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de l’étranger; 4) L’intervention de l’État dans la vie économique est juste et nécessaire; 5)
Les intérêts économiques des nations sont nécessairement antithétiques.
Dans son essence, le mercantilisme est un mouvement d’unification nationale : il se
donne pour mission d’ériger en communauté nationale les habitants d’un territoire donné.
Le mercantilisme est un puissant facteur de centralisation au profit du pouvoir royal. Le
souverain doit envisager la guerre, d’où la nécessité pour la nation de se suffire à elle-
même afin d’échapper à la pression économique de l’étranger hostile. Le but du
mercantilisme est donc la consolidation de l’État. Ce courant lie tellement le politique et
l’économique qu’il devient impossible de les dissocier. Le mercantilisme est donc
l’expression économique d’un nationalisme naissant.
Ce courant prend des formes un peu différentes selon les pays. Le mercantilisme
allemand est nationaliste, industrialiste, interventionniste et protectionniste, proche des
mesures de Colbert en France. Parallèlement, en Angleterre, Thomas Mun, David Hume
(1711-1776, il fut le mentor d’Adam Smith) et William Petty (1626-1687) proposent
plutôt l’enrichissement par le développement du commerce international. L’industrie ne
sera pas délaissée mais le commerce et la navigation, donc l’échange et l’expédition,
deviennent la forme préférentielle de l’enrichissement. Le négoce est source de gains et
l’industrie n’est qu’un élément parmi d’autres du négoce.
3.2) Les classiques (1700-1870)
La pensée classique coïncide avec l’avènement de la révolution industrielle et
d’un capitalisme moderne, après le « capitalisme commercial » des mercantilistes. La
compréhension des nouvelles sources de la richesse est un sujet préoccupant. Il semble
alors naturel que l’œuvre majeure des classiques soit celle d’Adam Smith (1723-1790),
2 Un diagramme d’influence des courants économiques est présenté en annexe.