Economie monétaire CM – Chapitre 8
Chapitre VIII : Pratique de la politique monétaire
I. BCE : bilan 1999 – 2008
Avant 1999, chaque pays avait sa propre politique monétaire. A partir de cette date, tous les pays ont eu la même
politique monétaire.
A) Une inspiration monétariste
Le courant monétariste est un courant pour lequel l’inflation est un phénomène monétaire (Friedman). Cela
implique que c’est la création de monnaie ΔM qui est à l’origine de la variation de l’indice des prix (=
inflation) ΔP. C’est une approche quantitativiste. Au début, la BCE s’inscrivait dans ce courant. 3
caractéristiques majeures :
Agir sur M3 pour stabiliser l’inflation
Cible (/objectif) d’inflation = de 0 à 2%
Modèle de la Bundesbank (Banque centrale allemande)
Les chiffres suivants = ensemble de la zone euro (15 pays)
B) La politique monétaire est-elle efficace ?
1) Sur le marché interbancaire
Théoriquement, la BC choisit ses taux d'intérêt directeurs. On souhaite que les banques répercutent ces
taux directeurs sur les taux d'intérêt qu'elles appliquent. BC -> ti -> ti dans les banques.
1999 2005 2006 2007
Taux de refinancement (l'un des
taux directeurs de la BC)
2,5% 4,5% 2,5% 4%
Taux d'intérêt (immobilier) 5% 6,3% 4,5% 5,3%
=> Les taux évoluent bien dans le même sens : quand le taux de refinancement augmente, le taux
d'intérêt augmente. De 2001 à 2006, le taux de refinancement diminue : le taux d'intérêt diminue aussi.
=> Oui, la politique monétaire est efficace sur le marché interbancaire.
On identifie 3 périodes :
1999 – 2001 : augmentation des taux = politique monétaire restrictive (= de rigueur)
2001 – 2006 : diminution des taux = politique monétaire + souple (= de relance, d'expansion)
2006 - ? : remontée des taux
2) Transmission réussie de la politique monétaire dans le reste de l'économie ?
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1999 2005 2006 2007
Inflation 1,1% 2,5% 1,6% 3%
PIB 3% 0,2% 2% 2%
2 objectifs finals : inflation + croissance
Le but de la politique monétaire est de stabiliser l'inflation. Donc l'augmentation de l'inflation conduit la
BCE à augmenter les taux. De 1999 à 2001, la politique monétaire est plus restrictive parce qu'on craint
de casser cette inflation (augmentation parce qu'on veut lutter contre l'accélération de l'inflation). De
2001 à 2006, l'inflation est maîtrisé = la politique monétaire a fonctionné. La BCE baisse ses taux parce
que l'inflation diminue, mais cela entraîne une croissance faible.
=> Une politique monétaire restrictive cause de l'inflation mais aussi de la croissance.
L'inflation récente n'est pas encore maitrisée malgré une hausse des taux. Depuis 2007, la BC a augmenté
ses taux parce que l'inflation est repartie.
3) Transmission par quels canaux ?
-> Caractéristiques de la zone euro :
C1 : c'est une zone peu ouverte (exportations X/PIB = 15%)
C2 : le financement est surtout bancaire
C3 : les ménages sont créanciers (épargne à placer) et les sociétés non financières (= SNF = entreprises)
sont les débiteurs (= emprunteurs)
C4 : le patrimoine des ménages comporte peu de titres financiers (immobilier)
D'après C4, le canal du prix d'actif a peu d'effet sur la consommation. ΔM => Δ prix des actifs financiers
=> Δ revenu des ménages possédant des titres financiers => Δ de la consommation.
D'après C1, le canal du taux de change a peu d'effet = les échanges extérieurs ne vont affecter que 15% de
l'économie.
D'après C2 et C3, le canal du crédit et du taux d'intérêt ont un impact (mais faible).
Remarque : ΔM semble avoir un effet sur P, mais aussi sur Y. C'est important car l'augmentation de Y
(=PIB) entraîne la diminution du chômage.
II. Le dilemme inflation / chômage
A) Les débats sur la courbe de Phillips
Données du chômage et de l'inflation au Royaume-Uni, 1861 1957. Courbe de Phillips = pour chaque
année, comparaison du taux de chômage et du taux d'inflation. Exemple :
2007 2008
inflation 5% - 5%
chômage 5% 10%
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Il existe un taux de chômage pour lequel il y a stabilité des prix (point rouge) = taux de chômage non-
inflationniste (environ 7%). Il varie lentement en fonction du pays. Exemple : NAIRU = 6%.
Interprétation de la courbe : si on souhaite diminuer le chômage, il faut accepter une augmentation de
l'inflation. Pouvoir de négociation des salariés : si le chômage est très élevé, les employeurs peuvent avoir
l'argument de les licencier (= pouvoir de négociation faible).
Il y a inflation par la « boule prix - salaires » : si le chômage est faible, on diminue. Les salariés ont un pouvoir
donc les salaires augmentent et donc l'inflation augmente => coût des entreprises qui se répercute sur les
prix. La marge des profits reste intacte et le salaire augmente => consommation augmente => demande
augmente => inflation augmente.
Critique factuelles des monétaristes : données Etats-Unis, 1950 – 1967 : la politique de relance ne diminue le
chômage qu'à court terme, la baisse est transitive et on revient toujours au chômage « d'équilibre » = quoi
que l'on fasse, il y aura toujours du chômage, dû à un certain temps de vacance entre deux emplois.
En orange : niveau du chômage d'équilibre en-dessous duquel on ne peut pas descendre = on ne peut pas
diminuer le chômage à cause de la présence d'un chômage d'équilibre. A long terme, le chômage augmente
de nouveau donc la politique de relance est inefficace à long terme. Le chômage ne bouge pas, seule
l'inflation augmente. D'après les monétaristes, à long terme, la politique de relance ne crée que de l'inflation,
pas de la croissance. Le débat n'est toujours pas tranché aujourd'hui. Lorsque la courbe est décroissante, la
politique monétaire peut réduire le chômage à long terme. Lorsqu'elle est verticale, il n'y a pas de baisse du
chômage à long terme.
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B) Les débats théoriques sur l'efficacité de la politique monétaire
-> transmission de la politique monétaire par la consommation, à travers le salaire réel. Pouvoir d'achat =
salaire w / indice des prix P. Pourquoi ?
Dans la pratique, la variation du salaire est égale au pourcentage du salaire moins le pourcentage de
l'inflation.
1) Thèses de l'inefficacité
S'il y a politique monétaire de relance et si la hausse des prix réagit d'abord, alors w/P diminue. Mais
hypothèses d'anticipations rationnelles parfaites des agents (= ils ne souffrent pas de l'illusion
monétaire) : ils savent que la politique monétaire de relance ca entraîner une baisse de leur pouvoir
d'achat donc augmentent immédiatement leur salaire (heures supplémentaires, négociations...).
Finalement, w/P ne change pas, donc pas de transmission de la politique monétaire vers la demande Y :
seul P change (dichotomie).
2) Thèses de l'efficacité de la politique monétaire
S'il y a politique monétaire expansive (= de relance) et si la hausse des prix réagit d'abord, alors w/P
diminue. Mais s'il existe une « rigidité » des salaires [car les contrats nominaux = monétaires ne changent
pas immédiatement] => les prix augmentent mais le salaire ne bouge pas.
w
p
Diminue => coût réel (= /P) des salaires diminue => embauches augmentent et chômage diminue.
Puis la diminution de chômage -> augmentation des salaires, (w/p) revient à son niveau initial.
La baisse du chômage n'est pas permanente mais elle est définitive tout de même. (w/p).
En bref :
inefficacité : 10% 10%
8%
efficacité : 10%
8% 8%
Donc la BCE pourrait suivre un objectif d'inflation de 3 à 5% (au lieu de 0 à 2%) pour diminuer le
chômage, sans risquer l'inflation auto-entretenue.
III. La diversité des économies de la zone euro
A) Une politique monétaire unique et des taux d'inflation différents
Ex : septembre 2006, glissement annuel :
Espagne = 2,9%, Grèce = 3,1%
et France = 1,5%, Allemagne = 1,0%
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Problème ? C'est épineux pour la BCE de faire une politique monétaire dans ce cas-là. Dans ce contexte,
supposons qu'on ait une augmentation des taux directeurs de la BCE depuis 2006 :
ça va stabiliser l'inflation dans certains pays (cf. les différents canaux)
et ralentir la croissance pour d'autres
car l'augmentation du taux d'intérêt entraîne une diminution de l'investissement => diminution de la
demande globale (= PIB = Y) => augmentation chômage.
=> une même politique monétaire va être bénéfique pour certains pays et néfaste pour d'autres.
B) Une politique monétaire et des politiques budgétaires différentes
Principe général : un pays à croissance faible nécessite une politique budgétaire de relance = il a besoin d'un
déficit public important.
Y = C (consommation) + I (investissement) + (X – IM) [exportations – importations]
Consommation :
=> dépenses des ménages
=> dépenses publiques
(relais entre les 2)
Problème : chaque pays a sa propre politique budgétaire. Ex : si un pays fait une politique de relance, une
politique budgétaire est inefficace si en même temps la BCE fait une politique monétaire restrictive. De plus,
il existe en Europe un « pacte de stabilité » = les pays de la zone euro s'engagent à limiter les déficits publics,
même en cas de croissance faible => peu de chances de ________________ des taux de croissance. Ex : pays à
3-4% / pays à 1-2% : les pays à 1-2% veulent un déficit public mais il y a un pacte de stabilité, donc ces pays
restent à 1-2%.
Conclusion
-> Difficulté principale de la politique monétaire de la BCE = hétérogénéité des pays
-> solution = gouvernement économique ? (= coordination des politiques budgétaires sur la zone euro?)
-> politique budgétaire unique ? Soutient la demande dans les pays la restriction monétaire ralentit la
croissance.
A retenir
caractéristiques de la zone euro
enjeu du dilemme inflation / chômage
l'impact de M et des taux d'intérêts sur l'économie
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