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Un peu d'économie...
Les élèves apprennent que la production est fonction du capital et du travail. Or, aujourd’hui, nous
avons trop de travail (les chômeurs) et trop de capital (bulle spéculative) et néanmoins le PIB ne
décolle pas. Ce système, en omettant la composante ressources d’énergies, est complètement
faux. En fait, notre système économique n'est rien d'autre qu'un système à transformer des
ressources, naturelles et gratuites, en des objets qui, eux, ont un prix.
C'est le grand paradoxe de nos économies, quand on paye un objet, on paye tout sauf l'objet !
Ainsi, quand nous croyons acheter un verre, nous payons en réalité la succession des revenus
des gens qui ont contribué à sa fabrication en partant de ressources gratuites. Nous payons le
travail humain qui correspond à l’extraction du sable d’une carrière, le salaire des gens qui ont
construit et exploitent le four, etc… On ne paye pas le verre en lui-même qui est constitué
d'atomes et de molécules donnés gratuitement par la nature.
La croissance économique dépend de l'énergie. S'il y a moins d'énergie en volume, il y a moins de
PIB. La crise que nous traversons l'illustre bien : il peut y avoir du capital et des travailleurs
formés, s'il manque l'énergie, il ne se passe rien.
La pêche peut constituer un exemple : personne n'a payé pour qu'il y ait des poissons au fond de
l'océan. C'est gratuit ! Pour pêcher, le pêcheur a besoin de 2 choses : la présence de poisson
dans la mer et du diesel pour son bateau. Si demain, il n'y a plus de carburant, il n'y a plus de
poissons non plus sur les étals. De même, notre pêcheur peut avoir de gros bateaux et tout le
carburant qu'il faut, s'il n'y a plus de poissons dans la mer, il n'y a plus de production de poissons.
Le PIB de la pêche dépend donc de 2 facteurs a-économiques : les réserves de poissons et
d'énergie.
On ne peut faire de l'économie sans énergie. L'énergie est devenue le premier facteur de
production dans les économies occidentales.
La courbe de l’énergie est directement liée et proportionnelle à celle du PIB : si l’énergie décroît,
celle du PIB décroît également et inversement. Pour savoir ce que va devenir le PIB, il suffit de
regarder du côté de l'énergie. Aussi, les crises économiques que nous connaissons étaient
prévisibles.
La consommation d’énergie
Aujourd'hui, la consommation d'énergie par personne et par an varie entre 10 000 et 100 000 kWh
selon les pays. En France, on consomme par an un peu plus de 40 000 kWh par personne. Cela
revient à dire que chaque Français « possède entre 200 et 300 esclaves » ! Dans les pays
occidentaux, l'énergie a fait du moindre smicard un nabab. Il faut le reconnaître même si
politiquement c'est difficile à admettre...
La quantité d'énergie consommée par personne et par an dans le monde a fortement augmenté
entre le début de la révolution industrielle et 1975. Les différentes énergies ne se sont pas
remplacées mais petit à petit, se sont toutes empilées les unes sur les autres, en fonction de leur
usage.. Le charbon, par exemple, est l'énergie de l'industrialisation. Le pétrole, celle de la mobilité.
Les Trente Glorieuses, période de forte croissance économique après la Seconde Guerre
Mondiale jusqu’au premier choc pétrolier (1945-1975), se caractérisent avant tout par une facilité
d’accès aux énergies fossiles, une forte augmentation de la production et de la consommation
d'énergie.
Les « Trente Piteuses » (1975–2005) marquent le début d’un ralentissement économique mondial,
conséquence des crises pétrolières.
Depuis 2005, la production d'énergie commence à décroître, les années à venir risque d'être les
« Trente Douloureuses » et peut- être devenir les « Trente Désastreuses »……