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LA DEMOCRATIE : UN MODE DE GOUVERNEMENT PERFECTIBLE
AOUT 2013
Introduction Sous chap.3
LA DEMOCRATIE : UN MODE DE GOUVERNEMENT PERFECTIBLE
- Présenter les critiques faites à la démocratie ;
- Présenter ses insuffisances ou tares
- Présenter ses mérites.
INTRODUCTION
La démocratie n’est jamais ni parfaite ni entière. Karl Popper a même affirmé : « Le mot
démocratie désigne quelque chose qui n’existe pas ». Le propos est peut-être quelque peu
exagéré, mais il est vrai que la démocratie est un idéal. Car, pour certains, elle est une utopie,
pour d’autres, elle comporte simplement des insuffisances même si ses mérites ne peuvent
être occultés.
I- LA NEGATION DE LA DEMOCRATIE OU LA DEMOCRATIE COMME FICTION ou les
imperfections théoriques de la démocratie
Il s’agit d’une critique purement théorique, d’une remise en cause de l’idée même de
démocratie. Elle est l’œuvre des auteurs.
A- LE Caractère factice de la « démocratie bourgeoise » : critique
marxiste
Parallèlement à la critique des droits de l'homme, Marx, et à sa suite les marxistes, dénoncent
ce qu'ils qualifient de démocratie bourgeoise pour son caractère factice
1
. L'égalité politique
des citoyens que les démocraties libérales prétendent établir et garantir serait contredite par le
rapport de domination entre la classe bourgeoise et prolétarienne. Ainsi, les courants
marxistes considèrent que dans une société capitaliste, l'égalité des citoyens est
principalement fictive et illusoire, et que les droits et libertés accordés aux individus sont, au
sein des démocraties libérales, non pas concrets et effectifs, mais simplement « formels ».
Cela, principalement en ce qu'ils ne contreviennent en rien aux inégalités économiques, qui se
répercutent comme inégalité d'accès au savoir et à l'information, empêchant ainsi le prolétariat
de réellement jouir des droits et libertés qui lui sont théoriquement accordés, mais donc
matériellement inaccessibles. Marx dénonce aussi la conception bourgeoise de la liberté qui
serait contenue dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en ce qu'elle garantit la
propriété privée, y compris de moyens de production
« Les droits de l’homme, la liberté, ne repose pas sur les relations de l’homme avec l’homme
mais plutôt sur la séparation de l’homme d’avec l’homme. C’est le droit de cette séparation, le
droit de l’individu limité à lui-même. L’application pratique du droit de liberté, c’est le droit
de propriéprivée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ? « Le droit de propriéest celui
qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du
1
1. qui est fabriqué pour imiter des fleurs factices
2. qui manque de naturel [Remarque d'usage: peut-être péjoratif] Synonyme: forcé Synonyme: feint on voyait
bien que sa bonne humeur était factice
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fruit de son travail et de son industrie. » (Constitution de 1793, art. 16.) Le droit de propriété
est donc le droit de jouir de sa fortune et d’en disposer « à son gré », sans se soucier des autres
hommes, indépendamment de la société ; c’est le droit de l’égoïsme »
" La démocratie ce sera quand les cuisinières pourront être chefs d'Etat."
" La démocratie (bourgeoise), c'est la possibilité pour les opprimés de choisir, tous les quatre
ou cinq ans, leurs oppresseurs." LENINE
B- Le régime représentatif, une « oligarchie libérale » plutôt qu'une
démocratie, la délégation de souveraineté qu'implique la
représentation aboutit à une confiscation de pouvoir.
Certains penseurs contemporains, tels Cornelius Castoriadis ou Jacques Rancière considèrent
que les démocraties représentatives ne sont que pseudo-démocratiques, le peuple est dans
les faits dépossédé du pouvoir politique effectif, qui est à leurs yeux détenu par une petite
minorité d'individus (oligarchie), constitué par les politiques (représentants), les experts ou
l'élite économique. Leur critique de la représentation possède une certaine filiation avec la
critique marxiste, mais diffère cependant sur un certain nombre de points.
ROUSSEAU est le premier auteur important à insister sur le fait qu'il n'y a pas de démocratie
représentative (dans "le Contrat Social"). "Sitôt que le service public cesse d'être la principale
affaire des Citoyens, et qu'ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l'Etat
est déjà près de sa ruine. [..] Ils nomment des députés et restent chez eux." "Dans un Etat
vraiment libre les citoyens font tout avec leurs bras et rien avec leur argent. Loin de payer
pour s'exempter de leurs devoirs, ils payeraient pour les remplir eux-mêmes. […] je crois les
corvées moins contraires à la liberté que les taxes."
"La souveraineté […] consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se
représente point. […] Toute loi que le Peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle. […] La
Loi n'étant que la déclaration de la volonté générale, il est clair que dans la puissance
Législative, le Peuple ne peut être représenté ; mais il peut et doit l'être dans la puissance
exécutive, qui n'est que la force appliquée de la Loi.".
Pour ROUSSEAU, le peuple, le corps des citoyens est le souverain ; le pouvoir législatif lui
appartient en exclusivité, la loi étant l'attribut de la souveraineté. La France, l'Angleterre, et
finalement presque toutes les nations, n'ont pas de lois, elles ont des décrets arbitraires
imposés par un pouvoir de facto.
"Pour vous, peuple moderne, vous n'avez point d'esclaves, mais vous l'êtes : vous payez leur
liberté par la vôtre. […] à l'instant qu'un Peuple se donne des représentants, il n'est plus libre "
ROUSSEAU cite une phrase latine traduite ainsi : "mieux vaut une liberté dangereuse qu'une
servitude tranquille".
"La vraie démocratie est la démocratie directe, la démocratie représentative n'est pas la
démocratie
2
." "[L'] élection de représentants durables, non révocables, constitue un transfert
du pouvoir politique […]. C'est donc une aliénation, une auto-expropriation du pouvoir
politique au profit d'une catégorie particulière."
2
On peut donc considérer que l'expression "démocratie représentative" contient une contradiction dans les
termes. Elle constitue un oxymore et une mystification de plus dans la société moderne, à côté du
"développement durable", du "capitalisme à visage humain", de la "guerre propre", de la "voiture écologique",
etc.
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Pour ARISTOTE, "le petit nombre est plus facilement corruptible que le grand", corruptible
signifiant "qui vise son propre intérêt et non celui de la collectivité". Pour CC, cette remarque
d'ARISTOTE s'applique à la catégorie particulière créée dans un système représentatif.
"Dans une démocratie représentative, le pouvoir de décider passe à un groupe particulier : la
collectivité ne décide plus, elle ne se gouverne plus, elle décide seulement qui va décider."
Surtout, le reproche fondamental que CC fait à la démocratie représentative, c'est qu'elle
détruit la participation.
"Nous héritons d'un long développement historique au terme duquel il est devenu habituel de
considérer les affaires communes et publiques comme la tâche d'une certaine catégorie de
professionnels que l'on contrôle vaguement par des élections tous les cinq ans, attendu que les
intérêts essentiels de la vie sont ailleurs". "On maintient un Etat paré […], on tient pour
acquis que les citoyens ne peuvent ou ne veulent pas, sauf exception passagère, s'occuper des
affaires publiques, et en même temps on prétend fonder là-dessus un régime qui se réclame de
la souveraineté du peuple et qui se donne le nom de démocratie".
CC voit 2 raisons au "refus moderne de la démocratie directe", 2 éléments de l'imaginaire
politique moderne :
a) Elément selon lequel il y a des experts de la chose politique, auxquels le peuple délègue
son pouvoir ; qui conduit à une contradiction dans les "systèmes soi-disant démocratiques
modernes : tous les cinq ans on demande à un peuple qui ne peut juger de rien (et auquel
d'ailleurs on enlève tout moyen de juger) de décider quels sont les meilleurs experts de la
chose publique"… ;
b) Elément formulé ainsi par Benjamin CONSTANT : "Tout ce que nous demandons à l'Etat,
c'est la garantie de nos jouissances". C'est l'idée du libéralisme individualiste évoqué plus
haut.
C- La démocratie comme dictature de la majorité
Sans refuser la démocratie, de nombreux penseurs ont mis en avant ses limites si elle n'est pas
encadrée par des règles de droit immuables. Au lendemain des expériences révolutionnaires
de la fin du XVIIIe siècle et des dérives de la Terreur ou du gime napoléonien en France,
Alexis de Tocqueville ou Benjamin Constant soulignèrent certains dangers de la démocratie.
Le philosophe franco-suisse Benjamin Constant est l'un des premiers à mettre en avant ce
risque dans ses Principes de politique (1806), tout en défendant la nécessité d'un régime
représentatif : « L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à
la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées
leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul,
en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s'est
dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le
détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer ». C'est entre autres pour cela qu'il défend une
démocratie censitaire, estimant qu'un minimum de propriété est nécessaire pour pouvoir
prendre part à la désignation des dirigeants de l'État.
Tocqueville, s'il considère la marche vers la démocratie comme irrésistible, note le risque à
accorder tous les pouvoirs au peuple ou à un organe représentatif. Ainsi, il écrit dans De la
démocratie en Amérique : « je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière
de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les
volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs (…). Lors donc que je vois accorder le
droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi,
démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis :
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est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autres lois. Ce que je reproche
le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux États-Unis, ce n'est pas,
comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force
irrésistible ». À cette dérive d'une « démocratie jacobine », il oppose la « démocratie
libérale », respectueuse des individus.
John Stuart Mill, qui avait lu Tocqueville, développe cette idée dans le chapitre introductif de
son ouvrage De la liberté : « Aussi range-t-on maintenant, dans les spéculations politiques, la
tyrannie de la majorité au nombre de ces maux contre lesquels la société doit se tenir en
garde ».
Ces remarques ont été reprises ultérieurement par le philosophe Friedrich Hayek, en
particulier dans La Constitution de la liberté
D- LA NEGATION DE LA DEMOCRATIE DIRECTE : INCAPACITE DU PEUPLE A
GOUVERNER, IGNORANCE ET INEXPERIENCE DES MASSES
Platon fut le premier à développer une analyse et théorie importante visant à dénoncer la
démocratie, en l’occurrence la démocratie athénienne, au sein de laquelle il vécut. Sa critique
ne vise donc pas à proprement parler ce qu'aujourd'hui nous avons coutume de désigner
comme régime démocratique (régime représentatif et libéral). Son opposition au partage du
pouvoir politique entre tous les citoyens s’appuie sur l'idée que pour gouverner, il faut une
certaine sagesse et un certain savoir plus précisément, avoir accédé à la connaissance des
Idées du Vrai, du Juste et du Bien. Selon lui, les simples citoyens, ignorant de la Vérité et
réfléchissant surtout en fonction de leurs intérêts particuliers, ne sauraient diriger à bien la
cité, et par conséquent le pouvoir du peuple ne peut que conduire celle-ci vers la corruption. Il
défend ainsi au contraire l'idée que seuls devraient gouverner des philosophes rois, ou des rois
philosophes.
D'une certaine façon, cette idée de l'incapacité du peuple à diriger les affaires publiques et à
légiférer se retrouve plus tard chez d'autres penseurs occidentaux, aux États-Unis comme en
France. Le président américain Thomas Jefferson affirmait à la fin du XVIIIe siècle : « Il y a
une aristocratie naturelle, fondée sur le talent et la vertu, qui semble destinée au
gouvernement des sociétés, et de toutes les formes politiques, la meilleure est celle qui
pourvoit le plus efficacement à la pureté du triage de ces aristocrates naturels et à leur
introduction au gouvernement ».
De la même manière, John Adams et James Madison aux États-Unis, ou Emmanuel-Joseph
Sieyès ou Montesquieu en France, expriment clairement leurs critiques envers l'idée d'une
démocratie directe, lui opposant les avantages d'un régime représentatif, qu'ils concevaient
donc comme une alternative à la démocratie plutôt que comme son équivalent.
II- LES IMPERFECTIONS ou insuffisances
3
DECOULANT DE LA PRATIQUE DE LA
DEMOCRATIE OU LA CRISE DE LA Démocratie
3
Point faible ou imparfait (de quelque chose ou de quelqu'un)
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La Démocratie est en crise dans nos sociétés occidentales. La désaffection vis-à-vis du
militantisme, aussi bien politique que syndical, l'absence de véritable débat, la distance entre
les décideurs et les citoyens, le retour à la sphère privée, le caractère fantoche
4
des assemblées
délibératives, les élections "spectacles
5
", la langue de bois, la corruption…, entre autres, sont
autant de signes de cette crise.
La démocratie est fragile. Elle est sans cesse à défendre et à consolider, comme en témoignent
aujourd'hui des sujets aussi importants que le cumul des mandats électifs ou la corruption
dans les partis politiques ; car la démocratie ne peut s'accommoder de la concentration de
tous les pouvoirs entre les mains de quelques « spécialistes » de la politique ni du
détournement de l'argent public à des fins privées ou politiques. Une autre question, peut-être
encore plus grave, est celle de l'indépendance des juges à l'égard du pouvoir : les juges sont
les garants des libertés et de l'égalité devant la loi ; si un gouvernement peut ralentir ou
étouffer un procès, c'est que la démocratie ne fonctionne pas encore parfaitement.
A- Les insuffisances liées au principe d’égalité et de participation
Dans quelle mesure les démocraties respectent le principe de l’égalité et permettent à leurs
citoyens d’influer sur les décisions est un autre point qui les différencie fortement. Les plus
démunis peuvent avoir plus de difficultés à se faire entendre. Les femmes, moins présentes
sur la scène politique, peuvent avoir moins de possibilités de peser sur les décisions, même
sur celles qui les concernent tout spécifiquement. Certains groupes sociaux, comme les
enfants et les travailleurs étrangers, peuvent ne pas avoir le droit de vote. Dans le même
temps, certains peuvent avoir le sentiment que les règles leur sont imposées par des
représentants élus qui ne relaient pas leurs intérêts. sont alors les principes démocratiques
fondamentaux ? Dans quelle mesure pouvons-nous nous sentir « propriétaires » des lois et des
décisions de nos gouvernements ?
C’est dire que la représentation des minorités, notamment celles qui souffrent d’exclusion, est
une faiblesse de la démocratie moderne. Thomas Hammarberg, Commissaire européen aux
droits de l’homme, déclarait récemment que la pauvreté était un fléau pour ces millions
d’individus…
« … ceux qui sont déplacés ; ceux qui n’ont pas les moyens de prendre un avocat ; ceux qui se
heurtent à des barrières linguistiques lorsqu’ils recherchent de l’aide ; ceux qui subissent
l’oppression de leur propre groupe culturel ou qui sont étouffés entre deux modes de vie ;
ceux qui vivent dans la clandestinité et craignent d’être exposés ; ceux qui sont isolés par leur
handicap, et ceux qui ont tout perdu et sont trop fragiles pour repartir de zéro ; ceux qui
appartiennent à des minorités et sont la cible des xénophobes et des homophobes. »
Dans une société les gouvernements sont élus par la majorité et où les systèmes électoraux
donnent tous les pouvoirs au gagnant, il est tout particulièrement difficile pour les minorités
4
Qui a un rôle de représentation contrôlé par une autorité extérieure et qui ne possède aucun pouvoir effectif
(péjoratif) gouvernement fantoche • un président fantoche
5
Dès les premiers pas de la Révolution, un certain nombre d'auteurs énoncent l'idée, reprise par d'autres depuis,
qu'il faut distinguer un système politique représentatif et la démocratie. Non seulement l'élection n'est pas la
garantie de la mocratie, mais elle peut même l'assassiner. Ne considère-t-on pas aujourd'hui que le premier
geste mocratique dans un pays est d'organiser des élections libres? Justement, les exemples sont nombreux
pour montrer qu'il y a dans ce geste un aspect plus symbolique, voire hypocrite, qu'une marque concrète de la
démocratisation.
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