- Une période de croissances démographique et urbaine :
Le Reichsland connaît une croissance naturelle plus forte que celle de la France (1 549 738
habitants en 1871, 1 815 000 habitants en 1905). En 1871, le taux d’urbanisation est de 35%.
En 1910, il est de 51% (44% en France et 61% en Allemagne). Cette croissance urbaine est
liée à une politique de construction active dans de nombreuses villes, notamment à
Strasbourg, la vitrine du Reichsland, et à Metz.
- L’évolution économique :
L’industrie
La période de l’annexion est d’abord une période difficile et la production industrielle subit
un recul (instauration de droits de douane pour vendre aux anciens clients français ;
concurrence des industries allemandes dans le cadre de la politique douanière libérale du
Zollverein (union douanière réalisée, sous l’égide de la Prusse, entre les différents Etats de la
confédération germanique. Elle est entrée en vigueur en 1834 et a fortement contribué à forger
l’unité allemande)). Certaines industries déclinent, certaines déménagent et s’installent en
France, mais la plupart se dédoublent , mettant un pied dans chaque pays. A partir de 1895, la
croissance industrielle reprend. Les capitaux venus d’autres Etats allemands favorisent cette
reprise, notamment pour les industries extractives (pétrole à Pechelbronn, potasse au nord de
Mulhouse, houille et fer en Lorraine). Les productions issues de la deuxième révolution
industrielle font leur apparition au début du XX e siècle comme la construction automobile
avec Mathis à Strasbourg ou Bugatti à Molsheim en 1906.
L’agriculture
Elle est marquée par des structures archaïques, surtout en Alsace (petites et très petites
exploitations fortement endettées) qui freinent son évolution. La productivité, qui repose sur
l’accroissement de la production en volume et en valeur et non sur l’exode des paysans,
progresse néanmoins. Les productions évoluent lentement avec l’introduction de nouvelles
cultures comme le houblon et la betterave à sucre (ouverture de la sucrerie d’Erstein en 1893).
Par ailleurs, le développement de la culture des pommes de terre et des cultures fourragères
favorise les élevages porcin et bovin.
En revanche, les viticulteurs des collines sous-vosgiennes optent pour le vin de quantité. Ils se
contentent de pieds hybrides pour greffer la vigne ravagée par le phylloxéra, aux dépens de la
qualité du vin.
- Des avancées sociales
Entre 1883 et 1889 est introduit un système complet d’assurances (assurance maladie,
protection contre les accidents du travail, assurance vieillesse…). Ce régime de sécurité
sociale moderne sera conservé après 1918 sous l’expression de « statut local ». Cette
législation sociale avancée n’empêche cependant pas une amplification des luttes ouvrières et
syndicales surtout pendant la crise des années 1910/1912.
• L’évolution culturelle
L’Allemagne dote Strasbourg d’une université moderne.
Le départ de nombreux écrivains, intellectuels et artistes est à l’origine d’un vide
artistique et littéraire jusque dans les années 1880. Le mouvement autonomiste