de la main droite nous apprend qu'il a vingt-neuf ans. À droite, Georges de Selve, évêque de
Lavaur, un ami venu lui rendre visite. Il s'appuie sur un livre qui porte une inscription donnant
son âge : vingt-cinq ans. Quant au peintre, il a signé son œuvre sur le pavement, à gauche.
Chacun des protagonistes du tableau est donc identifié par une inscription.
Les objets placés entre les deux ambassadeurs ont une portée symbolique. L'étagère
supérieure est consacrée aux sciences du ciel ; on remarque, de gauche à droite, un globe
céleste, un calendrier de berger, deux quadrants ou quarts de cercle, un petit calendrier, un
cadran solaire polyèdre et un torquetum, ou turquet, instrument complexe servant à
déterminer les positions relatives des corps célestes, à indiquer les latitudes et à donner
l'heure. Les objets de l'étage inférieur concernent les choses terrestres : un globe terrestre (au
centre de la France est indiqué le nom du château de Jean de Dinteville, Polisy), un livre
d'arithmétique, une équerre, un compas, un luth dont l'une des cordes est cassée, et un livre de
cantiques allemands posé sur une boîte de flûtes. Ces différents objets représenteraient une
des deux branches traditionnelles de l'enseignement, le « quadrivium », comprenant la
géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et la musique. L'autre branche, le « trivium »,
comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique, serait représentée par les
ambassadeurs eux-mêmes.
En haut à gauche, en partie caché par la tenture, un crucifix et, en bas au centre, un crâne
invitent à méditer sur la mort. Le crâne est peint sous la forme d'une anamorphose, c'est-à-dire
volontairement déformé. Il faut en effet se placer de biais par rapport au tableau pour le voir
apparaître sous sa forme réelle, ou encore utiliser un instrument optique. Le procédé était
connu et apprécié. Mais Holbein donne à ce jeu une portée spirituelle. Sa position centrale
met le crâne en évidence, faisant de lui un véritable memento mori. Alors que Jean de
Dinteville et Georges de Selve regardent le spectateur en face, la mort le regarde à son insu.