SES : les fondements du commerce international Centre régional de documentation pédagogique Basse-Normandie Lundi 15 décembre 2014 PLAN I. Introduction : Les échanges commerciaux à travers les âges II. Les fondements théoriques du commerce international III. La prise en compte de rendements d’échelle croissants I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges A. Bref retour jusqu’au néolithique où apparait la division du travail et les premiers échanges commerciaux B. Les échanges durant l’antiquité et le moyen-âge C. 1492 : les Temps Modernes et l’élargissement des échanges internationaux D. Les mercantilismes européens I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges A. Bref retour jusqu’au néolithique où apparait la division du travail et les premiers échanges commerciaux I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges A. Bref retour jusqu’au néolithique où apparait la division du travail et les premiers échanges commerciaux Illustration à partir de ce passage de La République Spécialisation En prônant la spécialisation de chacun là où il est le meilleur, Platon ne dit rien d’autre que ce qu’avanceront Smith et surtout Ricardo plus de 2000 ans plus tard. Dispersion I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges B. Les échanges durant l’antiquité et le moyen-âge Grecs, phéniciens et autres égyptiens s’échangeaient déjà, à la fin du 2ème millénaire avant notre ère, métaux, armes, sel, céréales, huile, vin, ivoire et esclaves. Puis le commerce s’élargit aux alentours de l’an zéro, aux échanges avec l’Asie. I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges C. 1492 : les Temps Modernes et l’élargissement des échanges internationaux La fermeture de la route de la soie (1453) ainsi que le progrès technique et la diffusion du savoir poussèrent les occidentaux à découvrir puis exploiter le Nouveau Monde et une large partie des côtes africaines. Le commerce connut alors un développement rapide mais économiquement mal compris. I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges D. Les mercantilismes européens Le courant mercantiliste (Jean Bodin; Antoine de Montchrestien; William Petty; Thomas Mun, Colbert, Necker…) émergea à cette époque (16ème, 17ème et début 18ème) pour tenter de mieux appréhender la notion de richesse et les conséquences du développement commercial sur cette dernière. Les réponses qu’il donne à ces questions évoluent, très schématiquement, de la façon suivante : XVIème siècle Protectionnisme primaire (bullionisme espagnol) : l’or ne doit pas sortir du pays Protectionnisme primaire + développement de l’industrie nationale (colbertisme français) : XVIIème 1- l’or ne doit pas sortir 2- de plus, il doit entrer par le biais des exportations siècle Protectionnisme « assoupli » (commercialisme anglais) : il est bénéfique d’échanger si le montant des exportations est supérieur à celui des importations XVIIIème siècle (Ici, pour la première fois chez les mercantilistes, les échanges internationaux sont une source d’enrichissement de la nation) I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges D. Les mercantilismes européens Limites techniques du protectionnisme mercantiliste I- Introduction Les échanges commerciaux à travers les âges E- La physiocratie : le premier pas théorique vers le libéralisme commercial Les physiocrates, fin 18ème (Quesnay, De Gournay, Cantillon, Turgot…) prendront le contrepied de ces théories mercantilistes en mettant en avant le circuit économique : tout comme les organes du corps humain ont besoin d’être irrigués par un sang parfaitement fluide, les richesses d’une nation ont besoin d’être reliées entre elles par des flux économiques parfaitement libres. « Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises » II- Les fondements théoriques du commerce international A. Préambule: le gain à l’échange modélisé par une économie d’échange pur (boîte d’Edgeworth) B. Les arguments classiques – Les avantages absolus – Les avantages comparatifs C. Le modèle ricardien D. Les prolongements du modèle ricardien E. Analyse des politiques commerciales dans le cadre théorique développé dans cette section II- Les fondements théoriques du commerce international A. Préambule: le gain à l’échange modélisé par une économie d’échange pur (boîte d’Edgeworth) Bien que développé au 20ème siècle, bien après les arguments présentés dans cette section II, présentons dès à présent un argument fort en faveur du libre-échange qui viendra renforcer les développements ricardiens que nous examinerons juste après. Exemple d’une économie d’échange pur à 2 biens et 2 pays. Dotations initiales : eGB : (DGB=100 ; VGB=20) ; eP : (DP=40 ; VP=80) Fonction d’utilité globale des consommateurs : UGB = D .V1- UP = D.V1- VIN VIN 40 100 Ce théorème repose sur la préférence des consommateurs pour la diversité. Portugal Courbe des Contrats Ensemble des situations efficaces au sens de Pareto atteignables à partir de la dotation initiale 1er TBE : l’équilibre de libre concurrence est un optimum de Pareto W 20 e GB 100 80 140 DRAP DRAP II- Les fondements théoriques du commerce international B. Les arguments classiques – Les avantages absolus Avec 9 000 unités de travail dans chaque pays et répartis à 50% pour chacune des productions, l’Angleterre produirait 50D et 37,5V et le Portugal 45D et 56,25V soient à eux deux : 95D et 93,75V, i.e: 188,75 unités de biens. Tandis qu’en se spécialisant l’Angleterre produirait à elle seule 100D (>95) et le Portugal 112,5V (>93,75), soit 212,5 unités de biens Lorsque chaque pays possède un avantage absolu dans la production d’un bien alors l’économie mondiale bénéficie de l’ouverture commerciale et de la division internationale du travail qui s’ensuit. Question : Si l’Angleterre présente deux désavantages absolus, doit-elle fermer ses frontières pour protéger son industrie ? II- Les fondements théoriques du commerce international B. Les arguments classiques – Les avantages comparatifs Réponse de Ricardo : Si l’Angleterre présente deux désavantages absolus, alors elle doit se spécialiser là où elle est la moins « mauvaise » Démonstration la plus robuste Autarcie: 210h2D 200h2V ==> 410h pour 2D,2V Ouverture: 220h2D 160h2V ==> 380h pour 2D,2V Il reste 10h en Angl. et 20h au Portugal pour produire plus avec la même quantité de travail qu’avant ouverture Avec 9 000 unités de travail dans chaque pays et réparties à 50% pour chacune des productions, l’Angleterre produirait 40,9D et 37,5V (78,4 unités en tout) et le Portugal 45D et 56,25V (101,25 unités en tout) soient à eux deux : 85,9D et 93,75V, c’est-à-dire 179,65 unités de biens. Tandis qu’en se spécialisant l’Angleterre produirait à elle seule 81,8D (<85,9 mais > 78,4) et le Portugal 112,5V (>93,75 et >101,25), soit 194,3 unités de biens, ce qui suffit, si les préférences pour chaque bien sont identiques à maximiser le bien-être international et le bien-être de chaque nation. II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien La démonstration de Ricardo s’avéra robuste et conquit la plupart des économistes du 19ème et est encore aujourd’hui à la base de la plupart des modèles de commerce international. De plus, certains prétendirent, John Stuart Mill en particulier, que cette théorie mettait non seulement en évidence les gains de la division internationale du travail du point de vue de la croissance mondiale et de celle de chaque pays (pas de perdants) mais que cette division internationale du travail permettrait de surcroît une convergence internationale des économies en ce qu’elle favoriserait d’avantage les pays en retard. Cependant, les faits économiques ne confirmeront pas, nous y reviendrons tout à l’heure, cette intuition de Mill. Dès lors, de nombreux économistes ont souhaité approfondir cette théorie et ont cherché à déterminer les limites du modèle. Les principaux travaux ont été synthétisés et remodelés par Krugman, Obstfeld et Melitz dans la première partie d’un ouvrage intitulé « International Economics » qui fait aujourd’hui référence en la matière. La suite de cette présentation des fondements théoriques du commerce international s’en inspire directement. II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Cadre : 2 pays (Domestique et Etranger), 2 biens (Vin et Fromage), un seul facteur de production : le travail (L). La technologie est à rendements constants (la productivité marginale du travail est constante: dQV/dLV = 1/aLV = cste et dQF/dLF = 1/aLF = cste) La frontière des possibilités de production 𝑎𝐿𝐹 𝑎𝐿𝑉 QV L/aLV − = coût d’opportunité de la production d’une unité supplémentaire de fromage en termes d’unités de vin 𝑎𝐿𝐹 𝑎𝐿𝑉 L/aLF QF II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien condition d’équilibre « multi-produits » d’autarcie La rémunération d’une unité de travail doit être la même dans les deux industries Sinon tous les travailleurs choisiraient le même secteur Remarque : avec : La condition d’équilibre autarcique s’interprète donc également : TMST = rapport des prix II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien QV La situation est symétrique à l’étranger. L/aLV Ici, nous supposons que la pente de la frontière de production est plus forte dans le pays étranger et donc que − 𝑎𝐿𝐹 𝑎𝐿𝑉 L/aLF QF Q*V (et donc d’après les conditions d’équilibres multiproduits dans chaque pays avant ouverture que : PF/PV < P*F/P*V lors de l’ouverture) L*/a*LV 𝑄 ∗𝑉 = Cette hypothèse signifie que le pays domestique possède un avantage comparatif dans le secteur du Fromage. En effet : (le coût d’opp du F est plus faible pour D) − 𝐿∗ 𝑎 ∗𝐿𝐹 − 𝑄 ∗𝐹 𝑎 ∗𝐿𝑉 𝑎 ∗𝐿𝑉 𝑎 ∗𝐿𝐹 𝑎 ∗𝐿𝑉 L*/a*LF (le rapport des productivités est avantageux pour D dans le secteur F) Q*F II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Courbe d’offre relative (OR) obtenue sous l’hypothèse : PF/PV ∗ 𝑎𝐿𝐹 ∗ 𝑎𝐿𝑉 OR 𝑎𝐿𝐹 𝑎𝐿𝑉 𝐿 +0 𝑎𝐿𝐹 𝐿∗ 0+ ∗ 𝑎𝐿𝑉 𝑄𝐹 + 𝑄𝐹∗ 𝑄𝑉 + 𝑄𝑉∗ II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Courbe de demande relative (DR) 1- Supposons que les comportements de demande pour les biens étudiés soient similaires dans les deux pays, c’est-à-dire que la demande relative de bien F (en termes de vin) est la même dans les deux pays ==> alors, l’ouverture ne modifiera pas la fonction de demande relative de fromage. 2- Supposons également que cette demande relative respecte les hypothèses standard de décroissance et de convexité. PF/PV DR 𝑄𝐹 + 𝑄𝐹∗ 𝑄𝑉 + 𝑄𝑉∗ II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien PF/PV Toujours sous l’hypothèse ∗ 𝑎𝐿𝐹 ∗ 𝑎𝐿𝑉 OR PeF/PeV 𝑎𝐿𝐹 DR 𝑎𝐿𝑉 𝐿 +0 𝑎𝐿𝐹 𝐿∗ 0+ ∗ 𝑎𝐿𝑉 𝑄𝐹 + 𝑄𝐹∗ 𝑄𝑉 + 𝑄𝑉∗ II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Gains à l’échange lors de l’ouverture Ayant un avantage comparatif dans le secteur F, le pays D peut se spécialiser sur cette seule production puis échanger tout ou partie de cette production contre du V produit à l’étranger 𝐿 𝑃𝐹 × 𝑎𝐿𝐹 𝑃𝑉 NB: car hyp : Et donc : 𝐿 × 𝑃𝐹 > 𝐿 × 𝑎𝐿𝐹 > 𝐿 𝑎𝐿𝐹 𝑃𝑉 𝑎𝐿𝐹 𝑎𝐿𝑉 𝑎𝐿𝑉 II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Gains à l’échange lors de l’ouverture Symétriquement, à l’étranger, les gains sont de même nature. ==> les deux pays sont donc gagnants. 𝐿 𝑃𝑉 × 𝑎𝐿𝑉 𝑃𝐹 Le gain à l’échange réside dans le fait que l’ouverture permet de dissocier production et consommation : en situation ouverte « on n’est plus obligé de produire ce que l’on consomme et de consommer ce que l’on produit ». Chaque pays se spécialise là où il est relativement le meilleur (ou le moins mauvais) de manière à concentrer (totalement ou partiellement) sa main d’œuvre disponible sur le secteur d’activité où il est relativement le plus productif puis échange une partie de sa production (au prix relatif Pi/Pj d’équilibre international) contre l’autre bien produit dans le pays étranger. II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Enseignements et conclusions (1) 1- L’extrême robustesse des conclusions du modèle ricardien (gains pour tous les candidats à l’ouverture quelques soient les avantages et désavantages absolus) ont fait de ce modèle, depuis l’intuition dégagée par RICARDO au début du 19ème siècle, l’argument central de tous les partisans de l’internationalisation commerciale. Il permet de battre en brèche les arguments « primaires » (stéréotypés) des protectionnistes qui sont pourtant encore bien présents les débats actuels : « l’ouverture n’est bénéfique qu’aux économies les plus efficaces (avance technologique) » « la concurrence des pays à bas salaires est injuste (dumping social) et pénalise les pays développés » « l’internationalisation commerciale permet aux pays industrialisés d’exploiter les travailleurs des pays en développement en y maintenant de faibles salaires » II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Enseignements et conclusions (2) 2- Par contre, cette robustesse repose sur des hypothèses très simplificatrices, dont les plus problématiques sont les suivantes : Mobilité parfaite du travail Rendements marginaux constants et rendements d’échelle constants Pas de spécificité des facteurs de production car facteur travail parfaitement mobile et facteur capital ignoré. ==> cette non prise en compte de la spécificité des facteurs conduit à ignorer les différences relatives de dotations initiales Pas d’aspect stratégique des entreprises (concurrence imparfaite) II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Enseignements et conclusions (3) 3- Vérification empirique mitigée Validation empirique du modèle ricardien sur données concernant les échanges US-GB dans les années d’après WW2 (au sortir de la guerre, la productivité US était environ deux fois sup. à celle observée en GB dans presque tous les secteurs et les salaires GB étaient quasiment deux fois plus faibles dans tous les secteurs : les GB se sont spécialisés là où leur productivité relative était la moins mauvaise (un peu mieux que deux fois moins que la productivité américaine et les US se sont spécialisés sur les autres secteurs) Validation empirique actuelle sur d’autres données, Krugman donne l’exemple « Allemagne/Chine » té relative Production relative (p° par travailleur chinois en % du niveau allemand) (p° de la Chine en % de la p° allemande) Manufactures 5,2% 71,6% Habillement 19,7% 802,2% II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Enseignements et conclusions (4) 3- Vérification empirique mitigée (suite) L’évolution de la richesse des pays industrialisés d’une part et de celle des pays en développement d’autre part tend à invalider ce modèle. II- Les fondements théoriques du commerce international C. Le modèle ricardien Enseignements et conclusions (5) 3- Vérification empirique mitigée (suite) Le modèle ricardien ne permet pas d’expliquer la présence de firmes multinationales (ceci découle principalement de la critique faite précédemment sur l’hypothèse de rendements d’échelle constants) Le modèle ricardien ne permet pas non plus d’expliquer les échanges intra-branches observés empiriquement entre de nombreux pays (pourquoi la Suède vend des SAAB et des Volvo à l’Allemagne en échange de BMW, Audi ou autres Mercedes ?) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones. •La spécificité des facteurs : la terre (nécessaire à la production de Nourriture) et les usines (nécessaires à la confection de Vêtements) sont spécifiques (non mobiles d’une industrie à l’autre). Le facteur travail n’est pas spécifique (il est mobile). •Le cadre : 2 biens (vêtements et nourriture), 3 facteurs de production dont deux sont spécifiques (K et T), les rendements du travail sont décroissants. QN QV QV=QV(𝐾 , LV) QN=QN(𝑇, LN) LV LN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Implications de la décroissance des rendements marginaux sur la FP QN Frontière des possibilités de production concave QN=QN(𝑇, LN) Pente de la frontière* : − LN 𝑃𝑚𝐿𝑁 𝑃𝑚𝐿𝑉 QV L LV + LN = L L LV QV=QV(𝐾 , LV) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Equilibre autarcique II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Equilibre autarcique (2) QN Q droite de pente PV/PN a N Q QV a V II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Equilibre autarcique (3) PV.PmLV PN.PmLN wa LN LV L aV L L aN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Impact d’une variation des prix sur l’équilibre autarcique (1) Le cas d’une hausse identique dans les deux secteurs (stabilité du prix relatif) Hausse des salaires nominaux mais pas d’impact sur la répartition du travail PV.PmLV PN.PmLN wa LN LV L aV L L aN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Impact d’une variation des prix sur l’équilibre autarcique (2) Lorsque PV augmente plus rapidement que PN (augmentation du prix relatif) des salaires nominaux et du travail dans l’industrie textile au détriment de l’industrie alimentaire PV.PmLV PN.PmLN wa LN LV L aV L L aN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Impact d’une variation des prix sur l’équilibre autarcique (3) Lorsque PV augmente plus rapidement que PN (augmentation du prix relatif) Lorsque le prix relatif du vêtement , la quantité produite de vêtement et la quantité de nourriture produite ; donc : la quantité relative de vêtement . II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Equilibre autarcique (4) Cette analyse de la variation de prix permet de mieux cerner la nature de la fonction d’offre relative de biens dans l’économie : relation croissante et convexe. PV/PN OR QV/QN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Equilibre autarcique (5) L’équilibre est finalement obtenu en confrontant cette offre relative à la demande relative qu’on considèrera, comme on l’a fait dans le modèle précédent, respectant les standards habituels. PV/PN OR 𝑃𝑉 𝑎 𝑃𝑁 DR 𝑄𝑉 𝑄𝑁 𝑎 QV/QN II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Les surplus des agents économiques NB : le surplus réel (profit exprimé en quantité de biens) des détenteurs de capitaux et de terres est la somme continue des différences entre les productivités marginales des travailleurs (pris l’un après l’autre) et leur coût réel (salaire nominal rapporté au prix du bien) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones Variations des surplus des agents économiques lorsque le prix relatif du vêtement augmente Une augmentation du prix relatif du V profite aux détenteurs du facteur spécifique entrant dans la production de V au détriment des détenteurs de l’autre facteur spécifique. L’impact sur les salariés est plus ambigu. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones : ouverture Hypothèses : 1) On considère que le comportement de demande est identique dans les deux pays et donc que la DR mondiale est identique à la DR de chaque pays. 2) On suppose que les technologies des deux pays sont différentes ; c’est pourquoi la courbe d’OR mondiale (ORM) sera différente de celle de chaque pays. Dans un repère ( ; ) , le déplacement se fera vers la gauche par rapport à l’OR du pays domestique si le pays domestique est plus compétitif (technologie plus performante) dans la production de V. En effet, si D est plus compétitif pour V alors le prix relatif d’autarcie sera inférieur à celui du pays étranger ==> lors de l’ouverture, le prix mondial qui s’établira sera compris entre ces deux prix autarciques. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones : ouverture II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones : ouverture Effets de l’ouverture dans le modèle à facteurs spécifiques : • Les détenteurs du facteur spécifique du secteur dont le prix relatif a augmenté (suite à l’ouverture) voient leurs surplus augmenter. • Les détenteurs du facteur spécifique du secteur dont le prix relatif a diminué (suite à l’ouverture) voient leurs surplus diminuer. • L’évolution de la situation des travailleurs est incertaine. ==> L’ouverture génère désormais une perte de surplus pour certains agents II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson et Jones : ouverture Effets de l’ouverture dans le modèle à facteurs spécifiques : Qu’en est-il du surplus global ? L’ouverture est-elle toujours profitable? Equilibre d’autarcie QN NB : la situation est symétrique dans le pays étranger. Zone de combinaisons préférables sans ambiguïté à la situation d’éq. autarcique A B Q’N Equilibre de libre échange Droite de pente – P’V/P’N = contrainte budg. ouverture Q’V QV ==> L’ouverture génère toujours un gain pour chaque pays. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS (version courte) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Le cas qui nous intéresse est celui où les facteurs sont substituables c'està-dire lorsqu’il est possible de fabriquer la même quantité d’un bien en diminuant l’utilisation de l’un des facteurs et en augmentant la quantité utilisée de l’autre. QN QV II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Droites d’isovaleur : VQ = PV x QV + PN x QN ==> QN Sens de croissance des isovaleurs Droites de pente –PV/PN QV Remarque: on retrouve la même situation que dans le modèle de Samuelson pourtant le raisonnement et les hypothèses sont radicalement différents II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Le développement du modèle (que nous ne ferons pas ici) permet d’introduire un arbitrage entre travail et capital : si le coût du travail (w) est relativement élevé par rapport au coût du capital (r) alors les agriculteurs préfèreront mécaniser leurs exploitations (augmentation du facteur capital) au détriment du travail (et vice versa) ==> le choix de la combinaison de facteurs dépend du prix relatif des facteurs Par contre, les intensités factorielles des secteurs sont structurellement différentes et quelques soient les arbitrages effectués la production de vêtements utilisera toujours plus de travail par unité de capital que celle de nourriture. Ceci impliquant que le prix relatif du vêtement (PV/PN) dépend positivement du prix relatif des facteurs de productions (w/r) et vice versa. Si (PV/PN) augmente alors (w/r) augmente ce qui provoque la baisse de l’intensité en travail dans les deux secteurs. Les travailleurs seront donc mieux payés mais peut-être moins nombreux (s’il n’y a pas hausse de la production globale) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Dans ce modèle, la modification du prix relatif impacte donc, comme dans le modèle à facteurs spécifiques, la distribution des revenus. Il est possible de montrer que les salariés seront gagnants lorsque le prix relatif du bien produit par le secteur intensif en travail augmente et que les détenteurs de capitaux seront lésés. De plus, HOS montre que lorsque les dotations relatives de facteurs évoluent (par exemple si L augmente et K reste inchangé) la frontière de production se déplace de façon biaisée. QN QNmax Effet d’un accroissement du stock de travail (L>0) à stock de capital inchangé (K=0). Soit : (L/K)>0) QVmax QV II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Effet sur la production d’équilibre lorsque (L/K)>0 QN QN QV QV II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Ouverture Pour les mêmes raisons que dans le modèle de Samuelson, le modèle HOS considère qu’une ouverture des frontières génèrera une variation positive ou négative du prix relatif. Si le pays D détient relativement plus de MO que E, alors l’ouverture va générer une hausse du prix relatif du vêtement dans le pays D (une baisse dans le pays E) II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Ouverture La hausse du prix relatif du vêtement va favoriser, comme nous l’avons dit tout à l’heure, les travailleurs au détriment des détenteurs de capitaux. Le pays D va augmenter sa production de V au détriment de la N (spécialisation partielle). Théorème HOS : En libre échange, un pays relativement abondant en un facteur de production exporte le bien relativement intensif en ce facteur. Généralisation et conclusion du modèle - les détenteurs du facteur relativement abondant gagent à l’ouverture, - les détenteurs du facteur relativement rare perdent à l’ouverture, - les possibilités de production augmentent et l’ouverture est globalement bénéfique à chaque pays en termes de croissance économique. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle HOS Le paradoxe de Leontief En 1953, Leontief montre que les exportations américaines étaient moins intensives en capital que ses importations. Ce qui contredit le modèle HOS en ce que les Etats-Unis étaient au sortir de la guerre un des pays les mieux dotés en capital. Bien que d’autres études menées sur des données plus récentes montrent que ce paradoxe disparut à partir des années 1970, cet épisode apparaissait en effet très paradoxal pour les partisans (nombreux) du modèle HOS. En fait, une explication a été donnée à ce paradoxe en examinant en détail la nature du travail contenu dans les biens exportés et importés. Il s’est avéré que les biens importés étaient très intensifs en travail non qualifié et les biens exportés l’étaient en travail qualifié. Dès lors, le modèle HOS ouvrit de nouvelles voies aussi bien en commerce international qu’en économie du travail ou au sein de la branche de l’économie du bien-être qui s’intéresse aux inégalités internationales. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle Standard et les politiques commerciales A partir des trois modèles présentés précédemment, Krugman a créé un modèle général faisant de chacun de ces trois modèles un cas particulier. Ce modèle porte le nom de « modèle standard » L’intérêt de ce modèle est de finalement tout rapporter aux « termes de l’échange » c’est-à-dire la rapport du prix du bien qu’un pays exporte à celui du bien qu’il importe. Le modèle se résume alors à la règle suivante: « Une augmentation des termes de l’échange augmente le bien-être d’un pays alors qu’une diminution des termes de l’échanges le réduit » NB : la réduction du bien-être est définie par rapport à la situation d’ouverture précédent la variation des termes de l’échange et non par rapport à la situation autarcique. Krugman insiste sur le fait que le bien-être d’ouverture ne peut-être inférieur à celui d’autarcie. II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle Standard et les politiques commerciales A partir de ce modèle, Krugman caractérise les effets des politiques commerciales de la manière suivante: - L’existence d’un droit de douane agit positivement sur les termes de l’échange du pays qui l’a instauré et donc permet d’accroitre le bien-être de ce dernier au détriment du reste du monde. PV/PN OR Droit de Douane sur les importations (N) Augmentation des termes de l’échange DR (QV/QN)monde Réduction de l’OR du bien exporté (V) car augmentation de l’OR du bien importé (N) Augmentation de la DR du bien exporté (V) car diminution de la DR de N II- Les fondements théoriques du commerce international D. Prolongements du modèle ricardien Le modèle Standard et les politiques commerciales -Par contre la mise en place d’une subvention à l’exportation conduit à la dégradation des termes de l’échange du pays qui la pratique. En effet, si un gouvernement instaure une subvention à l’export aux entreprises du secteur textile alors la production textile va augmenter dans le pays au détriment de la production alimentaire, augmentant le coût de production (travail plus rare, rendements marginaux du travail décroissants…). Or la subvention ne vaut qu’à l’export de façon à permettre l’écoulement des produits à l’international. Finalement le prix interne du textile va augmenter et finalement les consommateurs nationaux vont accroître leur demande de nourriture au détriment de la demande interne de vêtements ==> OR va se déplacer vers la droite mais DR vers la gauche et donc le prix relatif du textile (termes de l’échange) va diminuer. Les pratiques de subventions à l’export ne peuvent donc qu’être politiques II- Les fondements théoriques du commerce international CONCLUSION DE LA SECTION II Le modèle ricardien reste le modèle de référence en économie internationale. La notion d’avantages comparatifs reste au cœur de l’argumentaire pro-libéralisation. Les modèles à facteurs spécifiques et HOS complètent ce modèle ricardien en montrant pourquoi certains agents économiques s’opposent au développement de la mondialisation : il existe bel et bien des perdants à l’ouverture. Cependant, l’ouverture reste globalement vecteur de croissance économique, conclusion qui est reprise dans le modèle standard. Sur un plan éthique, peut-on négliger les pertes infligées à une frange de la population, si par ailleurs les gains sont supérieurs à ces pertes ? N’est-ce pas violer le critère d’efficacité parétienne ? III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Jusqu’à présent nous avons étudié les rendements marginaux (constants ou décroissants) mais nous avons toujours considéré que les rendements d’échelle étaient constants. Or ce n’est pas une hypothèse crédible sur nombre de marchés. La prise en compte d’une telle hypothèse a pourtant des conséquences parfois radicales sur les conclusions de la section II, notamment en ce qu’elle peut, contrairement aux modèles étudiés précédemment, provoquer des situations où un pays est globalement perdant. D’autre part, cette hypothèse nous amène directement sur les comportements stratégiques des firmes qui font défaut aux modèles étudiés précédemment. III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Economies d’échelles Economies d’échelles externes : les économies d’échelles découlent de la taille du marché et non de celle des entreprises. Leur analyse est compatible avec l’existence d’un marché concurrentiel Economies d’échelles internes : les économies d’échelles sont exploitables lorsque la taille des firmes augmentent indépendamment de celle du marché ==> concurrence imparfaite. III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Economies d’échelles externes Districts Marshalliens : Coutellerie (Shieffield), textile (Cholet), plasturgie (Oyonnax), Silicon Valley, Hollywood, City… Sources des économies d’échelle: - Proximité de fournisseurs spécialisés (choix, relationnel, coûts de transport…) - Bassin de main d’œuvre - Externalités de connaissances Les politiques axées sur les pôles de compétitivités relèvent de cette recherche d’économies d’échelles externes. III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Economies d’échelles externes Les effets de l’ouverture: -La demande s’adressant à un secteur d’activité structuré en districts de type marshallien augmente lors de l’ouverture, ce qui permet d’accroitre le nombre d’entreprises productrices fédérées autour de cette activité et donc de développer les effets externes dus à la concentration d’entreprises (producteurs ou fournisseurs) et de salariés spécialisés tout au long de la filière. -Ceci tend à diminuer les coûts de production, à diminuer les prix (sur le marché domestique mais également sur le marché étranger) et à augmenter la quantité produite à l’équilibre ==> a priori : augmentation du bien-être mondial. -Problèmes : la notion de district repose sur une concentration géographique de la production et donc bénéficie certes à tous les consommateurs mais pas à toutes les entreprises, ni à tous les salariés. Si la mobilité internationale n’est pas parfaite, les travailleurs du pays sur lequel s’est, à un moment donné de l’Histoire, formé le district bénéficieront de l’ouverture au détriment de ceux de l’autre pays. De même, les entreprises situées sur le territoire qui ne possède pas de district verront des barrières à l’entrée importantes se dresser sur ce secteur d’activité dans leur pays. ==> dynamique d’agglomération (économie spatiale, économie géographique) III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Economies d’échelles internes La simple présence de coûts fixes de production suffit à l’apparition d’économies d’échelle internes exploitables. Les marchés concernés par ces économies d’échelle internes vont alors se concentrer : nombre de firmes de moins en moins important, taille des firmes de plus en plus importantes ==> diminution de la concurrence, apparition d’un pouvoir de marché. L’apparition du pouvoir de marché pour les entreprises change considérablement la donne. Les entreprises n’égalisent plus le prix au Cm mais à un niveau supérieur qui leur permet de réaliser du profit. De plus, chaque firme cherchant à accroitre sa taille, vient empiéter sur les marchés voisins. Finalement seules quelques multinationales sortirons de cette concurrence monopolistique et se feront concurrence sur les mêmes types de biens mais différenciés (commerce intrabranches). III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants Economies d’échelles internes Au final, les conséquences en termes de bien-être sont ambigus : - Les entreprises vendent au dessus de leur Cm - Mais les économies d’échelles permettent de diminuer les coûts donc le nouveau prix peut se situer en dessous du Cm d’avant ouverture. - De plus, les consommateurs gagnent en variété (conséquence de la concurrence monopolistique) - L’existence de profits permet aux firmes d’investir et donc de développer le progrès technique et donc la productivité. -Enfin, l’élimination de nombreuses firmes (sélection naturelle) relève de hasards historiques qui ne sont plus remis en cause une fois le processus enclenché (on retrouve le problème soulevé par la dynamique d’agglomération : putty-clay - très malléable au départ puis rigide à partir d’un certain stade) III- La prise en compte des rendements d’échelle croissants CONCLUSION Si la théorie ricardienne et ses prolongements expliquent correctement le commerce interbranches, l’existence d’un commerce intrabranche très important en volume est quant à lui expliqué par ce phénomène d’économies d’échelle internes poussant l’économie de certaines branches d’activités dans un schéma de concurrence monolistique. La prise en compte de ce type d’économies d’échelle explique aussi la disparition de nombreuses entreprises qui n’ont pas résisté à la concurrence internationale. Enfin, si l’on combine les effets internes et externes il est possible de comprendre pourquoi certaines firmes décident de s’implanter sur plusieurs sites (multinationales) : pour bénéficier d’économies d’échelles internes (accroitre sa production, bénéficier de coûts de MO moins importants) et externes (s’approcher de fournisseurs, clients et salariés locaux qui ont développé une plus grande connaissance du marché local ce qui permet de bénéficier d’économies externes