Compétences de la main-d`oeuvre locale en Algérie et

Business School
W O R K I N G P A P E R S E R I E S
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Working Paper
2014-247
Compétences de la main-d’oeuvre locale
en Algérie et management de projets
nationaux : Le cas de l’autoroute Est-
Ouest
Joëlle MORANA
Fouzia BRAHIMI
Dominique BONET FERNANDEZ
Frédéric TEULON
http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html
IPAG Business School
184, Boulevard Saint-Germain
75006 Paris
France
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Compétences de la main-d’œuvre locale en Algérie
et management de projets nationaux : Le cas de l’autoroute Est-Ouest
Dominique BONET FERNANDEZ
Enseignant-chercheur, IPAG Business School et CRET-LOG AMU
dominique.bonet-fernandez@ipag.fr
Joëlle MORANA
Maître de Conférences en Sciences de Gestion
Laboratoire d’Economie des Transports – Université Lumière Lyon 2 – CNRS ENTPE France
joelle.morana@let.ish-lyon.cnrs.fr
Fouzia BRAHIMI
Enseignante Assistante
Faculté de Gestion de Sidi-Bel-Abbès - Algérie
fouzia13f2000@yahoo.fr
Frédéric TEULON
Enseignant-chercheur, IPAG Business School
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Compétences de la main-d’œuvre locale en Algérie
et management de projets nationaux : Le cas de l’autoroute Est-Ouest
Résumé
Cet article se propose d’examiner la perception des compétences de la main-d’œuvre locale
algérienne. Pour cela, elle prend appui sur l’analyse d’entretiens en lien avec le projet de
construction de l’autoroute Est-ouest entamé en Algérie en 2005. Les réponses montrent que
l’Algérie accuse un manque crucial de compétences ainsi qu’une désuétude de son
infrastructure dans tous les secteurs vitaux de l’économie. Il en découle un départ en masse
des chercheurs et cadres dans d’autres pays et, par ricochet, l’appel à des compétences
étrangères sur des projets d’envergure. Ce faisant, plusieurs solutions sont préconisées. Parmi
celles-ci, la gestion des connaissances et la définition avec les entreprises des compétences
attendues dans chaque secteur d’activité, ceci pour mieux identifier la demande et permettre
de décliner précisément les profils manquants, les compétences à acquérir, les formations
nécessaires et les recrutements à effectuer.
Mots-clés : Compétences, Algérie, Main d’œuvre, Expertise étrangère
Abstract
This paper aims to examine the perception of skills of local workers in Algeria. Our
exploratory research is based on a series of interviews with a panel in connection with the
construction of the East-West highway. The results show that Algeria lacks of critical skills
and keeps an outdated infrastructure in all vital sectors of the economy. It follows then a mass
departure of executives and researchers in other countries and, in turn, calls for foreign
expertise on major projects. In doing so, several solutions are recommended. Among these,
knowledge management and definition of skills expected in each sector, to better identify this
demand precisely and allow declining the missing profiles, skills to acquire and the necessary
training and recruitment to perform.
Keywords: Skills, Algeria, Labor, Foreign expertise
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Introduction
Dans les années 1990, l’Algérie a été confrontée à une véritable crise identitaire sur les plans
religieux, économiques, sociaux et culturels. Cette crise a eu des impacts très négatifs sur son
économie globale, impacts encore d’actualité en ce début du XXIème siècle. Parmi les dégâts
occasionnés, on note la destruction d’une large partie de ses infrastructures. Or, si les
infrastructures ont été touchées, là ne se sont pas arrêtés les impacts négatifs. Ainsi, en plus du
conflit armé, de la crise économique, d’un taux de chômage élevé, des conditions de travail et
services sociaux inadaptés, un exode des cadres supérieurs et intermédiaires s’est fait jour
nécessitant l’appel à des compétences étrangères pour les projets d’envergure (Schiere et
Walkenhorst, 2010). Mais, n’en doutons pas, cet exode a fortement fragilisé l’emploi algérien
dans un pays qui cherche à se reconstruire.
L’objet de ce papier est de poser un regard sur la place et le rôle des compétences de la main-
d’œuvre locale en Algérie. Pour cela, nous prendrons appui sur le projet de construction de
l’Autoroute Est-Ouest mis en place par le pouvoir algérien en 2005.
Notre objectif est de démontrer que ce projet dit « d’ouvrage » ou « d’ingénierie » à vocation
unique mais sur une durée relativement courte [l’achèvement complet des travaux est prévu
pour 2016] (Garel et al, 2004) souligne les difficultés de (re)connaissance des compétences de
la main-d’œuvre locale algérienne puisqu’une large majorité des employés est chinoise. A
l’issue de ce cas, nous présentons quelques pistes d’amélioration pour une (ré)introduction des
algériens dans le cadre de projets futurs.
Dans un premier temps, nous soulignons l’importance des compétences dans un contexte
économique industriel et/ou en cours de ré-industrialisation. L’étude de terrain sera présentée
et traitée dans la deuxième et la troisième partie. Il y est analysé les retours d’entretiens
effectués. La quatrième partie est l’objet d’une discussion et d’une synthèse sur la
problématique des (pertes de) compétences en Algérie. Enfin, nous concluons en soulignant
les voies de recherche de cette étude, tout en soulignant d’ores et déjà l’apport cumulatif de ce
travail. En effet, face à une très faible recherche scientifique sur la problématique des
compétences en Algérie (Scouarnec et Yanat, 2000; Ait Ziane et Ait Ziane, 2006; Khiat,
2006; Assala, 2008; Benabdellah, 2008; Bonet et al., 2011), notre étude sur ce domaine
relativement sensible constitue une réelle avancée dans le contexte algérien.
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1. Cadre conceptuel : les compétences
1.1 La compétence comme élément pivot de la performance organisationnelle
Dès la fin des années 1950, Selznick (1957) remarquait l’importance de compétence
distinctive afin de rendre compte du succès d’une organisation, grâce à « des activités dans
lesquelles une entreprise est meilleure que ses concurrents ». Ainsi, elles correspondent à des
capacités de leadership et permettent, par un déploiement judicieux des ressources, d’atteindre
une position concurrentielle unique. L’approche dépasse donc le simple niveau des domaines
d’activité stratégique pour définir des compétences distinctives qui traversent l’ensemble de
l’entreprise et son réseau, et renforcent la synergie entre activités.
Selon ce constat et à l’instar de Katz (1974), il convient d’apprécier la compétence à travers
trois éléments qui la fonde. Par ce biais et dans son acception générale, elle s’apprécie via
trois dimensions : le conceptuel dont l’objet est l’analyse, la compréhension et l’action d’une
manière systémique ; le technique qui souligne l’importance des méthodes, des procédures
techniques d’une spécialité et le processus ; et, enfin, l’humain dans ses relations intra et
interpersonnelles. En soi, la compétence se construit par un certain nombre de composants.
D’après de Montmollin (1994), elle est un ensemble de savoirs et de savoir-faire, de conduites
types, de procédés standards, de types de raisonnements que l’on peut mettre en œuvre sans
apprentissage nouveau et qui sédimentent et structurent les acquis de l’histoire
professionnelle. Dans ce cadre, elle permet l’anticipation des phénomènes, l’implicite dans les
instructions et la variabilité dans les tâches. De manière plus précise, Le Boterf (1994) décline
la notion de savoirs et de savoir-faire. Ainsi, pour cet auteur, trois savoirs et deux savoir-faire
se rencontrent. Les savoirs sont théoriques (savoir comprendre et interpréter), procéduraux
(savoir comment procéder) et expérientiels. Quant aux savoir-faire, ils sont sociaux (savoir se
comporter, savoir se conduire) et cognitif (savoir traiter l’information, savoir nommer ce que
l’on fait, savoir apprendre).
Dans ces conditions, comme le soulignent Samurçay et Pastré (1995), la compétence -en tant
que rapport du sujet/individu aux situations de travail- est ce qui explique la performance
observée. Selon cette appréhension, la compétence est donc finalisée (on est compétent dans
une classe de tâches déterminées), opérationnelle (il s’agit de connaissances mobilisables et
mobilisées dans l’action et efficaces pour cette action) et apprise (à travers des formations
explicites ou par l’exercice d’une activité). Il en découle alors que les compétences peuvent
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