Parme et Lucien Leuwen ainsi que ses Chroniques italiennes. Stendhal, l’aîné des romanciers
de notre corpus, situé à mi-chemin entre la première et la seconde génération romantiques,
n’emploie pas le terme de « type » pour désigner ses personnages mais il participe pleinement
à la réflexion de son temps sur la nécessité de renouveler les personnages de romans et
Balzac, dans l’article qu’il a consacré à La Chartreuse de Parme, désigne ses personnages
comme des « types ». En plus des romans de Stendhal et de Vigny nous avons étudié de
nombreux romans de George Sand, Indiana, Lélia, Valentine, Consuelo, La Comtesse de
Rudolstadt, Le Compagnon du tour de France, Mauprat, André et Spiridion, et une trentaine
de romans et nouvelles de Balzac. Nous avons eu soin de choisir, pour ces deux auteurs
prolifiques, des œuvres publiées autant au début qu’à la fin de la monarchie de Juillet. Notre
corpus comprend également à la fois Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, publié au début
de la monarchie de Juillet et Les Misérables, publié en 1862. Nous avons inclus Les
Misérables dans notre corpus car la genèse de ce roman a commencé pendant la monarchie de
Juillet et il nous a semblé important de confronter les types de Notre-Dame de Paris avec
ceux des Misérables. Nous avons aussi analysé les types des romans-feuilletons les plus
célèbres de l’époque, ceux des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après et du Comte de
Monte-Cristo de Dumas et ceux des trois premières parties des Mystères de Paris d’Eugène
Sue. Notre étude prend également en compte le seul récit de Musset de la période, les
Confessions d’un enfant du siècle et le roman de Gautier Mademoiselle de Maupin ainsi que
plusieurs de ses nouvelles. Ce vaste corpus nous permet d’avoir une perspective d’ensemble
sur la signification du type romanesque sous la monarchie de Juillet.
L’étude des textes critiques et intimes des auteurs ainsi que celle de leurs romans nous a
permis de saisir la signification esthétique et morale donnée à cette notion de type littéraire et
de distinguer les types romantiques des personnages littéraires classiques. Pour bien
comprendre la signification de ce terme de type, nous nous sommes aussi intéressée à son
emploi dans le champ des arts visuels de la période. C’est en effet également sous la
monarchie de Juillet que le terme de « type » commence à être employé pour désigner des
personnages de caricatures de presse ou de livres illustrés. Dans les trois journaux de
caricatures les plus importants de la monarchie de Juillet, La Silhouette, La Caricature et Le
Charivari, ce mot désigne aussi bien des types individualisés célèbres, comme le bossu
Mahieux dessiné par Traviès, le bourgeois Prudhomme de Monnier ou l’escroc Robert
Macaire de Daumier, que des types anonymes désignés par un nom commun comme le gamin
de Paris. Ségolène Le Men a montré que le terme de type était également devenu, en 1842, un
mot spécialisé du champ lexical éditorial. Il désigne alors une gravure hors-texte représentant