L’œuvre invitée : Nature morte au compotier, Fernand Léger, 1923 18 juin 2012-17 septembre 2012 Cette œuvre est prêtée exceptionnellement par le LAM, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille métropole à Villeneuve d’Ascq, Ce chef d'œuvre du XXe siècle très caractéristique du style de Fernand Léger est exposé dans les collections permanentes du musée des beauxarts de Bordeaux pendant près de quatre mois. 1 Références de l’œuvre ou de l’image : Titre : Nature morte au compotier artiste : Fernand Léger (1881, Argentan - 1955, Gif-sur-Yvette), Technique/Support : Huile sur toile, Dimensions : 116 x 85 cm, année : 1923, collection du LAM, Lille Métropole Nature Morte Ce que je vois, ce que je perçois. DIMENSION ICONIQUE Description détaillée et objective de l’image ou de l’œuvre : imaginer qu’on la décrit à quelqu’un qui ne l’a jamais vue Qu’est-ce qui est représenté ? • Des formes arrondies, géométriques. • Des bandes de couleurs en alternance avec des bandes blanches. • 4 poires dans un compotier. • un paysage vallonné et encadré • le coin d ‘un cadre • Un grand rideau à gauche ? DIMENSION PLASTIQUE Analyse du processus de fabrication (technique, support, medium, outils, opérations plastiques, construction de l’espace pictural, utilisation de la couleur) Comment c’est fait ? • L’artiste peint uniformément les formes géométriques qu’il crée. • L’œuvre multicolore allie le noir et le blanc. • Le format vertical de l’œuvre se trouve renforcé par la présence des lignes droites qui scandent la surface. • Les motifs représentés : les poires, le compotier, les cadres sont fractionnés par des bandes blanches. Ce que je ressens, ce que je comprends. DIMENSION DU SENS Interprétation possible, articulant la dimension iconique et la dimension plastique : évoquer ses sensations et ses opinions face à l’œuvre. Qu’est-ce que ça me fait ? De quoi ça me parle ? Qu’est-ce que j’en pense ? • Les effets produits par les jeux de lignes brouillent la lecture du spectateur. • Les motifs comme les poires, le compotier ou les cadres sont parfaitement identifiables grâce à l’utilisation de couleurs juxtaposées. • Le blanc confère à l’œuvre son aspect morcelé. • L’utilisation généreuse de lignes courbes adoucit le regard porté sur l’œuvre. • Les lignes diagonales, les aplats gomment la profondeur de la toile. • Tous les éléments sont disposés sur le même plan mise à part deux formes tubiques vertes et bleues Ce que j’apprends pour mieux comprendre. DIMENSION CULTURELLE Repères donnés par l’enseignant au sujet d’un artiste, d’un mouvement artistique, d’un genre pictural, d’une technique, d’un contexte historique Mise en réseau avec d’autres images, d’autres œuvres. Léger retourne, vers 1920, dans sa Normandie natale. Il se consacre alors aux natures mortes, aux paysages et entre dans une période dite "des objets dans l’espace". Nature morte au compotier est un véritable puzzle de formes géométriques aux couleurs vives. Il est difficile de comprendre au premier regard l’organisation des formes dans l’espace, tant notre œil est amené à se déplacer entre les angles, les arrondis, les passages rectilignes ou sinueux. La toile assemble des surfaces planes purement abstraites avec des objets évoquant le volume : poires, cylindre en forme de cheminée de paquebot, petite sphère, amphore. À la gauche du tableau, une alternance de formes noires et blanches évoque un rideau. 2 Fernand Léger Photographie de Fernand Léger (1936). Fernand Léger, né le 4 février 1881, à Argentan (Orne) et mort le 17 août 1955, à Gif-sur-Yvette (aujourd’hui Essonne), est un peintre français, mais aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il est considéré comme un « Pionnier du cubisme » ou qualifié de « paysan de l’avant-garde ». Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste, même si on a parfois qualifié son style de « tubiste » (qualification émise non sans moquerie par le critique d'art Louis Vauxcelle, qui est également à l'origine du mot « cubiste ») Ses origines normandes, son physique de « brute magnifique » qu’il attribue à un père éleveur et son franc-parler ont souvent fait passer Fernand Léger pour le « paysan de l’avant-garde ». À dix-neuf ans, il découvre le Paris de 1900. Léger n’y accomplira jamais la formation d’architecte qu’il est venu y poursuivre. Lentement, s’imprégnant patiemment du mouvement dynamique de la ville, il troquera son tireligne pour les pinceaux : l’assurance d’un métier stable contre la promesse d’une liberté risquée. Après son échec aux beaux-arts, il s’exerce dans diverses académies. Daniel-Henry Kahnweiler, qui deviendra son marchand, se souvient ainsi de Léger allant dessiner le nu presque tous les soirs à l’académie de la Grande Chaumière. Il reste difficile de savoir à quoi ressemblaient ces dessins. Léger dit effectivement avoir détruit entre 1902 et 1908 une grande partie de ses travaux au fur et à mesure de leur production. Sans interprétation abusive, on peut assimiler la destruction de ces dessins à un acte proprement artistique : en s’attaquant à ses tentatives désuètes, Léger brutalisait déjà la tradition. En 1907, comme de nombreux peintres parisiens, il est très marqué par la rétrospective consacrée à Cézanne qui oriente définitivement sa peinture. La même année, il découvre le cubisme de Picasso et de Braque. Léger défie Cézanne dans un impitoyable Compotier sur la table (1909). Sans doute y inscrit-il déjà sa peur de la grande influence du peintre d’Aix sur lui. Fernand Léger, Compotier sur la table, Huile sur toile 1909 Paul Cézanne, Compotier, verre et pommes, Huile sur toile, 1879-1880 3 Fernand Léger s’installe à la Ruche (Cité d’artiste à Paris 15e) en 1908. Il se lie avec Blaise Cendrars, Max Jacob et Guillaume Apollinaire et dialogue, entre autres, avec le peintre Robert Delaunay. Il peint en 1909 La Couseuse, qui ouvre sa période cubiste. Amas de lignes géométriques logé dans un espace court, la toile est proche des figures massives de Picasso peintes la même année. Pourtant, dès Nu dans la forêt (1909-1910), Léger propose un cubisme personnel, même s’il s’est certainement inspiré de l’œuvre de Picasso portant le même titre. Fernand Léger, La couseuse, Huile sur toile, 1909 Fernand Léger, Nu dans la forêt, Huile sur toile, 1909-1910 Le sujet est transformé en une chambre remplie d’artéfacts et de robots. Dans cette œuvre, Léger se détache de la doctrine de Cézanne qui consistait à peindre à partir des cylindres et des cônes. La sobriété des couleurs ainsi que l’activité frénétique des robots crée l’atmosphère symbolique d’un nouveau monde déshumanisé. Sous certains aspects c’est une anticipation du futurisme italien. Fernand Léger, L’acrobate et sa partenaire, Huile sur toile, 1948 Spectateur assidu du cirque Medrano, Fernand Léger peint les acrobates, les clowns, les jongleurs dont les corps « mécanisés » ont la même valeur que les objets et les décors. En 1918, il illustre le livre de Blaise Cendrars La Fin du monde Engagé par les Ballets suédois, il crée successivement les costumes et les décors de Skating Rink (1922) et de La Création du monde (1923). En 1924, avec l'aide de Dudley Murphy, il tourne le film Ballet mécanique où l'utilisation du gros plan et le recours aux multiples effets de fragmentation produisent une dynamique répétitive. Il pratique, selon Louis Vauxcelles, le « tubisme ». Déboîtés, les volumes géométriques ne sont plus statiques et indissociables, mais autonomes, créant entre eux un antagonisme dynamique. L’intérêt qu’il voue au dynamisme, « reflet du monde moderne », le conduit en 1911 à fréquenter l’atelier de Puteaux et à participer à la Section d’or. Il s’éloigne des thèmes intimistes et traditionnels de Braque et Picasso, et peint des sujets contemporains. (Le Passage à niveau, 1912). Il entame une série de contrastes de formes (La Femme en bleu, 1912), dans laquelle il réintroduit vivement la couleur et expérimente brièvement l’abstraction. Apollinaire baptise alors l’art de Robert Delaunay et de Léger de « cubisme orphique » (voir orphisme). Pourtant, si Delaunay prône la suprématie de la couleur, Léger aspire à « un équilibre entre les lignes, les formes et les couleurs ». 4 Fernand Léger, Le passage à niveau, Huile sur toile, 1912 Au début des années 1950, Fernand Léger participe avec Jean Bazaine et Jean Le Moal à la décoration de l’église du Sacré-Cœur, construite dans un quartier ouvrier d’Audincourt (Doubs), pour laquelle il conçoit les dix-sept vitraux de la nef et du chœur et dessine les cartons de la tapisserie située derrière le maître-autel. RESSOURCES • Le dossier pédagogique natures mortes est téléchargeable sur le site de la DESDEN de la Gironde. http://www.ac-bordeaux.fr/ia33/ puis Espace Pédagogique puis Ecolien puis Les ressources puis éducation artistique puis partenaires puis musées puis musée des beaux-arts. ou cliquez directement sur ce lien : http://tice33.ac-bordeaux.fr/ecolien/arts/Partenaires/Musées/tabid/1737/language/frFR/Default.aspx puis cliquez sur musée des beaux-arts. • Le mensuel Dada N°36, Art et Fernand Léger, mars 1997, éditions Mango. 5