Bâle III et les banques coopératives : défis et pistes de solutions 349
La crise de la dette est donc une crise du surendettement et elle
n’est pas apparue par magie. Elle est la conséquence d’un transfert de
dettes privées vers les États, qui se sont trouvés contraints de sauver
des banques qui avaient pris des décisions d’investissement désastreu-
ses. La crise de la dette souveraine nous indique que même un État
ne peut emprunter sans limites et les marchés nous rappellent que nos
gouvernements doivent s’interroger sur leur niveau d’endettement.
2.2 La liquidité facile, carburant pour la croissance
et les bulles
Depuis les années 1990, la politique monétaire occidentale, surtout
américaine, a livré le combustible pour l’accroissement de l’endette-
ment, même si des voix3 se sont élevées pour mettre en garde contre
cette liquidité abondante, le crédit facile et le risque de formation de
bulles financières, dans un contexte d’inflation contenue.
Ainsi, la masse monétaire américaine
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a toujours connu une
augmentation plus rapide que l’inflation mesurée par le Bureau of
Labour Statistics5. Cependant, et là se situait la critique voilée de la
BRI, les prix pour les actifs financiers continuaient de grimper (BRI,
1999, p. 66), et ce, malgré des corrections (BRI, 2002, p. 106). De
même, Stiglitz a identifié la liquidité comme une des sources de la
crise (Stiglitz, 2010, p. 20). Thomson souligne qu’une politique de taux
d’intérêts faibles devenait douteuse avec l’accélération de l’inflation à
partir de 2003 (Thomson, 2011, p. 64).
La BCE a suivi une politique moins expansionniste durant ces
années. Cependant, même en Europe, la croissance de la masse mo-
nétaire a été supérieure à l’inflation6. Il est donc possible de supposer
que l’inflation, qui n’a pas atteint l’économie réelle, s’est portée sur la
sphère financière. Ce qui montre bien le dilemme entre les contraintes
inflationnistes et le soutien à l’économie, sachant que la Réserve fédérale
américaine a toujours privilégié le soutien à la croissance, contrairement
à son homologue, la BCE, qui favorisait la lutte anti-inflationniste.
Après 2007, les banques centrales, américaine et européenne, ont
continué et continuent encore à fournir aux marchés des taux d’inté-
rêt bas, pour soutenir l’activité économique, choix défendu par Ben
Bernanke comme leçon de la crise de 1929 (Roubini, 2010, p. 134).
On peut s’interroger sur ce qui va se passer avec toute cette liquidité
dans les marchés. Alimente-t-elle de nouvelles bulles ? De plus, elle
me semble être un corollaire de l’endettement public puisque les taux
bas assurent un coût limité pour les budgets nationaux. Mais alors,
jusqu’où exactement ?