Dossier pédagogique Golden Joe

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DE eric-emmanuel schmitt
MISE EN SCENE DE jean-paul smadja
compagnie les incompressibles
séances scolaires
DèS LA 4e - DURée : 1h30
mercredi 30 juillet.
9h
jeudi 31 juillet. 9h & 13h30
Tarif : 600 Frs par personne (élève et
accompagnateur)
Inscription aux séances scolaires à
effectuer sur le site internet du Théâtre
de l’île.
représentations tout public
vendredi 1er août .
samedi 2 août .
dimanche 3 août .
20h
18h
18h
Les représentations tout public sont aussi
ouvertes aux classes. Pour bénéficier
du tarif exeptionnel à 1600 Frs réservé
aux groupes scolaires, merci d’effectuer
une demande auprès du département
Jeune Public.
synopsis ______________________________________________________________
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auteur : eric-emmanuel smichtt ___________________________________
3
note d’intention du Metteur en scène ____________________________
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reflexions ___________________________________________________________
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analyse de la pièce _________________________________________________
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annexe ________________________________________________________________
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Ce dossier a été réalisé avec les documents fournis par la Compagnie Les incompressibles
Synopsis
De nos jours, au coeur de la City, Golden Joe, requin de la finance, froid, résolu et dépourvu
de toute sensibilité, se retrouve au coeur d'un thriller psychologique après l'apparition spectrale
de son père sur son écran d'ordinateur. Lui pour qui "avoir" est la seule raison de vivre finira par
comprendre l'importance "d'être" et par s'humaniser. Mais cela en vaut-il la peine?
Une satire de ce monde difficile à pénétrer où les intrigues se nouent et se dénouent au rythme
du CAC 40 !
auteur
eric-emmanuel schmitt
Né le 28 mars 1960 près de Lyon, de parents sportifs et néanmoins ouverts à la culture, il se
découvre une véritable passion pour le théâtre en voyant Cyrano de Bergerac et se met alors
à écrire et à mettre en scène ses propres pièces dès l’âge de seize ans. Adolescent rebelle, à la
limite de la violence, il avoue avoir été sauvé par la philosophie dont il sortira agrégé en 1985,
puis docteur en 1987.
Il connaît rapidement le succès grâce à son théâtre La Nuit de Valognes, Le Visiteur, Variations
énigmatiques, puis en 2001 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran et également avec ses
romans et nouvelles.
Passionné de musique, il s’essaie à l’opéra (Les Noces de Figaro, Don Giovanni) et au cinéma en
écrivant Odette Toutlemonde en 2007 et en adaptant Oscar et la Dame rose en 2009.
Directeur du Théâtre Rive Gauche depuis 2012, il se voit élire à l’Académie royale de langue et
littérature française de Belgique la même année.
Ses Œuvres
• Théâtre
La Nuit de Valognes, 1991
Le Visiteur, 1993
Golden Joe, 1995
Variations énigmatiques, 1996
Milarepa, et Le Libertin,1997
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, 1999
Oscar et la Dame rose, 2002
Petits crimes conjugaux, 2003
Mes évangiles, 2004
La Tectonique des sentiments, et Le Bossu, 2008
Kiki van Beethoven, 2010
Le Journal d'Anne frank, 2012
Un homme trop facile, 2013
La trahison d'Einstein, 2013
•
Romans
La secte des égoïstes, 1994
L'Evangile selon Pilate, 2000
La Part de l'Autre, 2001
Guignol au pied des Alpes, 2002
Lorsque j'étais une œuvre d'art, 2003
Ulysse from Bagdad, 2008
La Femme au miroir, 2011
Les perroquets de la place d'Arezzo, 2013
• Films :
Le Libertin, 2000
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, 2003
Odette Toutlemonde, 2007
Oscar et la Dame rose, 2009
• Livrets d'Opéra :
Les Noces de Figaro
Don Giovanni
3
note d’intention
du metteur en scène
C'est encore dans le souhait de présenter au public calédonien des pièces fortes (Combat de
nègre et de chiens, On peut toujours espérer, Montserrat), que notre Compagnie a fait ce choix.
Ecrite en 1995, cette pièce préfigurait déjà la catastrophe financière actuelle. Cette analyse au
scalpel de ce monde froid, déshumanisé où seuls l'intérêt et l'efficace prédominent a quelque chose
d'effrayant et de fascinant tout à la fois.
Le personnage central, Joe, baigne dans la réussite absolue, grâce à son potentiel calculateur et à
son indifférence totale à ce qui touche le sentiment; même la sexualité a pour lui une fonction purement
organique. Cependant il va se trouver confronté à deux mondes dans lesquels les odeurs vont jouer
un rôle déterminant, car si l'argent n'en a pas, l'humain en est imprégné.
Cette thématique nous a semblé intéressante à présenter, car sous un aspect pessimiste, voire
désespérant, mais qui n'exclut nullement le rire, l'auteur nous invite à nous repositionner dans
l'humain face à la jungle régie par le capitalisme aveugle.
Une fois le rideau baissé, nous aurons à nous poser cette question : "l'argent sert-il pour vivre ou
pour accumuler richesses sur richesses, générant par là le concept d'usure ?".
Sujette à polémique, voire à contestation, cette question ne pourra pas être éludée. Il nous faudra
bien comprendre alors qu'il est difficile de combattre la soif du profit à moins de changer de
comportement et de retrouver la "bonne odeur".
Jean-Paul Smadja
4
réflexions
Pistes
Pédagogiques
1. Concernant l’argent
En quoi pouvons-nous considérer que le théâtre est le reflet d’une société ?
- Observant la nôtre, quel regard critique pouvons-nous y apporter, concernant le rapport à
l’argent ?
- Pourquoi l’argent existe-t-il ?
- Quelle est sa véritable fonction ?
- Pourrions-nous en passer ?
- Quels sont ses avantages et ses inconvénients ?
- Quels rapports l’argent crée-t-il entre les gens ?
- Quelle influence a-t-il sur les relations humaines,et sur les sentiments ?
- L’argent constitue-t-il une barrière entre les gens ?
- Pourquoi dit-on que l’argent n’a pas d’odeur ?
- Qu’est-ce que le capitalisme ?
- Qu’est-ce qu’un «Golden Boy» ?
2. Analyse des personnages
Joe : spéculateur, «trader» dit-on aujourd’hui, financier de renom, un «requin» de la finance,
insensible, froid, calculateur, rationnel, il aime l’argent. Sérieux, dénué d’humour, intransigeant.
Quel rapport entretient-il avec Cecily? A-t-il des sentiments?
Cecily : très soignée, jolie, égoïste, éthérée, peu sensible aux autres, dépensière, frivole, froide.
Quel rapport a-t-elle avec Joe? Quelles différences y a-t-il entre eux concernant leur relation
(«désir et contrat» de Joe # «amour» de Cecily ; infériorité intellectuelle de Cecily : «c’est toi
sais» – scène 2)
Meg : soumise à son mari, puis à son fils, se définit comme flasque, molle, inconsistante, mais
découvre dans cette soumission densité, force, utilté (scène 13). Elle garde toutefois un oeil averti
sur ses intérêts. À la majorité de Joe se retrouve sans utilité, retombe dans sa vase et se rapproche
de son beau-frère.
Archibald : veule, hypocrite, intéressé par l’argent sans oser le dire, profiteur, n’a pas vraiment
de poids dans la famille.
Rosen : frileux, servile, «faux-cul», prêt à trahir pour servir ses propres intérêts, fait «profil bas»
Guilden : le seul humain avec le chauffeur, il sera le catalyseur de la transformation de Joe.
Apparemment insignifiant, il se révèle d’une grande profondeur de pensée et de sentiments.
Arthur : autre élément humain, sensible aux autres, et attaché à sa «dignité». Il participe
également à l’évolution existentielle de Joe.
5
réflexions
Pistes
Pédagogiques
3. Analyse des relations
Que penser des relations entre les personnages (en particulier hommes / femmes) telles que
dépeintes par Schmitt dans cette pièce ?
- Joe / Cecily – Joe/ Meg
- Meg / le Père de Joe
- Joe / Rosen, Guilden, Arthur
- Arthur / Cecily
4. Comparaison avec Hamlet
Hamlet
Golden Joe
- Fortinbras : prince de Norvège qui veut se
venger d’Hamlet
- Rosencrantz et Guildenstern : courtisans et
amis d’Hamlet
- Royaume du Danemark
- Son père apparaît en fantôme et lui demande
le venger
- Sa mère se marie avec son beau-frère
- Mise en scène théâtrale par Hamlet
- Ophélie meurt noyée
- Tuerie finale
- Fortin et Brass : banquiers, concurrents de Joe
- Rosen et Guilden : spéculateurs employés de
Joe
- Banque Danish
- Son père apparait sur un écran et lui demande de le venger
- Sa mère se marie avec son beau-frère
- Mise en scène théâtrale par Joe
- Cecily se noie dans la Tamise
- Tout le monde se tue à la fin
On pourra lire la fameuse tirade d’Hamlet (voir annexe) et certaines répliques de Joe (scène 13)
pour les comparer, ainsi que la mort de Cecily (scène 17).
5. Analyse de l’évolution de Joe
- Qu’est-ce que Eric-Emmanuel Schmitt évoque lorsqu’il parle des couleurs ?
- Quelles sont ces couleurs ?
- À quel moment Joe sent-il pour la première fois une odeur ? (scène 3)
- Comment s’y prend-il pour en savoir plus sur ces fameuses odeurs? (scène 7) quel est le rôle alors
de Guilden ?
- Jeu de Joe avec Steelwood (scène 7); réaction de Cecily ? Pourquoi ?
- Joe déclare à sa mère être « asphyxié par les odeurs » après l’accident (scène 10)
- Joe empêche Arthur de se suicider et lui cherche une raison de vivre (scène 11)
- Joe discute avec Cecily de l’enfant mort et de leur amour (scène 12)
- Joe échange avec Guilden sur l’argent, la richesse, la pauvreté (scène 15)
- Comment Joe tente-t-il de sauver l’homme de la misère ? (scène 18)
- Que signifie l’image de l’enfant dans le miroir ? Quelle différence y a-t-il entre les explications de
Meg et celle de Joe ?
- Quel est le réel élément déclencheur de sa transformation ?
- Qu’est-ce que cette évolution va changer dans ses relations avec ses proches, avec les autres
êtres humains ?
6
analyse
de la pièce
Pistes
Pédagogiques
Eric-Emmanuel Schmitt dit lui-même avoir créé « un monde hyperbolique, un monde d'experts,
de technocrates et de golden boys où le profit règne, où seul vaut l'argent, où les rapports sont
fonctionnels, où l'intérêt règle tout échange, où l'efficace triomphe, où l'élément humain n'est plus
qu'une technique de communication que l'on apprend dans les manuels de management.
Joe est l'image de la réussite, calculateur, stratège, uniquement soucieux de s'enrichir, indifférent à
toute émotion ou tout sentiment, n'accordant à la sexualité qu'une place comparable à la gymnastique.
Joe, produit de cette société, a aussi été façonné par sa mère, Meg, qui l'a robotisé pour lui
épargner les angoisses et la culpabilité qui, elle, la dévorent.
Or, cette mécanique parfaite va se dérégler. Les apparitions sur les écrans des ordinateurs de
son père mort puis l'assassinat accidentel d'un enfant, viennent ébranler Joe et l'amener dans "le
monde des odeurs".
L'argent n'a pas d'odeur. L'humain si. Joe vit d'abord cette découverte comme une maladie puis
s'en grise, s'en enivre. Avec l'enthousiasme des nouveaux convertis - il vient de se convertir à
l'humain - il en fait trop. Lui qui avait si bien intériorisé les lois de la société marchande, il veut
maintenant les ignorer. Il se déstructure et déstructure son entourage. Il marche à sa perte.
Joe veut changer le monde ; il n'y parviendra pas. Il essaye plusieurs politiques, la charité,
l'humanitarisme, le socialisme, le communisme, l'intéressement à la croissance... rien n'y fait. »
Extrait de la scène 18 :
JOE : je volatilise l’argent. J’ai ramené sur nos computeurs presque tout ce qui circulait dans la
City; en une manœuvre des milliards et des milliards vont disparaître ! Et tous ces sacs de billets,
Guilden, nous allons les brûler.
GUILDEN : imaginez que demain; les hommes n’aient plus le souci de l’argent ? Que feront-ils,
nus, dépossédés, à vif ? Quelle raison de vivre ! Heureusement que les hommes ont inventé la
course à la monnaie, heureusement qu’ils s’y entraînent, qu’ils s’y essoufflent, que feraient-ils ?
Lequel des deux a raison ?
Nous assistons dans cette pièce à la confrontation de deux mondes : celui inodore et sans chaleur
de l’argent et celui des laissés-pour-compte pour qui la richesse est autre chose.
Une fois débarrassé de la préoccupation majeure d’amasser toujours plus de billets, Joe va
découvrir le monde des odeurs de l’autre, le monde de «l’humain».
Son humanisation tardive le sauvera-t-il du monde de la chrématistique ?
Des lectures d’extraits pourront être également envisagées dans les établissements qui en
feront la demande, des ateliers pourront être mis en place et une étude de mise en scène
pourra être menée avec les classes qui le souhaiteront (Contacter le Théâtre de l’Île).
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Annexe
• Hamlet de William Shakespeare - Acte III, scène 1
Traduction française : Sophie Becker
Joué au Théâtre National Populaire de Paris en 1965
Mise en scène : Georges Wilson.
« Être ou ne pas être, voilà la question ! Où est la vraie noblesse de l'âme ? Courber l'échine sous
les flèches et les outrages du sort, ou bien se révolter, refuser cet océan de misères, y mettre fin ?
Mourir, dormir… rien de plus. Se dire que par ce sommeil, on met un terme aux tourments du cœur
et aux mille torture de la chair.
Est-il une issue qui soit plus désirable ? Mourir, dormir !... dormir ? Rêver peut-être… oui, voilà bien
l'ennui ! Les rêves qui pourraient peupler le sommeil de la mort, une fois débarrassés de l'étreinte
de la vie, voilà qui nous fait hésiter à fuir le chaos de la vie, voilà l'angoissante question qui
prolonge nos souffrances.
Qui, en effet, voudrait supporter les soufflets et les sarcasmes de l'existence, le joug de
l'oppresseur, les insolences de l'orgueilleux, l'humiliation de la pauvreté, les affres de l'amour
bafoué, les lenteurs de la justice, la morgue du fonctionnaire et les rebuffades que le mérite essuie
du commun, alors qu'il lui suffirait du moindre poignard pour s'assurer le repos ?
Oui, qui donc accepterait cet esclavage, gémir et suer sous le fardeau de la vie, si la crainte de
quelque chose après la mort, ce pays mystérieux dont nul voyageur ne revient, n'ébranlait sa
volonté et nous faisait supporter les maux que nous connaissons plutôt de voler vers ceux que nous
ne connaissons pas ?
Et voilà ! C'est la conscience qui fait de nous des lâches. C'est la conscience qui refroidit l'ardeur
de nos décisions. C'est la conscience qui fait avorter les plus grandes entreprises et qui leur ôte
le nom même d'action.
Mais suffit ! Voici la Blanche Ophélie ! Ô Nymphe, souviens-toi de mes péchés dans tes prières ! »
•
Pour les classes de 1ère et Terminales, voir aussi sur l’ Utopie de Thomas MORE :
http://www.weblettres.net/blogs/article.php?w=Apropos&e_id=25318
8
Contacts département jeune public
LAURENT ROS SINI / CHLO É ALVADO
25.50.52
enfance [email protected] / [email protected]
www.theatredelile.nc
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