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1. Cadre conceptuel : les compétences
1.1 La compétence comme élément pivot de la performance organisationnelle
Dès la fin des années 1950, Selznick (1957) remarquait l’importance de compétence
distinctive afin de rendre compte du succès d’une organisation, grâce à « des activités dans
lesquelles une entreprise est meilleure que ses concurrents ». Ainsi, elles correspondent à des
capacités de leadership et permettent, par un déploiement judicieux des ressources, d’atteindre
une position concurrentielle unique. L’approche dépasse donc le simple niveau des domaines
d’activité stratégique pour définir des compétences distinctives qui traversent l’ensemble de
l’entreprise et son réseau, et renforcent la synergie entre activités.
Selon ce constat et à l’instar de Katz (1974), il convient d’apprécier la compétence à travers
trois éléments qui la fonde. Par ce biais et dans son acception générale, elle s’apprécie via
trois dimensions : le conceptuel dont l’objet est l’analyse, la compréhension et l’action d’une
manière systémique ; le technique qui souligne l’importance des méthodes, des procédures
techniques d’une spécialité et le processus ; et, enfin, l’humain dans ses relations intra et
interpersonnelles. En soi, la compétence se construit par un certain nombre de composants.
D’après de Montmollin (1994), elle est un ensemble de savoirs et de savoir-faire, de conduites
types, de procédés standards, de types de raisonnements que l’on peut mettre en œuvre sans
apprentissage nouveau et qui sédimentent et structurent les acquis de l’histoire
professionnelle. Dans ce cadre, elle permet l’anticipation des phénomènes, l’implicite dans les
instructions et la variabilité dans les tâches. De manière plus précise, Le Boterf (1994) décline
la notion de savoirs et de savoir-faire. Ainsi, pour cet auteur, trois savoirs et deux savoir-faire
se rencontrent. Les savoirs sont théoriques (savoir comprendre et interpréter), procéduraux
(savoir comment procéder) et expérientiels. Quant aux savoir-faire, ils sont sociaux (savoir se
comporter, savoir se conduire) et cognitif (savoir traiter l’information, savoir nommer ce que
l’on fait, savoir apprendre).
Dans ces conditions, comme le soulignent Samurçay et Pastré (1995), la compétence -en tant
que rapport du sujet/individu aux situations de travail- est ce qui explique la performance
observée. Selon cette appréhension, la compétence est donc finalisée (on est compétent dans
une classe de tâches déterminées), opérationnelle (il s’agit de connaissances mobilisables et
mobilisées dans l’action et efficaces pour cette action) et apprise (à travers des formations
explicites ou par l’exercice d’une activité). Il en découle alors que les compétences peuvent