Emilie Deschellette (emiliedeschel[email protected]) Blandine Longhi (blandine.[email protected]r)
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
1
ATELIER DE SYNTAXE ET DE MORPHOLOGIE
I- La construction du complément du nom
Exercice 1 : la construction absolue
Au début de l’œuvre, un chevalier nommé Calogrenant raconte à la cour d’Arthur les aventures dont il a été
le témoin dans la forêt de Brocéliande : il a couvert une fontaine merveilleuse, dont l’eau, versée sur un
perron, a la faculté de déclencher une tempête. Yvain décide de partir affronter cette épreuve, afin de
montrer à tous sa bravoure.
648
652
656
660
664
668
Li rois hors de sa cambre issi
Ou il ot fait longue demeure,
Car dormi ot jusqu'a chele heure.
Et li baron, quant il le virent,
Tuit en piés contre li salirent,
Et il tost rasseïr les fist.
Delés la roÿne s’assist,
Et la roÿne maintenant
Les nouveles Calogrenant
Lui reconte tout mot a mot,
Que bel et bien conter li sot.
Li rois les oï volentiers,
Et fist trois seremens entiers,
L’ame de Pandragon son père,
Et la son fil, et la sa mere,
Qu’il iroit veoir la fontaine,
Ja ainz ne passeroit quinzaine,
Et le tempeste et le merveille,
Si quë il y venra la veille
Monseigneur Saint Jehan Baptiste,
Et s’i prendra la nuit son giste ;
Et dit quë avec li iront
Tuit chil qui aller y vaurront.
Le roi sortit de sa chambre,
où il s’était longuement attardé,
car il avait dormi jusqu’à cet instant.
Et les barons, dès qu’ils le virent,
Se levèrent tous devant lui ;
Le roi les fit se rasseoir
et prit place auprès de la reine,
qui aussitôt lui rapporta
l’histoire de Calogrenant
sans rien omettre,
avec beaucoup de talent.
Le roi l’écouta avec intérêt
et jura par trois fois,
sur l’âme d’Uterpandrangon, son père,
sur celle de son fils et celle de sa mère,
qu’avant qu’une quinzaine soit écoulée,
il irait voir la fontaine,
et la tempête et la merveille :
il y arrivera la veille de la fête
de monseigneur saint Jean-Baptiste,
et y prendra la nuit son gîte ;
il proclame que l’accompagneront
tous ceux qui voudront y aller.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion, éd. David F. Hult, Paris, Le Livre de Poche, 1994, v. 648-679
- Comparez les constructions soulignées dans le texte à leur traduction. Que remarquez- vous ?
- Pouvez-vous citer des exemples de constructions identiques qui soient encore correctes aujourd’hui ?
Exercice 2 : à, de et autres prépositions
Comment traduiriez-vous en français moderne les phrases suivantes ?
- « Maint bon poison et mainte angile mangai […] an la chareste au marcheant »
= J’ai mangé beaucoup de bons poissons et beaucoup d’anguilles dans
……………………………………………………………………..……
Emilie Deschellette (emiliedeschel[email protected]) Blandine Longhi (blandine.[email protected]r)
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
2
- « Roland vist maint paiens de l’ost (= « armée ») au riche roi Gaifier ».
= Roland vit de nombreux …………………………………………………………………………………..
- « Ja fustes vos filz au meillor roi qui onques portast armes »
= Vous êtes le fils ………………………………………………………..qui ait jamais porté les armes.
- « A mon nu brant ocis onze des sarrazins »
= De ma lame nue je tuai ……………………………………………………………………...
- « Et tant durerent les amours del roi et de la feme au chevalier que il le sot »
= Les amours ……………………….……………………………………………..durèrent tant que ce
dernier l’apprit.
Citez des exemples de constructions du complément du nom avec la préposition « à » correctes en français
moderne. Quelle est la différence entre vos exemples et les occurrences précédentes ?
Complétez le tableau suivant :
EXEMPLE
RELATION ENTRE LE DÉTERMINANT ET LE DÉTERMINÉ
La femme ………roi
possession
Une canne ……….pêche
but
Un bateau à voiles
Mon cousin de Biarritz
Une maison ……… briques
matière
Gif-sur-Yvette
La charrette du marchand
Un stylo ………… bille
moyen
Les nouvelles du jour
Un sac ……… plastique
Matière
Une cuillère à café
Une cuillère de café
II- La négation
1415
1420
CX
La bataille est merveilleuse e pesant;
Mult ben i fiert Oliver e Rollant,
Li arcevesques plus de mil colps i rent,
Li .XII. per ne targent nient,
E li Franceis i fierent comunement.
Moerent paien a millere e a cent :
Ki ne s'en fuit de mort n'i ad guarent ;
Voillet o nun, tut i laisset sun tens.
Franceis i perdent lor meillors guarnemenz;
Ne reverrunt lor peres ne lor parenz,
Ne Carlemagne, ki as porz les atent.
En France en ad mult merveillus turment :
Orez1 i ad de tuneire e de vent,
La bataille est merveilleuse et pénible.
Olivier et Roland frappent à tour de bras, l'archevêque
rend plus de mille coups,
les douze pairs ne perdent pas leur temps,
et les Français frappent tous ensemble.
Les païens meurent par centaines et milliers :
qui ne fuit pas, contre la mort n'a pas de recours;
bon gré mal gré, il y laisse sa vie.
Les Français perdent leurs meilleurs défenseurs ;
ils ne reverront pas leurs pères ni leurs parents,
ni Charlemagne qui aux cols les attend.
En France se déchaîne une prodigieuse tourmente,
des orages de tonnerre et de vent,
1 Orez : « orages ».
Emilie Deschellette (emiliedeschel[email protected]) Blandine Longhi (blandine.[email protected]r)
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
3
1425
1430
1435
Pluies e gresilz2 desmesureement ;
Chiedent i fuildres3 e menut e suvent,
E terremoete4 ço i ad veirement.
De seint Michel dei Peril josqu'as Seinz,
Des Besençun tresqu'as [port] de Guitsand,
N'en ad recet5 dunt dei mur ne cravent.
Cuntre midi tenebres i ad granz ;
N'i ad clartet, se li ciels nen i fent.
Hume nel veit ki mult ne s'essp[o]ant.
Dient plusor : « Ço est li definement,
La fin dei secle ki nus est en present. »
Il nel sevent, ne dient veir nient :
Ço est li granz dulors por la mort de Rollant.
de pluie et de grêle, hors de toute mesure;
la foudre tombe à coups redoublés
dans le fracas d'un tremblement de terre:
de Saint-Michel-du-Péril jusqu'à Xanten,
de Besançon jusqu'au port de Wissant,
il n'est pas de maison dont un mur ne se fende.
En plein midi règnent de sombres ténèbres :
il n'y a de clarté que si le ciel se fend.
Nul ne le voit qui ne s’en épouvante.
Plusieurs disent: « C'est la consommation des siècles,
la fin du monde à quoi nous assistons. »
Ils ne savent pas, ils ne disent rien de vrai :
c'est le grand deuil pour la mort de Roland.
La Chanson de Roland, éd. J. Dufournet, Paris, GF, 1993, v. 1412- 1437
Exercice 1 : le ne niant seul
Comparez les propositions soulignées à leur traduction. Que remarquez-vous ?
Exercice 2 : ne négatif et ne explétif
Parmi les propositions suivantes, indiquez celles qui sont négatives. Pourquoi trouve-t-on « ne » dans celles
qui ne le sont pas ?
Je ne saurais vous dire s’il va neiger.
Je n’ose imaginer ce qui va se passer maintenant.
Je crains bien qu’il ne sorte malgré ton interdiction.
Si ne n’est toi, c’est donc ton frère.
Il n’y a personne qui ne sache cela.
Je ne doute pas qu’il ne vienne pour Noël.
Qu’à cela ne tienne !
Je pars avant que le soleil ne se lève.
Elle est plus grande que je ne le pensais.
Exercice 3 : la négation par pas seul
Repérez les phrases négatives dans le texte suivant, extrait de Zazie dans le métro de Raymond Queneau.
Que remarquez-vous ? Réécrivez-les dans un niveau de langue courant.
- Pour moi, dit Charles, ça sera un beaujolais.
- Et pour moi, dit Gabriel, un lait-grenadine.
Et toi ? demande-t-il à Zazie.
- Jl’ai déjà dit : un cacocalo.
- Elle a dit qu’y en avait pas.
- C’est hun cacocalo que jveux.
- T’as beau vouloir, dit Gabriel avec une patience extrême, tu vois bien qu’y en a pas.
- Pourquoi que vous en avez pas ? demande Zazie à la serveuse.
2 gresilz : « grêle ».
3 fuildres : « foudre ».
4 terremoete : « tremblement de terre ».
5 recet : « maison ».
Emilie Deschellette (emiliedeschel[email protected]) Blandine Longhi (blandine.[email protected]r)
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
4
Exercice 4 : les forclusifs
L’ancien français utilisait des mots variés pour renforcer la négation exprimée par ne. Dans la liste
suivante, employez dans une phrase ceux qui s’utilisent encore aujourd’hui :
Pas, mie, point, goutte, mot.
Exercice 5 : ne et ni
« Ne reverrunt lor peres ne lor parenz, / Ne Carlemagne » (v. 1421). Quelle est la nature du premier
« ne » ? Quelle est la nature des deux suivants ? Expliquez pourquoi il y a dans cette phrase, en ancien
français, des homonymes. Est-ce aussi le cas en français moderne ?
III- L’ordre des mots et l’expression du pronom personnel sujet
Del Chevalier de la Charrete
comance Crestïens son livre;
matiere et san li done et livre
la contesse, et il s’antremet
de panser si que rien n’i met
fors sa painne et s’antancïon;
des or comance sa raison.
Et dit qu'a une Acenssïon
fu venuz devers Carlïon
li rois Artus et tenu ot
cort molt riche a Chamaalot,
si riche com a roi estut.
Aprés mangier ne se remut
li rois d’antre ses conpaignons.
Molt ot an la sale barons,
et si fu la reïne ansanble;
si ot avoec aus, ce me sanble,
mainte bele dame cortoise,
bien parlant an lengue françoise;
et Kex qui ot servi as tables
rnanjoit avoec les conestables.
La ou Kex seoit au mangier,
atant ez vos un chevalier
qui vint a cort molt acesmez,
de totes ses armes armez.
Chrétien commence son récit
sur le Chevalier de la Charrette ;
la comtesse lui en donne
la matière et l’esprit, et lui s’occupe
de la mise en œuvre sans rien n’y apporter d’autre
que son travail et son application ;
sur-le-champ il débute sa narration.
Lors d’une Ascension,
le roi Arthur était venu à Carlion
et avait tenu à Camaalot
une cour aussi somptueuse
qu’il convenait à un roi.
Après le repas le roi
n’avait pas quitté ses compagnons.
Il y avait dans la salle de nombreux barons,
auxquels s’étaient jointes la reine
et, me semble-t-il,
maintes belles et courtoises dames
parlant le français avec élégance.
Quant à Keu, qui avait dirigé le service de table,
il mangeait avec les officiers de bouche.
Alors que Keu était encore assis à table,
voici qu’arriva à la cour
un chevalier superbement équipé
et armé de pied en cap.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette, éd. J.-C. Aubailly, Paris, GF, 1991, v. 24-46, texte écrit à
la fin du XIIe siècle.
Exercice 1 : l’ordre des mots
Voici une traduction mot à mot, qui respecte l’ordre des termes en ancien français. Pouvez-vous remettre les
groupes de mots dans l’ordre voulu par le français moderne ?
v. 24-26 : Au sujet du Chevalier de la charrette commence Chrétien son livre ; la matière et l’esprit lui
donne la comtesse […].
v. 30- 31 : Il raconte que lors d’une Ascension, était venu à Carlion le roi Arthur […].
Emilie Deschellette (emiliedeschel[email protected]) Blandine Longhi (blandine.[email protected]r)
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
5
v. 34-35 : Après le repas était resté le roi parmi ses compagnons.
Quels groupes de mots avez-vous changé de place et pourquoi ?
Pouvez-vous donner des exemples de phrases dans lesquelles le sujet est placé derrière le verbe en français
moderne ?
Exercice 2 : évolution du pronom personnel sujet
- Comparez le passage suivant à sa traduction en français moderne. Quel élément, qui ne figure pas dans le
texte original, est-on obligé de rajouter?
« […] si que rien n’i met fors sa painne et s’antancïon ; des or comance sa raison. »
= […] de telle sorte qu’il n’y apporte rien sauf son travail et son application ; sur-le-champ il commence sa
narration.
- Traduisez les phrases suivantes (inspirées de l’ancien français) en français moderne. Que remarquez-vous
en ce qui concerne l’emploi des pronoms personnels ?
- Il, qui triste estoit, plora.
- Je et vos somes deus chevaliers.
- Qui en a ? _ Je.
- Il et ses freres vindrent a cheval.
- Tu, comment faire porroies tu ?
IV- La conjugaison du présent de l’indicatif
« Sire Guillelmes, dit Looÿs li frans,
Or voi ge bien, plains es de mautalant.
- Voir, dit Guillelmes, si furent mi parents. […]
« Sire Guillelmes, dit Looÿs le ber, […]
Quant ceste hennor reçoivre ne volez,
En ceste terre ne vos sai que doner,
Ne de nule autre ne me sai porpenser.
_ Rois, dit Guillelmes, lessiez le dont ester ;
A ceste foiz n’en quier or plus parler.[…]
A cez paroles s’en est li cuens tornez ;
Par maltalent avale les degrez.
En mie sa voie a Bertran encontré
Qui li demande : « Sire oncle, dont venez ? »
Et dit Guillelmes : « Ja orroiz verité :
De cel palés ou ai grant piece esté. […] »
Le Charroi de Nîmes, ed. C. Lachet, v. 294 -296 et
404-418
« Seigneur Guillaume, …………. Louis le noble,
À présent je le ……………. bien, tu es rempli de colère.
- C’est vrai, ……… Guillaume, à l’exemple de mes parents. » […]
«Seigneur Guillaume, ………….. Louis le vaillant, […]
Puisque vous ne …………………. pas recevoir ce fief,
Je ne ……………….. que vous donner sur cette terre,
Et je ne …………………. penser à aucun autre don.
- Roi, ………………Guillaume, laissez donc cela ;
Pour cette fois je ne désire pas en parler davantage. […]
Sur ces paroles le comte s’en …………… allé ;
Plein de rancœur, il ………………… (dévaler) l’escalier.
En chemin il ……………….. rencontré Bertrand
Qui lui…………… : « Seigneur, mon oncle, d’où ……….-vous ? »
Et Guillaume ……………. : « vous allez entendre la vérité :
Je viens de ce palais, où j’………… été un long moment. […] ».
Exercice 1 : observation
- Complétez la traduction du texte en conjuguant correctement les verbes au présent de l’indicatif.
- Quelles différences remarquez-vous entre la conjugaison de l’ancien français et celle du français
moderne ?
Exercice 2 : explications des formes des P1, 2 et 3
Remplissez le tableau ci-dessous sur les formes de l’indicatif présent.
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !