Pour ceux qui pointent plus volontiers le stylo que le doigt, le constructeur anglais TDS a
fabriqué un crayon lecteur sans fil et sans pile, qu’on glisse sur une tablette graphique.
Puisque cette surface crée un champ magnétique d’un centimètre, il suffit de l’effleurer
avec le stylet pour déplacer le curseur.
Ces appareils demeurent toutefois foncièrement traditionnels si on considère que
l’avenir pourrait entraîner la naissance d’une pléthore de nouveaux outils. “ Il faut
regarder du côté des personnes handicapées et des militaires - les deux principales
locomotives de la recherche dans le domaine de l’interaction homme-machine - pour
comprendre ce que l’avenir nous réserve “ dit David Menga, ingénieur chercheur
d’Électricité de France. “ Le futur, c’est l’affranchissement de toute connexion, de tout
instrument de pointage. “
À l’hôpital Raymond-Poincarré, en banlieue parisienne, une femme en fauteuil roulant
essaie de faire entendre raison à une machine. “ Robot! appelle-t-elle, Robot! “. Au
milieu d’une station où sont rangés livres et magazines, magnétoscope et téléviseur, un
ordinateur enregistre son appel. Par de simples commandes vocales, la patiente
explique qu’elle souhaite visionner une cassette vidéo. Un bras pivote, prend la
cassette et l’insère dans le magnétoscope...
La voix commence déjà à remplacer la souris chez les handicapés moteurs, qui utilisent
par ailleurs des contacteurs pour donner es commandes simples à leurs ordinateurs. La
société canadienne TASH a fabriqué une quarantaine (!) de ces interrupteurs : depuis la
poire qu’on saisit dans le creux de la main, jusqu’à la paille, dans la quelle il suffit de
souffler (ou d’inspirer) pour indiquer à l’ordinateur d’ouvrir une fenêtre ou des volets. À
l’instar de la télécommande, d’abord destinée aux handicapés, ces interfaces feront-
elles un jour leur apparition chez Monsieur Tout le Monde? “ Il faut concevoir des
produits pour les handicapés mais viser le grand public “, dit Mounir Mokhtari,
informaticien et étudiant de l’Institut national des télécommunications d’Évry. “ Sinon,
c’est trop cher. “
C’est l’écueil qui menace la “ souris laser “ du Laboratoire central de recherches
Thomson-CSF, le géant français de l’électronique. Il ne s’agit pas d’une souris sans fil
reliée par laser à un ordinateur, mais, au contraire, d’un faisceau laser de très faible
puissance qu’on projette sur le visage de l’utilisateur. La peau réfléchit et irise cette
lumière “ cohérente “, qui est captée par un récepteur et analysée. Il suffit dès lors de
bouger le menton ou le front pour déplacer le curseur... Mise au point en collaboration
avec des chercheurs du University College de Dublin et de Connaught Electronics, cette
souris laser a déjà permis de se relier à Internet. Mais il y a un hic. “ À l’origine, on
cherchait à élaborer un dispositif à faible coût “ dit Joseph Colineau, ingénieur de
Thomson-CSF et père d’un enfant handicapé. “ Mais la complexité de la technique
employée est telle que ce ne sera pas possible. “
La plus puissante locomotive de la recherche en matière d’interfaces demeure l’industrie
militaire et spatiale. C’est ainsi que le Leti (Laboratoire d’électronique et de technologie
de l’instrumentation) du Centre d’études nucléaires de Grenoble a mis au point une “
souris oculaire “ pour remplacer la souris mécanique. Il s’agit d’un système de mesure