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REPUBLIQUE DU SENEGAL
N°
MEF/DPEE/DEPE
Un peuple - Un But - Une Foi
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MINISTERE DE L'ECONOMIE
ET DES FINANCES
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DIRECTION DE LA PREVISION
ET DES ETUDES ECONOMIQUES
Dakar, le 03 juillet 2013
COMPTE RENDU DE CONFERENCE
Objet : 12ème édition du Point Economique de la DPEE
La douzième édition du Point Economique de la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques
(DPEE) s’est tenue le mercredi 03 juillet 2013 à partir de 9h30mn à l’hôtel King Fahd Palace (ex Méridien
Président) de Dakar. Le thème à l’ordre du jour, qui a porté sur « l’émergence économique : définition, mesure et
facteurs clés de succès», a été présenté par M. Moubarack Lô, Directeur de Cabinet Adjoint du Président de
la République.
Le Point Economique a été présidé par M. El Hadji Ibrahima SALL, ancien Ministre du Plan et Président de
l’Université Polytechnique Ouest Africaine (UPOA) qui a commencé son propos en saluant et remerciant les
participants avant d'évoquer l’importance du thème de l’émergence économique qui demeure néanmoins un
concept difficilement mesurable. Il a estimé que les investigations du présentateur devraient permettre aux
participants de comprendre pourquoi le Sénégal n'appartient pas au cercle retreint des pays émergents et surtout
de proposer des mécanismes qui peuvent être mis en place afin d'atteindre l’émergence. M. Sall a ensuite passé
la parole à M. Lô dont l’essentiel de la présentation est exposé ci-après.
Le développement renferme aussi bien la croissance que la transformation et se manifeste par l’amélioration des
performances des facteurs de production, la densification et la modernisation du réseau d’infrastructures, le
développement des institutions, le changement des attitudes et des valeurs, et par « un mouvement haussier de
l’ensemble du système social ». L’architecture économique mondiale distingue les pays développés des pays en
développement. Cette classification souffre d’un manque de précision dans la mesure où des pays comme le
Sénégal et la Corée qui n’ont pas les mêmes réalités économiques et sociales et qui ne disposent pas des
mêmes ressources, se retrouvent dans le même groupe des pays en développement.
L’apparition récente dans la littérature des termes « pays émergent » et « marché émergent » apporte une
grande contribution à la théorie du développement. Il convient de faire la nuance entre l’émergence qui est un
processus ascendant permettant à un pays de sortir de la trappe de pauvreté, et la convergence qui suit un
mouvement vertical consistant à un rattrapage par rapport au niveau de développement des pays riches.
L’émergence est donc une phase transitoire importante dans la voie du développement.
Les pays pauvres et émergents ont plus intérêt à privilégier la captation de la technologie disponible dans les
pays les plus avancés qu’à s’efforcer d’inventer de nouveaux procédés. Afin de corriger ses handicaps de base,
le pays pauvre doit engager de lourdes réformes structurelles. Ces réformes concernent essentiellement la
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stabilité politique et macroéconomique, le dynamisme économique et l’ouverture, un cadre réglementaire de
qualité, des bases à long terme du développement adaptées et la capacité et la volonté à attirer les investisseurs.
A la base, un pays doit identifier, à travers un diagnostic stratégique les obstacles les plus sérieux qui freinent sa
compétitivité internationale et engager les réformes prioritaires ayant le plus d’impact sur la croissance.
La construction de l’indicateur d’émergence part d’un fait stylisé qui regroupe des pays économiquement
homogènes dans les années 60 et loin de l’être en 2000. Il s’en est suivi l’évaluation de la trajectoire de ces
différents groupes de pays et la construction d’un Indicateur Synthétique d’Emergence Economique (ISEME).
L’ISEME est un indice qui permet de mieux apprécier les performances réelles des pays dans le cheminement
vers le développement intégral, beaucoup mieux que ne le permettrait la seule observation de l’évolution des
taux de croissance annuels.
Quinze variables reconnues par les théoriciens de l’économie du développement et regroupées pour évaluer le
dynamisme économique, la structure transformationnelle de l’économie et la stabilité macroéconomique du pays
sont intégrées dans la construction de l’indicateur. Les données utilisées sont celles de la Banque Mondiale et de
la CNUCED.
Les résultats des calculs ont permis de considérer par ordre décroissant sept classes d’émergence économique
à savoir les pays prédéveloppés, post émergents, émergents, pré-émergents, potentiels émergents,
aspirant à l’émergence et peu développés. Le Sénégal se situe dans la classe des pays potentiellement
émergents.
Les Etats africains et le Sénégal en particulier disposent essentiellement, au regard des expériences, de huit
leviers qui permettent d'atteindre l'émergence. Il s'agit d'une vision à long terme déclinée en un plan stratégique
national, une communication forte permettant l’appropriation de la vision par les populations, un partenariat étroit
Etat -secteur privé, la nécessité d’un consensus national, la mise à niveau du service public l’adoption au niveau
national des nouvelles valeurs de l’Emergence, un dispositif institutionnel garant de la bonne gouvernance.
A la suite de la présentation, le Président de séance a résumé les propos de M. Lô, avant de passer la parole à
M. Pierre NDIAYE, Directeur de la Prévision et des Etudes Economiques et à M. Babacar MBAYE, Directeur
Général du Plan.
M. Ndiaye a remercié le présentateur qu’il a félicité pour les recherches fructueuses qui ont été nécessaires à la
réalisation de son document. Il a fait remarquer qu’à la base, le terme d’« émergence » avait plus trait aux
marchés financiers et que son extension dans le domaine de l’économie relève de la plus grande importance. Sur
le thème, il a précisé que des réflexions engagées par la DPEE, le CEPOD, l’APIX et l’ANSD avaient placé le
Sénégal dans la classe des pays candidats à l’émergence. Concernant la coordination des institutions et des
plans d’actions essentielle à l’émergence économique, il a indiqué que des travaux sont en phase de réflexion au
MEF pour la rationalisation des structures et des documents de politique économique et social.
M. MBAYE s’est réjoui de la rencontre qui permet de se remettre en cause par rapport aux méthodes de travail et
également d’explorer des pistes nouvelles. Comme éléments de clarification, il a signalé que le système de
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planification du Sénégal s’apparente à celui de la Malaisie, à la seule différence qu’il n’y a pas de plan décennal
pour le Sénégal. Ce système se décline clairement en visions de long terme, moyen terme et en plans d’actions.
Par la suite, le Président de séance a invité les participants à réagir par rapport à l’exposé. Les commentaires et
contributions se déclinent comme suit.
 Les indices synthétiques de mesure de l’émergence doivent intégrer les aspects qualitatifs tels que le
leadership et le caractère institutionnel.
 L’exemple de la Malaisie qui a su développer une production de l’huile de palme (dont elle est
aujourd’hui le leader mondial) à travers une distribution de terres et d’intrants et un assistanat boursier le
temps que le produit émerge, peut constituer un exemple pour le Sénégal dans la voie de l’émergence.
 Il est important de développer les infrastructures sanitaires afin d’attirer les investisseurs privés dont la
participation à l’émergence économique est incontournable.
 Les exemples de la Chine, de l’Inde et du Brésil montrent que les problèmes de population ne sont pas
un frein à l’émergence économique et que l’accent doit être mis sur la maîtrise du taux de croissance de
la population sénégalaise, et non sur des politiques de baisse du taux de fécondité.

Un autre frein à l’émergence économique est la massification des universités sénégalaises qui
contribuent plutôt à multiplier les handicaps.
 L'émergence économique du Sénégal doit nécessairement passer par la diversification de notre
économie, le développement du secteur secondaire comme la cimenterie et les industries chimiques, la
jonction entre le primaire et le secondaire et la transformation structurelle.
 Une vision claire et un leadership fort sont indispensables à l’émergence économique.
A la suite de ces interventions, le Président de séance a repassé la parole au présentateur pour des éléments de
réponses.
M. Lô a d’abord indiqué que l'émergence peut être assimilée à la variation du décollage et insiste sur le fait que
l'émergence est un mouvement ascendant. Il a déclaré que le pilotage de la politique économique et social se fait
dans un ordre depuis plus de 20 ans. Il a déploré l'existence simultanée d'un plan de 5 ans et d'une stratégie de
5 ans. Les documents de politique doivent également être articulés et reflétés dans les choix budgétaires. Les
transformations sont aussi fondamentales que les dimensions de croissance rapide et de stabilité
macroéconomique. Le choix du leadership dans le chemin de l’émergence est fondamental car il détermine
l’engagement de toutes les parties prenantes dans la voie. Il est nécessaire que tous les documents de
politique soient harmonisés dans un seul document comme c’est le cas en Tunisie. Les réformes dans le
système éducatif doivent insister sur la formation technique et professionnelle, des études spécialisées entre la
troisième et la terminale. Concernant les liens entre l’émergence et la religion, le Sénégal possède des valeurs
qui vont dans le sens de l’émergence et le problème ne peut donc se situer à ce niveau. Il serait intéressant de
mettre en place un projet de mise en place d’un observatoire africain de l’émergence afin de rationaliser les
nombreux indicateurs de développement, construire des indices synthétiques, les suivre, les évaluer et les
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analyser. Enfin, M. Lô invite la DPEE d'engager des réflexions dans la construction d'un indice de pré
émergence pour le Sénégal.
Après l’intervention du présentateur, M. NDIAYE a remercié, au nom de la DPEE, l’ensemble des participants et
a rappelé que les présentations dans les éditions ultérieures de point économique sont ouvertes à tous ceux qui
voudront contribuer. Il a déclaré que la prochaine édition portera sur les questions de productivité agricole,
croissance et pauvreté.
Le Président de séance a réitéré ses remerciements à l’assistance et a clôturé la séance à 13h10mns.
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