
Spinoza, Éthique, III, 2, scolie. 
 "On s’imagine ordinairement, que la liberté est égale dans tous les hommes, et que c’est une faculté essentielle 
aux esprits, la nature de laquelle demeure toujours la même, quoique son action varie selon les divers objets. Car on 
suppose sans réflexion une parfaite égalité dans toutes les choses, où l’on ne remarque pas sensiblement d’inégalités. 
On se soulage l’esprit, on le délivre de toute application, lorsqu’on donne à toute chose une forme abstraite, dont 
l’essence consiste dans une espèce d’indivisible. Mais on se trompe ; la liberté n’est point une faculté telle qu’on se 
l’imagine. Il n’y a pas deux personnes également libres à l’égard des mêmes objets. Les enfants le sont moins que les 
hommes qui ont tout à fait l’usage de leur raison : et il n’y a pas même deux hommes qui aient la raison également 
éclairée, également ferme et assurée à l’égard des mêmes objets."   
Malebranche, Traité de la nature et de la grâce, III, 1, § 9. 
 "Hegel a été le premier à représenter exactement le rapport de la liberté et de la nécessité. Pour lui, la liberté est 
l’intellection de la nécessité. « La nécessité n’est aveugle que dans la mesure où elle n’est pas comprise ». La liberté 
n’est pas dans une indépendance rêvée à l’égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la 
possibilité donnée par là même de les mettre en œuvre méthodiquement pour des fins déterminées. Cela est vrai aussi 
bien des lois de la nature extérieure que de celles qui régissent l’existence physique et psychique de l’homme lui-même, 
– deux classes de lois que nous pouvons séparer tout au plus dans la représentation, mais non dans la réalité. La liberté 
de la volonté ne signifie donc pas autre chose que la faculté de décider en connaissance de cause. Donc, plus le 
jugement d’un homme est libre sur une question déterminée, plus grande est la nécessité qui détermine la teneur de ce 
jugement ; tandis que l’incertitude reposant sur l’ignorance, qui choisit en apparence arbitrairement entre de 
nombreuses possibilités de décision diverses et contradictoires, ne manifeste précisément par là que sa non-liberté, sa 
soumission à l’objet qu’elle devrait justement se soumettre. La liberté consiste par conséquent dans l’empire sur nous-
mêmes et sur la nature extérieure, fondé sur la connaissance des nécessités naturelles."   
F. Engels, Anti-Dühring, trad. E. Bottigelli, éd. Sociales, 1963, p.146. 
 
4. La machinerie du libre arbitre 
 a. L’invention augustinienne de la liberté 
 b. Les positions successives de Descartes 
 "Afin que je sois libre, il n’est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux contraires ; 
mais plutôt, d’autant plus que je penche vers l’un, soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s’y 
rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l’intérieur de ma pensée, d’autant plus librement j’en fait choix et je l’embrasse. 
Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l’augmentent plutôt, et la 
fortifient. De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un 
autre par le poids d’aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la 
connaissance, qu’une perfection dans la volonté; car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est 
bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ; et ainsi je serais entièrement 
libre, sans jamais être indifférent."   
Descartes, Méditation quatrième. 
 "Quand au libre arbitre [...], je voudrais noter à ce sujet que l’indifférence me semble signifier proprement l’état 
dans lequel se trouve la volonté lorsqu’elle n’est pas poussée d’un côté plutôt que de l’autre par la perception du vrai ou 
du bien ; et c’est en ce sens que je l’ai prise lorsque j’ai écrit que le plus bas degré de la liberté est celui où nous nous 
déterminons aux choses pour lesquelles nous sommes indifférents. Mais peut-être d’autres entendent-ils par 
indifférence la faculté positive de se déterminer pour l’un ou l’autre de deux contraires, c’est-à-dire de poursuivre et de 
fuir, d’affirmer ou de nier. Cette faculté positive, je n’ai pas nié qu’elle fût dans la volonté. Bien plus, j’estime qu’elle 
s’y trouve, non seulement dans ces actes où elle n’est poussée par aucune raison évidente d’un côté plutôt que de 
l’autre, mais aussi dans tous les autres; à tel point que, lorsqu’une raison très évidente nous porte d’un côté, bien que, 
moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons. 
Car il est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d’admettre une vérité évidente, 
pourvu que nous pensions que c’est un bien d’affirmer par là notre libre arbitre."   
Descartes, À Mesland, 09.02.1645. 
 
"Au reste il est si évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner son consentement ou ne le pas donner 
quand bon lui semble, que cela peut-être compté pour une de nos plus communes notions. Nous en avons eu ci-devant 
une preuve bien claire ; car, au même temps que nous doutions de tout, et que nous supposions et que nous supposions 
même que celui qui nous a crées employait son pouvoir à nous tromper en toutes façons, nous apercevions en nous une 
liberté si grande, que nous pouvions nous empêcher de croire ce que nous ne connaissions pas encore parfaitement bien. 
Or, ce que nous apercevions distinctement, et dont nous ne pouvions douter pendant une suspension si générale, est 
aussi certain qu’aucune autre chose que nous puissions jamais connaître."