pour les A380 d’Air France à Roissy. Les calculs risquent de devenir plus complexes. Voyez-vous cela d’un bon œil? L’Eurocode 3 ouvre des possibilités d’utilisation de méthodes d’analyse globale, pour certaines assez éloignées de nos habitudes (rigide plastique par exemple) et qui demanderont une période d’adaptation assez longue avant de passer éventuellement dans la pratique courante. En ce qui concerne l’économie globale d’un projet en termes d’acier consommé, il n’y pas de miracle à attendre par rapport à nos anciennes règles CM 66 et additif 80, qui étaient déjà performantes. On peut cependant espérer une meilleure sécurité globale, en particulier pour tous les éléments de stabilité et de contreventement, par la prise en compte systématique de défauts générant des efforts complémentaires, contre lesquels il convient de se prémunir. Les Eurocodes représentent-ils un progrès ou une difficulté? Les deux à la fois : un progrès parce qu’ils sont un langage commun qui facilitera les échanges dans les pays de l’Union européenne, et un facteur de succès à l’export en tant qu’alternative aux normes américaines; mais ils représentent aussi une difficulté par la sophistication des calculs et l’augmentation des temps d’études à craindre, au moins pendant la période d’appropriation et d’élaboration de méthodes simplifiées pour les cas courants (je veux parler du plan Europe dont le CTICM est partenaire). (1) L’Eurocode 0 définit les bases de calcul, et l’Eurocode 1 les actions sur les structures. Parmi les huit suivants, six concernent respectivement le calcul pour: 2, les structures en béton; 3, les structures en acier; 4, les structures mixtes acier-béton; 5, les structures en bois; 6, les ouvrages en maçonnerie; 7, la géotechnique; 9, les structures en alliages d’aluminium. Enfin, l’Eurocode 8 s’intéresse à la concep- tion et au dimensionnement des structures pour leur résistance aux séismes. (2) Centre technique industriel de la construction métallique. (3) Afnor : Association française de normalisation. (4) Le programme de publication des Eurocodes et des annexes nationales est notamment publié sur www.cticm.com et constamment réactualisé. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 29 GROS ŒUVRE/STRUCTURE «BIEN REPRENDRE LE PLÂTRE AVANT D’APPLIQUER LA FINITION» Scott Sigal, P-DG de la société SCR-Façades parisiennes à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) © UMGO-FFB Pourquoi vous être spécialisé dans les façades en plâtre? Contrairement à ce qu’on croit, elles cohabitent souvent avec les façades en pierre. Dans le bâti haussmannien, l’étage d’attique et les cours et courettes sont en enduits à base de plâtre. On a un peu oublié les bons usages des ravalements de façades en «plâtre parisien», alors que ces façades sont intéressantes, et en grand nombre. ENTRETIEN DE FAÇADES Bien diagnostiquer pour bien ravaler Encadré par des textes réglementaires contraignants pour les propriétaires, l’entretien des façades d’immeubles est un marché porteur pour les entreprises de gros œuvre. C onstructeurs et propriétaires sont mis face à leurs responsabilités en matière d’entretien des immeubles, et notamment de leur façade, par la réglementation en vigueur. En effet, selon l’article 1386 du Code civil: «Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle est arrivée par suite de défaut d’entretien ou par le vice de sa construction.» D’autre part, 30 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 l’article 78 de la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis (dont le décret d’application date du 30 mai 2001) définit le contenu du carnet d’entretien obligatoire pour les immeubles en copropriété; il doit notamment mentionner le suivi des travaux importants et d’entretien de l’immeuble, façades comprises. Concernant spécifiquement Paris, où on estime que Quelles sont les règles à respecter pour ravaler ce type de façades ? Il faut une grande humilité car leur structure et l’usage d’enduits mixtes les rendent complexes. Après un diagnostic sérieux, il faut bien purger tous les plâtres dégradés, et les refaire là où c’est nécessaire, en prenant garde à la compatibilité des matériaux et au respect des temps de séchage. C’est à cette seule condition qu’une finition décorative, associée à la restauration et à la protection des bandeaux et moulures, peut garantir la pérennité de ce type de façades. Que changera le nouveau DTU 26.1 attendu pour 2007? Il va enrichir le chapitre sur les enduits à base de plâtre parisien en insistant sur l’importance des reprises et réparations des enduits avant une finition traditionnelle en badigeon ou des finitions plus modernes de peinture. Il définira la réparation d’une façade à base de plâtre parisien (plâtre et chaux) selon les règles de l’art et les évolutions des matériaux modernes. 30% à 40% des façades sont en «pierre de Paris» ou calcaire grossier, la loi Malraux de 1962 impose aux propriétaires un ravalement de façade périodique pour conserver à la capitale son cachet. Pour toutes ces raisons, les entreprises de gros œuvre ont un rôle important à jouer dans ce domaine. PLUIE, GEL, POLLUTION... La façade se dégrade sous l’effet de facteurs le plus souvent naturels: l’eau de pluie; les écarts de température et en particulier le gel; la pollution urbaine (pluies acides, air chargé de particules); les effets mécaniques dus aux problèmes de structure; il faut même penser aux attaques biochimiques (des fientes de pigeons, par exemple). À terme, les conséquences du manque d’entretien peuvent être graves. Pour bien réhabiliter, il faut commencer par «lire» la façade pour prescrire le type de ravalement adapté aux pathologies(1). Ce diagnostic consiste à évaluer le degré d’encrassement de la façade, à identifier la pierre pour estimer ses performances, à évaluer le RAVALEMENT D’ENTRETIEN OU CURATIF Le premier type de ravalement, d’entretien ou de propreté, concerne les façades en bon état. On procède en général à un nettoyage à l’eau, additionnée ou non de particules à base de silice qui font office d’abrasif. Pour protéger la pierre mise à nu, on applique soit une minéralisation qui fait durcir son épiderme, soit une hydrofugation qui la rend hydrophobe; on peut aussi envisager un traitement préventif anti-tags. Le second type de ravalement est curatif, et vise à traiter une pathologie de la pierre ou des joints. Quand elle est locale, on procède par substitution de la partie altérée, à l’aide par exemple de mortiers à colorer qui s’harmoniseront avec la façade. Mais si la pathologie est générale, il faudra procéder à un rejointement généralisé. Il existe aussi la solution de l’injection de coulis dans la pierre, un procédé «pointu» envisageable pour les édifices historiques ou patrimoniaux. Quoi qu’il en soit, les réhabilitations de façades sont MODÉNATURE À BANDEAU, permettant d’éviter le ruissellement des eaux en façade. © UMGO-FFB degré d’altération de la pierre et des joints et à contrôler l’état des protections métalliques. Sur les façades de type haussmannien, il faut surveiller l’état des modénatures – corniches, bandeaux, appuis de fenêtre… – qui jouent un rôle notable contre les eaux de ruissellement. des interventions complexes, toujours à effectuer au cas par cas, et dont la qualité découle de la connaissance et de l’analyse du bâti. Il s’agit d’un marché porteur: deux tiers des entreprises pari- siennes de gros œuvre en ont fait leur spécialité. 쐍 (1) La FFB a confié au CEBT la réalisation d’un guide intitulé «Prévention des risques inhérents au mauvais entretien des façades» édité par la SEBTP (www.sebtp.com). JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 31 GROS ŒUVRE/STRUCTURE Un guide pour le constructeur et son client MÉTHODES DE DIMENSIONNEMENT Une alternative au «tout sécuritaire» L Les constructeurs immobiliers disposent désormais d’un cédérom pratique pour créer un guide personnalisé à remettre au client (en maison individuelle et en logements collectifs). Outre une carte d’identité du logement (surface, intervenants de la construction, renseignements sur les branchements en gaz, électricité, eau, références des produits par type d’équipement…), les professionnels peuvent éditer un véritable guide qui reprend les éléments utiles pour l’entretien de tous les équipements et installations (revêtements de sols, chauffage, serrures, fenêtres, volets roulants…). 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UCI-FFB, tél. : 01 40 59 51 86 es méthodes courantes de dimensionnement des ouvrages peuvent être insuffisantes dans certains contextes : présence de sols dont on ne sait pas évaluer le comportement avec une précision suffisante; hydraulique souterraine conditionnant notablement le projet; existence d’ouvrages sensibles au voisinage du chantier; risque de réponse disproportionnée à une faible variation d’un paramètre contribuant à la sécurité du chantier ou de l’ouvrage. Dans ces conditions, l’économie du projet est proportionnelle à la méthode de calcul choisie ainsi qu’à la marge de sécurité attachée à chaque valeur prise en compte. Plus il y a d’incertitudes, plus la marge de sécurité est difficile à évaluer: on a donc tendance à l’accroître, ce qui augmente le coût du projet. DÉFINIR DES SEUILS À NE PAS DÉPASSER La méthode observationnelle peut dans ce cas être une approche pertinente. Elle permet, dans des contextes délicats, d’aboutir à des ouvrages qui ne sont pas inutilement surdimensionnés et coûteux, sans concession sur les objectifs de sécurité et de comportement visés. Il s’agit de définir des seuils de sécurité à ne pas dépasser ainsi que les procédures à adopter le cas échéant. Cette méthode est cependant mal connue et trop souvent assimilée, dans l’esprit des maîtres d’ouvrage, à la seule instrumentation du suivi du comportement de l’ouvrage. Pour permettre de l’exploiter, la FFB a contribué, dans le cadre du PRDM(1) à la rédaction d’un guide(2), véritable mode d’emploi s’appuyant en particulier sur des exemples d’application et des fiches méthodologiques pratiques. 쐍 32 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 A compter du 1er septembre 2006, les maisons individuelles chauffées à l’électricité devront être équipées, lors de leur construction, de réservations destinées à recevoir un conduit de fumée. Cette obligation réglementaire, dont l’arrêté du 31 octobre 2005 est paru au Journal officiel du 15 novembre 2005, s’inscrit dans le cadre de la réversibilité du mode de chauffage dans les habitations individuelles. POUR EN SAVOIR PLUS www.legifrance.gouv.fr (N° NOR : SOCU0512180A) ou UMGO-FFB, tél. : 01 40 69 51 55 ACIER: L’INFO PRATIQUE EN LIGNE (1) Programme recherche développement métier. (2) «La méthode observationnelle pour le dimensionnement interactif des ouvrages», édité par la FFB et la FNTP. POUR EN SAVOIR PLUS EGF-BTP, tél. : 01 40 69 51 27 Gants pour les maçons La Commission d’attribution de la marque « Recommandé par les maçons », pilotée par l’OPPBTP, est maintenant opérationnelle. Sa mission est de distinguer, après tests sur chantiers, des gants adaptés aux activités de la maçonnerie. Cinq références, détaillées ci-contre, ont déjà été sélectionnées (1). MAISONS INDIVIDUELLES: LA RÉGLEMENTATION ÉVOLUE Référence Marque Activités Power Flex Ansell Constructeur Hyflex 11-627 Ansell Enduit/finitions/carrelage Finedex 2094431 Bacou-Dalloz Coulage béton enduit/finitions/carrelage Perfect Fit 2400251 Bacou-Dalloz Enduit/finitions/carrelage Jersette 300 MAPA Coulage Béton (1) Utilisation de la marque accordée jusqu’en novembre 2008 sous réserve de non modification des caractéristiques du gant. Faciliter les échanges d’information, rendre lisible l’évolution de la réglementation, présenter les nouveaux produits ou proposer des outils de calcul: telles sont les ambitions du site SteelbizFrance.com. Ce portail intéresse métalliers, constructeurs métalliques et plus généralement tous les acteurs de la filière acier. ENVELOPPE ACCESSIBILITÉ LES ATOUTS DES PORTES AUTOMATIQUES Depuis cinquante ans, les portes automatiques pour piétons contribuent à l’amélioration de la qualité de vie. La montée en puissance de ces préoccupations dans le débat public devrait leur ouvrir de nouvelles perspectives. F ini le temps où les curieux se pressaient à Orly pour découvrir la Caravelle et… les portes automatiques de l’aérogare flambant neuve. En une cinquantaine d’années, la porte automatique pour piétons (PAP) s’est diffusée dans le secteur hospitalier, les bâtiments administratifs, les pharmacies et les centres commerciaux avant de s’étendre à de plus petits commerces (opticiens, supérettes, boulangeries, etc.), à toutes sortes de lieux d’accueil (résidences pour personnes âgées, églises), à des applications insolites (chatière) et même hors du bâtiment (avions, yachts)… Comment continuer ? Une enquête publiée en octobre 2005 dans le magazine professionnel Technic Baie cherche les voies de l’avenir dans le développement des grandes surfaces (qui en sont grandes consommatrices) et l’équipement croissant des petits commerces.(1) Alexandre Depeyre, directeur commercial chez Portalp, se demande, lui, pourquoi un produit arrivé à maturité et dont le coût, pour les portes coulissantes, ne marque plus d’écart significatif avec les solutions classiques, ne s’élargit pas au-delà de quelque 25 000 installations annuelles(2). « Est-il logique, se demande-t-il, qu’aujourd’hui toutes les entrées d’immeubles ne soient pas équipées de portes automatiques?» Après les hôpitaux, les bâtiments publics et les centres commerciaux, les PAP s’étendent à toutes sortes de lieux d’accueil. 34 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 © GEZE POUR LES «PMR», DONC POUR TOUS La problématique de départ – l’accessibilité – garde en effet toute son actualité dans une société de plus en plus soucieuse de la qualité de vie de chacun. Surtout, une loi récente (11 février 2005) contraint les établissements recevant du public (ERP) à prendre davantage en compte l’accès des personnes à mobilité réduite, c’est-à-dire souffrant d’une incapacité permanente (handicapés), temporaire (grossesse, accident) ou liée à des circonstances extérieures (accompagnement d’enfant en bas âge, etc.) – autrement dit, chacun de nous à un moment ou à un autre de notre vie. À cette fonctionnalité première s’en ajoute une seconde, également orientée vers l’usager, © DORMA UN GUIDE POUR S’ORIENTER DANS LA RÉGLEMENTATION © DORMA La réglementation qui s’applique aux PAP est particulièrement complexe puisqu’elle n’est pas la même selon le type d’équipement (portes coulissantes, battantes ou tournantes), l’utilisation (usage normal, dégagements réglementaires), la fonction du bâtiment (établissement recevant du public, lieu de travail) et sa nature (immeuble de grande hauteur ou autre), etc. En l’absence de norme(1), soucieux de «clarifier les règles professionnelles concernant leur secteur d’activité», les fabricants adhérents du SNFPSA-FFB(2) (qui rassemble 80% de la profession) ont réalisé un guide technique (3) de conception et d’installation, «Règles de sécurité portes automatiques pour piétons», dont le parti pris est de proposer systématiquement, «pour une exigence donnée, la règle apportant le plus de sécurité». Régulièrement remis à jour et actuellement en cours de réimpression, ce guide de 150 pages propose un ensemble de définitions communes. Il comprend les principaux textes réglementaires, inventorie les aspects techniques de la mise en œuvre (limitation des efforts de poussée; libération des unités de passage; visualisation de la porte et vitrage de sécurité; défaillance électrique; maintenance; etc.) et récapitule par type de porte l’ensemble des spécifications à respecter. (1) Deux projets de normes européennes (PR EN 12650-1 et PR EN 12650-2) sont en cours d’élaboration afin d’harmoniser les exigences de sécurité au niveau de la conception et de la fabrication. (2) Syndicat national de la fermeture, de la protection solaire et des professions associées. (3) Disponible auprès de Métal Services - tél.: 01 40 55 13 00. 왘왘왘 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 35 © PORTAL ENVELOPPE années en termes de composants : fiabilité des dispositifs de détection ; miniaturisation, qui permet aux caissons de mécanismes de se faire de plus en plus discrets au bénéfice de la créativité architecturale; performances des équipements logiciels qui permettent aux systèmes des PAP de dialoguer avec les systèmes de gestion technique centralisée (GTC) ou de gestion technique des bâtiments (GTB). «Tout est possible, affirme Alexandre Depeyre. Avec la technologie GSM (téléphone sans fil), on peut même réinitialiser un système ou effectuer un dépannage à distance. En fait, le client n’a plus qu’à choisir le niveau de prestation adapté à ses besoins.» 1 © PORTAL 1 et 2 Les portes automatiques contribuent au maintien de la température dans les lieux publics, en limitant les apports extérieurs. 왘왘왘 36 2 même si elle n’a d’utilité qu’exceptionnellement : la sécurité, puisque, en cas d’incendie, les PAP s’ouvrent automatiquement pour libérer le passage et permettre l’évacuation. Ensuite viennent d’autres atouts concernant plutôt le bâtiment ou son gestionnaire et portant sur les process de traitement de l’air et de contrôle de l’atmosphère, dont BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 ces équipements renforcent l’efficacité (protection des blocs opératoires contre les bactéries et des salles blanches industrielles contre les poussières). La PAP, notamment la porte tournante, contribue en outre au maintien de la température dans les lieux publics en limitant les apports extérieurs (dans la même application, les portes coulissantes sont souvent associées à un rideau d’air chaud, à moins qu’elles ne soient doublées sous forme de sas afin d’éviter les courants d’air). Contrôle encore, mais des accès cette fois, lorsque les PAP permettent de canaliser des flux de personnes (aérogares), interdisent l’entrée dans certains établissements à partir d’une heure donnée ou l’accès de certaines zones à des personnes non habilitées (centrales nucléaires, salles des coffres des banques). TOUJOURS PLUS DISCRÈTES Parallèlement à ces fonctionnalités qui ont permis aux PAP de diversifier très fortement leurs applications, de grands progrès ont été réalisés ces dernières POURQUOI PAS DANS LES MAISONS INDIVIDUELLES? Dans le déploiement de leur créativité, il semble donc que les fabricants ne soient plus réellement confrontés qu’aux limites et aux contraintes que leur impose la réglementation (voir encadré p. 35). Quant à l’élargissement du marché, il ne fait pas de doute pour Alexandre Depeyre, persuadé que «les PAP finiront par s’imposer comme l’électronique a réussi à le faire dans le domaine de l’automobile.» Alors, les portes automatiques dans les maisons individuelles et les appartements sont pour bientôt ? « Pourquoi pas?», conclut-il. 쐍 (1) «Quelles perspectives pour les portes automatiques piétonnes?», Technic Baie n° 11, octobre 2005. (2) Soit entre 21000 et 22000 portes coulissantes, 4000 opérateurs de portes battantes, et de 230 à 250 portes tournantes. POUR EN SAVOIR PLUS SNFPSA-FFB, tél.: 01 40 55 13 00 MÉTALLIERS Questions de sécurité Pour identifier les bonnes réponses en matière de protection antieffraction, l’Union des métalliers de la FFB a élaboré une méthode d’analyse du risque «malveillance». Elle sera prochainement mise à la disposition des professionnels. P lus que d’autres métiers du bâtiment, les métalliers et notamment les serruriers sont confrontés dans l’urgence au besoin de conseil de leurs clients. En 2002, afin de mettre une information structurée à la disposition des professionnels, l’Union des métalliers (1) avait constitué, en partenariat avec le service information sécurité de la préfecture de police de Paris, un groupe de travail dont l’objectif était de recenser les produits anti-effraction disponibles sur le marché: serrures, portes, fermetures, fenêtres, vitrages retardateurs d’effraction, etc. Dans le prolongement de cette démarche qui a abouti à l’édition du guide technique de la sécurité à l’effraction (2), une nou- velle initiative a vu le jour avec les mêmes partenaires, dans le cadre du Programme recherche développement métier de la FFB. Elle vise à conforter le rôle de conseil des professionnels, que les circonstances empêchent souvent de faire valoir. «Quand le client nous sollicite pour un dépannage d’urgence, ce qui arrive environ cinquante fois par mois », explique Joël Magnan, responsable de la société Millet (Tours) et membre du groupe de travail, «il a souvent une idée bien arrêtée de “ce qu’il lui faut” – porte blindée, serrure trois points, barreaudage, etc. –, et cette situation où nous sommes de simples exécutants n’est pas propice pour engager la discussion et identifier le vrai besoin.» 1 PORTAIL À MANŒUVRE ÉLECTRIQUE avec contrôle à distance. 2 SÉCURISATION de hall d’entrée avec contrôle d’accès. En dehors de toute intervention, la nouvelle démarche consiste cette fois à proposer aux propriétaires, par l’intermédiaire des professionnels, une évaluation des risques liés au vol ou à d’autres actes de malveillance dont leur habitation pourrait faire l’objet, autrement dit une analyse des risques qui pourra être réalisée avec l’aide du professionnel. En pratique, deux questionnaires (l’un réservé aux bâtiments d’habitation individuels, l’autre aux bâtiments d’habitation collectifs) ont été établis, et dans les deux cas l’objectif est d’établir et de confronter les niveaux de «protection requise» et de «protection effective». Accompagné par un courrier d’explication, chaque questionnaire propose une cinquantaine d’items (valeur estimée des objets présents, type d’urbanisme du site, relations de voisinage, habitudes d’occupation, etc.) répartis en quatre sections, et pour chacun d’eux, trois classes de réponses. En dernière page, la récapitulation des scores permet de déterminer un éventuel déficit de « protection effective » et d’identifier les points à © MILLET TOURS FENÊTRES © DR 2 1 améliorer, c’est-à-dire les équipements du bâtiment (portes, volets, systèmes de fermeture, etc.) ou d’autres aspects (présence d’un gardien, éclairage, indices d’occupation de la maison, alarme, etc.). FAIRE CONNAÎTRE SON RÔLE DE PRESCRIPTEUR Après avoir été retravaillés à l’issue d’une première série de tests pour être simplifiés dans le fond et dans la forme – et même proposés sous forme de fichier informatique rendant tout calcul manuel inutile –, les deux questionnaires font actuellement l’objet d’une nouvelle campagne de tests dans une douzaine d’entreprises, avec un objectif de finalisation et de diffusion générale courant 2006. «À côté de Regards sur l’effraction, que nous utilisons plutôt comme un ouvrage de référence, ce nouvel outil va nous permettre de modifier notre communication avec le client en dissociant davantage nos rôles de prescripteur et de fournisseur, juge Joël Magnan. Lorsque les propriétaires auront diagnostiqué un manque en équipements de protection, ce sera à nous de reprendre la main pour apporter la solution à leur problème.» 쐍 (1) Union des Métalliers (FFB Métallerie) – Tél. 01 40 55 13 00. (2) Disponible auprès de Métal Services – Tél. 01 40 55 13 00. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 37 ENVELOPPE 2 3 © SOPREMA 38 BÂTIMÉTIERS © SOPREMA JUIN 2006 TOITURES VÉGÉTALISÉES Couverture très nature Fondu dans son environnement, l’Historial de la Vendée est une référence pour les métiers de l’étanchéité et de la couverture végétalisée. 1 © STÉPHANE CHALMEAU L a trace du passé s’inscrit dans la profondeur du sol et dans le paysage. Aux Lucs-sur-Boulogne, l’Historial de la Vendée s’efface ainsi dans son environnement de bois et de prairies pour mieux faire place au sentiment de l’Histoire. Depuis la route, l’ouvrage conçu par le cabinet Plan 01 n’offre au visiteur que la ligne anguleuse de sa couverture végétalisée, où s’ouvre – rappel des fameux chemins creux vendéens – l’accès qui descend vers le musée et les berges de la Boulogne. Imaginée comme un fragment du paysage, cette toiture « en facettes » de 8 000 m2 est l’élément majeur du projet. « Nous étions, c’est vraiment exceptionnel, le lot le plus important du chantier, avec un montant hors 1 ENFOUI DANS LA COLLINE, l’Historial ouvre son unique façade vitrée sur le cours de la Boulogne. 2 LA TOITURE est supportée par une charpente métallique et constituée de facettes disposées selon différents plans. 4 © PLAN 1 3 LES FACETTES dont la pente est supérieure à 20% sont équipées d’un système de retenue du substrat recevant le complexe végétal. 4 LE TAPIS VÉGÉTAL, sous forme de rouleaux de 1 x 2 m, est composé de graminées et de vivaces. Il devra être fauché deux fois par an. taxe de 1,8 M€ », confirme Christophe Neveu, le responsable de l’entreprise Bergeret, qui a exécuté les travaux entre août 2004 et avril 2005. Bien en amont de la réalisation, cette spécificité du projet avait aussi amené le maître d’œuvre à solliciter l’expertise de Sopranature, le département spécialisé en végétalisation de toiture du fabricant de composants d’étanchéité Soprema, sur la faisabilité et la conception. «Il s’agissait de choisir les végétaux, car le maître d’ouvrage souhaitait recréer une prairie sur la couverture, et de définir des solutions techniques, notamment pour les 1200 m2 de facettes présentant une pente supérieure à 20%», explique François Lassalle, responsable de Sopranature. La réflexion collective, qui a associé le bureau de contrôle, s’est poursuivie au-delà de l’adjudication et « a permis d’élaborer des solutions de haute technicité, ce qui a rendu ce chantier particulièrement gratifiant pour nous, poursuit Christophe Neveu. En effet, l’étanchéité était ici le point central, mobilisant l’attention de tous, ce qui est loin d’être le cas sur les chantiers ordinaires. Enfin et surtout, l’Historial met pleinement en valeur notre métier en offrant à tous les regards ce que nous appelons la cinquième façade, la toiture, qui reste le plus souvent invisible. » 쐍 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 39 ENVELOPPE ISOLANTS MINCES RÉFLÉCHISSANTS UTILES MAIS DÉLICATS À MANIER A Naguère très controversés, ces compléments d’isolation font l’objet de trois premiers Avis techniques et d’un programme de recherche tout juste entamé. La polémique faisant enfin place à l’approche scientifique, il est temps de faire le point. pparus en France dans les années 1980 sous le nom d’isolants minces réfléchissants et surtout utilisés en rénovation, les compléments d’isolation réfléchissants ont connu un fort développement. Leur part du marché global de l’isolation en France est estimée entre 6 % et 8 %, et leur taux de progression annuelle à 30%. PRINCIPES DE MISE EN ŒUVRE SOUS TOITURE CAS 1 CAS 2 Lame d’air ventilée (conformément aux DTU 40 relatifs aux toitures) Sa résistance thermique est nulle Produit mince réfléchissant Panne Chevrons Parement intérieur Lame d’air Lame d’air faiblement ou non ventilée CAS 3 Produit mince réfléchissant CAS SINISTRANT LA POSE AU-DESSUS DES CHEVRONS : MISE EN ŒUVRE À PROSCRIRE Produit mince réfléchissant Produit mince réfléchissant Rmax = 0,25 m2 K/W Source: note d’information n°1 du GS 20-24/06/04 (version 3). RÉSISTANCE THERMIQUE EN PARTIE COURANTE (R, en m2 .K/W) 40 Avec une seule lame d’air de 2 cm d’épaisseur minimale Avec deux lames d’air de 2 cm d’épaisseur minimale chacune Isolation de mur R max = 1,08 R courant = 0,50 R max = 1,68 R courant = 0,50 Toiture avec rampant (cas 1 et 2) R max = 0,70 R courant = 0,42 solution difficile à réaliser Pose en sous-face de plancher bas R max = 0,95 R courant = 0,55 solution difficile à réaliser Pose sous chape R max = 0,33 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 Pourtant, jusqu’à il y a peu, ils ne bénéficiaient d’aucun Avis technique et leurs performances prêtaient à controverse. En 2001, un numéro des Cahiers du CSTB (1) attirait l’attention sur les conditions d’évaluation de leurs performances car, contrairement aux isolants classiques, ces produits doivent être associés à deux lames d’air non ventilées sur chacune de leurs faces pour offrir les performances optimales, ce qui nécessite un protocole de mesure spécial (voir encadré) et rend leur mise en œuvre particulièrement délicate. Cet article traitait par ailleurs des risques de condensation et de dégradation des structures par humidité qu’ils pourraient entraîner du fait de leur non-perméabilité à la vapeur d’eau. Il concluait que, dans tous les cas, ils n’atteignaient pas les performances de 200mm de laine de verre de faible densité, ni même de 100mm. L’ÉMISSIVITÉ EN QUESTION En 2004, estimant nécessaire de faire le point de façon plus approfondie sur les performances de ces produits et d’apporter une information cohérente aux prescripteurs, aux entreprises et aux particuliers, le groupe spécialisé n° 20 (GS 20) de la commission chargée de formuler les Avis techniques a publié la note «Performances des produits minces réfléchissants opaques utilisés dans l’enveloppe des bâtiments» (2). Rappelant que les trois critères qui définissent la performance d’un produit ou d’un procédé d’isolation thermique du bâtiment sont la résistance ther- Dans les travaux de rénovation réalisés pour des clients privés, des entreprises se trouvent confrontées à des demandes de pose de ces produits dans une configuration d’écran de sous-toiture (EST) – une application qui ne présente pas d’intérêt puisqu’un EST doit être ventilé, ce qui va à l’encontre des performances des isolants réfléchissants. Face aux risques de pathologies graves que pourrait entraîner leur installation dans une configuration étanche entre couverture et charpente du fait de la non-ventilation des bois de support et du maintien d’une humidité susceptible de les dégrader avec le temps (champignons, moisissures), le Syndicat national des écrans de sous-toiture (Snest) a rappelé en mai 2004 les règles de mise en œuvre des EST (CPT des Cahiers du CSTB n° 3356 de juillet-août 2001) et attiré l’attention de ses membres sur le fait que leur responsabilité peut être engagée en cas de dommages et avoir des conséquences graves. mique (R), l’émissivité (e) et le facteur solaire (S, uniquement si vitrage), ce document s’interroge particulièrement sur le deuxième de ces facteurs, qui exprime la capacité à renvoyer un rayonnement reçu. L’émissivité se mesure de 0 (corps réfléchissant l’intégralité du rayonnement reçu) à 1 (absorption totale). La note indique : « La plupart des produits de bâtiment ont une émissivité de 0,9. Les produits minces réfléchissants ont en général une émissivité inférieure à 0,1. L’émissivité du produit doit être évaluée après vieillissement. C’est cette valeur qui est à prendre en compte dans le calcul de la performance thermique. Une faible émissivité permet d’augmenter la résistance thermique d’une lame d’air en contact de 0,15 m2.K/W jusqu’à 0,50 m 2 .K/W, voire 0,65 m2.K/W à condition qu’elle soit réellement étanche.» Si la faible émissivité de ces isolants constitue leur spécificité et a priori leur point fort, leur performance thermique intrinsèque (lames d’air non comprises) reste très réduite, souligne l’étude, et dans la pratique, les conditions de nonventilation ou de faible ventilation pour deux lames d’air se révèlent très difficiles à obtenir. BEAUCOUP DE SOIN POUR LA MISE EN ŒUVRE Basés sur les essais réalisés dans des laboratoires en Amérique du Nord et en Europe, les niveaux de résistance thermique susceptibles d’être atteints avec ces produits – à condition que les lames d’air soient non ventilées (ou faiblement ventilées) et non communicantes et que leur émissivité de surface soit durable – sont ensuite évalués pour quatre types d’utilisation : en isolation de mur, de toiture avec rampant (voir encadré), en sous-face de plancher et sous chape. Dans tous les cas où la mise en œuvre paraît possible, la valeur de résistance thermique (R) mesurée ou calculée reste nettement inférieure aux niveaux exigés par la réglementation en construction neuve (voir tableau). «En l’état actuel des connaissances et des essais réalisés et suivant l’ouvrage et le mode de pose adopté, on peut considérer que la résistance thermique de ces produits s’étend de 0,1 à 1,7 m2.K/W, estime Bernard Abraham, rapporteur du GS 20. Ils se révèlent donc susceptibles d’apporter un complément d’isolation aux parois des bâtiments pour autant qu’ils soient mis en œuvre très soigneusement, car la moindre ventilation des lames d’air fait chuter leurs performances. C’est © CEP-ÉCOLE DES MINES A PROSCRIRE EN ÉCRAN DE SOUS-TOITURE UN PROTOCOLE D’ESSAI SPÉCIAL En mai 2004, le laboratoire du Centre énergétique et procédés de l’école des Mines de Paris, que dirige Denis Clodic, a été amené à réaliser des essais de mesure d’isolants minces à la demande d’un fabricant. «Les essais par fluxmétrie habituellement employés pour qualifier la conductivité thermique intrinsèque des matériaux ne pouvant être retenus pour ces produits, explique Assaad Zoughaib, responsable de projet, c’est un protocole spécial, adapté de la norme américaine dite de la ‘’boîte chaude gardée’’ qui a été utilisé.» Basé sur l’utilisation d’une «chambre» dont une paroi est constituée par l’isolant à tester, l’essai consiste d’abord à mesurer la déperdition de flux des cinq autres parois. Puis la résistance thermique du matériau est établie par comparaison avec une chambre identique dépourvue d’isolant. Mesurée sur un isolant mince mis en œuvre avec deux lames d’air de 80mm, la résistance thermique du matériau est apparue équivalente à celle d’une laine de verre de 80mm d’épaisseur, soit 2,5 m2.K/W. A priori plus favorable que les autres mesures et calculs, ce résultat ne clôt pas les recherches, puisqu’un programme de deux ans associant l’école des Mines et le CSTB, sous l’égide de l’Agence nationale de la recherche (ANR), a été lancé en février dernier afin de cerner les véritables performances du matériau dans ses différentes configurations. À suivre, donc... du reste l’un des points sur lesquels insistent les trois avis techniques qui ont été délivrés à ce jour (3), et qui fournissent des indications de pose rationnelles et très précises pour permettre aux professionnels d’atteindre les valeurs d’isolation complémentaire souhaitées.» De son côté, la Commission produits mis en œuvre (C2P) de l’Agence qualité construction a rappelé en juillet 2005 que les produits venant de recevoir un Avis technique sont soumis à la procédure de «mise en observa- tion». Leur mise en œuvre doit donc conduire les professionnels concernés à se rapprocher de leur assureur afin de confirmer les conditions d’assurance dans le cadre de la garantie décennale. 쐍 (1) «Propriétés des produits dits ‘‘isolants minces réfléchissants’’», Claude Pompéo, Cahiers du CSTB n°3330, livraison 418, avril 2001. (2) Note d’information n°1 du 24 juin 2004, version n°3, Groupe spécialisé n°20, «Produits et procédés spéciaux d’isolation». (3) Avis techniques nos 20/04-47, 20/04-48 (février 2005) et 20/04-55 (juillet 2005), délivrés au titre de compléments d’isolation thermique aux produits Air Thermofoil DBA de Poly-Tech-Radiant Inc et rFoil résidentiel de Covertech. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 41 ENVELOPPE PLATES-FORMES MOTORISÉES Un moteur de productivité sur les chantiers © CTE Sur mâts ou suspendus, ces dispositifs s’adaptent à toutes les hauteurs. Tour d’horizon des équipements proposés et découverte d’un métier très spécialisé. L a multiplication des chantiers de rénovation dans les années 1980 a-telle donné l’impulsion de départ? En tout cas, près de trente ans plus tard, les plates-formes d’accès motorisées – qu’elles soient suspendues ou en appui sur un ou plusieurs mâts – ont conquis leur place sur les chantiers où l’échafaudage régnait seul jusque là. Aujourd’hui, on les voit sur les opérations de rénovation et de réhabilitation lourde comme en construction neuve. Quels sont leurs points forts? Leur rapidité de mise en œuvre; leur capacité d’adaptation à des structures ou à des 42 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 immeubles très hauts; leur mobilité, qui permet aux opérateurs de travailler toujours à la bonne hauteur; une sûreté qui conduit les organismes de sécurité à les recommander. Leur adoption peut cependant susciter quelques difficultés; en particulier, ce type d’équipement, qui englobe des systèmes d’accès motorisés (monte-matériaux et ascenseurs de chantier), interfère profondément avec l’organisation et la logistique des chantiers. Chaque type a ses atouts propres. Utilisant un ou deux mâts ancrés en façade, la plate-forme sur mâts a pour elle une totale stabilité et un vaste espace de travail (elle peut atteindre 36 m de longueur et sa largeur dépasser 2 m) qui peut s’adapter à tous les profils de façade. Enfin, sa capacité d’emport supérieure à 4 t fait d’elle l’outil privilégié dans la réalisation des murs rideaux. Moins puissantes avec une charge utile qui ne dépasse pas 1t, les plates-formes suspendues (18 m de longueur maximale), mues électriquement, ont l’avantage de leur légèreté, puisque tous leurs éléments sont «manuportables», et leur coût est très compétitif. PEU UTILISÉES EN FRANCE Le conseil est une part indissociable de la prestation des professionnels, qu’ils soient loueurs ou vendeurs, rattachés à des fabricants de dimension internationale ou pas, et proposent un seul type de matériel ou les deux. «À la base, explique Patrick Jahan, le responsable d’Alimak Hek en France, la question est parfois très simple. Faut-il choisir une ou deux plates-formes pour ramener la durée d’un chantier de six à trois mois?» Mais la gestion rationnelle de la mécanisation peut être poussée beaucoup plus loin, comme on le voit avec les plans de charge des grues, et permettre de réaliser des gains de productivité considérables. «Malheureusement, poursuit Patrick Jahan, ces équipements sont encore très insuffisamment utilisés en France, où la règle reste la recherche du prix le plus bas.» Cette situation est peu valorisante pour les professionnels, notamment les loueurs, dont la prestation (montage et démontage, formation des utilisateurs) n’est ni stricte location ni soustraitance. Elle a conduit huit d’entre eux à se regrouper pour promouvoir leur métier et se positionner plus favorablement auprès de leurs clients (1). Nul doute qu’ils auront observé avec intérêt la clarification récemment apportée par la réglementation dans l’exercice du métier voisin d’échafaudeur... 쐍 (1) En mai 2001 a été créée au sein du Syndicat français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement la section «Système d’élévation, d’accès et de travail motorisés ». Patrick Jahan en est l’animateur. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-Echafaudage, tél. : 01 40 55 13 00 LES AMÉNAGEMENTS DISPONIBLES Afin de répondre aux besoins très divers de leurs clients et d’améliorer les performances de leur matériel, les professionnels proposent de nombreux aménagements. Plates-formes suspendues • installation de treuils en terrasse pour pallier la moindre capacité de charge; • plates-formes à plusieurs niveaux adaptées à certains travaux (bardage); • systèmes de guides disposés en façade pour stabiliser les nacelles. Plates-formes sur mâts • montage sur roues pour améliorer la mobilité; • utilisation de monorails sur la plate-forme ou sur les mâts pour faciliter le travail (pose de pierre agrafée) ou augmenter la capacité de charge; • plancher spécial délimitant un plan de travail ergonomique, systèmes de protection (toit de toile, etc.). FERMETURES ET PROTECTIONS SOLAIRES Marquage CE obligatoire © ATES © SOMFY © ATES PÉRIODE TRANSITOIRE Les fabricants de fermetures d’habitation et de protections solaires ont l’obligation de procéder au marquage CE de leurs produits depuis le 1er avril 2006. La caractéristique prise en compte est la résistance au vent. L e marquage CE des fermetures d’habitation et des protections solaires atteste de leur conformité avec la directive Produits de construction et avec la directive Machines pour les produits motorisés. Il conditionne leur libre circulation au sein de l’Union européenne. Sont visés les produits soumis aux normes européennes harmonisées NF EN 13561 et NF EN 13659, c’est-à-dire les fermetures pour baies équipées de fenêtres (volets roulants, battants, coulissants, projetables ou non ; persiennes coulissantes ou non; jalousies accordéon; stores vénitiens extérieurs) et les protections solaires (stores extérieurs manuels ou motorisés, stores bannes, stores à projection, stores de façade; stores verticaux guidés, stores de véranda ou de verrière, moustiquaires; stores corbeilles, brisesoleil). Dans le cas des stores intérieurs, seuls les produits motorisés doivent être marqués CE. ESSAI DE TYPE INITIAL L’évaluation de la conformité se fait par la réalisation d’un «essai de type initial», accompagné par un système de maîtrise de la production en usine (1). La caractéristique visée est la résistance au vent: obligation est faite au fabricant de déclarer la classe de résistance au vent de ses produits. Pour l’évaluer, il doit procéder à un essai de type initial, sur ses différentes familles de production, « dans la configuration la plus défavorable du produit»; ce sera donc sur celui de plus grande dimension de chaque famille. Aucune classe minimale de performance n’est exigée dans le L’arrêté du 8 août 2005 publié au Journal officiel du 28 août 2005 fixe au 1er avril 2006 la date à partir de laquelle il est obligatoire de déclarer la conformité des fermetures et stores avec la directive Produits de construction pour pouvoir les mettre sur le marché. Par dérogation, et à titre transitoire, les produits non marqués CE mis pour la première fois sur le marché avant le 1er avril 2006 pourront être commercialisés jusqu’au 1er avril 2007. A noter qu’il y a peu de stocks dans ce type de produits en général faits sur mesure, sauf dans le circuit de la grande distribution. strict cadre du marquage CE. Cependant, chaque pays membre de l’Union peut instituer un indice de performance minimal. En France, la classe 2 est le minimum recommandé. L’essai de type initial doit être réalisé par le fabricant qui rédige ensuite une déclaration de conformité de ses produits et engage sa responsabilité. Dans le domaine des fermetures pour habitation, la mise en place du marquage CE ne devrait pas entraîner de mise à niveau ni d’essais spécifiques. «La plupart des fabricants ont procédé aux essais depuis longtemps et près de 50% des produits de fermetures d’habitation sont sous la marque NF-Fermetures, qui implique des caractéristiques de sécurité et des performances beaucoup plus exigeantes que celles du marquage CE», indique Hervé Lamy, chargé des questions techniques et normatives au SNFPSA-FFB(2). Par contre, dans le domaine des protections solaires où n’existe pas JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 왘왘왘 43 ENVELOPPE 왘왘왘 44 de marque de qualité (en dehors de la marque NF Toiles encore très peu développée), certains fabricants qui n’ont pas anticipé l’obligation ont dû ou doivent procéder aux essais. Et qu’en est-il des produits importés? «C’est l’entité qui a en charge la mise sur le marché européen qui est responsable du marquage CE». En ce qui concerne les installateurs, même si la responsabilité du marquage CE incombe aux fabricants, ils ont tout intérêt à ne pas installer de produits non marqués CE, sauf pendant la période transitoire (voir encadré p. 43). Pour améliorer la portée du marquage CE, la commission de normalisation européenne sur les BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 fermetures a demandé à la Commission européenne d’étendre les caractéristiques prises en compte à deux autres critères : le facteur solaire et la résistance thermique additionnelle. 쐍 (1) Le système de maîtrise de la production en usine, sous la responsabilité du fabricant, est destiné à garantir la continuité des caractéristiques des produits pour toute la production, les critères étant définis dans la norme européenne. (2) SNFPSA-FFB : Syndicat national de la fermeture, de la protection solaire et des professions associées. STORES INTÉRIEURS Les stores intérieurs (NF EN 13120) sont concernés par l’obligation de marquage CE uniquement s’ils sont motorisés (directive Machines, qui n’exige pas de réalisation d’essai de type). S’ils sont manuels, ils ne sont en effet pas considérés comme «éléments incorporés de manière durable dans l’ouvrage». Exclus du champ d’application de la directive Produits de construction, ils échappent alors à l’obligation de marquage CE. Deux voies sont possibles pour obtenir le marquage CE des produits motorisés: respecter les clauses harmonisées «Machines» de la norme produit ou respecter la procédure d’évaluation décrite dans la directive: analyse de risque, traitement des risques et dossier technique. POUR EN SAVOIR PLUS SNFPSA-FFB, tél.: 01 40 55 13 00 Site d’information sur la directive Produits de construction: http://www.dpcnet.org. VERRE Le nouveau DTU 39 À paraître au troisième trimestre 2006, le nouveau NF DTU vitrerie-miroiterie tient compte de l’évolution du matériau au cours de ces dernières années et propose de nouveaux outils de prescription aux miroitiers. c’est-à-dire les produits dont l’usage et la connaissance permettent de s’assurer qu’ils répondent aux exigences de la garantie décennale. PRENDRE EN COMPTE LES CONTRAINTES THERMIQUES Outils d’aide à la prescription, les deux premiers mémentos sont consacrés l’un au calcul de dimensionnement, l’autre à la sécurité. En attendant l’adoption d’une méthode de calcul européenne, les auteurs ont voulu apporter une solution aux difficultés de dimensionnement rencontrées par les miroitiers. Grâce à un travail mené par la FFPVFFB (2) avec le SNFA-FFB (3), ces derniers disposent désormais d’une carte des vents identique à celle des menuisiers. Dans le même esprit, le deuxième mémento propose pour la première fois un référentiel des produits selon leur utilisation et les bâtiments auxquels ils sont destinés (école, gymnase...). Le troi- sième mémento est consacré au calcul des contraintes thermiques. «Le verre était resté un peu accessoire depuis quinze ans, mais il redevient important avec les réglementations thermiques », commente Didier Cosson, qui dirige la Miroiterie de Champagne à Troyes (Aube) et a pris part à l’élaboration du document. «Avec ses nouvelles appellations et son changement de mode de calcul, le nouveau DTU aidera les professionnels à présenter des offres qui feront la différence par rapport aux simples fiches techniques.» 쐍 (1) Le précédent DTU Verre était paru en 1987. (2) Fédération française des professionnels du verre. (3) Syndicat national de la construction des fenêtres, façades et activités associées. POUR EN SAVOIR PLUS FFPV-FFB, tél.: 01 40 55 13 55 Mise en œuvre directe d’un bloc-porte sur chantier, par des élèves du lycée professionnel Fernand-Léger à Grand-Couronne (section Miroiterie). E n moins de vingt ans (1), la profession de miroitier a notoirement changé sous l’effet de l’évolution des produits, de la réglementation et de la demande. Le double vitrage, qui n’était qu’un cas particulier dans les années 1970, est devenu la règle avec la RT 2000. Mais il est loin d’avoir révélé tout son potentiel en matière d’isolation thermique comme de protection contre le bruit ou les effractions. Dans ce contexte d’évolution où est également intervenue la normalisation européenne et le marquage CE des produits, le nouveau NF DTU 39 fait le point au terme de presque dix années de travail. Le document innove en proposant un cahier supplémentaire et trois mémentos. Le cahier «Critères généraux de choix des matériaux» recense les produits normalisés couverts par le DTU, Le DTU 40.35 (NF P 34-205-1) a été amendé. Il comprend désormais des dispositions particulières et complémentaires concernant la réalisation de couvertures cintrées en plaques nervurées issues de tôles d’acier revêtues. Seules sont visées les couvertures chaudes cintrées convexes à simple peau avec isolation sur panne ou à double peau à trames parallèles. L’amendement précise les modes de raccordement, les pentes minimales et les fixations des plaques précintrées ou cintrées à la pose. 쐍 © STÉPHANE VALLET © FFPV COUVERTURE Le DTU 40.35 amendé POUR EN SAVOIR PLUS Consulter le site de l’UNCP : www.uncp.ffbatiment.fr, espace adhérents JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 45 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES 1 © DR SOLAIREUNE ÉNERGIE D’AVENIR POUR L’EAU CHAUDE SANITAIRE La flambée des prix de l’énergie et les incitations fiscales devraient stimuler le développement des installations de production d’eau chaude sanitaire par énergie solaire. Une aubaine pour les professionnels de la couverture, de la plomberie et du chauffage. 46 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 R estée longtemps confidentielle en France, la production d’eau chaude sanitaire (ECS) par énergie solaire est aujourd’hui favorisée par des mesures incitatives. Dès 1999, dans le cadre du plan Soleil, l’Ademe a pris l’initiative de créer la marque Qualisol, qui fédère à ce jour quelque 10500 installateurs chauffagistes (voir encadré p. 48). Dans le cadre des engagements de la France à promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables (solaire, hydraulique et bois), l’Etat a mis en place en 2005 un crédit d’impôt de 40% – porté à 50% en 2006 – applicable aux dépenses d’équipement en © VIESSMANN 3 2 © AQUA SUN SARL À CIRCULATION FORCEE SCHÉMA DE PRINCIPE D’UN CHAUFFE-EAU SOLAIRE INDIVIDUEL (CESI) À CIRCULATION FORCÉE R C MT T P S CE EF RÉGULATEUR CIRCULATEUR MITIGEUR THERMOSTATIQUE THERMOPLONGEUR ÉLECTRIQUE OU ÉCHANGEUR HYDRAULIQUE PURGE DE POINT BAS EXPANSION SÉCURITÉ COMPTEUR D’EAU EAU FROIDE MT Eau chaude sanitaire 1 à 3 DES CAPTEURS THERMIQUES, installés en toiture, sont reliés par un système hydraulique à un ballon de stockage. Les capteurs convertissent l’énergie solaire en chaleur à la façon d’une serre, grâce à un fluide caloporteur. Ils échauffent ainsi l’eau qui les parcourt, laquelle est stockée puis distribuée dans le réseau d’ECS. T R C EF P CE S solaire thermique. Un coup de pouce qui est venu s’ajouter aux aides financières déjà accordées par les conseils régionaux et par certains conseils généraux, voire des collectivités locales. Outre les incitations fiscales liées à une pression environnementale croissante, l’augmentation continue des prix de l’énergie devrait fortement contribuer au développement du solaire ther- mique dans l’Hexagone. «C’est le facteur déclenchant numéro un», estime Gaël Parens, P-DG de la société d’installation Aqua Sun, à Montardon (Pyrénées-Atlantiques). « Pour la production d’eau chaude, il est temps de ne pas se limiter aux énergies non renouvelables, comme le gaz et le fioul, et de se tourner vers l’énergie solaire thermique.» Avec cette solution, le chauffe- eau solaire thermique se substitue aux traditionnels chauffe-eau électriques ou à gaz. Le dispositif se compose d’une série de capteurs thermiques sur la toiture et d’un ballon de stockage de l’eau sanitaire, relié aux capteurs par un système hydraulique. Une pompe transfère l’eau froide jusqu’aux capteurs solaires. Ces derniers convertissent l’énergie solaire en chaleur à la façon d’une serre, grâce à un fluide caloporteur (un mélange d’eau et d’antigel). Ils échauffent ainsi l’eau qui les parcourt, laquelle est ensuite stockée dans le ballon de stockage, pour être distribuée dans le réseau d’ECS. Le mitigeur thermostatique (vanne 3 voies) assure la température souhaitée de l’eau chaude. UNE ÉNERGIE D’APPOINT RESTE NÉCESSAIRE Le chauffe-eau solaire thermique peut pourvoir aux besoins d’eau chaude sanitaire d’une résidence dans une proportion de 40 à JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 왘왘왘 47 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES 4 5 © PQE CHAMPAGNE-ARDENNES 왘왘왘 © DR 80% selon les régions. Une énergie d’appoint est nécessaire pour couvrir la totalité des besoins. Celle-ci est fournie soit en équipant le ballon de stockage d’une résistance électrique, soit en le reliant, par les vannes d’approvisionnement, à une chaudière au fioul ou à gaz, par exemple. Concernant la mise en œuvre, si l’installation du ballon de stockage relève des compétences traditionnelles des plombiers-chauffagistes, l’intégration des capteurs solaires en toiture ne peut être assurée que par un corps de métier spécifique: les couvreurs. «Les professionnels comme nous ne disposent pas de la garantie décennale, qui reste indispensable pour réaliser tous travaux en couverture, 200 000 CHAUFFE-EAU SOLAIRES PAR AN À L’HORIZON 2010 La loi de programme (loi POPE du 13 juillet 2005) qui fixe les orientations de la politique énergétique de la France, met l’accent sur les énergies renouvelables en général et sur la production d’eau chaude sanitaire par énergie solaire en particulier. Elle affiche un objectif ambitieux de plus de 200000 nouveaux chauffe-eau solaires installés chaque année à l’horizon 2010. On est encore loin du compte. En 2005, on a dénombré près de 16 500 installations, un chiffre en forte progression par rapport à 2004. Le défi à relever est donc de taille! 48 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 rappelle Gaël Parens. Sans compter que le métier de couvreur ne s’improvise pas. Il faut être formé aux travaux en hauteur et disposer d’un outillage spécifique, notamment des monte-charges pour transférer les capteurs du sol jusqu’au toit.» Les chauffagistes sollicités pour des installations de chauffe-eau solaires thermiques font donc appel à des entreprises de couverture. A moins qu’ils ne disposent, comme près des deux tiers des membres de l’UNCPFFB(1), de la double expertise de plombier-chauffagiste et de couvreur. Les capteurs sont directement encastrés dans la toiture et non plus posés sur elle, comme il était encore de coutume il y a quelques années. Certains maîtres d’ouvrage préfèrent même les faire installer à même le sol, sur un plan incliné (10% du parc aujourd’hui). On estime à 3 m2 ou 4 m2 la superficie moyenne du dispositif, pour un ballon de stockage de 300 l. Inclinés de 40 à 50° par rapport à l’horizontale, les capteurs doivent également être orientés plein sud, à la rigueur sud/sudest ou sud/sud-ouest. «Si le prix d’un tel équipement reste élevé, le retour sur investissement s’opère très vite : au bout de sept à huit ans», souligne Gaël Parens. Un argument de taille qui devrait décider nombre de foyers à adopter l’énergie solaire thermique pour la production de leur ECS. 쐍 (1) Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie de France. POUR EN SAVOIR PLUS • UNCP-FFB, tél. : 01 40 69 53 07 • UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94 4 L’UTILISATION DE CAPTEURS SOLAIRES pour la production centralisée d’eau chaude collective se révèle particulièrement rentable. C’est le choix qui a été retenu pour la piscine d’Épernay dans la Marne. 5 POUR LA MISE EN ŒUVRE de ce type de capteurs posés sur toiture, la compétence du couvreur est indispensable aussi bien pour s’assurer de la bonne réalisation des traversées des tuyauteries que de la fixation des capteurs dans des conditions optimales de sécurité. LA MARQUE QUALISOL GÉRÉE DÉSORMAIS PAR LES PROFESSIONNELS La marque Qualisol a été créée en 1999 par l’Ademe pour professionnaliser la filière des installateurs d’équipements solaires et pour garantir le savoir-faire de ces professionnels vis-à-vis du consommateur, à travers les engagements de la charte Qualisol. Afin de stimuler le développement de ce marché, l’Ademe a décidé d’impliquer directement les professionnels dans le dispositif Qualisol, en transférant la propriété et la gestion de la marque aux organisations professionnelles concernées, regroupées depuis le 11 janvier 2006 au sein de l’association Qualit’EnR (1). Sélectionnés sur dossier, les professionnels titulaires de la marque s’engagent, dans le cadre de Qualisol «nouvelle formule», sur un volume d’activité, l’objectif étant d’encourager une adhésion durable et réfléchie afin de créer un réseau solide d’installateurs de référence. Ils s’engagent pour trois ans, avec un référencement millésimé (Qualisol 2006, Qualisol 2007…) et paient une redevance annuelle. Les installateurs Qualisol font l’objet d’audits sur chantier, effectués par des organismes accrédités par Qualit’EnR. (1) Les membres fondateurs sont : les organisations professionnelles dont l’UCF-FFB (Union climatique de France) et l’UNCP-FFB (Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie de France), Enerplan (Association professionnelle de l’énergie solaire), SER (Syndicat des énergies renouvelables). ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES UNIVERSITÉ DE LIMOGES Le courant passe L’installation électrique de la nouvelle faculté de droit répond aux besoins d’un bâtiment de dernière génération. TESTER LA CONFORMITÉ DU CÂBLAGE Des réseaux aux multiples applications. Pour les courants faibles : téléphonie avec et sans fil, informatique, alarme anti-intrusion (28 détecteurs) et sécurité incendie, contrôle d’accès, interphonie et gestion centralisée du bâtiment. Pour les courants forts : 800 luminaires et 700 prises de courant… Le bon fonctionnement du bâtiment dépend de la qualité de l’installation électrique, contrôlée à l’aide de tests pointus. C’est l’objet, ici, de la «recette» effectuée après raccordement de la fibre optique afin de tester la conformité du câblage informatique à la puissance prévue. David Bocquier, conducteur de travaux au sein de la Scop Avenir Électrique de Limoges, était le responsable de ce chantier qui a 50 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 mobilisé selon les périodes de deux à six personnes. «La principale difficulté était de se greffer sur l’existant pour le contrôle d’accès et le système anti-intrusion reliés à la GTB (gestion technique du bâtiment). L’installation est très souple, pour pouvoir accompagner dans le temps les besoins des utilisateurs des locaux.» Pour David Bocquier, le bilan est très positif. «Un chantier intéressant. Il nous a permis d’exploiter nos compétences en tertiaire, et de conforter nos savoir-faire dans le domaine de l’anti-intrusion et du contrôle d’accès ». 쐍 L’INSTALLATION EN BREF Extension courants forts 1 TGTB (tableau général basse tension) • 5 armoires divisionnaires, 1 armoire logement, 1 armoire secours • 800 luminaires • 700 prises de courant • Éclairage de sécurité Extension courants faibles Contrôle d’accès: 1 porte et 1 barrière• Interphone deux accès (porte, barrière) • Précâblage RJ 45: 340 prises réparties sur 3 baies • Autocom: carte entrée analogique et carte entrée numérique, DECT (5 bornes) pour téléphone sans fil • Intrusion: 28 détecteurs, 5 sirènes, 2 modules, 1 clavier • GTB: 10 modules, 22 entrées, 25 sorties • Fibre optique: installation à 6 brins par baie • Incendie: 6 détecteurs 12 Gb, 6 sirènes © L. MERCIER/FFB D es kilomètres de câbles aux couleurs différenciées pour faciliter leur repérage, 340 prises RJ 45… Le nouveau bâtiment de la faculté de droit et des sciences économiques de l'université de Limoges (2e tranche) était un gros chantier d’équipement électrique. Parmi les pièces maîtresses de l’installation : cette «baie de brassage», dont le rôle est de raccorder les 4 000 m2 sur six niveaux du nouveau site aux réseaux courant forts et faibles d’un premier bâtiment livré en 2000. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 51 © V. LELOUP ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES RÉSEAUX D’EAU Accompagner les propriétaires d’immeubles dans la durée Aujourd’hui, la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine doit être garantie au point de puisage de l’installation intérieure de distribution. Les plombiers ont plus que jamais un rôle de conseil. E n termes d’eau destinée à la consommation humaine, les limites de qualité s’appliquaient essentiellement au distributeur, afin de fournir une eau propre à la consommation au point de livraison de l’immeuble, à savoir le compteur. Mais depuis le décret du 20 décembre 2001 (1), cette responsabilité s’est déplacée: c’est désormais au point de puisage, c’est-à-dire au robinet du consommateur, que les références de 52 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 qualité s’appliquent. Cela change beaucoup de choses, car l’installation intérieure de distribution d’eau ne doit pas être un facteur dégradant de la qualité de l’eau. Lorsque ces limites de qualité ne sont pas respectées au point de puisage, le distributeur aura rempli ses obligations lorsqu’il pourra être établi que le fait est imputable à l’installation privée, à son entretien ou à la qualité de l’eau qu’elle fournit. Autrement dit, le plombier a plus que jamais un devoir de conseil vis-à-vis de son client, et doit lui signaler tout dysfonctionnement du réseau, comme cela peut-être le cas par exemple en cas de teneur en plomb élevé (voir encadré). MAINTENANCE: PRÉVENIR PLUTÔT QUE GUÉRIR Pour se conformer à la réglementation, les propriétaires doivent donc non seulement avoir une installation conforme aux normes en vigueur – en mettant en œuvre les bons matériels et le bon dimensionnement – mais aussi faire en sorte qu’elle reste en bon état dans la durée. Le meilleur moyen d’y parvenir est pour eux d’assurer une maintenance régulière et efficace. Il ne s’agit pas de faire appel à l’entreprise de plomberie quand le problème est déjà déclaré, mais plutôt d’anticiper tout dysfonctionnement grâce à une inspection régulière du réseau. C’est donc logiquement que les plombiers sont appelés à déceler en amont les problèmes qui pourraient survenir. Ayant le plus souvent réalisé eux-mêmes l’installation de distribution intérieure, ils sont les mieux placés pour en assurer la maintenance. L’évolution de la réglementation leur ouvre donc un nouveau champ d’activité, qui a l’avantage de pouvoir être planifié sur tout un exercice. CONTRÔLER PÉRIODIQUEMENT L’ENSEMBLE DES ÉQUIPEMENTS La maintenance d’un réseau d’eau passe d’abord par un contrôle visuel de l’installation : un diagnostic qui, pour un œil avisé, donne des indications précieuses sur son état de corrosion et d’entartrage. Le tartre est très préjudiciable, puisque son accumulation réduit la section des canalisations (d’où une pression accrue qui fatigue l’installation) et favorise la multiplication de certaines bactéries. Qui dit maintenance dit aussi contrôles précis et périodiques des différents équipements installés : compteur (contrôle d’étanchéité à chaque relevé); clapets et dysconnecteurs des dispositifs anti-retour et antipollution (révision tous les deux ans) ; systèmes de traitement parmi lesquels les adoucisseurs (remplacement des cartouches ou entretien selon les préconisations du fabricant); système de production d’eau chaude sanitaire (détartrage, nettoyage et vérifica- tion de l’anode quand l’appareil présente des signes d’entartrage). Pour accompagner les entreprises de plomberie dans leurs échanges avec les particuliers et avec les syndics, le CSTB a édité un guide en vue de les inciter à mettre en place une maintenance de leur installation réaliste et maîtrisée(2). Ce document explique notamment comment instaurer une contractualisation des tâches, sur la base d’un calendrier d’entretien et de révision. 쐍 (1) Il s’agit du décret 1220 du 20 décembre 2001, qui transpose en droit français la directive européenne 98/83/CE du 3 novembre 1998 (2) Guide technique de maintenance des réseaux d’eau, paru en septembre 2005, disponible au CSTB (www.cstb.fr). TENEUR EN PLOMB: ABAISSEMENT PROGRESSIF DES SEUILS La réglementation abaisse progressivement les teneurs en plomb tolérées dans l’eau destinée à la consommation humaine : de 50 micro-grammes par litre avant le 25 décembre 2003, le seuil est passé depuis cette date à 25 micro-grammes, avant de descendre à 10 micro-grammes à partir du 25 décembre 2013. La présence de plomb dans l’eau a plusieurs origines : corrosion des branchements publics en plomb, des canalisations des réseaux intérieurs dans les immeubles anciens, des raccords, robinetteries, brasures en alliage contenant du plomb, et de certaines canalisations en PVC contenant des sels de plomb. La quantité de plomb dans l’eau est fonction du temps de stagnation, des caractéristiques physico-chimiques de l’eau et de sa température. Les solutions pour faire baisser la teneur en plomb de l’eau vont du traitement des canalisations et des équipements jusqu’à l’option plus radicale de leur remplacement (solution mise en œuvre actuellement par de nombreuses communes pour les branchements publics). En ce qui concerne les immeubles, les plombiers doivent inciter les propriétaires à anticiper le durcissement de la réglementation et à engager les travaux nécessaires sans attendre 2013. ÉNERGIE De nouveaux partenaires pour les installateurs L’ouverture des marchés (gaz et électricité) amène les professionnels à négocier avec de nouveaux interlocuteurs: les fournisseurs et le GRD (gestionnaire de réseau de distribution). D epuis le 1er juillet 2004, l’ouverture des marchés du gaz et de l’électricité aux clients professionnels est effective. A partir du 1er juillet 2007, les particuliers pourront à leur tour choisir leur fournisseur. Dès à présent, pour les clients professionnels, le choix entre les fournisseurs tient compte des services différenciés: dialogue avec un interlocuteur de proximité, facturations détaillées par usage, suivi des consommations, diagnostics, solutions de financement, etc. Le critère du prix ne peut être en effet le seul retenu, surtout au regard des faibles écarts observés sur le marché. Les installateurs peuvent être associés aux fournisseurs – en co-traitants – pour réaliser les étapes d’installation, de maintenance et d’exploitation des équipements. Dans ce cadre, le client professionnel doit s’assurer que l’opérateur est autorisé à distribuer les énergies. Pour le gaz comme pour l’électricité, le professionnel a un nouvel interlocuteur : le GRD. Pour le gaz, il s’agit en l’occurrence de Gaz de France Distribution. Cette entité est indépendante de Gaz de France, le fournisseur d’énergie dans la majorité des cas (il s’agit sinon de régies gazières). Le GRD devient un intermédiaire technique incontournable pour le raccordement et la mise en gaz des chantiers, puis du client. À la signature du devis par le client, il est donc prudent de vérifier qu’il a bien choisi son fournisseur, afin d’éviter les retards dans les délais de mise en gaz lors de la réception des travaux. Il en va de même pour l’électricité. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB (Union climatique de France), tél.: 01 40 69 52 94 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 53 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES ÉCLAIRAGE Basse consommation, bas coûts d’exploitation 1 2 3 1 ENTREPÔT ÉCLAIRÉ par des tubes fluorescents basse consommation. © PHOTOS : OSRAM 2 LAMPE À DÉCHARGE basse consommation, à brûleur sphérique, spécialement adaptée aux commerces, notamment pour son rendu naturel des couleurs. 3 ÉCLAIRAGE PUBLIC par lampes à décharge, offrant un rendu optimum des couleurs. Les éclairages «basse consommation» permettent de réduire sensiblement la facture énergétique des bâtiments. Panorama des différentes technologies. L ’éclairage représente environ 20% des dépenses énergétiques d’un bâtiment. En préconisant des technologies «à basse consommation», il est possible non seulement d’améliorer la qualité de l’éclairage fourni, mais également de réduire sensiblement ses coûts. Quelles solutions et équipements faut-il privilégier ? Rappelons tout d’abord que le marché de l’éclairage met aux 54 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 prises deux technologies : l’incandescence et la décharge. Pour produire de la lumière, la première porte à haute température un filament de tungstène, la seconde engendre un arc électrique. Dans la famille des lampes à décharge, les ampoules et tubes dits «fluorescents» sont aujourd’hui largement préconisés par les bureaux d’études pour l’éclairage des locaux professionnels (commerce, tertiaire et indus- trie), à la différence des lampes à incandescence. Car non seulement les fluorescents (on parle aussi de lampes fluo-compactes) offrent une efficacité lumineuse jusqu’à cinq fois supérieure, mais ils consomment jusqu’à quatre à cinq fois moins d’énergie et durent de douze à quinze fois plus longtemps. Ils incarnent donc bien aujourd’hui la technologie maîtresse de la basse consommation. LES ATOUTS DES FLUORESCENTS HAUT RENDEMENT La famille des fluorescents comprend également les tubes haut rendement (diamètre de 26 ou 16 mm), particulièrement adaptés aux grands sites industriels et commerciaux. Certes deux fois plus chers à l’installation que les tubes standards, ils permettent de réduire de 15 à 20% le montant de la consommation électrique, et de 40 à 50% le coût annuel de remplacement, soit, au bout de cinq ans d’exploitation, une économie approchant 30%. Leur durée de vie est d’environ 14 000 heures, contre 8 000 pour un fluorescent standard. Elle varie toutefois selon le nombre d’actions marche/arrêt: plus celles-ci sont fréquentes, plus le tube s’use. Autre inconvénient du haut rendement : il oblige à utiliser un convertisseur électronique (et non pas un transformateur classique), PARIS ABANDONNE L’INCANDESCENCE La mairie de Paris a lancé, en 2004, un projet sur trois ans destiné à supprimer les lampes à incandescence des illuminations dont elle a la charge. Le programme, qui concerne 130 installations, permettrait d’économiser quelque 800 000 euros par an. Pour mémoire, la facture d’éclairage de la ville de Paris s’est élevée en 2004 à 11,1 millions d’euros. qui présente le défaut de réintroduire des signaux parasites sur le réseau. Conséquence : les câbles de l’installation chauffent. Parmi les autres familles de lampes «basse consommation», citons les sodiums haute pression, recommandés sur les installations en hauteur (de 10 à 12 mètres), ainsi que les iodures métalliques, si l’on cherche une lumière blanche (pour l’éclairage des monuments, par exemple). A noter qu’un ballast électronique de variation peut être associé à l’ensemble de ces installations. Il augmentera de 50% la durée de vie des points d’éclairage, et permettra d’adapter des systèmes de gestion automatique (variation de la quantité de lumière émise, détection de présence, etc.). Dernière technologie dite «à basse consommation», mais qui reste pour l’heure inadaptée à l’éclairage général : la diode à semiconducteur. En effet, l’efficacité lumineuse des diodes reste encore modeste : 5 à 20 lumens par watt (lm/W), contre 70 à 80 lm/W pour les tubes fluorescents(1). Cependant, d’ici deux à trois années, affirment les principaux industriels, des progrès significatifs auront été réalisés sur ce terrain. 쐍 (1) L’efficacité lumineuse est le rapport entre le flux lumineux émis par la lampe et sa puissance électrique. Plus l’efficacité lumineuse est élevée, plus les frais d’installation et de dépenses de fonctionnement sont bas. POUR EN SAVOIR PLUS FFIE-FFB (Fédération française des installateurs électriciens), tél.: 01 44 05 84 00 SURCOÛTS D’INSTALLATION RAPIDEMENT AMORTIS Alexis Delepoulle, directeur commercial de l’entreprise Pouchain, à La Chapelle-d’Armentières (Nord) « L’éclairage basse consommation pour l’extérieur séduit un nombre croissant de municipalités de notre région. Jusque très récemment, nous ne travaillions qu’avec des petites communes. Or, nous venons de signer un chantier important avec la ville de Wasquehal (15000 habitants), soit la mise en œuvre d’une soixantaine d’armoires. Pour la commune, l’installation présente certes un surcoût par rapport à un équipement classique, mais il sera amorti au bout de quatre à cinq ans. Les économies sur les factures d’éclairage atteignent 30%, tandis que la durée de vie des lampes (essentiellement des sodiums haute pression) augmente de trois à quatre ans. La pierre angulaire de cette installation est un réducteur de tension qui équipe chacune des armoires. En fonction de la luminosité extérieure, cet appareil joue sur la tension de la lampe. Doté d’une horloge, il se cale sur le lever et le coucher du soleil, et réduit ou augmente le flux en fonction du niveau d’éclairement – permettant ainsi d’agir sur la consommation.» NORMALISATION Révision de la norme NF C 14-100 L a norme NF C 14-100 relative aux installations de branchements à basse tension entrera en vigueur dans sa troisième version fin 2006. Le point sur ses principales modifications. • Les branchements qui relient le réseau aux points de livraison d’une installation équipée d’une source de production doivent être pourvus d’un coupe-circuit prin- cipal individuel au niveau de leurs points de raccordement au réseau. • Les circuits de sécurité alimentés par le réseau public sont équipés d’une fonction de coupure d’urgence indépendante. Sous le disjoncteur des branchements à puissance limitée et surveillée, le professionnel installe deux dispositifs de coupure d’urgence : l’un pour le circuit classique, l’autre pour l’alimentation de sécurité. PUISSANCES MINIMALES DE DIMENSIONNEMENT DES COLONNES ÉLECTRIQUES POUR LES LOCAUX TERTIAIRES Types d’emplacements Puissance minimale de dimensionnement Bureaux 40 VA/m2 Petits commerces 75 VA/m2 Locaux associatifs 40 VA/m2 • Pour les branchements à puissance surveillée, le dimensionnement des canalisations qui relient le réseau de distribution publique au compteur est établi en fonction de la puissance demandée. De 36 à 54 kVA : dimensionnement (D) pour 100 A ; de 60 à 108 kVA : D pour 200 A ; de 120 à 240 kVA : D pour 400 A. • Dans le cas de l’alimentation d’un point de livraison à puissance surveillée en schéma TN, l’installation de mise à la terre d’un bâtiment prévoit une terre commune au bâtiment et au poste de distribution publique. • Les installateurs peuvent ne plus équiper que d’une colonne électrique les bâtiments qui comptent jusqu’à six comptages. Ils peuvent alimenter les points de livrai- son à partir du coffret en limite de propriété. • Les règles de mise en œuvre des colonnes électriques horizontales interdisent les changements de sections ; elles définissent des valeurs de résistance mécanique des colonnes en fonction de leur hauteur (h) (IK10 pour h ≤ 2 m; IK09 pour h > 2 m) ; enfin, elles recommandent une distance minimale de 10 cm entre le plafond et les distributeurs. • Les coefficients de pondération pour le dimensionnement des colonnes électriques sont révisés afin d’éviter leur sous-dimensionnement. Des puissances minimales de dimensionnement des colonnes sont définies en fonction de la surface des locaux tertiaires (voir tableau). 쐍 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 55 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES CHAUDIÈRES À CONDENSATION L’âge de la maturité Performantes et respectueuses de l’environnement, les chaudières à condensation ont gagné en fiabilité et voient leurs ventes décoller. Rappel de leurs avantages et spécificités. P « ar rapport aux chaudières classiques, les chaudières à condensation offrent des rendements de production de chaleur plus élevés: de 105 à 108%, contre 95% pour les générateurs traditionnels. Elles permettent également de réaliser des économies d’énergie : leur consommation en combustible est inférieure de 15% à 20% au niveau de référence. Elles contribuent ainsi à la préservation de l’environnement en limitant les émissions de polluants. » Bernard Davy, qui dirige la société Hubert à Bougival (Yvelines), connaît bien les avantages des chaudières à condensation. « Elles représentent aujourd’hui 25 % du total des de ces techniques par les chauffagistes et leurs équipes. chaudières que nous installons chaque année. Leur succès est grandissant, malgrès des prix plus élevés que ceux des chaudières à haut rendement.» Cette envolée est confirmée au niveau national : selon le Groupement des fabricants de matériels de chauffage central (GFCC), leurs ventes auraient été multipliées par deux en 2005, et elles représenteraient aujourd’hui 10% des chaudières individuelles commercialisées en France, contre 2% en 2003. Trois facteurs conjugués contribuent à cette croissance: la mise en place en 2005 d’un crédit d’impôt de 25% pour ce type d’installation; la confirmation d’une technologie aujourd’hui éprouvée; la maîtrise RESTITUTION D’UNE CHALEUR NOUVELLE Les chaudières à condensation nécessitent cependant le respect des règles spécifiques d’installation pour atteindre les performances attendues (dimensionnement, choix des émetteurs…). C’est la condition pour qu’elles récupèrent l’énergie contenue dans la vapeur d’eau rejetée par les fumées des produits de combustion (gaz ou fioul) pour les restituer au circuit de chauffage – la vapeur d’eau se condensant sur l’échangeur qui récupère la chaleur latente. En fin de cycle, les condensats (eau résul- PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D’UNE CHAUDIÈRE À CONDENSATION INDIVIDUELLE Conduit de fumées 1 Le fluide froid circuit de chauffage) 1 traversant le récupérateur 2 placé dans le circuit des gaz brûlés, provoque la condensation de la vapeur d’eau contenue dans les gaz. Il y a de ce fait, libération d’une quantité de chaleur évacuée par l’eau du circuit de chauffage. 2 tant de la condensation) sont évacués après traitement vers l’égout. La condensation (le passage à un état liquide) est obtenue grâce à l’abaissement de la température des fumées. Pour ce faire, soit on augmente la surface d’échange entre les gaz de combustion et l’eau, soit on installe un échangeur supplémentaire sur le circuit des fumées, soit encore on module la puissance du brûleur. Les chaudières à condensation actuelles ont beaucoup gagné en fiabilité. « Les pannes sont de l’histoire ancienne, affirme Bernard Davy. Celles qu’on rencontrait il y a quelques années tenaient essentiellement au manque de fiabilité des condenseurs. Désormais les fabricants utilisent des matériaux comme l’acier inoxydable, qui résiste parfaitement à l’agression acide des condensats». Les clients doivent toutefois être prudents et s’adresser à des installateurs qualifiés qui éviteront certaines erreurs relatives aux systèmes d’évacuation des produits de combustion (telles que l’installation de chaudières murales à condensation sur des conduits collectifs de type shunts) et vérifieront la dépression du conduit et du raccordement à la chaudière. Conscients de l’importance des contrôles souhaités par les constructeurs dans le cadre des conditions de garantie des appareils, systématiquement, les professionnels attirent l’attention de leurs clients sur l’entretien et la vérification des appareils installés. L’intervention de maintenance peut prendre la forme de deux visites: l’une pour le contrôle et l’entretien; l’autre pour le contrôle de la vacuité du conduit de raccordement, les réglages nécessaires, la mesure de la dépression, etc. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94 56 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 BAROMÈTRE DE L’UCF Connaître ses marchés pour mieux vendre En livrant périodiquement un état de l’évolution de la filière du génie climatique, le baromètre de l’UCF-FFB permet aux professionnels de coller aux réalités du marché. O ffrir une information claire et objective sur les évolutions de la conjoncture des différents marchés du génie climatique : tel est l’objectif du baromètre de l’Union climatique de France (UCF-FFB). Ce document, adressé chaque trimestre depuis 2003 aux membres de l’Union, se révèle un outil précieux pour aider les professionnels à se positionner judicieusement sur des marchés en constante mutation, sur les plans technique comme réglementaire. La composition du document est articulée autour de quatre axes : – un tableau des principaux indicateurs économiques de la filière (évolution des prix de vente, tenue des carnets de commandes, perspectives de croissance des entreprises, etc.); – une étude détaillée de l’évolution des chiffres d’affaires des métiers du génie climatique (cli- matisation, pompes à chaleur, solaire thermique, etc.); – une étude sur les progressions des marchés, qui prend en compte la taille des entreprises (artisanat, entreprises régionales, nationales); – une analyse de l’évolution de l’activité des métiers par région; ce chapitre très apprécié permet aux entreprises de se placer au plus près de leur environnement économique. Dès le 1er semestre 2006, le baromètre évolue significativement avec de nouveaux indicateurs régionaux et des données croisées. Il sera prochainement présenté sur huit et non plus quatre pages. L’UCF-FFB compte par ailleurs faire progresser de 40 % à 55 % le taux de retour des demandes d’information adressées aux professionnels dans le cadre de ses enquêtes. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94 NORME DTU 24.1 Travaux de fumisterie H omologuée le 20 janvier et prenant effet au 20 février 2006, la norme NF DTU 24.1 s’applique à la conception et la réalisation des conduits individuels et collectifs, tubages, chemisages, carneaux, conduits de raccordement. Elle traite également des travaux d’entretien et du diagnostic des conduits. Avec ce DTU entièrement revu, le conduit de fumée devient un ouvrage du Bâtiment faisant l’objet d’une conception et d’une désignation précises sur une plaque signalétique, indiquant ses performances. Les entreprises devront justifier du bon fonctionnement de l’évacuation des produits de combus- tion évitant tout risque de refoulement. Un logiciel et des abaques simplifiés seront bientôt disponibles et mis à la disposition des entreprises. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94 MÉTIERS DE L’ÉLECTRICITÉ : LE GUIDE DE LA FILIÈRE Ce guide présente les différentes formations qui permettent d’accéder aux métiers de l’électricité. De nombreux témoignages de jeunes électriciens, des statistiques sur le secteur et des exemples de réalisations complètent l’ouvrage. Edité par l’Etudiant et réalisé par la Fédération française des installateurs électriciens (FFIE-FFB), il est disponible en librairie (96 pages, 6,90 € TTC ). POUR EN SAVOIR PLUS Appeler l’Étudiant au 08 92 16 46 36 EAU CHAUDE SANITAIRE : LA BONNE TEMPÉRATURE Un arrêté du 30 novembre 2005 modifie les dispositions réglementaires en cours (article 36 de l’arrêté du 23 juin 1978) en matière de température de distribution d’eau chaude sanitaire des bâtiments d’habitation, de bureaux ou recevant du public. Pour prévenir le risque de brûlure, la température est limitée à 50°C aux points de puisage des pièces destinées à la toilette et à 60°C dans les autres cas. De nouvelles exigences en matière de production d’eau chaude visent par ailleurs à limiter le risque de développement de légionelles. Ces dispositions prendront effet le 15 décembre 2006. POUR EN SAVOIR PLUS www.uncp.ffbatiment.fr (espace adhérent) JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 57 FINITIONS/AMÉNAGEMENT 1 ACOUSTIQUE COMPRENDRE LE BRUIT POUR LE RÉDUIRE Les entrepreneurs des métiers du plâtre et de l’isolation sont souvent responsables de la conformité de leurs réalisations en matière d’isolation acoustique. Une bonne connaissance de la nature des bruits et des solutions pour les traiter est donc indispensable. 58 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 A u moment d’aborder un chantier, les professionnels doivent avoir à l’esprit que tout bâtiment construit est soumis à une réglementation acoustique. Le principal texte fondateur de cette réglementation est la loi 92-1944 du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit. Cette loi, accompagnée de ses différents arrêtés et décrets, réglemente la performance acoustique du bâti et de ses équipements pour de nombreuses constructions : établissements d’enseignement, de 2 1 et 2 SALLE DE CINÉMA UGC LA DÉFENSE utilise des cloisons à base de plaques de plâtre sur ossature métallique avec laine minérale pour obtenir les performances acoustiques souhaitées. TROIS TYPES DE NUISANCES Pour Alain Leconte, consultant expert en acoustique, la réussite d’un chantier destiné à réduire les bruits tient au respect de cinq étapes : identifier la nature des bruits, repérer les parois à traiter, déterminer la composition des parois existantes, évaluer la nui- 왘 왘 왘 3 ENDUISAGE DES BANDES de joint d’un plafond sur fourrures métalliques. 4 DÉTAIL DE L’OSSATURE métallique avec incorporation de laine minérale. 3 santé, hôtels, etc. Pour les bâtiments d’habitation, c’est l’arrêté du 30 juin 1999, pris en application du Code de construction et de l’habitation, qui fixe leurs caractéristiques acoustiques. La loi fixe aussi le niveau de bruit à ne pas dépasser en limite des propriétés, notamment pour les établissements classés (soumis à autorisation, soumis à déclaration). Pour lutter contre les bruits de voisinage, le décret du 18 avril 1995 limite l’émergence sonore maximale (différence entre le bruit ambiant avec le perturbateur et sans le perturbateur) à 5 dB(A) en période diurne, et à 3 dB(A) en période nocturne. PRINCIPES ACOUSTIQUES MASSE-RESSORT-MASSE Laine minérale LA LOI DE MASSE Plaques de plâtre Béton 4 © YVES LAUNAY/CVI AUDIOVISUEL Montant métallique 16 cm Rw + C 61 dB 22 cm Rw + C 61 dB 5 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 59 FINITIONS/AMÉNAGEMENT «FAIRE ATTENTION AU MONTAGE ET AUX INTERFACES» André Sanchez, société ETP à Toulouse (Haute-Garonne) 왘왘왘 sance sonore (en décibels), choisir une solution adaptée. Il rappelle que, dans la construction, on identifie trois types de bruits: les bruits aériens (de voix, de télévision…), les bruits d’impact (pas, chute d’objets…) et les bruits d’équipements (chauffage, robinetterie, ascenseurs…). La lutte contre ces trois types de bruit est au cœur de la réglementation acoustique de 1999, qui impose aux constructions neuves des exigences dans ces trois domaines, ainsi que plusieurs nouveautés : traitement des bruits dans les parties communes (cages d’escalier, couloirs…), limitation des bruits d’équipement à l’intérieur même des logements (chauffage, climatisation…), isolement minimal des bruits extérieurs. Pour lutter efficacement contre le bruit, il faut se demander à quel phénomène il correspond. On peut être confronté à un problème soit de correction acoustique, soit d’isolation acoustique. La correction acoustique concerne la propagation de l’énergie sonore à l’intérieur d’un même local (l’indice d’absorption alpha-w caractérise la performance du matériau à éviter la réflexion du bruit). L’isolation acoustique, quand à elle, s’intéresse à la propagation des bruits d’un local à un autre (1) ; l’indice d’affaiblissement Rw (C; Ctr), issu du nouveau système normatif européen, caractérise la réduction du bruit transmis par un mur, une cloison, un plancher, une porte… CORRECTION ET ISOLATION Dans le cas de la correction acoustique, il s’agit de gérer l’absorption du bruit avec une solution adaptée. On parle de correction acoustique défensive quand il s’agit de supprimer toute réverbération (alpha-w proche de 1, le chiffre 60 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 1 correspondant à 100% de l’énergie sonore absorbée par le matériau). En revanche, on parle de correction acoustique permissive quand il s’agit au contraire d’équilibrer la propagation des sons, dans une salle de conférence ou un auditorium par exemple. Dans les deux cas de figure, il faut faire appel à la famille des matériaux dits absorbants: matériaux fibreux, faux plafonds, panneaux perforés, qui sont le plus souvent à base de laine minérale. LA LOI DE MASSE NE PEUT TOUT RÉSOUDRE En ce qui concerne l’isolation acoustique, le professionnel a le choix entre deux solutions. Il peut tout d’abord faire appel à la loi de masse : plus la cloison est lourde, meilleure sera l’isolation acoustique. Mais ce principe a des limites : lorsque la masse surfacique de la paroi est inférieure à 150 kg/m2, son doublement (par exemple de 35 à 70 kg/m2) ne fait gagner que 3 à 4 dB(A). Lorsque cette masse surfacique est supérieure à 150 kg/m2, son doublement ne fait gagner que 6 dB(A), ce qui fait dire aux acousticiens que «quand la loi de masse prend l’ascenseur, les décibels prennent l’escalier.» Conséquence : avec certaines exigences, la loi de masse conduit à des parois très lourdes. La solution se trouve le plus souvent dans les systèmes de type «masse-ressortmasse», c’est-à-dire des systèmes de doubles parois composés de plusieurs éléments : deux parois pouvant être de nature et de masse surfacique différente (en béton, plaques de plâtre, bois...) reliées par un ressort (généralement de l’air), ce ressort étant amorti par une laine minérale (laine de verre, laine de roche). Les spécifications de chacun de ces produits sont indiquées par les fabricants ou Quelles sont les règles à respecter dans un chantier acoustique ? Il faut respecter un ordonnancement des travaux, à savoir commencer par les cloisons séparatives, puis réaliser le plafond, puis les doublages. Il est aussi impératif de respecter non seulement les spécifications des produits, mais aussi le montage, qui est indiqué soit par le DTU, soit par le procès-verbal qui émane du fabricant. La réussite d’un chantier acoustique dépend d’une somme de détails. Comment gérez-vous la question des interfaces ? Il faut faire en sorte que les autres corps d’état ne ruinent pas les objectifs acoustiques : en installant un boîtier électrique face à face avec une cloison séparative, un électricien crée un point faible dans la cloison qui affecte sa performance acoustique. De même, il faut respecter une unité entre la paroi qu’on a mise en œuvre et la porte qui va y prendre place, pour avoir une continuité acoustique. Comment évolue le marché de l’isolation acoustique ? Les exigences sont de plus en plus strictes, notamment avec l’arrivée de la réglementation acoustique (NRA), ce qui fait que les chantiers acoustiques prennent de plus en plus d’importance et que leur contenu technique est reconnu. Le marché ira crescendo, ce qui est une bonne chose, mais en échange il faudra faire preuve d’un professionnalisme toujours plus grand. bureaux d’études acoustiques. Même le staff, pourtant considéré comme une véritable «peau de tambour» qui véhicule les sons qui le frappent, se révèle tout à fait satisfaisant sur le plan de la performance acoustique si sa mise en œuvre se rapproche de celle des ouvrages de type plaque de plâtre sur ossature métallique. PLUS DE LIMITE AUX PERFORMANCES L’efficacité du système masse-ressort-masse dépend de sa fréquence de résonance qui est fonction de la masse surfacique de chacun des parements, et de l’épaisseur et de la nature du ressort et de son amortisseur. En dessous de cette fréquence, le système est moins performant que la loi de masse mais au-dessus, il peut être très performant. «Le système masse-ressort-masse est véritablement la solution d’avenir, puisqu’il permet une isolation acoustique aux performances sans limites», commente Alain Leconte. L’entrepreneur de plâtre et d’isolation étant supposé qualifié sur la question, il sera mis en cause si l’isolation de son ouvrage se révèle défectueuse et génère une plainte des occupants. Le professionnel doit connaître les grandes techniques de traitement du bruit, et ne pas hésiter à faire appel à l’étude d’un acousticien ou du fabricant du système d’isolation, si les spécifications du chantier lui paraissent inaptes au respect de la réglementation. 쐍 (1) De l’intérieur vers l’extérieur ou inversement, ou encore d’un local juxtaposé à un autre ou d’un local superposé à un autre. POUR EN SAVOIR PLUS UMPI-FFB - Union des métiers du plâtre et de l’isolation, tél.: 01 40 69 52 14 © FORDO SARLINO SOLS Le retour du linoléum Produit d’origine naturelle, le linoléum s’adapte aussi aux fonctions décoratives que certains prescripteurs attendent d’un revêtement. L a création du linoléum remonte à 1862. Cette année-là, le britannique Frederic Walton créa le premier revêtement de sol élastique. Le linoléum est un mélange original d’huile de lin (d’où son nom), de poudre de liège, de charges minérales, de pigments, de jute et de poudre de bois. Son processus de fabrication consiste tout d’abord à cuire l’huile de lin, qui est ensuite oxydée. Le ciment de linoléum ainsi obtenu est mélangé ensuite aux autres ingrédients. Après «maturation» (oxydation poussée), le linoléum est recouvert d’un produit à base de résine acrylique pour le protéger contre l’usure. A quelques évolutions près, le principe de fabrication du linoléum a peu varié depuis ses origines. Il n’en est pas tout à fait de même pour la colle. Dès la fin du XIXe siècle, ont été développées des colles spécifiques : des résines 2 1 naturelles mises en solution avec de l’alcool et additionnées de charge sous la forme de craie. Contrairement au PVC, le linoléum ne peut supporter des colles à haute teneur en eau, dont l’impact est négatif sur l’envers de la jute. Très vite, l’emploi de colles de résine à solvants, et surtout de colles à dispersion, a permis d’atteindre un pouvoir d’adhérence suffisant pour dominer la tension du revêtement. LONGÉVITÉ EXCEPTIONNELLE Longtemps concurrencé par le PVC, à la surface dense et peu poreuse, le linoléum semble être de plus en plus apprécié par les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre. Outre des propriétés anti-bactériennes naturelles, il résiste bien aux charges lourdes et au feu. Ainsi, beaucoup de produits en linoléum possèdent un classement Upec(1) élevé. Le «lino» est d’une longévité singulière (puisqu’il atteint facilement les trente ans) en comparaison des autres types de revêtement. Il est aussi aisément personnalisable. Une grande variété de coloris, textures ou motifs peut être expérimentée sur ce matériau sans trop de contraintes. Certains architectes d’intérieur réputés l’utilisent fréquemment pour ses capacités décoratives. De plus, par son origine naturelle, il répond aux attentes du public en matière d’environnement. Un atout que les industriels entendent valoriser dans le cadre des nouvelles fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) pour les produits de construction. Pour toutes ces raisons, le linoléum connaît un nouvel essor, en 1 et 2 UTILISÉ DANS DES DOMAINES TRÈS DIVERSIFIÉS (bureaux, santé, logement…), le linoléum allie qualité esthétiques et longévité exceptionnelle. particulier en Scandinavie et en Europe de l’Est. Même si sa mise en œuvre requiert une certaine technicité (voir encadré), il recèle un véritable potentiel de développement. Cette marge est particulièrement importante en France, où il ne représente que 1,5 million de m2 sur un ensemble de 40 millions de m2 pour les revêtements de sols souples (chiffres 2004). Son avenir est donc devant lui. 쐍 (1) Upec : usure, poinçonnement, comportement à l’eau, résistance aux agents chimiques. «UNE MATIÈRE QUI TRAVAILLE» Pascal Corbiaux, entreprise Corbiaux Sols à Thionville (Moselle) «Le principal atout du linoléum, c’est sa durabilité, à condition de l’entretenir. Mais sa mise en œuvre est plus délicate que celle d’un PVC. Il faut le couper, préparer le support (un ragréage est obligatoire) et l’étaler un jour à l’avance dans une pièce à température ambiante pour l’empêcher d’être cassant lors de la pose. Quelle que soit son épaisseur, il est nécessaire de le laisser reposer. C’est une matière qui travaille, contrairement au PVC qui est stable; mieux vaut donc poser les plinthes après le linoléum. Dans ma région, le linoléum fait son retour. Nous en posons beaucoup dans les établissements scolaires et les salles de sport.» JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 61 FINITIONS/AMÉNAGEMENT 62 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 © V. LELOUP Façade polychrome en bord de mer Beaucoup de tonalités différentes pour cette mise en peinture harmonieuse et typiquement méditerranéenne. É difiée à la fin des années 70, la résidence des Logis du Languedoc, vaste ensemble d’habitations principalement destinées aux estivants, n’avait bénéficié d’aucun ravalement de façade depuis sa construction. Pour ces immeubles R+5 situés en bord de mer à Gruissan, dans l’Aude, la rénovation s’avérait nécessaire. L’agence d’architecture Rayssac a confié à l’entreprise Siprie le soin d’assurer cette opération. « Un traitement de façade de A à Z, précise le chef d’entreprise, Marc Dumas. Sur un support très dégradé, il a fallu d’abord retirer l’enduit d’origine, puis décaper et restructurer le béton, traiter les fissures avant de mettre en place un nouvel enduit, assurer la mise en teinte à l’aide d’une polychromie adaptée aux tonalités méditerranéennes.» Pour masquer efficacement les défauts du béton, le maître d’œuvre avait choisi un revêtement épais taloché à base de plastifiant. Dans un environnement fortement marqué par l’air salin, cet enduit apporte également une certaine garantie de pérennité pour le traitement des fissures. « En finition, nous avons appliqué un revêtement mat à base de résines acryliques, explique Bernard Perez, conducteur de travaux. Les teintes avaient été sélectionnées en partenariat avec le fabricant de peinture et l’architecte-coloriste qu’il avait mandaté, dans l’objectif d’exploiter l’aspect éclatant des couleurs méditerranéennes. On retrouve ainsi de l’ambre, du pisé clair (pour les gardecorps), un ocre, un orangé ainsi que du bleu roi (pour les boiseries).» Démarré en janvier 2006, ce chantier a porté sur près de 10000 m2 de façades, avec une contrainte spécifique : la présence de six antennes-relais de téléphonie mobile sur la partie supérieure d’un des bâtiments. «En lien avec les deux opérateurs concernés, SFR et Orange, nous avons dû mettre en œuvre un protocole quasi quotidien de déconnexionreconnexion de ces antennes », souligne Bernard Perez. Livrée fin mai, cette rénovation rend à la façade de la résidence ses couleurs éclatantes d’origine. Tout est prêt pour la saison estivale 2006. 쐍 LES INTERVENANTS DU CHANTIER • Maître d’ouvragež: Syndicat des copropriétaires de la résidence des Logis du Languedoc. Administrateur de biens: Cabinet Gil, Didier Bougon • Maître d’œuvrež: agence d’architecture Rayssac (Narbonne) • Bureau d’ingénieriež: MBI, René Chaumaz • Entreprise: SIPRIE (Perpignan) JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 63 FINITIONS/AMÉNAGEMENT 1 PISCINE MUNICIPALE DE COURRIÈRES, dans le Pas-deCalais. La nouvelle spécification clarifie les règles du jeu ; l’entreprise doit toutefois être capable de vérifier que le carreau prescrit est bien adapté aux locaux. 2 et 3 DOUCHE ET RÉFECTOIRE du centre de formation du Racing Club de Lens. Les deux grandes familles de locaux sont ici représentées : en pieds nus (PN) et en pieds chaussés (PC). L 2 3 GLISSANCE Enfin une norme française! Mettant fin à un certain flou, une norme nationale établit désormais des spécifications sur «l’antiglissance» des locaux et des revêtements de sols, en particulier des carreaux céramiques. 64 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 © R. ROUSSEL 1 a résistance des locaux à la glissance fait enfin l’objet d’une norme française. Avant la publication, en octobre 2005, de la norme XP P 05-011(1), il n’existait aucune régle spécifiquement nationale en la matière. De fait, les fabricants de revêtements de sols, et tout particulièrement des carreaux de céramique, se référaient aux normes allemandes DIN 51 130 et DIN 51 097. Il n’existait toutefois aucune contrainte réglementaire se référant aux normes. L’existence d’une norme en la matière est pourtant essentielle. Les chutes par glissement constituent en effet les types d’accident les plus fréquents. Elles peuvent intervenir dans des lieux collectifs (piscines, parkings, grandes surfaces, etc.), mais aussi au travail (restauration collective) ou à domicile (cuisine, salle de bains…). Autant humaines que financières, les conséquences des glissances peuvent être tout à fait importantes. Pour le fabricant et l’entrepreneur, elles sont d’autant plus préjudiciables que le particulier n’hésite plus aujourd’hui à faire valoir ses droits en cas de problème. Une démarche de prévention est bien sûr le meilleur moyen de réduire les risques d’accidents. Outre le choix du revêtement de sol proprement dit, le maître d’œuvre doit étudier les flux de circulation lors de la conception de l’ouvrage, afin de traiter les zones à risque de glissade le plus en amont possible. À lui d’identifier, par exemple, les zones soumises aux intempéries, les entrées, les zones souillées par des fluides ou des produits gras, mais aussi les escaliers, les rampes d’accès, etc. Cette démarche de prévention inclut également le protocole de nettoyage et le choix du revêtement de sol. Dans tous les cas, le maître d’ouvrage ou son représentant doivent être capables de préciser l’ensemble des contraintes que la destination de l’ouvrage est susceptible d’imposer au revêtement lors de son exploitation : agressions mécaniques, chimiques et thermiques. DIFFÉRENTS SEUILS DÉFINIS Pour toutes ces raisons, la nouvelle norme propose des seuils de glissance en fonction de l’activité et du local considéré. Elle COMMENT ÉVALUER LA GLISSANCE D’UN CARREAU CÉRAMIQUE ? L’évaluation de la glissance est effectuée par une méthode d’essai décrite dans la norme XP P 05-010 et basée sur le principe de l’angle d’inclinaison. Un opérateur marche en avant puis en arrière sur le sol testé. Ce sol est revêtu d’huile pour les essais en pieds chaussés et d’eau pour les tests en pieds nus. L’inclinaison de ce sol augmente jusqu’à ce que l’opérateur détecte une amorce de glissade. C’est l’angle occupé à ce moment-là par le sol qui établit le classement. Un classement PN 6 (pieds nus), par exemple, signifie que l’angle est supérieur ou égal à 6 ° et strictement inférieur à 12 °, comme le détaillent les deux tableaux de la page suivante. se base sur la norme d’essai XP P 05-010 de janvier 2004, laquelle détermine notamment les méthodes d’évaluation de la glissance des revêtements de sols (voir encadré). La glissance y est définie comme un état de surface présentant un très faible coefficient de frottement. Basée sur les critères d’essai établis par la norme XP P 05-010, la norme XP P 05-011 (toutes deux ont le même domaine d’application) assure à la fois le classement des locaux en fonction de leur résistance à la glissance et le classement des revêtements de sols selon l’activité du local considéré. Deux grandes familles de locaux sont prises en considération : en pieds nus (PN) et en pieds chaussés (PC). Le premier classement (PN) comprend notamment les locaux suivants : salles d’eau avec zone sans receveur de douche, vestiaires des locaux sportifs, douches collectives, piscines (plages, fonds de bassin, pédiluves), locaux de thermalisme. Le classement PC, lui, concerne en particulier les galeries commerciales, commerces, zones de vente des grandes surfaces, cuisines collectives, aires de transports (gares, aéroports…), locaux agroalimentaires, etc. Par exemple: PN 18 pour les plages de piscine et PC 35 pour les locaux de préparation chaude. Pour des locaux non cités par la norme XP P-05 011, l’UNECBFFB (2) souligne que c’est au maître d’ouvrage ou à son maître d’œuvre de les classer par assimilation. UNE RÉFÉRENCE POUR TOUTE LA FILIÈRE L’adoption de cette norme française constitue un indéniable progrès par rapport à la situation antérieure. La nouvelle spécification (qui peut figurer dès maintenant sur les pièces des marchés) clarifie les règles du jeu et place désormais le prescripteur d’un ouvrage devant ses responsabilités: à lui de se référer aux textes appropriés. L’entreprise doit toutefois être capable de vérifier que le carreau prescrit est bien adapté aux locaux concernés. Elle pourra, à cet effet, lire le procès-verbal d’essai sur le site web de l’Afnor(3). L’entretien des locaux est également primordial, car il doit permettre au carrelage de conserver «LA RÈGLE EST PLUS CLAIRE POUR TOUS » Jérôme Guyard, entrepreneur céramiste au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne). «Pour les entrepreneurs céramistes, l’arrivée de cette norme sur la glissance est une bonne nouvelle. Jusqu’à présent, il fallait que nous soyons en conformité aux normes allemandes DIN; en cas de procédure, nous devions défendre auprès du maître d’ouvrage des règles qui ne sontpas les nôtres. La nouvelle norme est tout à fait semblable, mais elle a le mérite d’être validée par un organisme français, l’Afnor. Pour autant, nous devons rester vigilants sur deux points. D’une part, il faut appliquer la règle et informer de son existence les maîtres d’ouvrage, mais aussi les prescripteurs. De l’autre, il faut que l’entretien des carreaux classés antidérapants soit facile, ce qui n’est pas évident: les aspérités du carreau, qui limitent sa glissance, retiennent aussi la saleté.» son caractère non glissant. Sur ce point, l’association Systèmes céramiques (qui regroupe toute la filière: fabricants et entrepreneurs, représentés par l’UNECB-FFB) a défini une fiche d’entretien, disponible sur son site(4). Les fabricants procèdent actuellement au classement de leurs carreaux, mais en l’absence de ce classement, l’as- PIEDS CHAUSSÉS PIEDS NUS EXIGENCES RELATIVES À LA GLISSANCE (MÉTHODE D’ESSAI XP P 05-010) Norme allemande DIN 51 097 Norme française XP P 05-010 Angle limite A PN6 PN12 6° ≤ 12° ≤ < 12° < 18° B PN18 18° ≤ < 24° C PN24 Norme allemande DIN 51 130 et notice ZH 1/571 Norme française XP P 05-010 R9 R9 6° ≤ < 10° R10 R10 10° ≤ < 20° R11 R11 20° ≤ < 27° R12 R12 27° ≤ < 35° R 13 R 13 ≥ 24° Angle limite ≥ 35° similation avec les normes DIN est acceptée. Enfin, une norme européenne est actuellement en cours de définition. Elle se basera sur la même méthode d’essai en «plan incliné» que la DIN ou la nouvelle norme française. L’harmonisation européenne est donc progressivement en cours. Il est bon de noter également que le comité particulier de la marque «NF-Upec» carreaux céramiques a d’ores et déjà pris l’initiative d’introduire la glissance au sein de la certification Upec. 쐍 (1) La norme XP P 05-011 concerne les revêtements de sols céramiques, les revêtements de sols à base de résine, les peintures de sols, les revêtements de sols résilients et les revêtements de sols stratifiés. (2) Union nationale des entrepreneurs céramistes du bâtiment. (3) www.afnor.fr (4) www.systemes-ceramiques.org POUR EN SAVOIR PLUS www.unecb.ffbatiment.fr JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 65 FINITIONS/AMÉNAGEMENT «LE COMPORTEMENT DES PEINTRES EST CAPITAL» Philippe Bertolani, dirigeant de Bertolani SA à Heillecourt (Meurthe-et-Moselle) Quelles sont vos activités en tant que président de la commission «Déchets des chantiers de peinture»? Je participe aux trois groupes de travail existants, qui portent sur la réduction des volumes de déchets de peinture, l’utilisation des produits par grands conditionnements et les innovations en matière d’emballages. Le premier projet consiste à étudier la diminution des extraits secs pour réduire les pots. Ce chantier, qui ne concerne que la décoration et se heurte à des contraintes techniques, n’est pas une priorité pour l’instant. En revanche, les choses avancent plus vite du côté des deux autres. DÉCHETS DE PEINTURE Les peintres veulent innover La réduction des déchets de peinture pourrait à la fois préserver l’environnement et générer des économies. Union professionnelle et fabricants explorent en commun plusieurs voies. © UNIKOB PAR UNIKALO Que préconisez-vous en matière d’emballages ? Le fût chemisé me semble particulièrement intéressant. Actuellement testé par les fabricants, ce contenant – dont le principe est identique à celui d’un tube de dentifrice – a pour avantage de vider la peinture jusqu’à la dernière goutte. Le poids est en effet au centre de toutes ces réflexions. C’est pourquoi le comportement des peintres est capital. Il faut épurer au maximum ses bidons. C’est un réflexe à acquérir. L © SFIR/ZOLPAN 1 2 3 1 et 2 Fûts chemisés permettant de réutiliser le bidon métallique, la poche plastique seule étant déposée dans le conteneur réservé aux produits polluants. 3 Procédé de projection de peinture et d’enduit Airless développé par la société SFIR. L’innovation provient du conditionnement en fûts plastique réutilisables de 140 litres. 66 Quelles sont les innovations qui pourraient rencontrer le succès ? Une des pistes explorées concerne spécifiquement la façade, qui est consommatrice de volumes importants. L’idée principale consiste à utiliser des fûts de 100 l, des citernes ou des quick boxes (pompes à projection), qui évitent le recours aux emballages. J’ai moi-même testé une quick box récemment. C’est un procédé d’utilisation facile et qui offre toute satisfaction. Il faut toutefois réussir à convaincre les compagnons de changer leurs habitudes de travail. BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 e souci de protection de l’environnement exige de nouveaux comportements de la part des professionnels du bâtiment. Dans ce domaine, la principale réflexion actuellement menée par la filière «peinture» porte sur la réduction des déchets de chantier. L’Union professionnelle peinture finitions (UPPF-FFB) est l’instigatrice des travaux en cours sur ce sujet. Elle organise la réfexion au sein de la commission «réduction des déchets» créée en 2005 avec les fabricants. Sa vocation: explorer toutes les pistes possibles dans ce domaine puis en sélectionner certaines afin de les tester. Au départ, trois grandes pistes ont été évoquées. La première consiste à réduire le volume du produit lui-même. L’idée est de réduire la dilution de la peinture en pot – le produit serait plus compact qu’il ne l’est actuellement – et de la réaliser sur chantier. Toutefois, cette solution suscite certaines interrogations sur la fiabilité du mélange effectué sur place. Deuxième possibilité : livrer les entrepreneurs en gros conditionnements. À eux d’assurer le reconditionnement sur site dans des contenants plus petits, et/ou de mécaniser l’application de peinture à l’aide du matériel nécessaire (quick boxes, pistolets, rouleaux mécanisés, etc.). Cette CONDITIONNEMENTS EN PLASTIQUE OU CARTON Multiple, la troisième piste porte sur la nature des conditionnements et des emballages. Avec un certain nombre d’idées innovantes. Première d’entre elles: placer la peinture dans une poche plastique rigide. À l’instar des bouteilles d’eau minérale, ces emballages seraient facilement compactables après emploi, et leur poids serait considérable- © CAPAROL solution intéressante a cependant ses limites : elle ne peut concerner que les entreprises dont les travaux sont liés à des tonnages de peinture importants. EXEMPLE DE CONDITIONNEMENT destiné à être raccordé à une machine Airless. ment inférieur à celui des pots de peinture. Une variante de cette idée a également été évoquée : remplacer le métal, cette fois, par du carton, un peu à la manière... d’un pack de lait. D’un volume réduit (1 l, 3 l ou 5 l par exemple), cet emballage serait écrasé après usage, ce qui permettrait de résoudre à la fois le problème du poids et celui du volume. Le fût chemisé constitue lui aussi une solution possible (voir encadré). Autre procédé envisagé: le peeling, c’est-à-dire l’intégration d’un revêtement spécifique sur la paroi intérieure du bidon. Cette paroi aurait pour vertu d’empêcher la peinture d’adhérer, et le bidon une fois vide serait retourné au fabricant. Le bénéfice à en retirer serait double : pour l’entreprise, il n’y aurait plus de déchets de peintures à gérer sur le chantier (l’entreprise devant néanmoins assurer le stockage des bidons), et pour le fabricant, il serait facile de recycler le bidon. PREMIERS RÉSULTATS DANS QUELQUES MOIS Certaines de ces solutions commencent à être testées par les fabricants, en partenariat avec l’UPPF-FFB. Entérinée par la commission «Déchets des chantiers de peinture » en octobre 2005, une phase de prototypage a été entamée pour les emballages (le fût chemisé, par exemple) et le peeling. Les entrepreneurs de l’UPPF-FFB doivent participer à ces tests, dont les premiers résultats devraient intervenir à la fin du premier semestre 2006. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UPPF-FFB, tél.: 01 40 69 53 73 SOLIERS MOQUETTISTES Susciter des vocations Face à la pénurie de main d’œuvre de la filière revêtements de sols, l’UNRSTFFB se mobilise pour attirer les jeunes vers le métier de solier moquettiste et pour développer les formations. E Très complet, ce DVD s’adresse aussi bien aux compagnons qu’aux jeunes intéressés par une carrière dans la filière «revêtementde sols». n collaboration avec les centres de formation (AFPA, Greta et CFA) et l’Éducation nationale, l’Union nationale des revêtements de sols techniques (UNRST-FFB) multiplie les initiatives auprès des jeunes depuis 2004. Ainsi, plusieurs rencontres ont été menées en Îlede-France avec des jeunes sans qualification. Le but : susciter des vocations pour la filière « revêtements de sols » et balayer les clichés. Il s’agit notamment de mettre l’accent sur la branche du Bâtiment et les perspectives de carrière des soliers moquettistes, qui peuvent devenir en quelques années chef d’équipe, conducteur de travaux, voire bras droit d’un chef d’entreprise. Ces rencontres ont suscité l’attention de nombreux jeunes. Ceux d’entre eux dont l’intérêt a ensuite été confirmé par un premier contact avec une entreprise du secteur sont entrés en formation. 4000 DVD D’INFORMATION ONT ÉTÉ DIFFUSÉS Point d’orgue de cette démarche: la diffusion, depuis mai 2005, d’un DVD très complet, «Solier moquettiste… un métier… une filière…» (1 h 45 de programme). Edité à 4 000 exemplaires, il a été diffusé dans les centres d’information et d’orientation (CIO), les centres de formation et auprès de l’Éducation nationale. Il a également été distribué dans un réseau de près de 2 200 entreprises du secteur afin de permettre aux salariés d’améliorer leurs compétences. En cinq chapitres, ce DVD aborde les impératifs de qualité, met en avant des gestes techniques et des réalisations dans le domaine des sols souples (textiles et PVC). La place de l’image y est importante, puisque des reportages ont été réalisés sur plusieurs chantiers, dont un cinéma, un grand hôtel (le Plaza Athénée) ou encore les locaux de la Fédération française de judo. Le DVD donne également la parole à des entrepreneurs, qui évoquent les questions de formation et les perspectives offertes par le métier. De quoi donner une image concrète et attractive de la profession de solier moquettiste. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UNRST-FFB - Union nationale des revêtements de sols techniques, tél.: 01 40 69 51 45 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 67 FINITIONS/AMÉNAGEMENT CARRELAGES Les limites des documents commerciaux R esponsable des travaux qu’il mène sur ses chantiers, l’entrepreneur-carreleur ne peut se contenter des documents commerciaux des fabricants pour s’assurer des contraintes de mise en œuvre des produits. Quel que soit le contexte, les travaux réalisés par un entrepreneur sont toujours placés sous sa responsabilité. Cette loi d’airain oblige donc les chefs d’entreprise à déployer leur vigilance dans bien des domaines. Et en particulier à garder la maîtrise de l’information technique. En cette matière, il convient de rappeler qu’un document commercial, quelle que soit sa qualité, n’est pas un Avis technique. Sans mettre en produits sous Avis techniques non mis en observation par la C2P(1). La question majeure de l’assurance est au cœur de ce sujet. La lecture attentive des textes de mise en œuvre est donc capitale. Des textes pas toujours faciles à aborder, certes, mais qui constituent l’unique source d’information fiable sur les règles en vigueur. Les Avis techniques et autres certificats sont aujourd’hui facilement – et gratuitement – accessibles sur les sites web(2) d’Interbat et du Centre scientifique et technique du Bâtiment (CSTB): une bonne raison pour les consulter. 쐍 DÉCHETS DE PLÂTRE Une clarification attendue L « Façades : protections L déchets à base de plâtre ont été contre les ruissellements » (collection AQC), réalisé notamment en collaboration avec l’UPPF-FFB, montre que les protections en façades peuvent non seulement protéger des désordres esthétiques mais également contribuer à réduire la sinistralité en prévenant les infiltrations. Ce document propose des solutions adaptées aux principales situations, en illustrant les protections possibles sur bonnes pratiques illustrées de les rives de couverture, les acrotè- façon claire et utiles à tous les res, les nez de balcons et loggias, - acteurs du chantier. 쐍 les appuis de baies, le pied de mur et d’autres détails tels qu’une cor- POUR EN SAVOIR PLUS niche, un joint de construction Le mémo est disponible auprès de la FFB de votre département et une baie circulaire. Autant de précisées par l’arrêté du 19 janvier 2006 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux (classe 2). Il précise en effet que les matériaux à base de plâtre sont stockés dans des installations dédiées (casiers spécifiques). Les déchets admis sans essai sont le plâtre et les carreaux de plâtre, les plaques de plâtre cartonnées, les complexes d’isolation, le plâtre et enduits sur supports inertes, les parements plafond à plaque de plâtre, le staff et le plâtre sur ossature métallique. 쐍 mémo BÂTIMÉTIERS chantier® JUIN 2006 Les interfaces entre ouvrages exigent une attention particulière dans la mise en œuvre. Cette fiche pratique éditée par l’UMPI-FFB en collaboration avec la FFB-CMP rappelle les points importants pour la mise en œuvre de menuiseries extérieures et la pose d’un doublage. Elle aborde également le cas particulier des volets roulants et la manière d’assurer l’étanchéité à l’air. (1) Commission prévention produits mis en œuvre de l’Agence qualité construction (AQC) (2) www.interbat.com et www.cstb.fr MÉMO CHANTIER® «Façades: protections contre les ruissellements» e 68 cause ces documents, qui remplissent une fonction légitime d’information, leur lecture requiert une grande prudence. Ces supports ne sont pas à l’abri d’erreurs ou d’approximations. Ils peuvent même parfois relativiser ou occulter certaines contraintes qu’impose la mise en œuvre d’un produit. Au mieux, une fiche commerciale ne constitue qu’un résumé sur un avis technique : cette lecture est donc clairement insuffisante. Rappelons qu’il est nécessaire (et non suffisant) que l’entrepreneur s’assure que les produits utilisés et leur mise en œuvre présentent un risque normal auprès des assureurs : mise en œuvre suivant DTU ou CPT, ou FICHE PRATIQUE: POINTS SINGULIERS MENUISERIESDOUBLAGE POUR EN SAVOIR PLUS UMPI-FFB, tél.: 01 40 69 52 14 Fiche téléchargeable sur www.umpi.ffbatiment.fr (espace adhérents) es conditions de stockage des POUR EN SAVOIR PLUS Pour consulter l’Arrêté et ses annexes : www.platreisolation.com SOLS CARRELÉS : CONNAÎTRE LES RÉSERVATIONS Des fiches pratiques sur les hauteurs de réservations nécessaires pour la pose de carrelage viennent de paraître. Destinées aux professionnels amenés à prescrire la pose de sols carrelés, elles concernent quatre types d’ouvrages: les carrelages sur sol extérieur, sur plancher chauffant eau chaude, sur plancher rayonnant électrique (PRE) et sur plancher non chauffant. POUR EN SAVOIR PLUS Contactez l’AQC (01 44 51 03 51) ou l’UNECB-FFB (01 40 69 58 20) Les fiches sont disponibles sur www.unecb.ffbatiment.fr (espace adhérents) I N N O V A T I O N POMPES À CHALEUR ET CAPTEURS SOLAIRES Un couple dans l’air du temps Difficilement viables dans le contexte économique et énergétique des années 80, les systèmes utilisant des énergies renouvelables ont aujourd’hui le vent en poupe. A la demande de l’Union climatique de France (UCF-FFB) et de l’Union des Constructeurs Immobiliers (UCI-FFB), la FFB a confié une étude au Costic, dans le cadre du Programme recherche développement métier (PRDM), consistant à faire l’état des lieux des technologies existantes associant pompes à chaleur et capteurs solaires. D iminution des besoins des bâtiments, volonté de réduire les gaz à effet de serre, maturité des techniques: le contexte énergétique et environnemental actuel semble à nouveau favorable à une utilisation massive des énergies renouvelables, après la période d’engouement puis de déception des années 80. D’où l’intérêt de mesurer l’opportunité de développer des systèmes de production de chaleur utilisant ces énergies. Parmi eux, l’association d’une pompe à chaleur (PAC) à des capteurs solaires pour la production de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire (ECS) peut se révéler particulièrement intéressante. LE PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT Les PAC présentes actuellement dans l’habitat individuel utilisent majoritairement l’énergie contenue dans l’air extérieur par le biais d’une batterie ventilée, ou celle contenue dans le sol par le biais de capteurs enterrés horizontaux ou verticaux. Si la première solution permet une exploitation facile à faible coût, la seconde permet une meilleure efficacité énergétique. La pompe à chaleur couplée à des capteurs solaires extrait quant à elle l’énergie contenue dans le flux solaire et dans l’air extérieur. Le capteur solaire permet la récupération de cette énergie et la pompe à chaleur l’élévation du niveau de température afin de rendre possible une utilisation pour le chauffage d’un bâtiment et/ou pour la production d’ECS. Solution peu performante la nuit et pour des basses températures, elle trouve néanmoins rapidement son intérêt économique et environnemental à de faibles intensités de rayonnement solaire. DES TECHNOLOGIES DE COUPLAGE DIFFÉRENTES Le couplage entre les capteurs solaires et la pompe à chaleur peut s’effectuer de différentes manières. Dans la technique de couplage direct, il n’existe qu’un seul échangeur entre le fluide frigorigène et la source de chaleur. C’est en théorie le procédé le plus performant, mais sa diffusion n’est pas la plus courante. L’importante quantité de fluide frigorigène utilisée ainsi que les prédispositions à fuir du circuit de chauffage obligent à faire appel à une main-d’œuvre qualifiée. Le développement des fluides frigorigènes tend également à favoriser des systèmes plus confinés. De plus, un transfert d’énergie différé dans le temps est difficile car cette technique ne permet pas de stocker aisément la chaleur. La technique de couplage indirect fait intervenir une PAC dont l’évaporateur est relié aux capteurs EXEMPLE DE COUPLAGE DIRECT 1 2 3 4 Rayonnement solaire EMETTEUR BASSE TEMPÉRATURE BOUCLE D'EAU DE CHAUFFAGE COMPRESSEUR DE LA PAC EAU/EAU BOUCLE DE FLUIDE FRIGORIGÈNE Pompe à chaleur (PAC) Radiateur (moyen d'émission) Filtre 3 Capteur solaire 4 Circulateur Détendeur 70 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 1 2 I N N O V A T I O N solaires par un circuit d’eau glycolée, incluant un échangeur et un circulateur primaire. Un stockage d’énergie permet essentiellement la mise en phase des circuits de production et de distribution. Moins performante que la précédente, cette technique peut en revanche être utilisée plus largement. Elle est en effet plus aisée à mettre en œuvre car le fluide frigorigène est contenu directement dans la PAC. DES CAPTEURS SOLAIRES PERFORMANTS Les contre-performances des installations associant des capteurs vitrés ont montré tout l’intérêt de récupérer l’énergie convective prélevée sur l’air extérieur. Cette récupération est possible via des capteurs dits «hélioatmosphériques», c’est-à-dire nus (sans vitrage) et sans isolation arrière. Les fortes déperditions permettent, en plus d’une absorption du rayonnement solaire, des échanges de chaleur sensible et de masse (vent, humidité…). Les coefficients d’échange élevés des capteurs favorisent l’apport d’énergie lorsque la température d’entrée du fluide caloporteur est inférieure à la température ambiante. Ces capteurs atmosphériques permettent également d’évacuer la chaleur en cas de surchauffe dans les capteurs pendant les périodes de fort ensoleillement. Par ailleurs, ils ne produisent aucune gène acoustique et leur prix est abordable, mais la surface à mettre en œuvre est plus importante. système peut atteindre des COP de 2,5 à 3,5 et permettre une nette économie en électricité tout en réduisant l’encombrement dû au stockage de l’ECS. Concernant la production de chauffage, il est intéressant de souligner l’initiative d’un industriel dans la réalisation d’un système de PAC couplée à des capteurs solaires à stockage d’énergie qui permet, par le biais d’un réservoir tampon, une décharge d’énergie en cas de demande et de non disponibilité d’énergie solaire. Il s’agit dans ce cas d’un stockage de chaleur latente, qui peut tout aussi bien être souterrain, par chaleur sensible, par hydro-accumulation ou bien directement dans la terre. PEU DE SYSTÈMES COMMERCIALISÉS Parmi les rares systèmes commercialisés, un système de production d’eau chaude solaire (ECS) propose le couplage indirect de capteurs hélio-atmosphériques et d’une PAC modulaire adaptée aux besoins du tertiaire et de l’hôtellerie. On relève des coefficients de performance (COP) globaux pouvant atteindre 3,3 et un taux de couverture par le solaire pouvant atteindre 60 à 70% des besoins énergétiques. Un autre produit destiné à la production d’ECS dans l’habitat individuel s’appuie sur un couplage direct entre une PAC et des capteurs plans en aluminium. Un tel LA RECHERCHE SE POURSUIT L’engouement des entreprises pour le solaire dans les années 80 avait donné lieu à des installations souvent très complexes et difficilement exploitables. Les rares systèmes commercialisés aujourd’hui pour la production unique d’ECS peinent à s’imposer face aux solutions classiques, bien que leurs performances économiques et environnementales apparaissent concurrentielles. Le nouveau contexte énergétique et environnemental incite pourtant à penser que le développement des techniques telles que les PAC couplées à des capteurs atmosphériques est possible non seulement dans le cadre d’une production d’ECS mais aussi de chauffage. C’est pourquoi un second volet de la recherche engagée par la FFB est en cours. A la demande des professionnels de l’UCF et de l’UCI, la FFB a confié au Costic une étude portant sur des simulations dynamiques qui permettront d’évaluer le potentiel économique et environnemental d’une production de chauffage par PAC couplée à des capteurs solaires dans une habitation conforme à la réglementation actuelle. POUR EN SAVOIR PLUS • UCF-FFB, tél.: 01 40 69 52 94 • UCI-FFB, tél.: 01 40 69 51 86 EXEMPLE DE COUPLAGE INDIRECT 1 EMETTEUR BASSE TEMPÉRATURE 2 BOUCLE D'EAU DE CHAUFFAGE 3 COMPRESSEUR DE LA PAC EAU/EAU Rayonnement solaire 4 5 6 7 CIRCUIT SECONDAIRE EAU GLYCOLÉE BALLON DE STOCKAGE CONDENSEUR EVAPORATEUR POMPE À CHALEUR Radiateur (moyen d'émission) 3 Filtre Capteur solaire 5 4 7 6 Circulateur 2 1 Circulateur Circulateur Détendeur JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 71 I N N O V A T I O N PETITS CHANTIERS Un mini-abri qui fait le maximum CERTIFICATS D’ÉCONOMIES D’ÉNERGIE Démarrage difficile © CHRONIQUE DU BTP D Imaginé par le groupe Maisonneuve, ce mini-abri mobile réalise le tour de force d’accueillir un cabinet d’aisance et un réfectoire pour trois ouvriers. Un permis B suffit pour le déplacer. L ong de deux mètres pour la même largeur, le mini-abri mobile est destiné aux petits chantiers de construction. Il a été imaginé par le groupe Maisonneuve, un constructeur de maisons individuelles de la région Nord-Pas-de-Calais. Francis Leduc, directeur technique et de l’organisation de cette société qui construit environ trois cents maisons par an, a piloté ce projet né d’un besoin très terre-à-terre : disposer d’un cabinet d’aisance sur un chantier. LE RÉSULTAT DE DEUX ANS DE RÉFLEXION Il aura fallu environ deux années de réflexion, de réunions et de rencontres avec des prestataires techniques pour que le mini-abri 72 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 mobile voie enfin le jour. Il faut dire qu’entre l’idée de départ et sa réalisation, le projet a quelque peu évolué : «Nous nous sommes rendu compte que disposer d’un cabinet d’aisance était très important, mais qu’offrir un espace réfectoire à nos équipes sur un chantier l’était tout autant, explique Francis Leduc. Par ailleurs, nous désirions que cet abri puisse être déplacé de chantier en chantier avec un simple permis B.» C’est à une société lyonnaise, la CNSE, que le groupe Maisonneuve a confié le soin de concevoir et fabriquer l’abri qui a bénéficié d’une convention Cram pour son financement. Agréé par l’inspection du Travail, le mini-abri mobile comprend deux parties bien distinctes : d’une part, une cabine WC chimique d’environ cinquante utilisations (vidange par cassette), d’autre part, un espace réfectoire avec une porte d’accès, une table, trois tabourets et une installation à gaz comprenant une plaque de cuisson à deux feux. Le mini-abri mobile est plus court de 145 cm qu’un abri de chantier mobile standard, mais plus large de 30 cm. Le groupe Maisonneuve en a commandé sept en 2005 et en a planifié cinq autres pour 2006. Le coût est de 6 200 € HT par unité. Les utilisateurs sont ravis : « Ils le font même visiter à des ouvriers d’entreprises concurrentes qui travaillent sur des chantiers de lotissements communs », souligne Francis Leduc. ispositif applicable, en principe, au 1er juillet 2006, le dispositif des certificats d’économie d’énergie se met en place progressivement. L’objectif est de multiplier les travaux en la matière, principalement dans le secteur du bâtiment, en demandant aux fournisseurs d’énergie de contribuer fortement à cet effort: 54 TWh (1) au cours des trois premières années. Pour ce secteur, plus de 90 fiches de calcul des économies d’énergie résultant de travaux dits élémentaires ont été mises au point. Elles serviront de base pour établir les certificats. Si, à la fin juin 2009, les fournisseurs n’ont pas atteint les objectifs fixés par l’Etat, ils devront s’acquitter d’une pénalité de 2 centimes d’euro par kWh non réalisé. La FFB et EDF ont l’intention de contribuer à la mise en place d’un vaste programme de formation professionnelle aux économies d’énergie. Celui-ci devrait pouvoir trouver sa place dans le système des certificats d’énergie. (1) 1 TWh = 1 milliard de kWh. Nota : les 54 TWh sont dits «cumac», c’est-à-dire qu’ils sont cumulés et actualisés sur la durée de vie des équipements permettant de réaliser l’économie d’énergie. POUR EN SAVOIR PLUS www.atee.fr I N N O V A T I O N PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ Le Bâtiment partie prenante Le gouvernement a labélisé 67 pôles de compétitivité qui bénéficieront de financements publics, pour stimuler l’innovation et la recherche. Six d’entre eux, dont deux projets mondiaux, concernent directement le BTP. P our dynamiser la politique industrielle de la France, le Comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire du 12 juillet 2005 a labélisé 67 pôles de compétitivité. Ces pôles, qui visent à mettre en réseau entreprises, centres de formation et unités de recherche, doivent constituer de véritables «écosystèmes de la croissance». Sur ces 67 pôles, 6 correspondent à des «projets mondiaux» et 9 à des «projets à vocation mondiale». Les 52 autres ont davantage une vocation natio- nale ou régionale. Parmi ces projets, six concernent le BTP. En voici l’inventaire. PÔLES MONDIAUX • «Industrie et agro-ressources», en Champagne-Ardenne et Picardie, est un programme qui, en valorisant tous les composants de la plante, prône l’utilisation non agricole de ces composants dans l’industrie et la construction. • «Solutions communicantes et sécurisées» (SCS) en ProvenceAlpes-Côte d’Azur, regroupe de grands noms de l’industrie de la puce électronique. Le CSTB sera évaluateur des SCS appliquées à la confidentialité des données personnelles des usagers dans le contexte du cadre bâti. PÔLES NATIONAUX ET RÉGIONAUX • «Ville et mobilité durable», en Ile-de-France, réunit notamment les entreprises Soletanche Bachy et Bouygues, le CSTB (1), l’ENPC (2), l’ESIEE (3) et l’Institut francilien d’urbanisme. L’habitat et la cons- truction sont deux des thèmes d’études retenus. • Le pôle génie civil ouest des Pays de la Loire a pour objectif de devenir le spécialiste des études théoriques et expérimentales concernant les ouvrages de génie civil en situations complexes ou extrêmes. • EnRRDIS (Énergies Renouvelables Rhône-Alpes, Drôme, Isère, Savoie) concentre ses efforts sur les nouvelles technologies de l’énergie appliquées aux transports et au Bâtiment. • «Energie renouvelable bâtiment Industrie », en Languedoc-Roussillon, vise la production d’électricité via la construction de bâtiments à hautes performances énergétiques. (1) Centre scientifique et technique du Bâtiment. (2) École nationale des Ponts et chaussées. (3) École supérieure d’ingénieurs en électronique et électrotechnique. JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 73 S É C U R I T É ÉCHAFAUDAGES Normes européennes et procédures de validation Afin de se conformer aux exigences de la nouvelle réglementation communautaire, la plupart des fabricants sont engagés dans la procédure de validation de leurs produits par les organismes techniques habilités. L a procédure de validation des échafaudages peut couvrir selon les cas des modèles préexistants et/ou de nouveaux modèles. Dans le cadre de la marque NF, cette démarche est garantie : les modèles d’échafaudages ayant droit d’usage de cette marque sont réévalués en tenant compte des nouvelles exigences normatives. MODÈLES PRÉEXISTANTS Sont concernés les matériels préexistants achetés en règle avec la législation en vigueur et la normalisation à la date d’achat, c’està-dire respectant dans tous les cas les dispositions techniques du décret du 1er septembre 2004 et les normes NF HD 1000, NF P 93501, et NF P 93502. Si le modèle est validé suivant les nouvelles dispositions des normes européennes, il continue d’être conforme. Si le modèle, en fonction de sa classe actuelle, ne peut répondre aux exigences normatives correspondantes, son utilisation se fera désormais dans les limites suivantes : • Attribution d’une classe de charge différente : cette nouvelle classe devra être clairement spécifiée dans la notice du fabricant. • Les modèles réputés conformes à la norme NF HD 1000 continuent d’être utilisés dans les limites de ce document, et ne sont donc aucunement menacés d’un risque d’interdiction d’emploi : au-delà des limites de la norme NF HD 1000, une note de calcul et des plans spécifiques devront être établis (1). Une information claire devra être fournie par tous les fabricants concernés. MATÉRIELS NEUFS Modèle préexistant. Dans le cas où la commercialisation d’un modèle d’échafaudage préexistant est poursuivie, ce modèle sera validé suivant les nouvelles normes européennes dans la classe issue de l’évaluation par calcul et par essais. Modèle nouveau. S’il s’agit d’une nouvelle version d’un modèle préexistant, substantiellement différente du modèle initial, les éléments de structure de l’ancien et du nouveau modèle ne pourront être mixés, sous la responsabilité du fabricant, que sur la base de la classe la plus faible évaluée conformément aux nouvelles exigences normatives. S’il s’agit d’un modèle nouveau, celui-ci devra être validé dans la classe issue de l’évaluation par calcul et par essais. RECOMMANDATIONS Il est recommandé aux propriétaires d’échafaudages fixes de prendre contact avec leurs fournisseurs pour obtenir d’eux les nouvelles notices correspondant à leurs matériels. Pour tous les types d’échafaudages, les utilisateurs devront être plus attentifs que jamais: • à l’élimination des composants dégradés, • à l’examen d’adéquation du type de matériel par rapport aux travaux programmés, • aux caractéristiques des ancrages et du site le cas échéant. Ces précautions résultent d’une façon explicite de la rédaction de l’arrêté du 21 décembre 2004. 쐍 (1) Selon le décret du 1er septembre 2004 (art. R 233-13-32). POUR EN SAVOIR PLUS FFB Echafaudage, tél. : 01 40 55 13 00 RISQUE ÉLECTRIQUE Habilitation obligatoire pour les non électriciens L a réglementation va prochainement obliger les entreprises à obtenir une habilitation au risque électrique pour leur personnel non électricien. Un décret (1) à paraître modifiera en effet les exigences en matière de protection des travailleurs contre les dangers d’origine électrique. Pour l’employeur, l’habilitation impliquera de faire qualifier son personnel pour les interventions entrant dans le champ d’application du décret. L’habilitation est 74 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 en effet la reconnaissance de la capacité d’une personne à accomplir en sécurité les tâches fixées. C’est un titre personnel, limité dans le temps et qui ne peut être délivré qu’après une formation débouchant sur un contrôle des connaissances. L’obligation de formation concernera tous les compagnons du Bâtiment non électriciens qui «fréquentent» le risque électrique. Elle s’appliquera en particulier aux plombiers, qui peuvent être amenés à réaliser des travaux à proximité d’appareils sous tension, des raccordements électriques de chaudières, des réglages de chaudières sous tension… Autre profession concernée : les couvreurs, qu sont souvent amenés à travailler à proximité de lignes électriques. S’il introduit une contrainte supplémentaire, ce décret va clarifier le spectre d’intervention des professionnels non électriciens, en rappelant ce qu’ils peuvent faire ou non, avec ou sans habilitation. La réglementation contri- buera ainsi à une meilleure lisibilité des compétences de chacun, et donc à une meilleure prise en compte des enjeux de sécurité sur les chantiers. 쐍 (1) Il modifiera le décret n° 88-1056 du 14 novembre 1988 ainsi que la circulaire DRT 89-2 du 6 février 1989. S É C U R I T É DÉCRET « POUSSIÈRES DE BOIS » Que faut-il faire pour s’y conformer? Depuis le 1er juillet 2005, la valeur limite d’exposition professionnelle à la poussière de bois est de 1 milligramme par mètre cube d’air. Une valeur peu réaliste, à laquelle les entreprises doivent toutefois se conformer. L e décret définissant le seuil de 1 mg de poussière de bois par m3 d’air est la transposition en droit français d’une directive européenne fixant une valeur maximale de 5 mg. Chaque pays de l’UE a transposé cette directive à son propre marché. Et force est de constater que la France a pris les positions les plus radicales, les autres États membres ayant généralement fixé des seuils entre 2 et 3 mg par m3 d’air. Pour les entreprises de charpente et de menuiserie, il en résulte de fortes contraintes, en particulier pour les étapes de finition, qui nécessitent du matériel électroportatif en atelier. En effet, ces équipements présentent généralement un faible niveau d’aspiration, et ne sont pas pourvus de système de captation de la poussière. Alors, comment se mettre en conformité? Depuis près de deux ans, la FFB-CMP (1) met l’accent sur la démarche d’amélioration plus que sur le strict respect de la valeur limite de 1mg par m3 d’air, celle-ci étant peu réaliste. Le plus souvent, l’inspecteur du Travail est bien conscient de la difficulté d’atteindre ce seuil. Il peut être indulgent pour l’entreprise si elle montre son engagement dans une démarche d’amélioration. En attendant l’évolution des appareils eux-mêmes – la FFB participe, avec l’Institut national de recherche sur la sécurité (INRS), à une étude destinée à améliorer les systèmes de captation de poussières sur les appareils électroportatifs – il faut se pencher sur l’organisation de l’atelier, mais aussi motiver les salariés afin qu’ils portent toute leur attention au montage et à l’entretien des matériels. Rappelons enfin que chaque entreprise doit être capable de fournir les valeurs d’exposition de ses salariés à la poussière de bois. Ces mesures se font à l’aide de petits filtres (portés à la ceinture ou autour du cou) qui captent les poussières, et qu’il faut ensuite adresser à l’un des laboratoires agréés. 쐍 (1) Fédération française du Bâtiment charpente, menuiserie, parquets. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP, tél. : 01 40 55 14 70 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 75 N O R M A L I S A T I O N PRODUITS DE CONSTRUCTION Le point sur le marquage CE Conçu pour favoriser la concurrence sans rogner sur la sécurité, ce sigle ne doit pas être confondu avec un critère de qualité. © PHOTO ALTO/JAMES HARDY donc très loin de la situation antérieure à la norme européenne, quand l’avis technique n’examinait pas moins de dix-sept caractéristiques. O bjectif affiché de l’Union européenne, la libre concurrence peut être considérablement gênée par des réglementations nationales hétéroclites, notamment si chacun des États membres met en place des procédures d’essai spécifiques pour autoriser la commercialisation d’un produit. Pour créer le grand marché européen, il était donc nécessaire d’harmoniser ces réglementations. C’est l’objectif de la directive européenne «Produits de construction». Elle impose des exigences communes garantissant la sécurité des occupants du bâtiment dans lequel le produit doit être incorporé. Le symbole CE indique que le produit est conforme aux dispositions de cette directive, et qu’il peut donc être librement mis sur le marché dans n’importe quel pays de l’espace économique européen ; dès lors, aucune réglementation nationale ne peut plus interdire sa vente. 76 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 VÉRIFIER L’ADAPTATION À L’USAGE Toutefois, ce n’est pas parce qu’un produit est marqué CE qu’il convient à tous les usages et peut être mis en œuvre dans n’importe quelle construction. Le marquage CE atteste la conformité à certaines spécifications des normes européennes (ou, lorsqu’il n’existe pas de normes, il indique que le produit bénéficie d’un agrément technique européen). Mais ce marquage CE peut ne concerner que quelques-unes des caractéristiques utiles pour choisir le produit adapté à l’ouvrage à construire. Par exemple, le marquage CE des colles à carrelage ne concerne que quatre des treize caractéristiques indiquées dans la norme européenne (voir Bâtimétiers n°2 de décembre 2004): seules les caractéristiques en relation avec les exigences essentielles de la directive (voir encadré) sont prises en compte par ce label. On est CONSTRUIRE DANS LES RÈGLES DE L’ART Les règles de l’art (DTU, règles professionnelles, cahiers de prescriptions techniques…), quant à elles, restent françaises. Elles sont seulement modifiées pour faire désormais référence aux normes européennes de produits qui remplacentdésormais les normes françaises. Mais il faut noter que les normes européennes de produits n’ont pas de raison de se limiter à la gamme de produits qu’on a coutume d’utiliser en France: elles ont vocation à couvrir l’ensemble des produits présents dans tous les pays de l’Union. Or les DTU, qui sont des clauses types de marché, n’envisagent que les techniques éprouvées qui bénéficient d’une large application et d’un bon retour d’expérience en France. Aussi, le domaine d’application d’un DTU ne concerne parfois qu’une partie de celui de la norme LES SIX EXIGENCES ESSENTIELLES • Résistance mécanique et stabilité • Sécurité en cas d’incendie • Hygiène, santé et environnement • Sécurité d'utilisation • Protection contre le bruit • Économie d'énergie et isolation thermique européenne : les produits dont les professionnels français ont l’expérience. Les produits de la norme européenne non visés par le DTU n’en sont pas moins autorisés. Toutefois, si l’on veut les mettre en œuvre, il faut prendre toutes les précautions pour limiter les risques et vérifier que les assureurs acceptent de garantir les travaux. La procédure de document technique d’application (forme adaptée d’avis technique pour les produits marqués CE) facilite cette prise en compte par les différents intervenants. RIEN À VOIR AVEC LA MARQUE NF Il faut se garder d’une confusion fréquente : le marquage CE n’est nullement l’équivalent au niveau européen de la marque NF en France. Cette dernière constitue une certification ; c’est une marque et non un simple marquage. Les produits bénéficiant de la marque NF sont toujours soumis à des essais rigoureux et contrôlés régulièrement par un organisme indépendant. Au contraire, pour certains produits, le marquage CE correspond à une simple déclaration du fabricant. UNE AVANCÉE EUROPÉENNE En dépit des réserves exprimées plus haut, l’arrivée des normes européennes constitue une prodigieuse avancée pour ceux qui cherchent le meilleur produit au meilleur prix. L’entrepreneur qui trouve un fournisseur hors de France échappe désormais au casse-tête de savoir si le produit qu’on lui propose, conforme à une norme allemande DIN ou une norme anglaise BS, a subi les mêmes essais que le produit français auquel on le compare et si les caractéristiques annoncées ont la même signification. La norme européenne permet de parler le même langage et d’étendre ainsi le choix de ses fournisseurs. 쐍 N O R M A L I S A T I O N EUROCODES Ne pas attendre pour s’y référer Tous les professionnels amenés à calculer ou à dimensionner des éléments de structures d’un bâtiment (murs, poteaux, poutres, planchers...) doivent se préparer dès aujourd’hui à l’arrivée des Eurocodes. es Eurocodes sont un ensemble de plus de cinquante normes, regroupées en dix grands thèmes, et qui énoncent les règles de conception et de calcul des structures de bâtiment et de génie civil (voir l’article p. 28 et Bâtimétiers n° 2, décembre 2004, p. 77). Ces normes sont destinées à remplacer les règles actuelles telles que les NV 65 (calcul des actions du vent et charges de neige), BAEL (calcul du béton armé), CM 66 (calcul des constructions métalliques), CB 71 (calcul des charpentes en bois)... Les normes européennes constituant les Eurocodes devraient toutes être disponibles à la fin de cette année. Des annexes nationales précisant certains paramètres ou dispositions propres à la France sont en cours d’élaboration ou déjà publiées (par exemple NF P 06-111-2, de juin 2004, qui complète la partie « poids propres et charges d’exploitation» de l’Eurocode 1). DES NORMES DÉJÀ EN VIGUEUR Il est encore difficile de dire avec précision quand ces Eurocodes seront mis en application, mais ce sera sans doute assez prochainement. Bien évidemment, il s’écoulera une période de coexistence durant laquelle il sera possible de se référer soit au système actuel soit aux Eurocodes (sans possibilité de mélanger les deux). Cette période risque cependant d’être plus courte qu’on ne l’imagine a priori. Compte tenu de l’ampleur et de la complexité du nouveau système, il paraîtrait normal que la phase de transition soit suffisamment longue pour permettre à tous de se familiariser avec lui. Mais les normes européennes de produits qui se substituent actuellement aux normes françaises se réfèrent déjà aux Eurocodes, dès lors qu’il est question du calcul proprement dit ou de caractéristiques à prendre en compte pour lui. Il sera donc de plus en plus difficile de se conformer à l’ancien système de calcul. Ceux qui sauront utiliser les Eurocodes prendront l’avantage sur ceux qui ne les connaîtront pas. C’est pourquoi il est prudent de s’y préparer le plus tôt possible, et notamment de commencer dès maintenant à se former progressivement à ces nouveaux concepts. 쐍 LES DIX EUROCODES EUROCODE 0 BASES DE CALCUL EUROCODE • Poids propres et charges d’exploitation • Action du vent • Charges de neige • Actions accidentelles … 1 ACTION SUR LES STRUCTURES 2 EUROCODE STRUCTURES EN BÉTON STRUCTURES BOIS 3 EUROCODE STRUCTURES EN ACIER STRUCTURES MIXTES EUROCODE 6 EUROCODE MAÇONNERIE 4 EUROCODE 5 EUROCODE 7 GÉOTECHNIQUE ­ CALCULS L 9 EUROCODE STRUCTURES ALUMINIUM EUROCODE 8 RÉSISTANCE AUX SÉISMES DTU Repères utiles P our aider les entreprises à mieux connaître et utiliser les DTU, le BNTEC (Bureau de normalisation de la FFB) a mis à jour le dépliant «DTU, vue d’ensemble». Ce document recense l’ensemble des DTU, qui sont organisés par famille (structure, enveloppe…) pour une meilleure lisibilité. A noter par ailleurs les DTU récemment publiés (depuis décembre 2004): • DTU 13.3 – Dallages: conception, calcul et exécution (mars 2005) • DTU 24.1 – Travaux de fumisterie (février 2005) • DTU 45.2 – Isolation thermique des circuits, appareils et accessoires de – 80°C à + 650°C (mai 2006). 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS La plaquette «DTU, vue d’ensemble» est disponible auprès de la FFB de votre département JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 77 R É G L E M E N T A T I O N RÉGLEMENTATION THERMIQUE De nouvelles exigences dès cet été © ISOVER Dans le cadre de la RT 2005, les bâtiments neufs ou les extensions dont le permis de construire aura été délivré après le 31 août 2006 vont devoir répondre à des prescriptions énergétiques plus strictes. Le point sur ce cadre réglementaire. L a philosophie de la réglementation thermique RT 2005 est la même que celle de la RT 2000, avec un renforcement des exigences énergétiques, correspondant à une consommation d'énergie diminuée de 15% environ. Cette consommation d'énergie (exprimée en kWh d'énergie primaire par an, ramenés au mètre carré de surface hors 78 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 œuvre nette) est la somme de toutes les consommations d'énergie pour tous les usages. Pour son calcul, le bâtiment (ou l'extension de bâtiment) est toujours comparé à un édifice fictif dit de référence. Il est possible de choisir, dans une certaine limite (on parle de garde-fous), une enveloppe moins performante dont on compensera les faiblesses en adoptant des équipements plus performants, ou inversement. La France est divisée en huit zones (H1a, H1b, H1c, H2a, H2b, H2c, H2d, H3) pour prendre en compte ses différences climatiques. Dans le cas général, le bâtiment ne dispose pas d'installations de rafraîchissement, sauf s'il est situé à la fois dans une zone de bruit et dans une zone climatique chaude H2d et H3, ou s'il s'agit d'un bâtiment de commerce, de spectacle, ou d'un établissement sanitaire. En été, dans les bâtiments ne disposant pas de systèmes de climatisation, la température intérieure de confort (Tic) ne doit pas dépasser une limite calculée pour le bâtiment de référence (Ticref). Pour les bâtiments résidentiels, la consommation d'énergie ne doit pas dépasser une valeur seuil Cepmax (voir tableau page suivante). Par ailleurs, quel que soit le bâtiment, le maître d'ouvrage doit pouvoir fournir une synthèse de l'étude thermique de son projet, qui comprend notamment les valeurs à respecter (1) et une étude de sensibilité (par exemple diminution de l'Ubat de 10%, diminution des apports solaires de 20%, etc.). La méthode de calcul des consommations d'énergie (notamment thermiques) a été complètement revue pour s'approcher au plus près des valeurs réelles, notamment par une meilleure prise en compte des apports solaires (la RT 2000 surestimait les consommations de quelque 20%). DU NOUVEAU DANS L'ENVELOPPE Les caractéristiques thermiques de référence des composants de l'enveloppe subissent une baisse globale comprise entre 10 et 20% environ. La performance de ces composants ne doit pas dépasser des valeurs maximales (gardefous) elles-mêmes abaissées dans les mêmes proportions. Le coefficient de déperdition surfacique Ubat doit être inférieur à 1,2 Ubatbase (2) pour les maisons individuelles, à 1,25 Ubatbase pour les autres bâtiments d'habitation et à 1,5 Ubatbase pour tous les autres bâtiments. Par ailleurs, la perméabilité à l'air de référence rapportée à la surface de l'enveloppe est de 0,8 [m3/ (h.m2)] pour les maisons individuelles, de 1,2 [m3/(h.m2)] pour les autres bâtiments d'habitation, les bureaux, hôtels, établissements de restauration et d'enseignement, et de 2,5 [m3/(h.m2)] pour les autres bâtiments. ÉQUIPEMENTS PLUS PERFORMANTS Pour les locaux d'habitation chauffés par effet Joule, la ventilation de référence comporte un système de modulation qui doit permettre une réduction de 25 % des déperditions dues à la ventilation spécifique. De plus, les émetteurs de chaleur doivent être de classe B et leur variation temporelle de 0,9 [K]. Pour les autres locaux d'habitation, la référence est une chaudière basse température et les émetteurs de chaleur R É G L E M E N T A T I O N doivent être de classe B, leur variation temporelle étant de 1,2 [K]. Les systèmes thermiques thermodynamiques ont un coefficient de performance corrigé de 2,45. Enfin, d'une manière générale, le recours aux énergies renouvelables est favorisé. Cette nouvelle réglementation correspond à une révision annoncée dès la RT 2000. De nouvelles mesures de renforcement sont prévues pour 2010 et 2015. 쐍 (1) Ces valeurs portent sur : des garde-fous pour les composants et les équipements ; l'écart maximal entre le coefficient de déperdition surfacique du bâtiment (Ubat) et celui du bâtiment de référence (Ubatref); enfin, la température maximale atteinte l'été (Tic) comparée à celle du bâtiment de référence (Ticref). (2) Ubatbase correspond au cœfficient de déperdition surfacique du bâtiment de référence avec les surfaces réelles des menuiseries extérieures. Au contraire, Ubatref considère une surface forfaitaire de menuiseries extérieures égale au 1/6e de la surface de plancher. VALEURS SEUIL CEPMAX POUR LES BÂTIMENTS D'HABITATION Type de chauffage Zone climatique Cepmax (chauffage + ECS) [kWh primaire par m2 et par an] Combustibles fossiles H1 (a, b, c) H2 (a, b, c, d) H3 130 110 80 Chauffage électrique (y compris PAC) H1 (a, b, c) H2 (a, b, c, d) H3 250 190 130 VALEURS MAXIMALES DES COMPOSANTS DE L'ENVELOPPE Parois Coefficient Umaximal [W/(m2.K)] Murs en contact avec l'extérieur ou avec le sol 0,45 Murs en contact avec un volume non chauffé 0,45/b(1) Planchers bas donnant sur l'extérieur ou sur un parking collectif 0,36 Planchers bas donnant sur un vide sanitaire ou sur un volume non chauffé 0,40 Planchers hauts en béton ou en maçonnerie, et toitures en tôles métalliques étanchées 0,34 Planchers hauts en couverture en tôle métallique 0,41 Autres planchers hauts 0,28 Fenêtres et portes-fenêtres prises nues donnant sur l'extérieur 2,60 Façades rideaux 2,60 Coffres de volets roulants 3,00(2) (1) b étant le coefficient de réduction des déperditions vers les volumes non chauffés, défini dans la méthode de calcul d'Ubat. (2) Cœfficient linéique en [W/(m.K)]. RÉGLEMENTATION AMIANTE Où en est-on? Dix ans se sont écoulés depuis la publication des décrets fondateurs en matière d’amiante. Ce dossier sensible préoccupe sans cesse davantage de professionnels du Bâtiment et de parlementaires. L es décrets du 7 février 1996 relatifs à la protection de la population (96-97) et à la protection des salariés (96-98) ont été complétés par celui du 4 décembre 1996, qui a interdit totalement l’amiante à partir du 1er janvier 1997. La France a contribué, au niveau européen, à la conception de nouvelles règles qui se sont traduites par deux directives complémentaires à ces décrets. La première concerne les limitations de mise sur le marché et d’emploi de l’amiante : l’interdiction générale dans les 25 Etats membres est entrée en vigueur le 1er janvier 2005. La deuxième concerne la protection des salariés contre les risques liés à une exposition à l’amiante pendant le temps de travail. Sa transposi- tion en droit français aurait dû être finalisée au plus tard le 15 avril 2006. Ce projet, toujours en discussion(1), prévoit notamment l’extension de l’obligation de certification de qualification des entreprises aux travaux de retrait ou de confinement d’amiante présentant des risques particuliers, dont certaines interventions sur des matériaux non friables. Ces travaux seront définis par arrêté. Par ailleurs, en 2005, le Sénat et l’Assemblée nationale ont initié deux missions d’information sur les risques et les conséquences de l’exposition à l’amiante. Tant le rapport du Sénat que celui de l’Assemblée pointent «les carences, à l’époque, de notre système de santé au travail et de préven- GNA, FICHE D’IDENTITÉ Composé de professionnels issus des Unions et Syndicats de métiers de la Fédération française du Bâtiment, le Groupement national amiante est à l’écoute des préoccupations des entreprises du Bâtiment et les représente pour tous les aspects relatifs à l’amiante (friable et non friable). tion des risques professionnels», avant l’interdiction de l’amiante de 1997. On peut noter de plus la nécessité de prévenir de nouvelles contaminations en renforçant les dispositifs de précaution(2). L’inquiétude demeure, car l’amiante a été utilisé massivement jusqu’en 1997. Il faudra pendant de nombreuses années intervenir sur un parc immobilier amianté et ces travaux concernent directement les entreprises de bâtiment. C’est dans ce contexte que le Groupement national amiante de la FFB (GNA) a été auditionné par la commission de l’Assemblée nationale, lui donnant l’occasion de rappeler aux députés aussi bien les contraintes subies par les professionnels du Bâtiment que les responsabilités des maîtres d’ouvrage et des diagnostiqueurs. 쐍 (1) À la date de rédaction de cet article. (2) 28 propositions ont été faites dans ce sens par le Sénat et 51 par l’Assemblée nationale. POUR EN SAVOIR PLUS GNA, tél.ž: 01 40 69 51 73 JUIN 2006 BÂTIMÉTIERS 79 E N V I R O N N E M E N T TRAITEMENT DES DÉCHETS L’atout mobilité © SELECTIS Un centre de traitement des déchets qui se déplace d’une plate-forme de pré-tri à l’autre : une solution innovante développée par une entreprise de rénovation qui s’est tournée vers les marchés porteurs de l’environnement, Sélectis. B asée à Riom (Puy-deDôme), l’entreprise de traitement des déchets du bâtiment Sélectis a vu le jour en 2000. «Dans notre métier d’origine, la rénovation tout corps d’état, nous avions développé une activité de tri des déchets, que nous avons voulu mettre au service de nos collègues», explique Olivier Ezquerra, son dirigeant. Disposant de place sur le terrain où était installée la centrale à béton et le matériel de chantier de l’entreprise, celle-ci a donc aménagé une première plate-forme, permettant le traitement des déchets de plaques de plâtre, bois, PVC et peinture ainsi que des matériaux inertes (béton, brique, etc.). « Il faut savoir qu’en province, contrairement à la région parisienne, il est très facile de faire disparaître les déchets, commente Olivier Ezquerra. Pour proposer une offre de service plus attractive qu’une plate-forme fixe, avec ses 80 BÂTIMÉTIERS JUIN 2006 contraintes lourdes de transport et d’investissement, nous avons eu l’idée d’un centre de tri des déchets mobile. » Le principe : trois camions abritant des équipements équivalant à une petite usine et se déplaçant d’une plateforme de pré-tri à l’autre. L’idée séduit. En 2002, elle remporte un prix de l’innovation qui ouvre à Sélectis la porte des investisseurs et lui permet de se lancer dans la création de ces plates-formes locales. La première a été aménagée à Clermont-Ferrand, trois autres sont en projet. L’objectif est d’en installer 16 autres dans l’Hexagone en une dizaine d’années. Équipés d’un pont bascule, d’une pelle à grappin, d’une table vibrante, ces sites assurent le stockage de déchets apportés triés et un premier tri de ceux apportés mélangés, jusqu’à l’arrivée du centre mobile. Une fois traités, les déchets inertes sont recyclés dans les travaux publics; les cartons Le centre de tri des déchets mobile est une alternative attractive aux plates-formes fixes, avec leurs contraintes lourdes d’investissement. acheminés vers l’industrie papetière, le PVC vers les professionnels du secteur, les films plastiques vers l’Asie et le bois vers l’Italie (voir encadré). Actuellement, le volume annuel traité est d’environ 20000t. Rapportée au volume global de déchets produits dans la région (290 000 t pour la seule ville de ClermontFerrand), la progression potentielle se révèle donc considérable. D’autant plus que l’activité de Sélectis bénéficie à la fois du contexte réglementaire, du développement des démarches HQE, qui imposent la traçabilité des déchets, et d’un prix de traitement inférieur à celui de mise en décharge (58 €/t, contre 61 €/t). « En revanche, note Olivier Ezquerra, son développement reste freiné par la logique du moins-disant qui conduit souvent les maîtres d’ouvrage à retenir des offres n’intégrant pas de ligne “traitement des déchets”.» 쐍 FILIÈRE BOIS: L’OBSTACLE DU TARIF FRET Les conteneurs bois arrivant sur les plates-formes contiennent indistinctement des déchets de menuiserie (fenêtres et portes) et des résidus de palettes. Après séparation du verre et des éléments métalliques, le bois est broyé et stocké. Puis il est expédié en Italie, où existent des filières de recyclage pour les déchets de bois ayant reçu de la peinture, et où ces déchets sont valorisés sous forme de panneaux de particules. «Le transport s’effectue habituellement par voie ferroviaire à raison de 800 à 1 000 t par convoi, trois fois par an, indique Olivier Ezquerra. Mais c’est devenu un problème avec la nouvelle politique de prix de la SNCF, dont le tarif fret bois a augmenté de plus de 50% depuis le début 2004. Cela nous conduit à nous tourner vers la route.» Une logique paradoxale dans l’état actuel des débats sur le transport routier, car elle suppose d’affréter chaque année quelque 150 camions et de les faire transiter vers l’Italie via le tunnel du Fréjus…