accepter. Mais, il est clair qu’au cours du règlement de ses dettes, l’Allemagne résistera pied à
pied. Dès lors, deux solutions sont possibles : la politique de conciliation lui accordant des
facilités, préconisée par l’Angleterre, ou la politique d’exécution, l’obligeant par la force à
honorer ses engagements. De concert, Paris et Londres essaient d’abord la première tactique.
Le PM anglais, Llyod George, et le président du conseil français, Aristide Briand, réunis à
Cannes en janvier 1922, décident d’organiser au printemps une « conférence économique » à
Gênes. En la présence des délégués allemands et russes, la reconstruction économique de
l’Europe et un assouplissement des réparations devaient faire l’objet d’un examen
d’ensemble. Briand obtient alors de Llyod George la promesse d’un traité de garantie
analogue à celui qui avait été prévu dans la paix de Versailles et que les anglais avaient refusé
de ratifier à la suite de l’attitude isolationniste américaine. Pour la France, c’est la fin de son
isolement né de la « mésentente cordiale » entre les alliés d’hier. Seulement, Briand est accusé
d’abandon et voit se dresser contre lui le Président de la République, A. Millerand, plusieurs
ministres et la grande majorité de l’opinion. Contraint à la démission, il est remplacé par
Poincarré, partisan au contraire de la fermeté. Le nouveau président du conseil fait donc
échouer la conférence de Gênes (avril-mai 1922) et, du même coup, l’idée du traité de
garantie qui aurait consolidé l’amitié franco-anglaise. Plus tard, Londres va s’opposer à
l’occupation par les troupes franco-belges, le 11 janvier 1923, du bassin de la Ruhr qui est
présenté par la France comme un « gage productif » de sa créance contre l’Allemagne.
b) Avec l’adoption des plans Dawes
, à la conférence de Londres de juillet à août 1924, et
Young
, à la conférence de La Haye en août 1929, ainsi que du traité de Locarno
, à la
conférence d’octobre 1925, on croit la détente amorcée entre les démocraties elles-mêmes et
entre celles-ci et l’Allemagne. Et grâce à l’influence américaine, la France abandonne sa
A la conférence de Spa (juillet 1920), les alliés fixèrent le pourcentage des réparations qui seront attribuées aux
nations victimes des puissances centrales. Présenté ayu printemps de 1921, l’ »Etat de paiements » fixe enfin le
montant des réparations à 132 milliards de marks-or, payables en annuités.
Dès octobre 1923, les Etats-Unis font une proposition de rediscuter sur un plan international le problème des
réparations, ce que Poincarré accepte afin d’obtenir notamment le soutien des banques anglo-saxonnes pour
enrayer la chute du franc avant les législatives. Le plan Dawes, valable pour cinq ans seulement, est adopté par
toutes les parties (France, Angleterre, Allemagne et Russie). Il ne modifie pas le montant théorique des
réparations, mais les annuités progressives fixées pour 1924-1929 sont inférieures à celles arrêtées en 1921. Un
prêt américain doit aider l’Allemagne à faire les premiers versements. De plus, le plan prévoit la possibilité pour
l’Allemagne de s’acquitter en marchandises et services.
Toujours sous égide américaine, un nouveau plan est élaboré à l’expiration du plan Dawes. Un comité
d’experts présidé par l’américain Young établit un plan définitif et plus avantageux pour l’Allemagne : les
annuités, qui devront être versées jusqu’en 1988, sont inférieures à celles du plan Dawes ; en cas de difficultés,
l’Allemagne peut même suspendre une partie de ses paiements ; la commission des réparations supprimée, elle
recouvre sa pleine autonomie financière. Sur la demande de Stresemann (ministre des affaires étrangères
allemand), les deux dernières zones occupées militairement en Rhénanie qui, en vertu du traité de Versailles,
auraient dû être évacuées successivement en 1930 et 1935, le sont toutes deux en 1930.
Dès 1924, Briand et Stresemann sont persuadés de la nécessité d’un rapprochement franco-allemand car ils
espèrent œuvrer à la paix définitive. Washington et Londres encouragent cet esprit. Sur l’initiative allemande,
une conférence se réunit en octobre 1925 à Locarno en Italie. Mussolini, Briand, Stresemann et Austen
Chamberlain (chef du Foreign Office) signent une série d’accords. Le traité principal, ou pacte de Locarno,
établit une garantie mutuelle de frontières entre l’Allemagne et deux de ses voisins occidentaux, la France et la
Belgique, ainsi que la promesse réciproque de recourir à l’arbitrage en cas de conflit. Ainsi, pour la France,
l’Allemagne reconnait le traité de Versailles ; elle renonce à l’Alsace-Lorraine ; elle promet de na pas
remilitariser la Rhénanie.