
révélées fausses. Cette approche psychodynamique erronée et trompeuse a été
abandonnée, dans l'intérêt d’un « plus » scientifique et d’une approche empirique.
C'est très dommage. Aux Etats-Unis, certains psychiatres ne traitent les enfants et les
adolescents que de façon réductionniste, comme s’il s’agissait d’une perturbation du
cerveau ou d’un déséquilibre métabolique à corriger avec des médicaments. La
psychiatrie française n'a, elle, pas abandonné l’idée que, sans négliger le rôle des
neurotransmetteurs ni celui du cerveau, l’écoute du sujet lui-même reste primordiale.
Dans les centres d’étude où la psychiatrie psychodynamique a été abandonnée, les
collègues ne savent plus traiter que les symptômes (pas le sujet) et avec des outils très
limités, sans aucune formation à la psychothérapie ou, à peine, aux approches
psychologiques.
Si certaines affirmations faites autrefois par des psychanalystes à propos de l’autisme,
des troubles psychosomatiques, du rôle de la mère dans les troubles mentaux chez
l’enfant, étaient fausses, on ne peut pour autant rejeter toutes les conceptions
psychodynamiques, tels les mécanismes de défense des enfants (même ceux en très
bas âge) [6], le concept du conflit interne cause de la souffrance, l'importance de
l’attachement [2, 3, 11, 20, 22, 29] qui aident à comprendre les enfants et leurs
familles. Les thèmes de la transmission transgénérationable non résolue [14], les
interactions fantasmatiques [13, 15] et l'importance des premières expériences de la
vie [12, 24, 25] sont extrêmement importantes pour la compréhension et le travail
clinique avec les enfants et leurs familles. Ces concepts sont peu à peu écartés, jamais
enseignés ni utilisés dans les programmes de formation en pédopsychiatrie. C’est le
travail clinique et les articles de nombreux auteurs, dont beaucoup sont Français, qui
maintiennent ces thèmes vivants et favorisent le développement de notre discipline.
Santé publique et perspectives sociales
Il semble qu’en France comme dans d’autres pays européens, la pédopsychiatrie est
encore pratiquée dans le secteur public, ou dans des centres financés en partie par des
fonds privés à but non lucratif. En conséquence, l'impact des contraintes économiques
sur cette partie de la médecine a été moins négatif et moins grave qu’aux Etats-Unis
où la psychiatrie de l'enfant en secteur public est limitée à la recherche permanente
des interventions les plus économiques, les plus brèves et les plus efficaces possibles.
La pédopsychiatrie de consultation-liaison est laminée par les pressions économiques,
ce qui, la plupart du temps, la contraint à ne recevoir les patients qu’en état de crise,
sans possibilité de collaboration avec d'autres spécialités médicales.
Le financement de la pédopsychiatrie provient, pour une large part, de fonds fournis
par des compagnies d'assurance privées, qui imposent les pratiques, telle la nécessité «
de justifier » un diagnostic à partir des comportements observables et des plaintes du
patient, avec l’obligation d’interventions thérapeutiques très brèves et d’objectifs