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INTRODUCTION
Deux disciplines qui s'opposent au premier abord. D’un côté, l'anthropologie, assimilée au
domaine des sciences. De l’autre le journalisme, considéré comme littéraire. Alors que la
première, est à l’origine d’études s’étalant sur plusieurs années, la deuxième couvre et
analyse des faits d’actualité sur des durées plus courtes. Ni les grilles de lecture, ni les
objectifs ne semblent non plus rassembler le journalisme et l’anthropologie. À la différence
de l’anthropologue, « le journaliste va être sensible à des réalités immédiates d'actualité,
explique Thierry Boissière, maître de conférences l’université Lumière Lyon 2. Et peu font
l'effort d'inscrire ces démarches dans une réalité historique et de longue durée ».
Deux disciplines dont les acteurs respectifs ne veulent pas non plus être assimilables,
confondus. Alors que pour les anthropologues, le journalisme est trop superficiel, trop peu
sérieux dans son traitement de l’actualité. Les journalistes voient en l’anthropologie, une
matière à l’odeur naphtalénique. Une science qui n’évolue pas, coincée dans son carcan
méthodologique. Un obstacle pour rendre compte de la réalité du terrain. À propos du quai
de Ouistreham, Florence Aubenas expliquait1, « N’étant ni sociologue, ni anthropologue,
je ne voulais pas tirer de leçons. La seule chose que je sais faire, c’est du reportage. »
Pourtant, si l’on avance dans la comparaison, on commence à apercevoir des points de
convergences. Notamment au travers des thématiques et des objets d’études. Le plus
célèbre des ethnologues français, Claude Lévi-Strauss2, s’était par exemple, toujours refusé
analyser l’actualité, matière des journalistes. Ceux, qui pour lui, ne prenaient jamais assez
de recul sur ce qu’ils étudiaient et analysaient. Pourtant, lorsqu’il est contacté par le
quotidien italien, La Repubblica1, pour commenter l’actualité, le Français accepte le défi et
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1 DRYEF Zineb et Hubert ARTUS. "Florence Aubenas : pratique de l'immersion en temps de crise". [document
électronique]. Rue 89, 2010. http://blogs.rue89.com/cabinet-de-lecture/2010/02/21/florence-aubenas-pratique-de-
limmersion-en-temps-de-crise-139696.
2 Claude Lévi Strauss entretenait pourtant un lien affectif avec le journalisme. Après la publication de Tristes Tropiques,
il regrette notamment, « que l’on ne m’ait proposé de grand reportage ».
1 DURAND, Jean-Marie. "Trois ans après sa mort, la parole de Claude Lévi-Strauss résonne toujours". [document
électronique]. Les Inrocks, 2013. http://www.lesinrocks.com/2013/03/07/livres/trois-ans-apres-sa-mort-la-parole-de-