de la comédie musicale

MUSICALS MAGAZINE
est édité par
Matthieu Gallou Entertainment
14, rue Cavé, 75018 Paris
N°10 - ÉTÉ 2009
Tirage : 3 000 exemplaires
Directeur de la publication :
Matthieu Gallou
Rédactrices en chef : Geneviève Krie
Dorothée Gallou
Rédacteurs :
Jean-Baptiste Arnal - Vanessa Bertran
Sandra Biej - Julien Bigeon
Jean du Lérain - Anne-Marie Hallynck
Nicolas Maille - Hélène Milon
Christine Sabban - Christopher Vanier
Avec l’aimable collaboration de
Stéphane Barrière - Aude Biren
François Borand - Christophe Borie
Gilles Defacque - Dan Johnston
Philip Levine - Jacques Pessis
Samuel Sené - Frédérik Steenbrick
Jean- Luc Torre - Ludovic-Alexandre Vidal
Secrétaire de redaction :
Josée Krie - Anne-Marie Hallynck
Hélène Milon
Conception graphique
et mise en page : Geneviève Krie
(www.genevievekrie.com)
Crédit photographique :
CML / Alastair Muir (Les Misérables)
BM Palazon (Mistinguett, Madonna et moi)
Bernard Richebé (Le Cid)
O live R (Hedwig and the angry inch)
Philippe Goudard/Regard en coulisse (La
Grande fête du théâtre musical)
Geneviève Krie (Chance !, Le Prince et le
Pauvre, Musicalifragilistic, Les Marius 2008)
Matthieu Salas (L’envers du décor)
Stéphanie Chéneau (Les Marius 2008)
Anita and Steve Shevett (Tony Awards)
Jérôme Bortaud (Happening des Musicals)
Alexandre Toukae (Coups de foudre)
Impression : MAUGEIN, France
Rédaction : [e-mail]
Publicité, partenariat :
[e-mail]
Site Internet : www.lesmusicals.com
Aucun texte, photographie ou illustration
ne peut être reproduit sans l’autorisation
de l’éditeur. Merci
LES MUSICALS® est une marque déposée.
ISSN 1958-3915 - Dépôt légal 2009
UN ÉTÉ MUSICAL...
Le bon air, les parties de pétanque, les pique-niques le long du canal Saint-Martin et les musicals à
foison ! Et oui, parce que l’été, c’est aussi la saison des festivals. Et qui dit festival dit Les Musicals de
Paris. Nous voilà donc partis pour une 6e édition toute en chansons.
Des quatre jours en 2005 à Béziers aux trois semaines cette année à Paris, du théâtre du
Minotaure aux théâtres Trianon, Européen et Vingtième Théâtre, Les Musicals font leur chemin
et s’inscrivent avec force et courage dans le paysage culturel et festif français.
Quand je pense que j’entends encore certains de mes amis (aïe) dire : je n’aime pas la comédie musicale.
Mais eh ! De quelle comédie musicale me parlez-vous ? Du drame ? Du vaudeville ? Des solos ? Des chœurs ?
Des biographies ? Des musicals pour enfants ? Des… des… ? Faut-il encore vous dire et vous répéter que
les comédies musicales comportent une telle abondance de styles, une si grande diversité d’histoires, une
si belle richesse de talents qu’il est IMPOSSIBLE que vous ne trouviez pas un musical à votre goût.
C’est pourquoi, il s’agit aujourd’hui d’un numéro très particulier de Musicals Magazine puisqu’il est
essentiellement consacré au Festival Les Musicals de Paris et vous permettra de découvrir la program-
mation riche, variée et de qualité qui vous est proposée au mois de juillet. Pas moins de 21 spectacles
dont 6 créations et 6 musicals juniors. Vous les découvrirez en feuilletant Musicals Magazine et vous
verrez que nous avons donné la parole aux porteurs de projets eux-mêmes an de vous faire décou-
vrir également les coulisses des spectacles et la passion qui anime les auteurs, compositeurs, interprè-
tes, metteurs en scène et amateurs convaincus de musicals.
Si vous croyez que les lundis font relâche, détrompez-vous. Rendez-vous le lundi 6 juillet au foyer du
Trianon pour fêter ensemble l’ouverture du festival. Puis le lundi suivant, le 13, pour le Bal des Musicals -
Musicalifragilistic où, parés de vos costumes de personnages préférés, vous danserez sur les chansons
extraites des plus fameux musicals français ou anglo-saxons. Enn, le lundi 20 juillet, rendez-vous au
Vingtième Théâtre pour une rétrospective des courts musicaux qui ont marqué la saison.
Nous nous retrouverons, bien entendu à la rentrée pour détailler avec vous le début d’une nouvelle
saison. D’ici là, si l’été et le soleil nous ravissent, que dire de la profusion de spectacles musicaux qui
rivalisent de professionnalisme et de diversité musicale. Il est fortement recommandé d’en proter.
Dorothée Gallou - Rédactrice en chef
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édito
réservation
0892 430 440
(0,34€/mn)
THÉÂTRE LE TRIANON
80 boulevard Rochechouart 75018 Paris - Métro Anvers
DU 8 AU 26 JUILLET 2009
MERCREDI AU SAMEDI À 14H30, DIMANCHE 26 À 17H30

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à renvoyer accompagné de votre règlement sous enveloppe aranchie à : MUSICALS MAGAZINE - 14 rue Cavé 75018 Paris
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sommaire
6 AGENDA
L'actualité du théâtre musical
7 NOUS AVONS VU
Hedwig and the Angry Inch
Chance !
Mistinguett, Madonna et moi
Monique est demandée en caisse 12
La grande fête du théâtre musical
Le Cid
Souricolor
Anne, le musical
TangOpéra
SPÉCIAL FESTIVAL
10 Les femmes se chantent...
Marlène D.
Camille C.
Piaf, une vie en rose et noir
Une Étoile et moi
15 Les Épis Noirs
Andromaque - Tragic-hall
16 L'Amour toujours
ou comment aimer...
Coups de foudre
Mademoiselle Souris
Épouse-moi !
L'Envers du décor
20 Quand le musical
fait jouer les marionnettes
Monsieur Camion
Jean de la Lune
Pinocchio
23 Les Chiche Capon
Le Cabaret des Chiche Capon
24 Quand la littérature
rencontre le spectacle
Ulysse, le retour de Troie
Le Horla, le musical
Le Dernier jour
Le Prince et le Pauvre
28 Rencontre métissée
Tismée
30 Le Juke Box musical
Another Road
La French Touche
Mon Cœur fait boom
33 Musicalifragilistic
s'invite au Bal des Musicals
34 CINÉ-MUSICALS
L'actualité du cinéma musical
SPÉCIAL FESTIVAL
35 Le Happening des Musicals
s'affiche sur grand écran
36 COUP DE PROJECTEUR
Les Marius 2009
40 CÔTÉ COUR CÔTÉ JARDIN
Les coulisses du théâtre musical
42 LE FESTIVAL LES MUSICALS
EN PRATIQUE
N°10 - ÉtÉ 2009
PROCHAIN NUMÉRO
À PARAÎTRE MISEPTEMBRE

 Liza Minelli au
Palais des Congrès ! Et
oui, à 63 ans, la grande
diva du Music-Hall qui
nous rempli de frissons à
l’écoute de son Cabaret
ou encore New York New
York, s’offre une tournée
qui passera par Paris le
27 juin pour une date
unique.
 Présenté pour la
première fois en 2006,
Bonnie and Clyde, polar
musical sera repris en
juillet au éâtre des
Béliers dans le cadre
du festival d’Avignon
Off. L’histoire des deux
plus célèbres bandits de
l’histoire est adaptée de
nos jours à New York par
Raphaël Bancou qui en
signe le livret, les paroles et
la musique. Dans le cast,
retrouvez Fabian Richard,
Cécilia Cara, Christine
Bonnard… entre autres !
Plus d’infos sur www.
bonnieandclydelepolar.com
LES RENDEZVOUS
DE LA RENTRÉE
 Écrit avec la
complicité de son ami
Emanuel Lenormand,
Dominique Noblès
nous invite dans ses
meubles pour un one
woman show atypique
où se mêlent le chant, le
rire et surtout la bonne
humeur. Noblès s’oblige
va swinguer au éâtre
Darius Milhaud à partir
du 11 septembre. Plus
d’infos sur www.myspace.
com/dominiquenobles
 On en entend
déjà parler depuis
plusieurs mois, Mozart,
l’opéra rock, la nouvelle
production de Dove Attia
et Albert Cohen, dont
les 2 premiers singles ont
cartonné, fera ses débuts
au Palais des Sports à
partir du 22 septembre.
Plus d’infos sur www.
mozartloperarock.fr
 Après un coup d’essai
courant juin, Madame
Mouchabeurre s’installe
au Trianon à partir du
22 octobre. Le nouvel
opus des Caramels Fous
nous raconte l’histoire
tragique mais néanmoins
délirante d’une "Butterfly"
(traduisez "Mouche à
beurre" !) à la mode
bretonne sur un livret et
des lyrics de Michel Heim.
 Rythmé par les
succès des Gypsy King et
sur des chorégraphies de
Rafael Amargo, Zorro a
déjà connu un vif succès
à Londres. Produit par
Stage Entertainment
(Cabaret et Le Roi Lion),
le héros masqué qui sera
interprété par Laurent
Ban, débarque aux
Folies Bergère à partir
du 24 octobre. Plus
d’infos sur www.zorro-
lemusical.fr
LES REPRISES
 Le Roi Lion s’offre
quelques semaines de
vacances avant de revenir
au éâtre Mogador à
partir du 2 octobre pour
une nouvelle saison. Plus
d’infos sur leroilion.fr
 Africa Umoja qui
a triomphé dans plus
de 25 pays, revient sur
la scène du Palais des
Congrès à partir du 19
décembre.
 Sandy et Danny
sont de retour au lycée
Rydell pour une série
de représentations
exceptionnelles de
Grease au Palais des
Congrès en décembre
2009.
 La Cléopâtre de
Kamel Ouali, actuellement
en tournée, annonce des
prolongations au Palais des
Sports pour le début de
l’année 2010. Plus d'infos
sur cleopatre.nrj.fr
 Le Trianon
accueillera la reprise de
Fame, créé en 2008 au
éâtre Comédia à partir
du 22 janvier 2010.
 Après 10 ans
de succès à travers le
monde, Roméo et Juliette
de Gérard Presgurvic
retrouvera la scène du
Palais des Congrès
de Paris qui l'avait vu
triompher en 2001 à
partir du 3 février 2010.
Plus d’infos sur www.
romeoetjuliette.eu
CHANCE !
La comédie musicale culte d’Hervé Devolder,
Chance !, est de retour à Paris au Palais des Glaces, du
mardi au samedi à 19h30 jusqu’au 26 septembre.
L’histoire ? La chance sourit aux plus déjantés dans
ce cabinet d’avocats où l’on chante, danse et joue au
loto au lieu de... bosser !
Le principe de l’alternance de casting, qui a fait en
grande partie le succès de ce musical particulière-
ment réussi, a été conservé mais considérablement
resserré : pas plus de 2 ou 3 comédiens par rôle, ce qui
assure une qualité constante dans les distributions,
contrairement aux précédentes versions du show.
Quelques coupes ici ou là rendent l’ensemble encore
plus pêchu. Un seul (gros) regret cependant : l’absence
de rappel - pour raison technique de timing - qui laisse
le spectateur pour le moins frustré dans son fauteuil…
Courez-y néanmoins : Chance !, c’est à voir et à revoir
sans modération… S.B.
Plus d'infos sur www.chancelespectacle.com
HEDWIG
AND THE ANGRY INCH
Dans l’atmosphère "underground" de la cave du Sentier des Halles,
Hedwig se dévoile. Une tignasse blonde perchée sur des talons hauts,
la diva glam-rock à la verve irrévérencieuse déverse son histoire et ses
états d’âmes aux sons grisants des guitares électriques de son groupe,
The Angry Inch.
Créé dans les clubs alternatifs de New York en 1995 par John Cameron,
Hedwig and the Angry Inch a su remporter l’adhésion du public, deve-
nant même une adaptation cinématographique aux multiples récom-
penses en 2001. Adapté en plusieurs langues à travers le monde, c’est la
première fois que Hedwig apparaît sur la scène française mêlant textes
en français et chansons originales surtitrées.
D’un genre nouveau et improbable pour le musical, ce spectacle brise
les codes et permet la rencontre du punk-rock et du théâtre. Derrière
Hedwig à l’apparence provocante se cache des sujets universels qui
parlent à tous : la quête d’identité, la recherche de l’autre, l’acceptation
de soi par soi et les autres. On en ressort bouleversé et, curieusement,
terriblement touché par cette diva trash ! G.K.
Plus d'infos sur www.hedwigfrance.com
MISTINGUETT,
MADONNA ET MOI…
Madonna, Mistinguett mais aussi Marlène, Joséphine, Mae West… Caroline
Loeb convoque toutes les femmes qu’elle aime et qui nous inspirent dans
ce récital aux couleurs de cabaret. Pas de chichis dans la mise en scène. Un
haut-de-forme et des résilles, un boa et des plumes de diva lui suffisent
pour nous faire traverser les grandes heures du music-hall. Accompagnée
d’un accordéoniste, elle nous offre ainsi des chansons insolentes et gla-
mour avec sa gouaille de titi parisien, parmi lesquelles une reprise inat-
tendue de Like a Virgin, un hommage made in Gainsbourg à son public
homo ou encore quelques titres de son dernier album Crime Parfait. Bien
entendu, son tube C’est la ouate est de la partie, interprété non sans une
certaine autodérision. Et entre deux chansons, Caroline Loeb aime se pro-
mener entre les rangées pour se raconter avec générosité et drôlerie. Un
spectacle au doux charme rétro qui nous fait dire que de toutes les matiè-
res, c’est la Loeb qu’on préfère ! N.M.
NOUVELLE SAISON AU CHÂTELET
Deux grands axes pour cette nouvelle saison du Théâtre du Châtelet,
Jean-Luc Choplin qui présente sa quatrième saison en tant que directeur
du Châtelet, nous propose de se replonger dans le Broadway mythique,
tel qu’on le rêve et pourtant qu’on voit si rarement ; mais aussi dans l’exo-
tisme de l’Afrique du Sud qui s’achait déjà l’an passé avec Bintou Weré.
De l’audace et de la création seront au programme de cette année…
Et quel programme ! Commençons dès septembre avec une double Flûte
enchantée de Mozart, l’une complètement classique et mise en scène par
Jean-Claude Scarpitta ; et l’autre aux consonances africaines, entièrement
jouée sur des Marimbas. S’ensuivra la production de Soweto, subtil mélan-
ge de gospell et de musique traditionnelle sud- africaine, qui se produira
pour une série de 8 concerts.
Pour les amoureux de Broadway, le mois de décembre verra naître la créa-
tion française de la mythique Mélodie du bonheur (The Sound of music)
de Rodgers et Hammerstein créée il y a 50 ans à Broadway, puis du chef
d’œuvre de Stephen Sondheim A Little night music (adapté du lm de
1972 Sourires d’une nuit d’été) où se retrouveront sur scène, Leslie Caron
et Lambert Wilson.
La n de saison ne sera pas en reste puisqu’elle verra le retour des
Misérables pour leur 30e anniversaire. Cameron Mackintosh, producteur
du spectacle, sera le maître d’œuvre de cette reprise unique. Seul bémol,
le spectacle pourtant initialement créé en version française sera présenté
en anglais. Dommage !
Les places sont d’ores et déjà en vente. L’abonnement traditionnel du
Châtelet connaît une petite révolution. Cette année, les spectateurs
auront le choix entre 4 cartes de délité suivant leur prol. Elles permet-
tront d’obtenir des remises de 10 à 80 % et le cumul de points donnera
droit à des réductions.
Plus d’infos sur www.chatelet-theatre.com
AGENDA... ...Nous AvoNs vu
67

LA GRANDE FÊTE
DU THÉÂTRE MUSICAL
Une grande partie de la profession (cela se voyait au nombre
de bises échangées dans le hall) était réunie le 11 mai dernier au
Comédia pour La Grande Fête du théâtre musical co-organisée par
Diva et Regard en coulisse qui célébrait ses 10 ans (joyeux anni-
veeeeersaire, joooyeux anniiiiveeeersaiiiire).
Quand les rideaux se lèvent et qu’apparaissent les 80 interprètes
sur scène (environ, je n’ai pas eu le temps de compter) un seul
mot vient à l’esprit : impressionnant ! Et nous voilà partis pour
3h de spectacle (ouf ! allez, je le lâche tout de suite, ça sera fait.
Impressionnant donc, mais très long) retraçant dans un ordre
aléatoire 50 ans de musicals français et anglophones, des titres
archi-connus aux projets en devenir.
Alors, voyons voir… petite sélection (très personnelle) des numé-
ros programmés… :
Les moments d’anthologie comme par exemple les deux chansons
des Misérables regroupant une grande partie du casting de 1991
ou encore Alexandre Bonstein et Amélie Munier reprenant leur
rôle dans Cats (joué respectivement à Londres pour l’un et à Paris
pour l’autre), 99 millions d’euros (Chance !) dont il serait vain pour
le coup de tenter de rassembler la multitude d’interprètes y ayant
joué l’un des six personnages et un Tango des tueuses (Chicago)
très applaudi. Entre autres encore, deux magniques duos : Frank
Vincent et Isabelle Ferron sur Est-ce que tu m’aimes ? (Un Violon sur
le toit) et dans un genre très diérent Michel Hermon et Alyssa
Landry (Anything you can do tiré de Annie get your gun).
Quelques fous rires également, l’un heureusement contenu par
Laurent Bàn face à une salle hilare (le pauvre, entamer La Musique
de la nuit du Fantôme de l’opéra alors qu’en coulisses un poste de té-
lévision tombait et implosait, forcément ça fait désordre), d’autres
lors des interventions épiques de Madame Raymonde, de Liliane
de Montevecchi (plagiait-elle Gaby Monbreuse ?) et de l’ange
de Créatures. En sourires aussi, des chansons issues de nouveaux
projets (à suivre donc) : Sette Voce de Samuel Sené sur un air de
Star Wars, Poil de Chienne (où la petite histoire dit que ce specta-
cle aurait été écrit par Alexandre Bonstein en réaction à Cats) et
Tupper, tupper, tupperware du Gai versan.
Espérons que contrairement aux propos de la chanson nale (Le
Cabaret des hommes perdus) venant clore la soirée, il y ait une se-
conde édition l’an prochain. Toutes les belles occasions de réunir
des professionnels d’un genre qui nous plaît tant sont bonnes à
prendre ! D.G.
ANNE GRANDIT
Intéressante cette façon d’aborder l’histoire avec
la visite de la maison d’Anne Frank par des lycéens.
Une des lycéennes présentes deviendra, malgré elle,
l’héroïne de cette tragédie et voyagera dans le temps
jusqu’aux années noires de la terreur. Au travers des
scènes qui s’enchaînent, ce sont tous les aspects de
la captivité qui sont abordés : de la promiscuité aux
émois de l’adolescence, des questions de ravitaille-
ment à l’ennui, de l’attente à la peur quotidienne
d’être découverts… jusqu’à ce jour fatal. Quelques
très jolies chansons ponctuent les mois qui passent
(Ce Lieu chargé, La Leçon d’anglais…) rehaussées par
les chœurs de l’AICOM (que l’on exploite un peu trop
souvent à mon avis). Le nal laisse un peu à désirer,
sa mise en scène contemporaine (mais intéressante)
arrivant trop tôt. Cela dit, l’émotion reste entière tout
au long de l’histoire dont on en connait malheureuse-
ment le dénouement. D.G.
THÉÂTRE DEJAZET  JUSQU'AU 27 JUIN
Plus d’infos sur www.annelemusical.com
TANGOPÉRA
De ses doigts souples de pianiste, Fernando Albinarrate nous plonge dans le
monde du jazz et explore les connections entre tango et musique lyrique. Juan
Ramos, sensuel chanteur de tango, ouvre le spectacle avec Buenos Aires en es-
pagnol. Là, Anahi Scharovsky entre en trombe sur scène avec La Veuve joyeuse
et son interprétation généreuse glisse vers les sommets de l’opéra classique.
Beaucoup d’autodérision dans ce spectacle mis en scène par les réactions aller-
giques de Juan à chaque fois que la voix d’Anahi atteint un nouveau pic ou que
le piano de Fernando dérape machiavéliquement vers des notes rebelles de jazz.
Finalement, Fernando réconcilie ces diérents types de musique. Commençant
par le thème jazzy Old man river, il reformate sa musique successivement en tan-
go puis en opéra dans ce qui appelle La Salade d’Albinarrate. C’est une agréable
performance qui mériterait, toutefois, une trame plus substantielle. C.V.
THÉÂTRE
DE LA VIEILLE GRILLE
SOURICOLOR
Connaissez-vous Rosalie ?
Rosalie a une jolie maison, de bons copains com-
me Thomas, secrètement amoureux d’elle, qui
adore la boîte de sardines au gruyère qui lui sert
de lit… ou Bruno, qu’elle admire tant. Rosalie va
à l’école apprendre vocabulaire et calcul avec la
maîtresse Madame Bique. Et puis Rosalie rêve ;
elle aimerait tellement devenir chanteuse, com-
me son idole Rick Autoreverse, le perroquet roc-
ker super star…
Bref, Rosalie est une souris comme toutes les pe-
tites souris… Et c’est un grand jour pour elle, car
c’est aujourd’hui son anniversaire !
Thomas arrivera-t-il à attirer l’attention de sa bien-
aimée grâce aux conseils de Bruno ou à l’interven-
tion magique du Prince Arthur, transformé en cra-
paud ? Lucas le Chat est-il féroce ou gentil ? Quel
cadeau orir à Rosalie ? Et enn comment faire
venir Rick Autoreverse à la fête ?
Comédie musicale pour enfants, Souricolor fait éga-
lement la joie des parents. On y chante, on y danse,
sur des airs entraînants pop, rock, twist… Tout y
a été pensé, jusqu’au livret de 16 pages à colorier
qui accompagne le CD. Souricolor est un spectacle
à découvrir sans plus attendre. Actuellement au
Théâtre Musical Marsoulan A-M.H.
LE CID, VERSION FLAMENCA
Au risque de susciter la grogne des puristes, la version amenco du Cid voulu par
Thomas Le Douarec est assumée et rendue accessible à tous. Fini le Corneille en-
nuyeux qu’on apprend sur les bancs de l’école, cette adaptation quelque peu sul-
fureuse dépoussière le texte sacralisé de Corneille. Autant dire que cette tragédie
se paye une nouvelle jeunesse tragi-comique voire caricaturale par moment. On rit
beaucoup dans cette adaptation haute-en-couleur et tout particulièrement grâce
au roi extravagant entre transformisme et opéra-boue, interprété brillamment par
Florent Guyot, qui mène sa cour d’une main de fer en gant pailleté. Et on ne doute
pas que ce Rodrigue-là (Olivier Bénard) ait du cœur tant son jeu est empreint de
profondeur et de sensualité. Dommage que sa Chimène (Clio Van de Walle) man-
que parfois de nuances dans sa quête de vengeance.
Dicile par contre de parler d’un spectacle musical quand le amenco sert d’in-
terlude (dansé et chanté) ou d’accompagnement en fond de salle. Il n’empêche
qu’il réchaue le propos, rythme les alexandrins et accompagne les combats
d’épée… Un Cid andalou à découvrir sans attendre au Théâtre Comédia ! G.K.
THÉÂTRE COMÉDIA  ACTUELLEMENT
MONIQUE EST DEMANDÉE EN CAISSE 12
CAISSE FERMÉE
S’il est un spectacle que l’on était curieux de voir cette saison,
c’est sans aucun doute celui de Raphaël Mezrahi. Créer un
spectacle musical autour d’une caissière de supermarché, voilà
qui n’est pas banal. En arrivant au Théâtre des Variétés, on est
agréablement surpris par la décoration dans le hall : banderoles
publicitaires, caddies empilés, il ne manque que la voix annon-
çant les promos ou que le petit François attend ses parents à l’ac-
cueil ! Mais la (relative) bonne surprise laisse place très vite à la
consternation. Pierre Bellemare, sur deux écrans de chaque côté
de la scène, tente de nous raconter l’histoire de Monique, cais-
sière chez Casino. Aujourd’hui, c’est un grand jour, on inaugure
le rayon sur roulettes avec la présence exceptionnelle d’Evelyne
Leclerc. Voilà en une seule phrase le topo de la pièce. Pendant
1h40, le spectateur va donc suivre les aventures ô combien bar-
bantes du personnel : entre un poissonnier (Pierre Palmade dont
on se demande – et lui sans doute aussi – ce qu’il fait là) et sa
mère grabataire (pauvre Ginette Garcin qui, cela dit, s’en sort
sans trop d’égratignures puisque c’est l’une des meilleures chan-
teuses), un boucher inexistant, un manutentionnaire sur roulet-
tes, la pauvre Monique suicidaire dont on se che nalement pas
mal de ce qui lui arrive, une femme inerte sur une chaise en bout
de caisse dont on imagine qu’elle avait besoin d’heures pour son
intermittence et un patron, Raphaël Mezrahi, qui s’écoute un
peu trop. Rajouter Evelyne Leclerc pour faire "couleur locale" et
cela vous donne un spectacle inutile dont les artistes, perdus, ne
sont ni chanteurs ni danseurs (les chorégraphies sont d’ailleurs
bien navrantes). Tout cela manque d’originalité - aucun eort
sur le décor, emprunté à un Casino en travaux sans doute, alors
que l’on aurait pu aller plus loin dans la fantaisie et l’absurde. Le
summum reste sans conteste la médiocrité des chansons dont
on nous avoue, à la n, qu’il s’agit de véritables 45 tours parus au
siècle dernier et qui, nous l’avions très vite compris, n’avaient pas
reçu le succès escompté. On notera quand même la présence de
trois musiciens sur scène pour étoer un peu.
A la n du spectacle, Raphaël Mezrahi tente une explication :
c’est son humour et il faut le prendre tel quel. Si Casino avait
voulu se payer une bonne publicité, c’est raté et ce n’est pas
avec la distribution de produits de la marque à la n que cela
va changer (surtout qu’il n’y en a pas pour tout le monde, une
partie du public s’en va donc frustrée). J’ai, en outre, une pensée
toute particulière pour ces pauvres artistes qui n’ont pas eu de
discernement à la lecture de la pièce, pour le créateur des eets
visuels sur écran qui, manifestement, était en panne d’inspira-
tion et enn pour les milliers d’hommes et de femmes travaillant
dans un supermarché en France qui n’ont rien demandé. Public,
si tu veux connaître l’histoire de Monique, entre plutôt dans un
vrai supermarché : la vraie vie est là, pas sur cette scène. H.M.
Nous AvoNs vu...
...Nous AvoNs vu
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